L’une des plus fascinantes innovations sociales de l’histoire est française, elle s’appelle la galanterie. Cette nouvelle
manière d’établir les rapports entre les hommes et les femmes, progressant de
la chevalerie courtoise jusqu’à Proust en passant par les cours royales et les salons
parisiens, s’est étendue par imitation et imprégnation dans l’ensemble de la
société française. Les « jolies manières » faisaient alors une
réputation particulière à la France, « pays des femmes » selon Hume
au XVIIIe siècle. Cela n’empêchait pas, à l’instar d’un Cyrano de
Bergerac, cette société étonnamment respectueuse des femmes d’arborer aussi et avec
la même force les vertus jugées viriles du courage physique. Mieux, on
parvenait à enrober les deux du même « esprit » et de la même classe.
Avec la retenue et l’élégance, il devenait possible de parler librement d’amour et
les jeux de la séduction pouvait se déployer. Surtout, quand l’homme s'est contrôlé la femme a pu apparaître, à la cour d’abord et donc dans la politique, avec
François Ier puis surtout Louis XIV, puis également dans la pensée
des Lumières, la littérature, la science, la vie publique sous toutes ses
formes en fait. Quand le mâle se contient et que tout le monde le sait, nul
besoin de cacher et cloîtrer les femmes pour les protéger, nul besoin de la menace du tribunal. La galanterie et la courtoisie d’une manière générale sont
dans les rapports entre les hommes et les femmes, ce que la confiance est à l’économie,
un composant invisible mais nécessaire au fonctionnement harmonieux et même intéressant d’une société.
Alors bien sûr, la galanterie, outre qu’elle
représente un idéal qui n’a pas jamais été, loin de là atteint par tous, n’a
pas empêché le pays qui l’a vu naître d’accorder le droit de vote dix ans après
les femmes turques, de les maintenir dans un rôle second dans les instances
directes de pouvoir ou de sujétion administrative. Il serait hasardeux de
croire qu’il y a un lien entre les deux. Il serait dangereux aussi de penser
que la fin de la galanterie, vécue parfois comme une (nouvelle) manière
sournoise de piéger les femmes, permettrait plus de liberté ou de pouvoir. J’aurais
plutôt tendance à croire qu’un petit retour aux jolies manières et au respect, sans
même parler de choses incroyables comme l’honneur, ferait un peu de bien à toute notre société, à notre classe dirigeante en premier mais pas seulement, loin s'en faut. Dans le cochon tout n’est pas bon et le comportement minable de certains de nos représentants comme celui que l'on peut observer dans certaines rues ne m’inspire que le dégoût (et je ne parle ici que de l'attitude vis-à-vis des femmes). Je rêve, comme le regretté Bernard Maris, que n'importe quelle femme française puisse lancer « et la galanterie alors !? » au moindre petit écart.
La fréquence du minable dépasse désormais le seuil des cas isolés. Il y a donc urgence mais j’avoue que je ne sais pas comment faire. Je n'aime pas les plaintes, à tous les sens du terme, mais s'il faut en passer par là... Je suis aussi pour le retour au duel d’honneur mais je ne suis pas sûr que cela soit accepté.
La fréquence du minable dépasse désormais le seuil des cas isolés. Il y a donc urgence mais j’avoue que je ne sais pas comment faire. Je n'aime pas les plaintes, à tous les sens du terme, mais s'il faut en passer par là... Je suis aussi pour le retour au duel d’honneur mais je ne suis pas sûr que cela soit accepté.