Publié le 24/11/2013
Dans son Introduction à la pensée complexe, Edgar Morin distingue les programmeurs et les stratèges. Les premiers gèrent des ressources pour atteindre des buts. Les seconds font la même chose mais face à des ennemis, ce qui change singulièrement les choses. Pour les premiers, le chemin le plus rapide est toujours le plus court. Pour les seconds, ce n’est pas si évident car l’ennemi peut vous y attendre en embuscade. Dans cette situation dialectique, un chemin plus long peut finalement être plus rapide et malgré tous les systèmes de renseignement disponibles, le doute persiste toujours jusqu’à ce qu’on agisse. L’incertitude existe dans les deux approches mais elle bien plus forte chez les stratèges.
Surtout,
les stratèges (les bons en tous cas) ont conscience de cette incertitude et de
la possibilité de surgissement de « cygnes noirs », ces événements imprévisibles
aux conséquences énormes. Ils organisent donc d’abord leurs forces pour, au
moins, y résister. La force de frappe nucléaire française, avec ces vecteurs aussi
nombreux et variés que possible, tous protégés et de diverses façons, sa veille
et sa capacité de tir permanente, ses réseaux de communications redondants, ses
consignes précises aux différents chefs, etc. est un excellent exemple d’organisation
« robuste ».
La
structure peut aussi ne pas se contenter d’être résistante mais s’organiser
pour tirer parti des événements surprenants. Cela passe généralement par une
décentralisation des moyens accordés à des chefs audacieux ou par la conservation
d’un élément réservé détaché des contingences de première ligne et
susceptible d’être utilisé pour colmater une faiblesse ou pour
contre-attaquer sur un point faible de l’ennemi. Le système opérationnel israélien
de la guerre des six jours illustre la première voie, le système soviétique la
seconde et l’armée napoléonienne la combinaison des deux.
Le
point commun à toutes ces approches est la variété et la redondance des moyens,
c’est-à-dire tout ce qui fait horreur aux comptables. Pour peu que, depuis la
fin du Pacte de Varsovie, se répande l’idée de la disparition des « cygnes
noirs », comme si l’absence de preuve de menace était preuve de leur absence, et
voici que les comptables reviennent à la charge pour supprimer ces gaspillages
aberrants. L’offensive est d’autant plus facile que si l’organisation militaire
est conçue pour faire face à un ennemi extérieur, elle est, contrairement aux
autres ministères, d’une grande faiblesse face aux « amis »
intérieurs voire même internes.
La
crise militaire rampante a donc commencé avec les fameux « dividendes de
la paix », c’est-à-dire le gel soudain du budget de défense en plein
renouvellement des équipements majeurs des armées (rappelons qu’il n’a augmenté
en valeur constante que de 1 % depuis 1991 contre 80 % pour les autres dépenses
de l’Etat) (x). Depuis, à force de « rationalisations », c’est-à-dire de centralisations
de ressources de plus en plus comptées, le passage d’une structure « antifragile »
ou au moins robuste à une structure de plus en plus fragile s’est accéléré en
particulier dans les années 2007-2008.
La
Révision générale des politiques publiques, le Livre blanc de 2008 et la Loi de
programmation qui a suivi marquent le triomphe des comptables. Quand on veut à
tout prix mesurer la productivité d’un organisme public dont les services sont
peu quantifiables (comment quantifier la valeur de la sécurité de la France ?) on se rabat rapidement sur les deux seuls chiffres disponibles : le budget
et les effectifs. Le budget étant bloqué et même plutôt décroissant, le salut
ne peut venir que de la suppression des hommes jusqu’au point Omega du
suicide de son dernier membre, un contrôleur général sûr d’atteindre ainsi son
nirvana de la productivité infinie (x). On a donc supprimé en quatre ans plus de
militaires français que le Vietminh et le FLN en seize ans, pour économiser 4 %
des dépenses de la LPM.
Au
début de 2006, dans un même élan de rationalisation, l’armée israélienne,
persuadée de ne plus avoir à mener de combats terrestres de grande ampleur, regroupait tout le soutien des forces dans de grandes bases régionales. A peine
quelques mois plus tard, cette même armée était obligée d’engager l’équivalent
de la force opérationnelle terrestre française contre le Hezbollah. On découvrit
alors, comme l’armée du Second Empire, que, même à quelques kilomètres de
distance et dès lors que les choses prenaient une certaine ampleur, il était impossible
de coordonner deux structures indépendantes de combat et de soutien. Deux ans
plus tard, l’armée française se lançait pourtant dans cette voie systématiquement contredite par l’Histoire.
