vendredi 11 mars 2022

Point de situation des opérations en Ukraine 11 mars J+15

Situation générale 

Progression très lente des forces russes. Incapacité à prendre Kiev avec les moyens et les méthodes actuels. Sièges très lents.

Trois hypothèses pour la suite :

1. Blocage général de longue durée jusqu’à ce qu’un des deux camps dispose sur le long terme de suffisamment de ressources nouvelles pour relancer les opérations offensives victorieuses (cf 1918 front Ouest.

2. Effet de cascade en faveur des Russes : prise d’une ville (1 Marioupol, 2 Soumy, 3 Chernihiv 4 Kharkiv) + renforcements extérieurs permettent de couper forces Ukrainiennes du Dniepr et/ou de relancer le siège ou l’assaut de Kiev avec des forces suffisantes (cf guerre en Syrie).

3. Effondrement armée russe (cf 1917 front Est)

Situations particulières

Zone Ouest

Inchangée. La 35eArmée commence à être débloquée. On ne sait trop où vont ses forces, sans doute vers l’Est avec la 36eA.

Zone Kiev

Secteur Nord : toujours résistance de Chernihiv et de la poche de Nyzhim, face à la 41eA (forte de 10 GTIA) et la 2eArmée de la Garde (AG), forte d’environ 10 GTIA. 

NB : Groupement tactique interarmes, GTIA = 500/1000 hommes- environ 100 véhicules blindés (chars-infanterie-artillerie).

Secteur Est : Avec 24 GTIA, la 1ère ABG est la plus puissante armée russe en Ukraine, mais ses forces sont dispersées. 1/3 autour de Soumy-1/3 sur axe Soumy-Kiev-1/3 Est de Kiev. Attaque dans la région de Skubyn-Brovary (20 km Est de Kiev) repoussée.

Secteur Ouest : poursuite de l’effort de la 36eA (18 GTIA) en direction d’Irpin avec infanterie d’élite (76eDivision aéroportée, DA, 98eDA ?, 31eBrigade d’assaut par air, BAA) mais peu de progrès.

Principale menace : progression vers le Sud et le Sud-Ouest de Kiev pour couper les sorties Sud de la ville avec 4 GTIA mais progression très lente.

Possible nouvelle pause russe pendant quelques jours avant de renouveler attaques limitées sur Kiev. Effort sur Chernihiv et surtout Soumy.

Zone arc Est

Zone Est :  6eA (10 GTIA ?), de la 20A (8 GTIA ?) et 8A (10 GTIA ?) 

Effort russe sur région Yzium, afin de joindre les zones d'action des trois armées et encercler forces ukrainiennes.

Importante contre-attaque Ukrainienne dans la région de Kharkov.

Zone Sud-Est  Poussée des 1er corps d’armée (milices Donetsk) et 2e CA (milices Louhansk) le long de la zone de contact. 

Le 1er CA tente de prendre contact avec 58eA (18 GTIA) sur axe Donetsk-Zaporijjia. Forte pression sur les forces ukrainiennes qui résistent.

Zone Sud-Ouest 

Poursuite des opérations de la 49eA ( ?) vers l'Ouest. Blocage à Mykolaev mais progression vers le Nord vers Vozesensk.

Transnistrie : 14A très réduite en volume et sans possibilité de manœuvre.  

Notes

Toujours grande difficulté russe à organiser des opérations coordonnées de grande ampleur (au-delà de la brigade de 3 ou 4 GTIA).

Inadéquation totale des moyens russes avec le combat urbain. Or, maillage urbain important (une ville de 10 000 habitants tous les 20 km, une de 100 000 ou plus tous les 100 km). Impression que toute ville défendue fermement avec une infanterie nombreuse, motivée et bien armée (grande densité d’armes antichars portables) est un problème insoluble. Incapacité à prendre d’assaut une ville et obligation de passer par une pression longue sur la population (assiéger et affamer).

