dimanche 2 juin 2019

Cachez ce soldat, que je ne saurais voir.


Nous sommes le 2 juin 2019 et c’est la Journée des Forces armées canadiennes. Demain, tous les militaires canadiens, réservistes et réguliers, seront encouragés à porter fièrement leur uniforme dans les lieux publics, y compris et surtout sur leur lieu de travail pour les nombreux réservistes.

Chez nous on les cache, hormis pour le 14 juillet et pour l’opération Sentinelle. Notons bien ce paradoxe, le Canada, qui a eu son lot d’attaques terroristes, n’utilise pas ses soldats comme supplétifs de la police, mais n’a pas peur de les montrer. Nous faisons l’inverse. Nous mettons des soldats en tenue dans les rues sans discontinuer depuis 24 ans, au nom d’une dissuasion affichée qui n’existe pas et d’une volonté de gesticulation politique qui existe mais n’est pas avouée. Rappelons qu’à l’exception peut-être du marché de Noël à Strasbourg l’an dernier, et au prix total d’environ un milliard d’euros, ces millions de journées de présence n’ont permis de combattre que les quelques ennemis qui sont venus attaquer des soldats (La Défense, Nice, Valence, Louvre, Orly, Levallois). La quarantaine d’autres djihadistes qui a commis des attaques terroristes pendant la même période les a facilement évités pour attaquer des centaines de civils, sans que les soldats puissent les en empêcher. Au total, dissuasion : 0 preuve à ce jour, interventions dans des attaques contre des civils : 1 sur 15 environ.

Nous serions logiques, ou plutôt exactement nous souhaiterions être plus efficaces dans la protection des gens, nos soldats seraient camouflés comme ils le sont lorsqu’ils affrontent d’autres combattants. Et comment est-on camouflés lorsqu’on est au milieu de la population civile? Et bien en étant en tenue civile soi-même. C’est bien ce que font, mais eux sont souvent plus cohérents, beaucoup de ceux que nous affrontons sur d’autres théâtres. On ne le fait pas chez nous, parce que c’est une règle de droit, le soldat «doit combattre en uniforme», mais parce que surtout on aime bien lemontrer, le soldat, ça rassure paraît-il. On pourrait expliquer qu’avec toutes les ressources que l’on a dépensées pour cela, on aurait pu financer des choses plus efficaces pour assurer la défense des Français, mais ces choses auraient été trop peu visibles.

Là où cela donc devient très étonnant, c’est que dans le même temps. On (je ne sais pas qui est ce «on») interdit aux autres soldats de sortir en tenue, comme à l’époque où notre armée était honteuse et où il y avait encore des antimilitaristes. Hormis quelques cerveaux figés sur la guerre d’Algérie, la «militarophobie», pour parle plus actuel, a presque disparu, et l’institution militaire est la plus populaire du pays. Pour ma part, chaque fois que je me suis fait aborder dans la rue alors que j'étais seul et en tenue militaire, c'était pour me dire des choses sympathiques et ce venant de tous les publics possibles.

On devrait donc se dire : Les citoyens aiment ceux qui les défendent, montrons –les! Honorons-les! Nous avons besoin du soutien de la nation, c’est notre base et pas seulement de recrutement.

«On» répondra : Et bien non, on ne les montrera et on n’en parlera que lorsqu’ils mourront!

Pourquoi donc?

Et bien parce que sinon, ils….pourraient être attaqués dans la rue.

N’est-ce pas le cas de Sentinelle? Si on veut 0 attaque contre des soldats en tenue, supprimons Sentinelle !

(Ton pompier) «Là où un soldat est attaqué, c’est un civil qui a été sauvé!» «On n'abdique pas l'honneur d'être une cible», etc. Les soldats de Sentinelle peuvent se défendre. Sentinelle est EFFICACE. La preuve? L’opération est toujours là.

Dans ce cas, si des soldats armés en tenues sont efficaces parce qu’ils peuvent se défendre, faisons en sorte que tous les militaires soient en tenue et donnons-leur des armes de poing, on sera dix à vingt fois plus efficace. Arrêtons de considérer les soldats comme des victimes potentielles, mais considérons-les pour ce qu’ils sont par nature : des combattants.

Oui, mais accidents, vols, pertes, compliqué, pas confiance, argent, marchés publics, etc.

Pourquoi ? Ce ne sont pas les mêmes militaires qui font Sentinelle et font autre chose sur le même territoire? Par ailleurs, un militaire n’est-il pas en service 24/24 et tous les jours de l’année?

Les attaques ne sont pas assez nombreuses pour envisager cela.

