jeudi 26 novembre 2015

Bombarder et espérer, très fort


Je faisais partie de ceux qui estimaient que l’engagement de la France contre l’Etat islamique en septembre 2014 n’était non seulement pas nécessaire mais qu’il était même dangereux. L’EI existait sous ce nom depuis 2006 avec comme matrice l’organisation d’Abou Moussab al-Zarquaoui créée en 2003 après l’invasion de l’Irak par les Américains et leurs alliés. L’Etat islamique faisait alors régner la terreur dans Bagdad et dans de nombreuses provinces du pays. L’Irak menaçait de s'effondrer, entraînant l’ensemble de la région dans le trouble. A cette époque, la France, qui avait refusé de participer à la coalition, n’envisageait en aucune façon de faire la guerre à cette organisation. L’Etat islamique en Irak ne faisait guère la une des journaux et nos dirigeants ne l’évoquaient jamais. Nous voici maintenant en guerre contre lui et c’est lui qui gagne, pour l’instant.

Comment mener une opération militaire sans envisager sérieusement sa réussite

En 2014, les mêmes qui se taisaient sont soudainement devenus horrifiés par ces « égorgeurs de Daesh », dont on semblait alors découvrir l’existence. Il est vrai qu’à la suite d’une politique du gouvernement de Bagdad assez proche de celle de Damas, l’Etat islamique, qui avait bien failli mourir, renaissait de ses cendres. Il obtenait même des succès spectaculaires face à d’autres mouvements rebelles syriens et surtout face à une armée irakienne en papier. Il est vrai aussi qu’à la différence des autres milices locales ou du régime de Damas et reprenant le principe des exécutions filmées de Zarquaoui avec des moyens plus sophistiqués, l’EI filmait l’odieux pour l’« édification des masses » locales et la terreur des ennemis.  Il est vrai enfin que l’EI s’en prenait aussi à des citoyens américains obligeant le Président des Etats-Unis à réagir. Celui-ci organisait alors une nouvelle coalition et engageait une opération militaire en fonction sa marge de manœuvre politique interne. Cette dernière étant réduite, l’opération reposait sur des fondements faibles.

Le premier était que l’idée que l’Irak était encore un véritable Etat disposant d’une véritable armée qu’il suffirait d’aider par des conseils, un peu d’équipements et des appuis aériens pour venir à bout d’un groupe de bandits. La réalité est que cet Etat était surtout une alliance de partis et de leaders chiites accaparant le pouvoir et faisant plus confiance aux gardes rapprochées ou aux milices qu’à cette armée créée par les Américains. Cette armée suspecte, résultat de quatre ans d’efforts et d’une dépense plusieurs dizaines de milliards de dollars, avait été rapidement vidée de sa substance après le départ de ses créateurs. Au-delà des quelques unités conservées et choyées à Bagdad autour de la personne du Premier ministre Maliki, les divisions installées dans les provinces sunnites sont alors devenues aussi faibles qu’insupportables aux populations locales. En juin 2014, la fuite piteuse devant les forces de Daesh et de ses alliés consacrait l’effondrement de cette armée creuse. Restaient les milices chiites, plus motivées, aptes à défendre Bagdad et les provinces du sud mais pas à reconquérir le Tigre et l’Euphrate. 

La reprise de la ville de Tikrit en mars 2015 est, à ce jour, leur seul véritable succès, acquis avec un important appui des Iraniens au sol et des Etats-Unis dans les airs, et il témoigne finalement surtout de la difficulté de l’entreprise. Il est possible que cela évolue et que la milice Badr notamment soit désormais un peu plus capable de porter l’offensive. Dans tous les cas, et comme les exactions qui ont suivi la prise de Tikrit l’ont également montré, ces groupes sont peu légitimes à occuper l’espace sunnite. Quant à reconstituer une « nouvelle nouvelle » armée irakienne sous l’égide américaine, on ne voit pas très bien ce qu’elle aurait de plus, dans un contexte politique inchangé, qui lui permettrait de survivre plus longtemps que les deux précédentes. A l’été 2014, l’EI s’est attaqué au Kurdistan syrien et au Kurdistan irakien, ce dernier jusque-là plutôt un allié qui avait aidé à la prise de Mossoul et profité de l’occasion pour s’emparer du pétrole de Kirkouk. La coalition a trouvé là deux autres alliés locaux, militairement plus efficaces mais tout aussi peu légitimes que les Chiites à agir et surtout rester dans les provinces arabes sunnites. Au bilan, lorsque la très mal nommée opération Détermination absolue a été déclenchée, il n’y avait personne qui soit capable à horizon visible de venir, même conseillé, équipé et appuyé par les airs, planter un drapeau sur Raqqa ou Mossoul, condition pourtant nécessaire (mais non suffisante) de vaincre l’Etat islamique. Cela tout le monde le savait.

Restaient alors les frappes aériennes, second fondement faible. Des frappes peuvent s’effectuer en appui rapproché de troupes au sol ou seules sur l’ensemble du dispositif ennemi. Or les frappes de la coalition américaine ne sont réalisées, hormis quelques drones armés, que par des bombardiers ou des chasseurs-bombardiers. La première raison de cette restriction vient d’abord du peu de risques de ce mode opératoire pour les hommes engagés, eu égard aux moyens antiaériens limités des organisations rebelles. La raison principale est cependant qu’à partir du moment où l’US Army n’est pas engagée (y compris avec des hélicoptères d’attaque), cela n’est pas vraiment considéré comme une guerre pour les Etats-Unis et ne justifie donc pas d’un vote du Congrès. Le problème est que des bombardiers ou des chasseurs-bombardiers ne sont pas forcément les moyens les plus efficients pour appuyer les troupes au sol. Ces moyens lourds sont plus indiqués pour frapper des cibles importantes et peu mobiles que des cibles petites et multiples sur la ligne de contact. Comme les avions sont également coûteux et donc rares (il faut compter sur une moyenne de seulement 20 à 30 frappes par jour au total pour la Coalition sur un théâtre grand comme la Grande-Bretagne), il faut de plus les partager entre les frappes au contact et en profondeur, ce qui réduit encore l’efficacité dans chacune de ces missions. Les drones armés et surtout les hélicoptères ou les avions spécialisés dans l’appui, par leur capacité à rester longtemps sur une zone et à mitrailler sont bien plus efficaces pour l’appui rapproché. Leur emploi permet de plus d’employer de dégager les chasseurs-bombardiers pour les employer plus en profondeur. Comme l’avait prouvé le changement survenu à l’été 2011 avec l’intervention du groupement d’hélicoptères français en Libye, cette complémentarité permet de multiplier grandement l’efficacité globale de l’action.

En l’absence d’offensive au sol, on peut malgré tout concevoir de compter sur les seuls moyens aériens pour obtenir un effet sur l’ennemi. On peut espérer l’amener à négocier ou au moins à modifier son comportement, comme après les campagnes israéliennes contre le Hezbollah et le Hamas ou encore celle des Américains contre l’armée du Mahdi à Sadr-City en 2008. On ne peut pas cependant espérer le détruire par ce seul moyen car cela n’est jamais arrivé. On n’a même jamais réussi à approcher vraiment de cette destruction, surtout face à des organisations armées qui savent parfaitement tirer parti du milieu humain et/ou physique pour se protéger. Par le retranchement voire l’enfouissement, le camouflage, l’imbrication avec la population, l’emploi de véhicules civils, la dispersion et la mobilité, on peut en effet développer assez facilement une forme de « furtivité terrestre » privant l’ennemi aérien de belles cibles (ou au contraire en le saturant de toutes petites cibles). Ces méthodes, en particulier la dispersion, rendent vulnérables à une attaque terrestre concentrée et résolue mais s’il n’en est pas question cela ne pose pas de problème. 

Encore une fois, la complémentarité des moyens rend les choses beaucoup plus efficaces (une offensive terrestre oblige l’ennemi à se concentrer pour y faire face ce qui le rend plus vulnérable aux frappes, une campagne de frappes oblige l’ennemi à se disperser ce qui le rend plus vulnérable aux attaques terrestres). Qui plus est, si à court terme les campagnes aériennes « pures » peuvent amener l’ennemi à négocier, à plus long terme, par leur impact sur la population locale souvent habilement instrumentalisé, elles contribuent plutôt au renforcement des organisations qu’elles visent. Dans le cas de la lutte contre l’Etat islamique, comme il n’est pas question de négociation, l’intérêt de la campagne aérienne seule est donc très problématique.

Par raisonnement inductif (une série de mêmes causes produisant toujours les mêmes effets) on pouvait donc facilement prédire que cette opération serait assez stérile. Les raisonnements inductifs peuvent être mis en défaut par des phénomènes de rupture, nous y reviendrons, mais pour l’instant tout s’est passé comme prévu. Les 8 300 frappes aériennes de la Coalition ont permis d’aider les troupes irakiennes et surtout les Kurdes irakiens ou syriens à obtenir quelques succès locaux. Elles ont permis d’exercer une pression forte et de détruire plusieurs milliers d’objectifs matériels et de tuer des milliers de combattants (au coût moyen de 200 000 euros par homme, soit la solde mensuelle d’un bataillon local au complet). Il n’y a pourtant là, au bout de quatorze mois de guerre, rien de décisif. L’EI occupe de fait tout l’espace géographique qu’il pouvait occuper dans l’espace sunnite syro-irakien et la campagne fait, comme d’habitude, aussi office de sergent-recruteur sur place ou à l’étranger.

