mardi 29 décembre 2015

La vengeance du serpent à plumes

« A vous tous, je vous promets solennellement que la France mettra tout en œuvre
pour détruire l’armée des fanatiques qui ont commis ces crimes »
François Hollande, 27 novembre 2015

Plus d’un mois et demi après les attaques du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis et un mois après cette promesse, on voit donc à peu près la forme de la riposte de la France face à l’Etat islamique : deux chansons, Brel et Barbara quand même, quelques bombardements supplémentaires, par ailleurs planifiés depuis longtemps, et puis….rien. Le « tout mis en œuvre », c’est en fait la même chose qu’avant et ce n’est pas faire injure à nos hommes engagés au Levant que de considérer que nous n’allons pas « détruire l’armée des fanatiques » avec quelques avions et une petite poignée de soldats, même compétents et courageux.

A partir de ce constat, il n’y a que deux possibilités : soit l’épée de la France est trop courte, pour reprendre l’expression gaullienne ; soit, on ne veut pas s’en servir. Dans les deux cas, cela mériterait quelques explications. 

En janvier 2013, nous avons été capables de déployer au Mali à peu près autant de moyens aériens qu’au Levant, lorsque le porte-avions n’est pas engagé, et une brigade complète de l’armée de terre, plus de 4 000 hommes. Aucune des organisations que nous avons affronté à ce moment-là ne nous avait pourtant attaqué comme a pu le faire l’Etat islamique et aucune d’entre elle n’avait sa puissance. Logiquement, on devrait y aller encore plus fort. 

En 1991, alors même que notre armée n’était que partiellement professionnalisée et donc relativement peu projetable, nous avions déployé dans la région 60 avions de tous types et 14 000 combattants terrestres, 140 engins armés d’un canon de 105 mm et 130 (oui, 130 hélicoptères !). On se plaignait à l'époque de pouvoir faire aussi peu, on se plait aujourd'hui à imaginer ce que l'on pourrait faire avec ça contre l'Etat islamique, sans qu'il soit question par ailleurs, et comme en 1991, d'occuper l'Euphrate. Il est vrai qu’à l’époque nous avions au total six fois plus de chars, quatre fois plus de pièces d’artillerie et deux fois plus d’hélicoptères que maintenant. Il est possible même qu’il y avait aussi au total plus de soldats professionnels qu'aujourd’hui, près de quinze après la...professionnalisation complète. Magnifique résultat à peine compensé par quelques matériels modernes. 

Bref nous avons décidé de ne rien faire de sérieux. Mais peut-être que nous nous trouvons empêtrés dans une guerre que nous n’avons pas voulu alors que nous étions engagés par ailleurs et parfois inconsidérément. Peut-être que si nous n’avions pas autant besoin des moyens des Américains au Sahel nous aurions été capables de leur dire non, comme en 2003, pour ce nouvel engagement en Irak. Peut-être que si on n’avait pas sacrifié notre armée aux dividendes de la paix et aux critères de Maastricht nous pourrions faire plus. On a certes décidé d'enrayer la destruction programmée de notre outil de défense en stoppant les suppressions d’effectifs et prévu d’engager quelques centaines de millions d’euros supplémentaires chaque année (mais surtout après les élections de 2017, ce qui n’engage pas à grand-chose). Tout cela est évidemment heureux mais on reste loin du compte. Pour le rappeler une nouvelle fois, si on faisait aujourd’hui le même effort qu’en 1990, ce n’est pas 31 milliards mais entre 52 et 65 milliards, selon les méthodes de calcul, que l’on dépenserait pour notre armée. Pour les autres ministères assurant la sécurité des Français, la Justice et l’Intérieur, ce serait 10 milliards de plus qui seraient dépensés chaque année. On n’en serait peut-être pas là. Et puis, il faut toujours le rappeler aussi : soit les événements sont prévisibles et ils doivent rentrer dans le cadre de notre stratégie des moyens (Livre blanc, loi de programmation) ; soit ils sont imprévisibles et faut changer de posture. Les attaques de 2015 étaient évidemment prévisibles et on change pourtant de posture, c'est donc bien que nous n'avions pas de stratégie cohérente.

