mercredi 22 mai 2024

Le soutien militaire à l'Ukraine au regard de l'histoire

Avec une aide matérielle intermittente, graduelle et dosée, l’interdiction d’employer les armes fournies sur le sol de l’ennemi agresseur et la peur d’engager le moindre humain sur le sol de l’allié, le soutien occidental à l’Ukraine depuis 2022 est peut-être le plus prudent, sinon le plus pusillanime, de l’histoire des soutiens à des pays en guerre. Il faut sans doute revenir à l’attitude des démocraties face à la guerre civile à en Espagne de 1936 à 1939 pour trouver pire. A l’époque, lorsqu’il faut choisir entre le soutien à la République espagnole ou aux rebelles franquistes, les démocraties préfèrent proposer un « pacte de non-intervention » qui interdit toute aide matérielle aux belligérants par peur d’une extension du conflit à l’Europe. L’Allemagne et l’Italie bafouent allègrement ce pacte et vendent ou fournissent très vite des équipements aux nationalistes dont ils sont proches idéologiquement, sans que cela suscite la moindre rétorsion par peur de « provoquer ». Les Alliés de la République espagnole finissent quand même assez rapidement par lui fournir à leur tour du matériel, ouvertement et en échange de l’or espagnol par l’Union soviétique, beaucoup plus discrètement dans le cadre de la « non-intervention relâchée » par la France qui fait notamment transiter son aide via la Lituanie ou le Mexique qui n’ont pas signé le Pacte.

Le cas des hommes est plus délicat. Dans une situation de « confrontation froide » où aucun des deux camps opposés ne veut franchir le seuil de la guerre, il est toujours délicat de s’engager militairement sur le même terrain que son adversaire. Il y a donc une prime au premier qui s’engage puisqu’il empêche l’autre de le faire. Allemagne et Italie envoient très tôt dans la guerre des unités de combat, respectivement la Légion Condor et le Corps de troupes volontaires, qui pèsent évidemment très lourd dans les combats. Cette contradiction on ne peut plus flagrante du Pacte de non-intervention est masquée par le label du « volontariat ». Ces unités constituées ne sont donc pas officiellement des instruments étatiques mais des organisations non gouvernementales combattantes. Personne n’est dupe, évidemment, mais cela sert d’excuse pour ne rien faire. Il est vrai aussi qu’il y a également des volontaires individuels qui viennent aussi combattre par conviction dans les rangs nationalistes. C’est l’Union soviétique qui riposte, avec deux innovations. La première est formée par les unités fusionnées. L’URSS envoie 2 000 techniciens et servants d’armes qui viennent s’intégrer aux Espagnols dans des unités mixtes aériennes ou terrestres. La plus importante est la 1ère brigade blindée qui comprend 60 % de Soviétiques. La seconde est l’emploi du réseau partis communistes pour constituer des brigades internationales à partir de combattants volontaires, 35 000 dont plus de 9000 Français. Bien entendu, tous ces engagements humains variés induisent des risques et donc des pertes, 300 Allemands et plus de 1 000 Français tombent ainsi dans le conflit, mais cela ne suscite pas d’émotion particulière dans l’opinion publique. Cet engagement matériel et humain de part et d’autre n’a finalement provoqué aucune extension du conflit par engrenage et escalade tout simplement parce que personne ne le souhaitait. Quelques mois après la fin de la guerre d’Espagne, l’Allemagne et l’Union soviétique qui venaient de s’y affronter deviennent même alliés.

Les démocraties occidentales sont beaucoup plus audacieuses fin 1939 pour aider la Finlande agressée par l’Union soviétique, qui vient d’envahir une partie de la Pologne alliée et soutient massivement économiquement l’ennemi allemand. Cette fois le soutien matériel franco-britannique, et même italien, est franc et massif. La France propose par exemple de fournir 200 avions. On renoue avec les unités de volontaires, qui viennent de partout mais principalement de Suède. La nouveauté est que la France et le Royaume-Uni envisagent d’engager des unités régulières en Laponie face à l’Union soviétique et même de bombarder Bakou. On ne sait pas trop ce qui serait passé si ces projets fumeux avaient été mis en œuvre. Ils n’auraient pas fait grand mal de toute façon à l’URSS et peut-être en serait-on resté au stade des accrochages, ces petits franchissements du seuil de la guerre que l’on peut ignorer et oublier si on en reste là. La défaite de la Finlande en mars 1940 coupe court à toutes ces ambitions.

