Situation générale
Poursuite
de la transformation d’une opération russe visant à obtenir une victoire
totale rapide et qui a abouti à une grande dispersion et un épuisement des forces, en opération séquentielle recherchant l’atteinte d’un objectif
après l’autre avec la faible capacité de manœuvre restante, capacité qui a par
ailleurs tendance à décliner.
Les
forces russes vont prendre Marioupol et auront peut-être la possibilité d’atteindre
ensuite au mieux un ou deux autres objectifs géographiques – Kharkiv ou Odessa,
pour des raisons politiques, Dnipropetrovsk, afin de menacer l’arrière de l’armée
ukrainienne du Donbass (AUD) – ou d’obtenir un repli de l’AUD par une pression générale
frontale.
L’hypothèse
la plus probable est ensuite une rigidification générale des fronts sur la longue
durée.
Situations particulières
Ciel :
emploi toujours fréquent des missiles par les Russes et consommation de leur stock.
Publicité autour de l’emploi de missiles hypersoniques, sans intérêt tactique
par rapport à d’autres modèles moins sophistiqués mais à des fins purement
démonstratives.
Question du renforcement du système de défense antiaérien S300 ukrainien, un actif essentiel pour la dispute du ciel en particulier autour de Kiev. Possibilité de manœuvre de roque (transfert en Ukraine de batteries ou de systèmes complets slovaques, bulgares ou grecs en échange de Patriot américain). Peut-être peut-on envisager aussi un transfert de S400 turcs en échange de la possibilité d’acquérir des chasseurs F-35. Peut-être faut-il envisager la fourniture de batteries anti roquettes de type Dôme de fer.
Biélorussie
et zone Ouest de l’Ukraine : la question d’une intervention biélorusse
dans le conflit est toujours en suspens. Cette intervention ajouterait sans
doute plus de problèmes que d’avantages au camp russe. Nombreux sabotages des
voies ferrées en Biélorussie (origine inconnue) qui entravent fortement la
logistique russe.
La
capacité de manœuvre russe à l’Ouest de l’Ukraine est pour l’instant limitée à
des frappes et des raids et peut-être une manœuvre d’infiltration-harcèlement.
Zone Kiev-Nord Est : Toutes les forces russes de la zone Nord sont
passés en mode défensif et on assiste à la mise en place de fortifications de
campagne (apparition de champs de mines, travaux du génie). Effort sur la
protection des axes et sur l’artillerie. La bataille de Kiev se transforme en
siège d’artillerie de longue durée. Le combat peut porter sur l’acquisition de
positions d’artillerie dans un rayon de 25 km du centre de la capitale.
Si
la zone russe à l’Ouest de Kiev occupée par les 35e, 36e armées
et troupes aéroportées (VDV) est cohérente, toute la zone du Nord-Est (triangle
Chernihiv-Soumy-Brovary) des 41e, 2e Armée de la Garde
(AG) et 1ère Armée blindée de la garde (ABG) est en « peau de
léopard » avec des forces antagonistes imbriquées. Comment cela peut-il
évoluer ? Les forces russes vont-elles essayer d’unifier la zone par la réduction
successive des poches ukrainiennes ? Vont-elles évacuer les zones les plus
difficiles ? Vont-elles pour des raisons politiques (tenir le plus de
terrain possible afin de mieux négocier) rester partout où elles sont au risque
d’une couteuse petite guerre permanente dans la région ?
Zone
Donbass : au Nord, les Russes semblent avoir abandonné l’idée de s’emparer
de Kharkiv pour l’instant et ont remplacé la conquête de la ville par un siège
d’artillerie. Les forces ukrainiennes ont repoussé avec de fortes pertes un
régiment blindé russe au sud d’Yzioum (120 km Sud-Est Kharkiv). Impliquant deux
brigades d’assaut aérien (mais sans hélicoptères), c’est sans doute l’attaque ukrainienne
la plus importante de la guerre. Poursuite des combats autour de Severodonetsk,
entre Yzioum et Louhansk. L’équivalent de 3 brigades ukrainiennes (peut-être 5 000
hommes) est menacée d’encerclement par la 3e Division d’infanterie
motorisée (DM) russe et le 2e Corps d’armée de la LNR.
