Je remercie le cabinet de madame la ministre des Armées d'avoir attiré mon attention sur cet excellent article en voulant s'en prendre à son auteur.
Dans le dernier numéro de la Revue Défense Nationale, le colonel François-Régis Legrier signe un excellent article dans la rubrique Opinions (rappelez-vous, cet espace nécessaire où on peut s'exprimer librement sans engager aucune institution !). Cet article est disponible ici (p. 65), est intitulé : La bataille d'Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? Il s’agit peut-être, assez loin des éléments de langage habituels, de l’exposé le plus clair de la manière dont nous faisons la guerre sur ce théâtre d’opérations, avec ses points forts mais aussi ses grandes limites.
Dans le dernier numéro de la Revue Défense Nationale, le colonel François-Régis Legrier signe un excellent article dans la rubrique Opinions (rappelez-vous, cet espace nécessaire où on peut s'exprimer librement sans engager aucune institution !). Cet article est disponible ici (p. 65), est intitulé : La bataille d'Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? Il s’agit peut-être, assez loin des éléments de langage habituels, de l’exposé le plus clair de la manière dont nous faisons la guerre sur ce théâtre d’opérations, avec ses points forts mais aussi ses grandes limites.
À la frontière entre l’Irak et la Syrie Hajin était la dernière localité
tenue par l’État islamique. Sa prise constitue donc de fait la fin de l’ennemi
en tant que territoire, mais certainement pas en tant qu’organisation. Le
colonel Legrier, qui commandait le groupement d’artillerie français sur place,
a été aux premières loges de cette victoire. Son analyse et son témoignage n’en
ont que plus de valeur.
L’auteur part d’une interrogation simple : comment un point tenu par
2 000 combattants équipés légèrement a-t-il
pu tenir pendant cinq mois face à une telle coalition de forces ? Rappelons juste que si on fait le total des
ressources des nations engagées dans la lutte contre l’État islamique, en
termes de centaines de milliards d’euros de budget, de dizaines de milliers d’avions
de combat, d’hélicoptères, de canons, de chars, de millions de soldats, on
obtient la plus grande puissance militaire de toute l’histoire de l’humanité. Comment
donc cette puissance colossale ne parvient-elle pas à écraser en quelques jours,
sinon en quelques heures, 2 000 hommes équipés
de Kalashnikovs ? La réponse est évidente : parce que cette
coalition refuse de faire prendre des risques à ses propres soldats.
En novembre 2015, le président de la République s’engageait solennellement
à « mettre en œuvre tous les moyens afin de détruire l’armée
des fanatiques qui avait commis cela » [les attaques du 13]. Il mentait (c’est
ici moi qui m’exprime). Le « tous les moyens » a consisté dans l’immédiat
à augmenter le nombre de frappes aériennes (qui dans l’urgence du besoin de
montrer que l'on faisait quelque chose ont surtout frappé du sable) et à l’envoi du groupement d’artillerie
évoqué plus haut (et au passage, pourquoi avoir attendu plus d’un an pour
le faire ?). C’était donc là « tous les moyens »
dont disposait la France ?
La description politique de cette guerre contre l’État islamique (oui, l’ « État
islamique » et non Daesh, terme devenu étrangement obligatoire dans le
langage officiel) est un village Potemkine, mais c’est un village Potemkine
transparent. Nous voyons bien en réalité que nous ne combattons pas vraiment l’ennemi,
que nous préférons montrer nos soldats dans les rues de Paris plutôt que de les
envoyer sur l’ennemi, ce qui est normalement leur raison d’être ; que nous préférons conseiller et bombarder, ce qui
nous place dans la dépendance des Américains, les seuls à pouvoir frapper de
loin en grande quantité ; que nous préférons
que ce soient les autres qui se battent plutôt que nous, ce qui là encore nous
rend dépendants de leurs propres agendas.
Tactiquement, tout cela est d’une grande stérilité quand ce n’est pas
négatif. Quand des puissants mettent des mois pour vaincre une poignée de
combattants, qui sont symboliquement les vainqueurs ? L’État islamique n’est pas mort avec la chute d’Hajin,
et les symboles vont demeurer. Quand on détruit Mossoul, Raqqa et Hajin, « pour
les sauver » selon les mots d’un colonel américain au Vietnam, a-t-on
vraiment fait progresser la cause des vainqueurs ? Car bien entendu ces ravages ne sont pas neutres, le refus de prendre
des risques importants pour les soldats, relatif pour les Irakiens ou les FDS
qui y vont quand même, mais presque total pour nous, implique un transfert vers
les civils. Malgré toutes les précautions prises, le « zéro mort »
pour nous implique « beaucoup de morts » parmi la population civile
locale, le bassin de recrutement de nos ennemis.
