Il
y a quelques années, alors que notre armée était « au milieu du
guet » de la professionnalisation, nous étions lourdement sensibilisés au
nécessaire maintien du lien armée-nation, cordon ombilical dont dépendait notre
armée, ne serait-ce qu’en termes de recrutement…. « Avec ce casque 400
métiers ! » pouvions-nous lire et entendre au travers des campagnes
de recrutement qui suivirent.
Qu’entend-on
aujourd’hui ? L’inverse. Ce casque est devenu celui du technicien de la
lutte armée, « Un casque, un métier ». Le reste, jugé annexe et en
dehors du sacro-saint « cœur de métier », perd peu à peu sa couleur
kaki pour être confié au monde civil, logique financière oblige.
Danger !
C’est bien mal connaître notre armée, son histoire, ses capacités, ses limites
et ses objectifs que de vouloir ainsi castrer un outil essentiel à notre pays
en le privant de toute la cohérence et la richesse qui lui ont permis jusqu’à
aujourd’hui de remplir efficacement et loyalement les missions que les
politiques lui ont confiées. Comme disait un adjudant-chef aguerri de la
coloniale de manière fine et juste à son général : « Vu d’en bas mon
général, … on va dans le mur ! ».
Plus
que jamais, la France
doit veiller à ce que ses officiers, ses sous-officiers et ses militaires du
rang ne soient pas réduits à des systèmes d’armes mono tache sans aucune prise
avec leur environnement. Déconnecter le
militaire de son « écosystème » en le transférant à des civils, aussi
bien intentionnés soient-ils, est une faute qui risque de couper définitivement
le soldat de sa nation et réduire à néant le précieux capital acquis chèrement
au cours des siècles écoulés. Cette déconnection entraînerait la mutation
progressive du soldat en robot, réduisant la fonction militaire à celle d’outil
au service d’ingénieurs et de fonctionnaires.
En
effet, en le coupant de son environnement immédiat (l’appui et le soutien aux
forces) on le réduit à une fonction qui ne peut qu’aboutir à un appauvrissement
de la ressource humaine, tant dans son recrutement que dans sa formation. Ceci
entraînant inéluctablement une incapacité du combattant à rester en lien avec sa
nation et, pire, à appréhender toute la complexité du milieu au sein duquel il
est engagé en opération. Tout cela au détriment de l’efficacité de nos armées
et donc du bien commun.
Déconnection du soldat de son
environnement immédiat :
Il
s’agit ici des fonctions de soutien et d’appui en charge de l’équipement et de
la gestion administrative des forces. Au-delà des restructurations organiques
qui ébranlent déjà grandement la cohérence de l’institution militaire, le poids
grandissant des ingénieurs et des fonctionnaires gouvernant ces organismes
conduit à l’éviction du militaire des sphères décisionnelles. Cela ne peut
mener qu’à un sentiment de frustration d’une part et à un manque de pertinence
dans les choix stratégiques de qui seront faits d’autre part. Gardons à l’esprit que l’objectif est bien de
gagner la guerre de demain avec les moyens dont nous disposerons et non de
gagner des sous et rationaliser à tout crin, ce qui est différent… Si dans le
premier cas le militaire impose, sous contrainte financière, sa logique
opérationnelle, dans le second cas c’est le fonctionnaire ou l’ingénieur qui
impose, sous contrainte militaire, sa logique technocratique ou financière. On
ne peut pas prétendre qu’il en soit autrement, c’est l’ordre naturel des
choses, chacun agit selon ses intérêts et en fonction de ce qu’il connaît et
maîtrise le mieux. L’homme ne peut que se référer à ce qu’il a expérimenté, or
le métier des armes ne s’apprend pas sur les bancs de l’ENA, sciences po,
l’ENSIETA ou même l’X. On peut arguer que cette déconnection existe déjà au sein
même de la famille militaire. C’est en partie vrai. Depuis toujours et à tous
les niveaux, les guerriers des unités accusent ceux de la passerelle de ne rien
comprendre et ceux des tranchées d’affubler de tous les maux les planqués
de l’arrière ! Mais ces guerres intestines ne sont pas des luttes de pouvoir et
ici personne ne veut prendre la place de l’autre. Le bien commun, qui seul
mérite d’être défendu, n’est pas mis en danger et la cohérence d’ensemble est
préservée car tous sont animés par la même ambition du succès des armes. La
perte d’influence du militaire l’amènera demain à subir les choix de ceux
sensés l’appuyer ou le soutenir. C’est comme cela que les unités sont déjà
bombardées de systèmes d’information en tous genres, inadaptés à l’utilisateur
et ne répondant à aucun besoin exprimé. Garde à vous !
