C’est
le rapport de forces réel ou estimé qui détermine si l’objectif stratégique fixé
aux forces armées peut être offensif ou défensif. Le gouvernement ukrainien
peut proclamer vouloir refouler les Russes sur la ligne du 24 février 2022,
celui-ci est inatteignable en l’état actuel des forces. Il le sera peut-être à long
terme avec la formation d’une nouvelle armée ukrainienne grâce à la mobilisation
nationale et l’aide occidentale, mais pour l’instant, ce sont les Russes qui
ont seuls la possibilité d’avoir un objectif stratégique offensif. Celui-ci s’est
beaucoup réduit au fur et à mesure que le rapport de force réel a remplacé le rapport
de force estimé, très favorable aux Russes, avant le début de la guerre. L’objectif
stratégique russe affiché depuis la fin du mois de mars est la conquête
complète des deux provinces du Donbass.
En
termes opérationnels cela pourrait se traduire par l’« effet majeur »
- un effet à obtenir dans un cadre espace-temps précis - suivant : « S’emparer
avant la fin de l’été des quatre villes principales du Donbass encore contrôlées
par les Ukrainiens ainsi que Pokrovsk au centre de la province de Donetsk ».
En position défensive, l’effet majeur ukrainien semble ne pouvoir être que d’empêcher
les Russes d’atteindre le leur.
On
assiste donc à un bras de fer autour des villes objectifs avec pour l’instant un
peu de progression sur le terrain à l’avantage des Russes, mais au prix de trois
mois de combats. Or, quand les combats sont très violents, mais qu’il n’y a que
peu de changements dans l’espace, c’est l’autre terme de l’équation - le temps –
qu’il faut particulièrement observer.
Vers
le point oméga
Historiquement,
c’est la grande létalité des feux directs antichar et antipersonnel qui fait
passer de la guerre de mouvement à la guerre de position, et c’est l’artillerie,
au sol ou en l’air, qui permet de sortir de la guerre de position. Attaquer
dans un contexte de guerre de positions, c’est d’abord essayer de neutraliser l’artillerie
et les défenses ennemies par un déluge d’obus ou roquettes, puis progresser vers
ces défenses pour s’en emparer. Mais si la contre-batterie n’a pas été efficace,
progresser implique aussi de se trouver à son tour sous les obus de l’artillerie
adverse, ce qui rend la chose beaucoup plus difficile. Or, l’artillerie russe,
non pas tant en nombre de pièces, mais en nombre d’obus, domine largement les
débats avec, si on croit les déclarations récentes, de l’ordre de 6 projectiles
envoyés pour 1 seul ukrainien. Autrement dit, la probabilité de réussite d’une
attaque russe est plus importante que celle d’une attaque ukrainienne surtout
si cette attaque est menée par une bonne infanterie.
Le
nombre de km2 conquis par les Russes est donc plus important que celui
des Ukrainiens, ce qui par cumul peut faire émerger des succès tactiques
importants comme parvenir à percer à Popasna ou menacer d’encercler Lyman et
obliger ses défenseurs à se replier. La succession de ces succès tactiques peut
ensuite permettre de produire des succès opérationnels, sur le terrain, comme
la prise prochaine de Severodonetsk, ou sur les forces ennemies par exemple en
les encerclant. Mais tout cela a un coût, humain bien sûr, mais aussi matériel,
et c’est là que le temps intervient.
Dans
les hypothèses d’une guerre entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie dans les années
1980, personne n’imaginait que celle-ci puisse durer plus de quelques semaines.
On se fondait alors beaucoup sur l’exemple de la guerre d’octobre 1973 entre
Israël et les pays arabes voisins, guerre dont les combats s’étaient arrêtés au
bout de 19 jours et alors que les deux camps avaient perdu la moitié de leur
matériels majeurs – avions, chars, etc.- en 19 jours. On parlait alors de « nouvelle
létalité » du champ de bataille moderne. Les anciens soldats de la guerre
froide, qui sont à la tête des armées maintenant, sont donc surpris de voir une
guerre de même type qui dure depuis bientôt quatre mois. Le ministre de la
Défense ukrainien a avoué il y a quelques jours que ses forces avaient atteint cette
moitié de pertes avec 400 chars perdus, 1 300 véhicules d’infanterie et
700 systèmes d’artillerie. Il s’agit là d’une estimation et non un état précis,
et à rebours des discours habituels minimisant ses propres pertes peut-être s’agit-il
de susciter un sentiment d’urgence auprès des pays occidentaux, mais cela paraît
vraisemblable comme ordre de grandeur.
