Les
choses évoluent avec l’implantation au nord du Mali au début des années 2000
des Algériens du Groupe
salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui devient
Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) en 2007 et organise des attaques contre les
pays voisins et les intérêts français dans la région, en particulier par des prises
d’otages.
La
réponse française est d’abord discrète, misant sur l’action clandestine de la
DGSE et du Commandement des opérations spéciales (COS) qui installe la force Sabre
près de Ouagadougou en 2009. Cet engagement s’inscrit dans un « plan
Sahel » où il s’agit d’aider
les armées locales à lutter contre les groupes djihadistes et à intervenir pour
tenter de libérer les otages. Le plan Sahel a peu d’impact, sauf en Mauritanie
où le président Aziz, restructure efficacement son armée et développe une
stratégie intelligente de lutte contre les djihadistes. Le Mali néglige la
proposition française, alors que le nord du pays est devenu une zone franche
pour toutes les rébellions.
La
situation prend une nouvelle tournure fin 2011 avec la montée en puissance
au Mali du mouvement touareg, avec la formation du Mouvement national de libération
de l’Azawad (MNLA) renforcé par le retour de combattants de Libye, mais aussi
la formation de nouveaux groupes djihadistes comme Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali, et
le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO, futur
Al-Mourabitoun). Début 2012, toutes ces organisations
s’emparent du nord du Mali avant de se déchirer entre MNLA et djihadistes.
Prétextant
l’inaction du gouvernement, un groupe de militaires maliens organise un coup
d’État en mars 2012. Commence alors une longue négociation pour rétablir
des institutions légitimes au Mali et leur autorité sur l’ensemble du pays. La
France saisit l’occasion pour se placer dans la région en soutenant l’idée
d’une force interafricaine de 3 300 hommes
et d’une mission européenne de formation militaire (European Union Training
Mission, EUTM) destinée à reconstituer l’armée malienne. La France annonce
qu’elle appuiera toutes ces initiatives, mais sans engagement militaire direct
(« La France, pour des raisons évidentes, ne peut être en première ligne » Laurent Fabius, 12 juillet 2012).
L’attaque
djihadiste de janvier 2013 prend tout le monde de court. On redécouvre alors que
la France est toujours la seule « force de réaction rapide » de
la région. À la demande du gouvernement malien, le président Hollande décide
d’engager des bataillons au combat, une première en Afrique depuis 1979. Avec
une mission claire et l’acceptation politique du risque, l’opération Serval
est alors logiquement un succès. En deux mois, et pour la perte de six soldats
français, nous éliminons 400 combattants, libérons toutes les villes du
nord et détruisons les bases. Les trois organisations djihadistes sont
neutralisées jusqu’en 2015. Dans la foulée, des élections présidentielles
et législatives sont organisées, tandis qu’EUTM et la Mission
multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali
(MINUSMA), qui remplace et absorbe la force interafricaine, sont mises en place.
On
aurait pu alors retirer nos forces et revenir à la situation antérieure. On
décide de rester militairement au Mali, au cœur de nombreux problèmes non
résolus, dans un pays parmi les plus sensibles à son indépendance et avec déjà
l’accusation de partialité vis-à-vis des Touaregs.
La
nouvelle mission des forces françaises est de « contenir l’activité des “groupes armés terroristes (GAT)” à un niveau de menace faible jusqu’à ce que
les forces armées locales puissent assurer elles-mêmes cette mission dans le
cadre d’une autorité restaurée des États ».
L’équation
militaire française consiste donc en une course de vitesse entre l’érosion prévisible
du soutien des opinions publiques française et régionales à l’engagement
français et l’augmentation rapide des capacités des forces de sécurité locales.
Pour contenir un ennemi désormais clandestin, il
n’y a que deux méthodes possibles : la recherche et la destruction des
bandes ennemies par des raids et des frappes ou l’accompagnement des troupes
locales au combat pour les aider à contrôler le terrain.
