dimanche 29 mai 2016

Les jolies manières

L’une des plus fascinantes innovations sociales de l’histoire est française, elle s’appelle la galanterie. Cette nouvelle manière d’établir les rapports entre les hommes et les femmes, progressant de la chevalerie courtoise jusqu’à Proust en passant par les cours royales et les salons parisiens, s’est étendue par imitation et imprégnation dans l’ensemble de la société française. Les « jolies manières » faisaient alors une réputation particulière à la France, « pays des femmes » selon Hume au XVIIIe siècle. Cela n’empêchait pas, à l’instar d’un Cyrano de Bergerac, cette société étonnamment respectueuse des femmes d’arborer aussi et avec la même force les vertus jugées viriles du courage physique. Mieux, on parvenait à enrober les deux du même « esprit » et de la même classe. Avec la retenue et l’élégance, il devenait possible de parler librement d’amour et les jeux de la séduction pouvait se déployer. Surtout, quand l’homme s'est contrôlé la femme a pu apparaître, à la cour d’abord et donc dans la politique, avec François Ier puis surtout Louis XIV, puis également dans la pensée des Lumières, la littérature, la science, la vie publique sous toutes ses formes en fait. Quand le mâle se contient et que tout le monde le sait, nul besoin de cacher et cloîtrer les femmes pour les protéger, nul besoin de la menace du tribunal. La galanterie et la courtoisie d’une manière générale sont dans les rapports entre les hommes et les femmes, ce que la confiance est à l’économie, un composant invisible mais nécessaire au fonctionnement harmonieux et même intéressant d’une société.

Alors bien sûr, la galanterie, outre qu’elle représente un idéal qui n’a pas jamais été, loin de là atteint par tous, n’a pas empêché le pays qui l’a vu naître d’accorder le droit de vote dix ans après les femmes turques, de les maintenir dans un rôle second dans les instances directes de pouvoir ou de sujétion administrative. Il serait hasardeux de croire qu’il y a un lien entre les deux. Il serait dangereux aussi de penser que la fin de la galanterie, vécue parfois comme une (nouvelle) manière sournoise de piéger les femmes, permettrait plus de liberté ou de pouvoir. J’aurais plutôt tendance à croire qu’un petit retour aux jolies manières et au respect, sans même parler de choses incroyables comme l’honneur, ferait un peu de bien à toute notre société, à notre classe dirigeante en premier mais pas seulement, loin s'en faut. Dans le cochon tout n’est pas bon et le comportement minable de certains de nos représentants comme celui que l'on peut observer dans certaines rues ne m’inspire que le dégoût (et je ne parle ici que de l'attitude vis-à-vis des femmes). Je rêve, comme le regretté Bernard Maris, que n'importe quelle femme française puisse lancer « et la galanterie alors !? » au moindre petit écart. 

La fréquence du minable dépasse désormais le seuil des cas isolés. Il y a donc urgence mais j’avoue que je ne sais pas comment faire. Je n'aime pas les plaintes, à tous les sens du terme, mais s'il faut en passer par là... Je suis aussi pour le retour au duel d’honneur mais je ne suis pas sûr que cela soit accepté. 

26 commentaires:

  1. Nous avons à Saint-Cyr, encore des cours de savoir vivre... Tout n'est pas perdu Mon colonel.

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    1. Cours vite oubliés au vu du comportement dans l'amphi Foch pendant le SIGEM.

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    2. Cela a certainement beaucoup changé depuis mais je ne souviens pas de l'ESM comme un haut lieu de la galanterie et des belles manières vis-à-vis des élèves féminins tout au moins.

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    3. Cela a effectivement beaucoup changé mon colonel ! et qu'en bien !

      Ce qui se passe au SIGEM reste au SIGEM, dans tous les sens du terme.

