vendredi 3 février 2012

La section d'infanterie comme priorité stratégique nationale (2/3)


La section d’infanterie française prend sa forme moderne dans les années 1916-1918. Elle est alors équipée de six fusils-mitrailleurs et de quatre à six fusils lance-grenades et ses voltigeurs peuvent déjà être équipés de fusils semi-automatiques, dont certains avec lunette. Cette différenciation induit une interdépendance des hommes qui augmente la résistance psychologique supérieure à celle des hommes-baïonnettes alignés de 1914. Surtout, elle peut manœuvrer autrement qu’en ligne à un pas d’intervalle grâce à ses groupes de combat autonomes. Le saut qualitatif en quelques années est énorme.

L’infanterie se fige ensuite renouvelant très tardivement l’armement, à l’exception de l’excellent FM 24/29. Malgré l’équipement américain, la section française n’a pas ensuite de supériorité matérielle sur ses adversaires jusqu’à la guerre d’Algérie. Dans cette guerre de fantassins, la France se dote d’une nouvelle génération française d’armements individuels (pistolet-mitrailleur MAT 49,  fusil semi-automatique MAS 49-56, fusil-mitrailleur AA52) qui équipe en priorité les régiments parachutistes. Ceux-ci sont à l'origine d’un nouveau « système fantassin » qui associe la mobilité  (avec pas plus de 20 kg d’équipement), la recherche du combat rapproché et l’association étroite avec les moyens de troisième dimension pour le transport et les appuis-feux. L’infanterie d’assaut française est alors la meilleure du monde, infligeant en moyenne des pertes vingt fois supérieures aux siennes. Cela fonctionne aussi parce que l’on accepte alors le prix du sang. Entre cent et deux-cents hommes sont tués dans chaque régiment parachutiste durant la guerre d’Algérie.

La troisième rupture intervient dans les années 1980. Il y a d’abord l’adoption du Famas, qui est plus un rattrapage qu’une révolution puisque nous sommes les derniers à nous doter d’un fusil d’assaut (à la fin des années 1970 nous sommes obligés d’acheter des SIG 540 pour ne pas être ridicules au Liban ou au Tchad). Le véritable effort réside dans l’armement antichars, avec l’adoption de lance-roquettes modernes jusqu’au terrible RAC 112 et surtout le lance-missiles Eryx, s’organise encore en théorie le combat de la section. Le problème est que cette arme arrive dans les régiments après la disparition de la menace qu’elle est censée contrer. Plus de  600 millions d’euros sont ainsi dépensés pour un système finalement peu utile.

Avec les opérations difficiles des années 1990, l’infanterie adopte une série d’équipements de protection (casques, gilets pare-balles) et quelques armements (VAB avec canon 20 mm, fusil Mac Millan, etc.), puis un certain nombre de moyens optroniques et de transmissions, au moins pour se distinguer de la concurrence des « unités de marche » des autres armes. L’accumulation de ces improvisations est très utile mais elle aboutit aussi à un alourdissement et à des incohérences. Le gilet pare-balles, par exemple, conçu pour une mission statique de sentinelle est très encombrant dans une mission d’assaut. Le programme Félin, étalé sur vingt ans, vise à rationaliser tout cela en y ajoutant les apports des nouvelles technologies de l’information. Il ne résout pas cependant le problème fondamental de la charge du fantassin.

Quand on fait le bilan, on s’aperçoit que le développement de la section d’infanterie a rarement été une priorité alors qu’elle a été le « système tactique » de loin le plus sollicité et le plus important dans les guerres françaises depuis cent ans. Ce désintérêt peut s’expliquer en premier lieu par un certain mépris vis-à-vis de ceux qui apparaissent comme les plus simples des soldats. La section de 1918 aurait pu exister dès 1914 car tous les armements existaient déjà au moins à l’état de prototypes. Cela n’a pas été le cas car on considérait que le soldat français gaspillerait les munitions si on le dotait d’armes automatiques. Il a fallu ensuite trois ans de guerre pour admettre qu’un sergent pouvait prendre des décisions tactiques. Il n’est pas sûr que cette sous-estimation sinon ce mépris aux racines historiques profondes aient complètement disparus.