Nos dirigeants, ceux-là mêmes qui depuis vingt-cinq ans ont organisé ce déclin des instruments à protéger les Français, nous ont donc menti. Tout ne sera pas mis en œuvre pour détruire Daesh et, au mieux, nous attendons les succès de nos alliés locaux pour voler au secours de la victoire, si possible au moment des élections de 2017, car il n'y a que dans ce domaine que l'on perçoit une quelconque vision stratégique. Il paraît que le Premier ministre va faire éditer ses « discours de guerre ». On peut peut-être envisager de les larguer sur l'ennemi.

En attendant, on gesticule sur le territoire national. Il paraît même que l'on envisage de modifier la Constitution. Cela doit trembler du côté de Raqqa.

32 commentaires:

  1. Cette destruction programmée de nos forces, comme de notre identité et de notre conscience historique est, malheureusement, antérieure à 25 ans.
    Je lis actuellement le livre d'un homme, retiré, par conviction, de la vie politique, frère du CEMA actuel...
    Cette autodestruction programmée date du début des années 70.
    On pourrait même dire à la fin des années 60, lorsqu'un général de brigade célèbre, a été remercié pour des services, plus que rendus ...
    Quant à l'image que portent nos politiques sur nos armées, une anecdote de ce livre m'a rappelé des événements douloureux, téléscopage de pouvoirs de bords différents :
    18 juin 2010 : mort du général Bigeard, avec le service minimum assuré par l'Etat, le 1er ministre Fillon.
    26 août 2013 : mort du général Hélie de Saint Marc. Seul le CEMAT est dépêché à la cérémonie.
    4 octobre 2013 : mort du vainqueur de Dien Bien Phu, Võ Nguyên Giáp. Laurent Fabius s'empresse de faire un communiqué sur ce "grand homme" : "...je salue aujourd’hui la mémoire d’un homme exceptionnel ... le général Giáp était profondément attaché à la culture française et parlait d’ailleurs parfaitement notre langue...
    Le général Giáp fut un grand patriote et un grand soldat"
    Leclerc et De Lattre ont de quoi se retourner dans leurs tombes ...
    L'histoire dérange. Le militaire dérange. Il a un côté rétrograde, le portant à faire face aux politiques!

    Nous sommes dirigés par les dignes héritiers de la SFIO, déclencheurs visionnaires, rappelons-le, de le seconde Guerre Mondiale (par autisme), de l'Indochine, de Suez, de l'Algérie, de la 1ère Guerre du Golfe ...

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    1. Hélie Denoix de Saint Marc n'était pas général mais commandant. Il était surtout Grand Croix de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre 39-45 et TOE, Médaille de la Résistance, Médaille de la déportation pour faits de résistance, etc.

      Et effectivement, au moins le Général Puga, dont le père avait participé au putsch d'Alger en 1961 à la tête du 27e Régiment de Dragons, aux côtés du Cdt de Saint-Marc (commandant par intérim le 1er REP), aurait pu faire le déplacement. Peut-être le PR s'y est-il opposé...

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    2. La SFIO a déclenché la seconde Guerre mondiale ? C'est carrément du révisionnisme là. La politique d'apaisement (soutenue en France comme en Grande-Bretagne par la majorité de la population) a certes donné une grande marge de manœuvre aux nazis, mais le régime Hitlérien est seul responsable du déclenchement de la Guerre.

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  2. "On peut peut-être envisager de les larguer sur l'ennemi."

    Elle est bien bonne, celle là! Comme pendant la "Drôle de guerre" en 1939 où on larguait des tracts sur Berlin et la Ruhr?
    C'est drôle, mais en même temps triste à pleurer...