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  2. C'est un sujet aussi complexe que jouer au jokari sur un trampoline, car entre courtoisie et levrette sauvage, il est vrai qu'il faut la jouer très finement. C'est très drôle en tout cas votre sujet Mr Goya, et cela pause un problème plutôt d'actualité, surtout au niveau des politiciens là où ces derniers devraient être exemplaire. Mais si on parle des récents présidents, on est très loin d'avoir pu constaté des relations de couples présidentiels français, sereinement exemplaires. Sinon au niveau de la population, il existe un nombre de façon de voir la relation homme-femme aussi grand qu'il y a d'humain sur terre. Galanterie, courtoisie, Patriarcal, matriarcal, soumission, domination, pratique les plus banals ou pratique les plus originales, il est très difficile de codifier l'amour, la passion, la sexualité, ou encore le mariage forcé. Car s'ajoute à ça, la religion, les coutumes à la mode, les traditions séculaires, voir carrément la prostitution conjugal, ou la nymphomanie qui peut être une dangereuse maladie. Donc beaucoup de paramètres rentrent en compte, et si on veut figer ce rapport humain primordial dans tel ou tel protocole, on risque de ne plus saisir le côté instinctif de la chose. Par contre le duel d'honneur c'est encore autre chose, et si je pense au film "Les duellistes", où un soldat provoque en duel un autre soldat de la grande armée, pour une fausse raison sentimental, pour une humiliation qui n'a jamais eu lieu, et conduit l'un a vouloir tuer et à poursuivre l'autre à travers toute l'Europe par pure jalousie, je me dis que John Lennon avait imaginé une belle autopsie de sa propre connerie, et surtout de la connerie humaine en général, en chantant: "I'm just a jealous guy". Il y a comme un nerf de la guerre sous-jacent et inhérent à l'homme là dedans... Enfin il n'est pas facile de parler de tel sujet, à l'époque de "Sexion d'Assaut", et où le porno est accessible aux plus jeunes très facilement par rapport à ma jeunesse, donc il faudrait l'avis de spécialiste pour comprendre ces changements de moeurs, parce que l'on pourrait également parler de la Renaissance, des années folles, ou encore des années 70, mais aujourd'hui avec les réseaux sociaux par exemple, c'est encore à écrire, encore à comprendre.

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    1. Didier Bernadet30 mai 2016 à 11:24

      On ne peut changer l'homme, alors on conçoit des "systèmes" pour tenter de lui imposer des comportements "corrects". Comme les feux rouges, les prisons, les amandes; il y avait aussi, en moins couteux, les coups de pied aux fesses...L'un des plus beaux et dignes de ces systèmes de notre "civilisation"est justement la Galanterie qui possède en elle-même un sens profond d'éducation basée sur le respect de l'autre et des règles...Je rêve de la voir en apprentissage chez les tous jeunes enfants, dès le primaire.

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    2. @Didier Bernadet
      Oh mais je suis pour la galanterie, mais je connais plus le sujet de la courtoisie. Mon autre pseudo est celui de René d'Anjou, qui hormis le fait qu'il a écrit un précis des tournois, a aussi écrit un livre sur la courtoisie (Livre de l'amour épris). Le définition de la courtoisie consiste pour l'homme à se rabaisser, où plus précisément de feinté une réduction de lui-même par différente manière, afin d'élever ainsi la femme qu'il convoite. Le but étant d'instaurer la confiance, et de rassurez la belle, pour finir sur quelque chose de plus..animal. J'ai aussi sur "Opex 360" mis un lien vers un groupe de musique style renaissance et qui chante en latin l'amour courtois "Speculum amoris":http://www.dailymotion.com/video/xlzi4u_speculum-amoris-ensemble-la-reverdie-1992_music .
      Alors que la galanterie se rapporte plus pour moi à de la politesse, et après avoir cherché la définition, je ne me suis pas trop trompé.
      Pour revenir aux politiciens mis en cause sur ce sujet de manière sibylline, on constate que Chirac ou Mitterrand avaient des filles cachés, pour la bonne cause j'imagine... Mitterrand pourtant lettré pratiqua aussi les écoutes pour séduire, ce qui n'est pas très galant. Chirac lui, madame présente ou pas, pouvait se tordre à séduire une autre en publique, je peux comprendre ça (lol). Sarko fit son mandat avec M Bruni, Hollande avec M Trierweiler puis sur son scooter avec chauffeur pour une actrice fraichement césarisé. Bref, pour dire que la galanterie n'est pas aussi simple que ça. Ca me fait penser à un livre "Sexus politicus" (dispo pdf), et qui nous ramène la séduction dans un jeu plus réaliste, et non dans celui d'un flirt gentil et coquet, style ado en fleur. En tout cas les femmes sont passionnantes, mais ne sont pas toutes des adoratrices de la grandes vertu, car ce qui vaut pour les femmes, vaut aussi bien pour les hommes, chacun doit respecter l'autre car c'est en faite à double-sens la galanterie . Certaine femmes n'aiment pas la galanterie par exemple, elles prendraient ça pour un truc de tafiole et préfère en somme quelque chose de plus rustre, certaine peuvent même aussi vous demandez de les attacher (ça m'a consterné. lol), donc il y a bien de tout dans cette relation H-F, et chacun à le droit de la pratiquer selon ses propres souhaits, car la vision universel n'existe pas encore, et heureusement car quoi de plus horrible que d'aseptiser l'amour dans une seul et unique pratique. La galanterie est donc le B A BA de la gentille communication, mais cela n'apporte rien de consistant dans le monde complexe et moderne que nous connaissons aujourd'hui.
      Enfin il y a une bonne nouvelle, et qui rejoint le sujet et le star-système pas toujours galant: C'est que Amber Heard est LIBRE!

