lundi 16 juillet 2012

BH-Le porte-avions est-il encore le roi des mers ?


La guerre sur mer évolue souvent de manière radicale par succession de capital ships surclassant d’un seul coup tous ses prédécesseurs. A la fin des guerres napoléoniennes, le roi des mers est le trois-mâts à 104 canons. Moins de cinquante ans plus tard, l’arrivée des premiers navires à vapeur cuirassés mettait fin au règne des voiliers en bois. Un nouveau saut qualitatif est réalisé en 1905 avec la mise en service du Dreadnought, invincible par rapport à tous les navires existant alors. Le porte-avions met fin au règne de ces monstres dès 1941.

Pendant toute cette période, les capital ship se sont donc succédés tous les 40-50 ans. Or, cela fait plus de 70 ans maintenant que le porte-avions est toujours sur le trône. Comment expliquer ce qui peut apparaître comme une anomalie ? Les explications ne sont pas forcément à chercher du côté des marines qui sont organisées autour des porte-avions tant le biais conservateur y est fort. Les plus hautes autorités y sont presque toujours passées par le commandement d’un porte-avions et il est rare qu’elles brûlent ce qu’elles ont adoré. L’argumentaire pour poursuivre et développer ce système d’armes y est très suspect. Il suffit, a posteriori (exercice toujours facile j’en conviens), de relire les argumentaires des années 1930 justifiant la poursuite dans la voie des grands cuirassés (symbole de puissance, polyvalence, etc.) pour s’en convaincre. 

L’argument majeur pour la perpétuation des sous-marins depuis 1945 me paraît être tout autre et très simple : ils n’ont pas été mis au défi, faute d’affrontements majeurs sur les mers. Même pendant la guerre des Malouines en 1982, il n’y a eu qu’un seul affrontement naval et il a été gagné par…un sous-marin nucléaire d’attaque, le HMS Conqueror dont la seule présence a suffi à neutraliser une marine argentine pourtant conséquente. Les Soviétiques ne s’y étaient peut-être pas trompés en mettant la priorité sur une flotte de sous-marins d’attaque. En attendant des affrontements en haute-mer qui trancheraient le débat mais qui sont peu probables, il reste d’autres missions comme la protection maritime pour laquelle des patrouilleurs hauturiers ou des frégates de premier et de deuxième rang semblent bien mieux taillés qu’un porte-avions, ne serait-ce que parce pour que le même prix (entre 4 et 5 milliards d’euros environ pour le Charles de Gaulle et son aviation embarquée, avec un coût de fonctionnement d’un million d’euros par jour), on pourrait se payer plusieurs de ces bâtiments.

Il reste aussi l’action contre la terre, infiniment plus probable que le combat en haute-mer. Or, quand on fait le bilan de l’action de nos forces durant l’opération Harmattan contre les forces du colonel Kadhafi, on constate que le Bâtiment de projection et de commandement (BPC) et son groupe aéromobile embarqué ont, en deux mois, remplis au moins autant de missions et détruit autant de cibles que le porte-avions, et, ce pour un prix d’acquisition 8 fois inférieur. Autrement-dit pour le coût du Charles de Gaulle et de ses 12 Rafale Marine (plus d’un milliard d’euros) et de ses 12 Super Etendard, on pourrait disposer de 8 BPC armés de 150 hélicoptères d’attaque ou de transport et de 3 000 combattants embarqués avec leurs véhicules de combat. L’emploi n’est pas tout à fait le même mais on peut imaginer que dans un combat de la mer vers la terre, on pourrait faire beaucoup plus de choses avec cette flotte d’assaut qu’avec un porte-avions. 

Il n’est évidemment pas question d’acquérir 8 BPC, ni de mettre le Charles de Gaulle à la ferraille, mais encore une fois de voir comment utiliser plus efficacement les moyens limités disponibles, compte-tenu des moyens hérités. La solution du Frappeur de René Loire (http://www.dsi-presse.com/?p=2193) était-elle donc si stupide ? Les drones ne peuvent-ils constituer un remarquable multiplicateur de force pour la marine ? Quelles sont vos idées ?

27 commentaires:

  1. Pour qu'un BPC puisse opérer, il faut quand même s'être préalablement assuré la maîtrise de la mer et de l'air, ce que peut faire un porte-avions et un SNA, y compris à l'autre bout du monde.
    Attention à ne pas tirer de généralisation hâtive à partir du très particulier cas lybien pour lequel, à l’extrême, on aurait même pu se passer complètement de marine au vu de l'allonge de nos armées de l'air et de la relative proximité du théâtre d'opération. Ce ne serait pas la même s'il fallait par exemple opérer le même type d'action contre l'Iran ou l'Argentine.