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  3. Un peu curieux de prendre l’opération Daguet comme exemple quand on a pas pu envoyer une division blindé complète en Irak et que nos avions était un peu court sur patte .Plutôt que de vouloir comparer des budgets globaux éloigner ou l'on peut toujours discuter les chiffres ,il faudrait plutôt parler du cout d'une opération de guerre ,car je ne crois pas que les dépenses opex ce sont limités à "1 milliards d'euro" cette année là (même si je crois que nous avons eu des remboursements !).Je me demande si en mettant les moyens financier de daguet nous pourrions mener une grosse opération au moyen orient aujourd'hui ,tout en sachant que la situation en Libye n'est pas terrible non plus.

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    1. Justement malgré nos grandes limitations de l'époque, nous avons été capables de déployer malgré tout 14 000 hommes, tout en restant présents ailleurs (Liban, Tchad, etc.) et l'adversaire de l'époque était autrement plus équipé, sinon motivé, qu'aujourd'hui.
      Les dépenses en opérations extérieures de 1991 ont été 1,1 milliards d'équivalents euros 2008, soit du même ordre que cette année.

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    2. Mon colonel ,comme je l'ai dit plus haut ce n'est pas si facile de comparer des chiffres à 20 ans d'intervalle et je doutes qu'aujourd'hui une année d’opération comme celle de 1991 nous couterai 1 milliard.Quand je vois que serval nous a coutés dans les 500 millions d'euros(très approximativement),j'imagine que le déploiement d'un force comparable à daguet devrait se chiffrer à peut être plusieurs milliard actuellement.La question que je me pose surtout ,c'est de savoir si en arrivant à mettre "l'argent sur la table "nous pourrions monter cette opération dans un délai raisonnable,car là vous paraissez en douter avec votre remarque sur une réserve de professionnel peut être un peu juste.En tout cas ,à mon petit niveau ,plus que le budget d'ensemble c'est bien notre fameux "budget opex" qui est largement insuffisant ou pas bien adapté ,surtout avec des conflits et des situations géopolitiques qui s’avère de plus en plus multiformes.

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    3. Je ne sais pas combien à coûté l'opération Daguet mais je vous répète que l'ensemble des opérations de 1991 a coûté un total de 1,1 milliard d'euros de 2008, en tenant compte de l'inflation on est peut être à 1 milliard. En 1990, le déploiement a été lent, par voie maritime, ce qui coûte beaucoup moins cher que la voie aérienne, comme pour une bonne partie de Serval, où par ailleurs les combats ont été bien plus violents et ont duré beaucoup plus longtemps. Donc un Daguet 2015 coûterait effectivement plus cher qu'en 1991 avec des équipements un peu plus coûteux à l'emploi et à l'entretien et surtout des combats mais pas beaucoup plus, au moins pour les moyens terrestres.

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    4. Quoiqu'il en soit, à l'époque la France était moins endettée, elle comptait encore 3 Corps d'Armée, et l'URSS mourrait seulement et rapidement.
      Par contre le coût des opérations 2015 viendront s'additionner à celles de Syrak, pour le moment aériennes ; puis à celles de Libye, puis à d'autres sans doute, ... car la population augmente et la ressource en eau potable se restreint.

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    5. Merci pour vos précisions ,c'est toujours un plaisir de lire vos articles.