Ces
chiffres correspondent sensiblement au double des pertes documentées par le
site OSINT Oryx, ce qui donne déjà une idée de la marge d’erreur entre le
visible et le réel. Des matériels militaires, surtout des vieux ex-soviétiques,
peuvent être perdus sans être frappés. C’est particulièrement valable pour les tubes
d’artillerie hors d’usage après quelques milliers de coups. On se trouve quand
même très loin de la « nouvelle létalité » imaginée dans les années
1970-1980. Pour autant, la destruction finit par faire son œuvre. Les combats répétés produisent une entropie.
Les unités perdent des hommes tués, blessés, prisonniers, qui sont souvent remplacés
dans l’urgence par des inconnus souvent moins compétents. Le tissu social se désagrège
avec ce qu’il apporte de force de résistance, et le capital de savoir-faire diminue.
On perd aussi bien sûr de nombreux équipements à un niveau qui dépasse nettement,
au moins dans un premier temps, celui de la production. Les matériels sont détruits
et endommagés par les tirs ennemis (et parfois amis). Ils peuvent être aussi abandonnés,
de l’ordre d’un tiers des pertes de part et d’autre en Ukraine, pour se sauver
ou par qu’ils sont coupés d’une chaîne d’approvisionnement qui n’arrive plus à
suivre.
Pour
compenser un peu cette entropie, on bricole. On forme des unités « de
marche », on met à l’écart et on cannibalise les unités qui n’ont plus de
valeur et on surutilise celles qui en ont encore en concentrant sur elles une logistique
qui se réduit. Mais ces unités elles-mêmes finissent par s’user et il arrive un
moment où il n’y a plus de stocks de véhicules de remplacement ou de munitions,
d’obus en premier lieu. On atteint alors le point oméga, où on peut au mieux se
défendre, mais où il n’y a plus du tout de capacité offensive jusqu’à ce qu’on reconstitue
les forces.
Toute
la question est maintenant de savoir quand seront atteints les points oméga des
armées russe et ukrainienne. En l’état actuel des choses, il semble que ce soient
plutôt les Ukrainiens, dont les pertes humaines dépassent peut-être désormais
celles des Russes et surtout qui commencent à être sérieusement à court de
munitions critiques. Pour pouvoir atteindre leur effet majeur, c’est-à-dire empêcher
les Russes de s’emparer du Donbass avant que ceux-ci aient atteint leur point
oméga, cela suppose à la fois de combattre intelligemment dans le champ
opérationnel et de repousser autant que possible leur point oméga dans le champ
organique grâce à une mobilisation de leurs ressources et l’aide occidentale.
Combattre
intelligemment dans le contexte actuel c’est passer à une posture défensive. Ce
sont les attaques qui coûtent le plus cher, mais encore faut-il qu’elles soient
« rentables » et c’est rarement le cas face aux points forts russes
comme à Popasna et qui plus est avec des brigades territoriales bien moins solides
que les brigades de manœuvre. Si attaques il doit y avoir, celles-ci doivent
avoir la forme de raids limités dans le ciel ou au sol et à coup sûr. Pour le
reste, il faut défendre en profondeur en acceptant de perdre du terrain à l’avant
pour sauvegarder ses forces, tout en faisant payer cher en hommes et en temps
chaque km2 gagné par les Russes. Les Ukrainiens sont dans la position
des armées alliées devant résister jusqu’en juillet 1918 face à la supériorité
allemande en attendant les renforts américains et surtout ceux de l’industrie
française, la différence c’est que cette fois c’est l’industrie américaine qui
va arriver en renfort.
