vendredi 27 décembre 2019

Le soldat du futur antérieur

8 mai 2017

Intervention aux Mardis de l'innovation 
sur le thème du "soldat du futur".

Dans le numéro de novembre 1956 de la revue militaire américaine Army, le lieutenant-colonel Robert Rigg faisait une description de ce que serait selon lui le soldat américain du futur. Dans son esprit, le futur c’était l’année 1974, à peine 18 ans plus tard, ce qui dénote déjà l’idée d’une évolution très rapide des choses, et le soldat était associé au fantassin. 

Vous noterez que c’est également l’idée implicite exprimée par l’affiche qui annonçait cette séance : quand on parle du soldat du futur, on ne pense visiblement pas au pilote de chasse, au tankiste ou au sapeur du futur qui sont pourtant aussi des soldats mais à celui qui combat au plus près, les yeux dans les yeux (ce qui arrive très rarement en fait) et qui mériterait donc, depuis les duellistes de l’Illiade, en priorité ce titre. Admettons donc cette limitation du propos, qui m’arrange parce que finalement c’est ce que je connais le mieux, et qui n'est pas si fausse. La proportion des fantassins, réguliers, irréguliers, mercenaires ou amateurs intermittents n'a sans doute jamais été aussi importante dans le monde parmi les combattants. Il est probable qu'il en sera encore ainsi assez longtemps.

Le lieutenant-colonel Rigg, revenons à lui, décrit dans son article un homme bardé d’une armure et d’un casque fait d’un mélange d’acier et de plastique. Ce soldat dispose d’un masque à gaz, il est protégé des flashs des explosions atomiques par des lunettes noires qui se mettent en place avec un bouton sur son casque intégral et ne craint pas les pluies radioactives grâce un imperméable en plastique transparent. Il peut creuser des trous pour se protéger avec un « petit bazooka ». Il est capable de communiquer avec ses voisins avec une radio intégrée à son casque et peut voir la nuit grâce à des lunettes à infrarouge. Détail intéressant, l’auteur ajoute que grâce à cette vision nocturne « ce sera le coup de grâce pour la guérilla communiste dans la jungle » comme s’il s’agissait seulement d’un problème de camouflage. Son armement est étrangement peu décrit mais ressemble à un fusil d’assaut à longue portée. Il se nourrit de pilules et comprimés mais fume toujours, une petite poche est même prévue dans la tenue pour y mettre un paquet de cigarettes. Ce combattant du futur est projeté à grande distance grâce à des plateformes géantes à propulsion atomique, hélicoptères ou avions géants qui servent aussi de bases aériennes d’où décolleraient des engins divers, transport de troupes, engins de surveillance ou d’appui pour mener des opérations qui ressemblent encore beaucoup aux opérations aéroportées de la Seconde Guerre mondiale.

Cette image du combattant futur, très partagée à l’époque et dont on retrouve des échos dans la science-fiction (Starship troopers de Heinlein qui date de 1959) puis dans les films et feuilletons d’espionnage des années 1960, est éclairante. Evidemment, rétrospectivement on en mesure toutes les naïvetés. En réalité, le fantassin américain de 1970 n’a finalement guère été différent de celui de 1956 hormis qu’il était doté depuis peu d’un fusil d’assaut, le M-16, et éventuellement des premiers gilets de protection. Il faut attendre en réalité les années récentes, quarante ans après l’article, pour voir apparaître l’esquisse de ce « super-fantassin » « augmenté » par Félin ou autre système, mais on est encore bien loin du fantassin volant.

Comment expliquer ces erreurs grossières de la part de très certainement un bon officier ? Les erreurs de prévision sont en réalité extrêmement communes et pas seulement dans le domaine militaire. Dans les missions militaires on décrit toujours ce qui relève de la zone de responsabilité, celle où on agit, et la zone d’intérêt, celle où normalement on ne met pas les pieds mais qu’il est indispensable de surveiller car ce qui s’y passe a une influence sur ce que l’on fait. Un biais commun est de se concentrer sur cette zone de responsabilité que l’on connaît bien tout en ignorant son environnement. Depuis la rédaction d’un livre blanc jusqu’à la réalisation d’une loi de programmation militaire, on peut donc prévoir les choses en considérant au mieux l’aléa des inconnues connues (le résultat d’un lancer de dés) jusqu’à ce que survienne l’inconnue inconnue (celle que l’on ne pouvait anticiper) venue de l’extérieur, qui finit sur la durée par forcément survenir et qui vient tout perturber.

Maintenant, ce n’est pas parce qu’on connait bien sa zone de responsabilité que l’on n’est pas non plus victime de biais, comme par exemple les effets de mode. Rigg voit de l’énergie atomique partout. Un moteur atomique a été mis en service en 1953 dans un sous-marin et on ne voit pas à l’époque ce qui pourrait empêcher d’en mettre dans tout engin volumineux ; la fusée de Tintin dans Objectif Lune est mue, en 1950, par un moteur atomique. La mode est aussi aux armes atomiques dites tactiques. A partir du milieu des années 1950, l’US Army se dote de tout un arsenal de milliers de missiles, obus et même roquettes (les Davy Crockett d’une portée de 4 km) atomiques et se prépare à combattre en ambiance nucléaire. Il faut quelques années pour comprendre que ce n’est pas forcément une bonne idée, et qu’il serait à la fois incroyablement meurtrier et compliqué de combattre dans un théâtre d’opérations où pleuvrait des munitions atomiques. Dès la fin des années 1950, les Américains font des exercices à grande échelle qui démontrent cette folie mais on persiste quand même, un peu par l'inertie des grands programmes industriels, au prix de plusieurs milliards de dollars. 