Au
Sud : la lente progression des 19e DM à l’Ouest et 150e
DM (plus brigade tchétchène à l’Est) et 810e brigade d’infanterie navale
au Nord se poursuit. La prise de Marioupol est sans doute une question de
jours, deux semaines au maximum.
Zone
Sud-Ouest : la zone est la moins densément occupée par les forces russes
et ukrainiennes. C’est donc celle où les mouvements sont les plus importants,
avant de rencontrer les résistances urbaines. La reconnaissance de la 7e
division aéroportée vers Voznesensk a été repoussée vers Nova Odessa. De la même
façon une reconnaissance limitée (une brigade -) vers Kryuyi Rih a été repoussée.
La 20e DM russe, assez faible, a du mal à résister aux forces
ukrainiennes devant Mykolayev et semble sur le recul.
Frappe
de missile(s) de croisière Kalibr de la flotte de la mer Noire le 19 mars sur
centre de recrutement/formation ukrainien à Mykolayev, nombreux morts.
Notes
S’il
est pour l’instant difficile d’imaginer une mobilisation générale en Russie, la
Russie l’impose dans les républiques DNR-LPR (4 millions d’habitants au total).
Cela peut constituer la ressource humaine la plus importante pour l’effort de
guerre russe, mais au prix semble-t-il de nombreuses réticences locales.
La
société Wagner servirait de relais pour le recrutement de combattants de l’armée
nationale libyenne du maréchal Haftar à destination de l’Ukraine.
Théorie : la
numérisation du champ de bataille par les civils
La
numérisation du champ de bataille était le grand thème militaire à la mode au
début des années 2000. On l’imaginait comme la mise en place de couteux
systèmes de géolocalisation et de transmissions de données entre multiples capteurs et « effecteurs » militaires sachant tous sur des images communes où
ils se trouvent, où se trouve une bonne partie de l’ennemi et pouvant collaborer
entre eux. Personne ne parlait alors de gonfler cette architecture selon une
logique public-privé/militaire-civil, et de combiner nos systèmes avec ceux des
organisations armées que nous affrontions qui utilisaient des technologies civiles.
L’Ukraine l’a fait (pour mémoire, ce sont les nations qui font les guerres pas les armées) en intégrant massivement la numérisation civile, depuis les simples combattants dotés de smartphones jusqu’aux petites unités de renseignement territoriales dotés de petits drones low cost. Associés à la masse de combattants mobilisés (une donnée que l’on a oublié), cela donne à l’armée ukrainienne une quantité considérable d’informations tactiques en temps réels sur soi et sur l’ennemi, et très supérieure à celle dont disposent au contraire les Russes qui ne bénéficient pas pour l’instant d’un tel apport. Cela donne évidemment un avantage considérable aux petites unités ukrainiennes mobiles sur les lourdes colonnes russes. La très grande majorité des combats, jusqu’aux embuscades d’artillerie, sont ainsi à l’initiative des Ukrainiens, ce qui constitue un atout énorme.
Merci pour tous ces points réguliers Monsieur Goya, il est très difficile d'avoir une vision claire de la situation encore aujourd'hui.
RépondreSupprimerL'offensive russe peut s'enliser tout comme l'armée ukrainienne peut collapser. Le refus de se rendre à Marioupol montre que les négociations sont encore à leur début. chacun veut être en position de force, les civils ? variable d'ajustement... Car dans 15j Marioupol sera tombée de toute façon.
Les russes vont jouer la montre aussi car ils sont en Ukraine.
A mon avis les objectifs russes restent : reconnaisance de la Crimée, continuité territoriale entre Crimée et Donbass, renoncement écrit à l'OTAN et armée ukrainienne limitée. Pour cela il maintiendra un effort destructif fort.
Si les Ukrainiens s'en têtent, il prendra la rive droite du Dniepr quoiqu'il en coûte. C'est la frontière naturelle et stratégique avec un voisin menacant (et vice versa).
La ligne de front russe est énorme mais elle l'est aussi pour les Ukrainiens. Si le donbass lache coté ukrainiens, le repli stratégique ne pourra être que de l'autre coté du Dniepr.
