Extrait de la Michel Goya, La chair et l'acier, Tallandier, 2004 (ou L'invention de la guerre moderne, Tallandier, Collection Texto, 2014)
Seize mois seulement après la naissance du concept et en partant de rien ou presque, les chars français sont engagés pour la
première fois dans le cadre de l’offensive organisée par le général Nivelle. Le
16 avril 1917, l’attaque principale doit réussir la rupture entre Laffaux et le
nord de Reims. La Ve
Armée , à l’Est, renforcée des chars, doit se saisir des
hauteurs de Craonne. La mission des chars est d’appuyer la progression de
l’infanterie dans l’attaque des 3e et 4e positions
ennemies. L’attaque est précédée d’une préparation d’artillerie de plusieurs
jours, ce qui exclut toute surprise. Le terrain est bouleversé par les tirs
d’artillerie et entouré de points hauts qui sont autant d’observatoires.
Le 16 avril, l’Artillerie
spéciale (AS) engage 132 chars Schneider répartis en deux forces dirigées
par les commandants Bossut (5 groupes) et Chaubès (3 groupes). Le groupement
Chaubès vient buter en masse sur les fantassins à l’assaut de la première
position et se trouve incapable ensuite de déboucher. Le groupement Bossut
parvient péniblement à dépasser la deuxième position allemande pour se déployer
en ligne d’attaque. Malgré la faible vitesse des chars (6 km/h au maximum), son infanterie
d’accompagnement et les régiments d’attaque, battus par des feux allemands très violents, progressent difficilement loin
derrière. Les groupes abordent la
troisième position allemande mais sont ravagés par des tirs d’artillerie très
précis. L’ambiance à l’intérieur des chars combine les peurs des fortins :
Nous
sommes là courbés, aspirant les relents de graisse et d’essence, dans le noir, sans
rien voir ni savoir, entendant autour de nous, les explosions des obus, puis
les coups de fouet des éclats cinglant notre carapace, attendant le coup
inexorable qui doit nous réduire en bouillie. La tension nerveuse est à son
paroxysme, on est là pantelant, le cerveau vide, rien ne venant distraire, ni
devoir, ni action, de cette horrible pensée : « Je ne sers à rien et
je ne puis rien contre le coup qui vient ». (Maurice Gagneur et Marcel
Fourier, Avec les chars d’assaut)
et la fébrilité d’un atelier
industriel :
Le tank
est enfumé par son tir endiablé. Dans cette pénombre des hommes s’agitent, le
visage taché d’huile. Sur la joue de Gorgit se fige un filet rouge et le
canonnier sur ses écorchures porte un pansement déjà sali. Des relents âcres
d’essence et de poudre piquent le nez et prennent à la gorge…Les obus
surgissent des coffres. En un tour de main les fusées sont vissées ; les
projectiles circulent de l’un à l’autre parmi ces corps accroupis ; les
obus sont jetés dans le canon, sur lequel se referme en claquant la culasse. Et
la mort s’élance. (Charles Maurice Chenu, Totoche
prisonnier de guerre. Journal d’un chien à bord d’un tank)
Ils repoussent deux
contre-attaques et parviennent à monter deux actions communes avec les quelques
fantassins qui ont pu les rejoindre. A la tombée de la nuit, les chars
survivants se replient, en subissant encore de nombreuses pertes, la plupart
par pannes. Si les pertes humaines sont dans les normes de l’époque (25 %), les
pertes en engins sont beaucoup plus élevées en proportion, puisque 76 chars sur
121 ayant quitté les positions d’attente sont perdus, dont 57 par l’action de l’ennemi.
Ce taux de pertes de 63% équivaut, d’après les normes modernes, à une destruction
tactique », pour des résultats très médiocres.
Pour les artilleurs d’assaut, ce
premier engagement, qui a détruit un tiers du potentiel matériel existant, est
d’abord une source de déceptions et de doutes. Le premier doute concerne la
fiabilité du matériel. Un engin sur quatre est tombé en panne dans la zone des
combats pour des causes multiples, mais la grande surprise provient surtout des
35 chars incendiés. Charles-Maurice Chenu en a fait une description saisissante
:
Ah !
les choses qu’on n’oubliera pas ! Les spectacles à jamais gravés dans les
yeux, malgré tant d’horreurs qui déjà s’y sont burinés ! Le char de
gauche, d’un coup, est devenu brasier. Devant lui fume encore l’obus qui vient
de l’incendier. Et deux torches s’échappent, deux torches qui courent,
éperdues, follement, vers l’arrière, deux torches qui se tordent, qui se
roulent sur la terre (Charles Maurice Chenu, Du Képi rouge aux Chars d’assaut).