On
choisit la première méthode qui paraît moins risquée et plus adaptée à nos
moyens matériels et nos faibles effectifs. Nous cherchons donc à éliminer le
plus possible de combattants ennemis. Cette approche ne fonctionne cependant que
si on élimine suffisamment de combattants pour écraser l’organisation ennemie
et l’empêcher de capitaliser sur son expérience. En dessous d’un certain seuil
en revanche, l’ennemi tend au contraire à progresser. Jusqu’en 2020, nos pertes
sont faibles (un mort tous les quatre mois, souvent par accident) mais nous
n’exerçons pas assez de pression, car nos forces, qui mènent alors simultanément
quatre opérations majeures (Sangaris en Centrafrique jusqu’en 2016, Chammal
en Irak-Syrie et Sentinelle en France en plus de Barkhane) sont
insuffisantes pour cela.
Le
problème majeur de l’équation militaire reste cependant que l’absence de « relève »
locale. Malgré des moyens considérables, la MINUSMA est incapable de faire
autre chose que se défendre et n’a donc aucun impact sur la situation
sécuritaire. Les Forces armées maliennes (FAMa) évoluent peu depuis 2014 malgré
la mission EUTM car personne ne touche vraiment à la faiblesse structurelle,
pour ne pas dire la corruption, de leur infrastructure administrative. Il ne
sert à rien de former des soldats, s’ils ne sont pas payés et équipés
correctement. La Force commune du G5-Sahel créée en 2017 et qui s’efforce de
coordonner l’action des armées locales autour des frontières, mène par ailleurs
très peu d’opérations.
Dans
ces conditions, et compte tenu par ailleurs de l’incapacité des États, à l’exception
de la Mauritanie, à assurer leur mission d’administration, de sécurité et de
justice, malgré toutes les promesses de l’aide civile internationale, les organisations
djihadistes ou autres s’implantent dans les zones rurales, par la peur mais
aussi par une offre alternative d’administration. L’aide humanitaire n’y change
rien.
Malgré les accords d’Alger de 2015, le conflit
du nord Mali contre les séparatistes touaregs reste gelé. De nouvelles
organisations djihadistes apparaissent sur de nouveaux espaces comme le Front
de libération du Macina (FLM) actif au centre du Mali, qui finit par s’associer
aux groupes historiques pour former en 2017 le Rassemblement pour la victoire
de l’islam
et des musulmans (RVIM ou Groupe de Soutien IM). On voit apparaître également
l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) dont l’action s’étend dans la zone des
« trois
frontières »
entre le Mali, Niger et Burkina Faso. Par contrecoup, on voit également se
multiplier des
milices d’autodéfense nourries par les tensions socioethniques croissantes.
L’année 2019 est une année noire. La
violence contre la population double par rapport à l’année précédente. Les
armées locales subissent des coups très forts et sont au bord de
l’effondrement. Dans le même temps, l’image de la France se dégrade. Elle se
trouve accusée simultanément de protéger les séparatistes de l’Azawad, de
soutenir des gouvernements corrompus et surtout d’être impuissante à contenir
le développement des djihadistes malgré tous ses armements modernes.
La France attend finalement la mort de
13 soldats français (accident d’hélicoptères) le 25 novembre 2019
pour vraiment réagir. Le sommet international de Pau en janvier 2020 conclut
qu’il faut augmenter les moyens (600 soldats de plus, drones armés) et
l’activité de Barkhane.
On annonce la mise en place de
la Task Force Takuba composée
d’équipes de conseillers issues des forces spéciales européennes. Avec ces nouveaux moyens et une plus
grande prise de risques (dix soldats français tués en 2020), Barkhane exerce une pression beaucoup
plus forte qu’auparavant sur l’ennemi. Abdelmalek Droukdel, leader d’AQMI est
tué en juin 2020. On s’approche de la neutralisation de l’EIGS et peut-être
aussi d’AQMI. Le discours du RVIM change, expliquant que leur combat est local
et qu’il n’est pas question d’attaquer en Europe.