Gardons cela en tête, ce n’est pas parce que c’est dans l’air du temps, que cela a l’air séduisant, que cela va être efficace. La grande majorité des inventions ne deviennent pas des innovations, et on peut s’enticher pour des choses qui au bout du compte s’avèrent peu utiles voire contre-productives par leurs effets secondaires ou, plus subtilement, par ce qu’on a sacrifié en allant dans cette voie. Dans les années 1960, les Soviétiques ont développé le premier engin transporteur de troupes capables de franchir les rivières en flottant. Dans la foulée, l’armée de terre française et d’autres se sont dotées de leurs propres modèles amphibies avant de s’apercevoir qu’on ne pouvait franchir, au mieux, qu’à partir de 15 à 20 % des rives et qu’on avait considérablement réduit le blindage des engins pour finalement une fonction peu utile.

D’une manière générale, les anticipations, qu’elles proviennent des organes institutionnels ou des écrivains, ont beaucoup de mal à estimer la « vitesse des choses ». Très empiriquement on peut constater qu’environ 80 % des phénomènes se déroulent plus lentement que prévu et que 20% vont en revanche vite et qu’une poignée seulement va très vite. Le début du XXIe siècle que nous vivons ressemble peu à ce qui était imaginé au siècle précédent. Nous vivons actuellement à l'époque décrite dans les films Soleil VertBlade Runner ou de Retour vers le futur n°2On ne se nourrit pas de pilules et on n’utilise pas de voitures ou de skateboards volants. On dispose presque tous en revanche d’un smartphone et d’un ordinateur portable reliés à Internet, ce que personne n’avait vu venir, ou presque. Il y a toujours statistiquement des gens qui voient juste mais comme on ne sait jamais qui c’est sur le moment, c’est peu utile. Les choses évoluent d’autant plus lentement dans une armée que l’on n’y dispose que de ressources finies (je serai curieux au passage de connaître le coût des hélicoptères et des bases volantes atomiques décrit par Rigg). Il faut arbitrer entre l’investissement et le maintien en état de l’ancien. Il est rare aussi que l’on puisse investir dans tous les possibles, avec ce problème particulier que les délais de conception et d’acquisition puis ceux de possession sont très importants. Un matériel moderne important se conçoit en vingt ans et s’utilise pendant quarante. Les choix engagent donc très lourdement l’avenir.

Dans l’infanterie française, on a fait le choix dans les années 1970 de privilégier la capacité de lutte antichars plutôt que la capacité de lutte contre les autres fantassins. On s’est donc doté de la fin des années 1970 au début des années 1990 d’une panoplie de missiles et de lance-roquettes très performants, à ce détail près que les cibles prévues pour ces munitions ont disparu en 1991 avec la fin de l’URSS, ce fameux environnement qui a tendance à changer plus vite que les programmes. Il a fallu malgré tout faire avec cet arsenal et on fait toujours largement avec. 

De la même façon, l’infanterie française reste encore largement équipée de véhicules, d’hélicoptères, de fusils, de canons des années 1970, parfois même avant. Le véhicule de l’avant blindé, le transport de troupes à tout faire de l’armée française, est contemporain de la Renault 16. Le renouvellement s’effectue à partir d’équipements conçus dans les années 1980 dont on a, réduction budgétaire oblige, étalé le développement et l’acquisition jusqu’à aujourd’hui. Nous nous équipons donc encore de matériels prévus pour lutter en Allemagne contre le Pacte de Varsovie, comme s’ils venaient d’une machine à remonter le temps. L’armée de terre française, comme la plupart des autres, c’est encore de l’ancien, un peu d’années 1980 et une pincée de XXIe siècle. Cette part la plus moderne tend bien sûr à augmenter avec de nouveaux programmes, comme le nouveau fusil d’assaut et les véhicules tactiques du programme Scorpion, tous numérisés, mais on peut d’ores et déjà décrire à quoi ressemblera l’infanterie française en 2050…si rien d’important dans l’environnement des armées. Or, il se passe toujours des choses dans cet environnement.

Quand on fait le bilan de l’emploi des forces armées françaises depuis 1815, on s’aperçoit que celles-ci changent de mission principale tous les dix-quinze ans, entre guerre interétatiques, guerres contre des groupes irréguliers, sécurisation intérieure et sécurisation extérieure (interposition, stabilisation). Quand j’ai commencé ma carrière comme sous-officier, je me préparais tous les jours à un affrontement apocalyptique contre les divisions blindées-mécanisées du Pacte de Varsovie, puis cet ennemi a disparu, et ce sont finalement, de manière totalement imprévue, des divisions irakiennes que nous avons affronté, avant de passer à la période du « soldat de la paix » puis de celle de la contre-insurrection contre des organisations islamistes. A chaque fois, le contexte changeait, l'acceptation du risque également depuis le sacrifice de masse en Allemagne jusqu’au zéro mort. Et il fallait faire cela avec le même outil militaire. Cela avait deux conséquences.