Dans ces conditions,
l’enthousiasme faiblit devant la perspective de repartir au combat avec une
possibilité sur quatre de brûler vif.
La deuxième surprise provient de
l’artillerie allemande. Si la perte de 15 engins par tirs directs entrait dans
les prévisions, la destruction de 37 chars par éclats est inattendue. Cette
efficacité est due à la grande précision des tirs du fait des observatoires et
des avions dont disposaient les Allemands face à des chars évoluant par
colonnes compactes jusqu’à la deuxième position. L’aide de l’infanterie
d’accompagnement a été pratiquement inexistante. Les équipages ne comprennent
pas que le 17e Bataillon de chasseurs à pied, entraîné à cet effet,
ait été remplacé au dernier moment par une unité sommairement formée.
En revanche, les résultats
obtenus contre les troupes postées, la résistance aux armes légères et la
facilité avec laquelle quelques chars ont eu raison des contre-attaques sont
encourageants. Mais ces actions s’apparentent à des neutralisations qui
nécessitent une exploitation immédiate par l’infanterie et donc sa proximité.
Dans les rangs de l’AS
l’enthousiasme du début à fait place au réalisme. On renonce à poursuivre la
production des chars moyens au-delà de la commande initiale. Porté par le
commandant Bossut, tué au combat, le rêve cavalier d’une grande charge par
surprise, suivie tant bien que mal par les « piétons », a fait long
feu. Les hommes comprennent la nécessité d’une collaboration entre les armes.
Cet échec initial montre également la difficulté à appréhender à priori toute la complexité de l’emploi
d’un nouveau système tactique. L’échec semble donc être la norme dans l’emploi
initial d’une arme de création trop récente. La gestion de cet échec initial
est essentielle pour l’avenir de l’organisation.
Après l’action, les sentiments
qui animent le reste de l’armée sont très variés. Pour Chenu, « l’armée à laquelle nous sommes
rattachés fait mine de nous mépriser, d’avoir d’autres chats à fouetter ». Mais beaucoup, au contraire, sont enthousiastes comme Passaga,
commandant le 32e corps d’armée, qui déclare que le char « doit permettre toutes les audaces,
grâce à son effet de surprise et à sa puissance offensive ». A la 42e
Division d’infanterie (DI) « chacun attendait un grand effet de l’arrivée de ces
engins nouveaux pour réaliser la destruction rapide des obstacles s’opposant
encore à la marche de la DI
et permettre à celle-ci la reprise du mouvement en avant » et lorsqu’ils interviennent,
après plusieurs heures de combat éprouvant, ils sont « salués par les hurrahs des fantassins ». L’échec des
chars est mal ressenti. Le général Deville, commandant la 42e DI,
estime dans son rapport que : « l’apparition
des tanks a été le signal d’un bombardement intense, qui a occasionné de
lourdes pertes au 94e RI et surtout au 332e RI […] l’effet des chars a été plutôt nuisible ».
A un niveau plus élevé, l’AS est
emportée par la désillusion de l’échec de l’offensive Nivelle. Certains
attaquent Nivelle et rejettent d’un bloc tout ce qui semble lié à sa
« méthode ». D’autres, hostiles depuis toujours à l’allocation de
ressources à un système aussi audacieux, en profitent pour discuter à nouveau
les crédits. Une ambiance irrationnelle se développe où les bruits les plus
exagérés circulent et beaucoup d’artilleurs d’assaut sont persuadés qu’ils vont
être reversés dans leur régiment d’origine. La production des Schneider
est presque arrêtée. Du 1er juillet au 30 septembre, il ne sort des
usines que 18 chars. Les premiers essais de chars légers Renault sont l’objet
de rapports très négatifs qui servent de prétexte pour suspendre le programme.
L’Artillerie d’assaut est alors fermement défendue par Pétain, nouveau général
en chef, ancien supérieur d’Estienne, et qui attend les « Américains et les chars ».
Du coté des Allemands, le succès du 16 avril confortent les premières
impressions et ne les incitent guère à innover. Au contraire, les pièces
antichars cachées, d’un emploi très stressant, sont plutôt négligées au profit
des tirs indirects lointains, apparemment beaucoup plus efficaces.
