dimanche 28 janvier 2018

Louvois : enquête sur un désastre par Philippe Reltien pour France Culture

Je suis en train de lire "Jouer sa peau" de Nassim Nicholas Taleb qui décrit ce qui se passe lorsque ceux qui prennent des décisions ne prennent aucun risque en les prenant. Cela peut se passer très bien, jusqu'au moment où arrive la catastrophe...et étrangement les catastrophes semblent arriver plus souvent et prennent plus d'ampleur lorsque les responsables ne peuvent pas être coupables. 

De l'obsession managériale du rabotage au plus vite des coûts, de la suppression du soldat (mais pas du décideur catastrophique) pris comme source de productivité, de la dilution-dissimulation des responsabilités, de la lâcheté de ceux (non payés par Louvois faut-il le rappeler) qui ont pris part au fiasco, de l'indulgence voire des gains dont ils ont pu bénéficier, tout est minable dans l'"affaire Louvois". 

Les militaires (et c'est heureux) ne sont pas syndiqués, ils ne descendent pas dans la rue, ce n'est pas pour autant qu'ils doivent être oubliés et encore moins méprisés. Ecoutez-donc Louvois : une enquête de Philippe Reltien pour France culture et diffusez largement l'histoire de ce scandale, en espérant au moins que cela serve un peu de leçon. 

Au passage, les 300 millions d'euros que ce fiasco a coûté, c'est environ la solde pendant dix à quinze ans d'un régiment dissout. 

vendredi 26 janvier 2018

Quel avenir pour le régiment dans l’armée de terre ?

Je suis en train de travailler sur l’idée de régiment comme modèle pertinent dans les évolutions prévisibles de l'armée de terre.

Le régiment tel qu’il a été conçu à travers comme, à la fois, petite nation militaire, avec son histoire, sa culture, son drapeau, son hymne ; instrument de lien régional (mobilisation des conscrit locaux dans un sens, aménagement du territoire dans l’autre) et unité opérationnelle autonome de plusieurs milliers d’hommes et de femmes n’existe plus. La professionnalisation, la modularité, les bases de défense et la PEGP l’ont profondément affaibli. Il existe désormais des déserts militaires et la structure mono-arme des régiments est en contradiction avec celle, nécessairement interarmes, des groupements opérationnels.

Ne faut-il pas dans ces conditions d’adapter les choses. Ne faut-il pas appeler un bataillon, ce qui n’est qu’un bataillon et réserver l’appellation de régiment avec tout son rôle fort de cohésion à un ensemble plus vaste de plusieurs bataillons ? Faut-il remplacer l’appellation brigade par celle de régiment (un régiment de 1914 comprenait plus de 3 000 hommes et comportait organiquement tout son soutien) à l’instar des régiments de cavalerie ou du régiment de rangers américains ? Faut-il faire des régiments une pure structure de tradition parallèle à celle opérationnelle des brigades ? Faut-il abonner les soldats à un régiment unique pendant toute leur carrière ?

Les bataillons eux-mêmes peuvent-ils être d’emblée interarmes comme dans l'US Army ? Cela permettrait des gains d’apprentissage considérables et donc une « projectabilité » plus rapide mais il faudrait imaginer une gestion du personnel différente (accepter par exemple qu’un GTIA puisse être commandé successivement par un fantassin, un artilleur et un sapeur).

Ces bataillons doivent-ils plutôt proche des points de départ (bases aériennes, ports) ou dans une ambiance de retour sur le territoire national plutôt proches des grandes villes (ou à l’intérieur) ou même dans un maillage plus large ?

Quel retour d’expérience peut-on faire des RICA, des RC80, des RIAOM ?

Quel peut-être l'impact de l'arrivée des équipements Scorpion sur l'organisation des bataillons/régiments ?

Comment font les autres ?

Voilà les nombreuses questions que je pose et je suis preneur de toutes vos réflexions sur le sujet. Merci.