Elles sont assez nombreuses apparemment pour se planquer, interdire de se déplacer en tenue, donner des noms complets dans les interviews. De fait, on doit être à une attaque sérieuse par million de journées de présence de Vigipirate-Sentinelle. Si on suit cette logique, il faudrait interdire aux militaires de conduire des voitures parce qu’ils meurent en France bien plus sur les routes que sous les coups des djihadistes.

Ce n’est pas comparable. On est dans le symbolique. On ne parlera pas de cent accidents de voiture, alors qu’on parlera d’une seule attaque de soldat ou de son épouse.

Soyons sérieux, on s’est enfui de l’espace public comme des couards. On n’abdique pas l’honneur d’être une cible? Et bien, montrons-le, même sans armes, mais avec nos couleurs.

Un vieux proverbe militaire prétend que «l’officier français est un lâche sauf sur le champ de bataille». Ce n’est pas tout à fait vrai. Où que l’on se tourne, et effectivement à l’exception du champ de bataille, ce n’est pas l’officier qui est lâche mais toute l’institution lorsqu’elle pointe le nez hors des quartiers. Je le répète : le soldat n’est pas une victime, mais un combattant. Qu’il soit vu, au sens premier, comme tel. Le courage est par essence sa vertu première et bien montrons-le

21 commentaires:

  1. Je me souviens que dans la brochure remise lors du recensement avant le service militaire, il était indiqué que le port de l'uniforme donnait droit à des jours de permission supplémentaires, on croisait ainsi des soldats du contingent en uniforme rentrant chez eux pour une permission. Heureux temps où l'on avait pas honte de son armée et de ses militaires.

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  2. Je suis bien obligé de dire que je soutiens totalement l'auteur dans ce qu'il vient d'écrire.
    Ceci pour trois raisons:
    La première c'est que c'est un excellent camarade.
    Je me solidarise plus facilement avec un excellent camarade qu'avec un abruti notoire et inconnu.

    La seconde c'est qu'il écrit fort bien et qu'il sait parfaitement de quoi il parle. C'est d'ailleurs la raison principale de ma solidarité, en vérité.
    On adhère plus facilement à un propos quand on le sait vrai et qu'on le voit solidement étayé.

    La troisième, c'est que comme il va encore une fois se faire plein d'amis à la lecture de son billet, il va se sentir bien seul une fois de plus si l'on ne fait pas effort pour le soutenir.
    Nous serons donc au moins deux, puis trois, quatre, cinq... et le plus possible jusqu'à 60 millions de Français.

    Tu devrais d'ailleurs faire payer un Euro par soutien déclaré.
    Uniquement les soutiens déclarés, car si tu fais payer ceux qui essaient de te dénigrer tu deviendras riche beaucoup trop vite... Encore que... il faudrait qu'ils aient le courage de s'afficher publiquement!

    Bien cordialement,

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  3. Et le Louvre ? Et la gare Marseille St Charles ? Dommage que l’article débute sur un postulat entièrement faux sur les résultats de SENTINELLE...

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    1. Relire l'article, ou ne pas commenter ce qu'on n'est pas capable de comprendre...

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    2. Vous oubliez La Défense, Nice, Valence, Orly, Levallois. Dommage que vous n'ayez pas lu l'article.

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  4. Et l’aéroport D’Orly ?

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  5. J’ai eu la chance de pouvoir arborer mon uniforme, dans le métro parisien notamment...
    Tout le monde me regardait, chacun y allait de son commentaire. Que de bienveillance à mon égard. C’est un sentiment de fierté qui m’animait dans ces moments là, si fière de porter cet uniforme et d’être reconnue. Et je n’ai jamais eu l’impression d’être menacée.
    D’ailleurs, n’importe quel abruti peut suivre un militaire qui sort de son régiment en civil, à la fin de la journée, pour finalement le menacer dans la rue...
    L’anonymat n’a jamais été gage de sécurité...

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  6. "Nous serions logiques, ou plutôt exactement nous souhaiterions être plus efficaces dans la protection des gens, nos soldats seraient camouflés comme ils le sont lorsqu’ils affrontent d’autres combattants."

