Sur Mars attaque, Florent de Saint-Victor défend l’idée de régiments interarmes
permanents :
son argument majeur,
repris par beaucoup, est que le combat
ne pouvant qu’être interarmes, autant être structuré d’emblée comme on combat.
La maîtrise de l’art complexe de la
coordination de moyens aussi divers que des pièces d’artillerie, des
canons sur chenilles ou sur roues, des missiles, de l’infanterie débarqué ou
des équipes de sapeurs s’apprend plus
vite si on le vit au quotidien.
Je souscris à cette idée
qui suscite quelques réflexions en vrac :
En France, les régiments
interarmes ont deux filiations. La première est issue des expérimentations des
années 1950 sur le combat en ambiance atomique. Après plusieurs
tâtonnements et tests en Algérie, c’est la formule de la brigade Javelot qui a
perduré sous la forme de régiments mécanisés en carré (deux escadrons d’AMX-13
canon et deux compagnies d’infanterie) puis en 3+1 (trois compagnies à trois
sections et une section antichars + une compagnie d’AMX-30 + une section de
mortiers lourds). Au début des années 1980, il existe douze régiments de ce
type au moment même où les Soviétiques développent leurs bataillons interarmes
surpuissants. La deuxième filiation est « africaine » alors que l’on
constitue hors métropole et dès les années 1960 des unités d’intervention disposant
sur place de tous les moyens nécessaires. Le 21e Rima est une
transposition en métropole de cette formule « interarmes d’outre-mer »
qui a fait ses preuves, en particulier au Tchad. J’ai personnellement servi
dans des régiments des deux types et je
peux témoigner effectivement de la facilité avec laquelle j’ai pu y apprendre
le combat interarmes.
Le problème est que dans la course entre les coûts et l’efficacité,
les coûts ont plusieurs « avantages ». Ils sont visibles et les
effets de leurs réductions sont rapides, alors que l’efficacité ne se constate vraiment que face à des ennemis difficiles. Les régiments interarmes présentaient l’inconvénient
d’être plus complexes, et donc « visiblement » plus couteux, à
soutenir que des unités spécialisées. On s’est donc orienté vers une
unification des unités, un regroupement de plus en plus poussé des soutiens et
la modularité des groupements projetés. Cela a bien fonctionné tant que l’on n’a
pas été confronté à des problèmes tactiques vraiment difficiles. L’Afghanistan a marqué le retour de la « tortue efficacité ».
Pour retrouver plus d’efficacité interarmes, il a fallu payer des « coûts
de transaction » en réunissant les Groupements interarmes ad hoc dans des
camps pendant des mois, parfois autant que la mission elle-même. Au bilan, l’armée de terre a perdu, et continue sans
doute encore de perdre, en souplesse d’emploi (combien de temps aurait-il fallu
pour déployer une brigade ou même un groupement cohérent et efficace en Libye,
s’il avait fallu ?) pour des gains
financiers peu évidents.
Il n’est donc pas illégitime de se poser la question du
retour aux régiments interarmes. Ces unités seraient immédiatement projetables (une fois qu’elles ont récupéré leurs
véhicules) alors que l’on sait que la vitesse est un facteur essentiel de
réussite (et donc au bout du compte d’économie). Elles nécessitent également moins de présence en camps de manœuvre
et pour peu que l’on maintienne la stabilité du personnel, moins de moyens d’entraînement aussi (un général américain demanda un jour à un équipage de réservistes israélien
combien d’obus ils avaient tirés dans l’année pour être aussi performants avec
leur char, ils répondirent « 4…mais nous sommes ensemble sur le même char
depuis douze ans ».)Paradoxalement, en réduisant la charge de la
maintenance dans les régiments, la
gestion centralisée des parcs de véhicules facilite ce retour à l’interarmes.
La maintenance serait encore facilitée si les unités de même type étaient
colocalisées dans de vraies bases et si on pensait les véhicules de combat en
termes de familles, à l’instar des AMX-13 ou des Stryker américain.
Dans l’immédiat, on peut
opposer que cela ajouterait encore du
mouvement à une armée de terre déjà pas mal chahutée. Surtout, il faudrait
calmer la susceptibilité des armes, en particulier des armes d’appui qui
pourrait s’estimer sacrifiées. Il faudrait donc une gestion fine du personnel
et notamment des chefs de corps. Rien ne
doit empêcher par exemple un artilleur ou un sapeur de commander un régiment
interarmes. Il aurait d’ailleurs plus de chance de partir en mission avec
son régiment et je crois qu’il est bon de changer régulièrement l’expérience et
les approches des chefs.