Après le mépris humain, il faut ajouter le mépris industriel. Que vaut cet assemblage de petits armement et équipements face à un char de bataille, un chasseur-bombardier ou un porte-avions ? Que pèsent ces petites industries dispersées face aux géants de l’aviation ou de la construction navale ? Possèdent-ils au moins un journal quotidien pour défendre leurs intérêts et ceux de leurs amis ? Les bénéfices à faire sur le dos de l’infanterie sont finalement assez faibles.

De fait, on ne s’intéresse à l’infanterie que lorsque les fantassins tombent en nombre.

( à suivre)

12 commentaires:

  1. Mon colonel,
    là, je suis entièrement d'accord, rien à redire.
    La décentralisation des responsabilités est trés certainement un point crucial. Aprés avoir commandé une section d'infanterie, une section de reco puis une compagnie d'éclairage et d'appui, il est certain que le principe de décentralisation n'est pas mis en oeuvre de la même façon partout: le chef de groupe d'infanterie est véritablement "scotché" à son chef de section alors que dans la reco (ou l'anti-char) le même chef de groupe se doit de faire preuve d'un sens de l'initiative plus développé. C'est ce même sens que l'on retrouve chez les tireurs d'élite. Mais on sait bien que cette décentralisation va à l'encontre du système "jacobin" de pensée des officiers français. Dans la littérature relative à la campagne de France en 1940, c'est bien cette esprit d'initiative qui est mis en avant pour expliquer la victoire si rapide des armées allemandes.
    Quant au poids économique de l'infanterie, rien à redire encore une fois. Cela me rappelle les mots de notre ancien CEMAT qui, alors commandant de l'EAI, voulait augmenter la masse salariale de l'infanterie en ajoutant un sous-officier dans chaque groupe. Bonne ou mauvaise, cette idée montrait bien ce manque de poids économique. Pour le reste, seule la DGA pourra répondre: la seule façon de se comparer pour des ingénieurs n'est-elle pas de comparer les budgets de leurs programmes respectifs? Je pense sincérement que oui. De plus, un petit programme à quelques millions d'euros pèse peu dans l'avenir de l'industrie d'armement contrairement à des programmes plus lourds comme des chars de bataille ou des avions.
    Paradoxalement, vouloir remplacer le VAB par un véhicule à "seulement" 1 millions d'euros, peut s'avérer moins "sexy" qu'un véhicule à 30 millions d'euros l'unité......

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  2. Mon colonel,

    Je vais plaider "ma" chapelle, forcément, mais votre exemple sur la construction navale n'est pas forcément pertinent.

    Je n'ai pas souvenir que depuis 100 ou 500 ans la Marine soit "privilégiée" sur l'Armée de Terre. Il ne faudrait pas inverser les rôles à l'aune de quelques décennies.

    Les marins n'ont pas eu non plus un outil porte-avions complet. Ils désarment plus de navires qu'ils en font entrer en service depuis 30 ans. Par trois fois, ils ont présenté un programme de frégates respectant "la bonne gestion des deniers publics" et par trois fois ils se sont mangés une claque. Le patrouilleur hauturier est une espèce en voie de disparition (des fois que nous aurions 11 millions de km² de ZEE). Les "équipements de cohérence" (n'était-ce pas un officier de l'Armée de Terre qui utilisait cette expression) sont aussi à l'abandon dans la Marine : zéro auto-protection, ou presque, sur les BPC, par exemple... Les mitrailleuses de 12,7, de 20 ne sont pas non plus légion au regard des discours sur les menaces de la "guérilla navale".

    Il n'y a qu'un seul "géant" de la navale militaire française, c'est DCNS, et il y a encore peu, c'était une entreprise à 100% publique. Dorénavant, c'est une entreprise à 75% publique avec un statut privé. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de PME dans la navale : voir l'EDA-R, les CMN (si c'est encore une PME), Raidco Marine, etc...

    DCNS, ou une autre entreprise navale, n'a pas de "titre de presse" (à part "Naval Expert" de DCNS, mais ce n'est pas d'une grande influence).

