Audace, surprise, volonté, rusticité, agressivité
sont en grande partie Le socle de la victoire au Mali. Mais elle n'a été rendu
possible que par l'assimilation des leçons des années de guerre en Afghanistan.
Cet article met en lien les deux théâtres et trace les pistes pour maintenir le
niveau de préparation optimal des forces françaises.
1. Un point de
départ : l'Afghanistan
La part prise dans les combats par l'Armée française en
Afghanistan a particulièrement augmenté à partir de 2008 quand le premier GTIA
a été déployé en Kapisa sous commandement américain. Le 8èmeRPIMa
inaugurait une nouvelle ère après deux décennies d'interposition et de
règlement express de crises africaines. L'évacuation de ressortissants et les missions sous chapitres 6 et 7 de l'ONU
étaient la norme. Or la tournure de la crise afghane changeait radicalement la
donne. La coalition faisait face à un adversaire déterminé, habitué au combat
et prônant la résistance à un envahisseur. L'armée française n'était pas prête
à reprendre immédiatement le combat ni à faire de la contre-insurrection.
C'est finalement un combat complexe et éprouvant qui a
été mené là-bas. L'éloignement n'a pas facilité l'accomplissement des missions
confiées par le commandement américain ni le soutien en demi-teinte de
l'opinion publique française. Un paradoxe est rapidement apparu, celui de
remplir une mission tactique en première approche assez simple (neutraliser les
résistances en Kapisa) tout en ménageant une volonté politique floue et des
objectifs stratégiques aux contours mal définis (la France avait une volonté
propre mais n'était qu'un pion du dispositif général de la FIAS ). Ce défi peut sembler
surmontable mais la résistance opiniâtre des insurgés et même leur renforcement
mandat après mandat ne plaidaient pas pour une victoire tactique. La mission
n'a finalement pas été pleinement remplie sur le terrain et le départ des
troupes françaises de Kapisa a sonné le repli, en cours, des autres
contingents.
La guerre en Kapisa se résume pour le contingent français
une succession de micro-succès tactiques. Si les troupes françaises ne tenaient
pas le terrain, elles ont toujours pris le dessus sur les insurgés dans les
combats. Les raisons de l'accomplissement partiel de la mission sont donc
ailleurs, il n'y a pas de faillite tactique. La physionomie asymétrique de la
guerre, la résistance populaire, le soutien transnational à l'insurrection,
l'observation de règles d'engagement différentes entre les belligérants, la
faiblesse du gouvernement officiel afghan, les luttes intestines ethniques et
religieuses, l'éloignement des bases sont autant de facteurs qui contrecarrent
les résultats.
En dépit de ce tableau un peu noir que je dresse, tout
n'a pas été perdu.
Les Armées ont consenti un effort considérable pour se
préparer à cette difficile mission de guerre. Et c'est essentiellement au
niveau tactique que l'on tire aujourd'hui les bénéfices d'une préparation
opérationnelle longue et méticuleuse s'appuyant sur l'expérience des autres
nations, principalement les Américains et les Britanniques, et sur l'exemple
des jeunes "anciens" d'Afghanistan. Les six mois consentis à chaque
bataillon pour se préparer ont permis à chaque unité d'aller dans le détail du
combat qu'elle allait mener. Le tir a été remis au centre de toutes les
préoccupations et de nouvelles armes ont été acquises. La manœuvre contre un
adversaire évanescent et utilisant tous les moyens y compris la population a
été travaillée. La coordination interarmes et interarmées a été confirmée et
répétée dans les camps de manœuvres. Et surtout, la cohésion et la camaraderie
ont été réaffirmées comme un facteur de succès et d'acceptation des pertes. Car
l'acceptation des pertes avait été laissée de côté dans les dernières
opérations. Il y en eut mais si peu et souvent par accident. Or, en
Afghanistan, il s'agissait de pertes au combat dans des duels recherchés et
consentis.
Tout ce corpus d'entraînement a payé dans les vallées
afghanes. La tactique a été renouvelée mais pas changée, les vieux schémas de
la manœuvre sortent confortés de l'épreuve du feu. Les matériels, eux, n'ont
pratiquement pas changé mais leur emploi a été adapté pour en tirer le meilleur
parti. La chaîne de commandement tactique s'est rôdée rapidement pour se
concentrer sur l'essentiel mais aussi intégrer les nouveautés (des appuis en
plus grand nombre et variés, la prise en compte de l'environnement
opérationnel, le partage du renseignement). Les PC sont bien des machines à
produire et donner des ordres pour battre l'adversaire.
