Le 21
août 2015, vers 18h00, dans le train Thalys reliant Amsterdam à Paris s’est
ouvert un trou dans l’espace-temps normal. A la place est apparue une bulle de
violence terroriste, tragédie hélas désormais classique et dont la fin tient
largement à la répartition des rôles sur la scène. Celle-ci, cette fois, a été
heureuse, et comme d’autres bulles se formeront immanquablement, il n’est pas
inutile de comprendre pourquoi.
La
manière dont on réagit à la peur dépend de l’interaction de plusieurs systèmes
nerveux. Tout part de l’amygdale, placée dans le système limbique, et qui
constitue la sentinelle du corps. L’amygdale combine en permanence et de
manière inconsciente des perceptions à des émotions vécues. Lorsqu’elle décèle
un danger, elle provoque immédiatement une alerte vers le cerveau reptilien et
ses circuits nerveux rapides qui mobilise alors les ressources du corps par une
série d'ordres bioélectriques et des sécrétions chimiques.
Cette
mobilisation immédiate se traduit par une concentration du sang sur les parties
vitales au détriment des extrémités (qui donc saignent moins en cas de blessures)
ainsi qu'une atténuation, voire une disparition, de la sensation de douleur
(Spencer Stone a raconté ne pas avoir senti ses blessures). Surtout, elle
provoque une augmentation du rythme cardiaque afin de permettre des efforts
physiques intenses. Tout cela est évidemment essentiel pour faire face à la
menace mais le problème majeur est que si l’intensité de mobilisation est trop
forte, celle-ci devient contre-productive. Au-delà d’un premier seuil,
l’habileté manuelle se dégrade et des gestes jusque-là considérés comme simples
peuvent devenir complexes, comme téléphoner ou armer un fusil d’assaut. Au
stade suivant, les sensations se déforment. C’est le moment où on bascule dans
le monde expressionniste, celui dont le temps ne s’écoule plus de la même
façon, avec des accélérations et des ralentissements, et où la vue peut se
concentrer sur un point unique et occulter complètement des éléments
essentiels. Dans un troisième stade, ce sont les fonctions cognitives qui sont
atteintes et il devient de plus en plus difficile puis impossible de prendre
une décision cohérente. C’est le stade où on va arriver à faire des tâches
simples, puis s’en remettre aveuglément aux ordres, de l’ennemi, d’un chef, ou
simplement de quelqu’un qui a encore la faculté de réfléchir et parler. A
défaut, on imitera ce que font les autres, surtout fuir. Au stade ultime de
stress, le comportement de l’individu n’a plus de lien avec la survie. On peut
rester ainsi totalement prostré et souvent incontinent face à quelqu’un qui va
pourtant visiblement vous tuer.
Cette
intensité, qui échappe alors à tout processus conscient, dépend de plusieurs
facteurs comme évidemment le degré de danger estimé mais surtout la surprise.
Les deux sont très largement dépendants de l’expérience antérieure des
individus. La sentinelle-amygdale saura d’autant plus vigilante que l’individu
croit à la possibilité d’une menace. Elle sera d’autant plus performante que le
même individu a en mémoire des informations, comme un comportement suspect ou le
bruit de l’armement d’un fusil d’assaut, qui permettent de déceler des indices
de menace au milieu du « bruit » ambiant. Sans expérience véritable, hors films
et jeux vidéos, de la violence et en imaginant qu'un train est un espace
complètement sécurisé, on est évidemment très vulnérable à une attaque
surprise.
Vient
ensuite le moment où l’alerte de l’amygdale atteint le néo-cortex, quelques
fractions de secondes après le cerveau reptilien. Le jugement de la situation
qui est alors fait, en quelques secondes au maximum, est influencé par
plusieurs facteurs contradictoires comme l’analyse de la capacité d’action sur
la menace (je suis coincé dans mon siège, je n’ai aucune compétence en combat
rapproché, je suis à mains nues, je ne suis pas personnellement menacé, etc.), l’idée
que d’autres plus compétents ou payés pour cela vont agir, une réticence
naturelle à tuer ou blesser gravement des individus de son espèce, la volonté,
toute aussi naturelle, de protéger ses proches ou, plus subtilement, le
jugement moral que les autres peuvent porter sur son attitude (Suis-je seul ?