A
force de suppressions et de regroupements, si on a un temps préservé la « musculature »
constituée par les unités de combat, le squelette qui la soutient s’est
considérablement réduit, en espérant ne pas avoir d’effort important à fournir.
On a raisonné les budgets comme si le monde extérieur n’existait pas ou qu'on pouvait voir venir les événements. On a mis en place la fonction anticipation (avec des
satellites comme moyens premiers) quelques semaines avant la faillite de Lehman
Brothers premier d’une série de dominos dont la chute rendit caduques par
avance tous ces calculs budgétaires à l’euro près sur six ans (ce qui n’a pas
empêché de les faire quand même). Il est vrai que l’on n’a avait pas eu le
temps de placer des satellite au-dessus du siège de Lehman Brothers.
La
fragilisation était devenue telle que l’on n’a pas même eu besoin d’un ennemi
extérieur pour provoquer la catastrophe, il a suffi pour cela d’un simple
logiciel adopté à la va-vite par des gens aussi irresponsables (trop hauts pour
tomber) dans leurs domaines que les banquiers qui ont fragilisé toute l’économie
mondiale (trop gros pour tomber). Cette faillite aurait pu cependant être atténuée assez rapidement si on s'était contenté d'un simple remplacement de logiciel au sein d'une structure identique. Mais comme on avait au préalable supprimé tout ce qui pouvait faire face à la surprise, les dégâts ont été maximaux. Ce « logiciel noir » censé réduire le
coût de gestion de la solde, l’aura finalement augmenté dans des proportions
considérables. Entre son achat, la gestion de ces aberrations mais aussi la
compensation que va certainement réclamer la société qui l’a conçu pour son
abandon, cette affaire va coûter au bas mot l’équivalent de la solde annuelle
de 20 à 30 régiments, sans parler des coûts pour l’image de notre armée et
surtout du pourrissement de la vie pour une multitude de soldats dont la solde
est nettement inférieure à celle des brillants cerveaux qui les ont mis dans
cette situation.
Le
nouveau gouvernement a poursuivi dans la même voie que le précédent. Contrairement
aux promesses de campagne, le ministère de la défense « contribue » six fois plus que les autres à l’effort de « productivité ». La fragilisation se poursuit
donc à grand pas sans grande résistance. On ne peut prédire quels seront les prochains « cygnes noirs ».
On peut juste dire qu'ils surviendront à coup sûr et surtout qu'ils seront de plus en plus violents.
excellent.
RépondreSupprimerExcellent pour moi aussi
RépondreSupprimerComment fustiger une aussi courte vue ?
Excellent.
RépondreSupprimerMerci pour cette lucidité et ce courage à l'heure ou à la réalité d'un scandale est opposé le déni, l'aveuglement et l'impunité. Cette impunité est d'ailleurs très relative dans la mesure ou à l'ère de l'internet il est aisé de remonter la chaine des responsabilités du scandale.
Le problème qui se pose n'est pas, à mon sens, de savoir ce qui c'est passé. C'est surtout de trouver une solution pour que cela ne se reproduise pas. Car si demain, un super génie trouve que Louvois c'est une daube, qu'on va tout effacer et qu'on va développer le logiciel Patapouf, on risque quand même d'arriver au même résultat... Passé un certain stade, je pense que le développement "en interne" a tendance à s'imposer comme la solution la plus réaliste.
RépondreSupprimerPierre-Louis, savoir ce qui s'est passé est quand même nécessaire pour éviter de reproduire les mêmes errements. Certes cela ne prémunit pas contre d'autres futurs, mais au moins de cumuler les deux dans l'éventuel nouveau logiciel.
SupprimerLa Défense découvre avec Louvois et pas qu'avec lui, les effets pervers de l'externalisation de tout ce qui n'est pas le "coeur du métier" : l'alpha et oméga d'un mode management ( externalisation + organisation matricielle ) appliqué quasi systématiquement dans nombre de grandes et moyennes entreprises depuis une vingtaine d'années. Dans celles-ci ses résultats sont loin d'avoir toujours générés les fruits (surcroît d'efficacité et baisse des coûts) promis par ses promoteurs, certes ces derniers (sociétés de conseil) sont peu prolixes sur ces déconvenues : dénigrer ses propres produits face à de futurs clients n'est pas chose usuelle !...