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    1. Je suis d'accord. Je n'ai pas dit que le PA était inutile. Je pense que sur mer comme sur terre, il faut combiner des "silver bullets" peu nombreux mais puissants pour assurer la supériorité et des moyens plus low cost et nombreux pour faire le gros du boulot.

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    2. Alors nous sommes d'accord. Mais le capital ship reste je pense le porte-avions. S'il fallait une campagne de frappes prolongée en Iran, avec le GAN, la France peut, seule si elle le veut (je mets de coté le problème politique). Sans le GAN elle ne peut pas, d'autant plus que le MDCN n'est pas encore en service. Après, des BPC ou des frappeurs intervenant une fois les forces aériennes et navales iraniennes au tapis, bien sûr. Mieux vaut 2 PA + 8 BPC que 3 PA.

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  2. La raison du maintien du PA comme Capital Ship tient sans doute aussi au fait que la chasse embarqué est un élément de modularité, qui peut être renouvelé au fil des progrès technologiques. Les Rafale d'aujourd'hui ont des capacités sans commune mesure avec les Cruz du Clémenceau ! Les SE ont été régulièrement modernisés, etc.

    Par ailleurs, par rapport à un BPC - l'exemple est éclairant, le PA est beaucoup plus cher, mais il a l'avantage de la polyvalence : supériorité aérienne, attaque dans la profondeur, attaque contre des groupes de surface ...

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    1. Mais le BPC est aussi très polyvalent puisqu'il peut conduire des opérations d'attaques au sol, des missions de renseignements, des missions logistiques, servir de poste de commandement et surtout des débarquement par air ou mer de troupes embarquées, qui, elles-mêmes peuvent faire plein de choses au sol. Les polyvalences ne sont pas les mêmes et elles sont complémentaires.

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    2. Laissez-moi faire un peu de provoc: ces missions de débarquement, ces missions logistiques, le PA peut aussi les mener ;) Cf. Le Clem dans le Golfe.

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    3. Je n'osais citer cet exemple. On pourrait aussi évoquer la Jeanne envoyée en Indonésie pour y déposer une vingtaine de sapeurs sans moyens lourds et quelques hélicoptères légers. Tout ça fait un peu cher le kilo transporté.

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  3. Cela étant, le BPC pourrait être utilisé dans une multitude de configurations pour le "capitaliser":

    * Configuration ASM : 16 NH90 TTH;
    * Configuration Sea Control: 25 Drones, plus une grosse batterie d'Exocets montés sur le pont;
    * Configuration raids hélicos: 12 Tigre, 4 NH90 NFH;
    * etc, etc

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  4. Le soucis de réduction de coûts (au prix, si on comprend bien l'auteur, de l'acceptation d'une augmentation des risques) est parfaitement défendable.

    Mais il me semble qu'il fait l'impasse sur un point important : la polyvalence. Son missilier serait parfait en tant que canonnière à longue portée, mais on ne voit pas comment les cibles sont désignées ou acquises : y aurait-il des modules "drônes" dans cette espèce de péniche ? Seraient-ils également jetables, des missiles de reconnaissance ? Et un drône remplace-t-il vraiment bien un pilote derrière une OSF ? Hum... Si ce n'est pas le cas, il faut réintégrer dans les coûts tout l'aspect reconnaissance et désignation de cibles, et l'évaluation des résultats des frappes, du moins pour la partie qui peut être assurée de manière autonome par le PA.

    En outre, je ne suis pas sûr qu'il soit très sage de tout bâtir autour des réseaux (à longue portée j'entends : en local, on peut toujours mettre de la fibre). Ils ont leur vulnérabilités propres, et notamment celle de dépendre outrageusement de... la Chine, qui a prouvé en plus qu'elle savait détruire des satellites en orbite basse.