Enfin deux ans après, un imaginaire commun de la guerre
en Afghanistan commence à apparaître. La fierté d'avoir combattu là-bas avec
ses copains, pour sa compagnie et son régiment, fait oublier les mauvais
moments passés sous le feu et transcende le sacrifice de ceux qui sont tombés
au combat.
2. Au mali, le
retour sur investissement.
L'attaque éclair des djihadistes, pour prévisible qu'elle
était, a un peu pris de court la communauté internationale qui préparait via
l'union européenne un programme de renforcement de l'armée malienne. En France,
un certain marasme menaçait de s'installer dans les Armées qui, avec la fin de
l'opération Pamir, voyaient leur engagement largement réduit. Malgré tout, la
période était plutôt favorable à une nouvelle intervention avec des troupes
aguerries et un théâtre plus proche dans lequel les intérêts de la France étaient directement
menacés. Reste la question des capacités disponibles, celles-ci étaient en
revanche comptées avec de nombreux matériels toujours en Afghanistan ou en transit
et un parc qui se réduit chaque jour un peu plus par sa vétusté ou l’arrivée
retardée de nouveaux équipements.
Cependant, la physionomie géographique du Mali et les
ambitions des rebelles djihadistes ne laissaient pas augurer une mission facile
avec des résultats rapides. Le Mali est grand comme deux fois la France et le Sahara était
la zone sanctuaire probable. C'est un milieu particulièrement hostile et la
mission se compliquerait inévitablement des élongations opérationnelles et
logistiques. De plus, si le Mali était surveillé depuis plusieurs années, il se
trouve relativement loin des bases principales en Afrique, Dakar et Abidjan
sont à plus de 4 heures de vol ou 3 jours de route au minimum.
Ajoutons pour finir de brosser le tableau de départ que si
les troupes françaises bénéficiaient de leur expérience afghane, le niveau de
préparation des forces en alerte n'avait rien de commun avec un bataillon prêt
à partir pour la Kapisa. La
préparation opérationnelle est toujours trop faible et ne garantit pas que tous
les aspects d'un combat en milieu désertique soient maîtrisés. Il allait
falloir faire avec l'existant et la motivation engendrée par une nouvelle
opération.
Cependant la contre-attaque vers le Nord du Mali est une
véritable "success story".
L'audace a été la caractéristique majeure de la reprise
de l'initiative. Cette audace prend forme au plus haut niveau, politique et
stratégique. La reconquête du nord sonnait comme un défi que les états-majors
impliqués ont relevé dès les premières heures. Ainsi toutes les hypothèses ont
été étudiées et retenir le mode d'action combiné, à priori osé, parachutage et raid blindé s'est avéré adapté
au théâtre et à l'adversaire. Le tempo mis par les djihadistes a été inversé.
Les troupes françaises conjointement avec les troupes maliennes ont relancé
l'action vers le nord du pays en moins d'une semaine. La prise de risque était
selon toute vraisemblance calculée pour éviter le syndrome Arnheim. La volonté
politique clairement affichée est venue appuyer les plans échafaudés en
quelques jours par l'état-major des armées.
Ces choses étant posées, le succès appartient ensuite aux
troupes engagées. La clé de la réussite vient essentiellement de la réalisation
tactique des plans d'opérations.
C'est dans ce domaine que l'expérience afghane vient
appuyer efficacement les plans. En effet, la majorité des unités engagées
étaient passées par le tamis de la Kapisa. Que ce soient le 2ème REP, le 1er RCP ou
le 16ème BC renforcés de leurs interarmes, ces unités avaient peu de temps
auparavant pris les réflexes du combat à tous les niveaux, du chef à
l'exécutant. Bien entendu, de jeunes soldats et de jeunes chefs se trouvaient
dans les rangs. Mais ils bénéficiaient de l'expérience des plus anciens et des
retours d'expérience disséminés depuis plusieurs années dans les rangs des
armées.