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    6. sans aller jusqu'à 1991, il suffit de prendre un référentiel comparable : celui de l'armée professionnelle décidée en 1997
      rien que le même budget sanctuarisé en euros constants (c'était prévu ainsi : 185 milliards de frcs constants, soit en valeur Euro 2014 un peu plus de 36 milliards d'€) imaginons simplement que ce budget ait été sanctuarisé depuis 2002 alors que le PIB de la France à l'époque était de 1250 milliards € (il est aujourd'hui de 2116 milliards €)
      imaginons ne serait-ce que l'armée professionnelle telle que prévue :
      "En termes de capacités, la loi de programmation 1997 -2002 doit permettre de progresser vers les objectifs retenus par la planification 2015, c'est-à-dire permettre aux forces armées de déployer à distance, avec leur support et leur logistique associés, sous commandement interarmées, les moyens suivants :

      - Pour l'armée de terre, soit plus de 50 000 hommes pour prendre part à un engagement majeur dans le cadre de l'Alliance, soit 30 000 hommes sur un théâtre, pour une durée d'un an, avec des relèves très partielles (ce qui correspond à un total de 35 000 hommes), tandis que 5 000 hommes relevables sont engagés sur un autre théâtre (ce qui correspond à 15 000 hommes environ) ;

      - Pour la marine, un groupe aéronaval et son accompagnement, ainsi que des sous-marins nucléaires d'attaque, à plusieurs milliers de kilomètres ;

      - Pour l'armée de l'air, avec une capacité de transport maintenue au niveau actuel, une centaine d'avions de combat et de ravitailleurs en vols associés, ainsi que les moyens de détection et de contrôle aérien, et les bases aériennes nécessaires "
      rien que cette armée là aurait pu "encaisser" le nouveau contrat opérationnel.
      fermez le ban

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    7. sans aller jusqu'à 1991, il suffit de prendre un référentiel comparable : celui de l'armée professionnelle décidée en 1997
      rien que le même budget sanctuarisé en euros constants (c'était prévu ainsi : 185 milliards de frcs constants, soit en valeur Euro 2014 un peu plus de 36 milliards d'€) imaginons simplement que ce budget ait été sanctuarisé depuis 2002 alors que le PIB de la France à l'époque était de 1250 milliards € (il est aujourd'hui de 2116 milliards €)
      imaginons ne serait-ce que l'armée professionnelle telle que prévue :
      "En termes de capacités, la loi de programmation 1997 -2002 doit permettre de progresser vers les objectifs retenus par la planification 2015, c'est-à-dire permettre aux forces armées de déployer à distance, avec leur support et leur logistique associés, sous commandement interarmées, les moyens suivants :

      - Pour l'armée de terre, soit plus de 50 000 hommes pour prendre part à un engagement majeur dans le cadre de l'Alliance, soit 30 000 hommes sur un théâtre, pour une durée d'un an, avec des relèves très partielles (ce qui correspond à un total de 35 000 hommes), tandis que 5 000 hommes relevables sont engagés sur un autre théâtre (ce qui correspond à 15 000 hommes environ) ;

      - Pour la marine, un groupe aéronaval et son accompagnement, ainsi que des sous-marins nucléaires d'attaque, à plusieurs milliers de kilomètres ;

      - Pour l'armée de l'air, avec une capacité de transport maintenue au niveau actuel, une centaine d'avions de combat et de ravitailleurs en vols associés, ainsi que les moyens de détection et de contrôle aérien, et les bases aériennes nécessaires "
      rien que cette armée là aurait pu "encaisser" le nouveau contrat opérationnel.
      fermez le ban