Au bout du compte, on ne peut s’empêcher, comme l’auteur, de se poser
cette question : pourquoi entretenir une armée que l’on n’ose pas engager
contre l’ennemi le plus dangereux que nous ayons ? Nous l’avons bien fait en 2013 au Mali. Si Hajin était un objectif
aussi important, et il l’était au moins symboliquement, pourquoi, comme le
demande l’auteur avec une certaine évidence, ne pas avoir envoyé un groupement
tactique interarmes (GTIA) s’en emparer ? L’affaire
aurait été réglée infiniment plus vite et avec moins de dégâts locaux. Il ne
nous a fallu que quelques semaines pour détruire sur l’ensemble du nord Mali les
bases d’un ennemi du même volume supérieur à l’EI à Hajin. Nous avons à l’époque
accepté d’avoir sept morts au combat. Est-ce la peur d’un enlisement ? Soyons sérieux. Si le politique le décide, un ou
quatre GTIA, comme au Mali, peuvent se dégager aussi vite qu’on les engage. Ce
n’est pas un problème technique, c’est juste une décision politique.
J’ai tendance à considérer, comme l’auteur, que c’est à nous de mener nos
combats. En Irak et en Syrie, nous avons suivi les Américains et leur manière. Ce
n’était pas forcément une bonne idée, ce qui était assez clair très rapidement.
Maintenant la guerre n’est pas terminée, tant s’en faut. Il est plus que temps
d’avoir une vision stratégique et une action autonomes, et ne pas se contenter
de dire que nous faisons des choses formidables alors que nous imitons à petite
échelle des manières discutables et d’annoncer régulièrement des dates de
victoire finale toujours démenties (la dernière était…en février 2018), preuve que
nous ne maîtrisons pas grand-chose.
On me dit que l’article du colonel Legrier n’est plus disponible à la
vente depuis hier sur le site de la RDN et je ne le vois plus dans le sommaire
de la revue en ligne. Je n’ose imaginer une seule seconde qu’une expression intelligente
et soucieuse de l’efficacité des armes de la France puisse faire l’objet d’une quelconque
censure, du cabinet ministériel par exemple. Je n’ose imaginer que l’on revienne à ces sottes pratiques qui dans le
passé ont toujours constitué le prélude à de grandes déconvenues. Je conseille
donc encore plus la lecture de cet exemplaire et sa diffusion. Plus le cabinet, qui n' a visiblement jamais entendu parler de l'effet Streisand, s’opposera à sa diffusion et plus j’en ferai la
publicité.
Colonel François-Régis Legrier, La
bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? Revue Défense
Nationale n° 817 - Février 2019
Le colonel Legrier est aussi l’auteur de Si tu veux la paix, prépare la guerre. Essai sur la guerre juste,
aux éditions Via Romana (2018).
Impossible en effet de se procurer l'article du Colonel LEGRIER. Si vous avez une solution...
RépondreSupprimerSoit acheter la version papier soit m'écrire (goyamichel@gmail.com)
SupprimerIl semble possible d'acheter l'article en ligne , en tapant d'abord le titre dans google (curieusement, le titre de l'article n'apparaît pas sur la page)... http://www.defnat.com/e-RDN/vue-article.php?carticle=21963
SupprimerMalheureusement, l'article juste déréférencé au début a également été supprimé de l'URL.
SupprimerLe numéro 817 de la RDN, censé être disponible pour les seuls abonnés, est en fait accessible directement à tout un chacun à cette URL : http://www.defnat.com/images/ABO-PDF/2019%2002%20%28fevrier%20-%20817%29.pdf
SupprimerC'est un peu étrange, cela pourrait être une anomalie. Mais c'est bien utile
Alexis, Merci pour le lien.
Supprimerhttps://twitter.com/Yugnat95/status/1096810753154256897?s=09
SupprimerMerci beaucoup. Un lecteur.
SupprimerOU ICI : https://reseauinternational.net/la-bataille-dhajin-victoire-tactique-defaite-strategique/
SupprimerRegardez donc l'utilisation de l'aviation par les troupes Russes et par un certain nombre de mercenaires venant de tous les anciens pays communistes, y compris des Polonais qui les détestent tant, mais déteste encore plus les musulmans.
SupprimerLa ville d'Alep qui fut bombardée comme en 1945 par des TU-95 et des TU-160, des tirs de missile au petit bonheur la chance, les bombardements ont été fait comme les Anglais sur la ville de Dresde jugée maintenant comme inutile, sans parler des deux bombardements atomiques que l'on conteste maintenant.
La population occidentale, n'est plus prête à vivre la mort de centaines de ses soldats pour fussent-ils combattre daesh, les images du Vietnam et sa cohorte de cercueil marquent encore nos parents et grand-parent, d'où l'impossibilité de voir un millier de soldats liquidés une poche tenue par daesh.