On ne sait pas exploiter politiquement cette
nouvelle victoire, alors que l’on sait qu’il n’est plus possible de continuer
très longtemps Barkhane à un tel coût humain et financier (un milliard
d’euros par an). Il faut à ce moment-là faire évoluer l’opération pour la
rendre plus durable. On tarde trop. L’idée de remplacer les bataillons français
par Takuba est bonne, mais réalisée en coalition européenne sa
constitution prend des années et son objectif n’est pas très clair pour les
Maliens (aide véritable ou opération intra- européenne ?).
Surtout,
cette évolution militaire s’effectue dans un cadre diplomatique rigide et
maladroit. Plusieurs chefs d’État, comme le président Kaboré (Burkina Faso) ont
critiqué « la forme et le contenu » du sommet de Pau, qui sonnait comme une
convocation autoritaire et qui selon lui « ont manqué de tact ».
Le gouvernement de Bamako est obligé de rappeler son ambassadeur à Paris en
février 2020 après des propos jugés offensants. Il se trouve au même moment
empêché de négocier avec certains groupes djihadistes locaux, jusqu’à ce que le
nouveau pouvoir installé par la force à Bamako en août 2020 passe outre et
négocie la libération de Soumaïla Cissé, et de la Française Sophie Pétronin,
contre la libération de 200 prisonniers. Le 3 janvier 2021, une frappe
aérienne française tue 22 hommes près d’un mariage au village de Bounty, au
centre du Mali. La France se défend, plutôt mal, en expliquant n’avoir frappé
que des combattants djihadistes mais ne fournit aucun élément enrayant la
rumeur d’un massacre de civils. La junte malienne s’appuie alors sur un fort
sentiment nationaliste dans la rue bamakoise, par ailleurs bien alimentée par
la propagande russe, qui rend la France responsable de tous les maux du pays.
La décision de transformation de l’opération Barkhane est finalement annoncée le 10 juin 2021 par le président de la République. Il aurait sans doute été préférable de le faire en février à l’issue du sommet de N’Djamena, et elle est mal présentée. Tout le monde interprète la « fin de Barkhane » (alors qu’il aurait fallu parler de transformation) comme une décision unilatérale en représailles au nouveau coup d’État à Bamako en mai 2021et la prise du pouvoir définitive par le colonel Goïta. Le Premier ministre Maïga se plaint alors à la tribune des Nations-Unies d’être placé devant le fait accompli sans concertation, parle alors d’« abandon en plein vol » et de son intention de faire appel à d’autres partenaires, c’est-à-dire la Russie, ce qui suscite une nouvelle crise.
En
décembre 2021, arrivent à Bamako les premiers membres de la société militaire
privée Wagner, bras armé de l’ensemble économico-militaro-propagandiste de
l’homme d’affaires Evgueni Prigojine au service discret de la Russie. Ils
seront un millier quelques mois plus tard, payés à grands frais par la junte
malienne pour remplacer l’aide des soldats français d’abord puis des pays
européens des différentes organisations militaires internationales. Après
plusieurs échanges aigres, l’ambassadeur de France est renvoyé fin janvier 2022
et le gouvernement malien impose des restrictions d’emploi aux forces
européennes sur le territoire du pays. Il est alors décidé le 17 février de
mettre fin à Takuba et de retirer les forces de Barkhane du
territoire malien.
Les
soldats de la société Wagner remplacent les Français au fur et à mesure de leur
dégagement. En avril, le départ des Français de Gossi s’accompagne de la
« découverte » par les FAMa d’un charnier à proximité de la base.
Cette tentative de manipulation est rapidement éventée par la diffusion des
images du drone qui montrent en réalité des hommes de Wagner qui mettent en
place ce faux charnier. Barkhane quitte Ménaka en juin et Gao en août.
Le 15 de ce mois marque ainsi la fin de la présence militaire française au Mali
après neuf ans. Le même jour, le ministre malien des Affaires étrangères accuse
la France de soutenir les groupes terroristes et demande une réunion d’urgence
du Conseil de sécurité des Nations-Unies.
