Exceptionnellement, je reprends des commentaires pour en faire deux billets, tant ceux-ci me paraissent riches. C'est repris tel quel de la zone de commentaires.
Je le disais
précédemment, l'on peut aussi se la poser dans le même sens de l'incidence de notre dissuasion sur
notre armée conventionnelle, cette grande cathédrale militaire d'un budget 2012
de 3,4 milliards d'€ en crédits de paiement et à 4 milliards d'€
d'autorisations d'engagement soit plus du tiers du budget ! Qui est au seuil de
suffisance auquel elle ne peut plus descendre au risque de perdre toute
crédibilité. Notre posture permanente de sûreté et notre dissuasion
monopolisent 80 avions dédiés à ces deux missions. De plus, il faut toujours
déployer une dizaine de chasseurs polyvalents entre les EAU et Djibouti pour
tenir l'ensemble des contrats régionaux et bilatéraux de défense. Elle
s’établie et se maintient au détriment de notre armée conventionnelle sur celle
de son personnel, de ses infrastructures et de l'équipement de ses forces dont
ce n'est plus une priorité depuis 1990. Mais force est de constater ces
dernières années une inquiétante épuration des personnels apparentés à l'armée
mexicaine, des infrastructures, et des moyens jamais vus sous la cinquième
République !
Il existe bien
sûr des incidences non négligeables dont nous n'avons jamais eu aucun contrôle
ni maîtrise des coûts réels de fabrication du plutonium et des ogives nucléaires.
Pour faire fonctionner l'usine d'enrichissement et les centrifugeuses il faut
une centrale nucléaire dédiée et un nombre conséquent de réacteurs spécialisés
à cette tâche. Bien qu'il serait plus facile de chiffrer aujourd'hui ces coûts
sur la base de celles que nous avons fermées car nous travaillons maintenant
sur les stocks de matière de nos anciennes armes démantelées pour en fabriquer
de nouvelles (TNA pour l'ASMP et TNO pour le M 51 en 2015). Ce n'est plus que
de la chimie, de la fonderie et de l'usinage. Mais aussi la maîtrise à long
terme de la stabilité de la matière des têtes TN75 sans plus pouvoir faire des
essais en grandeurs à Mururoa (traité TICE) cela reste une interrogation
majeure.
Doté d'un
budget 2012 de 647,7 millions les nouvelles installations d'essais dont Airix
sera transféré de Monrovillier qui sera fermé en 2016 à Epure Valduc, les
accélérateurs de particules, Airix pour les détonateurs, Lasers Mégajoule dont
l'expérimentation sera repoussé à 2014 , La Ligne d'Intégration Lasers et le
super calculateur Téra 100 coûtent une fortune de x milliards d'€ pour
numériquement modéliser ce qui se passe dans cette simulation et là on ne
maîtrise pas grand-chose, c'est de la recherche expérimentale de leur
validation logiciel. Si bien que nos voisins d'outre-Manche qui ne possèdent
pas ces outils Epure et Airix ont décidé d'utiliser les nôtres par le programme
Teutates moyennant un partage des coûts à partir de 2015 ! C'est déjà ça !
C'est comme la baguette de pain: qui avait prévu une augmentation de 600% de
son coût en dix ans ?
Le plus gros problème de toutes ces
cathédrales militaires comme le Rafale sont bien la maîtrise de ses coûts, si l'on maîtrise techniquement un avion
à environ 98% ce qui est déjà pas si mal ! En revanche, les fluctuations des
cours des matières premières en constantes hausses et des énergies sont
aléatoires à cerner sur plus de trente ans. Tout ceci pèsera dans les budgets
et des coupes sont déjà programmées.
C'est
évidemment le programme de renseignement
spatial qui a été mis en veilleuse de longues années, excepté le sursaut
avec Hélios 2. Le programme européen Musis devrait donc s'étoffer d'après les
déclarations du chef des Armées. Là aussi au coût de 4,8Md'€ l'unité sur
orbite, il faut encore s'attendre à des choix ou de croire à la lune !
La France
devrait produire ses drones en ayant
dépensé 340 md'€ et toujours pas d'industrie, le contribuable est en droit de
se poser la question ? Les 4 Harfang
sont obsolètes et aucune commande émanant de l'exécutif qui choisit de ne pas
choisir nous mettent encore devant un trou capacitaire sérieux. Le meilleur
choix en attendant des hypothétiques décisions ; c'est bien l'achat sur étagère
chez l'oncle Sam des Reaper à un prix raisonnable ce qui était déjà préconisé
par le Sénat. Sans attendre le Livre blanc, le ministre doit commander de suite
et mettre de la monnaie sur le drone nEURon pour une arrivée en escadron en
2018.
La guerre électronique où le Sarrigue à
été retiré du service au profit du F-1 et sera remplacé par le pod ASTAC 2 avec
le pod RECO NG sous Rafale; la DRM conservera son autonomie d'appréciation de
la situation et de programmation en guerre électronique lorsque le F-I prendra
sa retraite en 2014 d'un avion conçu en 1963 ainsi que le Jaguar dont l'AA n'a
jamais eu besoin ! Je reviendrai sur le détail en seconde partie.