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    8. S'agissant de Daguet, et sans vouloir sous-estimer l'effort fourni (d'autant que j'en étais), il faut dire qu'on a monté la division entière façon RMT, càd de bric et de broc, d'autant qu'on a été incapable de fournir au commandement américain ne serait-ce qu'une seule division blindée complète.
      Résultat, ils nous ont taillé un costard sur mesure: on a fait office de "chevaux légers" pour flanc-garde, renforcé d'une brigade de la 82e aéroportée US. A part cavaler dans le désert au find fond de l'aile gauche du dispositif, on aura pesé quand même nettement moins lourd que nos camarades britanniques qui étaient au coeur de l'action.
      Remarquez, aujourd'hui, leur sort n'est pas forcément plus enviable, mais enfin quand je me souviens des COTAC de nos AMX30B2, et plus encore de l'envoi d'AMX30 modifiés B2, je me dis qu'il y avait déjà de l'eau dans le gaz et qu'on a sans doute bien fait d'éviter les batailles de chars contre la garde républicaine de Saddam ... ça n'aurait sans doute pas tourné au 60 à 0, comme l'ont fait les Abrams US.
      Finalement, y a qu'au niveau des AMX AuF1 et de l'ALAT qu'on a marqué vraiment des points chez nos camarades d'outre-Atlantique ... Quand on en vient à se dire qu'à l'époque, on avait quand même encore les moyens de monter quelque chose de sérieux, c'est qu'il y a vraiment de l'eau dans le gaz.
      Dernière remarque, pour replacer la comparaison dans le contexte, on a déployé 15 000 personnels au milieu d'une armada alliée de plus de 600 000 hommes et sous couvert d'un chasse américaine dominant totalement les cieux. Tous seuls, on aurait fait quoi ?

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  4. Tout cela était tellement prévisible, les promesses n'engagent que ceux qui y croient.
    Cela fait bien depuis les années 90, que nos concurrents savent le manque de vision stratégique de nos chers dirigeants.
    Quelle sera notre prochaine catastrophe?

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  5. Il semble qu’il y ait un malentendu mon colonel. Vous semblez considérer que nos gouvernants sont encore des hommes d’état ayant des buts stratégiques et des ambitions pour le pays. Si je puis me permettre, vous commettez-là une grave erreur ! Ces gens-là ne sont plus qu’une caste de politiciens professionnels plaçant leurs carrières bien avant les intérêts de la nation. Et d’ailleurs, ils considèrent sans doute la nation comme obsolète, tout imprégnés qu’ils sont d’un logiciel libéral où le commerce remplace la diplomatie, où le rôle des forces armées consiste en des opérations de police internationale, à seule fin de rétablir le ‘libre marché’ dont découleront magiquement la paix, la prospérité et la liberté universelles.
    Partant, M. Hollande (où ses clones, quels que soient leurs partis d’appartenance), considèrent la France à l’égal d’une entreprise. La seule chose qui compte, l’objectif suprême, est d’accéder à la présidence du Conseil d’Administration et...de s’y maintenir coûte que coûte!
    Dans ce cadre idéologique, les armées deviennent de simples outils à usage marketing dont on détourne les valeurs à ses propres fins politiciennes. L’opération Serval est-elle un magnifique succès par le tempo de la manœuvre et la qualité des hommes ? Aussitôt, on embourbe nos forces dans une guerre sans fin que nous n’avons certainement pas les moyens humains et matériels de mener. Inepte d’un point de vue stratégique et mortifère pour un outil militaire qui roule déjà sur la jante. Mais peu importe, seule compte la posture de Chef de Guerre que tout cela permet de prendre sur la scène politicienne intérieure !
    Avec de tels gouvernants, ce ne sont pas seulement nos armées qui courent à l’autodestruction, mais l’ensemble de notre société.

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  6. On lit ici et là qu'une intervention terrestre occidentale ne ferait qu'alimenter la dynamique de l'ÉI, qu'il faut avant tout démonter son projet politique. Dans cette optique un effondrement progressif de l'ÉI sous les coups de boutoir de ses ennemis régionaux aurait plus d'impact à long terme qu'une défaite éclair contre une de nos divisions blindée non ?

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    1. Je n'ai jamais parlé d'occuper le Tigre et l'Euphrate. Par ailleurs, sans projet politique alternatif il est probable qu'il n'y aura pas de victoire possible.
      http://lavoiedelepee.blogspot.fr/2015/12/pour-une-guerre-de-corsaires-contre.html

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    2. Démonter le projet politique de l'EI, c'est mettre le doigt dans l'engrenage de la contre-insurrection et ça, c'est toxique et inefficace. Le projet politique, ne peut pas être porté par une puissance étrangère/occupante/coloniale. Ce sont les acteurs locaux qui doivent être mis en capacité de la faire.
      Ce qu'on pourrait faire, c'est une ou des actions cinétiques pour amener plus vite l'adversaire vers le point de rupture stratégique (type "guerre de corsaires" jsutement), où d'autres acteurs pourront peut-être prendre le relai.
      Tous ceux qui veulent une grande stratégie de "nation building" n'ont rien compris et rien retenu des leçons des 15 dernières années !