Inversement un jour nous engagerons le gros de notre petite armée dans une bataille perdue loin de chez nous, mais quelle bataille.....
RépondreSupprimer"Etat Islamique" et "Daesh" signifient exactement la même chose. L'un est la traduction de l'autre : DAESH est l'acronyme de "DAwla al Islamiyah fi al irak wa al SHam" ce qui signifie littéralement "etat islamique en irak et au levant".
RépondreSupprimerJe ne vois pas le problème d'utiliser DAESH plutôt qu'EI : il s'agit d'insister sur le fait que nous ne reconnaissons pas cette entité en tant qu'état, ce qui me paraît plutôt sain comme positionnement ...
Que Michel Goya efface ma réponse si elle n'est pas conforme à sa pensée. Mais nos illustres communiquant préfèrent DAESH à Etat Islamique pour éviter de citer ce dernier mot. L'Etat a du mal à citer l'ennemie. Cet ennemie bien trop présent directement sur notre territoire et notamment dans certains banlieue.
SupprimerCeci dit, il est vrai qu'une partie de nos compatriotes peuvent avoir tendance à mettre tous les musulmans dans le même sac, ce qui est singulièrement faux et extrêmement contre productif.
Je préfère utiliser les deux cela permet de ne pas être répétitif dans un texte, et cela définit parfaitement la même chose, comme ça les gens savent de quoi il en retourne quand ils entendent ces deux termes. Pareil pour "ISIS" pour rappeler parfois aux non anglophones que cela désigne l'état islamique.
SupprimerCommme vous le faites effectivement remarquer, Daesh signifie effectivement Etat islamique en Irak et au Levant, ce qui n'est plus le nom que se donne cette organisation depuis longtemps. Surtout, je trouve que s'obliger à n'utiliser qu'un seul terme est une coquetterie un peu puérile.
SupprimerL'arabe s'écrit dans un alphabet différent du nôtre. La façon de le translittérer est en soi un parti-pris idéologique - parti-pris inconscient, naturellement, chez nous, depuis que le monde anglo-saxon gouverne nos cervelles francophones.
SupprimerBref, on écrit en français Daëch et non *Daesh ; et on translittère, en bon arabe et en bon français, « al-daoula 'l-islamiya fi'l-Irak oua ch-cham », pour désigner « l'État islamique en Irak et au Levant ».
Surtout que le "E" n'existe pas dans l'alphabet arabe. On prononce "el" et on écrit "al".
SupprimerQuestion sémantique je pense :
SupprimerEmployer le terme de "Etat Islamique" pose 2 problèmes :
- cela pourrait laisser entendre que la France reconnait Daesh comme un état, et fait la guerre à un état. Or, cela est régit par des lois internationales au niveau de l'ONU, dont la France fait partie.
=> souvenez-vous de cette intervention précisant qu'il ne s'agit pas d'une guerre étant donné qu'une guerre est un conflit entre 2 états...
- Ensuite, cela pourrait stigmatiser l'Islam et donner l'impression que la France combat l'Islam, ce qui aurait aidé Daesh dans sa politique de propagande, voire même tout simplement desservit la France vis-à-vis des communautés musulmanes francaises ou pour la politique étrangère.
Bref, pas de couilles, pas d'embrouilles.
SupprimerQuand l'Etat combattait les Brigades Rouges, vous contestiez qu'elles fussent des brigades et vous vous absteniez d'utiliser "Rouges" pour ne pas "stigmatiser" nos amis les rouges ?
Merci pour cette belle analyse
RépondreSupprimerMerci pour votre analyse qui n'honore pas le ministre des armées. On peut être transgressif qd on attaque l'Italie, pas les US ?
RépondreSupprimerJe crois que le livre que vous citez en bas de page à été écrit par son père le gal Négrier.
Non, c'est le colonel en question qui l'a écrit l'année dernière.
SupprimerUn livre comme chef de corps et un article en prime en OPEX... Chapeau pour trouver le temps d'écrire.
SupprimerJe vais me faire l'avocat du diable, mais est ce que ce saupoudrage d'interventions de la part des occidentaux ne fait pas partie une volonté de la part des irakiens de rester les acteurs principaux de la chute de l’État Islamique, ce qui pourrai permettre à leur gouvernement de retrouver une certaine légitimité ? De plus après presque 15 ans de présence lourde de la part des occidentaux, ne veulent ils pas limiter les forces armées occidentale sur leur territoire national ?
RépondreSupprimerJe pense que le fond du problème est bien celui évoqué dans votre article mais peut être y a t'il d'autres facteurs rentrant en ligne de compte.
Merci pour votre plume acérée aussi bien sur votre blog que sur papier.