Partis en guerre avec une grosse fleur sur un petit fusil

C’est dans ce contexte politique et militaire que la France, redevenue pleinement atlantiste, a découvert cette fois l’existence de l’Etat islamique et décidé de lui déclarer la guerre en rejoignant cette fois la nouvelle coalition dirigée par les Américains. A cette époque, l’Etat islamique, s’il avait pris des otages, n’avait encore jamais tué de Français. Il n’est évidemment pas dit qu’il ne l’aurait pas fait un jour. Pour son histoire dans la région, pour ce qu’elle est et pour ce qu’elle fait contre le djihadisme au Sahel, la France est forcément un ennemi pour Daesh et ses volontaires venus de France sont à la fois motivés et bien utiles pour y organiser des attaques. En l’occurrence, ce n’était pas encore le cas et alors que la France était déjà engagée contre le djihadisme d’origine algérienne et contre Al Qaïda, qu’elle manquait déjà de moyens de moyens pour son combat dans la zone très instable du Sahel et que, justement, elle était particulièrement vulnérable par la multitude des traîtres et les faiblesses de son dispositif de sécurité intérieure, le minimum de cohérence sinon de prudence stratégique incitait de ne pas ajouter un nouveau front. A tout le moins, il aurait fallu se donner plus de moyens d’agir au lieu de continuer à les réduire et annoncer aux Français que le prix à payer serait important pour une issue très difficile à estimer.

On y est allé quand même et en appliquant strictement la manière américaine avec nos équipes de conseillers sur le terrain et nos douze avions de combat, parfois renforcés de l’aviation embarquée du Charles de Gaulle. Au-delà des actions tactiques parfaitement maîtrisées, il n’y avait évidemment là rien de quoi qui puisse permettre à la France d’atteindre un effet stratégique, hormis être là. A ce jour, après quatorze mois de guerre (car, rappelons-le, il s’agit évidemment d’une guerre à partir du moment où il y a affrontement politique violent), la France a réalisé 300 frappes soit environ 4 % du total de la coalition au sein d’une opération, on l'a vu, globalement peu décisive. Si on applique les estimations du Pentagone sur l’efficacité de l’ensemble de la campagne de la coalition, on peut donc estimer que nous  Français avons tué entre 400  et 600 combattants ennemis, soit un peu moins de 1 % du total des effectifs armés de Daesh, sachant que ces hommes ont pu être remplacés. Très clairement, l’intention annoncée de détruire Daesh n’était pas très sérieuse mais on pouvait se vanter d’être le deuxième contributeur de la coalition et donc de pouvoir « peser» un peu dans ses décisions (notre objectif premier dans les opérations multinationales). Au bout d’un an, on s’empressait de frapper aussi en Syrie pour pouvoir parler avec plus de force, croyait-on là-aussi, à l’Assemblée générale de Nations-Unies. Nous étions partis en guerre la fleur au fusil, grosse fleur et petit fusil.

Il est toujours délicat de jouer les gros bras quand on n’a plus de bras et il est singulier de constater que notre si ferme ministre des affaires étrangères est le même qui, vingt-cinq ans plus tôt, réclamait de toucher les « dividendes de la paix », autrement dit de réduire l’effort de défense, et même globalement de sécurité, pour faire quelques économies de court terme. On l’a dit et il ne faut pas cesser de le répéter, si on avait simplement poursuivi le même effort qu’en 1990 (qui n’était pas jugé écrasant à l’époque, autant que je me souvienne), ce serait très exactement 114,7 milliards d’euros au lieu de 58 qui seraient dépensés chaque année pour nos forces armées, nos forces de police et de gendarmerie, le renseignement intérieur et extérieur, les prisons, la justice et la diplomatie. Quelque chose me dit que les choses ne seraient pas tout à fait ce qu’elles sont, que notre sécurité intérieure serait peut-être mieux assurée et qu’au front nous aurions un peu plus de moyens pour peser non pas au sein de la coalition mais sur l’ennemi.

On avait sans doute oublié, car ce n’était plus arrivé depuis longtemps (raisonnement stratégique inductif), que cet ennemi peut aussi ne pas se laisser faire et frapper à son tour durement ceux qui le frappent y compris sur le sol métropolitain. En termes d’effets stratégiques, l’Etat islamique est pour l’instant gagnant. Il nous a plus terrorisé que nous ne l’avons terrorisé et peut espérer nous diviser et capitaliser sur ces divisions bien plus que avec nos 300 frappes en un an. Encore une fois, tout cela était parfaitement prévisible.

Nous voici donc maintenant coincés entre un humiliant retrait à la manière de la fuite de Beyrouth en 1984 et une extension du domaine de la lutte, avec des moyens militaires à la fois réduits par notre politique de défense et dispersés dans les rues des villes de France, les sables du Sahara et ceux du Levant, sans parler de déploiements toujours en cours de stabilisation et d’interposition. A force d’être partout on n’est vraiment nulle part. On reste tactiquement forts car nos soldats sont bons mais stratégiquement faibles car, visiblement, les décideurs qui les emploient et les déploient le sont moins.

Le repli humiliant, je ne veux même pas l’évoquer tant les conséquences en seraient désastreuses. Cela n’est pas sérieusement envisagé pour l’instant, le désir de vengeance est encore trop fort et le coût de l’engagement militaire encore trop faible, et on notera le progrès en la matière par rapport aux « années Mitterand », la honte de ma génération de soldats. Ne reste que l’hypothèse de la victoire et là les choses sont complexes.

Rappelons d’abord que dans cette guerre, il faut bien distinguer ce qui relève du front, le combat extérieur, et de l’« arrière », le territoire français. Dans la zone de l’ « arrière », qui relève de l’action de police, les choses bougent. Espérons qu’on ira jusqu’au bout des réformes nécessaires et qu’on éliminera enfin les sources de collaboration avec l’ennemi. N’étant pas spécialiste de sécurité intérieure, je n’en dirai pas plus. Sur la ligne de front syro-irakienne (qui, rappelons-le, n’est pas la seule), les options sont limitées.

World War S

Reprenons les débats en cours. Pour certains, souvent admirateurs de Vladimir Poutine, tous les groupes rebelles arabes sunnites présents en Syrie sont désormais tous radicaux, salafistes, frèristes ou djihadistes, et donc tous ennemis, actuels ou potentiels de la France. Il faut donc, selon eux, s’accorder sur la ligne de Bachar el-Assad et de la Russie considérant que ce sont tous des « terroristes » et les combattre.

Il convient de rappeler les limites opérationnelles de cette vision. Outre que Bachar el-Assad a fortement aidé au développement de l’Etat islamique en Irak lors de la présence américaine, il a également aidé les groupes djihadistes lors de la guerre civile, libérant notamment en 2011 tous les extrémistes présents dans ses prisons, comme par exemple Abou Moussab al-Souri, le théoricien de l’Appel à la résistance islamique mondiale. L’Etat islamique a, comme les Kurdes du Parti démocratique mais dans une moindre mesure, constitué un excellent allié de revers combattant bien plus les groupes rebelles syriens que le régime de Damas, dont il ne faut pas oublier (puisqu'on parle à notre tour de « guerre contre le terrorisme », expression néfaste) qu’il reste de loin la plus grande organisation pratiquant actuellement le terrorisme.

Il convient de rappeler aussi que dans le combat des puissances occidentales et d’Israël depuis quinze ans contre les organisations armées de tout le grand Moyen-Orient, du Hezbollah au réseau Haqqani en passant par l’armée du Mahdi ou les brigades de la révolution de 1920, ces mêmes puissances militaires (au moins 80 % du budget militaire mondial) n’ont pas réussi à en détruire une seule. Le seul cas de réussite est justement l’étouffement de...l’Etat islamique lorsque les Américains ont cessé de voir dans les rebelles sunnites en face d’eux un simple conglomérat de terroristes et considéré qu’ils pouvaient avoir des raisons de combattre, telles que le nationalisme ou la défense de leurs droits dans un nouveau système qui les excluait, voire les opprimait. C’est ce double changement de vision politique (et un gros effort sur soi), de la part des Américains et des rebelles vis-à-vis des Américains (devenus adversaires plus respectables, et plus lucratifs, que les djihadistes), qui a permis le déblocage de la situation et sauvé, in extremis, les Américains d’un repli piteux.

Donc, quand François Fillon dit devant l’Assemblée nationale qu’il ne faut pas s’ajouter des ennemis, il a raison. Il était sans doute politiquement incongru d’adopter une position radicale vis-à-vis de Damas (ou de Téhéran) sans avoir le début des moyens de concrétiser sa fermeté, mais cela plaisait à Riyad et à Doha, nos excellents clients commerciaux (à moins que ce soit nos politiques qui soient leurs clients). Nous n’avions pas déjà les moyens d’attaquer Assad sans l’aide des Américains (qui n’ont pas hésité à nous lâcher, rappelons-nous, mais nous ne sommes visiblement pas rancuniers), c’est désormais totalement impossible ne serait-ce que les Russes le protègent désormais efficacement. S’il n’est plus question de l’attaquer, il n’est pas forcément utile en revanche d’ajouter à nos ennemis tous les groupes qu’il affronte. On s’est déjà ajouté l’Etat islamique alors que nous combattions déjà AQMI et al-Mourabitoune au Sahel, il n’est pas forcément utile d’y ajouter Ahrar al-Sham, Liwa al-Islam ou Liwa al-Tawhid, entre beaucoup d’autres, sachant encore une fois que sauf mobilisation générale, nous n’avons pas les moyens de vaincre une seule de ces organisations. Il n’est pas inutile de rappeler que la guerre des Etats-Unis contre l’ensemble des groupes rebelles irakiens sunnites, dont l’Etat islamique en Irak, et l’armée du Mahdi, a coûté dix soldats américains tués ou blessés et l’équivalent de 200 millions d’euros…chaque jour pendant cinq ans. Cet ensemble représente pourtant un ordre de grandeur sans doute inférieur à l’ensemble qualifié actuellement de « terroriste » par la Russie et Damas. Il convient de comprendre dans quoi on s’engage si on adopte cette voie. Beaucoup de groupes de la région ne nous sont pas sympathiques mais ils ne nous combattent pas et certains combattent même Daesh. Nous verrons lorsque ce ne sera plus le cas.

