lundi 5 février 2018

Mais où est donc passée la dissuasion conventionnelle ?

"L'ensemble des capacités et des ressources humaines et technologiques, militaires et civils, contribue à dissuader des adversaires potentiels de s'en prendre à la sécurité de la France" Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, 2008.

La dissuasion consiste à empêcher un adversaire d’entreprendre une action indésirable en lui démontrant la futilité de son entreprise et/ou en le menaçant de représailles supérieures aux gains qu’ils pourraient espérer en agissant. Toute stratégie de dissuasion repose à la fois sur des éléments matériels visibles multipliés par l’affichage d’une détermination à les employer le cas échéant. Bien entendu, il existe de multiples moyens et manières de mettre en œuvre une stratégie de dissuasion. Or, par une étrange dérive, ce terme est désormais monopolisé en France par les « nucléaristes ». Vous pouvez chercher dans les documents officiels produits depuis quelques années, vous n’y trouverez plus le terme de « dissuasion » qu’associé, collé même, à « nucléaire ». 

La raison qui est invoquée hors de ce milieu est simple. La fonction stratégique « dissuasion » est depuis les années 1960 le socle de notre politique de défense. Tout ce qui en relève est intouchable dans le cadre d’une pression permanente sur les budgets. Se l’accaparer à l’associant aux forces nucléaires, et en expliquant que leur environnement immédiat non-nucléaire est indispensable à leur protection et à leur bon fonctionnement, est un excellent moyen de sanctuariser des ressources budgétaires rares. Inversement, en parvenant à exclure l’idée que cette fonction stratégique puisse être assurée par des forces conventionnelles, on affaiblit celles-ci sur le champ de bataille des finances. 

Peut-être est-ce de la paranoïa corporatiste, toujours est-il que cette manœuvre, soutenue très probablement par le monde nucléaire civil, si elle n'existe pas a quand même parfaitement réussie. La dissuasion nucléaire c'est la paie.

Le problème c’est que la « dissuasion conventionnelle » ça existe quand même. Michel Debré expliquait en janvier 1972 dans la Revue Défense nationale que dissuader de s’en prendre au territoire national ne pouvait être crédible si on ne protégeait pas également et avec des moyens conventionnels tout ce qui nous touchait hors de nos frontières. On peut d’ailleurs se demander au passage qu’elle est la mission principale des forces de souveraineté dans les DROM-COM, sinon de dissuader. Avec quelques soldats au sol et parfois une frégate au large, la France empêche le Vanuatu de venir planter son drapeau sur l’île Mattew, au sud-est de la Nouvelle-Calédonie. On pourra évoquer une « présence », voire une mission de « prévention » pour éviter de parler de dissuasion mais c’est bien de cela dont il s’agit. Si le Vanuatu ne le revendiquait pas, il n’y aurait aucun besoin de « présence » sur cet ilot désertique. On empêche, donc on dissuade.

Quelques années après le Ministre d’Etat Debré, le général Méry, chef d’état-major des armées, expliquait que le haut du spectre dissuasif contribuait aussi à l’intervention des forces du bas du spectre. Cette intervention peut prendre des forces diverses, y compris la dissuasion,  sinon, il faudra expliquer, par exemple, ce que faisait la force Manta (puis Epervier) en 1983 au Tchad, en empêchant les forces libyennes et leurs alliés de s’engager au sud du 15e (puis 16e) parallèle, fixé comme « ligne rouge ». 

Après, encore une fois, cela ne peut pas fonctionner. A la même époque, le déploiement d’une division multinationale à Beyrouth et de puissantes forces aéronavales à proximité n’a pas empêché de se faire attaquer violemment puis de se replier piteusement. Trente ans plus tard, quand Laurent Fabius annonçait avec vigueur que l’emploi d’armes chimiques par le régime d’Assad ferait l’objet d’une riposte massive et immédiate, il tentait bien une manœuvre de dissuasion et n’envisageait évidemment pas l’emploi d’armes nucléaires. Il démontrait surtout qu’il est risqué de définir une ligne rouge et d’attendre que ce soit les autres qui la fassent respecter. La détermination sans moyens, et notamment sans moyens indépendants, n’est qu’agitation.