Si les russes se font ratatiner sur un des fronts, ils ont du mou pour se redéployer de l'autre coté du Dniepr. En outre, en mode guerre convetionelle, les russes auront des cibles autre que de la guerilla.
Reste l'état des pertes de part et d'autre, et là mystère. L'attrition ukrainienne peut user fortement les russes, à suivre de ce coté là.
Sur les S300, je ne donne pas cher de leur survie s'ils sont déployés en Ukraine.
Quant à la perte de généraux, je suis surpris de cela ou alors le rôle d'un général n'est pas le même que chez nous.
La qualité de l'armée russe fait relativiser notre propre armée, finalement on est pas si mal. Par contre, on voit bien que l'avenir pousse les drones, les transmissions, les munitions jetables et le soldat pousse caillou.
A suivre
A priori il y a encore des S300 en activité coté ukrainien. Les russes n'ont pas reussi à tous les détruire. Si les USA veulent leur en trouver c'est plus pour augmenter la couverture et avoir des munitions en plus. A terme je pense que nous serons obligé de leur fournir de l'anti aérien occidental.
SupprimerMerci pour vos point réguliers mon Colonel. Envisagez-vous une publication sur ce conflit, si tant est que ce dernier se "résolve" dans un temps court (6 mois à 1 an?)?
RépondreSupprimerJ'ai lu avec avidité votre publication "Les vainqueurs, comment la France à gagné la guerre" et j'espère une analyse de ce niveau sur un conflit moderne et pour le coup, relativement asymétrique.
Bien à vous,
Merci, mon Colonel, pour ces infos.
RépondreSupprimer"Numérisation du champ de bataille par les civils" ou partenariat civilo-militaire en matière d’informations.
Pour que «ça marche» il faut une infrastructure terrestre à même d’assurer les liaisons Internet et téléphoniques (en attendant les mini-satellites) et surtout de l’électricité.
Ces 2 moyens sont sous contrôle russe ou pourraient l’être, sauf dans l’ouest de l’Ukraine où ils ne sont pas.
Il est probable que ces 2 services sont (plus ou moins) fonctionnels parce que les Russes le veulent bien…
A contrario, ils ne se sont pas privés de détruire des tours de transmission TV.
Pour nous, rêver à une généralisation du partenariat serait donc inapproprié en cas de guerre totale.
Ce fait probable (tolérance à Internet) est à mettre en parallèle avec les «faibles» nombres de victimes de part et d’autre.
M’est avis que le Russe ne mène pas une guerre trop intense, alors qu’il en a largement les moyens. Je tiens pour acquis que la direction russe se moque de l’opinion internationale mais elle pourrait avoir l’espoir de ne pas trop exciter l’ukrainien de base contre la Russie, sauf en cas d’opposition armée locale. Ce ne sont que des suppositions, naturellement.
Votre dernier paragraphe me fait bien rire, ...ne pas trop exciter l’ukrainien de base contre la Russie C'est un peu tard.
SupprimerJe pense que tout bon ukrainien de base même russophone a perdu des proches dans cette guerre et beaucoup de biens. Le champ de bataille est sur les terres russophones, Karkiv était la capitale russe de l'ukraine marioupol était russophone et ces gens ont tout perdu, il leur reste pour seul espoir de vaincre l'armée russe et une aide massive de l'europe pour reconstruire plus grand et plus fort.
Si demain les russes étaient vainqueurs alors il ne resterait que dévastation pour des décennies.
En tous cas les ukrainiens sont de sacrés combattants.
Bonjour. Au vu des moyens actuels de l'armée ukrainienne face à l'armada russe, existe-t-il des tactiques qui lui permettraient d'alléger le siège de Mariupol, voire créer des brèches ?
RépondreSupprimerNon, lisez l'article du dernier journaliste à avoir quitté Marioupol, le 15 mars, qui vient de sortir. Il explique l'espoir qui régnait encore dans Marioupol d'une contre attaque Ukrainienne pour les sauver. Mais à la vue des défenses qui encerclent la ville (lors de sa sortie par l'ultime corridor laissé par les Russes), il raconte avoir perdu tout espoir.
