Situation générale
Inchangée.
Les forces russes n’ont plus lancé d’attaques de grande ampleur depuis le 4
mars. Impression d’une armée russe qui s’est obstinée à poursuivre un mauvais
plan jusqu’à se retrouver imbriquée, dispersée et bloquée devant des localités.
Il est difficile désormais pour elle de relancer une offensive cohérente alors
que les renforcements sont limités.
Deux
points de déblocage possibles à court terme (deux semaines ?) : face
à Marioupol et face à l’armée ukrainienne du Donbass. Dans les deux cas, la
capacité de résistance ukrainienne est largement dépendante de leurs stocks et
de leurs flux logistiques, dont le volume est inconnu.
Situations
particulières
Troisième
dimension
Les
forces aériennes russes (VKS), sous-utilisées, représentent la principale et
plus rapide réserve de forces disponible, en volume et en qualité tactique pour
peu qu’elles innovent (meilleure organisation et coordination avec le sol, plus
de souplesse, capacité technico-industrielle à fournir plus de munitions de
précision). Il est probable qu’elles soient plus utilisées, d’autant plus que le
stock de missiles de précision, très utilisés, décline de 2 % par jour.
Mais
défense anti-aérienne ukrainienne toujours bien organisée et défense basse couche de plus
en plus dense (Manpads). L’accroissement du nombre de sorties s’accompagnera d’un
accroissement des pertes russes.
Zone
Ouest : l’engagement de l’armée biélorusse est toujours en question mais
énormes réticences internes. Démission du chef d’état-major général biélorusse.
Zone
Kiev et Nord : pas d’opérations au-delà du niveau de la compagnie et du
bataillon et dans la périphérie Ouest de Kiev entre Dymer et Irpin. Un bouclage
complet de la ville est impossible avant plusieurs semaines, avant même de
considérer de pouvoir considérer un assaut.
Est
et Donbass : un peu plus d’activité russe sur l’arc Yisium-frontières LNR/DNR-Zaporijjia
et pression sur l’armée ukrainienne du Donbass. Les moyens russes sont limités
mais ils peuvent s’accroître d’un coup si Marioupol tombe. Marioupol ne tombera
que lorsque ses défenseurs n’auront plus de vivres et munitions.
Sud-Ouest :
forces russes insuffisantes pour s’emparer de Mykolayev et poursuivre vers
Odessa. Des mouvements de la flotte de la mer Noire repérés en direction d’Odessa,
peut-être début de la campagne de frappes et pression, mais une opération
amphibie paraît difficilement concevable sans la coordination avec une
offensive terrestre.
Notes
Effort
massif de recrutement de volontaires russes ou étrangers. Plusieurs camps de
formation ont été créés en Russie et en Biélorussie.
Faut-il
voir dans cet appel à des mercenaires étrangers l’appel des asabiyya
(communautés avec une culture guerrière) chères à Gabriel Martinez-Gros (et
Jean-François Colosimo semblait dire la même chose hier) pour pallier la
difficulté de la société russe, vieillissante et à enfant unique, à perdre ses
fils au combat, surtout un combat urbain rapproché difficile ?
D’un
autre côté, la société ukrainienne est assez proche de celle de la Russie mais
n’hésite pas à donner l’exemple d’une « nation en armes » comme on n’y
attendait plus justement de la part d’une nation européenne. De l’importance du
contexte : d’un côté une nation en guerre pour sa survie en tant que
nation, de l’autre « une opération spéciale » périphérique et non vitale.
Cet
apport de supplétifs étrangers est trop peu important (du moins pour l’instant)
en volume et en qualité pour avoir une réelle influence sur les évènements.
Théorie :
peut-on concevoir une guerre souterraine entre l’OTAN et la Russie ?
En
théorie oui. La règle numéro 1 est que les puissances nucléaires ne s’affrontent
pas militairement directement de peur d’escalader très vite vers le moment où les
échanges thermonucléaires deviennent possibles, ce que personne ne veut. Certes,
comme toutes les règles, celle-ci peut ne pas être respectée, mais depuis plus
de 70 ans, celle-ci l’est alors qu’il y a eu durant cette période de grands
moments de tensions.