Appel à volontaires étrangers de part et d’autre : Les Ukrainiens parlent de 20 000 volontaires de 82 pays. La Russie fait appel à 16 000 combattants du Moyen-Orient (Syrie, Irak). Internationalisation « par le bas » et non par l’implication officielle des Etats.

16 commentaires:

  1. Bonjour, afin de voir clairement la situation serait il possible d'afficher en vis a vis l'ordre de bataille (sources ouvertes) Ukrainiens ?

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  2. Merci ,Mon Colonel de nous apporter un point journalier sur ce qui se passe en Ukraine avec les Forces engagées et vos Hypothèses sur les schémas tactiques qui se dessinent ou non,suivant les événements qui s'y rapportent,deja on peut dire ,que les forces UKR avec peu de Gros moyens mais une piétaille correctement alimentées en armes individuelles lourdes (missiles etc),tiennent et font subir au pachyderme russe ,beaucoup trop de pertes en matériels lourds que celui-ci envisageait au départ de l’invasion,ce qui confirmerait une théorie d'un haut gradé français,sur l'emploi généralisé de missiles à courte portée ATGM ,servie par de nombreuses teams de casseurs de tank à forte mobilité d'esquive ferait certainement plus de mal à un envahisseur typé force rouge que nos pauvres unités de cavaleries lourdes réduites à peau de chagrin surtout sur un territoire ouest européen avec ses variations de reliefs et de densités d'obstacles naturelles ou non qui avantagerait les défenseurs...surtout par les temps à courte échéance, relancer la production d'un char lourd couterait du temps long alors que d'optimisé un missile qui est deja en phase de développement,histoire de le muscler en V 2.0,'voir un peu plus niveau distance et punch),pour le mettre sensiblement au niveau des meilleurs productions ATGM sur le marché,comblerait une (petite hélas)partie du trou capacitaire de nos forces.

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    1. Relire les écrits du capitaine Brossolette sur la "non bataille"qui prennent encore plus de sens avec les avancées technologiques en matière de missiles et de drones rôdeurs. Le choix français de privilégier avec le MMP un missile extrêmement coûteux, contrôlable jusqu'à l impact, en lieu et place de missiles a plus courte portée de type"fire and forget", disponibles en masse ( Spike SR, MBDA Enforcer) est discutable. L impasse de l AT sur les munitions rodeuses l est encore d avantage.

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  3. Bonjour,
    Bravo pour vos points quotidiens sur ce conflit.
    Un petit correctif au sujet de la Transnistrie : la 14e Armée de la Garde russe n'existe plus depuis 1995, où elle a été rebaptisée "Groupe opérationnel des forces russes en Transnistrie" (GOFRT).
    Le GOFRT comprend environ 1500 hommes organisé en trois bataillons de fusiliers motorisés sous-dimensionnés, essentiellement chargés de garder le dépôt d'armes et de munitions de Cobasna (22000 tonnes) et d'entraîner les forces séparatistes de Transnistrie.

    Maintenant que "les masques sont tombés" et que le caractère clairement dictatorial et revenchard du régime russe est affirmé, quelle pourrait être "l'armée de nos besoins"?
    Par ailleurs, quid de forces de DOT rénovées?

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  4. Monsieur Goya, il serait très intéressant de développer une analyse forte intéressante sur le réseau fluvial ukrainien qui est un paramètre géographique de premier ordre qui amène de grosses problématiques aux russes que ce soit autour de la capitale ou d'autres villes.
    Il y a une si grande dépendance à des ponts, faut voir par exemple Tchernihiv, même si les ukrainiens se font battre, ils font péter un seul pont et c'est toute l'armée russe qui sera bloquée pour des jours ou qui devra faire un énorme détour.
    Kiev est particulièrement intéressante et les forces russes qui sont à l'Ouest de la ville sont la cible de choix pour une offensive ukrainienne tant elle peut vite être isolée.