SupprimerMerci pour ces points d'information précis pris aux meilleures sources. Par ailleurs, ne trouvez-vous pas que la posture d'alerte de la dissuasion nucléaire française est suffisamment mise en avant par les médias alors même qu'elle se trouve aujourd'hui à son maximum? Un cas unique me semble-t-il. Qu'en est-il de nos partenaires européens? Prennent-ils la mesure qu'un parapluie français s'est ouvert sur l'UE? Le considèrent-ils comme efficace et l'apprécient-ils? Cela pourrait-il changer la donne pour l'après-crise et offrir une opportunité de leadership à Paris dans l'organisation à venir de la Défense de l'Europe? Merci pour vos analyses.
RépondreSupprimerLa France maintient en permanence l'un de ses quatre SNLE à la mer. C'est sa posture de dissuasion nucléaire permanente. Ce qui signifie que seize missiles pouvant emporter chacun jusqu'à six charges nucléaires indépendantes (soit un maximum de 96 charges nucléaires pouvant viser 96 cibles - en réalité beaucoup moins car nombre de ces charges sont des leurres destinés à tromper les défenses antimissiles pour accroître les chances des vrais charges nucléaires de passer au-travers et de frapper leur cible) sont en permanence prêts à être tirés. Depuis le 1er mars dernier, un deuxième SNLE français a pris cette posture de dissuasion nucléaire à la mer. Et depuis hier un 3e SNLE français est en mer prêt à frapper si nécessaire. Une posture à trois SNLE constitue le maximum possible (jamais réalisé jusqu'ici ! ) avec les quatre SNLE dont dispose aujourd'hui la France. D'autant plus que par souci de réaliser des économies budgétaires, la France, pour ses quatre SNLE, ne dispose que de trois jeux de missiles (3x 16). Le départ du 3e SNLE a été réclamé au président par le CEMA afin d'éviter qu'une frappe préemptive inopinée russe ne vienne détruire la base de l'île Longue où se trouvaient alors les 3e et 4e SNLE. Preuve qu'à l'Elysée l'inquiétude est grande quant aux intentions de Poutine. La FANu (Force Aéronavale Nucléaire forte de Rafale M dotés de missiles nucléaires ASLP-A) a embarqué sur le porte-avions CdG qui évolue en Méditerranée orientale. Les deux escadrons de Rafale "nucléaires" de l'armée de l'Air ont reçu voici vingt jours les charges nucléaires de leurs ASMP-A. Et si des Rafale patrouillent quotidiennement pendant des heures au-dessus de la Pologne et de la Roumanie sans se poser sur des bases polonaises ou roumaines c'est aussi par souci d'éviter qu'ils puissent être détruits au sol par des frappes préventives russes. Il n'est pas impossible qu'ils puissent effectuer ces vols en vue de sécuriser des couloirs de pénétration au profit des Rafale nucléaires.
SupprimerSi ce n'est pas indiscret : comment savez-vous ça ? Ce n'est pas sensé être confidentiel, ce genre d'informations ?
Supprimerpatron, effacez ?
SupprimerIl s'agit d'informations ouvertes.
SupprimerAutant pour moi, l'information est en effet disponible dans la presse, mais sans communication officielle. Un moyen sans doute de faire passer le message.
SupprimerJ'en reviens donc à mon interrogation initiale. Qu'en est-il de nos partenaires européens? Prennent-ils la mesure qu'un parapluie français s'est ouvert sur l'UE? Le considèrent-ils comme efficace et l'apprécient-ils? Cela pourrait-il changer la donne pour l'après-crise et offrir une opportunité de leadership à Paris dans l'organisation à venir de la Défense de l'Europe? Merci pour vos analyses.
Supprimer"Les forces ukrainiennes ont repoussé avec de fortes pertes un régiment blindé russe au sud d’Yzioum"
RépondreSupprimerFortes pertes côté ukrainien ou russe ? Puisque les Ukrainiens attaquaient ici, j'imagine que les pertes sont de leur côté, mais je ne suis pas certain d'avoir bien compris. Merci pour le compte-rendu en tout cas !
Moi j'ai compris côté uk. Au vu de la tournure de phrase...