On peut aussi estimer que les groupes rebelles sunnites, syriens ou irakiens, et même l’Etat islamique ne sont pas nés de rien (ou d’une pulsion soudaine de détruire le monde) et ne subsistent pas sur rien. Tant que la population arabe sunnite d’Irak et de Syrie, avec la sympathie de celle des autres pays, se sentira, non sans de bonnes raisons, opprimée par les régimes de Damas et de Bagdad et bombardée par le reste du monde, la rébellion subsistera et parmi elle une tendance djihadiste forte…car justement forte. L’EI avec ses délires et son intransigeance n’est pas forcément apprécié mais il a su convaincre des tribus, des mouvements comme l’Armée des hommes de la Naqshbandiyya ou l’Armée islamique en Irak par exemple, ainsi que de nombreux individus qu’il était un bon protecteur dans cette « guerre mondiale contre les Sunnites » et même un administrateur honnête dans un océan de corruption. Bombarder l’Etat islamique, tenter de l’étouffer économiquement (mais deux-tiers de ses ressources sont locales) c’est bien mais s’attaquer aux causes de sa force, c’est encore mieux. Pendant la guerre du Rif, Abd el-Krim a été vaincu par la France par la conjonction d’une forte pression militaire (100 000 soldats déployés avec des moyens puissants) et d’une diplomatie locale visant à déconstruire les allégeances autour de lui. Il y a encore beaucoup de gens avec qui s’entendre et s’allier dans la région sans se trahir, à condition de prendre (vraiment) quelques risques avec eux et surtout ne pas passer par l’intermédiaire des monarchies du Golfe. Pour vaincre l’EI, comme les Américains en 2007, nous avons besoin des Arabes sunnites et c’est avec eux, je crois, que nous devons surtout faire alliance avant tout.

Dans la guerre en cours, on attend toujours ce qui est proposé aux Arabes sunnites, par Bagdad, Damas et même les membres de la coalition. S’intéresser aux Arabes sunnites serait certainement plus efficace que d’ajouter une croisade (les avions russes sont paraît-il bénis par les popes, ce qui fait le bonheur de tous qui soutiennent l’idée d’une agression par les Croisés) à un conflit régional entre l’axe chiite et les Arabes sunnites. Dépassons donc un peu le cubisme stratégique avec ses blocs de « il faut » (« s’allier aux Russes », « une coalition internationale », « une intervention au sol », « intensifier les frappes », « détruire le trafic de pétrole », etc.) par un peu de pointillisme s’appuyant sur la connaissance de la politique locale et des moyens de jouer dessus avec nos instruments de puissance. On a l'impression que les guerres en Afghanistan et en Irak ne nous ont rien appris.

Section Dassault

Au bilan, en excluant l’hypothèse que nous convaincrons le monde entier de nous suivre sur les rives du Tigre et de l’Euphrate (nous ne sommes pas les Américains), deux voies paraissent réalistes pour la France :

La première, que l’on peut baptiser « bombarder et espérer », consiste à simplement augmenter les doses de frappes, dans un premier temps à titre de représailles et pour montrer à tous sa détermination à poursuivre le combat, et à long terme en espérant sortir de l’induction et provoquer enfin une rupture stratégique en changeant les rapports de force. Ces ruptures, à la manière d’une avalanche, sont le résultat de dynamiques souvent peu visibles (ou plutôt peu vues). L’apparition de la guérilla sunnite en 2003, la résistance de Falloujah, la révolte mahdiste, la diffusion des images des exactions d’Abou Ghraïb, l’effondrement des forces de sécurité irakiennes créées par le département d’Etat (tout ça au cours du désastreux mois d’avril 2004), l’extension exponentielle de la guerre civile à partir de février 2006, l’échec de la sécurisation de Bagdad, la découverte que le sud afghan était tenu par les Talibans lors de l’engagement de l’ISAF à l’été 2006, voilà autant de ruptures stratégiques survenues depuis le début de la « guerre contre le terrorisme » et toutes négatives pour les forces coalisées. Hormis la capture de Saddam Hussein, en décembre 2003 qui a, avec d’autres facteurs, réduit l’ampleur de la rébellion pendant quelques mois, une seule rupture a vraiment été positive : le retournement des groupes rebelles sunnites (le mouvement du réveil-Sahwa), qui, à la fin de 2006, ont finalement décidé de s’allier aux Américains pour en finir avec l’Etat islamique.

Les ruptures possibles actuellement et leurs conséquences sont difficiles à anticiper : révolte sunnite anti-Daesh, fractionnement de l’organisation, victoire de la milice Badr sur l’Euphrate, prise de Raqqa par les Kurdes, etc. Si ces événements  ne nous sont pas favorables ou s’il ne se passe rien de nouveau, la posture sera suffisamment légère pour pouvoir se désengager après un délai décent et en disant que nous avons suffisamment puni l’ennemi. L’avantage de cette stratégie est qu’elle ne compromet pas complètement notre position au Sahel, son inconvénient est qu’elle est assez aléatoire.

La seconde, la « guerre de corsaires », consiste à élargir la panoplie de nos moyens à notre disposition pour faire mal, autrement dit et pour revenir aux effets complémentaires évoqués plus haut, engager des hélicoptères d’attaque et même des forces de raids, forces spéciales, infanterie légère, unités mécanisées, depuis la Jordanie, l’Irak, le Kurdistan irakien ou syrien (au moins la force d’une brigade renforcée). Cela implique bien sûr de faire prendre des risques à nos soldats mais dans cette guerre où, en quatorze mois, 100 % des pertes françaises sont civiles, on peut peut-être l’envisager. Quand on ne veut pas de pertes, on ne lance pas d’opérations militaires. Quand on veut gagner, on prend des risques. Des soldats tomberont et cette opération nous coûtera entre 500 millions et un milliard d’euros par an mais l’Etat islamique souffrira beaucoup plus qu’il ne le fait actuellement. Il n’y a combat dit asymétrique et résistance souvent victorieuse du « petit » sur le « fort » que tant que ce dernier craint de venir combattre sur le terrain du premier. Ces raids et ces frappes sur tout ce qui est atteignable, notamment le long de la frontière avec la Turquie dont l’étanchéité doit être un objectif premier, doivent préparer des actions plus décisives menées par les forces locales kurdes ou Arabes sunnites quitte à les recruter nous-mêmes et les intégrer dans des Légions arabes à encadrement français, à la manière par exemple de l'armée fusionnée franco-tchadienne qui a gagné la guerre de 1969-1972 ou des 120 000 « fils de l’Irak », souvent des anciens combattants ennemis, intégrés dans les rangs américains (pour 10 % du coût de la campagne aérienne actuelle), qui ont permis de chasser l’Etat islamique de Bagdad et des provinces purement sunnites. Ce sont actuellement des bataillons mixtes de ce type qui seront à la fois les plus efficaces et les plus légitimes pour planter les drapeaux à Raqqa et Deir ez-Zor, voire à Mossoul. Bien entendu, cela n’est rendu possible qu’à condition de mener une intense diplomatie locale mais aussi régionale, pour rééquilibrer un tant soit peu le contexte politique au profit des Arabes sunnites. Bien entendu aussi, si les Russes décident de s'engager vraiment contre l'EI et de cette façon, avec pourquoi pas une brigade au Kurdistan syrien, et si les Américains élargissent aussi, ne serait-ce qu’un peu, le spectre de leurs moyens (c’est déjà le cas avec l’engagement d’avions d’attaque A-10 et quelques raids de forces spéciales), les effets seront multipliés et on pourra peut-être alors parler de grande alliance.

Dans tous les cas, l’effort s’exercera sur la durée. Rappelons juste que les guerres des Etats contre des organisations armées durent en moyenne 14 ans depuis 1945. Nous en sommes déjà à vingt ans contre les avatars des GIA et nous n'en sommes pour l'instant qu'à 14 mois contre Daesh. Les conséquences de la guerre sur la société française seront sans doute aussi considérables, bien plus importantes que toutes celles que nous avons mené depuis cinquante ans. On ne pourra échapper à une remontée en puissance des moyens de l'Etat. C'est toute une idéologie et une gestion des ressources du pays à repenser, au profit de la sécurité, au détriment de l'ouverture, au profit plus largement de l'action régalienne. La guerre contre le djihadisme marque probablement la fin d'une forme de mondialisation pour la France.

64 commentaires:

  1. Brillante analyse ! On peut simplement relever deux "erreurs de tir ":
    * ''Les drones armés et surtout les hélicoptères par leur capacité à rester longtemps sur une zone'' Oui pour les drones armés, un peu moins pour les voilures tournantes qui sont dans la plupart des cas victimes de tirs d' A.L.I. (voir l'opération Serval) et surtout des stocks de ''manpads'' et autres lanceurs de missiles qui doivent traîner à bord des pick-up et qui seraient largement utilisés contre les hélicos...
    * ''On ne peut pas espérer de détruire par ce seul moyen car cela n'est jamais arrivé '' Le terme ''jamais'' est tranchant (comme la baïonnette du FAMas...) ; en effet, vous oublié l'opération Lamentin contre le Polisario en Mauritanie et puis Epervier qui, avec les troupes au sol tchadiennes, a permis de chasser les Lybiens et leurs affidés .
    Bravo pour le jeu de mot Dassault...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas voulu dire que les hélicos pouvaient rester plus longtemps mais qu'ils apportaient plus de puissance. Ce n'était donc pas clair.
      Sinon, Lamentin, très belle opération, n'a pas détruit le Polisario. Elle a permis de le frapper et de le contenir mais la fin de l'opération est survenue, autant que je me souvienne, avec un changement politique en Mauritanie et une négociation du nouveau pouvoir avec le Polisario. Sinon, pour Epervier, je suis bien d'accord mais il s'agit d'une opération aéro-terrestre et pas d'une campagne de frappes.