Dernière piste de
réflexion : l’US Army est passée
aux bataillons interarmes organiques depuis plusieurs années. Quel en est le
retex ?
Au cours d'une conférence traitant des unités françaises lors de la campagne d'italie durant la Seconde Guerre Mondiale, un stagiaire a interrogé le conférencier sur la pertinence à revenir à des unités interarmes permanentes. La réponse fut sans détour: ces unités étaient des unités de circonstance et sitôt la guerre finie, la logique d'arme avait repris le dessus.
RépondreSupprimerCela dit, dans un sens, vous avez raison: la fameuse PEGP allège le fardeau du soutien pour les unités et pourrait ainsi faciliter la création de telles unités. Mais l'efficacité ne peut s'obtenir que par le drill, et donc l'emploi de ses moyens: bilan, la meilleur intégration de fait de l'interarmes se trouve limitée par le manque d'entrainement avec matériels majeurs.
Si on prend l'exemple du Corps des Marines US, unité non seulement interarmes mais aussi interarmées par excellence, on s'aperçoit que la logique d'arme prévaut en garnison, et que les unités engagées en opérations sont donc de circonstance. Certaines unités ont mené jusqu'à une année d'entrainement avant leur projection.
Par contre, l'USMC a résolu le problème de rivalité entre les armes en donnant résolument la priorité et la primauté à l'infanterie, jusque dans la désignation des chefs.
Une solution pourrait ressembler aux fameux espaces d'entrainement brigade qui permettent aux brigades interarmes de s'entrainer avec leurs matériels majeurs. Mais dans une situation budgétaire contrainte, ce type d'entrainement est le premier à faire les frais des "collectifs budgétaires".....
Reste alors la simulation et une logique d'abonnement: comme cela se passe déjà pour les artilleurs et les DLOs, il s'agirait d'abonner tel ou tel escadron par exemple à tel ou telle régiment d'infanterie, permettant ainsi au chef de corps de travailler toujours avec les mêmes capitaines, et multiplier les exercices virtuels (JANUS bien sûr, mais pourquoi pas les war games....). Mais ce système est valable pour le côté interarmes, pas pour l'entrainement des sections et groupes, qui n'ont de pertinence qu'avec leurs matériels.
Le RICM n'est-il pas dans son origine un régiment interarmes ?
RépondreSupprimerNon le RICM après avoir été régiment d'infanterie de sa création à 1943, devient régiment blindé de reconnaissance de la 9éme DIC, et il l'est encore aujourd'hui au sein de la 9éme BLBMa. Par contre à partir des années 70 lors des différentes OPEX, il a souvent servi au sein de groupement interarme (compagnie, batterie, escadron et unité de commandement). Ponctuellement, lors de son séjour en Indochine le régiment comptera un escadron de vedettes et un groupe d'escadron de marche....mais son histoire mérite plus que ce court résumé.
RépondreSupprimerLe problème qui est souligné est celui de l'entrainement interarmes. Au sein d'une brigade, les régiments s’entraînent peu ensemble car ils sont éloignés. Alors, mieux que le régiment interarmes, je préférerais que nous réfléchissions à des garnisons interarmes. Une brigade = 1 garnison, de préférence avec un camp de manœuvre.
RépondreSupprimerLes combattants s'entraînent ensemble, le soutien matériel est centralisé et on peut alors envisager un véritable soutien de l'homme (par exemple, on construit une crèche quand il y a plusieurs organismes, pas pour un régiment isolé, serait-il interarmes.
Je le redis, faisons des garnisons interarmes, si possible avec une logique de brigade. Nous avons des casernes qui ont eu l'habitude de compter plusieurs régiments et qui aujourd'hui n'en ont plus qu'un seul. Halte à l'essaimage politico-géographique. soyons regroupés et entraînons-nous ensemble dès le quartier.
si j'ai bien compris c'est un model américain de Fort que vous préconisé?
Supprimerça aurait du sens, diminuerait drastiquement le soutien et le coût, et même permettrait d'alléger discrètement quelques régiments ... Saura-t-on appliquer la phrase d'un précédent ministre qui disait que l'armée n'avait pas pour vocation de faire de l'aménagement du territoire ?