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  5. est ce que la relative lenteur des forces russes n'est pas aussi finalement une preuve "en creux" que les russes tentent de limiter les pertes civiles par un emploi très limité de l'aviation et de l'artillerie lourde ? Par ailleurs, il est certain que le renseignement US est une aide précieuse. J'espère que nous ne sommes pas trop dépendants d'eux sur ce point

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    1. Enfin à la vie des images que l'on peut avoir de des villes assiégées, du l'aviation qu'elle peut utilisée, l'usage de l'artillerie ne semble pas vraiment limité...

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    2. Oups désolé mon message était pas vraiment écrit correctement (problème avec l'écriture intuitive du portable).
      Donc traduction: lire la "vue" et non la "vie" et "l'aviation semble peu utilisée".

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    3. Je suis également surpris que l'hypothèse de chercher à limiter les pertes civils, ne soit pas évoquée pour expliquer la lenteur de certaines opérations. Se poser la question ce n'est pas défendre les Russes, mais envisager qu'ils aient aussi une vision politique à plus long terme, surtout vis à vis des populations russophones qu'ils doivent bien essayer de se rallier.
      Par ailleurs, si on observe les mouvements d'ensemble, il y a bien des progressions de troupes de l'est vers l'ouest, ainsi que du nord vers le sud-est et du sud vers nord-est, créant ainsi un énorme mouvement d'encerclement du gros des troupes ukrainienne massées à l'Est, là où elles pensaient que le coup allait venir.
      La prise des villes n'est peut-être pas l'objectif principal pour l'instant, n'oublions pas que les Russes peuvent être très forts dans leur capacité à tromper sur leurs intentions (opération Bagration de la 2GM par exemple).

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  6. Merci infiniment pour ce "journal" des opérations en Ukraine.

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  7. Merci pour ces points de situation réguliers... Incontournables pour suivre ce conflit !!

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  8. Toujours très intéressant de vous lire

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  9. Bonsoir, le recours annoncé aux mercenaires est il un signe d essoufflement russe ?

    Tchétchènes puis syriens et demain azeris...

    Il reste à espérer que les ukrainiens et leurs chefs sont armés pour courir un marathon. L attrition semble forte côté russe mais malheureusement rien ne semble pouvoir faire cesser l offensive a court ou moyen terme.

    Le seul véritable moyen de gagner pour les ukrainiens serait d irlandiser le conflit. De se préparer a une longue lutte contre l occupant par une lutte asymétrique totale.

    Une chose que faisait les Irlandais était de publier la liste nominative des unités anglaises qui venaient faire du maintien de l ordre en Irlande du Nord l impact psychologique de ces publications était énorme sur le moral des troupes anglaises. Grosso modo on sait qui vous êtes et d où vous venez on frappera vos familles on vous connaît.

    A suivre

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  10. Il semble que les russes organisent un siège de Kiev à l'ancienne,visant à priver les forces Ukrainiennes de ravitaillement, y compris alimentaire.

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  11. Les Russes ont enormement d'experience en combat urbain. Il est peu probable que ce soit leur choix principal. Arriver a une negociation en leur faveur est sans doute plus ce qu'ils recherchent, ils sont d'ailleurs en train d'acquerir tous les territoires russophones, l'acces a la mer et les zones industrielles. Tout le reste est bonus.
    Pourquoi s'attend-t-on a une guerre eclair? Kiev n'a d'autre interet qu'un changement de regime politique. Mais est-ce que cela en vaut vraiment le coup quand une tres grande partie des objectifs territoriaux sont remplis?

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  12. La résistance ukrainienne a mis en cause les objectifs initiaux de l invasion russe. Peut être que les nouveaux objectifs ont du mal à être définis. L'alternative consistant au maintien des objectifs initiaux qui consistaient en un rattachement de l ensemble du territoire ukrainien au glacis russe ou a l'obtention d objectifs dégradés que vous évoquez, l important pour Poutine étant que les gains affichés justifient a posteriori, auprès de sa population, la guerre qu'il a engagée.

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