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  7. il ne serait pas très difficile de doubler le budget de la défense si nos dirigeants avaient le courage de couper (voire de les annuler) dans des dépenses qui n'ont rien à faire dans un budget régalien comme par.ex formation professionelle (un "bateau ivre" selon Delors), subventions à la "culture", à la presse, aux syndicats et autres associations etc.... je vois déjà une manne d'au moins 40 milliards par an.

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  8. De Marc (Prénom) Pierre (Nom)
    Bonjour,
    En cette fin d'année, permettez-moi de faire deux clins d'oeil en guise de commentaire.
    1° La vengeance du serpent à plumes est un film réalisé en 1984 par Gérad Oury, co-écrit avec sa fille Danièle Thompson et produit par Claude Berri.
    Loulou Dupin (Coluche), « tire-fesses » à Courchevel, vient d'hériter de l'appartement de sa grand-mère à Paris. Il monte à la capitale, décidé à s'y installer pour quelque temps. Sa surprise est grande lorsqu'il constate que le logement est occupé par deux charmantes jeunes femmes, Laura (Maruschka Detmers) et Valérie (Dominique Frot). Laura s'emploie à séduire Loulou, car son appartement sert de quartier général au groupuscule terroriste « Ravachol-Kropotkine » dont Laura est une membre active. Ses camarades de lutte ont enlevé le fils d'un banquier pour l'échanger contre l'un des leurs, emprisonné. Au moment du transfert, Loulou comprend tout. Peu importe, il aime Laura et part sur ses traces au Mexique, où le groupe s'est réfugié ...
    Le scénario utilise notamment un événement réel, la Conférence Nord-Sud pour la Coopération et le Développement, qui a eu lieu à Cancún (Mexique) les 22 et 23 octobre 1981. Le film a fini à la 11ème place en nombre d'entrées en France en 1984 avec 2 663 303 enregistrées.
    Critiques de la rédaction de www.programme-tv.net : un scénario qui aurait mérité d'être plus travaillé, mais quelques sourires et une direction d'acteurs impeccable.
    2° « Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent ». Cette sentence on ne peut plus d’actualité est attribuée au « petit père Queuille », à la ville Henri Queuille, homme politique français (1884-1970), ministre et secrétaire d’État plus de trente fois sous les IIIe et IVe Républiques, trois fois président du Conseil sous la IVe République, dont une pendant deux jours. Professionnel rompu à l'exercice de la vie politique française, sa fameuse petite phrase est incontestablement le fruit d’une longue expérience. On lui doit également le propos suivant : « La politique n'est pas l'art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent ».
    Merci de votre attention et bonne année 2016 à tous !

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    1. Pour info, ce "petit père Queuille" n'est-il pas aussi l'immortel inventeur du principe selon lequel "il n'y a pas de problème qu'une absence de solution n'arrive à régler" (tout lien avec le sujet principal de cette discussion ne pouvant naturellement être que le fruit du hasard :-)) ?