      Supprimer
    2. Le colonel responsable des forces de l'ALAT au cours de l'opération Harmattan en Libye en 2011, expliquait dans un exposé -qui sentait le vécu immédiat-, que les hélicos d'attaque volaient principalement de nuit. Ils avaient donc une capacité FLIR (infrarouge) complète et évoluaient à une altitude d'attaque de ... 10 mètres du sol, contrairement aux américains. Il expliquait que cela présentait deux avantages : voler de nuit rendait le tir à vue de l'infanterie ennemi plus difficile alors qu'on ne perdait rien de leur situation tactique visuelle, et voler à 10 mètres du sol permettait paradoxalement d'amoindrir les effets des "manpads", programmés par construction pour exploser à au moins 20 mètres du sol pour éviter de blesser leurs servants. Donc si ça explosait ça explosait 10 mètres au-dessus ... L'escadron d'attaque était toujours accompagné d'un hélico RESCO baptisé IMEX (Extraction Immédiate) si un équipage venait à être abattu. De fait, cette tactique présente des risques, mais personne n'a pu contrer au sol cette redoutable efficacité du combat aéroterrestre. ça passera par là.

      Supprimer
    3. Petite précision : de nuit et même de nuit sans Lune. Ils ont mené une fois une expérience avec Lune, et ne se sentaient pas du tout en sécurité.

      Enfin, une préparation d'artillerie de marine dans les axes de pénétration intervenait juste avant le passage des hélicos pour faire baisser la tête à l'ennemi.

      Inversement, le 1er jour de l'opération Serval, intervention de jour près de Mopti, même en rase-mottes : bilan 1 mort, le CBA Damien Boiteux, tué d'une balle de Kalashnikov dans l'artère fémorale aux commandes de sa "Gazelle canon" non protégée. Dans l'Adrar des Ifoghas, un Tigre a été littéralement criblé de balles (mais à pu rentrer de justesse à sa base, avec son équipage - le Tigre a été mis hors service).

      Supprimer
  2. Très bonne analyse et synthèse de la situation, personnellement je pense que nous avons au minimum un trou dans la raquette pour les 3 à 6 ans qui viennent suivant la qualification attendue ! Même nous réagissons rapidement pour rattraper 20 ans d'abandon (peut être procès à la clé ?), nous devons regrouper nos forces, renforcer nos moyens au sahel (l’Algérie minée et faible) soutenir la Tunisie, alléger et transformer sentinelle, se concentrer sur les points stratégiques, prévoir une QRF par zone de défense, et laisser la sécurité intérieure se débrouiller en mobilisant tous ses moyens en profitant de l'état d'urgence (vive la défense de surface ) et en suppriment toutes les taches de sécurité liés aux conforts sociale. Nous sommes en guerre ! Nous devons poursuivre, arrêter, tous les collaborateurs de nos ennemis surtout les idéologues, quel pays, quelle armée peut se permettre d'avoir un ennemi intérieure (5e colonne) ? Vous imaginez dès SA des SS manifestant derrières nos armées, comme si Joseph Goebbels n’était pas dangereux car il n’a pas tué de de ses mains ; des commandos djihadistes ? Ou des Einsatzgruppen Des commandos de la mort.
    Citoyens restés lucides

    RépondreSupprimer
  3. Merci pour cette communication mais je suis un peu déçu: il n'est que très peu fait mention du procès que la classe politique devrait se prendre en pleine tronche.

    RépondreSupprimer
  4. Je ne sais pas si toute votre analyse est exacte mais bravo pour votre courage.
    Vous envisagez à nouveau l’hypothèse d’une armée mercenaire pour conquérir le territoire du califat d’Al Baghdadi. Il y a t-il des exemples historiques modernes d’emploi avec succès de telles forces ?
    Je pense par exemple à « l’Armée toujours victorieuse « en Chine contre les Taiping, ou à l’armée de « l’Etat libre du Congo » dans les années 1900 ou aux « affreux » dans le même Congo des années 1960. Ces forces ont sans doute remporté des succès tactiques, non sans force exactions. Je ne crois pas qu’elles aient vraiment stabilisé la situation politique et apporté la paix aux populations (en supposant que tel est le but de guerre)
    Quand aux membres des « Sahwa » irakiens, pensez-vous qu’ils tomberont deux fois dans le même panneau ?

    ES

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pensais simplement aux "fils de l'Irak" mais il y a eu des expériences intéressantes comme la Légion arabe justement ou la fusion franco-tchadienne (avec 650 cadres Français au sein de la petite armée tchadienne) dans la guerre de 1969-1972.

      Supprimer
  5. J'aime à rappeler que la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. Cela sous-entend que des objectifs stratégiques doivent être identifiés et donc un plan d'ensemble mis sur pied. Cela fait sens pour les militaires. Nos dirigeants politiques aiment aussi à utiliser cette maxime mais surtout parce que cela leur donne le sentiment de garder le contrôle de la chose militaire, la guerre étant une affaire trop importante pour la laisser aux seuls militaires. Le problème est que si nos militaires sont bien formés pour répondre à ces questions, nos politiques, formés aux intrigues des couloirs sombres de la République, ont beaucoup plus de mal à sortir du dogme et des idées préconçues. Les annonces faites au lendemain des attentats de janvier puis de novembre ne donnent pas le sentiment de faire partie d'un projet politique.
    Le suivisme et la recherche d'une contribution anecdotique mais permettant de lutter pour les places d'honneur derrière les USA font aujourd'hui office de politique, éliminant de facto toute réflexion stratégique.

    RépondreSupprimer
  6. Entre les réfugiés et les européens qui rejoignent l'EI, plus les menaces attentats sur son sol, ce serait difficile pour l'Europe de justifier rester à l'écart en laissant faire les Etats-Unis. A moins que certains pensent que sans intervention il n'y aurait pas eu d'attentat, mais c'est faux je pense (et on ne le saura pas, sauf que l'EI nous visait déjà dans ses écrits en 2004).

    Et comme la force de frappe de l'Europe, c'est la France ( vu que les Anglais ne voulaient plus intervenir nulle part), je ne vois pas ce qu'on aurait pu faire d'autres à part rejoindre les bombardements de la coalition US.

    A moins bien sûr de considérer cyniquement que ce qui se passe en Syrie / Irak sous Daesh ne nous regarde pas. Dans ce cas là il ne fallait pas aller au Mali non plus.

    Je pense qu'il est tout à notre honneur de ne pas engager de guerre "en prévention", mais une fois qu'on est attaqué, il faut tout mettre en oeuvre pour éradique le problème.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le problème cher CliVit c'est que le problème n'est pas localisé qu'en Syrie mais qu'il y a également une guerre "interieure" . Et je ne suis pas sur qu'instaurer des imams "jureurs" permettent d'ameliorer la situation . "Eradiquer le problème" va s'averer extremement compliqué .... L'analyse du Colonel Goya est, comme souvent excellente ... : nous sommes dans une impasse , comment s'en sortir la tete haute ? Je pense que la faute incombe entierement à nos politiques qui sont d'une insigne médicocrité ... Jamais nous n'aurions dû nous retrouver en affrontement direct (je dis bien direct) avec une organisation proto-etatique salafiste du Moyen Orient

      Supprimer
    2. Mais cette organisation nous vise, et nous viserait même rien qu'avec la guerre au Mali (et même sans je suppose). Pourquoi? Parce qu'elle a aussi réussi à avoir une base solide de français acquis à sa cause.

      Donc effectivement il y a un travail à l'intérieur du pays à faire, qui ne sera pas facile parce qu'on ne peut pas non plus laver le cerveau des gens (comme à la guerre "sur le terrain", les méthodes de l'ennemi sont interdites). Et qu'on aura à faire de toute façon.



      Supprimer
  7. C'est bien gentil de faire la guerre, mais encore faut il avoir des buts, un plan pour l'après. Même en admettant qu'Isis soit vaincu, il ne saurait être question de revenir au statu-quo ante. Il va falloir prendre acte que la Syrie et l'Irak sont morts et proposer quelques chose aux populations antagonistes qui les constituaient. Il me paraît impossible de faire cohabiter de nouveau Chiites et Sunnites dans ce qui était l'Irak. Les tensions évidentes qui découlent de la proximité des Chiites des monarchies du golfe et du risque de leur absorption par l'Iran ne simplifie pas le problème. Il en va de même pour la Syrie où le destin des sunnites ne peut pas être d'être dominé par une minorité. Tant que ces aspects ne seront pas abordés d'une façon ou d'une autre, par une conférence des pays concernés sous l'égide de grandes puissances (je ne crois pas à l'ONU), je pense que la guerre ne peut pas être gagnée, ni même engagée sérieusement.

    Le Nain

    RépondreSupprimer
  8. Il y a désormais tellement d'intervenants aux intérêts variés et contradictoires dans cette guerre que je me demande comment nous pourrions obtenir la victoire. Une fois encore on paie le fait de ne plus pouvoir y aller seul avec quelques alliés locaux, on paie les sautes d'humeur d'abord des politiciens américains et mais aussi des nôtres. J'ai l'impression aussi que si l'on parvient à un quelconque résultat sur place, nous autres Français, nous auront encore travaillé pour le roi de Prusse comme on a pu le faire par le passé dans les Balkans par exemple.

    RépondreSupprimer
  9. Peut-être par manque de concentration, je n'ai pas compris ce que signifiait le "S" de world war S ?
    Salopard ? Sunnite ? Sauvages ? Salafistes ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Juste une hypothèse éventuelle, à moins que ce ne soit qu'une coïncidence, a=1, u=2, s=3, t=4...