Me regarde-t-on ? Me connaît-on ? Ai-je des responsabilités particulières ?). A
la mise en garde de l’amygdale répond ainsi un feedback du « cerveau d’en haut
», le néo-cortex, qui va influer le branle-bas de combat déjà déclenché par le
« cerveau d’en bas », reptilien. C'est à ce moment-là que s'effectue
généralement la bascule entre les acteurs et les figurants, les « combattants »
et les immobiles. Si les « voyants » sont majoritairement négatifs, la réaction
du corps sera amplifiée et donc dégradée en direction de la fuite ou de la
paralysie. Si les « voyants » sont positifs, on peut espérer surmonter la peur
et contrôler son corps.
Au cœur
de cette petite bulle de violence que se forme d’un seul coup, ce qui fait la
grande différence entre le combattant, au sens large, et le novice n’est pas la
force physique ou la maîtrise technique, mais bien une gestion plus efficace de
cette peur inévitable. Par entraînement, simulation, visualisation, le combattant
accumule les informations qui lui permettent de déceler plus facilement les
dangers et d’y faire face. Il dispose d’une base de données de situations et
solutions immédiates à appliquer dans des cas similaires. A force de tirer ou
frapper, à blanc, réellement ou même en imagination, sur des cibles à forme
humaine, il dépasse la réticence à faire mal. Tout cela lui permet, outre
d’être moins surpris, de contrôler le niveau de mobilisation organique à un
niveau positif. Hormis quelques experts très entraînés, il est plus maladroit
que d’habitude et agit assez simplement, ou au moins essaie, et c’est là
l’essentiel.
Ayoub
El Khazzani, était un combattant car il avait préparé, anticipé, visualisé,
accepté son action violente mais ce n’était pas, comme souvent, un bon
combattant. Il bénéficiait d’un armement redoutable et de la surprise face à
des gens désarmés mais il a été incapable d’utiliser ces avantages énormes.
Soumis lui-aussi à la peur, il s’est avéré maladroit, ne parvenant pas à
utiliser correctement son fusil d’assaut. Il a beaucoup effrayé mais le piège
du confinement s’est finalement retourné contre lui à partir du moment où il a
trouvé autour de lui d’autres combattants, même désarmés. Ces hommes,
militaires ou non, ont réussi en quelque secondes à contrôler suffisamment bien
leur peur, par formation et/ou volonté, pour décider d’agir immédiatement. Cela
a sans doute surpris l’agresseur et accentué encore sa propre peur. Comme
souvent, il aura suffi qu’un seul, à plus forte raison des amis, initie le
mouvement ou donne des ordres pour que d’autres, encore hésitants, basculent
aussi dans l’action et permettent d'avoir la masse critique pour neutraliser
l'agresseur. C’est ce qui fait souvent la différence entre le groupe amorphe
devant une agression et celui qui la rejette. Ce n’est pas la compétence en
combat rapproché ou la force physique qui sont décisives, Chris Norman est un
consultant britannique de 62 ans, mais bien la volonté d’agir et le sens de
l’honneur.
Nous sommes en guerre contre des organisations
qui pratiquent le terrorisme et le minimum pour gagner une guerre c’est d’avoir
des combattants, beaucoup de combattants même. Les circonstances de l'attaque
du Thalys étaient favorables, cela n'a pas toujours été le cas dans le passé et
cela ne le sera sans doute pas non plus dans le futur, mais plus on multiplie
les combattants, y compris civils, et leur capacité d'agir et plus on multiplie
les chances de victoires. Il est temps de mobiliser. Il est temps de se
mobiliser.
Neurocombat, de Christophe Jacquemart, indispensable à tout combattant.
Michel Goya, Sous le feu-La mort comme hypothèse de travail, Tallandier, 2014.
Michel Goya, Sous le feu-La mort comme hypothèse de travail, Tallandier, 2014.
Le titre est excellent. Le reste aussi d'ailleurs.
RépondreSupprimerTrès bon sujet Mon Colonel.