Mais pour autant il est quand même surprenant que les "comptables" du ministère de la Défense, ils n'aient pas pris en compte ces déconvenues survenues dans les entreprises, avant d'adopter et appliquer de manière quasi intégriste ce mode de management-organisation.
Bravo, limpide et droit au but. Tout est dit. quel dommage que vous n'ecriviez pas dans un grand quotidien national.
RépondreSupprimer"rappelons qu’il n’a augmenté en valeur constante que de 1 % depuis 1991 contre 80 % pour les autres dépenses de l’Etat"
RépondreSupprimerEn pourcentage du PIB par type de dépense, page 13 du document suivant, on voit que ce sont les prestations sociales qui ont augmenté.
http://www.performance-publique.budget.gouv.fr/fileadmin/medias/documents/ressources/PLF2013/rapport_depense_2013.pdf
De même, page 20, on trouve le cumul des dépenses de protection sociale et de transfert (ex : subventions à l'immobilier, associations, culture), qui ont augmenté de 10% du PIB depuis 1978.
Dans le rapport suivant (du commissariat général à la stratégie) sur le nombre de fonctionnaires dans les différents pays, on donne plusieurs éléments intéressants :
- en nombre brut de fonctionnaires, la France emploie moins de monde proportionnellement que le Royaume-Uni ou le Canada
- or, elle sous-traite moins que beaucoup de pays : si on tient compte des salaires des fonctionnaires et de la sous-traitance, elle dépense moins que...les Etats-Unis ! C'est au fond logique, car il n'y a pas de miracles (et aussi, en partie, compte-tenu de dépenses militaires plus importantes). Mais c'est contraire aux idées reçues.
http://www.strategie.gouv.fr/content/tableau-de-bord-de-l%E2%80%99emploi-public-situation-de-la-france-et-comparaisons-internationales
Supprimerdocument "Tableau de bord de l'emploi public 2010", en bas de page.
Bravo pour cet article qui est tout simplement excellent. Parmi d'autres raisons qui peuvent peut-être expliquer les difficultés auxquelles les stratèges (s'il en reste) sont confrontés, c'est la victoire de la "culture utilitariste" sur la "culture générale" classique, et en particulier historique. On est dès lors incapable de prendre du recul. Je crains que vous n'ayez raison et qu'il y ait d'autres "cygnes noirs" à venir....
RépondreSupprimerJe ne sais pas si c'est un cygne(signe?) noir, car toute personne ayant participé à un développement informatique de cette importance connait et aurait dû prévoir ce genre de risque. Et bien sûr faire en sorte que cela n'arrive pas.
RépondreSupprimerLe système Louvois est abandonné, annonce Monsieur Le Drian.
RépondreSupprimerhttp://abonnes.lemonde.fr/international/article/2013/11/26/armee-fin-du-systeme-louvois-pour-le-paiement-des-soldes_3520208_3210.html
la RGPP c'est la révision générale des politiques publiques et non la revue
RépondreSupprimerTant que les nuisibles seront trop gros et trop hauts pour être jugés et répondre de leurs actes…, ils continueront à nuire ! Très bête, mais imparable.
RépondreSupprimerQ1: comment fait-on pour juger les nuisibles, lorsque ceux-ci sont aux commandes et contrôlent tous les leviers de l’État ?
Q2 : quel intérêt de changer le personnel politique à chaque élection, si la politique poursuivie reste toujours la même ?
Si ça n’est pas un suicide, avouez que c’est quand même rudement bien imité !
Excellente synthèse, Mon colonel. Merci pour ce moment... :-) Passé à vous lire!
RépondreSupprimerLa vraie question Cl Goya, c'est pourquoi les comptables ont toujours le dernier mot depuis des années dans la Défense ? Cette dualité comptables/opérationnels existe aussi dans toutes les grandes entreprises privées.Certaines ont résolu le problème en mettant en responsabilité une race de gens intellectuellement capables d'arbitrer le pontage entre les deux : des maitres d'ouvrage capables de spécifier les performances opérationnelles et le budget associé. Une sorte de synthèse entre les stratèges et les programmeurs que vous décrivez dans votre article. L'armée française a suffisamment de ressources humaines de qualité pour les détecter et les mettre en avant. Il faut qu'elle fasse cet effort. Sinon elle en restera toujours à l'éternel combat de tranchées entre Monsieur Bricolo et Monsieur Rabioteur. Et vu que Monsieur Rabioteur est gouverné par les impératifs électoraux, dur dur pour Monsieur Bricolo.