      Supprimer
  10. D'accord sur le constat concernant l'intervention française et les limites opérationnelles de nos forces. Et puis, ne pas se faire de nouveaux ennemis, quand on n'a pas les moyens de les combattre, ça relève du bon sens.

    Toutefois, il conviendrait de ne pas oublier quand même que Ahrar al-Sham, c'est aussi le Front al-Norsa, càd la franchise régionale d'Al Qaïda en Syrie. Une fois de plus, l'Orient compliqué nous expose au risque de la schizophrénie: on combat au Sahel les frères d'armes de ceux qu'on se propose d'épargner éventuellement en Syrie.

    Pour ce qui est de l'aide explicite ou implicite apportée par le régime Syrien à l'expansion de l'EI, c'est objectivement exact, mais dans un conflit à acteurs multiples, des alliances de ciconstance ou d'opportunisme peuvent se créer, c'est bien connu. D'ailleurs, on pourrait aussi arguer du soutien bien plus clair de la Turquie à l'EI ... Frontières passoires, passages balisés pour les combattants venus d'Occident et 15 000 à 20 000 combattants de plus pour l'EI venus par Gaziantep ou d'autres villes frontières.

    S'agissant des islamistes libérés par Assad, un geste parfaitement cynique au demeurant, ils n'ont pas tous rejoint l'EI, loins s'en faut. Le Front al-Nosra (= AQ) et Ahrar al-Sham ont été bénéificiares aussi. D'ailleurs les "frères siamois" al-Suri (Abu Mussab et Abu Khalid) sont passés du côté d'Ahrar al-Sham après leur libération de Sednaya, pas du côté de l'EI. Les exemples de cadres importants du Jihad mondial qui n'ont pas rejoint le "Caliphat" ne manquent pas. Ce n'est pas pour autant que ce sont des gens raisonnables, dont l'ambition se limite au seul territoire syrien.

    S'agissant de la question de l'agenda local justement, je ne pense pas que "Jund al-Aqsa", qui faisait encore partie d'Ahrar al-Sham il y a peu, ne se laisse dicter sa conduite par qui que ce soit. Déjà qu'ils ont refusé d'affronter l'EI, on voit bien de quel côté ils penchent ... Idem pour d'autres groupes qui sont des jihadistes purs et durs, d'ailleurs assez proches de l'EI, sans pour autant y être affiliés. Très bien implantés dans le N-O de la Syrie, les Marocains de "Harakat Sham al-Islam", les Caucasiens et Techtchènes du "Jaish al Muharijeen wal Ansar" ou encore "Junud al-Sham" ne sont ni récupérables, ni raisonnables. Croire qu'un accord amiable pourrait être trouvé avec ces groupes-là, qui pèsent lourd sur le plan militaire malgré leurs effectifs réduits, serait une erreur qui pourrait être lourde de conséquences.

    Enfin, un point anecdotique mais néanmoins à relever: Abu Mussab al-Suri a commis "Da'wat al-muqawamah al-islamiyyah al-'alamiyyah" (Appel à la résistance islamique mondiale). La "Gestion de la sauvagerie" en revanche, on la doit à un autre charmant 'stratège' du Jihad, Abu Jihad al-Masri (Mohammad Hasan Khalil al-Hakim de son nom d'état civil).

    Je profite enfin de l'occasion pour vous féliciter pour l'intérêt de vos articles, que je lis régulièrement avec beaucoup d'attention.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ces précisions et corrections. Je suis d'accord avec vous. Je reste marqué par mes années à observer les militaires américaines et de la coalition s'épuiser, malgré des moyens, énormes à lutter contre toutes les organisations irakiennes. Je pense qu'il faut s'éviter cela, d'autant plus que la situation me paraît encore plus difficile qu'à l'époque.

      Supprimer
    2. Bien d'accord avec vous. Pour avoir été aux premières loges du 'Surge' américain en Irak, la réussite tactique de l'opération n'a jamais donné lieu à une victoire stratégique, faute d'issue politique offerte aux sunnites d'Irak. Les innombrables exactions commises par les supplétifs chiites dans le grand Bagdad ont joué un rôle tout aussi néfaste a cet égard que l'agenda confessionnel du gouvernement maliki.
      Soit dit en passant, les mêmes principes du 'Surge' ont d'ailleurs debouché sur un échec patent en afghanistan avec McChrystal et cela aussi devrait nous inciter a la plus grande prudence dans toute intensification des operations militaires en liaison avec des alliés locaux.
      En Syrie, il existe évidemment des groupes sur lesquels il serait possible de s'appuyer, mais compte tenu de l'enchevêtrement des allégeances et de l'infiltration des échelons intermédiaires de groupes "modérés" par des cadres d'AQ, il y aurait d'abord un gros travail d'inventaire a faire. Quand on connaît le fiasco de la "division 30" formée et armée par les américains (40 millions de dollars pour 70 types), on se dit que ça va être compliqué effectivement.

      Supprimer
    3. J'ai le souvenir d'une réunion d'échange à l'EMA en 2009 avec le général Petraeus. En fait, l'échange s'est limité à un exposé du roi David expliquant comment il avait gagné en Irak (je ne suis pas sûr qu'il ait fait mention du Sahwa) et comment "on" allait gagner en Afghanistan, en reprenant sensiblement les mêmes diapos.

      Sinon, que recommandez-vous ?

      Supprimer
    4. Je pense que vous avez bien résumé la situation en disant que ce serait compliqué. Petraeus, après son passage en Irak ou il a été célébré en sauveur (devenant le "roi David") a hérité dun autre surnom après ses frasques en Afghanistan et à la tête de la CIA: "general Betray us", ce qui en dit beaucoup sur le personnage.
      En ce qui concerne une stratégie anti-EI qui puisse être un tant soit peu efficace, je crois - en toute modestie - que nous n'arriverons jamais a rien si nous ne parvenons pas à sceller les 800 km de frontières communes entre la Turquie et la Syrie. Cela peut se faire en coordination avec les Turcs ou - au besoin - sans eux. Le "containment" est un premier pas vers le "roll back", mais encore faut-il d'abord véritablement contenir l'ennemi. Or c'est la frontière turque qui est la plus poreuse et permet à l'EI de survivre.
      Dans un second temps, ou en parallèle, une campagnes de frappes massives mais ciblées doublée si possible d'opérations et de coups de main aero-terrestres visant les centres de commandement et des leaders de l'EI me paraît incontournable. Ce harcèlement constant, même s'il n'aurait pas le potemtiel de créer une rupture stratégie, pourrait au moins inverser la dynamique d'expansion et de stabilisation de l'EI. Sous réserve que les résultats le permettent, on pourrait ensuite envisager des operations de reprise du terrain en coordination avec des alliés locaux qui opéreraient sur les bordures - mais pas dans la profondeur - des zones contrôlees par l'ennemi, coupant les voies d'accès et de réapprovisionnement en armes et combattants.
      C'est évidemment tres théorique et tributaire de nombreux facteurs malheureusement, mais présenterait au moins pour avantage d'être modulable et extensible, selon les progrès réalisés et les alliés (à géométrie variable) disponibles.
      La base repose cependant sur la fermeture de la frontière turque. Sans cela, point de salut.

      Supprimer
    5. Vos echanges sont passionnants. Mais il me semble que vous n'envisagez dans votre analyse que la dimension militaire en Syrie. Or l'Etat Islamique a des relais jusqu'au sein de nos sociétés occidentales, sans compter le foyer libyen ou libanais (ne peut on d'ailleurs pas ici voir une version moderne de la doctrine des focos pronés par Le Che ...). Les efforts considérables necessaire pour vaincre militairement l'EI en Syrie ne seront certainement pas suffisants pour mettre fin au conflit. Le parallèle avec le bolchévisme fait dans l'article m'a d'abord surpris mais me parait de plus en plus pertinent.

      Supprimer
    6. Le centre de gravité de l'EI se situe au Moyen-Orient, davantage en Irak qu'en Syrie d'ailleurs, même si l'organisation a établi officiellement sa capitale à Raqqa. L'article du Col. Goya portait d'ailleurs sur la stratégie à adopter au M-E, seule zone où il sera possible de "décapiter" en qq sorte l'EI. Maintenant, dans un conflit où la ligne de front n'existe pas, il est clair qu'il s'agit moins de reprendre et de contrôler des territoires que d'arracher des populations à l'emprise politique et idéologique d'une organisation. En ce sens, combattre l'EI, c'est remettre au goût du jour les principes de la guerre contre-révolutionnaire, dont l'enjeu sont les populations, non les territoires.
      De ce point de vue là, il est évident qu'une victoire militaire ne sera pas suffisante, d'autant qu'elle sera suffisamment difficile à obtenir en tant que telle. Cette guerre contre-révolutionnaire (on peut citer d'autres mouvements que les Bolcheviques, en fonction de l'implantation des mouvements affiliés à l'EI), il faudra la mener ailleurs qu' au M-E aussi, je n'ai aucun doute sur ce point. Maintenant, cela ne signifie pas qu'il faut faire n'importe quoi. Il ne s'agit ni refaire de la guerre "contre-révolutionnaire" façon Trinquier, Lacheroy, ou Hogard, ni de faire un copier-coller de la contre-insurrection façon Petraeus. Mais il serait peut-être bon de ressortir ces "classiques", de ne pas simplement se cantonner à Galula et de trouver des concepts flexibles, qui soient adaptables à différents terrains et, surtout, qui ne créent pas davantage de problèmes qu'il n'en résolvent.