SupprimerCa m'a parut évident qu'il s'agissait des Ukrainiens. Surtout que vu la domination de l'espace aérien par les Russes, des mouvements de grande ampleur des Ukrainiens me semblent vouer à être très couteux en vies et matériel..
SupprimerMerci. C'est ce que je me suis dit, mais comme les Ukrainiens communiquent habituellement très peu sur leurs pertes, j'avais un doute.
SupprimerJe trouve quand même surprenant la démonstration de l'armée russe. Elle semble quand même assez loin des standards US et européens. En fait la masse reste équipée d'anciens matériel et elle n'a guère évalué dans ses méthodes. Les nouveaux matériels en nombre réduit ne semble pas aussi efficace.
RépondreSupprimerLe site ORYX a mis à jour son rapport de pertes (il le fait plusieurs fois par jour). Alors que les pertes Russes sont passées de 1660 à 1662 les Ukrainiennes sont passées de 398 à 474. De toute évidence, ils ont trouvé de nouvelles sources, et celles-ci apportent de mauvaises nouvelles - qu'on pouvait craindre, le colonel ayant précisé que la sous-estimation des pertes ukrainiennes était probablement plus forte que coté russe.
RépondreSupprimerLe gérant du site Oryx explique qu'il a pas mal de retard dans le rapport des pertes. Cela prend de plus en plus de temps car à chaque fois il faut vérifier les doublons avec toutes les pertes déjà enregistrées (et on peut en trouver quelques un d'ailleurs). Aujourd'hui il a annoncé avoir consacré la journée à rattraper les pertes ukrainienne "en retard".
SupprimerBonsoir. Merci pour votre point journalier que je vais oser compléter à partir de sources OSINT puisque vous avez évoqué la numérisation du champ de bataille par les civils.
RépondreSupprimer1) Les russes sont obligés de laisser en place Internet car leur système de communication sécurisé ERA est non fonctionnel. Ils sont donc obligés de passer par Internet pour assurer les liaisons terrain.
De plus sans rentrer trop en détail dans l'architecture du web actuel, il faut comprendre que ce que l'on appelle Internet est en fait une superposition de réseaux à codes d'accès ou en libre accès. Quand on coupe un accès sur un réseau il suffit de se brancher sur un autre réseau et le tour est joué. Le seul moyen de couper ce que vous appelez Internet ou WWW c'est de couper physiquement les branchements type je coupe l'alimentation électrique de l'ordinateur par ex. A ma connaissance seul le gouvernement chinois est en mesure de le faire pour son territoire car il y a une seule entrée physique en Chine. Poutine a d'ailleurs menacé de couper les branchements sous-marin dans le Pacifique Nord alimentant l'Eurasie mais c'est du bluff car les russes en ont trop besoin et surtout cela priverait leurs copains chinois qui en ont besoin pour faire du business. Le russe de la rue peut d'ailleurs bypasser les interdictions gouvernementales très facilement en utilisant les VPN.
A noter également que l'on peut faire passer une liaison informatique par plein d'autres moyens que le téléphone et que l'électricité pour faire marcher un serveur ce trouve facilement ailleurs que sur un réseau électrique traditionnel.
2) Pour la Biélorussie : depuis le mois de janvier on assiste à une réorganisation de l'opposition au pouvoir en place. Cette opposition espère pouvoir faire sauter Loukachenko en liant son sort à l'invasion russe. cf Bypol. Les employés des chemins de fer sabotent les lignes mais l'armée bouge aussi puisque certains officiers d'état major ont refusé de suivre les ordres de Moscou. Ils ont été remplacé par des officiers russes et c'est maintenant la troupe qui refuse d'obéir à ses officiers puisqu'ils ne sont pas biélorusses.
Dites moi, vous avez l'air de vous y connaitre, est-il possible qu'une cyber guerre massive de l'occident contre la russie, puisse l'affaiblir significativement ?
SupprimerIl ne faut pas raisonner en terme de cyberguerre mais plutôt de rapidité d'accès et de partage de l'information. Cyberguerre c'est une représentation hollywoodienne des choses. Et ce problème s'est posé dés l'époque de la guerre froide puisque c'est sa résolution qui a aboutit entre autre à la création de réseaux dont Internet puis au developpement du WWW.