    Cela me rappelle les difficultés à constituer les DLM en France. Dans les années 30, le général Weygand s'est heurté au poids... de l'Infanterie au Conseil Supérieur de la Guerre, et il y a eu bien du mal, énormément de mal à lancer la création de la 1er DLM. Si le fantassin était mal traité en 1914, il semblerait, à la lumière de cet exemple, que son poids se soit renforcé dans les institutions.

    Mais je ne trouve rien à redire sur le fait que les grands groupes sont, de manière générale, privilégiée. A ce sujet socio-économique, on rejoint bien des discours des nos femmes et hommes politiques sur le manque de PME qui exportent, la taille trop modeste des PME française, le problème de leur développement, etc...

    Il semblerait néanmoins que l'idée fasse son chemin que une partie de l'avenir industriel français repose sur le fait de PME. A ce sujet, il serait intéressant de savoir dans quelle mesure l'initiative de l'armurier français qui propose un successeur français au FAMAS est sérieuse, et si son engin a paru crédible à la STAT.

    Sur la "décentralisation" qui est très bien décrite, il me semble (je ne suis pas un fin connaisseur du dossier), au-dessus, j'aimerais rapprocher ces faits de la communication du ministère : ce qui est dit par les soldats est très contrôlé alors que dans l'US Army, et l'USMC, il semblerait que les autorités américaines laissent plus de latitude, plus de libertés aux fantassins pour s'exprimer.
    Si la comparaison est bonne et valable, ce serait un constat de plus sur la situation décriée.

    Sur le plan humain, cette situation n'irait-elle pas à l'amélioration ? Les propositions de du colonel Dupont de "force spécialisé" (pardon à l'Académie) l'Armée de Terre irait dans le sens d'unités plus légères -mais pas forcément plus nombreuses, au contraire.

    Il manque peut être un "FELIN 2.0" avec des composants pris sur étagères, et une amélioration du poids de l'ensemble.

    Le nouveau livre blanc pourrait consacrer le Sahel comme partie de l'arc de crise. Ce serait un très beau théâtre pour expérimenter le "retour" des Paras, des troupes légères, et aux blindés légers.

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  3. Je suis en train de lire le HS de DSI, "Les blindés ont-ils encore un avenir ?". Il y a une interview du général Desportes. Celui-ci décrit ce qu'est, selon lui, le char utile, et grosso modo, il voit le retour à l'AMX-30 (ce n'est pas du tout sa prose exacte - comme Marc Chasillan et son "char employable") : un engin plus léger, plus facilement projetable, plus nombreux, moins coûteux, etc... et un engin qui doit être pensé pour être inséré au milieux des populations. Cela rejoint peu ou prou les réflexions deux deux colonels de l'Infanterie (Dupont et Goya) pour une infanterie plus légère (le général fait le lien, par ailleurs).

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  4. Bonsoir
    Les CEMAT depuis plus de 50 ans sont tous des fantassins ou des cavaliers. Comment expliquez-vous que nous en soyons arrivés à votre constat, au delà du retour sur investissement ? L'infanterie est-elle si mal aimée que cela si l'on compare aux autres fonctions Ops ?
    Cordialement.