Les fondamentaux du combat interarmes se sont révélés
précieux et bien assimilés. Les bataillons déployés au sol ont intégré sans
délai les capacités génie, artillerie et surtout les appuis par la troisième
dimension. On peut aussi ajouter que le passage d'un grand nombre de soldats,
terriens et aviateurs, au Tchad donnaient un vernis utile sur le combat en zone
désertique.
Quoi qu'il en soit, la reprise de Gao et le contrôle de
la ville, notamment par le 16ème BC faisaient appel aux savoir-faire du combat
en localité. Ceux-ci, travaillés dans le remarquable CENZUB et dans les combats
en vallée d'Alasaï , ont permis une neutralisation du MUJAO efficace et
durable. L'adversaire n'a pu que se replier et a dû se contenter d'actions
asymétriques incapables de peser contre la force. Dans l'Adrar, c'est le combat
interarmées sous toutes ses formes qui a eu raison des katibas d'AQMI et
d'Ansar Eddine. Le choix du bataillon TAP d'attaquer à pied la vallée de
l'Amététaï n'était pas seulement guidé par le manque de véhicules, c'était un
choix délibéré pour neutraliser les combattants définitivement. Ce qui montre
que la destruction physique de l'adversaire reste toujours nécessaire pour
l'emporter.
Enfin la réussite de ce combat dans l'Adrar est aussi la
résultante d'une exécution parfaite des actes élémentaires du combattant. Le
chef du GTIA TAP avait demandé à son bataillon de faire preuve de la plus
grande agressivité mais sans négliger la restitution à la lettre des actes
réflexes. Ce qui fut fait. Observer s'est avéré payant pour déceler
l'adversaire avant qu'il puisse réagir, se poster du mieux possible, se
camoufler, s'orienter, porter un message, le détail a fait la différence. Et
celle-ci s'est accrue grâce à la grande rusticité de cette infanterie qui a
conservé les savoir-faire du combat à pied. La résistance aux longues marches
sous un soleil de plomb, en portant des charges importantes a permis de
conserver l'initiative en allant réduire les postes de combat d'AQMI dans les
rochers de l'Adrar.
Les chefs quant à eux, ont appliqué les schémas les plus
classiques du combat de l'infanterie augmenté des capacités interarmes et
interarmées. La manœuvre de réduction d'une position est toujours vraie et
payante quand l'appui et la couverture sont bien en place. "Qui tient les
hauts tient les bas" est un adage toujours aussi vivant. La liste est
encore longue.
3. Capitaliser
sur ces deux opérations.
En dépit de leurs différences, Pamir et Serval, sont
aujourd'hui deux actions de référence pour les Armées et doivent servir à
tracer le chemin qui maintiendra notre capacité de vaincre intacte. Le fait que
les théâtres soient physiquement différents, que l'adversaire ne combatte pas
exactement de la même façon et que les moyens consentis ne soient pas les mêmes
peut permettre de définir les constantes. A ce prix, un entraînement efficace
du combattant pourra prolonger longtemps les leçons parfois durement apprises
au combat.
La base reste un entrainement réaliste fondé sur
l'acquisition des réflexes individuels à tous les niveaux. Pour le grenadier
voltigeur, le pilote d'engin ou le servant de mortier, il s'agit
essentiellement de la maîtrise parfaite de ses armes ou matériels. Pour les chefs
ce sera la connaissance fine des schémas tactiques simples et efficaces. Une
telle appropriation n'est pas franchement demandeuse en moyens alors qu'elle
est coûteuse en temps. Il faut remettre cent fois l'ouvrage sur le métier. Au
combat ce sont les réflexes qui reviennent. On enfonce là une porte ouverte
mais le quotidien des forces est trop souvent consacré à des tâches annexes
sans beaucoup de rapport avec la finalité d'une unité combattante, quelle que
soit son arme.
La rusticité et l'endurance doivent utilement venir
compléter ce tableau. Aujourd'hui un soldat porte sur lui un gilet pare-balles,
des munitions et de l'eau pour un total de 40 kilos. Il faut reproduire ce
poids à l'entraînement. Et étant entendu que le fantassin termine immanquablement
son combat à pied, parfois sur de longues distances, la marche doit rester au
centre de l'entrainement.