Cette
première étape de l’isolement annoncé du militaire entraînera inexorablement,
par effet de dominos, un rétrécissement du champ d’action et donc du profil de
la fonction militaire, limitant d’autant les compétences recrutées et donc
celles disponibles pour remplir les missions.
Appauvrissement de la ressource
humaine :
Il
s’agit ici du vivier d’hommes et de femmes qui s’engagent, puis servent chaque
année sous les drapeaux. Recentrer le métier de soldat sur une fonction, celle
du combattant, entraînera un appauvrissement du recrutement puis de la
formation et in fine de la capacité d’adaptation et donc de l’efficacité des
forces armées.
A
l’entrée dans l’institution tout d’abord. La perception des jeunes volontaires est
celle d’une armée où chacun a sa place. Sans démagogie, comme malheureusement l’armée
a pu en user au début de la professionnalisation, l’armée française s’est
toujours appliquée à recruter des profils variés. Le propre de notre armée est
sa « biodiversité ». Car même si celle-ci a déjà beaucoup souffert de
la professionnalisation, elle caractérise toujours nos rangs. D’une armée
capable de s’enrichir de la diversité de sa ressource en faisant fructifier les
talents des individus, aussi divers soient-ils, nous nous dirigeons vers un taylorisme
industriel qui ne saura se nourrir que d’acier et transformera le GV en Ford T.
Notre armée devra se séparer du « superflu » pour ne garder que
« l’essentiel », défini comme le « savoir se battre ». A
vouloir enfermer le soldat dans ce rôle de guerrier les armées risquent de
modifier la perception que les jeunes en ont et dissuader ainsi une frange non
négligeable de la population de rejoindre les rangs. Il en résultera une perte qualitative
de la ressource.
Après
avoir recruté des clones, l’armée en fera des robots capables d’accomplir une
seule tâche orientée vers l’affrontement et le combat. L’ouverture vers l’autre
qui prévaut aujourd’hui, notamment dans la formation des cadres, n’aura plus
raison d’être demain. Il n’y a qu’à observer la richesse du parcours de
certains officiers, qui après avoir été trempés dans la forge de
l’opérationnel, explorent de nouveaux horizons au sein des autres agences et
directions du ministère, voire en interministériel, pour comprendre ce que l’on
risque de perdre à l’avenir. Aguerris d’une vision nouvelle de leur métier tout
en pouvant faire valoir les réalités de la finalité opérationnelle de notre
armée, ces cadres ont toutes les cartes en main pour prendre, le moment venu,
la meilleure décision au meilleur moment. A l’un de ses élèves qui
s’interrogeait sur l’utilité de faire des sciences pour le futur officier qu’il
voulait devenir, un professeur de mathématiques spéciales lui répondit :
«Les mathématiques sont une brique parmi d’autre qui vous permettront demain de
faire les bons choix ». Il est probable que la décision de
« recentrer le soldat sur son cœur de métier » privera nos futurs
soldats et décideurs de ces briques d’aide à la décision pourtant de plus en
plus nécessaires à la compréhension de l’environnement complexe dans lequel ils
agiront. Car si le soldat, demain le robot, est aux côtés de l’ingénieur et du
fonctionnaire à l’arrière, au front il demeure seul face à ses responsabilités…
Et
si demain, à l’instar du remplacement des avions de combat par des drones dans
l’accomplissement de certaines missions, la fonction « combat au
sol » est assurée par des machines équipées pour se déplacer, renseigner,
détecter, identifier et délivrer des feux…. quid de nos militaires ? Des
cadres faisant de l’audit terrain et des planificateurs en état-major ? A
moins que des consultants ne s’en chargent…
Perte du lien armée nation :
Une
armée robotisée sera une armée dans laquelle la nation, plus que jamais, ne se
reconnaîtra pas. La gent militaire sera relayée au statut du corporatisme de la
violence projetable et, cercle funeste, aura de plus en plus de difficultés à
faire entendre sa voix dans une société préoccupée par son modèle économique et
son bien vivre.