RépondreSupprimerComme d'habitude excellent article, avec des repères clairs et indiscutables qui montrent bien que la logique "comptable" n'est pas adaptée à l'outil de défense, et surtout pas aux imprévus stratégiques! Mais également, le focus sur le danger qui vient de l'intérieur (celui qui nous a fait le plus mal, jusqu’à présent) est bien amené et excellemment démontré comme le bug « Louvoisien ».....
SupprimerCygne Noir OK, je veux bien. Néanmoins, cette catastrophe était largement prévisible, car déjà les premiers essais ne marchaient pas, il n'y avait pas de pilote dans l'avion et on avait « fait sauter les ponts derrière nous" (CAD pas de plan «B », puisqu'en même temps les CTAC étaient dissous avec le personnel qualifié et compètent).
Donc, pour faire bref : il n'y avait pas de raisons objectives pour que cela fonctionne bien ! Et de surcroît, on savait avant que si ça "merdait" on n'avait plus aucune solution de repli .....Et c'est ce qui est arrivé, donc Cygne Noir, si on veut, mais surtout incompétence des chefs qui n'ont pas été touchés par la crise (car pas payés par Louvois).
Ensuite, en ce qui concerne les réparations demandées par le concepteur du logiciel (Steria) et des leçons tirées, voici mon point de vue.
Tout d'abord, l'entreprise qui a créé Louvois, serait mal placée pour demander des réparations, puisque c'est elle qui a été (de nouveau) choisie (et oui !!!!) pour élaborer le nouveau logiciel de solde. En effet, la société « Steria » a fusionnée avec « Sopra» et cela a donné le groupe «SopraSteria» qui a remporté l’appel d’offre pour le nouveau bidule. Alors, j’espère qu’ils n’auront pas l’outrecuidance de demander des réparations (on ne sait jamais).
Je ne suis pas dans le secret des dieux, MAIS j'espère qu'ils ne reprendront pas des « morceaux » de logiciel de Louvois pour faire la nouvelle machine à gaz….mais c'est une source d'économie facile, donc la tentation est grande !
Voilà, et donc pour mon deuxième point les enseignements : je reste dubitatif sur ce point, vu les décisions prises a posteriori de ce fiasco!!!
Et je suis entièrement d'accord d'autres Cygnes Noirs vont nous tomber du ciel, et plus fort encore !
Pour conclure, sur une interrogation, je ne sais pas qui lit tes articles, et quels impacts peuvent avoir ?
En tous les cas ils ont le mérite de porter le fer, là où cela fait mal et de démonter la mécanique de prise de certaines décisions (purement comptables) et leurs conséquences néfastes ….C’est dommage que les responsables de ces politiques néfastes ne se fassent pas connaitre….Pour voir les résultats de ce qu’ils ont mis en place….
Je suis d’accord avec plusieurs de tes lecteurs, tes démonstrations sont excellentes et bien étayées, elles mériteraient un plus grand écho.
Un fidèle lecteur.
ELGATO
Mon colonel il est bien dommage que vos articles ne figurent pas et en intégralité, dans les premières pages du Figaro ou du Monde. En outre il est fort décevant, que ne soyez pas invités dans les débats télévisés qui comptent. Mais bon je rêve, quasiment seuls le superficiel et les "experts médiatiques" ont droit de cité dans nos grand médias nationaux. Certes il en est hélas de même en économie et fiscalité, un exemple parmi d'autres : Thomas Piketty bien que faisant un tabac aux USA, ou Obama le reçoit, est fort peu relayés dans nos médias.
RépondreSupprimerBonjour
RépondreSupprimerC'est la faute des commissaires, du SGA, de tous ces vilains comptables.
Mais cela fait combien de temps que les soutiens ne fonctionnent pas ?
J'ai commencé ma carrière mili en 1984, pour la terminer en 2012 : appartenant à un service interarmées, je n'ai jamais vu les soutiens fonctionner de façon satisfaisante dans l'armée de terre.