On peut alors argumenter que ces dé-ballonnements et d’autres, quelle que soit l’appréciation que l’on puisse porter sur les événements qui y ont conduit, ne contribuent pas à renforcer la composante « détermination politique » indispensable à tout opération de dissuasion. Pour préserver la dissuasion « haut de spectre », celle où il est question des intérêts vitaux de la France, on a peut être alors considéré qu’il fallait la dissocier de ces opérations réelles où les décideurs peuvent étaler leurs faiblesses, comme si ce n’était pas les mêmes décideurs qui seraient également à la manœuvre dans ces situations extrêmes. Quand on ne peut pas changer les choses, on change les mots.

Tout cela est quand même grave pour notre politique de défense mais peut-être surtout pour la réflexion stratégique, déjà bien contrainte par le souci de bon élève de s’aligner sur les doctrines de l’OTAN. Quand on commence à exclure l’emploi de certains termes, l'expression voire la pensée de certaines idées on se trouve bien dans un processus de dogmatisation et le dogme c’est ce qui précède souvent la mauvaise surprise. La dissuasion est un spectre mais ne doit pas devenir un fantôme. 

31 commentaires:

  1. C'est toujours un plaisir de vous lire mais vous avez fait une petite coquille "La dissuasion c'est la paix" et non la paie, ou il s'agit d'un jeu de mots à l'intention des experts-comptables avec lesquels vous êtes fâché ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est bien un jeu de mot et je ne suis vraiment fâché avec personne.

      Supprimer
  2. Voilà donc les fameux dividendes de la paie.

    RépondreSupprimer
  3. Je pense que c'est un jeu de mot fort bien trouvé.

    RépondreSupprimer
  4. Je ne saisis pas la portée exacte du problème, mais dans un contexte d'utilisation du terrorisme comme moyen de guerre, il est certain que se cantonner à ne parler que de dissuasion nucléaire est regrettable. La dissuasion se doit aussi d'être pensée à ce niveau. Jolie invitation à débat :).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Des historiens du futur trouveront ridicule cette OPA d'un mot.

      Supprimer
  5. Mon colonel,

    Bien que non membre de la caste nucléaire je ne partage que partiellement votre analyse, sur les conditions de la dissuasion.
    Tout d'abord, on ne peut dissuader qu'un ennemi qui craint la mort/la destruction de sa richesse/de son potentiel... AInsi, dans le cadre actuel de guerre contre le djihadisme, le concept de dissuasion n'est que peu applicable, face à un ennemi recherchant le combat et la mort en martyr. Tout au plus peut-on jouer sur la peur de la souffrance, mais on entre ici sur le terrain de l'action psychologique (qui peut contribuer, me direz-vous à la dissuasion).
    Ensuite face à un ennemi qui a quelque chose à perdre, mais qui est néanmoins prêt à engager le combat (cas du conflit interétatique), il convient de proposer une réponse apocalyptique, garantissant que l'état final recherché ennemi ne pourra pas être atteint ; c'est bien là le concept de pertes inacceptables. En l'état actuel de nos capacités militaires, seule l'option nucléaire permet de garantir l'apocalypse. Cette notion de seuil est capital (par analogie a titre de vulgarisation, menacer un individu de le blesser gravement voire le tuer est moins dissuasive que de l'assurer de le tuer, de massacrer ses parents et ses enfants, de bruler sa maison et de faire mourir à petit feu son chien). L'histoire, même récente regorge d'exemples d'échecs de la dissuasion classique (ne serait-ce que les coups de dés d'Hitler face aux vainqueurs de 14-18 a l'aube de la 2nde guerre mondiale). Donc, non, en l'état actuel, dissuasion et nucléaire ne me semblent pas dissociables.
    En revanche, je vous rejoins parfaitement sur le danger de fixer explicitement des lignes rouges, et de ne pas être en mesure de les faire respecter ; c'est pourquoi les intérêts vitaux de la nation, couverts par la DN, ne sont pas définis avec précision. L'exemple du fiasco des rotomodades du tandem Hollande/Fabius en Syrie est révélateur de ce risque.

    Au bilan, la dissuasion est pour moi intimement liée au fait nucléaire, elle répond a des règles déclaratoire propres et elle ne s'applique pas à tous les types d'ennemis. Elle ne remet en revanche pas en cause le besoin de forces conventionnelles puissantes et crédibles, a même de traiter un ennemi non sensible à la DN, y compris par un combat de haute intensité et de permettre par leurs effets conventionnels de reculer le moment du recours à l'apocalypse.