La première est que cette succession de défis, souvent inattendus, à impliqué aussi des adaptations qui ressemblaient souvent à des improvisations. En quatre ans, de 1914 à 1918, la physionomie du combattant s’est radicalement transformée. Une section d’infanterie française de 1918 aurait été capable d’écraser n’importe quelle section d’infanterie de 1914. On n’a pas connu depuis d’évolution d’une telle ampleur, résultat de la combinaison d’une très forte incitation à innover mais aussi d’un grand potentiel inexploité, de voies non explorées. La quasi-totalité des nouveaux équipements mis en place pendant la Grande Guerre dans l’infanterie (fusil-mitrailleur, grenades à main ou à fusil, casque d’acier, masque à gaz, fusils à lunettes, lance-flammes, mortiers, etc.) existaient déjà à l’état de prototypes avant-guerre ou pouvaient être fabriqués très vite. Mais il ne s’agit là que d’une partie des potentialités. 

La plupart des innovations sont en réalité des changements de structure, de méthode ou de manière de voir les choses. L’innovation majeure de la Grande guerre en termes de combat d’infanterie a sans doute été le groupe de combat, c’est-à-dire une cellule tactique d’une dizaine d’hommes confiée à un jeune sous-officier à partir de 1917. Cette innovation impliquait simplement d’accepter que des sergents soient capables de prendre seuls des décisions tactiques. On introduisait ainsi une souplesse tactique qui n’existait pas avec les tirailleurs individuels dispersés ou inversement les lourdes sections à 40 hommes évoluant d’un bloc, on résolvait ainsi un problème vieux de soixante ans avec l’apparition en nombre des fusils à âmes rayées qui avaient multiplié d’un coup par quatre la zone mortelle entre les combattants ennemis. 

L’infanterie française a connu d’autres bouffées d’innovations improvisées. Personne au milieu des années 1930 n’aurait imaginé l’infanterie de la guerre d’Algérie vingt ans plus tard, débarquant d’hélicoptères en tenues camouflées et avec un armement léger complètement renouvelé. Au début des 1990, nouvelle adaptation au contexte changeant, on a improvisé une infanterie mieux protégée avec quelques armements et équipements nouveaux. J’ai connu cette transformation en quelques jours seulement avant d’être engagé à Sarajevo en 1993. L’engagement dans les provinces afghanes de Kapisa-Surobi en 2008 a été aussi à l’origine d’une nouvelle adaptation dans l’urgence. A chaque fois, rappelons-le, ces adaptations ne sont pas seulement techniques, les sections ne sont plus organisées de la même façon et surtout les méthodes évoluent considérablement.

On peut connaître aussi des désadaptations et des dégradations. Les sections et groupes d’infanterie de 1918 étaient des structures complexes à commander. Après la guerre, avec la disparition des vétérans et la réduction du service militaire, les sergents, chefs d’orchestre du système, ont eu de plus en plus de mal à conserver le niveau de compétence nécessaire. Malgré quelques évolutions techniques, l’infanterie française du début des années 1930 est moins performante que celle de 1918. Le soldat américain de 1970 n’est pas le parachutiste high tech combattant en ambiance nucléaire, c’est globalement un soldat démoralisé réfugié dans une base au Vietnam qui se drogue et répugne à combattre. La plupart des bataillons de l’infanterie américaine de 1970 étaient moins efficaces qu’en 1956.

L’environnement militaire comprend aussi un paramètre particulier qui s’appelle l’ennemi. Cet ennemi cherche d’abord à vous tuer, ce qui a tendance à forcément induire une forte dose de stress dans les actions de combat, actions qui s’obstinent du coup à être toujours différentes des laboratoires ou des champs de tir. Vue du fantassin, le combat c’est d’abord un management de la peur.

Cette peur inévitable transforme les individus. L’homme au combat n’est plus tout à fait le même que sur un champ de tir ou dans un salon de démonstration. C’est un homme naturellement augmenté par les réactions organiques du corps qui, sur l’alerte de l’amygdale, va mobiliser des ressources organiques par une série d’ordres bioélectriques et des sécrétions chimiques comme celle de l’adrénaline. En quelques instants, on devient plus fort et plus résistant à la douleur. L’augmentation du rythme cardiaque permet des efforts physiques intenses. Oui mais voilà, le cerveau aussi s’en mêle et l’appréciation qui est faite par le néo-cortex de la capacité à assurer la survie peut permettre de contrôler cet emballement ou au contraire l’amplifier. Dans ce cas-là le processus mobilisation peut devenir contre-productif et l’homme augmenté devenir un homme diminué. Au-delà d’un premier seuil, l’habileté manuelle se dégrade et l’accomplissement de gestes jusque-là considérés comme simples peut devenir compliqué. Au stade suivant, ce sont les sensations qui se déforment puis les fonctions cognitives qui sont atteintes et il devient de plus en plus difficile, puis impossible, de prendre une décision cohérente. Au mieux, on obéira aux ordres ou on imitera son voisin, à condition d’en avoir. Au stade ultime du stress, le comportement de l’individu n’a plus de lien avec la survie. Même doté des équipements les plus sophistiqués, il peut rester ainsi totalement prostré et souvent incontinent face à quelqu’un qui va le tuer.