J'ai reçu une fois un trop perçu, dont je me suis rendu compte et j'ai appelé le CTAC (avant Louvois donc) pour leur signaler l'erreur. 10 jours plus tard, je recevais une lettre du Dircat m'informant de ce trop perçu et me traitant quasiment de voleur. J'ai donc appelé ce commissaire général pour lui expliquer mon point de vue.
Tous ceux qui ont connu Mostar Ortijès se rappellent la misère de nos installations, comparées à celles des Allemands sur le même camp et à celles de Butmir ou Eagle Base.
Pourquoi nos soldats sont logés comme des gueux dans presque toutes les OPEX depuis des lustres ? (et quand certains sont mieux lotis, les chefs font tout ce qu'ils peuvent pour leur pourrir la vie (exemple du groupe électrogène avec les échappements tournés vers la terrasse du Echo's à Mostar)
N'y aurait-il pas une culture de la misère dans l'armée de terre ? Une sorte de fierté malsaine à s'en sortir avec la bite et le couteau ?
Pourquoi les généraux n'ont-ils pas définis ce qu'ils voulaient comme soutien en tenant compte de contraintes budgétaires imposées?
Pourquoi le DUO du cercle mess d'un régiment 1000 hommes était-il de 44 pax dont 20 pour gratter du papier pour 600 repas midi - 100 à 150 le soir et quelques dizaines le WE, quand une société privée assure 850 repas midi, 350 le soir et 250 à 300 par service le WE avec 25 personnes dans un restaurant défense sous traité (avec des prestations excellentes)
Pourquoi certains de nos généraux ont-ils failli tomber raides quand on leur a expliqué que ce ne serait plus des EVAT qui allaient tondre les pelouses ?
Pourquoi le schéma directeur d'un grosse garnison a-t-il été retardé pendant des mois parce qu'on ne savait pas comment recaser ....... la musique régionale ?
Pourquoi, quand il avait été proposé de passer les frais de déménagement au forfait (comme pour la quasi totalité des fonctionnaires),un général (terre) a hurlé que c'était impossible puisque certains allaient louer une camionette pour déménager seuls et ainsi se faire de l'argent sur le dos de l'Institution
Oui, il fallait rationaliser les soutiens
Non, il ne fallait pas laisser les "souteneurs" définir le soutien
Oui, la création des bases de défense fut une énorme connerie (mais pourquoi les grands chefs ont-ils ordonné à TOUS les échelons subordonnés de dire que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, alors qu'ils savaient que c'était le bordel ?)
Donc, il aurait fallu que les généraux réussissent à réfléchir au delà des guerres de boutons pour proposer une ou plusieurs solutions, en utilisant des outils tels que l'analyse de la valeur que tout qualiticien connait un peu.
Mais bon, raté, donc on accuse les autres ; soit dit en passant :
- tous les contrôleurs généraux avec lesquels j'ai eu affaire étaient au mieux médiocres, pour rester courtois (pourquoi ? mystère)
- j'ai connu des commissaires exceptionnels et d'autres médiocres, mais globalement, ce sont les bons qui étaient aux manettes quand j'ai quitté.
Je pourrais en écrire des pages de toutes les gabegies que j'ai pu observer en 28 ans mais ce serait trop long.
La responsabilité du bin's actuel est partagée, mais qui a laissé les comptable s'installer aux manettes et définir le soutien ?
Qui a dit que c'était la faute des commissaires ?
Supprimer@ PhD,
Supprimer"N'y aurait-il pas une culture de la misère dans l'armée de terre ? Une sorte de fierté malsaine à s'en sortir avec la bite et le couteau ?"
Il y a sans doute une culture de l'ascétisme et elle doit beaucoup emprunter au dolorisme chrétien, ça oui. Avec des petits côtés classiquement sadique et pervers (" groupe électrogène avec les échappements tournés vers la terrasse du Echo's à Mostar").
On pourrait aussi, quasi à coup sûr, y rajouter des causes pathologiques qui se rencontrent dans les groupes humains qui fonctionnent en vase clos: tout, même les micro-événements, devient prétexte à complications.
Ainsi, le sort de la fanfare devient central dans le schéma directeur d'un régiment, ou la tonte du gazon devient une question propre à provoquer une crise d'apoplexie pour un général que ses fonctions placent normalement au-dessus de ce genre de contingences. Et je passe sur cette histoire de camionnette.
L'armée devient clochemerlesque alors même qu'elle se dote des instruments mentaux pour se projeter dans ce vaste monde, plein de danger et de surprises stratégiques.