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    3. Verbatim: "La galanterie est donc le B A BA de la gentille communication, mais cela n'apporte rien de consistant dans le monde complexe et moderne que nous connaissons aujourd'hui."

      Rien que pour le plaisir, je vais vous contredire sur vos deux propositions.

      1) Galanterie, B A BA de la gentille communication

      Oh non. La galanterie, à la base, est une forme "classique" de l'amour courtois, qui est pour un homme, une façon codifiée de se comporter en présence d'une femme (ne pas la violer tout de suite) à laquelle s'ajoute deux autres composantes: la séduction et la compétition avec un autre séducteur, mâle dominant.

      D'où l'image du galant en tant que bretteur et l'évocation par Michel Goya du duel et de l'honneur: mirant la même poule, les deux coqs s'affrontent. C'est donc un rapport à trois (2 hommes pour 1 femme). Une femme, objet de concupiscence et deux hommes, qui vont singer la relation animale de l'affrontement pour la sélection darwinienne, en y mêlant parfois une attirance homosexuelle.

      Dans cette forme moderne, la galanterie est un sport violent, sexuel, contraire aux bonnes mœurs qui mènent les joueurs droit à la partouze ou à l'échangisme, ce à quoi il a naturellement abouti au XVIII ième siècle, avec à la clé des pratiques de débauche, de luxure que Sade a théorisées.

      Dans la style romantique, ce rapport à trois peut se démultiplier à la façon du rapport tripartite qui existe lors de la circulation d'une lettre de change. La pièce la plus typique est sans doute Cyrano de Bergerac, où un même actif sous-jacent, Roxane, est endossé par trois hommes, Cyrano, Christian et de Guiche, le seul qui finalement accepte de signer la traite étant Cyrano, qui, par ses lettres, donne littéralement le change.

      Mais ici la jeune et belle Roxane est précieuse, dont platonique. Si l'on voit bien l'arrangement des mâles qui, comme des paons, font la roue autour d'elle, il n'y a pas de luxure dans cette affaire.

      En bref il n'y a pas de baise, mais de la bouffe.

      2) La galanterie n'apporte rien de consistant dans le monde complexe et moderne actuel

      Si: la galanterie apporte quelque chose de consistant. La bouffe. La galanterie étant basée sur l'acceptation d'un interdit de départ, la prohibition du sexe, les mâles dominants qui entrent en compétition pour la reproduction font la paix sur la bouffe, et se goinfrent.

      La galanterie est un mode de partage de la nourriture, qui est une priorité au moins aussi importante que la reproduction de l'espèce. Au siège d'Arras, de Guiche, finalement, a droit à la nourriture qu'au départ les cadets lui dissimulent.

      Dans notre monde actuel, la construction est différente:

      - la bouffe étant abondante, c'est le fait d'être gros, gras, adipeux qui menace l'homme dans sa virilité: on veut des hommes minces, sveltes, musclés, sportifs, pas des goinfres qui s’empiffrent comme des gros porcs.

      - On est passé du modèle galant de 2 hommes pour 1 femme, au modèle porno de 2 femmes pour un homme.

      Ce que la galanterie apporte à la modernité: Tarzan. Tarzan se contente de Jane, et il la nourrit en tuant les animaux de la jungle. L'homme sauvage a renoué avec ses racines naturelles de prédateur, tout en devenant civilisé. Sans la galanterie, Tarzan n'aurait été qu'un rustre utilitariste. Avec son fameux "toi Jane, moi Tarzan", perché sur une branche au sommet de la canopée, Tarzan devient le galant du monde actuel.

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    4. - "On est passé du modèle galant de 2 hommes pour 1 femme, au modèle porno de 2 femmes pour un homme"
      Là-dessus je pense le contraire. Mais vous posez un sujet sans contexte, donc toutes les interprétations sont possibles. Alors par exemple, si vous voyez un mec se barrer avec les deux gonzesses de la fête vous êtes le dindon de la farce, mais si c'est vous qui partez avec les minettes, c'est beaucoup moins désagréable... Croyez-moi j'ai connu les deux cas.