C’est ainsi qu’entre un champ de tir et un combat réel, on assiste à des décalages énormes de performances, même avec des équipements qui tiennent leurs promesses. Dans un contexte de combat, les facteurs psychologiques, la formation (qui permet notamment de déceler plus vite le danger et surtout d’en faire une appréciation plus juste) sont bien plus importants que les aspects matériels avec qui ils sont cependant en interaction. Les armes puissantes, les mitrailleuses par exemple, ont tendance à plus rassurer que les armes légères par exemple. La combinaison soldat-mitrailleuse sera donc sans doute un peu plus efficace que prévue à partir simplement à partir des résultats des champs de tir. Il n’en sera pas de même avec les armes complexes d’emploi. Sur un champ de tir, le fusil antichar de 13 mm conçu par les Allemands en 1918 était très efficace. Dans la réalité, seulement deux chars légers français ont été détruits par cette arme très délicate et dangereuse à utiliser, surtout à cent mètres face à des engins ennemis. Car l’ennemi s’obstine aussi à trouver des parades à toutes les innovations. Au début de la guerre du Kippour en octobre 1973, les équipes antichars égyptiennes utilisant le système soviétique AT-3 Sagger obtenaient 50 % de coups au but sur les chars israéliens, performance remarquable au regard de la difficulté à guider les missiles sur plusieurs kilomètres. On annonçait déjà « la mort du char » et le triomphe de l’infanterie à missiles. Quelques jours plus tard, ce pourcentage tombait pratiquement à zéro, le guidage devenant impossible sous le déluge de feu d’artillerie ou de mitrailleuses lourdes qui accompagnait désormais systématiquement les chars israéliens.

Car on n’évolue pas pour le plaisir d’évoluer mais pour vaincre un ennemi. Pour combattre, il faut accepter de se rencontrer, ce qui suppose un minimum de ressemblance. En 1956, au moment des prédictions du lieutenant-colonel Rigg, l’armée française est engagée en Algérie où elle s’apercevait qu’elle était trop moderne pour combattre l’ennemi qui lui faisait face. Après plusieurs échecs, elle procéda donc à une large rétro-évolution : les pilotes abandonnèrent les jets les plus sophistiqués pour prendre le manche d’avions à pistons de la Seconde Guerre mondiale, plus lents et donc permettant de mieux voir ou tirer des cibles terrestres fugitives ; l’infanterie abandonna ses véhicules pour réapprendre à marcher et à traquer l’ennemi sur son terrain ; certaines unités de cavalerie retrouvèrent le cheval. Les moyens modernes, comme un nouvel armement individuel ou les hélicoptères, ne furent utilisés que lorsqu’ils s’avéraient adaptés au contexte.

L’augmentation de puissance est une chose relative. La recherche du toujours plus loin dans le même sens est fatalement une impasse, comme lorsque les armées des diadoques allongeaient sans cesse les sarisses de leurs phalanges jusqu’à la paralysie. Le coût de l’électronique individuelle et surtout de la protection a fait monter le prix de l’équipement du fantassin américain de moins de mille euros pendant la guerre du Vietnam à quinze mille aujourd’hui. Le système Félin français, lui, coûte maintenant quarante-deux mille euros pièce, pour un résultat par ailleurs médiocre. On tend ainsi à rejoindre pour les fantassins les principes de la loi d’Augustine, du nom de l’ancien directeur de Lockheed Martin qui estimait qu’au rythme d’évolution des coûts des avions de combat, le budget américain de la défense de 2054 servirait tout entier à payer un seul appareil.

Le soldat augmenté est donc mécaniquement un soldat rare. Pour le prix d’un seul d’entre eux, l’ennemi local peut payer plusieurs dizaines de miliciens dont la mort éventuelle aura par ailleurs moins d’effet stratégique que celle du soldat occidental. Une section d’infanterie française a été détruite en 2008 dans la vallée afghane d’Uzbeen par des rebelles sans gilets pare-balles et équipés d’armes des années 1960, mais plus nombreux. Même si sept d’entre eux sont tombés pour un Français, le combat a été considéré par tous comme une défaite française. La supériorité supposée rend en effet plus insupportable l’échec, même relatif. L’emploi de soldats équipés du système Félin aurait-il permis d’éviter ce sentiment ? Rien n’est moins sûr. Au lieu d’un « homme toujours plus », d’un chevalier à armures à plates, il serait peut-être plus utile d’avoir deux hommes. Ils tireront plus ou pourront se relayer pour maintenir la vigilance sans usage de drogues. Une section un peu plus nombreuse à Uzbeen et avec un peu plus de munitions aurait sans doute été plus efficace que la même équipée de Félin.

En réalité, loin de ces projets futuristes encore très aléatoires, l’élément le plus novateur des dernières années réside plutôt dans l’élargissement de la capacité à produire des soldats. Dans le cycle de science-fiction des Princes d’ambre, Roger Zelazny décrit l’affrontement entre des êtres surhumains dotés de la capacité à se déplacer n’importe où et d’autres qui ont la possibilité inverse, faire venir à eux ce qu’ils veulent. Les opérations en cours ressemblent d’une certaine façon à cet affrontement entre des soldats professionnels, nomades internationaux de plus en plus rares et sophistiqués, et des combattants locaux amateurs qui bénéficient des flux de la mondialisation pour faire venir à eux des objets et des connaissances. Comme l’explique Chris Anderson dans La Longue Traîne, on remarque les efforts de plus en plus importants des institutionnels pour rester au sommet de la puissance, mais on néglige les nombreux petits groupes armés dont l’apparition a été permise par les nouvelles technologies (ou leur association avec des anciennes) et l’ouverture des frontières de toutes sortes. C’est ainsi que certains ont pu se multiplier et, associés à une acceptation plus forte du sacrifice, être capables de tenir tête aux armées les plus modernes. Depuis le début des années 2000, les armées occidentales et israélienne ont été incapables de détruire une seule de ces nouvelles organisations armées dans le grand Moyen-Orient.