Tout ceci est aisément faisable lors des périodes de
préparation opérationnelle. La simulation ne permettra pas de s'aguerrir, la
marche avec charge lourde, oui.
Partant de cet entrainement recentré sur des
fondamentaux, la culture du "toujours prêt" doit compléter ce
tableau. Et être prêt ne signifie pas simplement avoir bénéficié d'une mise en
condition pour projection. Serval prouve bien que l'action est imprévisible. Il
faut donc développer chez les chefs l'envie d'avoir une troupe maîtrisant en
permanence les fondamentaux du combat. Cette envie doit toujours se traduire
par l'exécution quotidienne des actes réflexes. Le corolaire de cet état de préparation
est la capacité à se considérer de guépard toute l'année. Le réalisme pousse
vers cette conclusion. Toutes les unités désignées pour Serval n'étaient pas
d'alerte et celles qui ont répondu présent sur très court préavis n'avaient pas
le droit d'être prises au dépourvu que ce soit tactiquement, logistiquement et
moralement. A ce titre, les cycles de
vie de l'armée de terre peuvent être trompeurs. Etre de "préparation
opérationnelle 1 ou 2" ne signifie pas que l'on n’aura pas besoin d'une
unité supplémentaire pour faire face à une menace. Encore une fois, la réactivité est un état
d'esprit.
Le format des Armées aujourd'hui laisse penser que tout
le monde est d'alerte permanente et doit donc se maintenir au meilleur niveau
de combativité. C'est la plus grande leçon que l'on peut retenir de Serval en
tant que prolongement de Pamir. "
Erreur. C'est le 92e RI qui a connu un beau succès au Mali. Ajoutons également le 21e RIMa ainsi que le 2e RIMa
RépondreSupprimerAu risque de paraitre excessivement négatif, ce qui pourrait ne pas être entièrement faux, je ne partage pas un certain nombre des éléments de cette analyse.
RépondreSupprimerLe premier point sur lequel je souhaiterai revenir est celui de notre supériorité tactique en Kapisa. D'une part nous n'avons pas toujours, loin de là, pris le dessus sur les insurgés, nous contentant souvent d'un retour (repli) plus ou moins ordonné vers la base. D'autre part nous n'avons que rarement eu l'initiative du combat, quoi que l'on en dise, et encore moins de sa conclusion. L'impossibilité de tenir le terrain par manque d'effectifs, la rareté des axes et la dureté du terrain, sa complexité aussi, les règles d'engagement ont largement joué et les soldats n'ont pas démérité, conservant un allant remarquable dans les phases les plus dures. Il n'en demeure pas moins que nous étions également trop lourds pour réellement manœuvrer l'ennemi sur un terrain aussi contraignant: lourds car cuirassés (protections balistiques et dotation à 50kg par 50 degrés), lourds car devant nous déployer depuis des bases aux accès peu nombreux avec tous nos moyens, face à des combattants légers, intrépides, manœuvriers, et d'autant plus qu'ils craignent moins la mort, tirant profit de leur connaissance du terrain et de nos règles d'engagement. Lourds aussi d'un étroit contrôle par les états-majors parisiens... Les deux véritables apports de ce conflit auront bien été, comme vous le soulignez, la réappropriation du combat interarmes et des appuis, ainsi que celle des fondamentaux techniques, physiques et moraux du combattant. Aurais-t-on pu faire mieux? Surement, mais vraisemblablement pas de façon significative avec les mêmes moyens engagés.
Au Mali, si l'audace stratégique doit être soulignée, la portée (retex) de la victoire tactique doit être relativisée. Une fois l'assaut brisé, pour l'essentiel par des frappes hélicoptères et chasseurs dans des circonstances qui laissaient rapidement peu de place au doute, la disproportion des forces était flagrante. Sans remettre aucunement en question là non plus le courage des combattants qui sont montés à l'assaut dans des conditions extrêmement dures, le sort des combats n'a jamais été incertain. Les procédés tactiques ont été déroulés de façon presque école face à un adversaire qui ne pouvait que mourir bravement (ce qu'il a d'ailleurs fait). Il y a eu des pertes, des combats violents pour ceux qui les ont livrés, mais jamais la question du vainqueur ne s'est posée (en limitant le raisonnement à la reconquête militaire). On peut aussi s'interroger sur le port systématique et permanent de protections balistiques, parfois bien anciennes, par tous les personnels. Certes la notion de front demeure assez inadaptée à ces conflits, néanmoins on peut s'interroger sur la dépendance qu'elle me semble révéler... Là encore les qualités des soldats ont été mises en évidence, l'audace stratégique et tactique de certains chefs aussi (la frilosité médiatique au détour d'un foulard trop agressif aussi), la qualité de bien des matériels mise en évidence, mais la disproportion des forces doit être gardée à l'esprit à l'heure de tirer les enseignements de ce conflit, ainsi que les limites constatées.