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  5. Le CNO américain vient de commettre un article retentissant où il fait l'apologie de la charge utile par rapport à la plateforme...
    Même si c'est avec une forte arrière pensée de moins de F-35 et plus de F-18, l'on est incité à faire le parallèle par rapport au débat PA/BPC : à ce moment, la force du BPC proviendra de sa capacité à utiliser une charge utile plus conséquente : Drones à ailes (pour lesquels d'ailleurs, le responsable navire de surface de DCNS avouait faire travailler ses équipes) ou appareils à plus longue portée comme les dérivés du X3 qui finiront par arriver avant un futur et infinançable PA2.
    Toutefois pour rester dans les poupées russes, la charge utile de l'hélicoptère finit elle aussi par avoir plus d'importance que la plateforme elle même et on voit avec intérêt l'arrivée de missile à plus longue portée comme l'ANL, voire en rêvant, le Spear 100B.
    A ce titre, les développements du Ka-52 avec son radar AESA pour les futurs BPCs russes mériterait d'interpeller les premiers utilisateurs du BPC...
    Ce d'autant que l'usage de l'aérocombat en Lybie a largement profité d'une proximité exceptionnelle des objectifs, qui a réduit le temps de mise en oeuvre des hélos et éviter ce qu'un pilote de tigre en A-stan rapportait : l'arrivée des Tigres annoncée par les téléphones portables...
    Il n'en reste pas moins que si l'on file la métaphore sur la charge utile plus que sur la plateforme, le grand gagnant risque d'être le Missile :
    On le voit tant dans le domaine de l'AA avec les Asters 15/30 fabriquent une bulle AA de zone autour d'une frégate Horizon (ce qui était avant la marque de fabrique du PA) ou dans le domaine de l'action vers la terre, où le Missile de croisière a en fait été le vrai vainqueur des opérations de Lybie :
    Sans les salves initiales de TacTom qui ont réduit en miette les capacités AA et l'aviation lybienne, les choses auraient été plus compliquée.
    On voit aussi les développements du missile de croisière vers des drones(éventuellement kamikaze) comme le FireShadow ou le nouveau concept Vigilus de MBDA.
    On a vu les concept hypersoniques comme le Perseus qui permettrait de frapper des Times sensitives Target.
    On rappelle aussi les projets de sous munitions déjà prévues sur le Taurus allemand ou envisagée (munition LOCAAS) sur le TacTom...
    Et enfin reste la DAMB qui serait plus le fait de grosse frégates que des PA, qui ne se sont pas clairement positionné sur le champs du Boost Phase Intercept.
    Bref tout ceci pour dire que le futur capital ships successeur du PA pourrait bien être plutôt le porte-missiles de surface ou sous marin...
    Bref un navire intermédiaire entre la Fremm (et son nombre de missile emporté trop limité) et le Frappeur de René Loire d'usage trop monovalent.
    Ensuite le BPC aura sans doute son role à jouer dans nos profils d'intervention très bercé de Françafrique... mais sans doute sous le couvert d'un grand navire de surface, dès que l'opposition deviendra de plus en plus construite.
    BPCs

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  6. Politique fiction:
    Intervention en Syrie.Vaut-il mieux avoir en Méditerranée Orientale un porte-avions qui marquera par sa présence et ses déplacements une volonté plus ou moins affirmée d'engager une action militaire ou parquer des avions à Chypre ou en Turquie ce qui suppose une moins grande indépendance de décision et un moindre poids dans la définition de l'action opérationnelle(choix des cibles,ampleur de l'action aérienne).

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  7. le pa etait employé conjointement avec l'armée de l'air,cette derniere ayant du se redeployer plusieurs fois,le pa assurait la continuité par une présence facilitée par la proximité ,alors que le temps sur zone des avions de l'armée de l'air etait limite par le temps de vol de la base a la zone sans oublier le rvt.
    D'autre part avec l'USS KEARSAGUE ,le CDG assurait le plot csar pour la coalition ce qui represente 2 caracals et un puma
    le pa assure des missions de jour comme de nuit dans la profondeur sur le territoire libyen et par consequent ses avions assuraient egalement
    la couverture en defense aerienne des autres avions de la coalition.
    l'action du bpc ne s'est produite que la nuit, avec un plus grande facilite grace aux frappes AA et pa sur la 3 a fixe et mobile canon et missile, pa et bpc sont donc des moyens complementaires et ne parlons pas des missions recco
    l'utilisation conjointe de deux armes aeriennes dfferentes sur des objectifs differents est la parfaite definition de la strategie des 5 cercles du colonel jim warden de l'us air force

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  8. Je ne suis pas un grand fan des avions STOVL (décollage court, atterrissage vertical), mais on peut néanmoins poser la question.
    Peut-on envisager d'embarquer ce type d'avions sur BPC ?
    En ce cas, je me doute que la capacité offerte serait inférieure à celle d'un PA avec son aviation, mais dans quelle mesure ?

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  9. Les BPC et l'ALAT font un travail remarquable à proximité des côtes si nous avons la maîtrise des mers et du ciel...
    Il me semble un peu court de comparer ces moyens avec le PA et le GAE. Ces magnifiques moyens sont complémentaires. Réjouissons-nous de les compter dans notre arsenal à l'heure où les abandons de capacités nationales ne sont pas supplées par une partage du fardeau en Europe avec une vision stratégique commune !