Comme l’ont montré les attentats de janvier 2015, il est aussi possible de former des groupes encore plus petits au sein même des sociétés occidentales. Un amateur peut s’entraîner physiquement aussi durement qu’un soldat, acquérir via Internet les mêmes connaissances techniques que lui et même se préparer psychologiquement très sérieusement. Avec des gilets pare-balles en vente libre et des smartphones, un groupe d’amateurs sera mieux protégé et se coordonnera bien mieux qu’un groupe de soldats des années 1980. L’acquisition de l’armement et des munitions est plus problématique, quoique facilitée par les flux issus de l’ouverture des arsenaux après la guerre froide. Sinon, avec des imprimantes 3D, il est déjà possible de fabriquer des armes rudimentaires chez soi. Le tout peut être financé par un simple crédit à la consommation. Ainsi, en novembre 2013, avec Abdelhakim Dekhar, et surtout en janvier 2015, quelques hommes, apparemment venus de nulle part, ont pu défier des agents de police et il a été nécessaire de faire appel à des unités d’intervention d’élite pour en venir à bout. Plus que les soldats augmentés, rares et chers, c’est l’augmentation du nombre de « soldats amateurs » qu’il faut sans doute anticiper et craindre.

En conclusion, au risque d’être décevant, je ne sais pas à quoi ressemblera le « soldat du futur ». Il y aura certainement des percées technologiques, pour l’instant en termes d’électronique, au sens large. Peut-être aussi dans les matériaux de protection ou les armes. Peut-être que l’on parviendra enfin à briser ce plafond qui rend pour l’instant les sections d’infanterie d’aujourd’hui à peine plus efficace que celles de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce dont je suis sûr c’est qu’il y aura beaucoup de « soldats du futur », pas forcément très différents physiquement de ce que l’on voit aujourd’hui avec encore certainement pendant longtemps plus d’hommes en jeans armés d’une variante de kalashnikov que de robocops. Ce qu’il y aura dans les têtes, la capacité à prendre des risques, la compétence, la détermination, le nombre aussi tout cela sans doute encore et toujours plus important que les équipements qu’ils portent, et tout cela est bien plus changeant.

25 commentaires:

  1. Excellent article comme toujours... Cependant, une question me taraude : existe-t-il un retex du système FELIN en opération ou à l'entrainement ? Parce que d'après l'Armée de Terre : tout va bien, ca marche du tonnerre et on passe à FELIN v2. D'après ce que je vois : on ne s'en sert pas du tout (à part quelques briques EOTECH, etc...). Ou est la réalité ? Surement entre les 2 ? FELIN est-il un soldat augmenté ? Pour 42000€ par fantassin, n'aurait on fait mieux en achetant des porte-plaques, des OB à 2 oculaires, des armes neuves, etc ?
    Merci d'avance pour des réponses éclairés ;-)

    Vandro

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  2. Bonsoir,
    Merci mon Colonel pour votre article.

    Une petite précision me semble nécessaire quand vous écrivez:
    "En réalité, le fantassin américain de 1970 n’a finalement guère été différent de celui de 1956 hormis qu’il était doté depuis peu d’un fusil d’assaut, le M-16, et éventuellement des premiers gilets de protection. C’était déjà une grande évolution, pour le fantassin français par exemple, entre 1956 et 1970, il n’y a quasiment aucune différence."

    En réalité, le français a aussi changé d'arme réglementaire, du fusil à répétition manuelle MAS36 en 1956, on était passé au fusil semi-automatique MAS 49-56 en 1970. Pendant la Guerre d'Algérie les fusil semi-automatique sont rares entre les mains du contingent, ce qui n'est plus le cas 15 ans après.

    Merci encore pour votre plume.

    Salutations

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    1. Vous avez raison. Je supprime cette phrase qui n'apportait pas grand chose de toute façon.
      Merci.
      Bien à vous.

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  3. Vous avez raison, il faut des troupes nombreuses et déterminées. Il n'est pas normale que Police et Gendarmerie cumulent autant d'homme que les 3 armées (Air, Terre, Marine) réunies, ou qu'on puisse faire tenir l'ensemble de l'Armée de Terre dans le stade de France.
    On n'est plus capable de gagner car depuis la Guerre de Corée l'Occident ne déploie plus assez de troupes pour occuper le terrain (exception dans le Golfe en 1991, mais beaucoup de moyens appliqués sur un territoire très limité).

    Il faut aussi que ces troupes soient motivées. Je suis toujours impressionné quand je vois les images des "commandos" de la 2ème Guerre Mondiale, les missions qu'ils ont accompli, et leur stature fluette par rapport aux soldats des forces spéciales d'aujourd'hui. Ces anciens ont fait preuve d'une audace et d'un courage impressionnant avec des moyens dérisoires par rapport aux standards actuels.