SupprimerA noter que cette réforme serait un utile complément des BdD !
Un très grand terrain, des capacités de soutien co-localisées, différentes unités soutenues sur zone, interarmes, capables de se déployer et de revenir, ... Ce n'est pas le modèle des Forts que vous préconisez, c'est le modèle des Ports ! cf 2 articles plus loin ;)
La question des régiments interarmes pourrait également être élargie à la question de l'intégration du soutien aux forces, intégration qui a volé en éclat avec la mise en oeuvre des bases de défense, s'appuyant sur une coupure articifielle de ce qui relève de l'opérationnel et ce qui relève du soutien...Alors même que le théâtre Afghan, dans sa composante GTIA, nous confortait dans la nécessité d'arriver avec un esprit de corps déjà fort, dans la nécessité d'avoir des spécialistes du soutien qui soient aussi des soldats entraînés, au minimum capables d'assurer la sécurité des FOB et de mener des convois logisitiques, dans la nécessité de mettre en permanence en cohérence et en "co-action" les actes de soutien et les actes opérationnels (le choix des fournisseurs n'est pas un acte seulement administratif et financier, le déploiment d'un convoi peut trouver sa place dans une opération...)... Mais quand les mesures d'économies ne sont plus seulement une contrainte mais une fin en soi, comme vous le soulignez, la tentation est grande de se laisser séduire par l'apparente réduction des coûts, sans mesurer l'efficacité des dispositifs, surtout lorsque l'on finance un outil dont chacun espère que sa seule existence permettra de ne pas avoir à le déployer...
RépondreSupprimerC'est toujours tentant cette idée d'unité interarmes sauf que c'est un modèle qui n'est pas viable tactiquement et dans le domaine du soutien. Quelle structure devrait avoir ce GTIA. Je pense que dans l'esprit des tenants de cette structure il s'agit de mettre ensemble 3 Cies d'infanterie, 1Esc blindée et des soutiens (1 Bie Art et 1Cie GEN ), sur le modèle de l'Afghanistan. Sauf que la prochaine guerre n'aura rien à voir avec la Kapisa, que même en Afghanistan les 2 GTIA ne sont pas sur la même structure, que pour effectuer des releves il faut des GTIA identiques c'est à dire avec la même structure et les mêmes matériels, etc, Si la guerre de demain necessitte des unités sur une autre structure que faisons nous ? On démonte un GTIA pour en créer un autre, on enléve une unité d'infanterie pour mettre plus de cavalerie, on ajoute 2 pièces d'artillerie, etc, etc. Bref, sur le plan tactique aucune structure prédéfinie ne répondra aux exigences du combat. Je ne parle pas de la culture d'armes, des traditions et tutti quanti mais ce sont des éléments à ne pas balayer d'un revers de main. Vient ensuite les problèmes de soutien à l'heure de la PEGP. Qui peut me dire quel serait le matériel permanent (PSP) à mettre dans ces fameux régiments ? 10 VBCI, 4 Xl, 1Caesar, 1Souvim....? Je ne préfère pas évoquer l'entrainement dans ces conditions sans évoquer le gestion du personnel. Bref, c'est une belle idée mais ce n'est qu'une idée. Croyez moi, si elle n'a jamais vu le jour, ce n'est pas par conservatisme mais bien parce que c'est... stupide ! Désolé M. St. Victor.
RépondreSupprimerEt si c'était plutôt la PEGP qui était, sinon stupide (je n'aime pas ce mot dans le cadre d'un débat) du moins aberrante en matière opérationnelle. Il s'agit clairement d'un moyen de gérer la misère mais à quel prix invisible en matière d'instruction, d'entraînement et même de motivation.
SupprimerAu passage, pourquoi l'US Army s'est-elle donc convertie à cette idée stupide ?