Des
obus, des obus et des obus
Du
côté des ressources, l’aide occidentale doit d’abord passer par la fourniture de
moyens permettant de faire vivre l’existant ukrainien ex-soviétique, et ce dans
tous les domaines. C’est essentiellement le fait des anciens pays du Pacte de
Varsovie qui peuvent encore avoir des équipements et des stocks, et parfois en produire
encore comme les obus d’artillerie en Bulgarie. La deuxième possibilité est de
racheter sur le marché de l’occasion de l’équipement ex-soviétique à tous les
pays qui en disposent encore. La troisième possibilité est d’utiliser les
nombreux équipements récupérés sur les Russes. Avec ces ressources, et en puisant
sur les stocks, les forces ukrainiennes peuvent encore remplacer les véhicules ex-soviétiques
leurs unités de manœuvre pendant plusieurs mois. Le problème est surtout
logistique et plus particulièrement dans les munitions d’artillerie. Les obus ex-soviétiques
ne sont que peu fabriqués hors de Russie. Les productions annuelles ukrainiennes
ou bulgares ne permettent de satisfaire que quelques jours de combat et même en
récupérant des obus de 152 mm et autres partout où c’est possible, il est inconcevable
que l’actuelle artillerie ukrainienne puisse rivaliser avec celle des Russes.
La
deuxième voie consiste à transformer complètement le capital technique ukrainien.
Dans l’urgence, il s’agit surtout de remplacer la vieille artillerie
ukrainienne ex-soviétique en train de fondre par une artillerie occidentale,
plus moderne, plus précise et à plus longue portée et donc entre autres beaucoup
plus efficace en contre-batterie. C’est un chantier gigantesque. Les armées
européennes ont réduit leur artillerie à la portion congrue, par économie et dans
la croyance que la suprématie aérienne occidentale (lire américaine) permettait
de s’en passer. Les États-Unis ont également réduit leur artillerie par rapport
à la guerre froide, mais dans une moindre mesure. Rappelons au passage, que si
l’effort français en % du PIB avait été identique à celui des Américains, on
aurait investi entre 200 et 300 milliards d’euros de plus depuis 1990 dans
notre capital technique et notre industrie de défense.
Alors
que l’industrie de défense occidentale et singulièrement en France est devenue
de l’artisanat – Nexter sort actuellement un canon Caesar tous les 40 jours – il
est difficile d’imaginer réussir ce pari sans dépouiller ses propres unités. Le
problème est peut-être encore plus critique pour les obus. La production
actuelle américaine (200 à 250 000 coups par an environ) suffirait juste à alimenter
l’artillerie ukrainienne pendant un mois au rythme de tir actuel. La France de
son côté à acquis en dix ans pour sa propre artillerie l’équivalent d’une semaine
de tir en Ukraine. Il doit rester l’équivalent de trois jours. L’aide militaire
à l’Ukraine sur la longue durée et d’une manière générale le nouveau paysage
stratégique passe par une révolution de notre industrie de défense.
En 1990, on disposait en France de 571 pièces d’artillerie, il n’y en plus désormais qu’environ 140. On aurait pu conserver un stock de 200 pièces, éventuellement modernisées, dans lequel on aurait pu puiser. Obsédés par les économies budgétaires, on n’a pas fait de stocks de pièces et d’obus. La situation est encore pire pour l’artillerie antiaérienne. Plus d’autre solution désormais si on veut que notre aide ait un effet significatif en Ukraine que de se dépouiller de ce que l’on dispose en pièces et munitions. Si on remet en place une production industrielle un peu plus massive, on pourra se remettre à niveau dans quelques années.
Bien
entendu, tout cela doit s’accompagner aussi d’un immense effort d’instruction,
ce qui suppose de retirer de la zone des combats pendant des semaines des
milliers d’artilleurs ukrainiens pour les former. Il faut ensuite former des bataillons
d’artillerie complets et les faire traverser l’Ukraine, en espérant que les flux
logistiques suivront. En résumé, les effets de la transformation de l’artillerie
ukrainienne en artillerie presque entièrement américaine ne peuvent être que
graduels et ne permettront d’obtenir des effets importants qu’au mieux dans
quelques semaines si un effort considérable est fait et plus probablement dans plusieurs
mois.