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    5. Le contexte auquel je me suis référé est celui posé par l'article de M. Goya: la galanterie en tant que "modèle social" au sens large, une "innovation sociétale" dit-il. Mais qu'on peut préciser.

      Dans le sens qui nous intéresse, un modèle social tel que la galanterie prescrit des comportements auxquels on attache une force obligatoire non pas en vertu de la loi, mais en vertu de règles de nature morale (qui ne comportent d'autres sanctions que celles que la conscience s'inflige à elle-même, comme la honte, le regret ou le remord).

      La galanterie n'est pas rendue obligatoire par la loi civile ou pénale, elle provient d'une conscience interne des individus qui s'acquiert par culture (ce qu'on se donne) ou par éducation (ce qu'on reçoit).

      A partir du moment où la galanterie est prescriptive de comportements, elle génère des représentations mentales structurantes. La première qui vient à l'esprit est celle du bretteur, que Michel Goya reproduit fidèlement en photo. Mais il y en a d'autres.

      Nous avons donc "modèle social" = prescripteur de comportements socialement obligatoires + générateur de représentations mentales.

      On peut noter que dans l'ordre des représentations mentales, le terme "galant" n'est pas nécessairement positif. Un galant peut n'être rien d'autre qu'un dragueur de boîtes de nuit, un beau parleur sans consistance, un plaisant qui ne procure à une femme qu'un plaisir éphémère et superficiel. Ou un homme dépensier et de mœurs légères qui vit aux dépens de ses conquêtes, on parlera alors de gigolo, ce qui n'est pas exagéré puisque l'actif sous-jacent dans la galanterie, c'est la femme, avec tous ses accessoires, comme la fortune.

      Donc, je n'ai pas posé le sujet hors contexte, je me réfère au contraire à quelque chose d'assez précis, que je n'invente pas puisqu'on le retrouve dans le vocabulaire et la littérature.

      Le modèle de galanterie auquel vous vous référez ("si vous voyez un mec se barrer avec les deux gonzesses de la fête vous êtes le dindon de la farce, mais si c'est vous qui partez avec les minettes, c'est beaucoup moins désagréable") est le modèle moderne, qui fait de l'homme un stakhanoviste du sexe et de la séduction: séduire une seule femme ne lui suffit plus. Ce qui ne signifie pas que ces femmes, en tant qu'objets sexuels, ne seront pas disputées. Le modèle porno admet aussi les jeunes coqs qui s'affrontent pour les poules.

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    6. Porno est un gros-mot qui réfute le caractère traditionnel de la relation pour définir plutôt un métier directement lié au sexe, ce qui ne correspond plus au sujet ici présent.
      La relation entre trois individus n'étant pas forcément sexuel, cela peut-être un simple jeu éphémère d'une soirée, un jeu mi-figue mi-amical, une relation qui promet, une passion dévorante, ou à la fin un passage à l'acte matrimonial, car finalement un choix se dessine toujours, une des personne perd le match et se retire du jeu à l'insu de son plein gré, et le sentiment amoureux peut jaillir entre les deux autres personnes. Pour dire que l'homme galant choisira par son ressentir (ça marche aussi pour une femme convoité par deux hommes), la femme qui semble lui convenir le mieux; mais dans un autre cas l'homme couchera avec les deux femmes (si elles sont d'accord; voir encore plus entreprenante que l'homme), ce dont vous parlez avec le caractère porno. La comparaison avec le coq est bien réel, mais c'est le lot quotidien de la société humaine, certain se marient très jeunes et vivent ainsi jusqu'à la fin de leurs jours avec la même personne, d'autres ont une vie amoureuse complètement dissolue, et ils y a les autres qui se situent au milieu, entre recherche de l'âme soeur et maitrise de la frustration physiologique. Et pour en revenir à mon premier post sur le sujet, l'instinct reste le facteur primordial et naturel de la relation, et que la galanterie n'est pas inscrite gravé dans le marbre. Même un coup de la main brusque sur le torse de la demoiselle, peut être une galanterie: "Moi Tarzan, toi Jane?!"

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    7. Je suis plutôt d'accord avec vous, mais je me rends compte qu'en employant la forme abrégée "porno" on en vient à oublier que le mot complet est pornographe ou pornographie, qui veut dire faire le récit, en général assez détaillé, de la relation sexuelle. Par extension, le pornographe désigne aussi l'amateur du genre.