Les irakiens n’y sont pour rien, Hajin est dans l’est de la Syrie contrôlée par les SDF et les usa.
SupprimerC’est plus la volonté de ne pas en finir trop rapidement avec DAESH qu’il faut invoquer, c’est d’ailleurs une hypothèse de l’auteur.
Daesh est un instrument. Et il y a beaucoup de mains sur le manche, et pas seulement saoudiennes et turques...
Merci d'avoir sauvegardé cet article remarquable d'un officier qui ne l'est pas moins, par contre son avancement risque d'être définitivement compromis... Pourquoi former des saint cyriens brillants et les casser ensuite?
RépondreSupprimerTriste époque
En même temps quand je parle avec mes potes sous officiers, ils n'ont pas beaucoup de respect pour les Saint Cyriens. Ça circule même que depuis la création de Saint Cyr,la France n'a plus jamais gagné une guerre.
Supprimer14-18 cela ne vous dit rien?
Supprimeret en plus ils ont la légion d'honneur, merci pour ce commentaire débile qui me laisse à penser qu'Ane Onyme du 16 fevrier à 00:11 n'est pas un sous officier, ce serait une insulte pour ce corps d'élite.
SupprimerVictoire tactique, défaite stratégique, prémisse d’une future rupture anthropologique ?
RépondreSupprimerLa guerre sans risque (de politique intérieure) avec des proxis mécaniques et la promesse de booster tout à la fois sa base industrielle et technologique de défense, les emplois et les exportations, quel homme politique normalement constitué pourrait-il résister à l’idée -et au lobbying des industriels ?
Apparemment beaucoup, toutes nationalités confondues, rêvent de mettre les soldats au chômage. Ou tout au moins d’en réduire drastiquement le nombre en les transformant en simples techniciens, superviseurs des IA embarquées dans les SALA.
Sans verser dans la SF débridée, il est permis d’imaginer d’ici une dizaine d’années des SALA terrestres, coopérant et manœuvrant selon de nouveaux schémas permis par leur spécificité mécanique (dont l’insignifiance politique de leur destruction), s’attaquer à la énième mutation de l’État islamique.
« Pourquoi entretenir une armée que l’on n’ose pas engager contre l’ennemi ». La question est bonne, la réponse (possible, prévisible, inéluctable ?) risque d’être terrifiante : si le prix du sang est toujours élevé, le prix de sa préservation à tout prix risque d’être moralement et humainement prohibitif.
http://robots.blog.lemonde.fr/tag/drones-autonomes/
Vous y êtes. Ou plutôt, nous y sommes. Où comment l'industrie de la guerre est devenue une fin en soi, nous entraînant nos Démocraties dans une spirale infernale de dépendance au techno-capitalisme. Qui plus est, à ce jeu là, nous avons déja perdu la guerre : quelle est la nation du monde qui possède la capacité de produire le plus de drones au moindre cout et qui maitrise tous les chainons de la production depuis l'extraction des terres rares jusqu'au produit fini ? C'est pas nous, c'est pas nous...
Supprimerd après Le Monde le Colonel sera sanctionné doc.
RépondreSupprimerComme quoi la bêtise n'a aucune limite.
visiblement il fallait le casser en urgence.
pitreries d'État major.
j espère qu il trouvera à rebondir facilement dans le privé.
quel gâchis.
Michel Goya, Il semble que les "nettoyeurs" aient très bien travaillé ! Impossible de trouver l'article en question aux différents liens indiqués. Dommage ! De sorte, liberté ni d'expression, ni d'opinion s'en trouve une fois encore bien bousculée !
RépondreSupprimerL'article est disponible à ce lien... https://drive.google.com/file/d/1vX-7LX8pem2dpEEZkvrR0d5HQR3CEXW4/view
RépondreSupprimerMerci pour le lien qui fonctionne.
SupprimerOui merci, lecture fort intéressante et vraiment y a pas de quoi fouetter un chat. Il s'agit du constat récurrent du choix de l'inefficacité par nos hommes politiques et qui est exacerbé dans les coalitions États-Uno centré.
SupprimerTrès bonne lecture.
Et bel effet Streisand en perspective.
Je suis convaincu que le colonel Légrier n'a pas écrit cet article sur un coup de tête, bien au contraire.
RépondreSupprimerIl y a beaucoup réfléchi et mis toute son intelligence au service de la Vérité, simplement et courageusement.
Qu'à partir de ce jour, chacun de nous, à la place qui est la nôtre, s'engage à dire toujours et quoiqu'il en coûte, la Vérité et nous transformerons le monde !