La protection de Pétain acquise,
il reste à rétablir la confiance générale dans l’utilité des chars. Pour cela,
il faut des victoires, mêmes modestes.
Le deuxième combat de l’AS, à
peine deux semaines après l’échec du 16 avril, s’exécute de manière très
différente, preuve des capacités d’apprentissage et d’innovation de l’organisation. Le
groupement Lefebvre (3 groupes) est affecté à la VIe armée. Il doit participer, le 5
mai 1917, à la conquête du plateau de Craonne, aux alentours du moulin de
Laffaux, non plus en « cavalier seul » mais en appuyant étroitement
l’infanterie.
Pour cela, les batteries
reçoivent la mission d’appuyer des unités nommément désignées, en neutralisant
des objectifs précis ; les postes de
commandants de groupe sont placés auprès des PC de division ; le
groupement est échelonné en profondeur avec un élément en réserve à chaque
échelon ; les tirs d’artillerie (aveuglement des observatoires,
contrebatterie) sont préparés avec soin ; un avion d’observation, protégé
par 6 chasseurs, est chargé de renseigner le commandement sur la progression
des engins et de signaler à l’artillerie les pièces antichars et les chars sont
dispersés par batteries dans des positions de départ près de la première ligne.
Dans la soirée du 5 mai, les
résultats de la VIe
armée sont limités mais dus, pour une large part, à l’action des chars. Les
interventions multiples de 12 Schneider jusqu’à plus de 3 kilomètres de la
ligne de départ ont permis d’ouvrir des brèches dans les réseaux, de
neutraliser de nombreuses mitrailleuses et de repousser plusieurs
contre-attaques allemandes. Le 17e BCP, employé cette fois dans son
rôle d’accompagnement, a été très utile. En revanche le premier engagement
d’un groupe de chars Saint-Chamond a obéi au principe de l’échec initial. Pour
aligner seize engins, il a fallu en « cannibaliser » autant au camp
de Champlieu. Sur ce nombre, douze purent arriver en position d’attente, neuf
prendre le départ et un seul franchir la première tranchée allemande. Si la
proportion des pertes humaines est comparable au 16 avril, les pertes
définitives en chars se limitent à trois engins. D’un point de vue
psychologique, l’action n’avait pas une ampleur suffisante pour vaincre les
dernières réticences mais elle a redonné confiance dans l’AS.
Tous les chefs de chars et les
officiers des unités appuyées par eux remplissent, à l’issue des combats, des
questionnaires qui aident le commandement à mettre en forme régulièrement
l’« état de l’art » jusqu’à l’Instruction
provisoire sur l’emploi des chars d’assaut du 29 décembre 1917, premier
vrai règlement d’emploi. Les problèmes tactiques sont aussi appréhendés par la
communication horizontale entre des combattants qui vivent tous au camp de
Champlieu. Avant même de recevoir de sa
hiérarchie les conclusions tirées des premiers combats, le capitaine Lefebvre
avait discuté avec ses camarades engagés le 16 avril et déjà envisagé la
plupart des innovations nécessaires pour l’attaque de Laffaux.
Enfin, à partir de l’été 1917, on
améliore sensiblement le réalisme des entraînements. Par exemple, les tirs
d’artillerie sont représentés à l’aide de lignes de toiles que l’on déplace
suivant un horaire précis. Les problèmes techniques décelés sont pris en compte
par le biais de commissions où apparaissent des combattants. Le problème des
incendies est ainsi résolu rapidement et de nombreuses modifications sont
apportées aux engins. Cette circulation efficace des informations est bousculée
par l’action de l’ennemi qui s’ingénie à créer sans cesse des parades à
l’action des chars. Il se crée ainsi une dialectique de parades et
contre-parades. Lorsque Chenu apprend qu’un groupe a procédé à une attaque : « nous allons le lendemain interviewer les survivants. Nous
apprenons que l’ennemi a inauguré une nouvelle tactique contre les chars [les
fantassins allemands se laissent dépasser et attaquent ensuite de très
près] On nous enseigne alors une
contre-tactique : ligne de chars en quinconce, se flanquant mutuellement,
chacun tirant sur son voisin pour le débarrasser de ses agresseurs ». Lorsqu’on s’aperçoit que les Allemands
saturent les fentes de visée des chars par des tirs d’armes légères, on peint
de fausses fentes et on camoufle les vraies ; pour parer à l’élargissement
des tranchées, on met au point des ponts de franchissement.