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  4. il est important de penser le comportement cognitif en situation de risque mortel ou vulnerant. Le colonel GOYA, comme toujours ,le fait très bien mais il faut continuer ces réflexions pour les appliquer à la surcharge de tache dévolue au militaire en opération. L’idée des binômes est une mise en place de l'IA à son niveau basal ( 2 cerveaux au lieu d'1 ), en sachant que l'utilisation des algorithmes n'est ni pérenne ni validée à un niveau suffisant d'efficacité.la mise en place du concept des actions en essain est sans doute ausi une derivation directe et deja utilisable de cette idée 2 pour1.

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  5. Très belle analyse colonel, sur une arme et une armée que vous connaissez bien. Je note un petit oubli dans le cortex de nos différents chefs militaires qui ont servi les armes de la France: Le complexe ''de la baraque''. En effet, cette expression vient d'un éphémère secrétaire d'état aux anciens combattants: Mr Sanguinetti. Ce frère d'un amiral avait combattu sur le terrain et il pouvait déclarer (de mémoire): ''L'armée française commémore des batailles toujours autour d'habitation, Camérone une hacienda, Sidi Brahim un marabout, Bazaille un estaminet etc.''.
    A cette proclamation, on ajoutera pour la fin de ce siècle: Drakkar, sans oublier, Uzbeen étant (peut être)la conséquence de la non participation de certains cadres restés sur la "FOB"...

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  6. Cette analyse peut se décliner pour l'aviation (pertinence d'utiliser des Rafale ou des M-2000 pour combattres des jihadistes à moto dans le sahel)ou la marine. Le nombre est peut être le pire ennemi de la technologie..... Serions-nous, aujourd'hui, capable d'arrêter une charge de dizaines de milliers d'hommes comme on pouvait le voir lors de la seconde guerre mondiale ou pendant la guerre de Corée ?

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    1. Cette question à été traitée lors de la 1ère guerre mondiale avec l'apparition des tranchées et des mitrailleuses (les anglais ont un souvenir cuisant de la bataille de la Somme) et les barrages d'artillerie (grâce ou à cause desquels la ligne de front de "la ligne bleue des Vosges" n'a pas bougé). Plus récemment, les russes ont montré à la bataille de Debaltseve l'efficience d'un barrage d'artillerie à obus thermobariques en anéantissant un deux bataillons mécanisés ukrainiens en 10mn. L'autre retex en est le retour en grâce du char lourd.

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    2. @ Ocarbone
      Depuis la première guerre mondiale, l'humanité a les moyens de sa propre extermination. Avec le nucléaire,ça peut être très rapide d'où le recours à "la guerre hybride". Notre manière de faire la guerre tient plus à des intérêts mercantiles, qu'à des options militaires disponibles en termes de moyens.
      http://dutungstenedanslatete.blogspot.com/2017/10/les-limites-du-technologisme.html

      En Ukraine, ça fait 13 000 morts, sans chagriner beaucoup dans nos médias. le Rwanda en a fait un million, à la machette pour la plupart.
      Lorsqu'une opération de l'armée française est en cours, on perd plus de temps et d'énergie à économiser l'envoi de troupes et de moyens, qu'à les dimensionner pour obtenir un réel résultat tangible.

      Il faut dire que l'absence de volonté politique qui militarise une situation avant de réfléchir permet le pourrissement partout où nous intervenons, parfois même pour des objectifs qui ne sont pas ceux de la France et des français.
      https://lavoiedelepee.blogspot.com/2017/08/cetait-un-temps-deraisonnable.html

      Actuellement, le Moyen-Orient en est une éclatante démonstration. Et pourtant, le plus grand territoire de ceux qui nous ont déclaré la guerre est le Sahel (Charly Hebdo, c'était il y a tout juste cinq ans).
      Et ceux qui ont un peu de mémoire se rappelleront même 1994:
      https://lessor.org/a-la-une/thierry-prungnaud-premier-de-cordee-du-gign-a-marignane/

      Tout va bien dans le meilleur des mondes possible.
      https://www.lemonde.fr/blog/aboudjaffar/2019/12/01/13-ronin/

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  7. Grenadier de la Garde9 mai 2017 à 22:38