RépondreSupprimerNéanmoins, une Kalashnikov qui s'enraie après le premier tir ça aide bien aussi pour neutraliser. Avec 10 mètres à parcourir (d'après ses dires) pour le premier américain au contact, il ne doit sa survie qu'à cette chance inouïe de voir l'une des armes les plus fiables du monde s'enrayer subitement. Si cette arme avait marché correctement, cet élan héroïque se serait briser devant un mur de balle tout comme les poilus de 14. Même si tous les passagers de ce wagon étaient des militaires en perm' , il y aurait eu un massacre si la kalash avait fonctionner. Faire des combattants ne suffit pas, mais c'est un bon début.
La question est pourquoi une arme si fiable n'a pas fonctionné. Je penche pour l'erreur humaine. Ceci dit, dans un milieu aussi confiné, ce n'est pas forcément l'arme la plus pratique. Il vaut mieux utiliser un pistolet automatique.
SupprimerAprès avoir mis en place le chargeur il faut réarmer sinon la culasse reste coincée après la 1ère balle.
SupprimerJ'en déduis qu'il a démonté le chargeur pour le transport et qu'il n'a pas réarmé soit par manque d'habitude soit à cause du stress comme dit l'article.
Côté pistolet automatique il est fait mention d'un Luger...
SupprimerQui n'est pas une arme réputée parfaitement fiable.
C'est tout de même le deuxième terroriste qui se mélange les pinceaux; Il faut se souvenir de l'autre abruti, qui s'était collé une balle dans la guibole, ce qui ne l'a pas empêché de tuer une jeune femme.
Si les qualités combattantes des nouvelle recrues du terrorisme baisse, est-ce vraiment le moment de multiplier les combattants, y-compris civils, de notre côté?
Sans compter qu'en voulant former des combattants civils, on risquera de former de futurs terroristes, qui n'auront plus besoin, par conséquent, d'aller se former en Syrie ou ailleurs. Et le tout aux frais du contribuables, ce que ne manqueront pas de relever les esprits chagrins.
Même d'anciens militaires peuvent tourner à l'ennemi: on a vu un ancien guetteur de la Marine, affecté à un poste de sémaphore au Cap Béar, projeter l'enlèvement d'un officier en vue de son assassinat.
La sécurité ne consiste-t-elle pas d'abord à s'assurer que des charges militaires et leurs détonateurs ne soient pas dérobés dans des dépôts dont la garde a manifestement été confiée aux Pieds Nickelés? Il faudrait peut-être commencer par faire l'inventaire des munitions qui trainent à droite et à gauche et qu'on a oublié, avec le temps, de mettre sous clef dans des conditions de sécurité strictes.
Je conçois qu'on puisse discuter du fonctionnement de la culasse d'un AK47, mais si la prochaine discussion doit porter sur l'effet létal de l'explosion d'une charge militaire de l'armée de terre dans un lieu public, je vous assure qu'on tirera tous une autre gueule.
D'un autre côté, on remarquera que ce sont surtout des américains qui ont mené la danse dans un train devant transporter en immense majorité des français.
SupprimerOn en pense ce qu'on en veut, mais la société US est plus violente que la nôtre. Cela a surtout des inconvénients, il n'y a qu'a voir leurs stats de mort par arme à feu, mais ici cela a pu être un avantage dans le cas présent car ils sont plus attentifs à ce risque de voir un type armé débouler... Même si chez eux il n'est pas majoritairement de nature terroriste.
Cette attention est aussi présente dans la société israélienne. Même à l'arrêt de bus, il n'y a qu'a observer certaines vidéos sur le net pour juger de la vivacité globale, qui permet à l'immense majorité d'éviter le coup de volant meurtrier d'un "terroriste low-cost".
Chez nous, aux dernières fêtes de fin d'années, cela ne s'est pas forcément passé de la même manière. Mais bon, parait que c'était de fous, non des lecteurs d'inspire ou dabiq...
Peut-être que Dieu existe finalement.
SupprimerVoici mon analyse sur la défaisance de L'arme type AK du terroriste !( car tous les Pays de l'Est ont fabriqué ceux types d'armes )
SupprimerAprès le 1ier tir blessant le Franco-Américains,
1° l'arme a t'elle rechargé ? si c'est le cas et qu'elle a engagé une nouvelle munitions dans la chambre, je dirais que c'est un défaut de la 2ieme munitions( de l’amorce probablement ) ou mécanique ( du percuteur ).