    Comme vous l'avez dit, le PA restera la pièce maîtresse de la projection de puissance tant que nous (la coalition dont nous faisons partie), avons la maîtrise des mers. La question qu'il faut se poser, c'est si un conflit majeur sur mer peut se reproduire et à quel horizon.
    L'Asie voit la naissance de puissances navales aptes à défier la puissance de USA sur mer. La Chine est bientôt capable d'affronter la puissance américaine dans ses approches, en infligeant des dommages majeurs à son possible adversaire d'où les discussions Navy/USAF sur les moyens à développer pour contrer les stratégies anti-accès. Demain (dans moins de 10 ans ?), les puissances navales émergentes ou renaissantes (Chine, Japon, Corée, Inde etc...) et les antagonismes historiques, culturels et économiques risquent de ressusciter l'affrontement pour la maîtrise des mers que les USA (et leurs alliés donc la France) ne sont pas prêt de lâcher.
    Dans ce nouveau contexte, les forces sous-marines et anti sous-marines joueront à n'en pas douter un rôle majeur, à la fois en anti-accès mais aussi dans la chasse aux PA... L'explosion des forces sous-marines en Asie montre que cet enchaînement est déjà largement amorcé.
    Le PA aura toujours son utilité si la mobilité et la protection que lui confère la maîtrise des mers ne lui est pas inaccessible ou si notre coalition est capable de reprendre le contrôle sous le dioptre s'il lui est contesté.
    Espérons que ces questions ne seront pas éludées par le prochain livre blanc.

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  10. BPC vs PA ? La question se pose-t-elle s’agissant d’outils différents ayant des spectres d’engagements qui se chevauchent mais qui ne se recoupent pas totalement ?
    Les BPC ont montré tout leur potentiel dans la guerre en Lybie et l’intervention des Tigres et gazelles HOT a permis d’accompagner la manœuvre terrestre avec beaucoup plus de souplesse qu’avec les seuls moyens de l’Aéronavale où de l’Armée de l’Air.
    D’ailleurs les Russes ont tirés les mêmes conclusions et rétrospectivement, ils auraient semble-t-il bien aimé pouvoir disposer d’un ou deux BPC lors de leur guerre en Georgie…
    Cependant pour pouvoir réaliser ce type de missions, il est préférable d’obtenir si ce n’est la dominance, au moins la supériorité aérienne sur les littoraux. Ce qui passe également par la suppression/destruction des moyens anti-aériens de l’adversaire.
    Pour un équipage de l’ALAT, frapper des « technicals » ou des T55 sous couverture aérienne amie, ça n’est pas le même profil de mission que d’opérer au milieu de batteries SAM avec des Mig au dessus de la tête … L’intervention efficace des BPC n’a donc été possible que sous couverture des Rafales M et des 2000 (sans oublier les frappes des tomahawks de l’US Navy et de la Royal Navy ou les ravitailleurs et les AWACS de l’US Air Force).
    Et puis si le coût d’un BPC est modeste pour un aussi grand bâtiment, c’est qu’il est en grande partie construit de manière modulaire sur des techniques civiles. Déjà que les bateaux construits sur des standards militaires sont très vulnérables face aux missiles (cf. le HMS Sheffield lors de la guerre des Malouines ou la corvette Hanit touchée par un missile C-802 lors de la guerre israélo-Hezbolla), quid de la résistance d’un BPC en cas de coup au but ?
    D’un autre côté, même si le PA est sur le trône depuis 70 ans, force est de constater que son aviation embarquée a formidablement évoluée, tant par son allonge que par la précision et le volume des feux appliqués. Idem pour la coque, qui avec la propulsion nucléaire a une endurance à la mer sans commune mesure avec celle de ses prédécesseurs. Et puis, quel formidable outil diplomatique lorsqu’il s’agit de faire de « l’agitation » en montrant ses muscles !
    Bref, en attendant la versatilité de futurs drones hyper-soniques capables de frapper n’importe où sur la planète en moins de deux heures…