À ce moment-là, ce sont les démocraties occidentales qui sont agressées et les États-Unis s’en inquiètent. Malgré une opinion publique plutôt neutraliste, le président Roosevelt obtient de pouvoir aider matériellement, avec des aménagements de paiements, certaines nations afin de soutenir les intérêts stratégiques américains. Un an après la fourniture de 50 destroyers à la Royal Navy en échange de la possibilité d’installer de bases, les États-Unis mettent en œuvre la loi Prêt-bail à partir de mars 1941. On aide massivement les pays jugés alliés et on voit plus tard la manière de la payer. Personne ne dit à ce moment-là que les États-Unis sont « cobelligérants » aux côtés du Royaume-Uni puis de l’Union soviétique, et cette aide n’est pas la cause de l’entrée de l’entrée en guerre des États-Unis quelques mois plus tard. On rappellera juste l’importance de ce soutien, de l’ordre de 540 milliards de dollars actuels pour le Royaume-Uni, de presque 200 milliards pour l’URSS ou 56 milliards à la France, soit de l’ordre de 5 % du PIB annuel américain de l’époque, juste pour l’aide.

Avant l’entrée en guerre en décembre 1941 l’aide américaine est d’abord matérielle, mais on assiste à une initiative originale. Claire Lee Chennault, ancien officier de l’US Army Air Force devenu conseiller militaire de Tchang Kaï-chek en pleine guerre contre le Japon, obtient de faire bénéficier la Chine d’une centaine d’avions de combat américain mais aussi de pouvoir recruter une centaine de pilotes et de 200 techniciens américains rémunérés par une société militaire privée (la CAMCO). On les baptisera les « Tigres volants ». La SMP est un moyen pratique « d’agir sans agir officiellement ».

La guerre froide, cette confrontation à l’échelle du monde, est l’occasion de nombreuses aides à des pays en guerre y compris contre des rivaux directs « dotées » de l’arme nucléaire. Dans les faits, cela ne change pas grand-chose aux pratiques sinon que les nouveaux rivaux sont encore plus réticents que les anciens. L’Union soviétique aide ainsi successivement la Corée du Nord et la Chine pendant la guerre de Corée puis la République du Nord-Vietnam, contre les États-Unis, directement engagés, et leurs alliés. Elle aide aussi plus tard l’Égypte et la Syrie face à Israël, la Somalie face à l’Éthiopie puis l’inverse, l’Irak face à l’Iran ou encore l’Angola face à l’Afrique du Sud. La méthode soviétique est toujours la même. L’aide matérielle est rapide, massive et complète (même si les Chinois se plaignent d’avoir été insuffisamment soutenu en Corée) et d’une valeur de plusieurs milliards d’euros par an. Cette aide matérielle s’accompagne toujours d’une aide humaine si les troupes américaines ne sont pas là avec l’envoi de milliers de conseillers, techniciens, servants d’armes complexes.

L’URSS n’exclut pas l’engagement d’unités de combat, en mode masqué, mixte et fondu dans des forces locales si on veut rester discret comme les pilotes soviétiques engagés au combat contre les Américains en Corée ou au Vietnam. Elles peuvent aussi être engagées plus ouvertement mais en mission d’interdiction, c’est-à-dire sans chercher le combat. En 1970 en effet, en pleine guerre entre l’Égypte et Israël, les Soviétiques engagent une division complète de défense aérienne, au sol et en l’air, sur le Nil puis sur le canal de Suez. Cela conduit à des accrochages entre Soviétiques et Israéliens sans pour autant déboucher sur une guerre ouverte que personne ne veut. Le 24 octobre 1973, alors que la guerre du Kippour se termine, l’Union soviétique, qui, comme les États-Unis, a soutenu matériellement ses alliés, menace d’envoyer à nouveau des troupes en interdiction afin de protéger Le Caire et Damas. Les États-Unis augmentent leur niveau d’alerte de leurs forces, notamment nucléaires. Finalement, comme tout le monde l’anticipait, personne n’intervient et les choses s’arrêtent là. S’il y a véritablement besoin de renforcer massivement au combat les armées locales, les Soviétiques font plutôt appel à des alliés du monde communiste, comme la Chine en Corée (avec la plus grande armée de « volontaires » de l’histoire) face à la Corée du Sud et les Nations-Unies ou Cuba en Angola face à l’Afrique du Sud. Notons enfin, innovation de la Seconde Guerre mondiale, l’importance des services secrets et des forces spéciales pour appuyer et compléter ces actions, voire s’y substituer lorsqu’elles sont inavouables.