Soyons conscients des succès, mais sachons les mettre en perspective...
J'ai lu avec intérêt votre commentaire.
SupprimerEn effet, il faut relativiser un certain nombre de facteurs. Ceux que vous mettez en évidence en Afghanistan sont vrais mais j'écris bien que nous avons remporté des micro-victoires tactiques. Les troupes françaises rentraient sur leurs bases en fin d'action mais pas avant d'avoir atteint leurs objectifs. Concernant le contrôle du milieu, les effectifs consentis et la physionomie des vallée permettaient difficilement de faire mieux pour les Français en revanche les forces de sécurité afghanes devaient prolonger les actions. Et là effectivement le bât blesse. Rappelons que cette guerre était aussi celle des Afghans qui avaient choisi le pouvoir légal. Je ne dirai pas que le combat était perdu d'avance mais il s'en faut de peu.
Concernant le Mali, selon moi, la victoire n'allait pas de soi. L'étendue du territoire et la relative faiblesse quantitative de nos moyens de renseignement ont largement dispersé notre effort et le succès dans l'Adrar n'était pas acquis d'avance. Il est certain qu'AQMI, en acceptant un combat frontal, a commis une lourde erreur puisqu'il a permis une concentration des efforts en un point où notre supériorité s'est manifestée. Une tactique insurrectionnelle aurait été bien plus difficile à juguler. Et la disproportion des forces n'aurait pas été aussi profitable (je renvoie à l'Aghanistan où la disproportion des forces est vraie aussi mais avec des fortunes moins bonnes).
Enfin sur le problème de l'alourdissement du combattant, certes nous sommes moins rapides et agiles mais les protections sauvent des vies (j'ai des cas très précis) et allégeant ainsi les pertes, elles prolongent la mission en la gardant acceptable par l'opinion publique. Ajoutons également que ce poids est une constante, un légionnaire romain portait déjà 45 kg (certes pour un armement moins performant mais à comparer à éqoque égale). La légèreté de nos adversaires les empêchent aussi de mener des actions dans la durée et contre un ennemi blindé.
Cordialement
Sébastien Chênebeau
Halte au GAG! Nous avons, artillerie, blindés,Aviation
Supprimer,hélicopteres,moyens d'observation,C4ISR , logistique....En face des "paysans" équipés uniquement d'ALI et fanatisés ou politisés. Et nous trouvons encore la force de nous glorifier, de louer notre bravoure et notre audace..! Mais de qui se fout on? Heureusement que nous "gagnons". Quand aux "sacrifices" de nos militaires. Ils se sont engagés, et ce n'était pas pour faire facteur que je sache!
Bonjour, et merci de bien avoir voulu prendre la peine de répondre à mes quelques remarques à votre article.
SupprimerJe maintiens néanmoins mes principales remarques.
Tout d'abord en Afghanistan nous sommes loin d'avoir eu le dessus sur les confrontations micro tactiques et nombre de missions n'ont pas été menées à terme. Certes la certitude de ne pas pouvoir exploiter un succès en tenant le terrain ensuite a joué dans ces décisions, tout comme la pression politique. Il n'en demeure pas moins que nos sections n'ont pas été en mesure de menacer l'emprise insurgée et que ces derniers ont la plupart du temps eu l'initiative, critère d'appréciation assez décisif.
Je vous rejoins sur la problématique des forces de sécurité afghane. Là aussi il faudrait cependant mettre en évidence les erreurs de la coalition, qui ne s'est intéressé à leur développement que très (trop) tardivement.