      Je voulais ainsi dire que la relation de séduction, dans sa phase sexuelle, est aujourd'hui mise en scène et rendue publique par celles et ceux qui la pratiquent, grâce aux outils de communication qu'offre Internet. Bien qu'il y ait parfois tromperie, les participants à ces jeux sont souvent pleinement volontaires, mais il est vrai ne sont pas toujours conscients de ce qu'ils font et des conséquences à moyen terme, d'où l'utilité du droit à l'oubli.

      On est évidemment assez loin du modèle originel de la galanterie, qui était plutôt un jeu de classe ou de caste et qui se déroulait en petit comité, mais il faut aussi convenir, je crois, que c'est une forme moderne, un avatar, de la galanterie, à ce détail près qu'on met aujourd'hui le focus (c'est le cas de le dire) non plus sur la phase de séduction, mais sur la phase des rapports sexuels. On se passe des stades intermédiaires pour arriver directement au but du jeu.

      Ce qui est drôle, c'est qu'à côté de cela, la galanterie dans sa forme courtoise, a conservé un charme désuet qui lui attire les suffrages d'un grand nombre de gens, et pas seulement les nostalgiques, et qu'elle est aujourd'hui de plus en plus considérée comme une civilité.

      Être galant avec les femmes est un comportement civique du même ordre qu'aider un aveugle à traverser une rue ou aider une personne âgée à porter ses courses, ou tenir la porte au suivant dans le métro. La galanterie devient un comportement urbain, au double sens du terme.

      Quand on voit ce qu'était le galant au départ, on en tombe un peu sur le cul. C'était le renard dans le poulailler, fallait planquer les femmes, mettre les filles pubères au couvent, verrouiller les portes et les fenêtres, abattre les balcons, et organiser un système d'escorte: une femme ne sortait pas sans être flanquée d'une autre, pour qu'elles se surveillent mutuellement.

      Et en plus les galants pouvaient fort bien draguer les mineures, alors qu'aujourd'hui il en couterait un aller simple pour la chambre correctionnelle et une inscription à vie au fichier génétique des pervers.

      Comme quoi, les choses changent.

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    8. Oui d'une certaine façon les choses changent, mais je pense par exemple aux dynasties des pharaons qui ont pratiqués l'inceste jusqu'au malformation congénital, alors qu'il devait y avoir en même temps des gens en Egypte qui pratiquaient des moeurs très basique entre l'homme et la femme, que l'on pourrait même trouver chez les hommes de cro-magnons, qui ne l'oublions pas avaient la même capacité que nous au niveau de la taille du cerveau et qui enterraient déjà leurs morts. Les formes changent mais au fond les humains restent les mêmes. Grâce à la médecine scientifique moderne, on sait aujourd'hui qu'une mineur courre beaucoup de risque en tombant enceinte trop jeune, d'où le changement des moeurs, et là c'est encore autre chose, car je préfère parler de galanterie que du côté obscure du net, où la recherche du mot "teen" est devenu très courante.

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  3. Bien vu, bien écrit. La galanterie, rempart subtil de notre civilisation.
    Beau coup de plume. A lire.
    C'est vrai que dans le cochon tout n'est pas bon, surtout quant il est vert (au sens obsessionnel du terme - pas au sens politique).
    Le duel, in fine, n'est probablement pas une vraie solution, car il donnerait trop de travail aux Tribunaux, tout en permettant à un goujat bien entrainé de s'en sortir encore... Ne l'oublions pas.

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  4. Bonjour à tous.


    "Rempart subtil de notre civilisation, oui, certes"; si ce n'est que notre civilisation est morte, et que je ne vois guère se profiler sa résurrection.


    Pisci primum a capite foetet, c'est à dire le poisson pourrit par la tête : ceci n'est pas attribuable à Mao, mais c'est tout simplement le 3197ème adage rapporté par Érasme, qui ajoutait "se dit des mauvais princes dont la contagion infecte le reste de leur peuple."
    Notre pauvre France en fournit la confirmation éclatante........

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  6. Très bel article Mon Colonel, merci à vous pour ces rappels dans une société où les valeurs subissent l'érosion du temps.