Merci pour l'URL Google. Cet excellent article éclaire sur la qualité de l'analyse et la pertinence des propos de ce brillant officier supérieur qui a l'évidence maitrise son sujet. Aujourd'hui encore, je constate à regret que "toute vérité n'est pas bonne à dire" et nous en sommes tous convaincus : c'est bien cette franchise et cette loyauté envers sa direction qui font la grandeur et l'honneur des chefs militaires. Il est grand temps d'instaurer des passerelles entre les prestigieuses écoles de formations au sein des forces armées et les différentes institutions académiques qui forment nos gouvernants qui, sous couvert d'enjeux diplomatiques, sont des frileux decisionnels. Pour quand les rapprochements culturels qui permettront de redessiner la cartographie européenne et mondiale avant la dead line. J'ai bien peur que ce soit comme pour le climat...Bien trop tard !!!
RépondreSupprimerMerci d'oser dire les choses !
RépondreSupprimerMerci pour ce signalement qui fait tout l’intérêt premier d’un blog : transmettre de l’information. Un article de l’ »immonde » met en évidence votre rôle déterminant d’avoir mis au jour un texte d’un militaire d’active dont la carrière vient sans doute de s’arrêter. Mais le texte de l’officier est excellent et il faut lui en savoir gré. Il est bien seul à présent mais il faut lui prouver le contraire. Il est un soldat qui sait bien des choses et dont l’expérience et la connaissance du terrain sont précieuses parce qu’il a été témoin direct des événements qu’il raconte. Plus encore, l’article du colonel est certes un peu piquant sans être une diatribe et pourtant, cela a indisposé ; c’est dire l’aveuglement, la furie et l’imbécillité de ceux qui nous dirigent ; le discernement les a abandonnés et cela est très inquiétant. Ce militaire pensait qu’on pouvait parler encore avec une certaine liberté en restant mesuré . Il s’est trompé ; ce n’est plus vrai. La seule réaction du Pouvoir d’aujourd’hui est la répression et la sanction car il est en échec sur tout.
RépondreSupprimerVoici l'article en question, trouvé sur le site reseauinternational.net, site d'informations alternatif...
RépondreSupprimerPour ma part, ma première impression quand aux questionnements justifiés du Colonel François-Régis LEGRIER sur le comment ou le pourquoi se fait-il que nous "gaspillions" tant de "moyens" pour arriver à bout d'une résistance, d'une formation, par ailleurs, financée par nos propres institutions (cherchons l'erreur), je dirais qu'il faut se mettre à la place des "pouvoirs usurpateurs" en place. Pour ces "pseudos pouvoirs illégitimes", plus on dépense d'argent en armements divers et variés, plus "leurs amis" industriels de l'armement sont heureux... et tout celatoujours aux dépends du peupe...
https://reseauinternational.net/la-bataille-dhajin-victoire-tactique-defaite-strategique/
Pour la première fois je me trouve en désaccord total avec vous; nonobstant les considérations tactiques sur lesquels je ne me permettrais pas de juger, n'ayant pas été sur le terrain "au sol", j'ai cependant un sérieux doute sur la pertinence de la comparaison entre une situation Malienne et l’imbroglio Syrien. En outre, dans le premier cas nous sommes quasiment seuls à la manoeuvre, dans le second nous agissons dans le cadre d'une coalition où nous ne sommes pas l'élément leader. On peut décider d'un coup d'un seul de se dresser sur nos ergots et d'agir indépendamment, mais dans ce cas il faut en avoir les moyens militaires (on peut reparler du transport stratégique...) et diplomatiques (qui prendra la place du vide une fois nos troupes victorieuses parties - et même cet aspect du départ serait intéressant à mesurer ? Bachar? les Russes? les Turcs? les Kurdes et si eux, lesquels?).
RépondreSupprimerAu delà, en terme de propagande pour nos ennemis, la mort d'un soldat français (voir la mise en scène de la désacralisation de son corps comme on a souvent pu le voir dans les vidéos de l'EI) me semble avoir un impact potentiel infiniment plus fort qu'une intervention longue (annoncée au demeurant comme telle), prudente et qui fini par "passer dans le bruit".
Les US aussi pensaient en finir rapidement avec l'Irak en 2003... on sait tous où leur "Blitzkrieg" nous a conduit.
Au final, la limitation de "l'emprunte de bottes" de nos armées dans un environnement saturé d'interventionnisme, traditionnellement hostile à l'occident et où d'autres parties autochtones ont pris en main la lutte me parait être un choix stratégique et politique qui se justifie.
Je précise cependant que je vous rejoins sur la suppression regrettable de l'article en question. Une réponse en bonne et due forme aurait pu alimenter un débat légitime et surtout couper court au complotisme navrant dont le commentateur précédent semble hélas se repaître.
SupprimerObjection rejetée, votre honneur !
SupprimerVous comparez l'incomparable, une intervention à l'échelle d'un pays (l'Irak) à la prise d'une seule position ennemie (Hajin).