Tandis
que le gouvernement de transition malien s’enfonce dans le ridicule, le RVIM
prend le contrôle d’une grande partie du territoire peut-être plus freiné par
sa guerre contre EIGS que par l’action des FAMa et de Wagner qui s’illustrent
beaucoup plus par leurs exactions que par leurs succès. A la fin du mois de
mars 2022, à la recherche d’Amadou Koufa, le leader de la Katiba Macina,
soldats maliens et mercenaires russes massacrent des centaines de personnes –
peut-être jusqu’à 600 – dans la ville de Moura au centre du pays. C’est le plus
épouvantable massacre de toute cette guerre au Sahel en 2012, mais ce n’est pas
le seul. La MINUSMA, qui a aussi pour mission de documenter les exactions, est priée
de quitter le pays. Pour autant malgré la désastreuse et coûteuse évidence de
l’inefficacité du soutien russe, le « modèle malien » fait des
émules. En réalité, les choses avaient déjà commencé en République
centrafricaine après le départ de l’opération française Sangaris en 2016
et la double accusation contradictoire d’abandon et de trop grande présence.
Comme
c’était prévisible, la force des Nations-Unies MINUSCA et la mission de
formation EUTM-RCA n’ont pas suffi à assurer la sécurité du pays. Le président
Faustin-Archange Touadéra fait alors appel au groupe Prigojine en 2018
pour assurer son contrôle du pouvoir au prix du pillage du pays par les Russes
et de nombreuses exactions des mercenaires de Wagner. Sur fond de grande
confrontation entre la Russie et les pays occidentaux en 2022, la RCA est
poussée ensuite dans une spirale nationaliste anti-européenne et
particulièrement anti-française. En juin 2022, la France annonce en réaction la
suspension de toute aide à la République centrafricaine.
Le
domino suivant est le Burkina Faso, victime d’un premier coup d’État en janvier
2022 qui renverse le président Kaboré, puis d’un deuxième le 30 septembre qui
s’appuie à son tour sur le nationalisme anti-français – alors que la France
n’est présente militairement que par le petit groupement de Forces spéciales Sabre
– et sa volonté de faire appel à la Russie, dont les drapeaux sont
opportunément présents dans les foules. Dès lors, les jours de la Task Force
Sabre au Burkina Faso sont comptés. Déjà d’autres manifestations
antifrançaises ont eu lieu au Niger à la fin de 2022.
Pendant
ce temps, le dispositif actif de Barkhane se réduit à deux pôles :
le commandement opérationnel et les capacités de transport aérien restent à
N’Djamena tandis que les capacités d’action sont à Niamey, où on trouve une
composante aérienne - six avions de combat, cinq drones Reaper, huit
hélicoptères – et terrestre avec un dernier groupement tactique, le GT3, qui
assure avec efficacité la même mission d’accompagnement que Takuba mais
auprès de l’armée nigérienne. L’ensemble représente 3 000 soldats le 9
novembre, lorsque le président Macron annonce officiellement la fin de
l’opération Barkhane et son remplacement par des actions effectuées dans
le cadre d’accords bilatéraux.
La
guerre française au Sahel, commencée triomphalement en 2013, s’estompe donc
progressivement et sans bruit. L’opération Serval en 2013, par son
adéquation entre des objectifs limités, les moyens engagés et les méthodes
utilisées, a été un grand succès. Pour des raisons inverses – objectifs
irréalistes, moyens insuffisants, méthodes inadéquates – l’engagement suivant,
dont Barkhane ne représentait que la branche militaire, ne pouvait
réussir. En admettant même que l’on parvienne à faire travailler ensemble de
manière cohérente ses acteurs, l’approche dite « 3D » pour
diplomatie, défense et développement, restera toujours une ingénierie sociomilitaire
en superficie d’une réalité complexe. Rien de solide ne peut tenir très
longtemps de cette approche tant qu’elle reste adossée à des gouvernements et
administrations aussi inefficaces que corrompus. Tant que les États ne seront
pas structurés pour remplir un tant soit peu leur rôle premier de sécurité et
de justice, le désordre régnera dans la région. Cette restructuration profonde
est une œuvre immense dont la motivation ne peut venir que des classes
politiques locales, et qui prendra beaucoup de temps. Dans ce contexte, le rôle
de la France ne peut se limiter qu’à celui d’offreur de services à la hauteur
de ce que savons bien faire, comme d’un point de vue militaire les
interventions directes d’urgence ou au contraire des accompagnements sur la
longue durée, mais sans avoir la prétention de modeler soi-même un
environnement qui non seulement nous échappe mais nous rejettera si nous sommes
trop visiblement présents.