La
règle numéro 2 est que tout ce qui est sous le seuil de l’affrontement
militaire direct est permis. C’est ce qui se passe actuellement avec les sanctions
économiques, les cyberattaques, les campagnes d’informations/désinformations.
On peut utiliser l’instrument militaire dans ce cadre, à des fins démonstratives
surtout, depuis l’envoi d’un bataillon français en Roumanie jusqu’à l’annonce
de la mise en alerte accrue des forces nucléaires.
Mais
il peut arriver que l’on sente obligé de franchir un peu le seuil du combat et donc
de franchir le « nouveau rideau de fer » pour avoir plus d’effets. Cela
se fait généralement discrètement lorsque cela a un peu d’ampleur. On peut par
exemple envoyer avoir quelques soldats fantômes de l’autre côté de la frontière
pour effectuer des sabotages chez l’ennemi ou au contraire venir aider nos amis
à organiser une guérilla par exemple. Cela n’est pas inconcevable. Les « services »
sont faits pour cela.
On
peut même s’affronter à bas bruit le long de la frontière. Le Royaume-Uni et l’Indonésie
(certes pas une puissance nucléaire) se sont ainsi combattus dans la jungle de
Bornéo de 1963 à 1966. Près de 900 hommes sont morts au combat sans que
personne n’en parle. Durant une bonne partie de l’année 1969, l’URSS et la
Chine se sont affrontés le long du fleuve Oussouri avec là encore plusieurs
centaines (milliers ?) de morts.
On
peut concevoir aussi des choses plus visibles, comme un avion abattu après
avoir franchi par erreur un autre espace aérien (cf avion russe abattu par la
Turquie en novembre 2015). Ou encore un tir de missiles ou de roquettes sur une
base arrière ukrainienne en Pologne. Cela suscitera à chaque fois une grande émotion,
on se parlera et on calmera le jeu.
Et puis il y a l’absence de contrôle, comme les mercenaires de Wagner se fracassant sur l’armée américaine en Syrie près de Deir Ezzor en février 2018. Des choses que l’on peut peut-être imaginer ailleurs qu’en Europe, car et c’est la règle n°3 : si on ne peut pas s’affronter directement, au-delà de quelques accrochages, on peut s’affronter violemment par le biais d’intermédiaires, surtout si c’est loin d’Europe.
"engagement de l’armée biélorusse est toujours en question mais énormes réticences internes" on peut les comprendre. Cela commence à ressembler à un bourbier... Et puis pourquoi aider un "ami" qui pourrait plus tard vous faire la même chose...
RépondreSupprimerMob colonel, s agissant de votre dernière observation sur les opérations sous le seuil, a l écart de la zone de conflit, je suis étonné que la France, tout a la fois pour envoyer un signal a Poutine et pour restaurer sa crédibilité en Afrique, n entreprenne pas une action au Mali ou en Centrafrique contre le groupe Wagner.
RépondreSupprimerPar ailleurs je m interrogé également ,s'agissant de la Biélorussie, sur la frilosité de l'OTAN, qui ne masse pas quelques troupes a la frontière Biélorusse, pour accentuer les hésitations a soutenir la Russie de son état major.
Pouvez-vous expliquer l'utilité de ce "signal" à envoyer à Poutine ? en quoi ca nous avancera vers une solution pacifique ?
SupprimerPunaise je viens juste de decouvrir que goya repend son expertise chez BFM TV!! Mdrrr!! Moi qui ke croyait simplement vieux militaire a la retraite un peut dépassé et nostalgique.qu elle surprise ke comprend mieux maintenant la niaiserie de ses propos.plus la peine de venir ici.adios les blaireaux
RépondreSupprimerBon débarras, n'oublie pas tes roubles.
Supprimercommentaire typique d'un adepte de tiktok.consternant de manque de savoir étre.
SupprimerCiao, et bon voyage à Moscou !
SupprimerBisous !
SupprimerEn l'espèce, créer des points chauds ( sous le seuil) hors de a zone de conflit ( Syrie, Afrique, pays Baltes...), ne permettrait il pas d'éviter le renforcement des troupes russes et alliées?