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  11. Le PA sera tj un outil peut être plus de 1e rang, comme notre cuirassier passé de Navire de Ligne à batterie flottante de 3e rang mais qui serait tj utilie,rappelez-vous le LIBAN, la sophistication nous a amenée à des canons "riquiqui". Aujourd'hui la chasse au porte avion est ouverte, avec une enclume avec le missile balistique chinois DF-21D qui inquiète l’US Navy, mais surtout le missile supersonique exemple le missile russo-indien BrahMos qui équipera l’Armée de l’air indienne en 2014,« Le missile a déjà été adapté pour les chasseurs Su-30MKI. Le premier chasseur Su-30MKI doté du missile BrahMos devrait équiper l’Armée de l’air indienne en 2014″, Ses versions terrestre et embarquée équipent déjà l’armée de terre et les forces navales indiennes. (source : http://info-aviation.com) VITESSE MACH 2,8 portée 290 km pas simple à éviter sur une attaque multidirectionnel et massive !!
    Quand au Russe les porte-avions pourraient remplacer les bases militaires russes à l’étranger, vue la situation incertaine autour de la location de ces dernières, a estimé le chef par intérim de l’Aviation navale, le général Igor Kojine dans une interview accordée le 14 juillet à la radio Echo de Moscou. La France devrait prendre la calculette et transposer cette idée Russe...

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    1. Les armes type Brahmos posent certes des difficultés, mais il y a des moyens de s'en prémunir qui existent: pour ne donner que quelques exemples:
      (i) on peut 'tuer' les moyens d'éclairage de l'ennemi (un missile qui fonce à Mach 2,8 requiert des moyens de reconnaissance à longue portée type Bear),
      (ii) on peut tuer les vecteurs (E2C + Rafale),
      (iii) on peut tuer les missiles (Horizon + Aster 15/30).

      En revanche, pour le missile balistique, seul le (i) est à notre portée actuellement.

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    2. Je suis d accord Anonyme, mais la bulle d'autodéfense devra augmenter en capacité, en détection, en portée allons nous pouvoir suivre en effet des bâtiment comme le Chevalier Paul et ces 48 missiles surface-air Aster 15 et Aster 30,nous n'en avons que deux , un PA reste une magnifique plateforme de combat mais nous n'avons qu'un seul PA, allons nous le risquer sur une mission offensive, ou nous aurions sans doute une chance de gagner ?

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  12. @ Emmanuel

    Le F-35B, donc sa version à décollage et atterrissage, est plus lourd, emporte moins de carburant et de bombes, plus cher que sa version embarquée ou terrestre.

    Opérer depuis la mer impose de compenser la taille réduite de la plate-forme par des moyens techniques. Il vaut mieux dimensionner le navire, question de place et de puissance offerte, que les avions qui y perdront en capacité et donc en valeur intrinsèque du système.

    Sur la question de la lutte anti-sous-marine, il ne faut pas oublier que si l'URSS alignait des sous-marins, l'US Navy alignait des escadrons embarqués anti-sous-marins.

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  13. Le porte-avions est-il toujours le roi des mers ?

    Mon cœur de pirate me dit oui. Sans réfléchir.



    Inutile face aux pirates ? Je ne donne pas cher du camp sous une pluie de bombes. Et un mother ship ne résistera pas longtemps aux exocet, ou aux rafales de 30mm. Ah, oui, il faut la volonté de s’en servir…

    Les soviétiques, aux concepts souvent exotiques avec leur croiseur lourd porte-aéronefs (big is beautiful !) lui ont préféré le sous-marin ? C’est pas faux. Il ne faut pas oublier que ce choix a été déterminé par deux éléments. :

    - la géographie particulière de l’Union Soviétique, encerclée par les glaces et ses ennemis, ce qui interdisait l’accès aux mers ouvertes ;

    - la mission d’interdiction des convois en Atlantique Nord. Mais il aurait fallu la volonté de s’en servir…

    Le PA et ses avions plus ou moins utiles que le BPC et ses hélicoptères ? Joker. Halte à la guerre des boutons. En Libye, l’ennemi s’est fait ratatiner, dans un combat inégal. Mais les outils de la diplomatie, au service d’une volonté, ont fait ce qu’ils savaient faire.

    Et demain ? Quand la 501ème stormtrooper débarquera des super croiseurs classe « Le Vengeur », il sera temps de mettre le Charles de Gaulle et le Shi-Lang en réserve spéciale.

    En revanche, dans une période où les budgets sont comptés, il peut paraître inutile de figer l’outil de défense dans des « programmes structurants », aux ambitions immenses, mais souvent tempérées par leur caractère budgétivore et leur arrivée « au compte goutte » dans les forces, dans des volumes toujours amoindris (ah la « juste suffisance » des réductions homothétiques !), et toujours bien plus tard que prévu. Ben oui, ma pauv’dame, quand on met 30 ans à sortir un hélicoptère de la planche à dessins, on a tout le temps de réfléchir à comment on va l’utiliser. Par contre l’ennemi n’attend pas.