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  9. Si je puis me permettre, ce n'est pas tant à cause des budgets qui ont fondus (passant de 36 milliards, à périmètre égal et pour 580 000 militaires et civils (et les équipements en volume proportionnel), en 1991, à 31,4 milliards et 280 000 militaires et civils actuellement), mais bien suite à notre volume d'effectifs (faudrait quand même nous expliquer comment en les diminuant de plus de moitié, on arrive à une masse salariale presque inchangée), et plus encore de l'évolution de notre équipement.
    Cédant en cela depuis ces 20 dernières années au mythe de la technologisation, à outrance, avec des matériels de plus en plus couteux, et donc de moins en moins nombreux : le syndrome française actuel, quelques démonstrateurs hors de prix au milieu d'une marée de matériels hors d'age, usés jusqu'à la corde, souvent plus que quadragénaire (les mêmes qu'en 1991 pour l'essentiel et pour la grande majorité, d'ailleurs).
    Et ceci plus encore quand on considère nos capacités de déploiement stratégique (toujours aussi embryonnaires, pour une armée professionnelle voulue essentiellement expéditionnaire!), et toujours pire encore, au niveau de notre gestion de nos ressources humaines : aujourd'hui on sait que l'on incapable de projeter le moindre soldat supplémentaire des quelques maigres 6 500 en opex (hors force prépositionnées permanentes, et évidemment hors forces dans les DOM-TOM!), avec sentinelle en plus on est désormais même et déjà plus que dans le rouge.

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  10. Bonjour Michel.
    Premièrement je te souhaite et a tous les personnes inscrites sur ton blog mes meilleurs vœux pour 2016.
    Je comprends que tu prêches pour l´augmentation de la puissance militaire française et je te soutiens sur ce point mais tu utilises un mauvais exemple pour illustrer nos limitations. La lutte contre l´Etat Islamique doit s´inscrire dans une stratégie de lutte contre l´islamisme qui est une idéologie. Que nous apprend l´histoire ? Quelle est la dernière idéologique qui a produit du terrorisme et que nous avons combattue ? Le communisme. C´est peut-être pour cela que la Gauche a tant de mal à être cohérente car il y a un effet miroir.
    Amicalement
    Thierry

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  11. merci pour cet article qui a la mérite de faire réfléchir.
    Il est clair que l'épée de la France est trop courte eu égards à sa prétention et au rôle qu'elle entend jouer dans le monde.
    il est non moins évident que nos politiques sont plus préoccupés par leur survie électorale que par l'avenir du pays.
    Les problèmes de budget et d'effectifs sont importants certes mais ne sont que des questions secondaires. Le vrai sujet est la volonté de maintenir la France à sa place, de conforter son rôle et surtout son organisation au sens large c'est à dire un modèle politique économique social.
    Et là on peut voir que à part surfer sur les évènements, il n'y a ni idées, ni ambition, ni souffle dans les babillements des politiques.
    Une nation est un vouloir vivre collectif disait Renan. Cette citation est une belle définition car elle est inclusive et permet à tout un chacun de venir apporter sa contribution pour un objectif commun.
    Je crains que l'incurie, la lacheté et la démagogie politique depuis 40 ans n'aient fracturé la nation en communautés dont certaines sont "protégées" et d'autres sommées de se taire et d'accepter....

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  12. Anonyme le 31 décembre 2015 à 14:50

    J'ai une divergence d'analyse avec vous. Le communisme n'a recouru au terrorisme que ponctuellement et marginalement, ce n'était pas si je peux dire dans "code génétique". Bien évidemment cela n'excuse et justifie point les multiples atrocités et dizaines de millions de morts dont il est responsable.

    C'est probablement cette différence avec l'islamisme radical, reposant avant tout sur le terrorisme, qui nous empêche d'avoir une doctrine cohérente vis à vis de celui-ci. Pas que nous français, mais tous les occidentaux. Cela n'est hélas pas contradictoire avec les propos fort pertinent de notre hôte, sur le désarmement de notre pays et sa stratégie politico-militaire : calculs à court terme et incohérents.

    Sur ce meilleurs voeux pour 2006 à notre hôte, à tous les contributeurs de son blog, et longue vie à ce dernier : un des trop rares espace de liberté d'expression sur le net et qui dans un genre différent égale celui de Philippe Bilger.