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  7. La galanterie est sans doute l'avatar, envers les femmes, de quelque chose de beaucoup plus large et qui se perd: appelons cela la noblesse, la vraie, c'est-à-dire non pas celle héritée du blason mais la noblesse d'âme. Celle qui englobe les valeurs de tolérance, de respect, d'humanité et d'honneur. Certains ont ce code d'honneur moral vissé en eux de façon innée, d'autres l'acquièrent par l'éducation. Tous s'élèvent par cela. Dans l'ancien temps, les chevaliers, quelles que soient leur origine et leur nationalité, savaient se distinguer ainsi entre eux des autres, les gueux: le code d'honneur et de respect est universel. Les gueux à l'inverse n'ont aucun point de repère moral. Le problème aujourd'hui est que nous en avons beaucoup trop, de gueux, dans les sphères de pouvoir. On ne leur demande pas de laver leur honneur bafoué par le sang, mais au moins d'en être digne. La honte, le mensonge public, la duperie avérée, bref le déshonneur ne leur font rien, puisqu'ils n'ont justement pas de code d'honneur.
    Oui, je sais j'ai lâché 5 fois en 5 lignes le mot 'honneur'...je le fais pour vous, je sais que ce mot vous brûle les lèvres aussi.

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  8. Les femmes turques avaient le droit de vote, mais dans un système de parti unique. Donc il faut arrêter avec cet argument de pure propagande.

    Par ailleurs, c'est encore la gauche anticléricale qui s'est opposée à cette mesure pour essayer de bidouiller le vote en sa faveur, comme d'habitude.

    Enfin, Baupin est ridicule avec son rouge à lèvres, ridicule dans son comportement, mais les donzelles qui viennent jouer les effarouchées alors qu'il s'agit manifestement d'une simple vengeance politique sont tout aussi ridicules.
    Et dangereuses, car il s'agit comme d'habitude avec la gauche actuelle de faire croire à un besoin de flicage, de judiciarisation et de censure supplémentaire, bien à l'opposé des comportements du XVIIIe siècle par exemple.

    C'est le règne des petit-bourgeois en folie. Comme à Verdun, où les écoliers français chantent "Deutschland über alles" (et, en effet, c'est bien l'intention de l'Allemagne) avant d'aller galoper entre les tombes.

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  9. Les problèmes de genre vus par les Russes :

    https://www.youtube.com/watch?v=IBcWHtxJc4s

    c'est plus simple que les polémiques médiatiques incessantes...

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  10. Bonjour ,


    Ben , autrefois - la fin des années 70 - dans le Lagarde & Michard il y avait " ça " à étudier ! Fallait en plus qu'on se tape en interro un ersatz de carte à compléter sur ces repros qui puaient l'alcool et sur lesquelles on arrivait rien à lire . Comme il n' y avait pas encore la photocopie à grande échelle , la représentation fort maladroite dépendait du talent très limité du prof , de la prof en l'occurrence .
    http://chalk.richmond.edu/mlccontextes/17_siecle/images/tendre/tendre_gr.jpg
    Aujourd'hui le prof de Français qui utilise , en cachette , le Lagarde & Michard et qui parle de " ça " il se fait rappeler à l'ordre par son IEN s'il vient à l'apprendre ...
    * Mais mon brave monsieur , vous n'allez pas montrer " ça " à " nos " élèves ! *
    Même dans des institutions privées d'enseignement Catholique fort respectables , comme celle où est passée mon fils , le prof de Français il demande aux élèves de ne pas parler de " ça " au cas ou IEN viendrait à passer . Il l'enseigne comme Ronsard et Du Bellay mais presqu'en cachette .
    Or " ça " , plus Ronsard et Du Bellay c'est aussi un bon cours de " vivre ensemble " .
    Il faut noter que M. Baupain fait parti de ceux qui œuvrent consciencieusement à la destruction de notre enseignement classique dont une des vertus était de limiter les " libertinages consentis " .

    Daniel BESSON

    Ps : " ça " change quand même des cartes militaires , hein mon colonel !

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  11. Bonjour,

    Je rejoins ici chasseur: la galanterie n'est qu'une facette de la courtoisie, une mise en scene courtoise des rapports entre les seigneurs et les dames. Elle s'adressait a une fraction particulière de la société, aux membres d'une caste combattante. Pour prendre un raccourci, il s'agissait d'éviter que le chevalier ne courtise telle ou telle dame "a la soldate". Elle codifiait donc les rapports au sein d'un groupe, sans aucune prétention à l'universalisme.

    Au delà du "périmètre" concerné, la galanterie impliquait l'homme et la dame, dont chacun avait son "rôle". Si le chevalier était incité à adopter une attitude codifié, la dame était tout autant contrainte à jouer le jeu de cette galanterie.

    Enfin, si la galanterie était le mode de relation adopté dans les salons et aux abords des lices, la vie "courante" était autrement virile et rugueuse.