Le
problème est à peine moins grave pour les unités de mêlée. Là encore le
bataillon doit être l’unité de compte si on veut avoir une unité créée ou reconstituée
disponible rapidement. En partant de zéro, et à condition de disposer de l’équipement
complet, d’une bonne infrastructure et de l’encadrement, on peut éventuellement
former un bataillon de mêlée en six mois. En mixant avec des vétérans et des
cadres ukrainiens d’une unité existante, on peut raccourcir le processus. Cela
pose une multitude de problèmes concrets avec là aussi à terme l’obligation de
remplacer progressivement les équipements soviétiques par des équipements
occidentaux avec des difficultés un peu moins importantes que pour l’artillerie.
On devrait se concentrer dans l’immédiat sur la formation de bataillons d’infanterie
légère et de sapeurs d’assaut qui pourraient être injectés cet été dans les
bastions urbains et les lignes de défense.
Il
faut bien comprendre que pour permettre à l’armée ukrainienne de gagner la guerre, il
faut quasiment la recréer de toutes pièces et il s’agit d’une armée, au moins pour
l’armée de Terre, nettement plus importante en volume que l’armée française. Si
on voulait être cohérent, les pays occidentaux devraient être de grands camps d’entraînement
pendant que notre industrie se mettrait en ordre de marche pour revenir à une
production de masse.
Une
offensive décroissante
Bien
entendu les Russes ne vont pas rester inactifs pendant ce temps. Eux aussi
produisent et innovent. L’hypothèse privilégiée est qu’ils jettent toutes leurs
forces disponibles dans la balance pour s’emparer du Donbass avant la fin de l’été
pour ensuite passer en posture défensive.
L’usure
de leurs forces est déjà considérable. Matériellement, les pertes en équipements
majeurs sont très supérieures à celle des Ukrainiens, mais sans être critiques.
La situation la plus difficile semble concerner les chars de bataille, avec presque
la moitié du parc d’active de 3 471 chars sans doute hors de combat, ce
qui explique peut-être le recours au parc de réserve avec la récupération de
vieux chars T-62.
Dans
les autres domaines, grâce à leurs énormes stocks, même coûteux à maintenir et d’une
disponibilité douteuse, les Russes ont vaincu la létalité moderne. Avec un stock
d’active de plus de 14 000 véhicules de combat d’infanterie divers (aux
alentours de 3 600 théoriques en France), ils ont un taux de pertes de 10
à 20 %. La situation est encore moins grave pour les autres matériels. Si cela
a contribué à gagner la bataille de Kiev, ce n’est pas la destruction des véhicules
de combat qui va changer la donne dans la bataille du Donbass.
La
logistique est sans doute plus sensible. On ignore l’état des stocks russes de
carburant et surtout en munitions. Il est question d’une consommation des deux tiers
environ. Si cela est vrai, cela laisse la possibilité de continuer le combat au
même rythme pendant deux mois environ, peut-être trois avec l’apport de la production
locale. Peut-être la Russie peut-elle aussi faire appel aux stocks de ses
alliés. Les flux logistiques sont par ailleurs mieux organisés que durant la
phase de mouvement, par la protection d’un front continu, la proximité des
bases ferroviaires et une meilleure protection des convois et des réseaux en l’air
et au sol. La vraie menace ukrainienne viendrait du combat d’infiltration ou de
partisans, en coordination avec une capacité de frappes en profondeur en
particulier par lance-roquettes multiples HIMARS ou M270.