Les pays occidentaux, de fait les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, pratiquent sensiblement les mêmes méthodes et respectent les mêmes principes. L’aide matérielle est normalement sans restriction surtout si elle est financée, comme en Irak dans les années 1980 (où Soviétiques et Occidentaux se retrouvent dans le même camp) avec quasiment toujours les techniciens nécessaires et une structure de formation. On applique ensuite le principe du « premier arrivé interdit le concurrent » et quand les Soviétiques sont là, on n’y est pas ou le plus discrètement possible. Quand les Soviétiques ne sont pas là en revanche on peut se lâcher. La France envoie, à son échelle, des soldats fantômes, des conseillers-instructeurs, des forces d’appui ou même des unités en interdiction, comme en 1983 au Tchad face à la Libye où, malgré les accrochages, on reste au stade de la confrontation avec la Libye sans franchir le seuil de la guerre. L’engagement humain américain en zone de guerre interétatique est plus binaire du fait des contraintes sur l’engagement militaire. Il est soit non officiel, avec emploi de soldats fantômes ou de SMP, éventuellement de conseillers (Vietnam avant 1965), soit direct et généralement massif comme en Corée en 1950 ou au Sud-Vietnam à partir de 1965. Comme pour les Soviétiques cette prudence n’exclut pas les pertes, inhérentes à toute opération militaire. Elle n’empêche pas non plus les accrochages, comme les combats aériens entre Soviétiques et Américains où les frappes aériennes de part et d’autre au Tchad entre les forces françaises et libyennes.

Il faut retenir de tout cela que deux nations qui ne veulent pas entrer en guerre – et le fait d’être deux puissances nucléaires est une bonne raison pour cela – n’entreront pas en guerre, même si l’une aide une nation contre laquelle l’autre se bat directement. Le fait que cette aide dans son volet matériel soit graduelle ou massivement n’a jamais rien changé à l’affaire, donc autant qu’elle soit massive, car c’est évidemment plus efficace. Que des armes livrées servent à frapper le sol de son adversaire n’a jamais eu non plus la moindre incidence. L’engagement humain est plus délicat. Il est souvent indispensable pour rendre l’aide matérielle beaucoup plus efficace et le risque d’escalade avec l’adversaire est faible. La vraie difficulté à ce stade est constituée par les pertes humaines, toujours limitées mais inévitables par accidents ou par les tirs de l’adversaire qui ne manqueront pas de survenir. Si le soutien de l’opinion publique à cette politique d’aide est fragile, cela peut inciter à un changement de perception où l’action juste et nécessaire devient trop coûteuse et finalement pas indispensable. C’est cependant assez rare au moins à court terme.

Le vrai risque d’escalade entre deux rivaux survient avec les rencontres de combattants. Un premier procédé pour en diminuer les conséquences politiques est de diluer ses combattants dans les unités locales sous forme de « volontaires », ce qu’ils peuvent d’ailleurs parfaitement et tout à fait légalement être. Le second procédé consiste à « privatiser » les unités dont on sait qu’elles vont entrer en contact avec l’adversaire, sous forme de compagnies de « Tigres volants » (aux manches d’avions F-16 pourquoi pas ?) ou de brigades politiques. L’État peut dès lors nier toute responsabilité directe. Cela n’abuse personne mais donne le prétexte à l’adversaire de ne pas escalader contre son gré. Le troisième procédé, plus risqué, consiste à engager de vraies unités de combat régulières mais en mission d’interdiction loin de la ligne de contact. Les exemples (rares) cités, en Égypte ou au Tchad, ont plutôt réussi mais au prix de l’acceptation d’accrochages et donc de l'approche du seuil de la guerre, mais encore une fois si les deux adversaires ne veulent pas franchir ce seuil, celui-ci n’est pas franchi. Il n’est pas dit que cela soit toujours le cas mais il en été toujours été ainsi entre puissances nucléaires.

En résumé, si on revient sur la copie des alliés de l’Ukraine au regard de l’histoire, on pourrait inscrire un « trop timide, peut largement mieux faire sans prendre beaucoup de risques ».