Les "risques" pris et la durée d'engagement ne peuvent être les mêmes.
Tout mon soutien au Colonel Légrier. Honte aux censeurs, qui piétinent allègrement une des valeurs fondamentales de la démocratie, la liberté d'expression. Mais bon, ils vont encore ressortir le fameux "devoir de réserve", c'est bien pratique...
Et merci à M. Goya pour ce blog de qualité.
Heureusement que les rédacteurs d'articles ne sont pas les décideurs. Franchement qui irez dans ce pays mourir pour hajin ? Combien de gens dans ce pays savent où ce cela se situe ? Il n'y a que se souvenir des réactions à l'embuscade d'Uzbin... "Seulement" 10 morts... il n'est pas une mauvaise politique de faire mener ses guerres par d'autres quand cela est possible. L'empire Byzantin a survécu en partie grâce à cela (cela a été aussi en partie la cause de sa mort...) Sans parler du fait que la Syrie et l'Irak sont de véritables bourbiers... Où on ne sait pas vraiment qui se bat pour qui... Le risque au final étant plus de se battre pour les interets irakiens que les notres... Pour le non spécialiste que je suis, intervenir à la dernière minute au Mali, pays situé dans une région connue, pas trop loin entouré d'amis ou pays bienveillants est une chose, envoyer un GTIA en Irak me semble être une histoire plus compliqué et hasardeuse...
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerVous auriez pu prendre pour pseudo Marcel Déat....
SupprimerVous savez celui qui a pondu l'article Mourir pour Dantzig ?
Il n'y a rien de cohérent dans votre intervention.
Depuis le temps que l'on parle de la Syrie, il y a fort à parier que même les nuls en géographie savent où se situe l'action.
Sauf vous apparemment, et oui, Hajin c'est en Syrie, pas en Irak, donc on se battrait plutôt pour des intérêts syriens. Mais aussi les nôtres, puisque DAESH nous a déclaré la guerre à sa manière. Renseignez-vous un peu.
Ensuite comme je l'ai fait remarquer plus haut il s'agit juste d'une poche à nettoyer, pas d'envahir tout un pays. Rien de compliqué là-dedans.
On peut remarquer que l'excellent colonel Legrier ne cite que comme référence de littérature militaire le seul General Desportes.Même courage intellectuel , certainement même arrêt de carrière,même méfiance critique vis à vis des procédés américains en Afghanistan et au Moyen Orient.Mais il faut bien observer que sans les Etats Unis l'armée française aurait bien des problèmes lors des opérations sahéliennes.Alors contre quelques coups de canon la fourniture de renseignements et de moyens logistiques a vite été négociée par nos autorités.Néanmoins si l'on compare avec le même procédé d'échanges intervenu lors des décennies précédentes il était plus facile d'obtenir plus en faisant partie de l'Alliance Atlantique sans intégration à l'Otan la marge de négociations étant plus ouverte.Nous faisions alors miroiter des perspectives plus ou moins floues de réintégrer l'Otan.Aujourd'hui nous sommes un partenaire aussi docile que les pays baltes.Nous nous consolerons avec la vitrine à l'export du Caesar que nous procurent les tirs notre artillerie en Irak-Syrie.On se console comme l'on peut et le colnel Légrier pourra faire meilleure fortune en étant un cadre de notre industrie d'armement plutôt que de moisir dans les milieux carriéristes
RépondreSupprimerD'un point de vie Ethique (pas juridique car je ne suis pas soumis à l'ISF et sympatisant Gilet Jaune)-->
RépondreSupprimerMichel Goya n'étes vous pas responsable de ce qui arrive à ce Colonel ?
N'auriez vous pas du attendre avant de publier son article sachant qu'il semble avoir été en opération lors de sa parution ?
un retex peu précis comme celui si n'est il pas peu informatif pour un citoyen ?