    Cette remarque de bon sens d'un civil sur opex360 m'avait valu une volée de bois vert en mode "le militaire est indissociable de son uniforme etc...".
    Et pourtant, un militaire en uniforme s'évite facilement pour qui veut attaquer des civils... ou se trouve mieux pour quelque suicidaire voulant ses vierges imaginaire, car ça le lance!
    En patrouille de 2 ou 3 dissociée avec des armes de poing pour l'efficacité immédiate et un sac à dos contenant Uzi et quelques chargeurs si plus sérieux, combiné avec les moyens de communication discrets qui vont bien, ce serait moins visible mais bien plus efficace.
    Ces grosses patrouilles en uniforme bien visible, c'est un peu comparer la police US à la notre: Les types sont 1 par bagnole, puissante et correctement armés, quand chez nous ils sont 3 dans une vieille caisse usée (quand elle démarre). Forcément, en cas de coup dur, ca n'arrive pas vraiment de partout en 2mn coupant toutes les fuites possibles!
    On a globalement une très mauvaise utilisation des forces que l'on attends si longtemps qu'a force, les gens vont être tentés de prendre leur sécurité en main. J'en connais qui se mettent au tor sportif ou à la chasse que pour cette raison...

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  7. Merci pour ce billet, à l'occasion du 8 mai j'ai porté fièrement ma tenue d'officier marinier lors des commémorations dans ma commune. Franchement c'était pas pour me la péter c'était juste pour montrer une présence de l'arméeb carry dans dans cette commune de 25000 habitants l'agglomération nantaise,le seul en uniforme était le numéro 2 de la police. alors certes je suis presque obligé de m'excuser en disant que je n'ai pas quel active j'ai été simple appelé en 99 puis dans le corps des guetteurs sémaphoriques conformément à mon souhait, je souhaitais aussi m'engager, mais comme disait mon patron "réfléchir c'est commencer à désobéir" et je réfléchis beaucoup trop donc j'ai opté pour une reprise d'études mais aussi pour servir dans la réserve des mon débarquement. et alors connu la lenteur extraordinaire de l'administration militaire et la montée en puissance, si on peut appeler ça, de la réserve qui a pris des années. Devant cette inefficacité j'ai quitté la réserve de la marine il y a 6 il pour entrer dans la réserve de la gendarmerie qui est beaucoup plus simple de gestion de disponibilité pour nous civils.
    Ce long préambule pour dire simplement que j'ai été apostrophé par une connaissance qui est adjointe au maire de ma commune, elle-même a servi 10 ans dans la marine comme secrétaire, et m'a dit que je n'avais pas le droit de porter ma tenue parce que j'étais reserviste. du coup je me suis renseignée en écrivant un mail au bureau réserve de la marine dont j'attends encore la réponse. J'ai contacté le bureau réservé de APER Brest qui m'a assuré que je ne peux pas porter ma tenue sortie puisque je n'étais pas sous contrat de réserve. franchement j'ai passé 2 jours à essayer de trouver les bons numéros de téléphone, les bonnes instructions et les décrets ministériels. Je me suis basé sur une instruction de la marine de 2017 qui en fait était contredite par un décret ministériel d'une date antérieure.
    en tout cas j'ai fini par être contacté sur mon email personnel par le délégué militaire départemental commandant la Marine à Nantes qui m'apprenait qu'il avait reçu un rapport de ma mairie sur ma présence en uniforme à la cérémonie. Il me reproche d'avoir porté indûment mon uniforme et il me priait de rendre compte dans son bureau dans les meilleurs délais.bien sûr j'ai un sale caractère et je ne me soumets en tant que civil qu'a l'autorité judiciaire.
    Pour conclure, j'ai été dénoncé par cette adjointe au maire qui a dû se sentir frustrée que moi simple réserviste je portais mon uniforme fiereement alors qu'elle l'ancienne l'active ne l'ai pas fait. c'est la seule personne dans la commune qui peut associer mon nom mon visage mon email et qui ait été une présente à la cérémonie. j
    compris in finebque j'avais le droit de porter ma tenue à la condition non réglémentaires mais plutôt protocolaire que je demande l'autorisation au délégué militaire départemental ; et ben je trouve ça ignoble et j'étais choqué d'une part d'être dénoncé par une ancien marin, d'autre part qu'on me reproche de ne pas connaître le protocole, enfin de sentir la suspicion des autres (militaire essentiellement) sur l'uniforme alors qu'on devrait en être fier. le résultat c'est que je ne porterai plus jamais ma tenue de marine et qu'on ne me parle plus jamais de rayonnement. Ça m'a rappelé vraiment pourquoi je me suis pas engagé. Beaucoup de paraître et de posture pseudo honnorable, genre sabordage de la flotte à Toulon ou Mers-el-Kébir, beaucoup d'intérêt sur le détail protocolaire MAIS peu de focus sur l'action, les moyens matériels et humains et l'efficacité de la mission