    Ainsi, la galanterie me semble incompatible avec notre époque de féminisme hystérique, ou on accuse indifféremment un politicien libidineux, un fabriquant de rasoir ou la langue française de machisme. Une époque ou certaines associations féministes veulent faire un délit d'un regard dans un métro, et ou la vox populi serait prête, d'après les média, à justifier le meurtre de sang froid s'il est commis par une femme qui se dit maltraité par sa victime.

    Je n'ai rien contre la galanterie au salon, si elle laisse la place, à son heure, à la gauloiserie. Faire la place à Rabelais et Frédéric Dard pas très loin de la place de Walter Scott et Pierre Joubert.

    Mais je refuse, pour ce qui me concerne, une galanterie qui n'obligerait que les hommes, une galanterie de Tartuffe: la galanterie n'a jamais été autre chose qu'un jeu, assez plaisant d'ailleurs pour ceux qui prennent la peine de le jouer. Et elle n'était qu'un prélude à d'autres jeux, plus charnels : si l'amour courtois feignait d'être platonique, il ne le restait pas toujours. Mais jouer ce jeux là avec une femme qui prends ses références ailleurs ne peut que mal tourner. Et pour les petites choses du quotidien, je préfère des relations plus "symétriques". La simple politesse me suffit, malgré son coté plus "populaire".

    Courtois au salon, soldat au cantonnement, gaulois à la veillée, poli à la ville, vert galant au déduit...ce sont les circonstances qui commandent. En chacune d'elles, ce qui fait l'homme, c'est de "se contenir", comme vous le disiez. Cette tempérance distingue l'homme de l'animal, guidé par ses seuls instincts et besoins. Mais c'est vrai tout autant pour la plus jolie moitié de l'espèce humaine.

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    1. "Mais je refuse, pour ce qui me concerne, une galanterie qui n'obligerait que les hommes".

      Mais qui voulez-vous donc qu'elle oblige, à part les hommes? Par définition, la galanterie n'oblige que les hommes, pas les femmes. Elle est un acte gratuit, par opposition à l'acte onéreux qui n'est consenti qu'en vue d'une contrepartie.

      Mais elle est trouble: la galanterie est une forme de contrat aléatoire, comme le jeu. Un homme fait une mise (on dit qu'il fait ses avances), ensuite il espère. D'où l'adage: "l'homme propose, la femme dispose".

      C'est un jeu, effectivement. Donc il comporte un actif sous-jacent.

      Mais, comme vous le relevez, le féminisme moderne refuse ce jeu, puisque l'actif sous-jacent, c'est la femme. Ce féminisme n'a pas totalement tort, puisque cet actif sous-jacent est réduit à un objet.

      Cet objet peut être purement intellectuel, comme l'Eternel Féminin, qui se conçoit très bien quand on le met en face, par exemple, du galant comme vous le définissez: un homme viril, combattant, noble de cœur et pas de blason, tout en retenue, mais qui s'inscrit dans un rapport de séduction avec une femme, en vue d'avoir des relations sexuelles, mais en obéissant à une idée profondément philosophique selon laquelle on n'accède jamais à ce qu'on veut immédiatement. On est obligé de passer par des stades intermédiaires.

      Tout cela, c'est très bien. Et le féminisme actuel n'est pas contre, d'autant plus que les femmes ont aussi leurs pulsions, ce qu'on sait aujourd'hui et qu'on accepte (un peu mieux, disons).

      Mais l'innovation qu'a représenté l'invention de la galanterie ne réside pas seulement dans le frein social mis aux pulsions animales de l'homme et dans leur mise en scène romantique, en combinaison avec l'Eternel Féminin.

      Sinon, la galanterie ne serait pas tellement plus intéressante qu'une pub pour parfum.

      L'innovation de la galanterie est d'avoir considéré l'actif sous-jacent que représente la femme comme une universalité juridique doté d'une individualité (une identité, une personnalité et une sensibilité). C'est à dire la définition juridique... d'un homme.

      Et maintenant, on applique le même raisonnement aux animaux (vote de lois sur la sensibilité des animaux) alors même que notre modèle de galanterie était fondée sur le partage masculin de la bouffe notamment d'origine animale: le galant est un viandard, car la consommation de viande participe de sa virilité.

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    2. J'ai mal dit ce que je pensais: la galanterie est un jeu de séduction qui, généralement, vise à l'obtention de faveurs. Symboliquement, aurais-je du dire: comme souvent, le jeu peut aussi être joué pour lui même, sans la recherche du "gain". Après tout, on joue bien des match amicaux, et souvent bien plus que des vraies compétitions. Mais la symbolique est toujours là.

      j'ai aussi mal dit en écrivant: "une galanterie qui n'obligerait que les hommes". Après tout, l'homme est, par principe, dans ce mode de relation, l'obligé de la femme.