Dans
le même temps, cet échec annoncé au Sahel depuis 2014 est-il si grave pour la
France ? La menace terroriste – le principal argument de l’engagement au
Mali - semble maîtrisée sur le sol français, où la dernière attaque remonte au
mois d’avril 2021, et les troubles locaux au Sahel restent justement locaux et
ne débordent encore que de manière rampante hors du Mali et du Burkina Faso.
D’une certaine façon, la situation aurait été sans doute la même, si les forces
françaises s’étaient retirées dès la fin de l’opération Serval pour se
replacer à nouveau en réserve d’intervention. On y aurait évité des pertes
humaines, et on serait toujours dans un rôle sympathique de
« pompier » plutôt que de partenaire condescendant et encombrant.
Malheureusement, tout n'est pas terminé quand on voit ce qui se passe au Niger et ailleurs. Je crains que nos soldats n'aient pas fini de mourir "pour" l'Afrique.
RépondreSupprimerSinon, je pense que la France est "relativement" à l'abri d'attaque terroriste d'ampleur tant que ces mêmes terroristes ne peuvent s'appuyer sur un Etat. Combien de temps pourront tenir certains pays africains, nul ne le sait.
La seule chose dont on peut se réjouir c'est que Macron est mis fin aux différents "bisounours" qui récoltaient à leur profit unique les "dividendes de la paix" en réduisant à l'envie nos forces armées. Tout en intervenant à tord et à travers.
L'Etat islamiste est en voie de constitution sur les territoires abandonnés du Sahel. Il fera tampon entre l'Azawad au nord et le Sahel fluvial au sud dès qu'il aura réuni les moyens de subsistance.
SupprimerL'Algérie a du souci à se faire et le sait.
Bon, il n'y a pas que la lutte contre LE terrorisme dans une politique étrangère, il y a des aspects économiques et d'influence.
SupprimerPar exemple, l'electricité française est à 80% de l'uranium. Les fournisseurs d'uranium sont, par order d'impotance, le Canada et l'Australie, le Kazaxstan (passé sous influence totalement russe en janvier 2021) et le Niger (les gisements sont à 400 km de la frontière malienne, une demi nuit en Land Rover). Si le Niger tombe aux mains de la légion Wagner (comme une moitié du Mali), l'indépendance énergétique tant vantée pour promouvoir l'uranium prendra un coup de vieux et de ridicule).
Quant à l'influence, quelle était le nombre de francophones en 1980 et quel est le nombre de francophones actuels? A coup de charters et de provocations, il a vraisemblablement été divisé par deux.
A ce titre, Badinguet le Petit (Badinguet, c'était le Canal de Suez et les unités italiennes et ... allemandes; Badinguet le Petit, c'est des balles de mutilation républicaine, des humiliations gratuites infligées au Général de Villiers -un héros authentique- et un alignement verbeux et veule sur le Ramassis National) a eu une part non négligeable et très négative:
si, sous Hollande, les soldats français sont entrés au Mali acclamés en libérateurs, après une politique lybyienne désastreuse (mais interessant le Parquet Financier) de Nicolas Bismuth, qui a livré les stocks d'armes de Qadhafy dans le Sahel -Hollande, avec peu de moyens, a su rattrapper un peu les sottises interessées de Bismuth).