Entièrement d'accord en ce qui concerne la stupidité de la PEGP. Peut-être qu'effectivement le terme de stupide dans le cadre d'un débat n'est-il pas adéquat. Néanmoins, les arguments énoncés pour créer des unités interarmes au prétexte qu'elles seraient ainsi prêtes d'emblée au combat ne sont pas réalistes. Une fois de plus, il faut arrêter de regarder la guerre qui se termine pour se tourner vers celle qui arrive...et que personne ne connait. Il serait donc tout à fait illusoire de créer de facto des unités pour une guerre qu'on ne connait pas. C'est d'ailleurs souvent ça qui fait la qualité du chef. Combien de fois le général Leclerc a t'il restructurer ses unités entre les cotes de Normandie et le nid d'aigle. Il n'a cessé d'adapter ses unités à la menace. Alors bien sûr que cette idée est séduisante, bien sûr que c'est toujours mieux de s'entrainer ensemble en vue du combat mais il ne faut pas aussi nier la réalité des choses. Même pour l'Afghanistan, pour constituer une unité organique d'infanterie, il faut "taper" dans plusieurs autres compagnies, idem pour les unités blindées. On considère aujourd'hui que 20% d'une unité est indisponible en permanence (maladies, stages, etc.). M. de Saint-Victor peut-il m'expliquer comment un régiment interarmes ferait pour constituer ses unités avant projection. Il irait forcément "taper" dans les régiments voisins et créerait alors une unité de marche hétéroclite...comme maintenant mais avec encore plus de problèmes liés, comme je le disais dans mon précédant message, au matériel, à la gestion des personnels et à la simple culture d'arme qui reste le socle de la cohésion d'une unité.
RépondreSupprimerLe principe du GTIA et du S/GTIA n'est pas né en Afghanistan. Il existe depuis le début du temps des OPEX (et même avant). Si on a conçu les RIAOM, c'est bien pour avoir au plus près des zones d'opérations probables des structures capables de former très vite des modules opérationnels efficaces car formés avec des gens qui se connaissent bien et se font confiance dans des métiers différents.
SupprimerUne des voies (non incompatible avec ce qui est proposé) serait peut-être d'avoir des unités élémentaires à sur-effectif pour faire face au déficit chronique (qui lui-même pourrait être réduit si on retirait par exemple les gens en reconversion des tableaux d'effectifs). Cela implique évidemment de dissoudre d'autres unités élémentaires...mais de toutes façons on ne s'engage jamais à 4 UE.
Sinon que prônez-vous ? le statu quo ?
Le statu quo ne me semble pas, eu égard à la situation actuelle de l'armée de terre, la plus mauvaise des solutions. Ballotée depuis des années par de multiples restructurations, refondations, déménagements en tout genre, notre AdT mérite un peu de stabilité. Imaginer aujourd'hui un nouveau changement, c'est, une fois de plus, perdre beaucoup d'énergie, beaucoup d'argent et sans doute beaucoup de nos soldats qui en ont assez d'être considérés comme des marionnettes.
RépondreSupprimerLe RIOM que vous citez, à été constitué non pas à priori mais bien en fonction de sa mission djiboutienne comme d'ailleurs la 13eme DBLE. Ce dernier régiment est d'ailleurs un on exemple car, en le déménageant aux EAU, on en a changé les structures ( pour de multiples raisons) et on pourrait encore les faites évoluer en y ajoutant un escadron Leclerc. On peut dire que les régiments outre-mer sont constitués en fonction des missions qu'ils ont sur zone (2ème RPIMA par exemple). Mais vouloir constituer un régiment interarmes à priori sans qu'une mission soit déterminée est, une fois de plus, une abberation. Vous qui êtes un bon connaisseur de la MRT ou à la MEDO devrez admettre que ce n'est qu'après avoir fait la liste des tâches à remplir que l'on peut affecter tel ou tel moyen. Mais avant cela il faut qu'il y ait une MISSION. Or, qui peut me dire qu'elles seront les missions fixées à nos régiments dans le prochain conflit auquel la France participera. J'ajoute, pour être complet que même en Afghanistan il ne s'agit pas de GTIA mais bien plus de bataillons d'infanterie renforcé d'autres unités dont quelques pelotons 10RC bien mal employés d'ailleurs. Mais c'est un autre débat ! Donc, pour conclure, non à des unités interarmes qui seraient de toutes façons detricotees à la 1ère projection.
L'argument de la pause nécessaire est tout à fait recevable. Je l'évoque d'ailleurs dans le post.
SupprimerJe crois que le premier RIAOM était le 6e, au Gabon, et a servi en particulier au Tchad. Je ne suis pas sûr que les RIAOM aient été conçus pour des missions particulières mais plutôt comme des instruments polyvalents.
Je persiste à croire qu'il est plus efficace, plus rapide et moins coûteux de constituer une unité cohérente ad hoc à partir d'un Régiment interarmes (éventuellement grossi) qu'en tapant dans toute la France et en créant de la cohésion en camp.