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    1. Bonjour,
      Suivant la situation locale, le communisme a eu recours au terrorisme. Je te donnerai l´exemple du sentier lumineux qui a fait exploser un immeuble habité en plein cœur de Lima. Clausewitz éclaire bien notre discussion. Les actions militaires s´inscrivent dans un triptyque : un but politique, le calcul de probabilité et la passion meurtrière. Lorsque la guerre est faite par idéologie, la passion meurtrière n´a pas de limite.
      Le terrorisme est un moyen pas une fin en soi. Il ne donne pas la victoire, il y a donc d´autres objectifs : vengeance, distraction et dispersion des efforts militaires et policiers, publicité, propagande, recrutement de nouveaux combattants…
      On ne peut donc pas refuser les comparaisons en se basant sur la méthode opérationnelle utilisée qui dépend des limites et de la situation stratégique. Surtout, on se prive de toute l´expérience que nous avons pu acquérir dans le passé en luttant contre l´idéologie communiste.
      Amicalement
      Thierry

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  13. Et que dire de l'hommage a Ait Ahmed, sans doute un personnage determinant de l'histoire de l'independance algerienne, mais quand meme celui qui a pousse au conflit arme contre la France et ses soldats...quel manque d'honneur de la part de nos dirigeants...et que dire du pipo et de la com qu'on nous sert a profusion alors que la realite des actions est tout sauf guerriere.

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  14. Pour y voir plus clair, la Russie engage peu ou pas de troupes au sol (seulement des conseillers), par contre, elle appuie les troupes d'Assad avec un soutien aérien massif. L'épée de la France,il est encore trop tôt encore pour s'en servir, il vaut mieux s'appuyer d'abord sur les Kurdes et les Irakiens, des locaux qui n'apprécieraient peut-être pas un fort engagement de troupes occidentales au sol. Je rappelle qu'à Ramadi, les Irakiens ont refusé les hélicoptères d'attaque US.

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  15. Depuis que la France a renoncé à la puissance en tant qu'État souverain, elle a vidé en toute logique sa substance de ce qui compose le souverain : armée, police, renseignement diplomatie et la justice.
    A fin d'endormir le bon peuple les politiques à la manœuvre nous on vendu l'OMC pour la mondialisation et l'économie, l'UE pour l'Europe et la primauté du droit Européen et l'OTAN pour l'Amérique et la défense ...
    Mais en y regardant de plus près nous sommes confrontés à des gangsters qui nous plumes à longueur de journée en nous enlevant tous moyens de défense, les gens commencent à se réveiller et se demandent si ce n'est pas un cauchemar ben non on est vraiment dans la merde !...

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  16. Vous me pardonnerez ce commentaire lapidaire et caricaturale mais étant donné que la nation française a sciemment assassinée par son élite politique, on discerne mal comment elle pourrait réagir : un cadavre n'a pas d'instinct de survie. Hollande est incontestablement le meilleur président que peut avoir la France, le peuple est à son image. La justice de l'histoire est immanente. Je comprends la frustration de Michel Goya à devoir subir ce processus de décomposition mais il n'est pas le seul patriote dans ce cas. Que ceux qui s'offensent de la mise à mort de leur pays tirent les leçons politiques de l'indignation et de leur colère. Autrement qu'ils prononcent le "vae victis" et basta.

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  17. Les chiffres de 1990 (source bilan social de la défense - 1990):
    Militaires de carrière ou sous contrat: 299 681 (pour 250 568 appelés)
    Pour l'armée de terre, à l'époque: 18302 officiers - 58551 sous-officiers - 31390 engagés
    Les chiffres de 2013 (même source):
    militaires de carrière ou sous contrat (dont volontaires): 215 019
    Pour l'armée de terre: 14827 officiers - 39937 sous-officiers - 59618 MdR - 622 volontaires

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  18. NOTRE ARMÉE NE REMPLIRAIT PAS LE GRAND STADE DE RIO ??

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