9 commentaires:

  1. Bonjour Colonel, merci beaucoup pour cet article qui montre à l'évidence et pour notre honte, combien le soutien des alliés de l'Ukraine - à commencer par la France - est timoré. Ce qui lui fait défaut, c'est la volonté de prendre le combat de l'Ukraine à cœur comme étant le nôtre, ce qu'il est en fait.
    Vous comparez la situation d'aujourd'hui vis-à-vis de l'Ukraine à celle des démocraties européennes vis-à-vis de la République espagnole. On ne sait pas assez, et il faut le rappeler, que Paris a été libéré avec le concours d'anciens des Brigades internationales qui, loin de nous en vouloir de notre inaction, n'ont pas cessé de combattre la liberté.
    Un souvenir personnel: née en 1946, je voyais chaque semaine en rentrant de l'école un ancien ministre de la République - ministre de la communication je crois - remonter des bains-douches de Sèvres jusqu'à son logement sans confort de la rue de Versailles, à Ville-d'Avray. Cette expérience m'a rendue sensible pour toujours à la misère si digne des réfugiés.

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  2. Je vous remercie pour ces rappels historiques intéressants. Personnellement je vois des similitudes dans le mode de guerre d'attrition et de tranchées avec la 1ere guerre mondiale, la polarisation des opinions au sein des pays ainsi que la montée des fascismes avec la seconde guerre mondiale et la logique des blocs de la guerre froide (même si les idéologies ne définissent pas les pays mais émergent au sein des pays). Vu que ce thème là, comme celui de l'article précédent me parle je vous partage des élements (plutôt orienté politique..)

    1 - OPINIONS PUBLIQUES / ASYMETRIE AUTOCRATIE-DEMOCRATIE REP.

    Avec le modèle de démocratie libérale, chaque citoyen est libre de se politiser sans répercussions majeures (en tout cas jusqu'à peu) et donc la liberté d'opinion dans des pays comme la France n'est pas la même de celle que vivent les russes. Cela à été un terrain particulièrement attrayant pour la Russie depuis les "gilets jaunes" avec l'investissement de moyens financiers (RT, Sputnik, réseaux importants russes en Europe -bcp de politiques de droite et ext. droite- avec une proximité privilégiée culturelle et historique, des plateformes d'informations alternatives -ytb, tiktok, odysee, telegram, discord..-) ont permi de renforcer leur positions à travers des faits que les medias dominants mettent volontairement "hors du champs de l'opinion" (à l'exception de ONPC ou Csesoir pour la période pré-réseaux sociaux). On peux même considérer que ces faiblesses apparaissent depuis le referendum de 2005 et la crise bancaire de 2008 qui intervient plus globalement dans la crise du modèle de démocratie représentative. A partir de ce constat et le travail de long court d'une idéologie Russe hyperprésente sur les réseaux (chaînes: OMERTA, Geopolitique profonde, Paix&Guerre, Terra Bellum, Donbassinsider.. et personnalités: Moreau, Néant, Conversano, Ventôse, SanGiorgio..) qui rentrent en résonnance avec la francophonie de manière plus globale (Seba, Yang, AfriqueMedia..) la question se pose de s'aligner sur la Russie pour s'extraire de cette asymétrie informationnelle entre autocratie et démocratie ou de démocratiser notre sytème représentatif afin de permettre une alternative au modèle russe avec les risques que cela comprend (saut vers l'inconnu, repercussions de certains état du bloc occ., refonte de l'Europe en période de crise, perte de puissance à court terme probable..).

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    1. Bonjour Eezniaw,
      Je suis surpris que vous qualifiez la chaîne youtube Terra Bellum de pro-russe, les vidéos que j'ai pu regarder étant a priori apolitiques et neutres. Mais cette impression peut être trompeuse...
      Auriez-vous des éléments objectifs pour appuyer vos accusations ?
      Il serait bête d'être influencé à mon insu par un media pro-russe...

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    2. Je ne peux modifier le message.
      La chaîne était conseillée par un de ceux qui participait à Theconservativeenthusiast. Après sur la neutralité des chaînes c'est un peu une chimère. Je comprend que mettre plein de chaînes en relation avec des degrés divers n'est pas très malin de ma part non plus.
      Je conseille quand même de lire cette interview qui permet d'avoir une idée de l'apolitisme de la chaîne.
      https://conservativenthusiast.com/interview-tce-30-terra-bellum/
      Je me méfie de la chaîne comme celle de "l'étoffe d'un chef" par ex., cela ne veut pas dire que tout est à jeter (ce n'est juste pas une source principale d'information). Chacun est libre d'avoir son point de vue et de construire son opinion.