    Merci pour votre blog qui suscite toujours la réflexion et stimule l'innovation.
    Respectueusement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour et merci, il se trouve simplement que le mot et le concept de dissuasion existait bien avant l'apparition du nucléaire. Il est donc possible de le déconnecter du nucléaire, ce qui ne veut évidemment pas dire que le nucléaire n'est pas dissuasif. Je ne comprends simplement pas cette prise de monopole d'un mot, qui date de quelques années et reste à ma connaissance très française. On avait donc tort pendant des centaines d'années, avant disons 2010, et on a tort partout ailleurs dans le monde, d'utiliser ce mot pour "aussi" des opérations conventionnelles. C'est un phénomène étrange. Bien cordialement.

      Supprimer
    2. Cette prise de monopole est peut-être la conséquence du constat d'inefficacité de la dissuasion conventionnelle. Que dit l'histoire militaire à ce sujet ? Combien d'affrontements évités dans la durée grâce à la dissuasion conventionnelle ? Il s'agit de ma part d'une vraie question à laquelle je ne prétends pas avoir de réponse. Avez-vous connaissance d'une étude dans ce domaine ?
      Respectueusement

      Supprimer
    3. Le mot dissuasion a été inventé bien avant le livre blanc de 2013 et il existe de multiples cas. L'opération Manta que j'évoque est une opération dissuasive (ce qui ne signifie pas forcément être passif). Sinon, ce n'est pas parce que cela ne marche pas toujours que cela n'existe pas. On peut recevoir la mission de détruire, freiner, s'emparer de, etc...et ne pas parvenir à le faire. Cette mission de "dissuader d'attaquer les intérêts vitaux de la France" est toujours en cours et qu'elle ne concerne pas que la force nucléaire, même si son rôle est évidemment essentiel. On verra dans le futur si elle a réussi.

      Supprimer
    4. je pense qu'il est essentiel de ne pas perdre de vue un point essentiel de le génèse du concept de dissuasion nucléaire français. il est le fruit de notre histoire et des conséquences tirées des deux GM : 1917 et 1940
      la première guerre nous a révélé les limites humaines et démographiques d'un conflit industriel.
      1940 : nous aura traumatisés au point de nous considérer comme incapables de reconduire la lutte -pourtant perdue - de l'hiver 1870-1871, puis de produire de nouveau l'effort comparable à 1914-1918. la disparition de l'empire colonial nous aura convaincus de notre manque d'épaisseur stratégique (espace, démographie, ressources naturelles). la guerre est alors considérée comme perdue avant même d'être envisagée. il faut donc dissuader la guerre par le feu nucléaire. cette approche quasi suicidaire mais rationnelle a accouché de la dissuasion nucléaire.
      le conventionnel ne visait qu'à lever l'indétermination. on y a ajouté le nuc tactique ou préstratégique pour se donner 2 ou 3 jours de plus.
      aujourd'hui la problématique est autre : la logique de domination territoriale a cédé la place à une autre de forme de domination informelle associée à la mondialisation. ce qui ne veut pas dire que la menace étatique ne reviendra pas.
      dans ce contexte c'est la dissuasion nucléaire qui exige les plus gros efforts d'anticipation, technologiques et financiers. nos gouvernements, par ailleurs conscients du poids politique de l'arme nucléaire ont fait un choix : le conventionnel, qu'il ne veulent d'ailleurs pas employer parce que c'est "la mort à la télé au JT de 20h", passera après et un effort de réarmement conventionnel reste possible à court terme (à leurs yeux), en oubliant qu'il ne s'agit pas seulement d'équipements mais aussi d'hommes et de formation.

      Supprimer
    5. La question est même "dissuade t-on encore d'attaquer les intérêts vitaux de la France" (l'ordre et la sécurité publiques, le potentiel socio-économique du pays, nos approvisionnements et nos exportations, la souveraineté nationale et les institutions, par exemple), avec notre dissuasion nucléaire.
      Dissuasion nucléaire qui a été conçue, essentiellement dans un concept de rapport du faible au fort, et surtout expressément après "l'affaire" de Suez. On aurait aujourd'hui beaucoup de difficultés à concevoir une telle situation, vu notre positionnement en politique étrangère actuel. Faudrait déjà, par commencer à (re) sortir de l'Otan. Par exemple ! !
      Par contre, un appareil classique (conventionnel) adapté, permet justement d'agir, et de réagir, à la plupart de ces cas de figure, d'attaque même indirecte de nos intérêts en général.
      Il est même l'expression, visible et concrète, de notre volonté à vouloir encore nous défendre (ou pas !), et à agir réellement dans le monde actuel.