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    1. philippe ROBIN4 juin 2019 à 18:03

      cher camarade
      pour la tenue , votre adjointe au maire a tout faux si... , vous n'appartenez pas à l'armée de réserve, marin ou pas. si vous êtes sous-officier de réserve opérationnelle, il vous faut seulement demander à votre autorité d'emploi, marin ou pas . sur le fond, je suis persuadé que vous ne rencontrerez aucune hostilité. hélas, le DMD dit vrai. on ne porte pas l'uniforme pour une activité publique sans un cadre précis : réserviste opérationnel ou réserviste honoraire. maintenant , à titre privé, c'est une facilité légitime.
      la demande au DMD est bien réglementaire.
      je vous suis en revanche sur l'attitude déplorable de cette conseillère municipale.
      bien cordialement

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  8. Merci de rappeler certains choses, mon Colonel.
    J'évoque souvent avec ma hiérarchie -et je suis souvent le seul à avoir cet avis-là- l'absurdité des règles de "protection" du personnel militaire par l'interdiction du port de l'uniforme dans la rue.
    D'abord, oui, nous devrions tous, policiers et militaires, porter notre uniforme du départ de la maison au retour à celle-ci : c'est dans la loi (le règlement pour être exact : Article D4137-2 du Code de la Défense). Et si l'on s'inquiète pour nous, soyons armés, comme les policiers et les gendarmes (mais en tenue, contrairement à eux) sur ces trajets : ainsi d'une nous serons présents pour intervenir en cas de besoin, mais en plus ce sera une bonne justification pour former tout le monde sur pistolet automatique et maintenir cette aptitude ISTC !
    Ensuite, nous "sommes en guerre", contre le "terrorisme", paraît-il. Bon, admettons. Dans ce cas, cessons de nous faire imposer des choses "par peur de...", car cela revient à dire que nos adversaires ont gagné. Le port de l'uniforme sur la voie publique représenterait quelques 200.000 militaires (en plus de la police et la gendarmerie), ce qui constituerait quand même un message symbolique et surtout, psychologique, assez fort : avoir fait disparaître les uniformes (sauf Vigipirate) est à mon avis une victoire psychologique pour les détraqués mentaux que nous affrontons, et une erreur grave de notre part : nous n'occupons plus le terrain.
    Enfin, j'aime beaucoup cette règle de non-port de l'uniforme est superbement appliquée ! (oui, c'est ironique). Ainsi, moi qui travaille sur Paris, j'ai eu l'occasion de voir des généraux en grande gabardine, femme au bras et aucune arme ou officier de sécurité, se promener tranquillement vers 23 heures. Ou encore, dans le secteur de l'Ecole militaire, de nombreux officiers en tenue, avec tous les attributs portés réglementairement, sortir prendre un café ou une bière à midi ou le soir. Par contre, lorsque moi-même, petit sergent, pour une séance de tir, fait 300 mètres à pied dans la rue en treillis, sans insigne d'unité ni nom, entre mon service et le GSBdD qui me soutien, si j'ai le malheur de tomber sur un officier de sécurité je me fais vilipender avec la plus grande fermeté ("vous n'aviez qu'à réserver un véhicule de service" "- pour faire 300m le matin, 300m le soir ?!" "- Oui !!"). Une règle "deux poids deux mesures", comme toujours...
    Dans cette affaire, nous avons perdu de vue la logique de bon sens et la logique de victoire. Je crains que nous n'en payions un jour le prix fort...tant économiquement et symboliquement, qu'humainement. Quand on prétend faire la guerre, on ne fait pas dans la demi-mesure...

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  9. L'application de sentinelle genere des couts importants, car les structures sont louées (meme si elle sont utilisées depuis des années).
    La présence des forces déplace la menace sur la population dans des zones ou elles ne sont pas présente. De plus l'opération sentinelle représente un lourd investissement pour l'armée. L'impact sur les terroristes pourrait etre plus efficace en utilisant des policiers en civil, des surveillants armés et invisibles (car indissociable de la population) serait plus efficace psychologiquement sur les terroristes.
    Les policiers et gendarmes en uniforme pourrait servir d'appat également, sans compter que ceux ci sont mieux formés au contact de la population.