La
principale difficulté russe, celle qui accélère le déplacement vers le point
oméga, se trouve dans le capital humain. On spécule beaucoup sur le volume des
pertes humaines russes et LNR/DPR. Ces derniers sont à cet égard plus transparents
et les chiffres qu’ils donnent, sont de l’ordre de 40 % de pertes pour les 35 000
hommes de leurs deux corps d’armée. Il est vrai que la vingtaine de bataillons
qu’ils représentent sont très largement sollicités par les Russes, mais on
comprend pourquoi ils progressent désormais très peu dans les combats. Les
pertes russes sont sans doute inférieures à celles des LNR/DPR, de l’ordre de 30
% des forces engagées le 24 février. C’est déjà considérable et cela signifie
que chacun des groupements tactiques russes engagés a été plus ou moins
sévèrement touché.
Au
contraire des équipements et au contraire des Ukrainiens, les Russes n’ont qu’une
faible réserve humaine, la faute à un recrutement purement volontaire et à l’absence
d’une grande réserve opérationnelle au moins équivalente à l’armée d’active. Le
volontariat assure une meilleure motivation qu’une mobilisation générale en
Russie, mais réduit considérablement le volume des renforts disponibles à court
comme à moyen terme. S’il est possible de compenser, après de longues semaines,
les pertes des premiers mois de guerre, il sera difficile de beaucoup dépasser
le nombre initial d’unités de combat engagées en Ukraine.
Les
pertes diminuent les capacités, mais de manière différente selon la qualité de
l’unité. Pour 10 % de pertes, un bataillon d’élite perdra par exemple 15 % de
son potentiel alors qu’une unité médiocre en perdra 30 %. Si le nombre total de
groupements tactiques russes n’a pas beaucoup varié, le nombre de ceux qui ont
encore une capacité à mener une attaque a lui beaucoup diminué.
L’armée russe s’est aussi adaptée et a un peu innové, en attendant des réformes plus profondes. Le nouveau mode opératoire adopté fin mars est nettement mieux adapté aux capacités russes que la guerre de mouvement, car plus simple et reposant sur une combinaison planifiée artillerie/aéroartillerie-infanterie. L’artillerie est là, par forcément moderne, mais très puissante. Aviation et hélicoptères d’attaque sont mieux intégrés dans le combat interarmées. Reste à disposer d’une infanterie d’assaut apte à combattre à pied dans les milieux urbains ou retranchés. La structure mixte mêlée-artillerie des groupements tactiques semble largement abandonnée au profit de structures plus classiques et plus simples avec la formation de grands groupements d’artillerie, pratiquement des divisions, et de purs (petits) bataillons de manœuvre de 200 à 300 hommes comme les Ukrainiens.
La quasi-totalité des
attaques est donc désormais menée par une trentaine de bataillons, le plus
souvent issus de l’armée d’assaut par air, de l’infanterie navale ou d’irréguliers
comme Wagner ou la brigade tchétchène de la garde nationale. En réalité, ces
unités sont très sollicitées depuis le début et ont subi de lourdes pertes,
mais elles résistent mieux que les autres. Il n’est pas évident cependant qu’elles
puissent encore être engagées sans discontinuer pendant très longtemps.
Au
bout du compte, il semble que le rapport de forces matériel et notamment en
puissance de feu sera quoiqu’il arrive à l’avantage des forces russes pour les
trois mois à venir. Il est même probable que cet avantage sera sans doute encore
plus important de mi-juillet à mi-août. Il reste à savoir si cet avantage matériel
de l’été pourra être associé à une infanterie d’assaut encore suffisante en
volume pour obtenir des résultats décisifs. Tout dépend en fait de l’intelligence
de la défense ukrainienne dans le Donbass et dans l’immédiat dans la poche de Severodonetsk-Lysychansk.
Si l’armée ukrainienne se fait encercler dans cette poche, les Russes
atteindront sans aucun doute leur effet majeur. Si elle parvient à résister deux
mois sur place ou si elle parvient à se replier en bon ordre et sans grande perte
matérielle sur une solide ligne Sloviansk - Kramatorsk – Droujkivka –
Kostiantynivka, elle peut parvenir à empêcher les Russes d’atteindre leur objectif
stratégique jusqu’à leur point oméga.
Surviendra alors une immobilisation du front masquant un intense travail de reconstitution et de transformation de part et d’autre qui débouchera tôt ou tard sur une nouvelle phase de la guerre fondée sur un rapport de forces différent.