Badnguet le Petit, par ses sermons paternalistes et sa pingrerie d'aide comptable, a réussi à faire partir du Mali les mêmes soldats sous les huées (à noter que, si on veut lutter efficacement contre le djihadisme, les militaires peuvent faire de leur mieux, mais que, tant que des régions très enclavées restent pauvres, c'est un peu comme le tonneau de Sisyphe -c'est le même problème en Iraq et en Syrie : les corps expéditionnaires US -marines - sont conscients que, sans crédits l'EI -ou pire, je ne sais comment- renaîtra de ses cendres.
A ce propos, on n'insistera jamais assez sur le caractère funeste à long terme de la décision de Badinguet le Petit consistant à transformer des diplomates (formés entre autres à l'INALCO, sachant la langue du pays où ils sévissent, compétents et autonomes) en des pantins , servant de courroye de transmission à un président français qui peut s'avérer incompétent et dysfonctionnel..
Excellent résumé de la situation si compliquée du Sahel, précis et bien documenté. Combien de temps faudra-t-il encore attendre avant que nos décideurs politiques et militaires renoncent à cette "profondeur stratégique" et que plus un seul soldat français n'aille risquer sa vie en Afrique ? Une telle présence militaire est totalement dépassée au XXIe siècle.
RépondreSupprimerLecteur de Bernard Lugan et intéressé par l'Afrique pour y avoir vécu quelques années, puis-je suggérer d'aborder 2 sujets importants dans lesquels l'armée fut impliquée.
RépondreSupprimerD'abord, les relations avec les Touaregs indépendantistes dans l'opération Serval : par habileté tactique et intelligence du terrain, l'armée put au moins brièvement les utiliser contre les djihadistes et faire ce qui doit être fait dans toute guerre "coloniale" : monter les camps à dominer les uns contre les autres. Quitte à faire des promesses, et engager l'État, qui peut alors se dédire. Cela fut fait et on put alors reprocher à certains militaires d'avoir fait trop de stratégie intelligente, cela nous rappelle toute l'histoire des guerres de la fin du XXème siècle, j'en avais même été jusqu'à espérer un coup d'État contre Hollande !!!
https://www.senenews.com/actualites/alors-que-loperation-serval-montre-ses-limites-la-question-touareg-divise-paris-et-bamako_54178.html
Le deuxième point ne concerne l'armée qu'indirectement: la situation au Sahel est marquée par des frontières intangibles absurdes héritées des deux colonisations (celle de l'Algérie en départements français et de l'Afrique noire en Union Française),
et la domination démographique des noirs du sud envers les nomades du nord ce qui a inversé la domination violente, responsable de massacres quasi génocidaires après la décolonisation.
Il n'y a pas de solution "démocratique" à ce problème, racine de toute la violence au Sahel et sur lequel se sont greffés toutes les autonomies criminelles (trafics de drogues et d'esclaves (de migrants)) et bien sûr les djihadismes sous toutes leurs formes.
Ce fut pourtant ce à quoi, hélas, on employa encore l'armée: défendre et servir des idéologies bidons inventés par des progressistes tarés ignorants et incapables, ce qui ne se traduit que par la défaite et finalement l'abandon.
La frénésie démocratique étendue par des fous au Maghreb lui-même avec l'affaire Libyenne, elle-même suivie, pour rattraper sans doute, par l'évacuation générale de la Libye d'une part mais aussi du reste de l'Afrique (c'est bien Sarkozy qui supprima toutes les bases militaires du centre du Sahel et qui amorça le processus) a maintenant, malgré les mérites de l'armée, abouti à l'inéluctable: la fin quasi définitive de toute la présence française en Afrique.
Une nuance d'importance: il reste le Tchad, seul pays sahélien dont les ethnies au pouvoir sont guerrières, qui fut admirable de courage lors de Serval et qui tient encore. Jusqu'à quand ?
Dans ce cadre c'est bien toute l'activité militaro-politique de la France au Sahel