Pourquoi les 10RC sont-ils mal employés ?
Je me trompe peut-être mais n'y a t-il pas quelques pistes à trouver du coté des marines et de leurs Marines Expeditionnary Units ? Cela ressemblerait un peu à un GTIA mais avec une structure permanente et adaptable en fonction des besoins. Cette structure serait composée de plusieurs unités qui tourneraient tous les 1,5 ou 2 ans. On disposerait donc immédiatement d'une force assez souple pour répondre à la plupart des besoins actuelles.
RépondreSupprimerPour avoir une idée des MEU, reportez vous au hors série de DSI n °22. Les MEU pourraient être comparées à nos unités prépositionnées, sauf que les MEU sont à la mer et non "scotchées" à terre. Mais ce principe de MEU, qui ne sont en fait qu'un énorme GTIA à dominante infanterie, bénéficie de moyens hors normes pour la France: l'appui d'un porte avion (puisque les MEU sont partie intégrante des groupes aéro-navals, une flotte aérienne conséquente en particulier en hélico (des hélicos lourds aux hélicos d'attaque en passant par le V22), le tout projeté par des bâtiments amphibies. Bref, la France peut tout au plus copier ce modèle 1 fois de temps en temps mais pas plus.
SupprimerDe plus, une MEU qui n'est donc pas un élément permanent (seule le principe est permanent) a besoin de temps et d'entrainement avant d'embarquer, ce que notre budget nous permet de plus en plus difficilement.
Cependant, et pour être complet, la Marine française conduit une mission appelée Corymbe qui consiste en des patrouilles maritimes. En cas de besoin et sur ordre du CPCO, un TCD ou un BPC peuvent être engagés avec à bord une compagnie d'infanterie renforcée (sous-GTIA). C'est plus modeste, mais ça marche. Mais pour atteindre le niveau d'une MEU, il faudrait engager 100% de nos capacités amphibies!
J'ai un peu de mal à me faire comprendre me semble t'il. Alors je vais essayer d'être plus clair. C'est donc décidé, après de très longues études menées par tous les organismes chargés de réfléchir un peu et Dieu sait comme ils sont nombreux, le CEMAt décidé de la création de 15 régiments interarmes sur un modèle identique, 3 UE d'infanterie, 1UE blindé, 1detachement du génie et 1Bie d'artillerie. On gardera quand même les spécificités TAP, montagne, colo et Légion (faut quand même pas pousser le mélange trop loin !). Ces unités s'entraîneront groupées avec leur matériel organique (enfin ce que permet la PEGP) . Et puis, sans prévenir, notre PR (conseillé par BHL) décidé que la France doit intervenir en Syrie (pourquoi pas). Nos grands spécialistes planifient alors de la projection d'une force de 5000 h ( car c'est un chiffre rond qui plaît bien aux politiques ). On étudie le terrain, les forces adverses (pas mal d'unites conventionnelles) les moyens de projection, le soutien et puis on prend aussi en compte les besoins de nos industriels. Il est donc décidé de projeter une brigade composée d'un bataillon de char à 3 UE renforcé d'1Bie Caesar et 1 DOIP et du sol-air sans oublier 1 unité d'investigation (1PEI) Pour vendre du VBCI on va y rajouter 2 Bon à 4 UE avec des mortiers de 120 et 1 UE de combat du génie. On ajoute dans les 3 bataillons un peu de NRBC et des équipes cynophiles. J'allais oublier les équipes CIMIC, des JTAC, un peu de psyops, et de la com.. Et puis un gros bataillon de soutien. Voilà, ça m'a l'air pas mal tout ça.
RépondreSupprimerPour constituer cette force on va piocher nos UE dans tous les régiments interarmes (en en préservant quand même 3 parce qu'ils ont été désignés pour le 14 juillet !). Bref on déstructuré nos beaux régiments interarmes, pourtant bien entraînés, pour en constituer d'autres, mais différents parce que mieux adaptés au nouveau théâtre.
En conclusion il ne sert à rien d'imaginer des régiments interarmes si on n'est pas certain de les utiliser comme tel pour une mission. Une formule 1, c'est super pour rouler sur un circuit de course. C'est déjà moins bien en tout terrain. Me suis-je fait comprendre
Pour l'emploi des 10RC ce sera poufoison autre fois.