Pour limiter au maximum la mise
au point des parades on s’efforce de ne laisser aucun engin entre les mains de
l’ennemi. A Laffaux, deux chars abandonnés sur le terrain sont détruits par
l’artillerie française. Estienne propose la création d’un groupe spécialisé
dans la récupération des épaves. Ce processus
d’apprentissage permet de développer les idées initiées à Laffaux. Les
bataillons qui doivent être appuyés par des chars accomplissent un stage d’une
semaine de manœuvre avec les appareils. Les officiers de chars assistent aux
répétitions d’infanterie. On améliore les liaisons entre les chars et les
fantassins grâce à des pigeons, des panneaux manœuvrables de l’intérieur des
engins et surtout 4 chars-TSF dont les appareils portent à 12 kilomètres. La
planification est poussée au maximum grâce à l’analyse de photos aériennes et
aux reconnaissances. La manœuvre de chaque engin est prévue à priori.
Le troisième et dernier emploi des chars en 1917 a lieu le 23 octobre, à la Malmaison, avec l'engagement de deux groupements. Le groupement II (3 groupes Schneider, 2 chars TSF) doit, en deux phases (derrière l’infanterie, puis en tête) aider à réduire les résistances jusqu’à un objectif situé à trois kilomètres. Le Groupement X (2 groupes Saint-Chamond, 2 chars TSF) doit aider à la conquête du premier kilomètre puis se placer en surveillance face aux contre-attaques.
L’exécution de ces missions est inégale suivant les groupes et sur 63 engins engagés, 20 seulement remplissent leur mission mais leur action est déterminante et les pertes sont limitées à 82 hommes et 9 chars. L’intérêt majeur de la victoire de la Malmaison est la confirmation définitive de l’utilité des chars mais aussi des limites de cette « première AS ».
Avec un total de 231 engagements de chars en 1917, on dispose désormais d’une solide capital d'expérience. Le problème d’emploi tactique est à peu près résolu mais on se heurte à des problèmes insolubles : un taux de pertes qui ne descend pas au dessous de 40% par combat, un taux de pannes qui ne descend par en dessous de 25% et une endurance qui se limite à une journée de combat sur au maximum quelques dizaines de kilomètres. Les équipages des chars ont beaucoup de mal à acquérir les objectifs en déplacement mais ils deviennent très vulnérables lorsqu'ils arrêtent les engins.La fin de l’année est consacrée à la mise au point des dernières innovations, avec la transformation du 262e RI en régiment permanent d’infanterie d’accompagnement.
Une innovation suit généralement une courbe en S : un départ assez lent suivi d’une phase de croissance rapide jusqu’à un palier à partir duquel l’efficacité n’augmente plus guère. Cette première génération obéit à cette loi. Pour relancer l’efficacité de l’AS il faut explorer des voies nouvelles.
Le troisième et dernier emploi des chars en 1917 a lieu le 23 octobre, à la Malmaison, avec l'engagement de deux groupements. Le groupement II (3 groupes Schneider, 2 chars TSF) doit, en deux phases (derrière l’infanterie, puis en tête) aider à réduire les résistances jusqu’à un objectif situé à trois kilomètres. Le Groupement X (2 groupes Saint-Chamond, 2 chars TSF) doit aider à la conquête du premier kilomètre puis se placer en surveillance face aux contre-attaques.
L’exécution de ces missions est inégale suivant les groupes et sur 63 engins engagés, 20 seulement remplissent leur mission mais leur action est déterminante et les pertes sont limitées à 82 hommes et 9 chars. L’intérêt majeur de la victoire de la Malmaison est la confirmation définitive de l’utilité des chars mais aussi des limites de cette « première AS ».
Avec un total de 231 engagements de chars en 1917, on dispose désormais d’une solide capital d'expérience. Le problème d’emploi tactique est à peu près résolu mais on se heurte à des problèmes insolubles : un taux de pertes qui ne descend pas au dessous de 40% par combat, un taux de pannes qui ne descend par en dessous de 25% et une endurance qui se limite à une journée de combat sur au maximum quelques dizaines de kilomètres. Les équipages des chars ont beaucoup de mal à acquérir les objectifs en déplacement mais ils deviennent très vulnérables lorsqu'ils arrêtent les engins.La fin de l’année est consacrée à la mise au point des dernières innovations, avec la transformation du 262e RI en régiment permanent d’infanterie d’accompagnement.
Une innovation suit généralement une courbe en S : un départ assez lent suivi d’une phase de croissance rapide jusqu’à un palier à partir duquel l’efficacité n’augmente plus guère. Cette première génération obéit à cette loi. Pour relancer l’efficacité de l’AS il faut explorer des voies nouvelles.