Pour ce qui est du Mali je suis d'accord avec vous, l'agressivité et l'audace stratégique et opérative a permis de réaliser une campagne militaire remarquablement efficace. Les leçons à tirer des combats frontaux et des nettoyages des localités, avec des rapports de force disproportionnés, doivent cependant prendre en compte cette asymétrie exacerbée.
Pour ce qui est de l'alourdissement, sa systématisation nuit selon moi à la manœuvre, à la logistique et à l'esprit combattant. Il faut savoir se protéger, il faut aussi savoir être léger et manœuvrier (ce que répètent tous nos règlements, oubliés à chaque occasion). Et de nombreux exemples montrent que légèreté ne signifie pas impossibilité de durer, ni même d'affronter des blindés... Enfin, pour conclure, mon opinion est que l'opinion publique est parfaitement à même, par désintérêt ou sens de l'intérêt national, d'accepter des pertes lors d'un conflit explicitement assumé par l'autorité politique. Les pertes "massives" subies ces dernières années n'ont jamais entrainé une réaction politique d'une réelle importance. A mon sens il s'agit là d'une crainte jamais démontrée dans des conflits qui demeurent très limités au final (la population directement touchée demeure très faible).
Je reçois la pondération (lucidité?) de cet anonyme dont aucun n'oserait qualifier de cassandre.
SupprimerPour appuyer son propos, je citerai les contrôles opérationnels effectués par les SGTIA dans les centres d'entrainement.
Les rotations dites "asymétriques" en centre d'entrainement se "passent" bien. Les moyens mis en oeuvre sont impressionnant (interarmées avec la chasse, interarmes avec ALAT, drones, ART etc.). L'OPFOR étant numériquement plus faible et "dépouillée" de ses matériels lourds, ces confrontations tournent facilement à l'avantage des "bleus".
En revanche, dès lors que l'on revient à une évaluation symétrique voire dyssémétrique face à une OPFOR mécanisée, la donne change radicalement.
Les savoir-faire semblent peu connus, pas maitrisés dans ce type de confrontation.
Je rejoins donc notre cher aninyme en écrivant qu'il ne vaut certes pas bouder ces victoires qui, me semblent tils sont avant tout opératives (même pas stratégiques. Attendons quelques années pour juger), tout en sachant les resituer dans leur contexte.
Pour finir, une réflexion lue sur ce blog mais qui me parait tellement pertinente.
L'armée française de 1870 avait une expérience du combat beaucoup plus importante que celle des Prussiens (guerre coloniales oblige).
Néanmoins, dans le cadre d'un conflit européen, l'armée française s'est retrouvée à bien des égards bien distancée par une armée qui avait fait moins le coups de feu.
Un article qui parait intéressant mais gâché par une approche infanterie centrée!
RépondreSupprimerPratiquement rien sur l'ALAT et rien sur la cavalerie. L'apport du canon de 105mm des 10RCR a été apprécié par nos camarades fantassins aussi bien en Afghanistan qu'au Mali. L'ERC90 Sagaie a joué un rôle majeur en Côte d'Ivoire. Un des GTIA au Mali était commandé par le 1er RIMa, régiment blindé sur 10RCR. Enfin rien sur l'ALAT qui, entre la Libye, l'Afghanistan, la Côte d'Ivoire et encore au Mali a encore démontré son apport indéniable.
C'est donc ridicule de croire ou laisser croire que l'infanterie fait tout!
PS : j'ai servi dans l'infanterie!
Je prie les Gaulois de bien vouloir m'excuser pour cette confusion dans les unités. Il s'agit bien du 92ème RI. Il est vrai qu'il y avait de très nombreuses unités au Mali, des cavaliers, des hélicoptères et bien d'autres qui ont tous pris leur part dans le succès.
RépondreSupprimerSébastien Chênebeau
Mon colonel,
RépondreSupprimerSi rusticité et combativité méritent de retrouver leurs lettres de noblesse (notamment parce que rusticité rime selon moi avec adaptabilité, mais c'est un autre débat) il y a un travers dans lequel il faut éviter de tomber : reproduire à l'entrainement des charges de 40-50 kg risque de casser et dégouter les gars.
On pourrait aussi s’interroger sur la lourdeur du matériel employé ainsi que son inefficacité. Mais c'est encore un autre débat..
Guillaume, un réserviste à l'ancre d'or.