Je ne vois pas ce que gilets jaunes et impôt sur le fortune viennent faire dans cette histoire. La culture française n'est pas la culture anglo-saxonne. Et la liberté de parole des militaires a toujours été très cadré sauf exception dans notre histoire tout simplement parce que les choix de décider quand la nation va aller faire tuer ses enfants pour une cause précise appartient à la nation via les élus. Ce sont ces derniers qui ont délégation de la nation via les élections et le suffrage de ces choix là. C'est eux qui se présentent à un moment devant le peuple pour dire nous allons à la guerre. un militaire n'a pas cette responsabilité (il en a d'autres.. celles de ses hommes... c'est déjà beaucoup) car il n'a pas cette légitimité: celle du peuple. Aujourd'hui nos politiques sont tout a fait conscient que nos concitoyens n'ont pas envie d'aller mourir pour "Dantzig" (et je pense qu'ils n'en ont pas plus envie que la nation...). Globalement à part une minorité les Français n'en ont rien à foutre de l'irak ou de la Syrie sauf quand au moment du repas on leur montre des images de morts ou quand le village voisin doit accueillir un réfugié Syrien. D’ailleurs nous serions plus investit que cela dans ces pays, je ne doute pas un instant que nos gentils gilets jaunes crieraient au scandale du fait des couts économique ou humain d'une intervention française. Politiquement l'ampleur (ou la faiblesse ) de l'intervention française dans ce conflit fait consensus (je dirais même que la majorité trouve qu'on en fait trop: il suffit de voir les réactions au bombardement il y a deux trois ans suite à l’utilisation d'armes chimiques par la Syrie). A part quelques va t en guerre mais qui ont l'avantage de ne pas être aux responsabilité (c'est facile de dire qu'il faut envoyer 20 à 30 000 en Syrie quand on n'est pas au pouvoir...) Alors il y a de fortes chances que l'écrit de ce colonel a été perçu comme un empiétement du militaire sur la sphère du politique. C'est ainsi. Et personnellement je trouve cela bien... La guerre est une chose trop grave pour être confié aux militaires (Clemenceau)
Supprimerce que vous écrivez est trés intéressant mais je pense que vous ne m'avez pas compris.
SupprimerJe vais donc reformuler; qu'elle est la différence entre un opérationnel qui a la tête dans "guidon" et un écrivain (salarié ou pas) ?
Le premier n'a pas toujours la lucidité de l'esprit mais a un plus grande proximité avec le Vrai; le second est tout à fait aux faits du Prince et de la Pravda du moment. Comme les 2 sont complémentaires, il parait bon que quand le premier est "hors cadre" le deuxiéme le couvre.
ça c'est la morale populaire Française !
Bonjour, cet article, indépendamment de son intérêt indéniable même si inégal, ne me semble tout simplement pas a propos. A la guerre comme en de nombreuses choses le choix du moment est d'importance. Or cette réflexion, intéressante ne serait-ce que par la stimulation qu'elle procure, me parait venir trop tôt (à titre de retour d'expérience ne s'inscrivant en rien dans l'urgence au vu de nos engagements en cours) ou top tard (réflexion visant à faire évoluer notre campagne contre Daesh et son califat, campagne qui touche à sa fin sous la forme concernée par l'article). Au final, en donnant des armes à tous ceux qui cherchent à affaiblir notre action, Daesh mais aussi de nombreux autres acteurs engagés dans la zone, cet article ne me parait pas du tout utile sous sa forme (diffusion publique) à cette heure, voire dangereux. Le ministère a eu à choisir entre deux maux, je ne sais s'il a choisi le moindre, mais la censure dont a été victime l'article ne doit pas entraîner une admiration béate et aveugle non plus.
RépondreSupprimerIl est amusant de voir que les censeurs ne sont même pas compétents. L'article est toujours bien présent dans la revue Défense Nationale, page 65.
RépondreSupprimerAh, les "communicants", les politiques qui musellent les avis dissonants, et la légion d'officiers carriéristes qui marchent au pas, par peur pour leur promotion. Rien ne change ! Bravo, Michel Goya, pour votre "grande gueule". Vous me rappelez J.F.C. Fuller, autre officier "rebelle" dont j'ai dévoré les articles. Souvent discutables, mais oh combien plus intéressants que les propagandes des services de Comm'.
L'article sur la-bataille-dhajin-victoire-tactique-defaite-strategique a donc été enterré par la hiérarchie, la politique de l'autruche sévit toujours. Mais a-t-on même digéré à l'2tat-Major la défaite de Diên Biên Phu? Non, on a préféré jusqu'ici souligner l'héroïsme de ces combattants promis à la mort. Pour se rattrapper, l'Ecole de Guerre va enseigner à ses élèves sur 3 ans "La Bataille de Biên Biên Phu" de Jules Roy, livre réimprimé à l'occasion. On va donc se reporter plus de 50 ans en arrière pour comprendre comment maintenant vaincre Daech comme on a vaincu les Viets, avec le même mépris qu'on enseigne aux officiers français vis-à-vis de ces combattants irréguliers. Vive la France !
RépondreSupprimerJe rebondis sur votre commentaire. Il y a de bien beaux reportages pour ceux qui chercheront à vraiment savoir. A ne pas mettre dans la copie sous peine d'excommunication.
Supprimerhttps://youtu.be/YXt2eFrU7AU
Celui sur Cao bang est aussi instructif:
https://youtu.be/jxadfRbYx50
Bref, une sale période dans un pays où désormais les touristes déambulent avec délice.
Cet officier artilleur devrait lire des livres iconoclastes pour beaucoup de militaires (ou de citoyens s’intéressant aux conflits asymétriques (ou hybrides) du siècle dernier.