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  12. philippe ROBIN4 juin 2019 à 18:47

    bonsoir michel
    je pense que l'attitude de nos gouvernants est à la fois politique et sociétale. commençons par le problème du cadre juridique de la lutte anti terroriste. "le pays est en guerre" mais, en fait, il ne l'est pas, tu le sais mieux que moi. Le terme sert à affronter l'émotion des attentats. Mais la france n'est pas en guerre car il faudrait qu'elle le soit contre un ennemi désigné, institutionnalisé et reconnu : un Etat souverain. En réalité, on "fait" la guerre à un système. Etre en guerre revient à décréter l'état de siège, ce qui modifie en profondeur la répartition des pouvoirs de police, les autorités préfectorales cédant une grande partie de leurs prérogatives à l'autorité militaire. De cela il n'en n'est pas question pour des raisons simples : au delà de l'émotion générale et légitime, du drame personnel des familles, osons nous dire la vérité : des attentats d'une telle importance ne remettent pas en question les intérêts vitaux de la nation. Mais "un président ne peut pas dire cela". il faut donc rester au cadre juridique actuel, légèrement adapté avec l'état d'urgence.
    Dans ce contexte, on ne peut - et je le regrette comme toi- accorder un régime dérogatoire à des militaires (notamment de l'armée de terre) dont la caractéristique première est de s'entraîner au tir en vue du combat. l'ISTC sert à cela. officiellement cela "compliquerait" la tâche des forces de police, notamment dans l'identification des méchants si des gentils en civil faisaient usage de leur arme.
    il y a une autre raison, plus sociétale : le refus de la violence, même pour assurer la paix. nos gouvernants sont tétanisés à l'idée que des civils soient les victimes collatérales de tirs entre terros et militaires primo intervenants en civil. l'argument spécieux arrive donc : les armes de guerre (on ne parle pas de pistolet automatique), causeraient des dommages trop grands et le soldat "tirerait" peut-être trop de munitions dans l'affrontement . c'est oublier deux ou trois choses : nos soldats, notamment l'infanterie ou tout au moins les unités opérationnelles, tirent plus que les FSI. On les entraîne au tir proportionnel (et on n'a pas besoin de limiter les rafales à deux cartouches comme sur les HK36 de la police). c'est enfin oublier que nos soldats sont éduqués pour le combat et sa violence, même si tout est perfectible, j'en conviens.
    Ce faisant, comme on ne vaut pas les armer et reconnaître leur spécificité, on les désarme et on les banalise en les mettant en civil. On préfère donc un soldat victime qu'un soldat qui a sauvé ses concitoyens au risque qu'un malheureux y perde la vie. Nos concitoyens sont capables de comprendre le sens de cette décision et d'accepter ce risque. La question est essentielle : faut-il attendre les 20 minutes fatidiques nécessaires à l'intervention des unités spécialisées des FSI pour intercepter des terroristes, acceptant ainsi que ces derniers s'en donnent à coeur joie dans l'intervalle ? Ou bien peut-on envisager que, par bonheur, dans les minutes qui suivent le début du périple meurtrier, un ou deux soldats français, en civil, stoppent l'attaque au risque d'un échange nourri d'armes à feux ? je suis persuadé que nos citoyens le comprendraient. Je suis aussi persuadé qu'on inverse le sentiment d'incertitude chez le terroriste, ce dernier ne sachant jamais si une riposte va intervenir rapidement. Personne ne se rappelle l'attitude remarquable des parents des enfants tués à loyada en 1976 dans l'assaut du bus. ils n'en n'ont pas voulu au GIGN ni aux légionnaires qui ont donné l'assaut. tout simplement parce que l'assaut avait un sens, et que la mort des cinq enfants fut le prix à payer - toujours trop grand- pour que la collectivité nationale "gagne" ce combat.

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  13. Combattant et pas victime! J’adhère pleinement au slogan.
    Au delà de la disparition du militaire de la place publique, comment ne pas croire que ces réglementations absurdes ne s’instillent pas sournoisement dans l’esprit de ce qui les applique et exécute. Espérons donc que les jeunes recrues garderont la fierté, évoquée dans un commentaire plus haut, de l’appelé rentrant chez lui en tenue pour les permissions et ne se laisseront pas psychologiquement victimiser.

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  14. Encore une fois bel article. Merci beaucoup.

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  15. J'ai servi pendant 25 ans dans la Réserve opérationnelle. Je me suis toujours rendu à mes convocations en tenue et, de Bordeaux à Paris en passant par Montlhéry, Nimes, Montpellier, Bourges, Vincennes, Pontoise, etc. je n'ai jamais croisé le moindre regard haineux où même critique.

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  16. Le premier qui dira la vérité, celui-là devra être exécuté...
    https://youtu.be/l1GtNAaqnng

    https://youtu.be/qilMCIOXME4

    https://youtu.be/AwqlEt5CuMw

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  17. Tout à déjà été écrit sur l'absence de réponse à la hauteur de la situation et sur ce que cela va engendrer.
    http://www.guillaumebigot.com/2018/03/soyons-terribles-pour-eviter-au-peuple-de-letre/

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