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  5. Bonjour,
    en répose à SD du post précedent, voici quelques éléments de réponse:
    1/ l'infanterie (et j'en suis) est une arme où la part du matériel est la moins preignante: un cavalier sans char (lourd où léger) ne sert à rien, de même qu'un sapeur sans char de déminage ou un tringlo sans camion. Pour mémoire, l'infanterie a commencé à changer au milieu des années 90 avec l'arrivé de matériels nouveaux et dédiés comme de l'optronique ou l'eryx. Avant, quelle différence entre une section d'infanterie et une section dite de marche ou TTA? Mais ces contrats ne pèsent pas lourd face au contrat Leclerc.
    2/ L'armée française s'est structurée via le prisme africain: en effet, à part l'ex-Yougolasvie, mission d'interposition, de paix et autre appellation onusienne, les seuls combats auxquels la France prend part ces dernières années sont en Afrique, là où une mirailleuse de 12,7 sur un VLRA est certainement plus efficace qu'un VBCI. De plus, ces combats sont peu nombreux, courts, localisés et face à un ennemi trés peu équipé et sans véritable expérience tactique. Donc des pertes amies limités servant un matériel minimaliste pour un effet maximum
    Pour illustrer ces propos, rappelons nous l'opération Kolwézy: 3 compagnie d'infanterie légère, parachutés au milieu de nulle part, sans appui et sans soutien... C'est le modèle de structure et de guerre pour l'armée française.
    Or qui a conduit ces guerres? Les unités pro de l'époque, celle de feu la FAR, celles qui sont la base de l'armée professsionnelle aujourd'hui. Ces unités, contrairement à notre vieux 3ème Corps d'armée, et malgré la FAR, n'ont jamais eu ce marquant combat bindé mécanisé, donc à la chute du Pacte de Varsovie, il n'a pas été dur d'oublier ce combat. Le combat à l'africaine l'a emporté. Or nos CEMAT sont issus majoritairement des anciennes unités de la FAR, donc d'une vision "souple, légère et manoeuvrière" du combat, et donc de l'équipement. San compter que politiquement, c'est plutôt simple: facile à équiper, à former et à projeter, et encore une fois, un effet maximum pour un risque limité. Rien à voir avec l'Afgha!
    Enfin, il y a la perception: l'infanterie, c'est l'armée des gros bataillons, de la pietaille, nombreuse. Quand on réforme (traduire: quand on dissous), l'effet est là aussi maximum avec l'infanterie. Il fût une époque où il y avait presque un régiment d'infanterie par ville, aujourd'hui seulement 20....Mais 20, c'est presque 1 tier de l'armée de terre! CQFD

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  6. Mon Colonel
    Concernant l'initiative des petits échelons dans RES MILITARI vous évoquer que dans l'armée allemandes de 40, les cadres possédaient les connaissances de 2 échelons supérieurs.En 1997 il existait encore le CM1 EVAT, un examen remarquable qui formait caporaux et cch au métier de chef de groupe TTA, c'est à dire que les chefs d'équipe connaissaient et comprenaient le combat de leur chef de groupe.Supprimé aujourd'hui, ce genre de formation est pourtant ,je pense, à même de développer la capacité d'initiative. Surtout si elle était étendue à tous les échelons.Car pour décentraliser les responsabilités il faut donner aux subordonnés les bagages pour les remplir.
    Concernant la paupérisation de l'infanterie, je ne pense pas que la quantité des équipements soient en cause.L'infanterie dispose de toute la gamme des feux AP et AC possible.Et c'est plutôt là que réside le problème.En théorie la section est quaternaire et donc équipée et organisée pour celà. Comme dans les faits on lui supprime un groupe de voltige elle ne dispose plus que de 24 combattants débarqués au lieu de 31 théorique. Hors comme 10 sont ultra spécialisés ,groupe RX, TP et commandement.Il ne reste que 14 pauvres fantassins pour faire tout le reste Hors les 14 restants eux ne sont pas assez spécialisés, puisqu'on leur demande d'assurer autant des fonctions feux que mouvement.Et que l'on les alourdit pour celà, double dotation de fusil d'assaut et de lance roquette ou lance grenade.Ils ne peuvent donc plus voltiger efficacement, trop lourds, et ne peuvent utiliser leur arme spécialisé que si les circonstances le permettent ou l'exigent (presque jamais pour les armes AC). On ne peut pas demander à 7 soldats de pouvoir faire face à toutes les situations et surtout d'emmener tout le matériel nécessaire pour çà. Là seule option, mettre l'INF au fond du sac. Il est possible de s'organiser en 2 demi sections disposant chacune d'un gros élément feu et d'un gros élément voltige.Donc modulable,complémentaire,autonome, dans lesquels la charge est répartie en fonction de la mission qui leur incombe, tirer ou bouger, et pas les deux.A vouloir tout faire on ne fait rien (de bon).