RépondreSupprimerMaintenant en ce qui concerne le conflit ukrainien, la numérisation du champ de bataille par les civils décrite par monsieur Goya, le débranchement du réseau informatique SWIFT des banques russes, les OSINT ...tout cela c'est de la cyberguerre. Et sur ce terrain les ukrainiens ont gagné puisque les mouvements ou actions des troupes russes sur le terrain leur parviennent en une dizaine de minutes. Voir les explications données par monsieur Goya aujourd'hui.
Si je m'en réfère à mon champ de compétences, poutine a déjà perdu cette guerre même s'il ne l'a pas encore compris. Et c'est la raison pour laquelle les Ukrainiens n'ont aucune raison de négocier avec lui et que l'Otan a intérêt à faire durer le conflit : le temps qui passe joue contre la russie. Après j'ai conscience que dans mon raisonnement l'action militaire traditionnelle, le combat terrain, n'est plus l'outil principal permettant la résolution d'un conflit mais devient un levier d'action parmi d'autres. Et là l'éclairage de quelqu'un de spécialisé dans l'analyse des conflits depuis la guerre d'Indochine serait le bienvenu.
je ne suis pas sûr que les Ukrainiens y gagnent à une prolongation du conflit... même si le renseignement américain les aident.
Supprimerle débranchement du réseau swift restera partiel, car il faut bien payer le gaz russe qui continue d'arriver en Europe.
Merci pour analyse de la situation, voici le lien d'une vision moins optimiste
RépondreSupprimerhttps://rusi.org/explore-our-research/publications/commentary/not-out-woods-yet-assessing-operational-situation-ukraine
@Eric K. Merci pour cette analyse intéressante et, hélas, inquiétante.
SupprimerBonjour, vos analyses sont très interessantes. Nouvelle tentative pour comprendre la situation en mer Noire: Pourriez-vous expliquer la situation en mer noire. est-elle sous contrôle exclusif de la marine russe ? est-ce que des navires militaires occidentaux s'y trouvent ? quells sont les risques/opportunités militaires ? pourquoi les ports ukrainiens ne peuvent-ils être approvisionnés ? Merci
RépondreSupprimerConvention de Montreux : voir Wiki ou autre >
SupprimerPendant la tentative d'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Turquie a décidé le 27 février 2022 de constater l'état de guerre et donc de fermer les détroits aux bâtiments militaires des belligérants, sauf à ceux qui regagnent leur port d'attache
Bonjour. Merci pour ce lien passionnant. Avant de considérer la mer noire, il faut peut être voir l'avantage géopolitique constitué par le fait qu' après la prise de Mariupol, la mer d'Azov va devenir une zone entièrement russe : prise de deux importants ports de commerce, Marioupol et Berdyansk, liaison directe avec la mer Caspienne permettant de renforcer encore plus la présence militaire russe aux frontières de l'Iran et faciliter l'accès au moyen orient, syrie, ainsi qu'à la péninsule arabique.
RépondreSupprimerSi poutine veut négocier quelque chose avec l'Ukraine, il peut juste demander la crimée, le Donestk, lougansk ET de garder la zone cotière entre Le Donestk et la crimée. Si c'est accepté, il aura fait une bonne affaire. Pendant quelques années, il se contente d'opérations militaires à bas bruits comme il en a l'habitude puis quand nous serons bien endormi dans nos canapés, il rejoue l'histoire de la grandeur de l'empire russe/soviétique ...
Historiquement depuis 1850, l'empire russe /l'URSS ne cesse de chercher à s'étendre vers le sud, guerre de crimée, et vers l'Est, conflits asiatiques du XIXème en chine, japon, corée. C'est un empire qui se caractérise par une continuité géographique contrairement aux autres empires européens.
Bonjour, parler de bonne affaire est un peu léger. La Russie va faire face à de très grandes difficultés de tous types. Mais me semble t'il, la crise qui risque de faire plonger la Russie sera la privation des libertés individuelles. La génération Gorby n'est pas morte, ce qui fera tomber le régime Putin à mon sens, c'est le sacrifice de cette génération en décalage avec l'époque.