« Tout ceci est aisément faisable lors des périodes de préparation opérationnelle. La simulation ne permettra pas de s'aguerrir, la marche avec charge lourde, oui. »
RépondreSupprimerJ’aimerais, humblement, sensibiliser les lecteurs de ce blog sur le sens des mots « aisément faisable » dans les corps de troupes, en 2013. Tout d’abord, pour organiser une simple marche d’aguerrissement, il vous faudra :
- Des personnels aux VSA à jour (2 à 4 mois d’attente en moyenne), qui ne soient pas en PATC, ni en reconversion et qui ne soient pas punis (les levées d’écrou n’existent plus).
- Des VHL, pour la mise en place mais aussi pour la sécurité (cf. DM600)
o H1 : uniquement de la gamme tactique, commande à faire généralement 8 jours en avance auprès du BML (PEGP oblige) accordée si les dits véhicules sont sortis des ateliers ou n’ont pas été réservés pour une mission prioritaire (garde au dépôt de munitions, piquet d’honneur, EPHAISTOS…).
A 8 PAX par PL (IM 2000) il vous en faudra quelques-uns.
o H2 : Avoir recours aux VGC et autres bus : si SILLAGE fonctionne, si votre demande a été émise il y a 15 jours, si le GSBdD daigne vous accorder un conducteur TC et le bus qui roule avec.
- Des armes, de ce côté-là : RAS, il y en a à revendre. Elles ont toutes entre 40 et 60 ans mais elles sont là. Vous aviez prévu votre marche en terrain libre ? Evidemment, puisque que les camps nationaux se réservent 6 mois en avance. Ça tombe bien, vous n’aurez donc pas besoin de munitions à blanc, donc pas de commande GTSMII (6 semaines de délais) et pas besoin de BTB (60 / UE).
- De quoi nourrir vos soldats ? ce sera donc des RICR hallal puisqu’on ne vous laissera pas le choix. Celles perçues lors du dernier CME, puisque comme pour les VHL, il fallait passer la commande SILLAGE, il y a 15 jours, ou bien casse-dalle perso.
- Une NDS signée du BOI, délais 3 jours si on a de la chance. Ne pas oublier, bien évidemment, le compte-rendu d’activité à rédiger, dès le retour et ne surtout pas dépasser 36H, sinon il faudra verser des ISC (à moins que l’activité ait été budgétisée sur SIPREFOR au plus tard en septembre de l’année N-1).
- Si vous passer par le BOI, pensez aux cartes TOTAL et autoroute, car vos PL sont interdits sur la plupart des RD. Avec de la chance vous trouverez, peut être une carte IGN de moins de 20 ans…
- Terrain libre… terrain libre ? Avez-vous pensé à prévenir les maires des communes traversées ? C’est vrai, ça n’est pas nécessaire pour un volume inférieure à l’UE, mais faites-le quand même… Nos charmants agriculteurs, ayant la fâcheuse habitude d’accueillir les gentils bidasses à coup de pétoires.
Une fois, toutes ces conditions réunies, et si la préfecture n’a pas instauré une barrière de dégel entretemps, vous pourrez partir avec votre troupe marcher avec des sacs bien chargés, mais bon, avec le brassard réfléchissant sur le bras et une P4 en serre-fil. Le franchissement de nuit ? Oubliez, ça gonflait le médecin du CMA de sécher la nuit entière sur la rive (DM600 encore elle…) et puis les flotteurs 6 hommes sont tous percés et en attente de rustines.
Las, exténué, mais fier du devoir accompli à la tête de vos chiens de guerre, vous n’avez plus qu’à remplir à la main les livrets d’instruction de chacun de vos hommes. Eux, ils filent repasser leurs treillis de défilé, le guépard a été déclenché, ils remplacent demain la 2ème CIE au PAF et à l’EIG…
Veuillez me pardonner, pour le soupçon de mauvaise fois derrière cette énumération, mais il paraît parfois presque plus facile de gagner des guerres que de s'y préparer.
Excellent! Mais tellement vrai...
Supprimerle reportage d'envoyé special sur le mali prouve bien ce que vous avez dit.
RépondreSupprimerc'est l'infanterie qui fini le travail sur le terrain, aidé des moyens de soutiens.