      Supprimer
    7. Donc, récapitulons:

      1) Étanchéifier la frontière turque (affaire compliquée qui mobilisera tout le savoir-faire diplomatique de la France, en plus de ses aspects strictement militaires)

      2) Frappes massives mais ciblées (ça,on sait faire)

      3) Coups de main aéroterrestres de harcèlement (ça, pour l'instant, c'est pas au programme, cela dit, bonne nouvelle: l'armée vient juste de percevoir ses premiers Ford Ranger. Au moins on a les bagnoles, il ne reste plus qu'à trouver les paires de mitrailleuses Vicker qui vont avec)

      4) Puis, opération de reprise du terrain, sur les bordures et pas la profondeur, en coordination avec les alliés locaux (ça, ça peut se faire, il suffit juste d'en trouver, des alliés locaux)

      Le tout dans le cadre d'un dispositif flexible qui puisse s'adapter au terrain et aux circonstances mouvantes. L'idée n'est pas de créer une rupture stratégique dans l'immédiat, mais de mettre en place un dispositif cohérent de "containment" qui puisse créer les conditions du "roll back" et, naturellement, en profiter lorsque l'occasion se présentera.

      Sur un plan intellectuel: rester souple et innovant, tout en se référant aux classiques; Agir avec audace, mais prudence, en réfléchissant au coup d'après. Intégrer la dimension multinationale de la guerre. Remettre les populations au centre.

      Bon, eh ben c'est un plan, non? On attend quoi?

      Supprimer
    8. je ne suis pas du tout certain que l'Irak soit le centre de gravité de DAESCH, bien au contraire.
      1- l'IRAK donne de la profondeur stratégique au proto état DAESCH . c'est un espace vide qui ne coûte pas cher à défendre (par rapport à la Syrie). DAESCH y fait le service minimum face à des ennemis "minimum" : les FSI dont à peine 25000 des 280000 soldats se battent (ou plutôt subissent) et les Kurdes qui ont ce qu'ils veulent (leur territoire historique en n'oubliant pas de récupérer KIRKOUK au passage).
      2. la nature a horreur du vide et l'eau passe là où c'est toujours plus facile. le premier temps de l'expansion s'est faite à pas cher sur le dos de l'IRAK mais la coalition est en place et l'état irakien même moribond est en meilleur état que l'état syrien. il a aussi l'avantage d'être adossé à l'IRAN. dorénavant, DAESCH ne peut prospérer que sur le dos de la Syrie (c'était vrai jusqu'à la réaction des russes et des iraniens).
      3 - MOSSOUL est considéré comme étant le centre de gravité parce que DAESCH nous l'a dit et on veut le croire avec notre esprit cartésien. je n'en suis pas persuadé. trop grand trop hétérogène et trop excentré pour l'être. il leur fallait une capitale pour leur comm opérationnelle.
      4- sur le théâtre des opérations DAESHC consomme juste ce qu'il faut pour tenir. pas besoin de chars ou d'artillerie lourde (il en a pourtant pris des canons à l'armée irakienne). ils sait parfaitement que s'il se "resymétrise" , il fera une cible parfaite pour les avions de la coalition. son artillerie lourde et ses chars d'assaut , ce sont les véhicules suicide qu'on s’évertue à chercher partout.
      aujourd’hui, je suis persuadé qu'il a fallu payer cher les kurdes pour reprendre SINJAR, la raffinerie de BAIJY n'est toujours pas contrôlée.
      5- maintenant, je pense sincèrement que la campagne aérienne lancée en septembre 2014 commence à porter ses fruit , surtout depuis qu'on fait de l'air interdiction et plus de l'appui rapproché (pour pallier les déficiences des forces irakiennes). on tape les circuits log (c'est pas facile) et les structures de cdt ou d'administration de DAESCH, surtout en Syrie.

      Supprimer
    9. je ne suis pas du tout certain que l'Irak soit le centre de gravité de DAESCH, bien au contraire.
      1- l'IRAK donne de la profondeur stratégique au proto état DAESCH . c'est un espace vide qui ne coûte pas cher à défendre (par rapport à la Syrie). DAESCH y fait le service minimum face à des ennemis "minimum" : les FSI dont à peine 25000 des 280000 soldats se battent (ou plutôt subissent) et les Kurdes qui ont ce qu'ils veulent (leur territoire historique en n'oubliant pas de récupérer KIRKOUK au passage).
      2. la nature a horreur du vide et l'eau passe là où c'est toujours plus facile. le premier temps de l'expansion s'est faite à pas cher sur le dos de l'IRAK mais la coalition est en place et l'état irakien même moribond est en meilleur état que l'état syrien. il a aussi l'avantage d'être adossé à l'IRAN. dorénavant, DAESCH ne peut prospérer que sur le dos de la Syrie (c'était vrai jusqu'à la réaction des russes et des iraniens).
      3 - MOSSOUL est considéré comme étant le centre de gravité parce que DAESCH nous l'a dit et on veut le croire avec notre esprit cartésien. je n'en suis pas persuadé. trop grand trop hétérogène et trop excentré pour l'être. il leur fallait une capitale pour leur comm opérationnelle.
      4- sur le théâtre des opérations DAESHC consomme juste ce qu'il faut pour tenir. pas besoin de chars ou d'artillerie lourde (il en a pourtant pris des canons à l'armée irakienne). ils sait parfaitement que s'il se "resymétrise" , il fera une cible parfaite pour les avions de la coalition. son artillerie lourde et ses chars d'assaut , ce sont les véhicules suicide qu'on s’évertue à chercher partout.
      aujourd’hui, je suis persuadé qu'il a fallu payer cher les kurdes pour reprendre SINJAR, la raffinerie de BAIJY n'est toujours pas contrôlée.
      5- maintenant, je pense sincèrement que la campagne aérienne lancée en septembre 2014 commence à porter ses fruit , surtout depuis qu'on fait de l'air interdiction et plus de l'appui rapproché (pour pallier les déficiences des forces irakiennes). on tape les circuits log (c'est pas facile) et les structures de cdt ou d'administration de DAESCH, surtout en Syrie.

      Supprimer
  11. L'intervention russe n'est pas une croisade, mais la direction classique de la géopolitique russe. Les gens de cette région doivent avoir l'habitude.

    Si des popes bénissent les avions, c'est donc le problème des russes et de nul autre. Il n'y a guère que les c**s de francs-maçons français pour s'en formaliser ; les mêmes qui ont fait revenir Weygand de Syrie, d'ailleurs, et qui ont cru malin de faire venir des musulmans en France...

    RépondreSupprimer
  12. Bonsoir,

    Je trouve tout d'abord votre analyse excellente, j'espère que vous êtes lu par les responsables de notre pays. Une question toutefois (c'est ma marotte), quel rôle pour la Jordanie ? Seul pays sunnite dont le monarque a survécu au printemps arabe. Ce pays peut-il prendre la tête d'un contre-jihad sunnite contre l'EI ? Le pays est-il stable ? Ses forces armées peuvent-elles combattre efficacement ? Bref, je suis toujours assez surpris du rôle secondaire (d'un point de vue français) de ce pays qui semble stable (avec pourtant 2 millions de réfugiés) et frontalier de cette guerre.

    P.E.

    RépondreSupprimer
  13. Je crois que même si la France ne s'était pas impliqué contre l'EI la France aurait subit des attentas aussi grave tôt ou tard ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et on aurait des articles "la france n'a rien fait!"

      Supprimer
    2. C'est aussi ce que je pense : c'est une question de démographie avant d'être une question de géopolitique. Si ce n'était pas l'état islamique, un autre prétexte serait utilisé.

      Supprimer
    3. Match retour de la guerre d'Algérie? à domicile...

      Supprimer
  14. Analyse fouillée , documentée et d'autant plus intéressante qu'elle reflète le point de vue de nos gradés. Cela dit, exclure délibérément les pays du golfe et Israël du raisonnement permet de satisfaire aux règles du politiquement correct mais n'aide pas a comprendre le fonds de l'affaire

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ca signifie que pour les gradés la sécurité du peuple passe après le politiquement correct ?

      Supprimer
    2. Si vous voulez faire carriere oui (c est d ailleurs pas specifique a l armee. etre la personne qui remet en cause la doxa officielle n est pas sans consequence. Mais il est vrai que dans les entreprises privee, les consequences en sont moins grandes)

      Supprimer
  15. Il est bien difficile de ce défaire d'une décennie de néoconservatime forcenée.
    Même si vous n'en parlez pas je vais m'employer à détruire leur dernier argument de fond :
    je ne pense pas que la bataille pour les ressources énergétiques soit le cœur du problème ici en Syrie. Car en quoi il serait impossible de faire accepter aux pétromonarchies qu'une voie énergétique débouche en Méditerranée depuis l'Iran en y croisant la ligne des Saoudiens ? Pourquoi l'une serait exclusive à l'autre ? Cela n'a pas de sens même pour les Américains. À cet égard ils sont moins néocons que nous et l'on peut dire que la France est le dernier bastion du néoconservatisme hors Moyen-Orient. Dire que notre politique doit être alignée sur les pétromonarchies pour cette raison est un mensonge. Bien sûr, il ne faut pas être dupe, même si les Américains ont entreprit une ouverture majeure en se rapprochant de l'Iran, ils garderont toujours plusieurs fers aux feux. Mais on peut aujourd’hui renier cette logique néoconservatrice tout en restant allié des États-Unis, puisque eux-mêmes le font. Bien sûr cette idéologie du choc sert de puissants intérêts aux États-Unis et ailleurs mais c'est une autre histoire.

    Le chef des armées a désigné l'ennemi, on va voir si il va être capable d'en tirer toutes les conséquences. Car pour l'heure on est même pas sûr que la France puisse faire de la figuration comme vous l'envisagez. Sur quels renseignements sûrs peut-elle se baser pour frapper Daesh ? Sur la coalition des pétromonarchies, des Turcs et des Américains ? On risquerait de frapper des fantômes ou de courir après des moulins. Comment prétendre que Daesh est notre ennemi en crachant sur les renseignements syriens ? Cela va être la première contradiction de ce gouvernement dans cette affaire.
    En comptant sur la bienveillance des Russes mais sans contreparties ? Et alors que les Américains ont rappelé que les sanctions devaient être maintenues, que nos alliées Turcs tirent sur les Russes et que notre diplomatie veut envoyer Assad ad patres.

