mardi 4 août 2015

Les épées-La guerre première : de la guerre du feu à l'empire de fer.

La série « Les épées » est issue de l’expérience des cours donnés à Sciences-Po/Paris School of International Affairs sur l’histoire de l’évolution des armées. Le but de ces cours est d’analyser les freins, les moteurs, les acteurs et les processus qui ont permis la transformation des armées au cours des siècles à la manière des travaux d’état-major sur les conflits en cours.

Cette série de documents reprend ces travaux en les développant et en les complétant par de nouveaux cas concrets. Ce nouveau numéro est consacré à la guerre des origines de l'humanité jusqu'à la fin de l'empire totalitaire assyrien. Il s'agit en fait du tout premier cours.

Cette analyse est disponible en format pdf (ou Word sur demande) à goyamichel@gmail.com et au prix qu'il vous plaira ( il suffit d'appuyer sur le bouton paypal à droite sur ce blog). Elle disponible en format Kindle (ici) (je rappelle que ce format peut être lu aussi sur ordinateur avec un logiciel gratuit) au prix de 2,99 euros.

Toutes les remarques et corrections sont les bienvenues.

Introduction


L'émergence de la guerre au cours des temps préhistoriques est un sujet récurrent dans la littérature car elle pose des questions fondamentales. Pour les tenants d’une « guerre de tous contre tous », selon les termes de Thomas Hobbes dans le Léviathan, (1651), la guerre existe depuis l’aube des temps. Pour Jean-Jacques Rousseau au contraire dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), le « bon sauvage » était sujet à peu de passions et avait été entraîné dans « le plus horrible état de guerre » par la « société naissante ». D’un côté, une image tragique de l’homme, proche de celle du péché originel chrétien, de l’autre une vision optimiste et progressiste. Pour les uns, la guerre était inéluctable car naturelle et biologique, pour les autres, elle pouvait être éliminée (éventuellement par la guerre) car phénomène social.


Le problème est qu’à l’époque des Lumières, il n’y a guère de quoi étayer ces opinions, hormis l’observation des Indiens d’Amérique, par ailleurs presque tous belliqueux. Les choses évoluent avec le développement de l’archéologie préhistorique et de la paléontologie humaine, mais celles-ci prennent leur essor dans un contexte intellectuel dominé par le thème de  « la survie évolutionniste darwinienne ». Les hommes préhistoriques, découverts en 1863, ont été tout de suite rapprochés des grands singes et classés par beaucoup comme chaînon manquant entre ceux-ci et l’homme moderne. Quant à la succession des cultures que l’on pouvait constater, il s’agissait sans aucun doute, selon la théorie « des migrations », apparue dans les années 1880, de violents remplacements de populations installées sur un territoire. L’art et la littérature (La Guerre du feu de J.-H. Rosny aîné, 1911) s’emparent du sujet et contribuent à fixer l’image de hordes primitives en luttes permanentes entre elles et contre la nature.

On commence maintenant, par l’accumulation des sources et l’observation des comportements des sociétés moins avancées qui ont survécu jusqu'à nos jours, à avoir une vision un peu plus claire qui semble donner raison à Rousseau, mais en partie seulement. La guerre, affrontement politique, apparaît avec la société et les frontières, mais la violence entre les hommes, avec qui elle ne doit pas est confondue, est bien antérieure. On assiste ensuite à une sorte d’enchaînement mécanique jusqu’à la guerre totale menée par les Assyriens, alors que l’on est encore à l’aube des civilisations. 

...


12 pages-6 800 mots

5 commentaires:

  1. https://www.facebook.com/dupillageaudon?fref=nf

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  2. Combien de temps durait ce premier cours ?
    12 pages et 6800 mots vous permettaient de tenir combien de temps ?

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    1. Les cours durent deux heures et comprennent aussi des exposés des élèves pour préciser certains points.

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    2. Merci pour cette réponse

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    3. La dimension anthropologique de la guerre est assez bien soulignée - je trouve - dans le numéro de Sciences Humaines que vous connaissez certainement sur la guerre : http://www.scienceshumaines.com/la-guerre-des-origines-a-nos-jours_fr_477.htm

      Dans cette perspective, la différence entre sauvage et barbare peut renforcer votre propos. Nicolas Beaupré, (« Barbarie(s) en représentations : le cas français (1914-1918) », Histoire@Politique, n° 26, mai-août 2015, www.histoire-politique.fr), cite Michel Foucault « Le barbare s’oppose au sauvage, mais de quelle manière ? D’abord en ceci : au fond,le sauvage, il est toujours sauvage dans la sauvagerie avec d’autres sauvages ; dès qu’il est dans un rapport de type social, le sauvage cesse d’être sauvage. En revanche, le barbare est quelqu’un qui ne se comprend et ne se caractérise, qui ne peut être défini que par rapport à une civilisation (…). Il n’y a pas de barbare sans une civilisation qu’il cherche à détruire et à s’approprier" .
      Cela contribue à renforcer la pertinence de votre introduction qui donne envie de connaître la suite;
      Bravo pour votre initiative innovante

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