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    3. Du coup vous m'avez poussé à regarder vite fait pour comparer avec ce que j'estime plus fiable : Le monde en cartes.
      Les deux chaînes sont à peu près sur le même secteur de marché.
      Les sources sont toutes citées dans le monde en cartes à la fin pour ceux qui le souhaite. Les titres reste corrects (non-aggressifs)
      Terra Bellum utilise pas mal de videos de Ruptly (agence presse RT) et Aljazeera en fond apparement + Personnalisation des vignettes quasi-systématique. Pub par TerredeFrance, une vignette Zemmour dans une video sans rapport.
      J'ai parlé de l'idéologie russe "traditionalo-modernisme", cela n'est pas propre à la russie mais cela fait depuis quelques années qu'elle fait du militantisme très aggressif en ce sens - à différencier du narratif russe:
      retour aux traditions (religion, famille, nostalgie du passé, anti-écolo, anti-minorités, virilisme...)
      Theconservativeenthusiast à fait une interview de Quentin de 80min si ça vous interesse; moi j'en reste au videos qui peuvent apporter des élements nouveaux de temps à autre et élargir le champ de vision.
      Dans le style il y a aussi Phillipe Fabry majoritairement de la géopolitique. Le nombre de chaînes est incalculable (PhillipeBuffon, Foryoumediaafrica, Stratpol, EBENETV.....) et est relié de manière diverse sans compter les autres plateformes et les lives.
      Chacun se démerde mais j'évite de trop souvent mettre les pieds dans ce bourbier (intoxication maximale des deux cotés), si c'était juste point de vue russe et occ. ce serait beaucoup trop facile.

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  3. 2 - REGIME POLITIQUE UE ET FONCTIONNEMENT UE

    Depuis l'intervention de Macron (27/02): la non-exclusion de troupes au sol, l'idée de contrer la colonisation russe sous menace nucléaire dissuasive (changement de doctrine), le risque accru d'une avancée russe lors de l'été, le fort pourcentage d'accession de Trump en Novembre et la volonté de bâtir une défense Européenne il y a eu des prises de positions des différents pays au sein de l'UE. Une des choses remarquable à noter ce sont les différences de positions des pays qui varient selon plusieurs facteurs. Les états Baltes, la Finlande et la Suède ont une histoire et une promixité directe avec la Russie. La Pologne est intimement lié au destin de l'Ukraine. Les deux autres pays qui représentent cet axe au sein de l'UE sont la France et la Roumanie, ce sont les deux seuls régimes semi-présidentiels de l'UE qui n'ont pas besoin de l'opinion publique pour prendre des positions très clivantes sans avoir une histoire anti-impérialiste commune contre la Russie (des interventions militaires peuvent être prises sans consentement de la population, marge de manoeuvre élargie..). Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que la plus grosse base construite au début du conflit est celle de Constanta faisant face à Sébastopol et permettant des exercices dans des zones proches de la réalité du combat russo-ukrainien et avec des capacitées d'action de grande ampleur 100km (avec des enjeux énergetiques à proximité -le gisement de gaz neptune-, d'autres gisements annexes -secteur strat. comme le donbass- et le corridor du passage des ressources en blé, le controle de la ligne de front ainsi que des délocalisations dans un pays où la main d'oeuvre est bon marché et sans grévistes..). Il existe aussi d'autre pays qui sont beaucoup moins favorables à une accéleration de l'aide (Hongrie, Slovaquie, Autriche..) et qui utilisent le système de l'UE et son véto au Conseil de l'UE pour la paralyser. Un système proche du système de sécurité de l'ONU et qui montre ses limites avec la géopolitique actuelle. Une nouvelle fois on se trouve confronté à une asymétrie dans les systèmes de décision: on se retrouve face au même problème que pour l'information.

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  4. 3 - AUTRE VOIE / IDEES

    La Russie est le principal fournisseur de matière première au monde (fossiles, bois, nucléaire, minerais, armes +avantages chgt climatiques) soutenue par la Chine première puissance économique (terres rares, usines dans tout les secteurs, électronique, population, énergie alternatives..).
    L'idée c'est d'apporter un contre-récit pour le futur qui puisse s'opposer à cet axe: dénoncer la colonisation (tibet/ouighours, palestine, nvlle-cal., haiti, ukraine, taiwan..), dénoncer les aspect in-écologiques de cette guerre (notamment l'instrumentalisation de la menace climatique absent des analyses geopolitiques, la Russie était alignée sur +5/6° pré-guerre), laisser les mouvements sociaux européens se construire, ne pas rentrer dans une logique de rapport de force qui ne nous sera pas favorable à long terme, mobiliser des opinions d'autres pays avant qu'il ne soit trop tard et que les pays basculent -plutôt que de déployer des moyens pour faire accoucher une cohésion nationale qui est presque contre-productive- (notamment en afrique, asie du sud et amerique du sud). Réforme ou refonte du système médiatique : une chaîne d'info en continu ultra-controlée (plutôt qu'une par parti pol. pour faire union nat. LCI=LR, FranceInfo=PS, CNEWS=RN, BFM=EM), une chaîne internationale, des chaînes bilatérales (de type ARTE) avec d'autre pays, des chaînes de techno/science/lowtech-survie/paysanne/plantes, moyen de sensibiliser les opinions russes et chinoises (Radio liberty/voyageurs sur yt/la langue/le cyber type anonymous et d'autres nouveaux moyens..), revenir à une sécurité globale : niveau de sécurité accepté par les personnes pour vivre = referendum et réduire les écarts immenses de sécurité: ne pas considérer que la sécurité militaire et policière mais aussi alimentaire, santé, économique, énergetique, eau, psychiatrique (covid, guerre, individualisme, paranoïa, burn-out..)..