SupprimerBonjour. Je suis d'accord avec vous l'expression ''bonne affaire'' n'est pas adaptée mais j'ai voulu dire qu'il me semble plus facile de ''maîtriser'' une bande cotière dans une zone russophone ( quitte d'ailleurs à en faire un no man land) qu'un pays tout entier.
SupprimerAprès concernant la perte des libertés individuelles en Russie, il me semble que c'est un pays qui n'a que très peu la culture de la liberté : le peuple russe n'était pas libre sous l'empire russe, le projet d'abolition du servage a été adopté en 1861,ni sous l'URSS. Et la parenthèse de liberté au sens français du terme a été très courte 10 ans de 1991 à 2000.
Le régime de Putin ne sera pas renversé par la rue ni par les oligarques, ni par l'armée mais peut être par le FSB ou une organisation policière du même acabit. Restera alors à savoir si la situation actuelle est due à Putin ou si Putin est juste le porte-parole d'une oligarchie nostalgique de l'empire russe/URSS. Et je ne vous cache pas que j'espère me tromper dans cette analyse.
J'avais le même sentiment que vous, cependant après en avoir discuté avec Andrei Gratchev celui-ci a formulé une opinion qui fait sens. La Russie n'est pas un pays d'Amérique du sud. Un coup d'état n'est pas une option en Russie. La jeunesse seule peut renverser un Putin qui est un homme du passé en décalage avec la jeunesse russe qui voyageait, surfait sur les réseaux sociaux, etc, etc... Le softpower est plus puissant que la génération précédente puisse l'imaginer à mon sens. Prive un ado de son Iphone et c'est son monde qui s'effondre.
SupprimerBonsoir, j'ai écrit un commentaire hier soir, vers 22h, après un précédent quelques jours avant. Je suis surpris de découvrir qu'il a disparu. j'en déduis évidemment qu'il y a un biais important dans les débats, conservant ce qui arrange. Comme je le supposais, les propos de Michel Goya me semblent à la fois partiels, un peu partiaux et probablement en retard d'une guerre. Il reste qu'ils sont suffisamment sybillins qu'on puissent comprendre ce que l'on souhaite. Je traduis ici ce que j'ai lu depuis maintenant 25 jours. Michel Goya a fait sa troisième erreur. Les capacités russes sont très médiocres et malgré l'énormité du matériel militaire engagé,ils connaissent des succession d'échec. A 10 contre 1, tout en dominant le ciel, ils se font repousser et détruire. Quelle armée moderne accepterait de perdre 5 généraux, 15 000 hommes, 400 chars, 1500 engins blindés, 100 avions, 130 hélicoptères, etc., sans réellement progresser, tout en bombardant tout type de civils, par incapacité stratégique et tactique et sans sourciller ? C'est la preuve d'une impuissance. Même le Donbass n'est pas sécurisé, et l'Ukraine et dominé par une armée égale à 10% de sa population et armée jusqu'au dents... Même si les souffrances des Ukrainiens sont terribles, ils savent d'expérience qu'ils ne peuvent plus négocier; cela conduirait au carnage. On ne négocie pas avec ceux pour qui seule la force et la domination compte. Et dans la durée le rapport de force est en train de changer par l'apport d'armes nouvelles... Bonne soirée.
RépondreSupprimerBonjour Michel, vous avez tout à fait raison... les russes ( Poutine ) de par son ego surdimensionné a pensé vaincre et soumettre l'Ukraine en moins de six jours car il était persuadé que personne ne soutiendrait l'Ukraine. La plus simple / low cost organisation militaire russe( si on peut appeler ça comme ça )aurait pû suffire mais face à la resistance acharnée ukrainienne et aux livraisons d'armes alliées il s'est rendu compte trop tard que tout sa statégie allait s'effondrer mais au lieu de perdre la face il cherche à surpasser les défense ukrainiennes par le poids du nombre et la saturation ballistique, em mettant en avant ses derniers missiles hors de prix pour faire le buzz psychologique. C'est une stratégie de vengeance pure et dure, les pertes du côté russes sont démentes car leur logistique et chaine de commandement est digne d'amateurs du dimanche ( essence, nourriture, munitions prévues pour 6 jours de campagne... ) a été pensée pour une rapide guerre éclair. La demande de soutien de la part des tchétchènes ( même Kadyrov se rend compte de la bourde de Poutine, écoutez sa dernière intervention ), les syriens, les Lybiens, Wagner... sont un aveux de faiblesse pure et dure face à l'incompétence logistique et de la chaîne de commandement antédilivienne russe ( mêmes erreurs que la 1ere guerre de tchétchénie, mêmes erreurs que les allemands lors de leurs avancées en profondeur lors de l'opération Barbarossa (dégel des sols, chars embourbés = embuscades ukrainiennes facilitées..)