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  7. La Reine des batailles, l’est-elle encore ?
    Si l’on peut sans doute dire que l’Infanterie a elle seule ne peut plus faire gagner des batailles, on peut tout autant affirmer qu’aucune bataille décisive sur terre ne sera gagnée sans elle.
    Pourtant l’Infanterie est une arme qui connait un énorme paradoxe par rapport à toutes les autres Armes et même Armées, son combat, sa tactique intrinsèque n’ont quasiement pas évolués en près d’un siècle.
    Alors que l’on peut sans trop se tromper affirmer qu’un Rafale de 2012 est capable d’abattre 10 à 20 chasseurs des années 50 et de faire autant de destructions ciblées (sans trop de dommages collatéraux) qu’une 30-taine de Flying Forteress de 1944, que 2 Canons Caesar (20 h) font autant de dommages « efficaces » en 2012 que deux batteries de TRF1 en 1980 (200h) et 1 ou 2 régiments de 155 mm (2.000 h) en 1945, une section d’infanterie de 2012 ne pourra sans doute elle seule, jamais tenir face à 10 sections de Panzergrenadiers de 1944 …. Et pour cause, quasiement rien n’a véritablement évolué dans son armement et ses moyens primaires.
    Regardez de près : sa mitrailleuse lourde n’a pas changé d’un boulon (si ce n’est le changement de canon rapide) depuis 1919, sa mitrailleuse moyenne est identique ou presque aux terribles sulfateuses allemandes MG42 (qui existe encore en copie conforme), l’armée française utilise encore un très bon fusil de précision basé sur le fusil du « poilu » de 1940, le mortier Brandt inventé dans les tranchées est toujours le même, mis à part un certain allègement du fardeau et une certaine augmentation de la portée, les fusils d’assaut, mis à part quelques gardes-mains futuristes n’ont rien de nouveau par rapport à ceux que l’on retrouvait en 1943/44 dans la Werhmacht, les grenades ne portent pas plus loin, car les bras des « pousses-cailloux » sont restés les mêmes en 70 ans ….
    Certes elle est plus mobile dans ses VBCI et ses CV90 ou dans ses Caracal et NH90, mais une fois sortie de ses « TGV khakis », rien de nouveau. Seule évolution notable où une section Félin actuelle pourrait faire très mal à ses grands-pères de 40-45 : le combat de nuit ou par faible visibilité, grâce à la multiplication des moyens d’aide à la visée « tout temps ». Mais par temps clair ….
    Bref c’est la seule arme qui pour prodiguer les mêmes résultats qu’il y a 20 ou 50 ans doit aligner environ 80 à 95 % des effectifs d’alors, contrairement à une armée de l’air ou une artillerie ou des chars lourds qui peuvent avoir la même « efficacité » de frappe qu’il y a 30 à 40 ans en étant 5 à 10x moins nombreux (sans être pour autant 5 à 10x moins couteux, la précision et l’éfficacité coutant très cher).
    Et cela nos grands décideurs n’apprécient pas vraiment, les efforts de « productivité » militaires existent partout, sauf pour cette foutue « reine des batailles ».

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  8. Quelle relation établissez-vous entre la section de 1916 et les Stosstruppen allemandes ?

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    1. Il n'y a pas de relation directe. Avec la section 1916 on passe, au moins dans les règlements car sur le terrain c'était déjà le cas, du combat en ligne au combat modulaire. En 1916, on admet que le chef de section puisse mener un combat autonome avec une troupe partagée en élement d'appui et élément de manoeuvre. En 1917, avec la généralisation des fusils-mitrailleurs, c'est le groupe de combat ("demi" puis "tiers de section") qui devient la cellule autonome. Toute l'infanterie française s'organise comme cela.
      Sinon, je ne peux que vous renvoyer à "la chair et l'acier" où je détaille toutes ces évolutions et au Guerres et Histoire n°5 sur l'armée française en 1918 qui sort le 17 février.