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  5. 4 - MARCHE ARRIERE

    Je n'ai pas traité le sujet principal et la raison pour laquelle j'ai bifurqué sur notre "soft power" comme principal levier (à part pour les blocages démocratiques en France et en UE).
    Je vais essayer d'apporter quelques idées historiques: la France n'est plus industrialisée comme elle l'était lors des précédents conflits : 30% du PIB en 1960 et 17% en 2018. Nous n'avons plus le levier des colonies ou des néo-colonies d'antan (ni le même poids démographique). Elles ne nous permettent plus de pouvoir projeter notre puissance (envoi de militaire sur le front des colonies, dispositions des ressources à l'effort de guerre) mais à l'inverse nous devons lutter contre notre propre déstabilisation (Mali, Burkina, Sénégal, Niger, Tchad, Benin, Nvlle-cal., Polynésie.. à voir l'Algérie et la Tunisie) et la compétition des ressources/relations bilatérales face à d'autres puissances. Cela se voit d'un point de vue économique en France, on perd petit à petit "les acquis du temps de paix" depuis que nous rentrons dans une logique de puissance: hopitaux, sécurité sociale, chômage, police, école..
    Aussi j'analyse les sanctions que l'on a prise dès le début du conflit d'un point de vue pro-actif-défensif: faire passer un message aux russes et à la communauté internationale, ne pas se faire menacer par la Russie de couper le gaz, le pétrole ou le bois au moment où elle le décide tout en sachant que les produits à forte valeur ajouté ont un hysteresis d'efficacité en cas de sanction. La plupart des actions offensives ne sont pas médiatisés quand elle visent à la destabiliser (comme par ex. les escroqueries via tel. en russie pré-guerre, les départ de feux difficiles à maîtriser, les cyberattaques -attribution difficile comme en France-, l'appui sur les drones maritimes -ressemblent beaucoup à certains proto. de Naval-, l'apport pour les lignes de défense en début d'année via pologne, les équipages de drones..).
    L'aide totale que l'on à pu fournir n'est pas si évidente à determiner et lever des fonds par l'épargne des français (un de nos points fort) n'est pas d'une acceptation sociale évidente. Acceptation sociale qui à besoin d'un futur enviable (il n'est pas possible de dire qu'il faut faire des enfants ou produire des obus en nombre sans l'adhésion à un projet commun pour le futur). Macron à réussit son pari de cohésion/union nationale, mais contre lui: le point positif est que la population s'est politisée très fortement mais paradoxalement si la population se politise il est plus difficile de rentrer dans des logiques de puissances et de passer au dessus de la "souveraineté" populaire, la rétro-action agit.
    Aussi je met un bémol sur l'analyse de la situation au regard de l'histoire. Si l'on considère l'histoire comme linéaire on peut aussi la considérer comme évoluant exponentiellement (voir beaucoup plus) comme l'est celle des interactions humaines : migrations rurales, augmentation de la population, internet et réseaux sociaux et divers réseaux.. A ce titre la multitude d'évenements qui se produisent et s'imbriquent les uns avec les autres est d'une rapidité inégalée et leurs effets démultipliés. Ce n'est peut-être que ma perception mais dernièrement les deux évenements "accélerationnistes" que j'ai noté ont été la déclaration de Macron devant la communauté française à Prague et l'envoi de missiles/drones de l'Iran sur Israël où le flux de réactions et d'implications à été très massif.

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  6. Ce que je ne comprends pas est ceci : pourquoi l'aide militaire de la France est-elle tellement plus faible que l'aide allemande ou britannique ?

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