    Pour ma part si j'étais favorable à une intervention au Mali je ne le suis absolument pas pour une intervention en Syrie et dans ces conditions parce que nous n'en avons pas les moyens et que rien de tangible à l'heure actuelle n'indique que nous voudrions nous doter de ces moyens. Et je parle ici principalement de nos moyens diplomatiques.

    Je pense qu'on a suffisamment à faire au Sahel.

    Finalement mon intervention est bien plus longue que ce que je pensais. Je m'en excuse. Et même si j'expose ici quelques divergences, vos articles sont pour moi toujours pertinents. La preuve j'y réagis.'exutoire de toute cette violence ou la cible prioritaire. Il me semble que ce serait précisément faire le jeu de nos ennemis.

    RépondreSupprimer
  16. [Je voulais pulier un commentaire qui était trop long, alors j'ai voulu le scinder en deux mais c'est la deuxième partie qui a été publiée à 12h03 en premier voici donc la première partie. Oscar]

    Dieu se rit des hommes qui chérissent les causes dont ils déplorent les effets.Bossuet

    Jouer les Sunnites contre les Sunnites mais sur quelles bases ? Sur une participation à un État laïc et multiconfessionnel Syrien que la France s'est évertuée à détruire avec ses partenaires ? Ou d'un Sunnistan angélique qui ne serait pas lié au Wahhabisme saoudien ? Royaume convergeant, dès ses origines, rappelons le, avec les intérêts Anglo-saxons, terme convenu que l'on peut réduire aujourd'hui, malheureusement pour les Anglais, à Américains ?

    Je trouve que c'est raisonner avec un langage qui n'est traditionnellement pas le nôtre. Utiliser des outils intellectuels qui desservent nos intérêts nationaux ne me semble pas le meilleur manière de commencer à réagir par nous mêmes. Je pense que l'on doit d'abord se demander si notre politique extérieure doit être au service de la défense des États-nationaux laïcs en accord avec ce que nous pensons être nous mêmes ou au service d'une idéologie du choc des civilisations qui est a mille lieux de ce que nous sommes, qui dessert nos intérêts et nous met même, nous Français, en situation de plus grande vulnérabilité que d'autres.

    Il existe encore un État laïc multiconfessionnel là bas o'u Allouites, Chretiens, Sunnites et autres se côtoient.
    La seule manière de détruire une guérilla, voir un proto-État (et je pense que vous le savez mieux que moi) c'est de couper toutes ses sources d'approvisionnement et de l'assécher comme un Oued en plein désert par 60°C à l'ombre. De ce fait détruire tous les convois de pétrole me semble tout a fait pertinent et, si ce n'est pas suffisant, détruire les sources d'extraction du pétrole. Sans parler des sources financières ou d'approvisionnement de matériel militaire toujours effectives à ce jour et non liées au pétrole. Envoyez des hommes avant de s'assurer de cela serait clairement plus qu'irresponsable. Avant d'engager Serval, ou au même moment, des émissaires ont été envoyés dans les royaumes du golfe pour leur signifier de cesser tout soutien aux « rebelles ». Si vous voulez jouer aux divisions ethniques ou religieuses, il y a les Kurdes pour cela. À part les Turcs tout le monde sera d'accord.
    S'engager en dehors de toute coalition serait totalement dangereux pour la France qui n'en a pas les moyens. On serait la tête de gondole ou tête d'affiche, le dindon de la farce. L'exutoire de toute cette violence ou la cible prioritaire. Il me semble que ce serait précisément faire le jeu de nos ennemis.

    RépondreSupprimer
  17. Enfin quelqu un qui propose autre chose que de se renier et de s allier avec Bachar (ce qui de toute facon ne resoudra en rien le probleme. c est comme proposer en 44 aux FFI de s allier a la milice pour combattre les FTP...)

    Par contre, je suis moins sur que l auteur que sans les coupes budgetaires des 25 dernieres annees l armee francaise serait plus efficace contre l EI. Il y aurait eut plus d argent a depenser certes, mais l aurait il ete a bon escient ?
    Autrement dit, aurait on développé ce qui est necessaire aujourd hui (forces speciales, helicopteres de combat) et non pas soit des programmes obsoletes mais rentables (en pot de vin a l export ou en emploi local (dans ce dernier cas, on aurait plein de chars leclerc concu pour cartonner les russes en europe centrale mais inutilisable pour des conflits comme celui d aujourd hui).
    Et meme si on aurait suivit les conseils des experts de l epoque, je crains qu avec l argent supplémentaire on aurait peut etre fait une depense aussi utile que la ligne maginot en son temps.
    On a (comme les USA) une fascination pour la technologie. Ce qui donne aux USA des avions furtifs (et hors de prix) alors qu ils ont besoin de jeep blindees (les hummers avaient de gros problemes avec les EID en irak ...)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pendant la seconde guerre mondiale, les Alliés se sont mis d'accord avec les russes pour combattre les allemands. Il y avait un ennemi à abattre. Assad a été un grand ami de la France. Il ne l'est plus maintenant. Si un militaire n'aime pas se renier, un personnage politique ne se pose pas la question, car il fait de la politique.

      Supprimer
  18. Les kurdes syriens ou iraquiens n'ont pas besoin de troupes au sol étrangères. La France si elle avait des couilles armerait les kurdes syriens avec du véritable armement: Roland, artilleries lourde, et même manpad contre les hélicoptères syriens ou ... turques...
    Mais voila, pour ça il faudrait reconnaitre que la Turquie n'est PAS notre allié mais l'alliée objective de DAESH.

    Armer les kurdes, couper le lien Turquie/DAESH et en 3 mois DAESH s'écroule (ce qu'ils ont commencé à faire le jour même des attentats, mais que personne n'a su, alors qu'ils prenaient la plus belle raclée de leur histoire)

    La France ne doit absolument pas envoyer de troupes au sol, ce serait éliminer DAESH et avoir à tout recommencer dans moins de 10 ans.

    Heureusement qu'on ne confie pas la gestion des conflits aux militaires...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Reconnaitre que notre allié au sein de l'OTAN est notre ennemi par ailleurs, quelle position très facile à tenir diplomatiquement ! 50 ans que les civils gèrent les conflits et on ne voit pas plus de solutions ...
      Armer le Kurdes pourquoi ? qu'ils se retournent ensuite contre la Turquie et étendent la zone d'insécurité jusqu'au Caucase russe ?

      Supprimer
    2. arrêtons de croire (il n'y a que les français) que les kurdes sont l'alpha et l'omega.
      1 - il y a au moins trois logiques kurdes sur place : la turque, l'irakienne et la syrienne. elles ne s'entendent pas forcément. noter que les turcs font surtout la guerre à l'YPC syrien. enfin ils pratiquent le nettoyage ethnique comme les autres.
      2 - les kurdes n'ont absolument pas envie d'être les libérateurs de l'Irak ou de la Syrie. ils font et feront le service minimum , c'est à dire se limiteront à la défense de leur espace kurde.
      3- le pire est à venir quand il faudra parler de l'avenir de l'IRak unitaire. les kurdes se préoccupent surtout du coup d'après : le reglement de compte avec l'armée irakienne. allons voir si nos armes sont utilisées par les kurdes contre DAESCH. vos seriez surpris.

      Supprimer
    3. arrêtons de croire (il n'y a que les français) que les kurdes sont l'alpha et l'omega.
      1 - il y a au moins trois logiques kurdes sur place : la turque, l'irakienne et la syrienne. elles ne s'entendent pas forcément. noter que les turcs font surtout la guerre à l'YPC syrien. enfin ils pratiquent le nettoyage ethnique comme les autres.
      2 - les kurdes n'ont absolument pas envie d'être les libérateurs de l'Irak ou de la Syrie. ils font et feront le service minimum , c'est à dire se limiteront à la défense de leur espace kurde.
      3- le pire est à venir quand il faudra parler de l'avenir de l'IRak unitaire. les kurdes se préoccupent surtout du coup d'après : le reglement de compte avec l'armée irakienne. allons voir si nos armes sont utilisées par les kurdes contre DAESCH. vos seriez surpris.

      Supprimer
  19. Si j'ai bien tout compris ( c'est complexe) cela se résume en un noeud gordien: tout un tas de tribus +- islamistes se battent entre elles, s'allient et/ou se renient, tapent de ci, de là...Al quaida il y a 15 ans, l'etat islamique aujourd'hui, demain?
    Un dénominateur commun: la haine de l'occidental?
    Qu'est-ce qu'on fait?

    RépondreSupprimer
  20. Analyse fouillée , documentée et d'autant plus intéressante qu'elle reflète le point de vue de nos gradés. Cela dit, exclure délibérément les pays du golfe et Israël du raisonnement permet de satisfaire aux règles du politiquement correct mais n'aide pas a comprendre le fonds de l'affaire

    RépondreSupprimer
  21. Pourquoi ne pas implanter 2 ou 3 FOB GTIA (infanterie, blindés légers, artillerie, hélico, CRAPS) internationales sur des sites pétroliers. Elles seraient le point de départs de rezzou et d'opérations visant les troupes armées adverses...afin de casser l'outil militaire de DAECH. En quelques mois la coalition pourrait afficher un bilan plus conséquent qu'avec les actuelles frappes...onéreuses et à faible rendement.