    Mon colonel,

    Bien vu comme d'habitude.
    Je pense qu'il ne faut pas opposer technologie et force morale.
    Il faut investir raisonnablement à la fois dans les Hommes et dans les matériels.
    Les deux ne sont pas opposables. On peut se rassurer avec les meilleurs matériels, on peut aussi feindre de croire qu'il y a une illusion technologique, mais les deux ne s'opposent pas.
    Or, nous voilà sans doute à un tournant et comme votre officier US des années 50, nous n'y voyons pas clair.
    La technologie évolue si vite. Avez-vous vu ce type qui vole littéralement sur un drone pas plus grand qu'un vieux Skateboard ? Ou ces nuées de drones qui pourraient nous attaquer à un coût dérisoire ?
    Et si on cherchait une voie entre les différents aspects que sont la technologie et la force morale ou le nombre? Des troupes bien équipées, le mieux possible eu égard à nos moyens. En privilégiant des unités plus petites et plus manoeuvrables. En faisant confiance aux jeunes cadres comme on a fait confiance aux sergents en 1917. Des unités très interarmes aux niveaux tactiques les plus bas capables d'obtenir un appui d'avions ou de missiles de croisière dans un délai et sous une procédure fiable et rapide. C'est possible. Ce n'est pas réservé aux FS.
    Mais aussi des unités territoriales (le mot fait ringard en France) légèrement équipées mais très bien formées grâce aux moyens de simulation. On peut aujourd'hui à faible coût, former un combattant urbain totalement sûr avec son arme et connaissant le secourisme à un niveau tel qu'il surclasserait un para de la Guerre d'Algérie ou des années 70 dans n'importe quel affrontement urbain à courte distance. ca tombe bien, c'est ce que nous cherchons...
    Mais il ne faut pas rêver. Le métier militaire tel que nous le connaissons avec sa vie de caserne, ses OPEX, ses manœuvres, ses stages, etc...ne peut pas convenir à un nombre important de nos concitoyens dans la société d'aujourd'hui. Il faut donc proposer une autre voie à moindre coût pour disposer d'un nouveau soldat du futur, apte à l'engagement en milieu urbain non chaotique. Une sorte de Force du Territoire facilement mobilisable sur son lieu de vie et de travail, aux horaires souples et aux tenues et contraintes adaptées. C'est possible si on veut se donner la peine d'y réfléchir. Le modèle du service militaire encaserné est mort et ne reviendra pas sauf à un cout social et économique prohibitif. Et le tout en conservant une corps de bataille sans doute taillé au plus juste mais parfaitement équipé et manoeuvrant.
    Il faut sortir de la boite. Oser les solutions les plus folles.
    J'imagine même des engins blindés se déplaçant dans une camouflage réellement efficace. Par exemple, un engin blindé sous une carlingue gonflable qui le ferait passer pour un bus ou un semi remorque civil et permettrait de déplacer une compagnie de VBCI ou de VAB par la route en discrétion maximale en la faisant passer pour une caravane du cirque Pinder...

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    1. Oui mais une tournée du cirque Pinder dans la BSS... Je me demande si cela correspond à l'idée de "discrétion maximale" que vous vous faites.

      Mais je retiens le concept: faire passer un véhicule militaire pour ce qu'il n'est pas (ce qui n'est jamais que l'idée même du camouflage: une imposture).

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    2. Mais nous ne sommes pas en Israêl : pour ma part j'ai été le témoin direct de la mobilisation de Tsahal en octobre 1973, alors que je travaillais en kibboutz. J'ai été très impressionné par la rapidité de la mobilisation des jeunes kibboutzin qui savaient exactement quoi faire après l'alerte. Ainsi étant en discussion avec un israélien quand le téléphone a sonné chez lui : il a revêtu son uniforme qu'il avait à la maison et m'a aussitôt quitté pour rejoindre son unité parachutiste. J'ai été particulièrement impressionne par leur calme et leur détermination : ils savaient exactement ce qui les attendait, même si les tankistes ont été surpris. Essayant de les rassurer sur l'issue de la bataille, on m'a répondu à plusieurs reprises : "Vous aimez la guerre, vous". Une grande partie d'entre eux la connaissait déjà.

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  9. Mon colonel,
    Avec une future guerre sur le territoire national (anticipée par l'Etat Major, mais cela reste bien faible), votre analyse est pertinente. Que faire avec 100000 hommes face à un ou deux millions d'émeutier-guérilleros potentiels ? Voir mon analyse sur www.guerredefrance.fr

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  10. Mon colonel,

    A raison de soixante-neuf mille euros pièce le système Félin, est ce qu'on pourra en équiper les 50 000 hommes supplémentaires qu'on nous promet de recruter en quelques années et cela vu les contraintes budgétaires ?

    Bien évidemment cela n'est somme toute qu'un aspect secondaire, mais cette croissance exponentielle du coût des équipements choisis par nos forces armées est bien souvent du même ordre pour tous les autres. Comment concilier toutes ces dépenses avec un augmentation significative du nombre de nos hommes, pouvant être projetés sur les théâtres d'opération ? Ou alors il faudrait faire passer le budget de la défense non pas à 2 % mais au moins à 4 %, mais cela relève de l'utopie dans le cadre des contraintes de l'UE !

    Mon colonel quelles sont vos pistes concernant l'ADT pour ne pas sombrer dans la loi dite d'Augustine, ou à contrario redevenir une armée de masse (type conscription années 60/80) dont les 2/3 voire 3/4 n'étaient guère opérationnels (un euphémisme) ?

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    1. @ Trekker
      Les autorités ou ce qui en tiennent lieu sont parfaitement au courant.
      https://www.ifrap.org/etat-et-collectivites/combat-de-haute-intensite-ou-en-sommes-nous

      Après, nul n'est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.
      https://www.athena-vostok.com/armee-de-terre-projection-2030-comparaison-nest-pas-raison

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  11. "Une section d’infanterie française de 1918 aurait été capable d’écraser n’importe quelle section d’infanterie de 1914"
    Mon colonel, cette assertion est à coup sûr juste. Mais pourriez vous décrire (dans un article ?) tous les changements (effectifs, armes, doctrines, etc...) qui en 4 ans aboutissent à ce postulat ?
    Respectueusement

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    1. Cela ne fait pas longtemps que vous visitez ce blog, non ?
      https://lavoiedelepee.blogspot.com/2016/02/transformation-1916-le-processus.html