RépondreSupprimerSi l'artillerie dans un conflit classique avec un front entre deux armées conventionnelles à son utilité OUI ! Par contre, dans un conflit où l'ennemi est volatile et surtout n'a pas fait l'école de la guerre, utiliser des "gros canons" n'a aucune utilité tactique, sauf à occuper les artilleurs et produire de belles vidéos pour les chaînes TV occidentales.
L'expérience (oubliée) de la guerre d'Algérie le prouve. L'artillerie (associé à des radars sol/sol) a été efficace en bout des "barrages" frontaliers dans les zones du début du Sahara. Ceci étant rappelé, les envois d'obus dans les djebels, lors d'opération de bouclage (ou dans les zones interdites)n'ont servi à rien. En effet, le "moulaazim" voyant les obus tombaient dans le djebel d'en face, pouvait se dire: "c'est par là que je vais échapper au bouclage des "françaouis". je m'abstiendrai de commenter les "friendly fire'' d'époque, par respect pour les soldats français tués par des obus tricolores suite à des erreurs de topographie...
Après les combattants de Dien bien Phu, les derniers militaires français a avoir subi des tirs importants d'artillerie de gros calibres sont les observateurs français du comité de Lausanne qui ont essayé d'apporter quelques minutes de paix dans le chaudron beyrouthin entre mars 1984 et avril 1986. Sur ces 390 "casques blancs", il y a eu 7 tués: tous par des tirs d'armes légères d'infanterie! Et pourtant les projectiles de gros calibres et autres missiles soviétiques, américains et même français saturaient l'air, explosaient sur des immeubles de cette capitale où les munitionnaires locaux s'en donnaient à cœur joie, entre deux trafics en tous genres...
Pour conclure, je ne rappellerai pas à ce colonel le destin tragique de son ancien collègue à Dien Bien Phu...
Ils devraient plutôt etudier le livre "pourquoi perd on la guerre ? Un nouvel art occidental" de monsieur Chaliand, ce serait plus approprié.
RépondreSupprimerL'auteur a aussi fait des interviews:
https://www.les-crises.fr/gerard-chaliand-pour-les-pays-occidentaux-les-attentats-cest-du-spectacle-par-adrien-mideau/
Sinon, pour l'Indochine, pas besoin de lire 600 pages:
https://www.diploweb.com/Dien-Bien-Phu-faute-strategique-ou.html
Même cause, même effet.
Cao bang le désastre. Tous ces soldats morts pour rien. Les survivants traités comme des pestiferes. Quelle tristesse. Et affront ultime, leur histoire est inconnue de la plupart des français. Il reste des livres dans les greniers. "Je ne regrette rien" de Pierre Sergent. C'est terrible.
RépondreSupprimerRemarquable article du Colonel Legrier, sur le fond bien sûr, ce qu'on est en droit d'attendre d'un chef de corps commandant une force d'action terrestre, mais surtout sur la forme, par sa franchise, sa lucidité et son discernement.
RépondreSupprimerJe rejoins parfaitement son point de vue et reflet de son expérience directe, au profond retentissement dans nos armées et chez le politique qui les emploie, et je souscris pleinement à la lecture qu'en fait Michel Goya (d'autant plus que ce n'est pas toujours le cas). Il souligne une contre-leçon de la guerre du Golfe de 1991 : l'action aérospatiale ne résout rien; elle prépare, elle soutient, elle appuie, elle renseigne une action décisive destinée à durer, généralement sur le terrain. De même, les forces spéciales ne sont pas les fantassins du roi.
Enfin je suis peiné que la RDN (où il m'arrive de servir mon pays par des contributions bénévoles)ait dû accepter les pressions subies (dont je n'ai pas le détail), au point que l'excellent article en objet doive être retrouvé sur un site beaucoup moins respectable...
Grand merci donc au Colonel Legrier comme à Michel Goya pour leur engagement sincère.
Valéry Rousset
Le premier qui dit la vérité, celui-là doit être exécuté...
RépondreSupprimerhttp://www.opex360.com/2021/08/28/un-officier-de-lus-marine-corps-releve-de-ses-fonctions-pour-avoir-critique-ses-chefs-au-sujet-de-lafghanistan/
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/10/05/la-guerre-en-afghanistan-ne-peut-etre-gagnee-estime-le-commandant-britannique-sur-place_1103222_3216.html
Le premier qui dit la vérité,
RépondreSupprimerCelui-là doit être exécuté...
En filigrane, cette affaire pointe aussi le hiatus entre la puissance que nous croyons être et celle que nous sommes réellement. 5 %. C’est ce que nous avons pesé militairement dans les conflits récents auxquels nous avons participé: Afghanistan, Irak, Syrie.