      Supprimer
    6. Vous partez de l'hypothèse que les jihadistes se sont auto-générés, et s'auto-entretiennent.... Pas d'Etat derrière les jihadistes? Bien sûr que si, et qui seraient très sensibles à une suasion (persuasion/dissuasion), i.e une injonction ferme à cesser d'armer et financer les jihadistes. Mais voilà, ces pays sont nos alliés, ou les alliés de la classe dirigeante, alors notre armée ne sert à rien dans la lutte contre les jihadistes car nos vrais ennemis ne sont pas désignés, et parce qu'elle se prépare à la guerre contre un ennemi qui ne nous attaquera jamais.

      Supprimer
    7. Merci pour cet article limpide. Je partage entièrement votre avis concernant la définition de la dissuasion. Dissuader, c’est l’inverse de persuader, ni plus ni moins.

      Je vous encourage à défier en duel au famas (qui est une arme conventionnelle) toute personne qui vous contredirait sur le fond de cet article, et à demander à vos contradicteurs si ils se sentent dissuadés.;0)

      Supprimer
  6. Il faut un certain équilibre. Sinon, nous ne seront finalement plus crédibles du tout.
    L'état actuelle de modernisation de notre dissuasion nucléaire supporterait bien ainsi et aisément un report d'une décennie des projets actuels (SNLE, TNO, nouveaux missiles), sans que nos savoir-faire et nos compétences dans ce domaine en soient atteintes.
    Si on compare avec un matériel proche, notre parc de SNA, on devrait avoir déjà presque nos six nouveaux SNA Barracuda, qui auraient du être livrés dés 2010. Les sous-marins Rubis auront tous plus de quarante ans de service quand il seront enfin remplacés. Et il en est ainsi quasiment de tout notre arsenal classique.
    IL FAUT UN MINIMUM D’ÉQUILIBRE.
    La focalisation de nos dirigeants sur le seul fait nucléaire s'apparente même de plus en plus à une sorte de ligne de Maginot moderne. Rappelons que cette dernière ne servit pas à grand chose puisqu'elle fut complètement contournée. D'ailleurs qui dissuade t-on aujourd'hui ? Et à part actuellement à servir de posture de politique intérieure.

    RépondreSupprimer
  7. "Inversement, en parvenant à exclure l’idée que cette fonction stratégique puisse être assurée par des forces conventionnelles, on affaiblit celles-ci sur le champ de bataille des finances. "
    Michel
    j'ose compléter cet extrait de ton billet par un phénomène sociologique : le refus d'envisager d'avoir à faire la guerre, autrement dit de prendre la responsabilité de préparer le pays à cette éventualité, ne serait-ce qu'en lui donnant un appareil conventionnel crédible.
    la problématique des gouvernements occidentaux et de l'environnement géopolitique actuel est qu'il est extrêmement difficile d'identifier "charnellement" l'ennemi, de le nommer en tant qu'état nation. nous n'avons plus notre Allemagne ou notre Angleterre tant honnies par le passé. même l'ours Sociétique avait un côté virtuel qui rendait le devoir de défense nationale moins prégnant.
    alors quand il s'agissait par le passé de faire la guerre pour revneir à un état de paix "meilleur", donc de résoudre une crise, il s'agit aujourd'hui - puisque rien ne le justifie- de gérer la crise "en bon père de famille", c'est à dire en y investissant le minimum pour pouvoir s'assoir autour de la table du notaire le jour de la succession. ce faisant pourquoi investir dans un "outil" qui exige du temps, pour répondre à une hypothèse qui nous est étrangère parce qu'indéfinissable ?
    le concept de dissuasion - y compris, dans une certaine mesure le nucléaire- suppose d'entrer dans une dialectique avec un autre avec un logiciel compatible au notre. cela suppose de désigner un adversaire. or, aujourd'hui, comment expliquer à des français qu'il faut investir dans un "machin" susceptible d'être utilisé dans 5-10-20 ans contre un adveraire non identifié, alors que dans le même temps, il faut gérer le temps court et les prochaines élections. nous sommes en démocratie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ah bon vous avez dit démocratie un lapsus sans doute ??