RépondreSupprimerOui pourquoi ne pas avoir au niveau européen ou même français des groupes de mercenaires (voire même jusqu’à des soldats sans insignes) façon Wagner ou Blackwater. Cela permettrait de réaliser des proxy wars, de manière clandestine ou visible, mais sans engagement formel. Peut-être y a-t-il aussi des forces spéciales (US ou françaises) sur le terrain en Ukraine ?
RépondreSupprimerIl est possible que la Russie ralentisse les opérations le temps que les négociations avancent. La Russie occupe un gros corridor reliant la Crimée aux anciennes enclaves pro-russe du Donbass. Poutine peut vouloir négocier un package avec la fin des sanctions, des gains territoriaux significatifs (y compris en Moldavie), l'abandon de l'idée de rejoindre l'Otan voire l'UE - en échange du retrait de ses troupes ailleurs. Bien sûr l'armée russe ne s'est pas vraiment couverte de gloire, il suffira d'envoyer au goulag quelques généraux incompétents, tout en indiquant que tout s'est passé comme prévu et qu'il n'était pas prévu de faire tomber toute l'Ukraine
SupprimerLes 700 légionnaires d origine ukrainienne pourraient être très très utile.
Supprimer@ Laurent Maurel : des forces spéciales sans insignes, comme dans Buck Danny ? Blague à part, les troupes russes s'étant dégarnies partout pour confluer vers l'Ukraine, y compris les mercenaires Wagner, c'est certainement une bonne occasion de reprendre du terrain là où ces mercenaires se sont implantés tout en faisant pression sur le régime de Putin. Toutefois, les pays européens ou alliés étaient trop heureux de se désengager de l'Afghanistan, du Sahel, de la Syrie. Ce n'est certainement pas pour y retourner combattre les mercenaires de Putin.
RépondreSupprimerJe vous mets en lien une analyse faite par la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) concernant la guerre en Ukraine, en date du 14 mars.
RépondreSupprimerLa Russie pourrait-elle perdre cette guerre ? Il faut rester prudent mais toutes les conditions semblent désormais réunies...
L'analyse faite par la FRS est une analyse au scalpel !
Passionnant !
Analyse de la FRS : https://www.frstrategie.org/publications/notes/guerre-ukraine-armee-russe-est-elle-sur-point-atteindre-point-culminant-son-offensive-2022
"Analyse au scalpel" !
RépondreSupprimerFinancement de la FRS : 65% Ministères, 12% UE et organisations internationales, 8% Agences publiques.
Résultat net de l'exercice 2020 de la FRS : -2487,00 euros.
Directeur : Xavier Pasco [impossible d'être plus pro-UE et atlantiste]
Est-ce que quelqu'un s'attend encore à des analyses libres, dépassionnées et impartiales de la part de la FRS ?
Dites les trolls, c’est pas pour vous faire de la peine, mais vous avez déjà perdu la guerre de désinformation avant même votre armée et ce ds tous les pays d’Europe parce que vous êtes franchement pas bons, prévisibles et détectables ! De vrais amateurs. Alors ne vous fatiguez pas, allez prendre un bon café au lieu de perdre votre temps. En tout cas si j’étais votre patron je vous mettrai tous à la porte pour incompétence; vous avez de la chance chez nous il n’y a pas de goulag .. A moins que vous ne soyez basés en russie ? si c’est le cas ça va chauffer pour vos matricules quand la guerre sera terminée, demandez des à présent un visa pour la France on vous donnera avec plaisir le statut de réfugié politique et la protection qui va avec. Mais bon, le seul truc qu’on peut vous reconnaître c’est que vous nous faites quand même bien marrer :):):)
Supprimersuivre l’argent et pan dans les dents!
SupprimerRien qu’a voir les 2 interprétations préliminaires ça sent le château de carte « Rappelons tout d’abord les buts de guerre initiaux de V. Poutine en Ukraine : la « dénazification » de l’Ukraine, ce qui signifie le changement de régime, et sa démilitarisation, ce qui signifie la défaite complète des forces ukrainiennes. »
a la fin du conflit que chacun souhaite le plus rapide possible; mr Goya devra surtout fermer son blog.ou pourquoi pas se recycler en specialiste des pandemies! mais attention ils sont deja un paquet sur le creneaux
RépondreSupprimeret toi dans quoi vas tu te recycler ? tu y as déjà réfléchi ? parce que moi à ta place je commencerai à m’inquiéter parce que tu n’as pas l’air de connaître grand chose. Bon courage quand même …
SupprimerC'était à prévoir, dès lors que votre blog connait un succès remarquable, notamment auprès de nouveaux lecteurs, il devient une cible de la propagande russe et de ses multiples trolls.