    RépondreSupprimer
  22. Bonjour,

    c'est passionnant. un chiffre me fait sursauter toutefois, et j'aimerais une confirmation : entre la guerre froide "chaude" des années 80 et aujourd'hui, la baisse des dépenses de défense est de 37 milliards d'euros par an ? cela ferait 10 portes avions par an. j'ai du mal à l'imaginer. merci d'avance de me le confirmer.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je parle de l'effort de défense et de sécurité en termes de % du PIB. Avec les % du PIB de 1990 nous serions effectivement à + 37 milliards
      http://lavoiedelepee.blogspot.fr/2014/09/apocalypse-bientot.html

      Supprimer
    2. juste deux chiffres pour apprécier l'étendue des dégats
      en 1997, l'armée professionnelle V1 (nous en sommes à la V3.2, après les réformes de 2008 et 2013, puis le correctif de 2015), c'était 185 milliards de francs constants , soit un peu plus de 36 milliards de nos jours.
      si et seulement si, la défense avait conservé ce meêm budget en euros constants depuis 1997, pas un euro de plus, juste le montant, je vous laisse imaginer ce que serait notre armée aujourd'hui. autant dire que, sans parler d'un deuxième porte-avions, les 16 FREMM seraient présente, les 14 MRTT seraient opérationnels, les 50 A400 et les 220 RAFALE alignés.
      une autre image, l'ADT de 1997, jeune armée professionnelle , c'était 135000 militaires et 12000 civils (de mémoire), c'était une capacité théorique de projection de 50000 hommes pendant un an non renouvelable. c'était au bas mot le nombre équivalent de régiments que nos reconstruisons de nos jours.

      Supprimer
  23. Est ce que ca ne coûterait pas moins cher de lutter contre le salafisme en France, de détruire toutes les mosquées extremistes et déchoir et conduire à la frontière tous les extremistes?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. on ne gagne pas une guerre derriere sa ligne Maginot . il faut une stratégie , il faut une solution sociale et politique ... certes il ne faut pas laisser certains extrémistes continuer dans leur propagande et recrutement mais quand 40% des Français radicalisés sont des fils de catho , d'athée , d'avocat de profs.. il y a d'autres questions à se poser . on ne gagnera pas comme ça !

      Supprimer
    2. Une mosquée extrémiste ça existe dans un appartement HLM, on peut être français et salafiste, le salafisme ne prone pas forcément la violence (mais est un terreau fertile pour ceux qui continuent leur voie dans l'application à la lettre de la lecture radicale du coran).

      En gros, à part l'éducation et la prévention, et l'aide de la population, on n'arrivera à rien.

      Supprimer
  24. Excellent comme toujours ! On vous voit trop peu aux " étranges lucarnes" ! Dommage ! Nos" chers dirigeants" vous lisent -ils ? ils en auraient bien besoin! Avez-vous lu les propositions de Juppé qui me semblent moins courtes ( comme le fusil ) que celles des autres? Encore bravo

    RépondreSupprimer
  25. Les récents attentats en Afrique démontrent, s'il en était encore besoin, qu'une nébuleuse de mouvements terroristes s'attaque à tout ce qui est occidental et/ou non musulman; ces frères ennemis gardent un dénominateur commun: l'islam. Il faudra bien, un jour, et rapidement, que nous prenions conscience de ce fait établi, et que nous agissions en conséquence, si l'on veut encore sauver notre conception de la civilisation.
    A terme, jouer un parti contre un autre dans des but stratégiques, ne conduira à rien: les différences entre factions, courants religieux et coetera seront très vites gommées pour faire face à l'étranger, nous.

    RépondreSupprimer
  26. toujours intéressant de lire ce blog avec une bonne analyse de la situation. cependant la conclusion me laisse perplexe , certes nous rentrons dans une nouvelle phase de notre histoire mais il est difficile de savoir vers quoi nous allons en particulier si les extrèmes l'emportent ne France . D'un point de vue politique et militaire Daesh est en position centrale , avec des ennemis qui se disent alliés mais sont divisé comme vous le décrivez : ils ont en plus l'initiative politique , de la propagande et du désordre face à des ennemis aux buts de guerre différents d'un point de vue politique militaire religieux et sociétale . nous sommes forts mais divisés même dans nos pays et le paradoxe est qu'il nous est impossible de savoir comme les battre ... alors qu'eux le savent .

    RépondreSupprimer
  27. Je pense que vous avez écrit votre article avant l'acte de guerre je pense préméditée de la part de l'état "profond" Turc au vu des informations que j'ai pu lire sur la toile comme ici
    http://www.voltairenet.org/article189451.html
    car toute votre analyse repose sur le plus petit multiple commun des acteurs sur le terrain mais un coin a été enfoncé et nous sommes je pense à quelques encablures d'un conflit généralisé car la raison petit à petit bascule vers l’irrationalité de notre cerveau reptilien.
    Dans tout les cas nous avons un renforcement militaire Russes en Syrie à fin d'interdire au Turc l'espace aérien Syrien et la Turquie menace d'interdire le couloir maritime "détroit du Bosphore, et celui des Dardanelles" à la flotte Russe.
    Avec la venue de nombreux navires de l'OTAN on peut penser que la moindre étincelle sera explosive et les forces contraires vont se figer sans pouvoir bouger le petit doigt donc l''État Islamique peut dormir tranquille. aux échecs dans cette situation on est pat ....

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vous remarquerez cependant le soutien du bout des levres de l'OTAN a la Turquie ...

      Supprimer
  28. Très bonne analyse mais vous vous limitez à l'action de l'EI. Un jour, il faudra "s'en prendre" au salafisme djihadiste et là c'est une autre histoire. Car l'EI même détruit sera vite remplacé par un clone.

    RépondreSupprimer
  29. Les arabes sunnites syriens combattent dans l'armée arabe syrienne, ils y sont majoritaires, la femme de Bachar est une arabe sunnite et les siens soutiennent majoritairement son mari, comme la bourgeoisie alepine, si vous voulez soutenir les arabes sunnites syriens, commencez donc par soutenir l'actuel gouvernement laïc syrien.

    RépondreSupprimer
  30. L’analyse de l’auteur est comme souvent, fine et détaillée. Je n’aurais qu’un reproche à lui faire, celui de rester finalement au niveau opératif sans jamais lancer des pistes sur les stratégies profondes qui ont conduit à la situation décrite. Sans doute un reste de déformation professionnelle : parler à son niveau sans engager vraiment la remise en cause de l’échelon supérieur….
    Car la vraie question qui me parait devoir faire surface avant toute tentative de résolution est bien : Quels sont les véritables buts de guerre des protagonistes ?
    Il serait trop long de détailler ici tous les indices, sinon les preuves, qui mènent à penser que Daesh n’est que la résultante souhaitée par notre camp d’une stratégie globale en œuvre depuis plus de 20 ans et visant à assurer :
    1/ le maintien du petrodollar comme unique étalon pour toute transaction d’hydrocarbures, et donc in fine le financement gratuit de la colossale dette US par tous les autres pays.
    2/ le contrôle des plus gros stocks d’énergie par l’Ouest, de façon à freiner autant que possible les croissances indienne et surtout chinoise.
    3/ la fin de la dépendance européenne au gaz russe, qui procède de la même logique que le TAFTA, à savoir parachever l’asservissement économique de l’Europe pour garantir aux USA un marché de taille suffisante pour contrer la croissance de leurs nouveaux rivaux.
    Dans cette stratégie globale, l’arc chiite est une verrue dont la destruction est un préalable indispensable, non seulement en raison de sa volonté d’indépendance, mais aussi par son simple positionnement géographique qui coupe toute route entre les gisements et la Turquie, pivot de la stratégie énergétique américaine (se documenter à ce titre sur le projet Nabucco, et sur l’écoulement prévu du gaz qatari vers l’Europe).
    Devant ces considérations véritablement stratégiques, les questions de religion et d’alliances locales ne sont que des paravents, et les acteurs des pions inconscients de la portée réelle de leurs actes, même si le monstre échappe parfois à son créateur.
    Dans tous les cas, la véritable question que nous, français, devons nous poser, est la suivante :
    Les choix que nous avons faits pour assurer notre sécurité énergétique sont-ils les bons ? Valent-ils les quelques désagréments que nous avons connus récemment, et surtout les catastrophes encore bien plus grandes à venir ? N’avons-nous pas encore la possibilité d’un autre choix, plus équilibré, entre l’Est et L’Ouest, entre le Nord et le Sud ?

    RépondreSupprimer
  31. Donc,allonsy.
    De Palmyre,car c'est nous,a As Sukhna,pour le gas et le hub Tartous :Deir é Zor,Arak au milieu,il y a un bon petit gateau a se farçir,et a échanger plus tard.
    Un vrai p'tit avantage stratégique,bien plaçé ,et façile a appuyer.
    Des copains autour.
    Tout a fait a notre portée corsaire comme le dis l'colon !
    Si nous sommes d'accord pour payer le prix du sang !

    RépondreSupprimer
  32. Mon colonel que pensez vous des déclarations lors du Briefing du 02 décembre 2015 du ministère de la Défense concernant la lutte contre le terrorisme international ! comment peut on dire haut et fort que l'OTAN va combattre Daech et laisser faire ce trafic pétrolier alors que l'occident était au courant image satellite à l’appuie ??
    https://www.youtube.com/watch?v=bTCbXKlHzCM

    RépondreSupprimer
  33. Rien à redire. A imprimer, à garder, et à relire de temps en temps.
    Les bonnes analyses ne se trouvent pas à tous les coins de rue.
    Et au second degré, c'est encore meilleur : Section DASSAULT...

    RépondreSupprimer
  34. Je pense que nos policiers doivent être mieux équipés en matériel et notamment en matériel de visions nocturnes et d'armes.
    En terme d'éclairage lampes torches, voici ce que je recommande pour éblouir (tellement c'est puissant)

    http://www.ferei.fr/lampes-de-poche-torches-a-led/27-lampe-torche-f7-6951620500095.html

    RépondreSupprimer