      Mais je voulais plutôt dire que la contrainte ne pèse que sur l'homme. Or la femme, lors d'une cours galante, a aussi sa part de règles à respecter. C'est un jeu qui se joue exclusivement entre gens d'un même monde, je dirais même que toute la cours galante est une démonstration de l'appartenance à un même monde. Comme la plupart des jeux de séduction, et sans doute même des relations au sein d'un groupe.

      En revanche, j'ai bien du mal a croire que les siècles passés aient ignorés les pulsions des femmes. N'est ce pas après tout la symbolique même de la tentation d'Eve et du péché originel ?
      En fait, si je ne me trompe pas, certains moralistes considéraient que les femmes étaient suspecte de *ne pas* être capable de contenir leurs pulsions, alors que les hommes en auraient eu seuls la force morale.

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    3. Je ne pense pas non plus que les sociétés des temps anciens aient ignoré les pulsions féminines. Mais je ne pense pas qu'elle les aient acceptées, vu qu'elles avaient une vision de la femme assez catastrophique.

      Comme vous le dites-vous même, les société traditionnelles considéraient la femme comme primesautière (incapable de contenir ses pulsions immédiates, comme un enfant). Le XIXième siècle sera encore moins tendre puisqu'il parlera d'hystérie, qui reste un trait de caractère attaché aux femmes dans l'opinion commune, même de nos jours.

      Elles voyaient aussi dans la figure féminine une représentation du Malin, pas seulement sous l'angle de la lubricité, mais sous un angle beaucoup plus sérieux: le Diable est celui qui, en ce bas monde, soumet l'homme à la tentation, au risque de compromettre son Salut. Et on ne déconnait pas avec le Salut. C'est effectivement la symbolique du péché originel. La femme était considérée comme une résurgence possible du pouvoir souterrain du Diable.

      Si on fait la somme de ces trois traits de caractères, on obtient le portrait d'une femme hystérique, lubrique et qui fait risquer la damnation. C'est pas terrible...

      La culture galante s'est heureusement affranchie de la tutelle de cette vision catastrophique de la femme, sans pour autant transposer l'égalité des sexes dans la vie sociale, ce qui est l'acquis du féminisme.

      En France on a d'ailleurs souvent l'impression que parce qu'on aurait inventé la galanterie - ce qui reste à démontrer - on aurait inventé l'égalité des sexes. Dans la parade galante, la femme était certes sur un pied d'égalité avec l'homme, mais ça s'arrêtait là. Dans la vie civile, elle demeurait mineure de l'homme.

      De ce point de vue, elle conservait à sa charge les contraintes sociales inhérentes à son sexe, comme l'absolue nécessité de ne pas tomber enceinte de son galant. Si l'homme pouvait avoir, dans une certaine mesure, des enfants hors mariage, pas la femme.

      En France, jusque dans les années 70, on enfermait les filles-mères en maison de correction tenues par des religieuses, sur requête de la famille. Et l'avortement était pénalisé.

      Galanterie ou pas, on ne déconnait pas avec deux choses: le Salut Éternel et l'intégrité de la famille. Même le libertinage, forme achevée de la galanterie, n'y a pas pu grand-chose.

      Ce n'est pas parce qu'on joue à un jeu dans une bulle de séduction, dans l'entre-soi des castes supérieures, que la société et ses règles disparaissent comme par enchantement.

      Si je suis bien d'accord avec vous pour dire que dans le cadre du jeu galant l'homme s'obligeait à octroyer à la femme une égalité que la société lui refusait, et parfois même un statut supérieur, hors du cadre du jeu, les deux joueurs avaient leurs propres contraintes, inhérentes à leur sexe et leur rang.

      On se rappellera de Casanova qui a dû plus d'une fois quitter précipitamment les villes où il séjournait, poursuivi par la clameur des maris jaloux ou des parents défendant l'honneur compromis de leur fifille chérie. Le bonhomme a connu l'emprisonnement aux Plombs notamment pour cette raison.

      Chacun a ses contraintes, quoi.

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    4. Comme disait il y a plus d'un siècle le docteur Charcot père du célèbre navigateur, après qu'il ai étudié le sujet en utilisant l'hypnose:" L'hystérie féminine n'est pas une simulation."
      Mais je peux dire aujourd'hui, qu'il n'y a pas que les femmes qui peuvent être hystérique. :)

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