RépondreSupprimerFélicitations donc, mon colonel. votre influence est reconnue.
ok Ulysse, mais dit moi en quoi la propagande russe est elle pire que la propagande atlantiste ?tout ce que dit Goya est la vérité et se qui le contredit ne peut venir que de troll...pouvez vous ici, reconnaitre que l OTAN a été maintes fois l'agresseur ,Libye,Irak,Serbie ect..que l"Ukraine est devenue avec les années un poste avancé aux portes de la Russie.En vertu de quoi n"aurait elle pas le droit de dire stop? vous qui semblez tous etre des grands strateges serez vous d"accord pour admettre que si les Russes avez voulu simplement detruire l"Ukraine ils avaient les moyens de la vitrifier a distance ? et que donc l'objectif est ailleurs ? donc peut etre qu"un peut moins de conformisme et d"adulation du gourou goya vous rendrait plus realiste.
Supprimerdans la nuit du 14 au 15 mars les Russes ont mené une offensive dans la quasi totalité des secteurs où ils se trouvent
RépondreSupprimercomment se fait-il que vous n'ayez pas ces infos?
Serait-il pertinent de comparer cette aventure russe en Ukraine à l'affaire de la baie des cochons ?
RépondreSupprimerUne mauvaise évaluation par la CIA de la situation politique à Cuba, une opération militaire mal conçue et mal exécutée...
On est pas sur les mêmes masses et pour la baie des cochons ce n était pas des troupes us.
SupprimerD ailleurs Kennedy les avait laissé tomber...
Autre comparaison possible, bien que fort anachronique: colonel Goya, votre patronyme ne vous incite-t-il pas à établir un parallèle entre le début de l'invasion poutinienne de l'Ukraine et l'invasion napoléonienne de l'Espagne ?
RépondreSupprimerPas idiot mais on est dans une autre époque. La défaite napoléonienne en Espagne n engageait pas le risque nucléaire global.
Supprimervoir ce site, plutôt prorusse, mais extrêmement fourni et détaillé :
RépondreSupprimerhttps://southfront.org/war-in-ukraine-day-21/
La situation avance sur Marioupol et près de Lougansk, pendant que les Ukrainiens se retirent vers l’intérieur pour éviter l’encerclement. Karkov est évacué. La suppression des «nazis» pourrait se limiter à celle d’Azov sur Marioupol, puis d’autres bataillons sur Kharkov et la ligne de front à l’Est.
L’Ukraine étant privé de ses principales structures militaires, de celle pouvant développer du Nucléaire et les régions administratives de Donetsk et Lougansk reprises entièrement, il sera j’espère venu le temps des accords.
"La suppression des «nazis» pourrait se limiter à celle d’Azov sur Marioupol".
RépondreSupprimerLe problème quand on passe son temps à raconter des mensonges, c'est qu'on finit par y croire soi-même. C'est comme ça qu'on attaque un pays de 40 millions d'habitants en surestimant ses forces et en sous-estimant celles de l'adversaire.
Cette formule de point de situation est très intéressante, merci pour ça.
RépondreSupprimerIl est tout aussi intéressant d'observer l'impact du conflit sur les manifestations de la version 2.0 du collabo. Peut-être faudrait-il insérer une entête? Du genre : "Collabos franchouillards en attente d'une semelle de botte à lécher, attendez que vos fantasmes de dictature poutinienne en france soient réalisés pour sortir des égouts! A vous découvrir trop tot, vous risquez de dévoiler vos adresses IP et de vous trouver en butte à l'ignoble terrorisme issu du nationalisme français au moment de votre plus grande gloire très hypothétique!"
La version Georges Marchais était tout de même moins antipathique que les résidus de branlette actuels.
Vous avez raison pour mieux combattre les dictatures, le mieux est de rétablir le délit d'opinion de traquer et d'exterminer tous les opposants mais .... oups, ça ressemble aussi à une dictature, c'est ballot hein ?
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