    Il est vrai que ces derniers temps, en matière de programmes d’armement, « plus c’est gros, mieux ça passe ». Dans la compétition inter-armées, il est de bon ton de dénigrer les outils « accessoires » de l’armée d’à-côté pour mieux mettre en avant « son jouet ». Et à ce petit jeu de « choix douloureux », dans une logique comptable, c’est toujours le ministère du budget qui gagne.

    Les armées ne sont pas un outil « rentable » en tant que tel. « Qui peut le plus peut le moins » est bien vrai sur le champ de bataille (quand on pense à l’efficacité en appui rapproché d’un B-52 ou d’un B1-B !). Mais c’est une hérésie économique.

    L’économie de marché nous a appris à acheter rapidement, céder aux envies et à la mode. Dans le domaine qui nous concerne, il s’agit de cycles de vie courts. Il faut garder longtemps ce qui coûte cher, en petit nombre, à la pointe de la technologie mais aux doctrines d’emploi plus figées, en gardant ces outils capables de s’associer à d’autres outils plus faciles à acquérir, du « low cost » taillé pour la mission, plus simples donc plus vulnérables, mais plus nombreux donc plus facilement « consommables ».

    L’action contre la terre est-elle infiniment plus probable que le combat en haute mer ? Alors voilà que notre capacité de renseignement-anticipation a été prise en défaut, car les FREMM AVT ont disparu de l’arsenal lors des dernières coupes franches (et pourtant du 155 en tir contre terre, ça aurait fait du bruit !). Je ne sais pas si le prochain combat se gagnera dans l’espace, cyber ou non. Les prévisions restent dures à faire, surtout lorsqu’elle porte sur l’avenir. Toutefois, tant que la haute mer sera « res nullius », le porte avions et son groupe resteront l’outil privilégié de la diplomatie. « J’ai pas dit que c’était logique », aurait ajouté Guenièvre.

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  14. Le PA? L'arme à tout faire!
    Cette plate-forme est indépendante de toute autorisation de naviguer (liberté des mers). Puissante, grâce à son GAé. Capable de toutes les missions aériennes, y compris en embarquant des hélicoptères... Il est à lui tout seul, seulement parce qu'il existe, une menace de niveau opératif, mais également stratégique: "40 000 tonnes de diplomatie" (jusqu'à 80 000 tonnes, çà dépend du PA considéré :-)), ou pré-stratégique et d'ultime avertissement grâce à son armement nuc. Bref c'est aujourd'hui encore un outil irremplaçable.
    N'oublions pas qu'en dehors de la Guerre du Pacifique, bataille des P.A. (Midway, Mer de Corail, etc...), il a également remporté la bataille (ASM) de l'Atlantique, en temps que P.A. d'escorte... Aujourd'hui, il est de bon ton d'écarter à priori l'idée de chantage diplomatique et stratégique, ou de bataille GAN contre GAN, dans l'utilisation du P.A., dans les Etats-Majors, pour ne parler que de projection de puissance vers la terre à partir de la mer. J'ai noté que cet état d'esprit venait toujours d'officiers de l'AdT et de l'AA. Une raison simple à cela: si le PA est effectivement l'unique porteur de puissance off-shore, c'est à dire dans un espace ouvert et immense, alors il doit être immédiat pour la France d'assurer une permanence de cet outil en en commandant un deuxième (plus gros que le CdG siou plè!), et ceci évidemment au détriment des budgets de ces deux armées, CQFD.
    Rappelons nous tout de même qu'au lancement du Mistral, l'AdT regrettait sa taille (trop grand!), son manque de spécialisation (trop modulaire: pourquoi faire?),son prix (standard civil: pas assez cher!), son confort (pas envie du sea basing!), etc., ...
    En fait, le BPC, d'excellent concept, est évidemment complémentaire du GAN, mais ne peut remplacer le P.A. sur l'ensemble du spectre même munis d'avions VSTOL.
    N'oublions pas non plus que le savoir-faire pour l'utilisation cohérente d'un P.A., aussi bien au niveau de la plate-forme (bâtiment lui-même mais également GAé, et décision d'emploi dans les Etats-Majors opératifs et stratégiques), demande vingt ans d'efforts, et qu'il est impossible de perdre cet investissement en quelques mois, pour ensuite le recréer à partir de rien, en peu de temps!