2° si après le 1ier tir l'arme n'a pas rechargé, je dirais un problème d' extracteur, ou alors un défaut de l'emprunt de gaz et dans ce cas la l'arme ne peut pas réarmée.
Ces armes viennent de surplus et probablement les munitions 7,62x39 aussi et elle ne sont certainement pas révisées par un armurier.
Bonsoir a Tous !
Le lendemain, il me semble avoir lu le témoignage de celui qui a récupéré son arme dans le train, expliquant sa manoeuvre de sécurisation des lieux une fois le gugusse mis KO, --> il a constaté que la balle avait percuté sans partir, qu'elle était toujours dedans. L'AK n'est donc pour rien dans l'échec du tir, c'est la munition qui a fait long feu.
SupprimerOn en revient à la force morale, qui permet de surpasser ses limites physiques et techniques: un consultant de 40 ans plus âgés, a priori sans passé militaire, est devenu la soirce de friction dans un plan semble-t-il pas trop mal ficelé.
RépondreSupprimerca me rapelle une histoire réelle, bien plus banales.
RépondreSupprimeramorphe... bascule... éthiques...
c'est d'important d'être unis avec quelques gens... les banlieusards, le sfrancais, sont seuls.
la société on leur dit a la télé va les punir s'ils n'attendent pas la police. ils seront condamné a être lynché par la presse, puis la justice, avec au mieux une sentence finale nulle, mais une vie ruinées...
je pense a ce policier qui a abatu dans le dos un braqueuir qui tirrait dans le tas...
je pense a ces légitimes défense qui tirent plusieurs balles, parce que tout militaire vous le dira c'est ce qu'il faut faire (on résiste bien à 5-6balles le temps de tuer 2-3 personnes)
et puis il y a la peur du racisme... d'yn autre lynbchage.
tout ca a juger juste sur l'impression qu'on a acquis en écoutant les journaux télés, les poursuites, les lynchages médiatiques... une petite second pour savoir si on saute, ou si on se couche. ou si on reste debout, ou si on massacre le gars.
on peut améliorer la réaction de la population, car c'est la seule qui peut réagir car la menance est diffuse.
il faut tout d'abord arrêter de punir les gens qui se défendent, même si ce n'est pas pénalement... il faudrait les récompenser comme on l'a fait ici... baisser le bruit des chacals médiatiques, même quand il y a des questions réelles...
il faut aussi créer un mythe des héros, un sentiment de cohésion nationale, voire entre usagers, un "être ensembles".
enfin ce serait bien d'avoir des entrainement à la prise de décision en stress, et pourquoi pas de ce genre de situation.
j'ai eu à gérer dans mal vie, outre une aggression, un malaise du médein du groupe, et un défaut d'ouverture de l'extracteur de mon parachute.
j'a assez mal géré faute d'habitude, mais quand es évènements similaires se sont produits j'ai bien mieux géré.
enfin je propose qu'on donne un pass de navigation RER/Metro/TER/TGV à tout les militaires ou anciens militaires, policiers ou ancien policiers, apte a mieux réagir que la moyenne.
ce seront nos "air marshall" du train.
@ Alain Coetmeur,
SupprimerAvoir à gérer un défaut d'ouverture d'un extracteur de parachute, rien que d'y penser, brrrrrr! ça me fait froid dans le dos. Je n'aurais pas aimé être à votre place. Vraiment pas.
Sinon, sur votre proposition de pass navigo: si la prochaine attaque a lieu dans un musée, on file à tous nos militaires et policiers un abonnement gratuit pour le Louvre et tous les musées de France? Vous me direz, c'est bien parce que comme ça, ils pourront se cultiver.
Et si la prochaine attaque a lieu sur une plage, on leur file à tous des maillots de bain gratuits, avec la crème solaire et les tongs offertes?
Et si la prochaine attaque vise une église, on offre à chacun un missel gratos, avec bénédiction papale en prime?
Et si la prochaine attaque se produit dans un lieu improbable, genre un gîte sur les chemins de Compostelle paumé dans les Pyrénées, on envoie tous nos militaires et policiers faire leur pèlerinage, avec sac à dos et rangers Décathlon offerts par la maison?
Et si ça vise une étape du Tour de France, on les met au vélo?