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  9. Comment rester la reine des batailles au 21e siècle (1) ?
    Contrairement aux autres armes et armées, l’Infanterie dans un avenir « proche » ne connaitra sans doute pas de formidables révolutions comme le laser ou le GPS liés à l’informatique l’ont fait pour l’Artillerie, l’Aviation ou les chars de combat.
    Pourtant la section d’Infanterie reste une arme « de choix », même les armées qui ont remis en cause certains des grands principes de combat issus des leçons du 20e siècle : les armées belges et canadiennes, par exemple, qui ont un temps remis en cause le rôle du char de combat(un peu trop rapidement sans doute), n’ont pas remis en question les unités d’infanterie.
    Projeter très rapidement 2 à 3 sections d’infanterie, tout comme envoyer un porte-avions, reste un signal politique fort. Mais voila, après avoir projeté une telle section, il faut avoir le courage politique de risquer les vies des ces hommes, et c’est là souvent que le bât blesse, et générallement uniquement pour des raisons de basse politique avec le nez pointé sur les sondages du mois prochain. Si l’on a pas le courage « politique » de prendre ces risques, cela ne sert strictement à rien de bâtir, d’équiper et d’entrainer de telles unités, autant les dissoudre immédiatement.
    Partant donc du principe que l’Infanterie est un atout indéniable, il reste seulement deux solutions :
    - « L’externalisation des opérations d’infanterie », un peu comme les romains et leurs supplétifs issus de tout l’Empire, donc faire appel à une infanterie étrangère « de circonstance », dont on se fout éperduement des pertes. Ce fût ainsi le cas au début de la guerre en Afghanistan (fin 2001, avec les unités de l’Alliance du Nord / unités du Commandant Massoud comme « piétaille »), et plus près encore avec les rebelles Libyens. Avantage indéniable, aucun problème politique en cas de pertes. Les rebelles Lybiens mal entrainés connaissent des pertes en 2 semaines équivalentes à celles de l’Armée française en 40 ans d’OPEX (+/- 300 morts, à comparer aux 40.000 morts français d’Août 1914) ; pas un procès en France, pas une ligne de journal digne de faire trembler un député…. Malheureusement, cette infanterie n’est pas toujours là ou il faut et prête, totalement « non-projetable », et dans l’ensemble peu fiable à longue échéance, voir même très dangereuse dans certaines situations (rappelons nous des massacres de Sabra et Chatila, orchestrés par des « supplétifs » de Tsahal).
    - La conservation d’une force d’Infanterie importante en y consacrant les moyens nécessaires (qui ne seront pas pharamineux, l’Infanterie reste une des armes les moins couteuse en équipement, un HK416 de 2012 ne coute pas 15x de plus qu’un Famas de 1980 …, par contre un Rafale, un Tigre ou un Leclerc), en sachant que l’Infanterie ne connaitra pas de grands gains de productivité et restera donc nombreuse, et en acceptant le risque politique des « sacs noirs ».