Certains
argueront qu’après tout nous tendons vers un modèle américain que l’on
caricature volontiers comme une armée de robots mono tâche mais qui reste
profondément ancrée au sein de la société… Oui mais la France n’est pas les
Etats-Unis et qui plus est les Etats-Unis ne gagnent pas toutes leurs guerres… Deux
raisons majeures font que dans un cas l’armée restera au cœur de la nation, et
de l’autre elle s’en éloignera.
Tout
d’abord la notion de mono tâche vs polyvalence. La spécialisation à outrance
convient si le volume pallie la carence des compétences individuelles, or le
volume de l’armée française ne cesse de fondre et les fonctions que le
militaire ne peut plus remplir, ce n’est pas un autre militaire qui les remplit
mais un civil. L’armée française n’est qu’une maquette au 1/5° de l’armée US
avec un budget au 1/15°…
Vient
ensuite l’argument de l’attachement de la nation à son armée. Là encore les
deux cas sont distincts. La violence est ancrée dans la culture américaine,
aussi bien dans le monde civil que militaire. L’américain est par nature
coutumier de la violence et n’a donc aucun mal à se reconnaître dans
l’agressivité du métier des armes, au contraire. Le Français, lui, ne veut pas
en entendre parler. La violence est écartée du paysage et n’est acceptée qu’à
distance. De plus, les autorités militaires sont absentes du paysage médiatique
et depuis belle lurette plus aucun chef de guerre n’est porté en exemple aux
jeunes générations. Didier Deschamps a remplacé le général Leclerc et Ribéry a
balayé l’adjudant-chef Vandenberghe aux oubliettes.
In fine…
Ainsi,
le recentrage sur le « cœur de métier » risque d’atrophier le cerveau
et l’agilité de notre armée au prétexte de vouloir en muscler le bras. C’est
oublier que le combat n’est pas qu’une affaire de force et c’est refuser
d’admettre que l’intelligence humaine, d’un bout à l’autre de la chaîne du
ministère, est une condition nécessaire à la victoire. Jusqu’à ce jour, la
cohérence globale des actions menées, tant à l’arrière qu’au front, a été rendu
possible grâce à cette intelligence, fruit de la formation et de l’expérience, et
présente à travers l’ensemble des composants de « l’écosystème
défense ». Ecarter le militaire des sphères périphériques du monde
opérationnel pour finalement l’enfermer dans une fonction mécanique reviendrait
à supprimer ce liant intelligent et liquéfier l’ensemble.
Certains
auront donc confondu la nécessité de fédérer les efforts de tous vers une seule
finalité « l’efficacité opérationnelle » avec le désir intéressé de
borner le militaire à sa fonction ultime. La fonction militaire doit être
pensée dans son ensemble et non pour sa finalité.
Les individus ne sont pas
interchangeables…
Transformer les gens en idiots savants, en techniciens spécialistes de la spécialisation : en faire des pièces interchangeables, ne possédant aucune vision globale du puzzle que seul maîtrise le Grand Ordonnateur. Il s’agit là à mon sens, sous couvert d’efficience et de rationalisation, de choix idéologiques qui n’osent pas s’annoncer pas comme tels. Cette démarche est à l’œuvre depuis déjà depuis une bonne quinzaine d’années dans les grands groupes du privé (cf. France-Télécom/ Orange) et dans les administrations. Avec les magnifiques résultats que l’on sait.
RépondreSupprimerJe propose donc d’améliorer la motivation des PMR, sous-officiers et officiers, avec des primes sur objectifs. Par exemple avec un peu d’audace et d’intelligence, on pourrait imaginer qu’une fois atteint son objectif (X kilos de djihadistes abattus ?), le versement d’une prime soit déclenchée avec des paliers échelonnés tous les +10%...