Nos moyens de
projection des forces et en premier lieu le second porte-avions, le seul
élément vital de l'aptitude d'une nation à pouvoir répondre rapidement à une
crise. Il pourrait être à propulsion conventionnelle ; en effet le rechargement
des 2 réacteurs K15 du CDG a été jugé hors de prix en 2008 par le Cema dont le
prochain IPER interviendra en 2016. Construire un second porte-avion maintenant
d'un coût d'environ 3 milliards d'€ permettrait de fabriquer la coque en 30
mois mais il sera certainement plus gros de l'ordre des 65000 tonnes. Moins
cher d'1 Md'€ et 24 mois si c'est son PAN «sister chip» du CDG. Il pourrait
être à la mer en 2016 lorsque le Charles De Gaulle arriverait en grand carénage
(IPER et rénovation pour 18 mois). Je ferais remarquer à notre Cema de l'époque
que même si elle reste chère, la propulsion nucléaire à plus d'avantages que
d'inconvénients. Mais plus il y a de K15 en service (6 prévus pour les SNA
Barracuda) moins les rechargements de cœurs coûteront. Il faut bien se tourner
vers l'avenir dans l'hypothèse où un «barbu» déciderait la fermeture du détroit
d'Ormuz !
Il sauverait
nos emplois et notre savoir-faire des arsenaux quitte à faire l'impasse de la
rénovation à mi vie des 77 Mirage 2000D mono-mission dont le coût est évalué à
741 m sur 5 ans prix 2010 et les revendre à mi-potentiel sans rénovation soit
environ 30 m d'€ l'unité (2,31) Milliards. Ou mieux encore : les revendre
rénovés à 40 m d'€ l'unité (3,080 M€) tout en ayant un groupe aéronaval de 36
Rafale M, 3 Hawkeye et 5 hélicoptères supplémentaires qu'il faudra
naturellement commander en sus et en commander moins pour l'armée de l’Air. Le
Rafale étant omnirôle il est donc très facile de mutualiser nos moyens
aéronaval et air.
Le programme A400M a été maintes fois retardé pour
obtenir un fiasco à 168m d'€ unitaire + 400millions de frais de développement
pour 50 exemplaires, sans compter le MCO et non mutualisable !.. Pour le prix,
d'un A330 à 195millions$, c'est une folie que le contribuable se fera un
plaisir d'honorer la facture ! Les Transall sont à bout de souffle et la perte
capacitaire durera avec 4 années de retard de livraison. Nous louerons encore
des AN124. Quant aux exportations, je n'en vois pas l'ouverture à ce prix !
Le programme A330MRTT avait été abaissé de 10 à 7
unités, les premiers appareils ne devant être livrés qu'après 2014 et 7 après
2020 ? Les KC 135 ont plus de 40 ans, chapeau à Boeing cela nous permet
d'attendre encore un peu !
Le programme NH 90 TTH : L'Alat se retrouvera en
rupture capacitaire. Les Puma comme les Transall sont à bout de souffle, des
133 NH 90TTH prévus ; 61 ne seraient livrés qu'après 2020, Les 24 premiers
doivent être livrés à Phalsbourg en 2013, les 24 suivants rejoindraient Pau la
même année, et les 11 derniers seraient affectés à Etain en 2019 Le Plf avait
déjà prévu de reporter sur la période 2015/2020 la livraison d'1 des 23 NH 90
TTH de la LPM 2009/2014. Cela remettrait en cause la capacité de projection de
l'armée de terre en OPEX y compris à partir des BPC. Là aussi la rénovation des
Puma n'a pas grand sens, comme les M-2000 D il vaut mieux les revendre rénovés
sur le marché et commander davantage de NH90 TTH.
Le programme de
protection du fantassin doit être
poursuivi ainsi-que l'équipement Félin.
Le programme Scorpion est enfin parti, le ministère
met 1Md'€ dans l'affaire.
Le programme
des VBRC et des VBMR, c'est le choix sur étagère entre Panhard et Renault, je
verrai bien une alliance entre les deux, déjà suggéré par Vincent Desportes.
Le parent pauvre sera encore la Marine,
qui ne touchera que la moitié de ses frégates Fremm ! Ce programme était
annoncé à 6.5 Md'€ pour 17 unités. Après une réduction à seulement 11 unités et
une baisse de la cadence de production, la facture finale est, aujourd'hui,
estimée à 7.8 Md'€ ! Il sera nécessaire de racheter un autre type de bâtiment
pour remplacer les Avisos, belle ânerie !
Nos énarques de
l'exécutif pèchent toujours par manque d'imagination et d'intelligence de
courte vue, d'un vocabulaire très réduit en une phrase, j'entends : «Etalement
des programmes et diminutions des unités».
C'est une
évidence que l'on ne pourra pas tout sacrifié sur l'autel des cathédrales qui
devront réduire leurs flèches au nom d'une crise financière sans vue de sortie
à court terme. «La mutualisation des forces» est une vue de l'esprit à la mode
des salons dorés parisiens ! Sachez qu'il n'y a rien à mutualiser en Europe, l'
essai du Traité de Lancaster est bel et bien coulé ! Et je crains qu'aucune
nouvelle commande française ne se réalisera sans exportation, d'où tout l'intérêt
fondamental de maintenir notre recherche et notre BITD nationale exportatrice
très forte ...
(à suivre)