Très instructif, merci ! Ah, si nous apprenions à la même vitesse dans la guerre contre Al Qaïda puis Daech…
RépondreSupprimerTémoignage très intéressant, en effet.
RépondreSupprimerParadoxalement le Commandement fait preuve de beaucoup de réactivité en majorant le retour d'expérience acquis sur le terrain, chose habituellement peu mise au crédit des militaires français de 1917.
L'armée française enfoncera tout de même le clou six mois plus tard avec les Renault à tourelle pivotante qui blufferont par leur efficacité Hindenburg et Ludendorff.
Le Reich allemand de l'époque n'alignant que six chars pour les opérations de 1918 !
Quand on pense à la doctrine Guderian et aux ravages qu'elle laissera sur le champ de la Bataille de France vingt-trois ans plus tard, cela laisse songeur...
Je ne saurais trop vous conseiller de lire La chair et l'acier (ou sa version poche L'invention de la guerre moderne) qui montre combien l'armée française de l'époque est intelligente et réactive.
SupprimerMon Colonel,
SupprimerEffectivement ont est surpris par la réactivité et intelligence de l'armée Française, notamment à partir de 1916 : entre autre sa capacité à intégrer les expériences remontant du terrain, et le foisonnement d'idées iconoclastes en découlant. La question est de savoir pourquoi après une période si riche intellectuellement, notre armée a en quelques années sombré dans la routine et voire le conservatisme ?
Je sors un peu du sujet, mais le désastre de Mai-Juin 40 fut avant tout une victoire intellectuel des allemands sur les concepts dépassés de notre état-major : ils n'avaient pas mener la guerre tel que prévue par ce dernier !...
Bonjour,
RépondreSupprimerArticle très intéressant sur un sujet que je suis bien loin de maîtriser. Au-delà de la remarquable inventivité de tous les acteurs et qui explique, entre autres, la réussite des armées françaises la dernière année de guerre, j'y décèle cependant les germes des théories qui seront si néfastes vingt ans plus tard. Par exemple, ce refus ou cette incapacité à octroyer à la nouvelle arme une autonomie par rapport à l'infanterie, lui empêchant de jouer pleinement son rôle. C'est d'autant plus paradoxal qu'à la même époque, le Gal Duval construit la première division aérienne, innovation majeure s'il en est dont il ne restera rien en 1939 et qui jouera un rôle si important lors de la deuxième bataille de la Marne en mars 1918.
Pour info, le Gal Étienne, avant de s'intéresser aux chars, dirigeait le service aéronautique de l'artillerie à Vincennes en 1911. Hélas pour lui, et son équipe, c'est le Génie qui fut choisi. C'est ainsi que Villacoublay est né et que Vincennes n'est plus qu'un champ de course.
Bonne journée
Merci pour cet article qui fait sortir des nimbes, les plus humbles des poilus qui ont tout fait pour pallier l'amateurisme de leur chef, Nivelle.
RépondreSupprimerUne question reste sans réponse : Pourquoi Nivelle n'a jamais été traduit en Cour martiale, alors qu'il était soupconné d'avoir fait beaucoup de confidences a des dames galantes ce qui auraient permis aux allemands d'avoir des plans d'attaque.
Pancho
RépondreSupprimerA ma connaissance Clémenceau voulait traduire Nivelle, et quelques autres généraux en Cour martiale. Cela uniquement pour leur obstination désastreuse dans leurs offensives du printemps 17, et non pour leurs supposés relations avec des dames galantes susceptibles d'informer les allemands. Je pense que ce genre de rumeur relevait avant tout du climat d'espionnite régnant alors : Mata Hari en fut hélas un des exemples. Ces accusations avaient le mérite de faire diversion, et donc de dédouaner Nivelle et consorts de toute incompétence tactique.
Au final malgré sa volonté Clémenceau renonça à les traduire en Cour martiale, car Pétain était farouchement contre. Ce dernier considérait que malgré leurs graves fautes, pareil déferrement aurait révolté nombre d'officiers supérieurs et alimenté un climat de défiance de la troupe vis à vis du commandement : refus d'obéissance et mutineries avaient débutées.
Très bon article, pour information pour compléter le sujet je conseil la dernière revue GBM N°120 sur le baptême du feu pour le SCHNEIDER et sur un autre article sur l'évolution de la compagnie d'infanterie en 1917.
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