Un idiot savant en plus, c’est un citoyen en moins. Une perte d’intelligence et de richesses. Le réveil risque, encore une fois, d’être très douloureux.
Ajoutez:
RépondreSupprimer- la généralisation de l'organisation matricielle à toutes les structures;
- en conséquence de quoi transformez les ordres, obsolètes voire hors de propos dans des relations transverses, par des contrats, des protocoles, tout sauf des ordres, c'est horriblement has been;
- testez le tout avec quelques missions basiques qui n'ont rien de difficile : exaltez-vous;
- essayez vous maintenant à la difficulté du quotidien...
Et consternez-vous: c'est la catastrophe à laquelle on assiste, bras ballants, parce que c'est le chef qui a dit...
Enarchie, anarchie.
Toute la différence entre le commandement orienté mission/objectif et le management orienté ‘état final recherché’.
SupprimerRompez les rangs…
« au milieu du gué» . Je n'ai pas poursuivi la lecture plus avant.
RépondreSupprimerC'est une tendance lourde dans les démocraties (et pas seulement) à notre époque. Déjà la fin d'une armée de conscription avec la disparition du service militaire obligatoire montrait bien dans quel sens on allait. Pour toutes une série de raisons, certaines louables, d'autres moins avouables, on répugne à affronter directement son adversaire. Le soldat professionnel est donc bien commode, à la limite le mercenaire, mais il y a quelques hésitations à son sujet. Quand le soldat de métier peut se transformer en robot, c'est encore mieux. On répugne à affronter son ennemi au corps à corps, le faire à plusieurs kilomètres de distance (artillerie...) était déjà plus confortable. Les drones armés permettent maintenant de le faire de son bureau et à plusieurs milliers de kilomètres. Il ne reste plus qu'à tout automatiser quand le progrès technique le permettra. Avantages : on épargne des vies (les nôtres), moins de scrupule moral car il suffira de contrôler les images avec la complicité tacite d'une population qui sera soulagée de ne pas avoir à voir. Si les frappes des drones émeuvent certains pacifistes, je doute que ce soit le cas de la majorité de nos concitoyens. Que dire de ceux qui utilisent des bombes humaines (kamikaze) sinon qu'ils font la même chose, mais avec les seuls moyens qu'ils possèdent, c'est à dire humains. On peut avoir de sérieux doutes sur le niveau de pleine conscience des ces kamikazes endoctrinés, manipulés. Ils recourent aussi aux enfants, à des personnes n'ayant pas toutes leurs facultés mentales...les drones du pauvre.
RépondreSupprimerLes gens opèrent à un raccourci assez navrant et pourtant bien présent: on ne nomme plus de militaire au gouvernement car aujourd'hui les militaires sont à la tête du pouvoir seulement dans les dictatures.
RépondreSupprimerEt tout à fait d'accord quand vous dites que le militaire est aujourd'hui écarté des considérations de la vie civile. A titre d'exemple, les soldats envoyés en Afghanistan ont témoigné en revenant au pays que tout le monde se foutait de ce qu'ils avaient pu vivre là-bas. Loin des yeux loin du coeur.
Le mal de la France, c'est que son peuple est égoïste. Tant que ca ne les concerne pas, ils s'en foutent. Certains même dénigrent l'armée (cf: Monsieur Cantat, le compagnon drogué et abruti de la Ministre Cécile Duflot). Mais le jour où notre armée aura à nouveau pour mission de nous défendre, quand la France sera de nouveau menacée de l'extérieur par une entité étatique, d'un coup le peuple criera gloire à l'armée.
Mais c'est un problème qui malheureusement m'a l'air fatal. On est dans un monde qui se veut de plus en plus pacificateur. Or, comme vous le soulignez très justement, dans l'opinion publique, armée = violence.