      Supprimer
  8. Le concept de dissuation est lié à l'arme ultime ,la bombe atomique , pour protéger le pays considéré comme un sanctuaire inviolable et ligne rouge a ne pas toucher pour des avdersaires potentiels,si j'ai bien compris la démarche Gaullienne.Autrement dit exercer les prérogatives régaliennes d'un état et les les considérer comme vitales.Parmi ces prérogatives,battre monnaie ,nous ne le faisons plus,édicter des lois,nous entérinons les désidératas de Bruxelles,quand à l'armée elle est soumise à l'otan c'est à dire aux Us(propos repris de Marie France Garaud)en résumé notre souveraineté a disparu avec les bases du traité de Wesphalie qui avaient eu le mérite d'initier celles d'un droit international,battu en brèche par ces mêmes Us partout dans le monde,alors quelle dissuation puisque nous sommes in fine incapables d'assumer notre souveraineté dans tout les domaines ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. notre souveraineté nous l'avons perdue avec la loi Pompidou/ Giscard qui nous a empêché de batte monnaie nous livrant du même coup aux appétits féroces d'une oligarchie financière qui est installée aujourd'hui dans le fauteuil présidentiel

      Supprimer
    2. 0n sort du sujet mais cette accusation lancé à langueur de post depuis quelques années sur la loi de 1973 est une absurdité totale :( Doit on rappeler que la Banque de France était privé jusqu'en 1946 ?

      Supprimer
  9. Principe féodal du seigneur et des vawsaux à la sauce 2.0 : https://froggybottomblog.com/2015/01/17/strategie-americaine-en-afrique-les-risques-et-contradictions-du-light-footprint/

    RépondreSupprimer
  10. A mon avis, vous faites un contre sens : le mot dissuasion est employé avec le nucléaire militaire parce qu'on ne veut pas envisager de l'utiliser, donc on dit qu'il s'agit de dissuasion. Cela remontre à loin, par exemple la Mutually Assured Destruction (mad) etc. Et il n'y a pas les mêmes blocages avec le reste.

    Je pense aussi qu'il est inexact d'associer le supposé lobby du nucléaire civil à cette histoire.
    D'une part, le nucléaire civil rapporte des sous (car il est beaucoup moins cher que le reste hors hydraulique, et permet donc à EDF de verser des dividendes à l'Etat). Donc l'idée qu'il aurait à magouiller pour récupérer des sous (ressources budgétaires rares) est à côté de la plaque.
    D'autre part, une interview du patron de l'un des électriciens allemands, suite à la désastreuse décision de Merkel, rappelait qu'à ses yeux le supposé lobby du nucléaire civil était composé d'enfants de choeur par comparaison avec les menteurs éhontés des éoliennes et autres panneaux solaires. A bon entendeur...

    Quel est l'intérêt de s'en prendre au nucléaire militaire ? En commençant comme cela, tout ce que vous obtiendrez est d'apporter du grain à moudre à ceux qui voudraient tout passer (siège au conseil de sécurité, dissuasion nucléaire) au niveau des branleurs incompétents de l'UE.
    Prenez plutôt modèle sur US et UK, qui ont une dissuasion nucléaire et (plus ou moins) de forces conventionnelles.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour, je ne vois pas très bien où je m'en prends au nucléaire militaire, dont je suis partisan, et même d'ailleurs au nucléaire civil (dont je suis également partisan) qui défend légitimement ses intérêts, jusqu'ici même visiblement. Ce n'est absolument pas l'objet de cet article.
      Je sais bien qu'on n'a pas envie d'utiliser nos armes nucléaires, cela n'empêche pas le mot dissuasion de pouvoir être utilisé ailleurs que dans le cadre de la protection de nos intérêts vitaux.

      Supprimer
    2. Votre article donne l'impression que vous vous en prenez au nucléaire militaire, voire civil, puisque vous dites qu'ils excluent les forces classiques du budget par l'emploi du mot dissuasion. Cela semble indiquer que vous souhaitez leur piquer des sous pour financer les forces classiques. Or, est-ce possible, ou faut-il chercher ces sous ailleurs, comme le font US et UK ?

      D'autre part, je ne suis pas sûr que la dissuasion soit le mot magique qui garantisse les budgets : il me semble plutôt que le mot dissuasion est surtout là pour rassurer sur le fait qu'on ne veut pas utiliser ces armes.
      On ne finance donc pas le nucléaire militaire parce qu'il est associé au mot dissuasion, mais au contraire on utilise le mot dissuasion pour pouvoir utiliser le nucléaire militaire sans braquer les gens.