Mais c'était clair depuis le début.
SupprimerVous soulignez quand même deux facteurs externes qui empoisonnent l'action opérationnelle :
- l'intrusion politique dans la génération de forces avec en particulier l'imposition d'une "barre" chiffrée à respecter à l'homme (voire au chien) près au mépris des structures tactiques (un peu comme si on demandait au Charles de Gaulle de n'intervenir qu'avec 1000 hommes au lieu de 1900 car c'est symboliquement trop). Il est vrai qu’à force de découper et moduler, l’armée de terre a prêté le flanc à ce genre de dérive.
- les opérations conçues comme des soutiens à l’exportation. On en vient à plus mettre en avant certains équipements que les hommes qui les servent et dont le nom n’est jamais évoqué. L’exportation est une noble cause mais qui n’est pas prioritaire.
Pourquoi voulez-vous ensuite que les RIA soient tous identiques et à dominante infanterie ? Un RIA à 3 UE Leclerc ou 10RC + 1 UE infanterie ne me choque pas de même qu’un GTIA organiquement très léger pour une intervention rapide. D’un point de vue organisationnel et face à une situation locale par essence floue, il est aussi peu rationnel de constituer à Paris ou à Lille, une force déclinée à l’homme près que d’envoyer directement un ou plusieurs RIA spécialisées accompagnés d’éléments organiques de brigade, div, etc. D’un point de vue opérationnel, la seconde solution est préférable car plus rapide et plus fiable. Après il y aura toujours des adaptations mais celles-ci doivent être à la marge.
L’armée de terre est allée trop loin dans la modularité. Cela se paye aussi financièrement et humainement aussi.
Si je comprends bien, on d'un côté les gens qui disent "il faut que les structures organiques soient aussi proches que possible des structure opérationnelles", et de l'autre côté les gens qui disent "on peut pas connaître à l'avance les structures opérationnelles et les régiments sont le creuset du savoir-faire d'arme". Après une mûre réflexion, dont Jacques Martin n'aurait pas désapprouvé la conclusion, je pense que les deux ont raisons.
RépondreSupprimerCeci dit, on peut constater que:
(1) Certes la composition des GTIA change. Mais sur le plan logistique et tactique, un peu d'uniformité a des effets positifs : je pense à la faculté de substituer une unité par une autre facilement, à la standardisation des flux, etc.
(2) Le RIA suggéré (I UE cab, 3 UE inf, 1 UE génie, 1 batt. art.) a le mérite de répondre à la majorité des conflits actuels et passé (au hasard: Tchad, Liban, Kosovo, A-stan, etc). La seule vraie exception est la guerre du Golfe. Or pour celle-ci on a est dans le domaine du combat mécanisé plus que du combat d'infanterie légère.
Je vous propose donc une structure double:
- D'un point de vue "arme", on maintient les régiments d'arme actuels, qui sont le creuset de la formation individuelle et au niveau UE et ont vocation à rester le noyau des GTIA.
- Mais d'un point de vue "interarmes", on organise au sein de chaque brigade trois (pour les brigades multirôle) ou 4 (pour les brigades de décision et d'urgence) GTIA *permanent* qui auront vocation à être employés en tant que tels, pour maximiser la cohésion et qui seront le creuset de la formation au niveau collectif. Dans les brigades de décision, ces GTIA pourraient être à parité MBT/Inf méca, dans les autres, ils pourrait avoir la composition évoquée plus haut. Chacun de ces GTIA permanent aurait un nom, des traditions propres. Comme dit plus haut, une concentration des régiments de chaque brigade autour d'un grand camp permettrait de rendre le système plus efficace.
- Si jamais il s'avère que pour une mission déterminée, il convient d'employer des GTIA structurés différemment, et bien on restructure à la demande, à partir de ce qui existe.
- Chaque brigade pourrait aussi avoir son "Batlog" (centré sur un régiment du train, avec une Cie du matériel, une Cie du génie d'appui au déploiement, une Cie médicale), et un "BatCom" (une cie de transmissions, une cie de circulation, la BRB, l'EEI, l'EM de brigade) formés selon les mêmes principes. L'intérêt est de rendre la brigade plus "utilisable" organiquement.
Bref, c'est une systématisation du système de l'abonnement décrit par le Colonel Goya, ou bien un reprise des "Expeditionary units" qui existent dans l'USMC, l'USAF ou la RAF.