    Pour ce qui est des SNA. Le SM est une arme destinée à chasser les P.A. (ennemis...) ou tout ce qui assure la puissance de celui-ci: P.A., SNA, convois stratégiques, forces de débarquement, à faire du renseignement, à débarquer et/ou exfiltrer des forces spéciales, etc...Enfin, les Marines qui ont beaucoup de sous-marins (U.R.S.S. pendant la guerre froide, Allemagne pendant les deux guerres mondiales) en sont réduites à mener une guerre de course, comme l'Empire après Trafalgar, c'est à dire à avouer leur impuissance à dominer la mer. Hors comment gagner la guerre sans dominer la mer? Voir là-dessus ce qu'en dit Napoléon à Ste-Hélène (mais un peu tard!), Churchill, Colbert, Richelieu, et même de Gaulle, etc...

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  15. La vrai question pour le PA, comme à une moindre mesure pour le blindé aujourd'hui, me semble la différence abyssale de coût entre la construction de ce navire et la construction d'un missiles ou d'une torpille pour le couler....
    En basse intensité c'est une belle plateforme pour des opérations aériennes, mais pas forcément la seule à notre disposition, en haute intensité un navire trop cher, trop vulnérable et pas assez indispensable pour être risqué.

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    1. Et le prix d'un obus, ou d'un missile pour descendre un avion? Ou d'une balle pour descendre un soldat? Approche comptable un peu limitée pour le moins...
      Depuis la seconde guerre mondiale, combien de P.A. coulés par l'ennemi? Et ce n'est pas faute pour l'eni d'avoir essayé: Corée, Vietnam, Suez, Golf, Lybie dans les années 80,... Ce n'est pas si facile, comme le montre même les retex des grandes batailles de P.A. durant la 2ème GM.Ou les exercices majeurs de l'Otan depuis.
      En revanche, mesurons les effets face au coûts et la durée d'utilisation. Et là çà change!
      Enfin, les frappeurs type Loire peuvent être intéressants comme batteries "off shore" pour action contre la terre. Mais si un GAN s'approche ou qques SNA...

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  16. Admettons, même si mon humble esprit me dit que ça n'est pas si simple, que les PA ne permettent pas de gagner une guerre, et admettons également, même si mon humble esprit rechigne à négliger cet aspect, que l'importance du maintien du savoir faire durement acquis, de l'expérience industrielle et des emplois préservés ne doit pas entrer en ligne de compte. Admettons.

    Bien, alors le PA effectivement parait inutile. En temps de guerre. Sauf que notre marine comme nos armées doivent être aussi faites pour le temps de paix. Qui dit réversibilité dit capable de guerre, mais dit aussi capable de gagner en temps de paix. Or le PA ne nous est-il pas, même en étant le plus cher support à cocktail de France et de Navarre, un outil très utile pour gagner en temps de paix ?

    Regardez : qui donnerait un siège au CSNU à la France aujourd'hui : un des cinq sièges permanent que se disputent 200 pays. Le droit de l'ouvrir et d'être écouté sur tout et n'importe quoi. Le droit de se faire appeler "freedom fries" par le plus profond des texans ? Certes, notre soft power, notre économie, etc, nous aident. Un peu. Parfois. Mais notre hard power démonstratif, ostensible, qui jette des oiseaux de métal dans une boule de feu, notre PA qui porte le nom de celui qui voulait la puissance pour son pays, notre PANCDG, il nous est fort utile.

    Et puis il ne serait pas totalement inutile en cas de grosse bourre, loin s'en faut.

    Mais Ch. de Gaulle ne s'y était pas trompé. Dans son discours de 65 à Lanvéoc, il disait "la Marine qui est pour la première fois dans l'histoire au premier plan de la puissance guerrière de la France", et il rajoutait que ce serait chaque jour encore plus vrai, lui le terrien des chars des Ardennes, de 14-18 et de 39-45, il pensait bien plus au Redoutable qu'au Foch et au Clémenceau. Depuis, 24/24h, 365 jours par an, une SNLE est tapis dans l'ombre, nous permettant de rester en temps de paix ou de crise, en disant "profitez là haut de notre puissance de gesticulation. Si ça craint, rentrez chez vos mère, et laissez-moi faire".

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  17. @ Marcus,

    Depuis la 2ième GM, combien de PA coulés? Au sens strict, aucun. Mais au sens large, un seul: l'Altantic Conveyor, pendant la guerre des Malouines.

    Il s'agissait d'un navire civil (porte-conteneurs)converti en porte aéronefs (concept Arapaho):

    http://militarynuts.com/index.php?showtopic=242&st=45

    Le navire faisait 15.000 t, 212 m de long pour une vitesse de 23 nœuds, ce qui le rend assez proche d'un PA léger.

    http://militarynuts.com/index.php?showtopic=242&st=45

    D'après ce que je vois, durant la 2ième GM, le PA est un navire qui a été détruit ou endommagé par tous ses ennemis naturels: l'avion, le sous marin, le navire de guerre.