      Sur le nucléaire civil, il me semble qu'il y a la tentation de l'imaginer en lobby tout puissant, ainsi telle ministre peu qualifiée explique son renvoi de cette manière. A mon avis, le nucléaire civil n'est pas un lobby tout puissant, ni même un lobby moyennement puissant, et il est en train de se faire damer le pion, au détriment de l'intérêt général. Voir par exemple ici :

      https://jancovici.com/transition-energetique/electricite/50-ou-50/

      sur l'objectif de Hollande repris par Hulot.

      Supprimer
  11. Le 21ème siècle est présenté comme celui de la guerre de l'eau (le 20ème etant celui du petrole). Comment dissuader des gens qui sont dans la survie immédiate ? https://etudesgeostrategiques.com/2018/02/10/la-defense-face-au-changement-climatique/

    RépondreSupprimer
  12. Il me semble que notre dissuasion conventionnel est aujourd'hui représenté par Sentinelle et nos bases ici et là; les manoeuvres avec/chez nos alliés aussi; le CdG et les BPC également. Après cela suffi-il à écarter les dangers? Tout dépend de notre capacité à évaluer les menaces et à établir une réponse adéquate et assez conséquente pour dissuader. Forcément, plus le danger est grand (adversaire puissant), plus il faut des gros moyens (argents) pour le dissuader. Une simple jeep placé à un carrefour peut parfois dissuader par sa simple présence, comme une balise qui si elle s'éteignait nous dirais: La jeep est détruite un cran supérieur vient donc d'être franchi, la puissance de dissuasion doit être réévalué et/ou laisser la place à un acte offensif. Sinon si c'est pour ordonner au fusil à pompe de ne pas toucher au grisbi de l'intérêt supérieur français, ça c'est le boulot des services spéciaux de contacter l'élément "contraignant", où les moyens d'actions à entreprendre sont beaucoup moins couteux;..bien que derrière une simple photo, peut se trouver un très couteux satellite. En tout cas notre dissuasion conventionnel n'a évidemment pas la même proportion que pendant la guerre froide, malgré que la population de la France a presque augmenté du double, passant de 1945 avec 30 millions d'habitants à aujourd'hui avec 65 millions d'habitants. Enfin si l'armée a besoin d'un budget assez conséquent c'est son problème, et elle doit donc savoir faire du lobbying pour ce faire respecter, faire respecter une dissuasion suffisamment pertinente. Bref il faut se battre pour une certaine idée de la dissuasion, mais là les politiciens ont généralement le dernier mot, donc c'est au salon de thé qu'il faut négocier votre matos "conventionnel".

    RépondreSupprimer
  13. Bonsoir, peut être faîtes vous partie de ce groupe de reflexion... https://www.ifri.org/fr/publications/etudes-de-lifri/focus-strategique/role-strategique-forces-terrestres Je voulais tout d'abord le mettre sur votre billet à propos de l'eventuelle transformation des regiments, mais l'important, c'est que cela puisse vous servir ou du moins vous faire sourire.

    RépondreSupprimer
  14. Un petit papier sur l'Europe de la défense: http://securiteinterieurefr.blogspot.fr/2018/02/la-nouvelle-europe-de-la-defense-cest.html Intéressant

    RépondreSupprimer
  15. Un autre petit papier intéressant meme si venznt d'un groupe très porté sur les gains de productivité (c'est la grande mode depuis 40 ans...) http://www.ifrap.org/etat-et-collectivites/combat-de-haute-intensite-ou-en-sommes-nous?lipi=urn%3Ali%3Apage%3Ad_flagship3_detail_base%3BXUjRgM%2FpSQSW6VK%2FI5mTRQ%3D%3D

    RépondreSupprimer
  16. Un petit mot sur la prospective et le "cyber", nouvelle marotte et pourtant chose sérieuse...
    http://www.polemos.fr/2018/02/eloge-du-futur-raisonnable/

    RépondreSupprimer
  17. "La présence de navires et sous-marins russes équipés de missiles de croisière Kalibr en Méditerranée permettra à la Russie d’atteindre la dissuasion stratégique non-nucléaire contre toute éventuelle force ennemie dans la région, a affirmé à Sputnik un membre du Conseil social au sein du ministère russe de la Défense."
    Notez la formule : dissuasion stratégique non-nucléaire
    Source : https://fr.sputniknews.com/defense/201805171036411560-russie-kalibr-meditarennee/

    RépondreSupprimer