SupprimerLe seul avantage de Poutine, qui pourrait l'amener à la victoire serait de terroriser encore plus les ukrainiens par la pure destruction civile, il sait très bien que l'OTAN et la CPI ne bougeront absolument pas les petits doigts, même si ses soldats sont filmés entrain de massacrer des civils ( cf Marioupol, les manifestations réprimées à la grenade ... ). Poutine risque de gagner stratégiquement (Liaison DOmbass - Marioupol ) pour conquérir la mère d'AZOV.
La seule solution ukrainienne serait de lancer une contre offensive globale sur cette région, seulement la présence de trois front au nord, nord est et bientôt nord ouest, qui sert juste de diversion, empêche les ukrainiens de libérer le sud est de l'Ukraine... Poutine risque bien de gagner à l'usure...
@Inexpugnable. Même s'il n'y avait que le front sud, l'Ukraine aurait-elle encore les moyens militaires de lancer une telle contre-offensive en direction de la côte de la mer d'Azov ? A-t-elle encore des hélicoptères, des avions et assez de chars et d'artillerie ? Au nord-ouest, espérons que l'armée biélorusse résistera aux ordres d'invasion venus de Moscou.
SupprimerBonsoir, mes excuses, finalement j'ai retrouvé mon commentaire, ancien, associé à l'article précédent. Je maintiens néanmoins que les analyse de Mr Goya ne sont pas si fines que cela. Il a juste commencé à se rendre compte que les armes sont importantes et peuvent être des "game changers". Le fait de faire venir des Tchétchennes, des Syriens, des mercenaires type Wagner, montre que l'Empire russe est en fin de course. La défaite face à l'Ukraine, même si c'est, entre autres,grâce à des armes nouvelle apportées par les Occidentaux, montre aussi qu'en face outre l'absence de motifs,d'organisation, de tactique,l'absence de moyens modernes est patente. La Russie qui est fondamentalement une énorme station à essence accouplée à une grosse usine de production d'armes est en train de montrer ses limites. Après l'effondrement de la Russie, Poutine aura fait la fin de la grande Russie. Qu'en restera-t-il ?
RépondreSupprimerDéjà c'est M. Pas Mr qui signifie mister, c'est dommage de donner des leçons sans savoir s'exprimer en français. Et sur le propos lui même écoutez n'hésitez surtout pas à prendre la parole vous même via un blog ou un média afin de soumettre vos analyses à l'opinion publique. Je suis sûr que vous êtes vous aussi ex colonel de marine et enseignant auteur spécialiste de l'histoire militaire ? Et pas juste un quidam en robe de chambre derrière son pc qui s'imagine spécialiste de tout ?
SupprimerSorry for the Mr. It was just that M. could be understood as "Michel".
SupprimerMerci mon Colonel pour tous vos efforts de communication.
RépondreSupprimerMalheureusement personne, ni vous, ni moi, ni tous les commentateurs de vos publications ne possèdent à l'heure actuelle les clés de ce conflit, ni celles de son issue...
Espérons seulement que la Paix revienne au plus vite.
Pourquoi n'entendons-nous pas davantage de commentaires pour nous éclairer sur le rôle dans cette crise de la dissuasion nucléaire française (qui me parait tenir pour la première fois une place quasi centrale), sa perception par les dirigeants européens et les éventuelles ouvertures qu'elle pourrait offrir à la France dans l'après-guerre pour l'organisation d'une éventuelle défense européenne dont Berlin, semble-t-il, voudrait s'accaparer les rênes?
RépondreSupprimer