Par contre, je ne pense pas que la violence intérieure aux USA imprègne le citoyen qui se reconnaît alors dans la violence de son armée. Je pense plutôt que la réflexion autour de la punition du crime est différente. Le sentiment national ne se fait pas autour de leur armée, mais autour de leur histoire (des colonies qui deviennent indépendantes et s'unissent, c'est d'ailleurs la force des USA, d'avoir une histoire unificatrice). Quand on attaque cette union, c'est en conséquence toute la nation qui est attaquée. Ca provoque ainsi la colère, il faut faire mal à l'ennemi de la Nation. Et les USA ont un système qui ressemble assez à la Loi du Talion, au code Hammurabi: "oeil pour oeil, dent pour dent": tu as tué, peine de mort. Tu as détruit mes tours, je vais détruire tes villes. C'est un raccourci un peu facile que je fais là, mais pour illustrer un peu leur mentalité. Quand l'extérieur s'attaque à l'intérieur, alors l'armée, force de diplomatie extérieure, est vue comme seul recours légitime et de fait soutenu par la population.
Nous on n'a pas ca. France, patrie des droits de l'Homme, blablabla. Résultat on ne peut plus reconnaître le travail de nos soldats. On a même toute une frange politique, les mélenchonistes pour ne pas les citer, qui réduisent avec mépris : "armée = fachos".
Comment on peut avancer, faire évoluer ca?
Y a du boulot.
"Mais le jour où notre armée aura à nouveau pour mission de nous défendre, quand la France sera de nouveau menacée de l'extérieur par une entité étatique, d'un coup le peuple criera gloire à l'armée."
RépondreSupprimerOui, ils s'en souviendront des militaires, surtout quand ils verront qu'ils ne sont plus aussi nombreux et qu'il faudra alors que le civil endosse alors l'uniforme pour devenir lui même un militaire. Ah moins que le pacifisme nous guette, alors là encore une fois, le militaire se sera alors sacrifié pour rien.
Par contre n'est franchement pas du tout pacifique et il ne le deviendra jamais. Il n'y a que nous européens qui pouvons croire cela, au moins nos politiques ont une excuse pour se servir de la défense comme variable d'ajustement budgétaire.
je voulais dire le monde n'est franchement pas du tout pacifique.
SupprimerBonjour mon colonel,
RépondreSupprimeret tout d'abord merci de nous faire partager via votre blog les réflexions d'autres auteurs.
Remarque, donc, sur le présent billet hébergé :
Monsieur Lamiral,
D'accord avec vous sur la majorité des points...
... sauf sur le couplet US : "la violence est ancrée dans la culture américaine (...) Le Français, lui, ne veut pas en entendre parler" ?!
N'est-ce pas affaire de perception des autres et de comment on se perçoit soi-même ?
Me vient une interrogation-observation : vous êtes français et vous voulez parler au nom des américains du nord ; et parler d'une population de 320 M de personnes selon un modèle unique ? Risqué !
Quoique vous disposiez d'un regard meilleur que le mien puisse être, votre immersion ne vous limite-telle pas au contact d'une frange particulière de cette population : vous n'en avez tout de même pas rencontré les 320 M sur le campus ou en opération. Dans ces 2 milieux, c'est une élite, et plus particulièrement dans le second une élite qui occupe le champ de la conflictualité.
Je pensais pour ma part que les citoyens US se percevaient comme des pacifiques/pacifistes que l'horreur du monde porte à devoir dignement se battre, et qu'ils pensaient alors le faire bien sinon mieux que d'autres. Eh oui, ce serait toute la contradiction, un peuple de tragiques guerriers pacifiques.
En 1992-93 en Somalie, et même en 2013 en pleine war fatigue, aucun ne démentirait les mots de leur 28eme président :
"It is a fearful thing to lead this great peaceful people into war"
(Woodrow Wilson devant le Congrès US pour demander l'entrée en guerre des USA, 02/04/1917)
Sinon, tout d'accord avec votre analyse du risque d'une mauvaise articulation de l'expertalité, de la segmentation technocratique et de la relégation-restriction à une mission technique de projection de la violence légitimée.
Et également avec le commentaire du 19/11-1016 qui peut se plaquer-étendre à bien des institutions aujourd'hui./.
Bien respectueusement,
Colin l'Hermet./.