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  10. Comment rester la Reine des batailles (2)
    Comment quand même améliorer l’efficacité de cette section d’infanterie ?
    Certes des changements « cosmétiques » dans l’équipement peuvent avoir lieu, mais ils ne changeront pas fondamentalement la donne. Une Minimi en 7,62 pourra être un avantage, mais ce n’est pas cela qui révolutionnera le combat d’infanterie, tout comme l’adoption de LG de 40 mm ou de fusils de TP semi-auto.
    Par contre on peut sans doute innover dans la formation et le recrutement de ces troupes :
    - Si les subdivisons d’Infanterie resteront une spécialité a entretenir (infanterie blindée, médiane, légère/aéroportée/ alpine), il aurait sans doute été judicieux de mettre en place une « Ecole de mélée » regroupant Infanterie et cavalerie, à l’instar de ce qui se fait outre-Atlantique. Et ainsi au lieu de muter l’EAI de Montpellier à Draguignan on aurait mieux fait de l’envoyer à Saumur.
    - Assurer la stabilité des unités élémentaires. Le nouveau cycle opérationnel de l’AdT est sur 2 ans, faisons en sorte que sur 2 ans une compagnie ne compte que 10 à 15 % de changements max dans ses effectifs et une section 5 à 10 %. Cela nécessite sans doute une forte adaptation en amont (cycle de recrutement, type et périodicité des contrats, cycles des mutations, évolution de carrière, …), mais tout au bénéfice de l’efficacité opérationelle ( que recherchent vraiment nos décideurs ? peut-être seulement une efficacité au défilé du 14 juillet, et au contrôle budgéttaire).
    - Appliquer le principe de la « Reichswehr » : un 1e classe doit être capable de comprendre le fonctionnement et de commander une équipe de 4 fantassins, un caporal de comprendre et de commander un groupe de 8 hommes, un sergent de comprende et de commander une demi-section à une section, …
    Enfin, plus techniquement, osons le débat sur l’armure du 21e siècle. Nos troupes n’ont plus la souplesse de manœuvre et de combat du fait de l’énorme alourdissement presque exclusivement dû au surcroit de protection (les autres équipements ont connu des allègements de 30 à 50 % en quelques décennies)
    Là aussi le « zéro mort » a « encore frappé ». Et l’on oublie un principe que les cavaliers connaissent depuis longtemps, l’épée a toujours gagné face au bouclier. Nos soldats partent avec des protections pesant plus de 10 kg, mais un simple fusil d’assaut avec des balles perforantes,vous transperce ces protections à plus de 500 m. La même chose pour les IED. Les américains ont troqués leurs Hummers de 3 à 4t pour des tours eiffels sur roue de 12 à 18 tonnes qui ne passent plus dans la moitié des chemins existant, s’embourbent à la première pluie et demandent simplement d’enterrer 50 kg d’explosif au lieu de 15 pour avoir le même résultat. Les Palestiniens sont parvenus à faire se retourner des Merkava de 65t. La course à la protection sera toujours vaine si l’on applique le simple principe de rajouter une couche « en plus ». Avoir une couche de base est sain, mais au-delà d’un certain empilement on atteint les limites de la solution.
    Equipons nos soldats de GPB légers (comme ceux portés discrètement sous des vêtements civils) pour protéger contre la petite ferraille du champ de bataille. Mais vouloir s’évertuer à arrêter des calibres capables de transpercer plusieurs mm d’acier à 500 m est une course perdue d’avance. On recréé une sorte de mini ligne Maginot du fantassin, protégé mais immobile ou presque. Ce qui a sauvé sans doute le plus de soldats sont la médicalisation de l’avant, qui assure qu’un blessé soit sur une table d’opération en moins de 1h30, la multiplication des accessoires d’urgence médical sur le front (garrots individuels, …) et l’instruction aux premiers secours vitaux.
    Tant qu’une profonde révolution technologique majeure n’aura pas lieu pour le combat d’infanterie (par ex. la mise en place de munitions de petit calibre guidées comme ici : http://www.thefirearmblog.com/blog/2012/01/31/the-first-self-guided-bullet/), il faudra encore et toujours utiliser le bon vieux drill et accepter un risque assez élevé pour le fantassin.

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  11. Bonjour,
    Je pense que l'infanterie à très largement évoluée depuis la dernière guerre mais nous ne le savons pas et surtout
    allons nous être capable de le comprendre!
    Le groupe de combat à 6 hommes sera la bonne taille 3 binômes, ajouté en plus le binôme engin VBCI
    vous trouvez cela faible, en effet si mal utilisé ou isolé, en vérité il n'est qu'un des modules d'un ensemble dispersé mais uni-opérationnellement, la technique d'aujourd'hui va permettre de disperser un GTIA de 60 groupes de combats sans compter les appuis, sur une grande distance et de continuer à les diriger, éclaté pour éviter le feu et et concentré la ou il faudra, chaque groupe sera épaulé de drone qui assurons un parapluie plus la couverture des intervalles, plus besoin d'être collé, mais il faudra bouger et cela grâce à un engin de combat adapté, le VBCI en est le prémices. L'initiative et l'autonomie du groupe seront primordiale la valeur des hommes bien réelle, le sous officier reprend toute sa dimension comme chef de bande sous contrôle opératif.
    Les théorie du Général Hubin vont devenir une réalité chez nous ?
    Exemple d'articulation :
    1 escouade de combat 18 H - 1 groupe pc - appuis 6 H - 2 groupes combats 6H assaut débarqué
    1 SGTIA 108 H = 1 Escouade C3C 18H - 1 Escouade appui (drone)18H - 1 Escouade 9 VBCI 18H (intégré à l'escouade de combat
    ou utilisé groupé si besoin en terrain compartimenté ) - 3 Escouades de 18 H combat débarqué.
    En faite à une Escouade de 18 hommes il faut rajouter les 6 hommes des VBCI -
    un ou des binômes d'appui et 1 ou des drones gérés par des opérateurs intégrés ou pas) - le chef de groupe et d'Escouade disposera d'un pouvoir de feu immédiat qu'il en deviendra Hades.
    Je suis désolé la démonstration est un peu courte; peu faire mieux.
    Citoyen.

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