    L'air de rien les pertes ont été assez importantes. Par exemple, sur la trentaine de PA lourds engagés par l'US Navy dans le Pacifique, 6 ont été coulés, sans compter les PA d'escorte qui ont eux aussi payé un lourd tribut.

    Ce qui nous met à un taux de perte de 20%. Ca rend humble. Le "Roi des Mers" en a donc pris pour son grade.

    Je crois que l'importance de ces pertes s'explique parce que le PA a alors été assez souvent employé comme arme de mêlée (le terme fait horriblement "infanterie", je risque de me faire taper sur les doigts) il a donc été exposé aux coups adverses. Le pont d'envol était d'ailleurs souvent blindé. Donc le navire était, dans une certaine mesure, conçu pour encaisser les coups.

    Je pense que plus personne aujourd'hui ne songerait à employer le PA de cette façon là. La doctrine moderne d'emploi prescrit plutôt de lui faire faire des ronds dans l'eau en zone de faibles risques, donc éloignée du combat, mais suffisamment proche pour qu'il puisse faire usage de son arme principale: son groupe aérien.

    Bizarrement, la question de l'aptitude au combat de mêlée du PA est une question ouverte dont tout le monde redoute de connaitre la réponse: ça risque facilement de tourner au carnage.

    Heureusement, la probabilité d'un engagement de ce type est faible, du moins en Europe. Mais je ne sais pas si un marin américain aurait le même point de vue. J'ai cru comprendre que l'hypothèse d'un engagement à l'ancienne - si je puis dire - avec la marine chinoise était sérieusement étudiée, notamment en mer de Chine méridionale.

    J'observe d'ailleurs qu'en dépit de la recherche de solutions économiques, la marine américaine ne renonce pas à faire avancer ses PA à une vitesse supérieure à 30 nœuds. Or la vitesse est un des éléments de la mêlée.

    En Europe, rares sont les navires de guerre capables de maintenir une telle allure. Peu après son lancement, on avait critiqué la lenteur du Charles de Gaulle, qui culmine à 27 nœuds, comme son escorte. La "polémique" (le terme est sans doute excessif) avait fait émerger un argument: la vitesse de combat est moins importante que la vitesse de croisière. Il vaut mieux tenir 20/25 nœuds en vitesse constante que dépasser les 30.

    Mais cet argument semblait surtout relever de la prophétie autoréalisatrice: le système de propulsion choisi ne permettait de toute façon pas d'atteindre la barre des 30 nœuds.

    Pour ma part, j'ai quand même du mal à comprendre qu'on abandonne avec une telle facilité l'idée de faire des navires rapides, comme si on renonçait à ce qu'un navire de guerre serve à faire la guerre.

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  18. A l'heure actuelle, oui un PA est le roi des mers.

    Mais imaginer (je dit bien imaginer)que deux nations equivalents entre en guerre, nation x dispose d'un force aréo, et nation y n'est pas de force aréo.

    C'est la que l'ont "imagine", nation y decide de remaitre au gout du jour une classe de cuirassé (pour moi la quintéssance de la puissance naval), 2,3 ou 4 tourelles triples de gros calibre (380,406mm voir plus)et armement moderne comme ASTER 15/30 + EXOCET MM40 block 3 + SCALP NAVAL, en grande quantité, bien sur, des MU90 avec 2 ou 4 76mm STRALES et 2 ou 4 30mm NARWHAL, avec la capacité ASM (bien entendu).

    La les deux groupes s'affronte, groupe aréo et groupe "cuirassé", le goupe cuirassé a la capacité de faire reculé le groupe aréonavale, en plus il a le pouvoir de detruire les missiles qu'on lui envoit.

    Et "imaginer, oui encore" avec equivalent BPC (2 ou 3) dans sont groupe, pour un debarquement, ça serait une gros puissance de feu pour ce groupe "cuirassé".

    PS: désolé pour l'horthographe.

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  19. Et bien... La seule raison qui semble justifier le GAN, c'est la capacité de reconnaissance. Ni les avions ni les missiles emportés par les avions ne le justifient. Si on peut mettre en oeuvre des moyens de reconnaissance à longue portée et les protéger, alors le GAN n'a plus de raison d'être.
    C'est donc sur ce concept qu'il faut travailler en priorité. L'US navy ne s'y est d'ailleurs pas trompée.
    Peut-être que quelques Airbus dotés de radars à longue portée pourront faire ce travail.

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