      Il y a eu pléthore d'articles ici sur ce sujet:
      https://lavoiedelepee.blogspot.com/2013/10/les-poilus-et-lanti-fragilite.html

      Et même un livre de notre hôt, si vous êtes vraiment intéressé.
      https://lavoiedelepee.blogspot.com/2018/08/les-vainqueurs-itineraire-dun-livre.html

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  12. Quand vous dites à propos de l'embuscade meurtrière subie par le 8 et le RMT en Afghanistan "qu'une section un peu plus nombreuse à Uzbeen et avec un peu plus de munitions aurait sans doute été plus efficace que la même équipée de Félin", je permets d'ajouter que l'absence d'éclairage (pitonner est dans le vocabulaire du chef de section) fut fatal mais on ne saura pas les ordres verbaux donnés au départ par les nombreux officiers supérieurs venus en touristes. Pis encore, le chambrage français du tonnerre des Famas nous a interdit d'utiliser le 5.56-NATO que les Américains nous balancèrent à pleins sacs. Le combat en coalition doit se fonder au moins sur l'interopérabilité des calibres.

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    1. Que voulez-vous, on a les spécialistes et experts que l'on on mérite paraît-il...
      https://infoguerre.fr/2019/11/fiasco-strategique-lindustrie-francaise-de-larmement/

      Avec de entreprises allemandes qui se gavent:
      https://www.marianne.net/societe/apres-l-affaire-du-famas-le-veritable-scandale-de-l-armement-made-france

      Même si on tente un peu de revenir dessus.
      https://www.usinenouvelle.com/editorial/rafaut-inaugure-avec-le-ministere-des-armees-une-usine-aeronautique-4-0-a-rouvignies-dans-le-nord.N892369

      Pendant les ventes à la découpe, les affaires continuent.
      https://forcesoperations.com/triste-centenaire-pour-lex-manurhin/

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  13. Je suis tout à fait d'accord avec cet article, bravo mon colonel!
    S'agissant du système Félin, il est à mon avis un rêve d'ingénieur coûteux et inefficace, qui a été lancé alors que la technologie n'était pas mûre, surtout pour les batteries mais pas que. Il reste des solutions pour améliorer la puissance de l'infanterie, qu'il faudrait aussi plus nombreuse. On peut booster la puissance de feu de nos fantassins avec un vrai fusil-mitrailleur genre HK 417 (en 7,62 x 51 mm OTAN) par trinôme. Et en prime d'ajouter un lance-grenade type M-203 en sous-garde de chaque HK 416F des deux autres membres du trinôme. Chaque groupe de combat disons de 9 hommes disposerait ainsi de 3 fusils-mitrailleurs aptes à saturer le terrain et de 6 lance-grenades qui seraient la petite artillerie du chef de groupe.

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    1. Le système FELIN est une honte nationale, une gabégie d'argent public et une subvention à l'industrie de l'armement au détriment des militaires. Une fois de plus...
      https://www.youtube.com/watch?v=2-prrq1Dt8I

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  14. Bonsoir Monsieur Goya
    partiellement d'accord avec vous...
    "Une section un peu plus nombreuse à Uzbeen et avec un peu plus de munitions aurait sans doute été plus efficace que la même équipée de Félin."
    déjà exprimé sur ce site : nous sommes au 21è siècle. Nos soldat appuyés par des hélicos et de l'aviation avant l'action auraient eu la supériorité sur le nombre.
    Des moyens d'appui existent mais ne sont pas employés, pourquoi en inventer d'autres? Ou encore comme c'est le cas des APC "acheter sur étagère"?
    Ce qui m'amène à la réflexion de Mr Catoneo
    "Pis encore, le chambrage français du tonnerre des Famas nous a interdit d'utiliser le 5.56-NATO que les Américains nous balancèrent à pleins sacs. Le combat en coalition doit se fonder au moins sur l'interopérabilité des calibres."
    Le Famas fut conçu à une époque où la France était jalouse de son indépendance, donc avec sa munition et son arme NATIONALE.
    Pourquoi?
    Le souvenir des années d'occupation.
    Dès la libération, la production NATIONALE a repris, même si pendant longtemps l'armement étranger a été majoritaire. Aujourd'hui elle a complètement cessé pour le plus grand plaisir de ceux qui affirment que les français ne veulent pas travailler (traverser la rue!).
    A ce compte là, pourquoi ne pas avoir adopté le Stg45 et la MG42 en 1945?

    "Une section d’infanterie française a été détruite en 2008 dans la vallée afghane d’Uzbeen par des rebelles sans gilets pare-balles et équipés d’armes des années 1960, mais plus nombreux."
    C'est une faute du commandement. J'ai appris à St Maix : le jour, qui contrôle le haut, contrôle le bas.
    D'autre part, dans les années 80 mon régiment était mixte : VAB/AM. Pourquoi le modèle n'a pas duré?
    Bien à vous

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    1. @ panpan
      les armées ne sont pas la priorité, tout simplement.
      https://lavoiedelepee.blogspot.com/2018/08/lembuscade-duzbin-18-aout-2008-2-un-col.html

      La priorité, c'est le social.
      https://www.paris.fr/pages/la-nouvelle-vie-de-la-caserne-de-reuilly-7310

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  15. "J'ai appris à St Maix : le jour, qui contrôle le haut, contrôle le bas"
    Une exception : la bataille d'Hasting :)

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