Je crois qu'on est en train de penser, dans l'instant, à ce qui vient juste de se produire en croyant que le futur sera pareil. Bon, je dis pas que c'est nul comme façon de penser. Par exemple, quand il faut gérer le défaut d'ouverture d'un extracteur, c'est pas con de se dire "la prochaine fois que ça m'arrive, j'aurai tel geste plutôt que tel autre". Dans ce genre de situation, l'expérience, c'est bien.
Mais j'ai cru comprendre que le terroriste est un type contrariant, parce qu'il veut absolument casser la routine de notre morne quotidien en nous réservant toujours une mauvaise surprise. Alors, c'est plutôt vers la future mauvaise surprise qu'il faudrait se tourner, non?
Cela dit, si on fait ce que vous préconisez, dans 10 ans nos policiers et militaires, bronzés comme des petits pains en tongs, auront tous des mollets d'acier, une super culture artistique et religieuse et ils connaitront par cœur le plan du réseau ferré français. Au moins on aura ça.
Il est douteux que la kalach s'enraye. L'homme ne savait vraisemblablement pas s'en servir. La kalach ne servait elle pas plutôt
RépondreSupprimerà faire peur et empêcher les réactions? L'objectif serait autre que tuer les passagers avec l'arme? Plutôt prendre le contrôle
de la motrice et crasher le train entier à l'arrivée faisant tellement plus de dégâts. Ce seraient alors le personnel s'enfermant à clef
qui aurait sauvé le train. Des suppositions gratuites peut-être mais j'ai une bonne expérience du combat et j'ai immédiatement pensé à ce scénario. Et effectivement rien ne remplace l'expérience du combat.
Mouais c'était quand même l'arrière du train donc la motrice était esclave de celle à l'avant et il n'y a pas de conducteur dedans.
SupprimerPour le fait qu'elle se soit enrayée j'ai mis l'explication au-dessus.
"Comme souvent, il aura suffi qu’un seul, à plus forte raison des amis, initie le mouvement ou donne des ordres pour que d’autres, encore hésitants, basculent aussi dans l’action et permettent d'avoir la masse critique pour neutraliser l'agresseur. C’est ce qui fait souvent la différence entre le groupe amorphe devant une agression et celui qui la rejette. Ce n’est pas la compétence en combat rapproché ou la force physique qui sont décisives, Chris Norman est un consultant britannique de 62 ans, mais bien la volonté d’agir et le sens de l’honneur. "
RépondreSupprimerIl était temps que quelqu'un l'écrive et l'écrive bien. Bravo.
C'est ce qui fait - et qui fera - la différence face à ces gens qui imaginent que détenir une arme suffit à conférer le pouvoir.
Que ce soit en ZUS ou ZSP, en Thalys ou RER, la leçon est la même: Il y a un prix à payer, un risque à prendre, mais la défense qui marche c'est l'affaire de tous.
Après, savoir si cet homme n'était (comme il l'affirme lui-même) qu'une crapule de droit commun, ou un islamiste radical...
C'est une autre histoire.
Une histoire que les sociétés de sécurité privée comme les vendeurs de portiques de détection ne manqueront pas de raconter.
Un résumé du déroulement :
RépondreSupprimerhttp://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/france/11818934/France-train-attack-Moroccan-terrorist-Ayoub-El-Khazzani-linked-to-Isis-live.html
"Mr Skarlatos: "The gunshot was probably the first noise I heard then breaking glass. The gunman was behind me so I had no idea where the gun was aiming at or what he intended to do."
(...)
Spencer Stone said: "I woke up from a deep sleep and I turned around and he had an AK-47. We tackled him and hit the ground. I put him in a chokehold.
(...)
Identified only as Damien A., 28, he wishes to remain anonymous.
Minutes before the attempted attack, he got up to go to the toilet and came face-to-face with a thin, bare-chested man, armed with a Kalashnikov and wearing a cartridge belt who was coming out.
The sight of Ayoub El-Khazzani shocked and terrified the banker, who has no military background. The temptation to flee must have been enormous, but Damien A immediately threw himself at the gunman and tried to wrestle the gun from his grasp.
At first, train staff and passengers mistook the struggle for a brawl between two young men.
As they grappled, Damien lost his balance and fell to the ground. But a man in his 50s, described as an American academic who lives in the Paris area, came to his aid and managed to grab the Kalashnikov.
The man, whose identity also remains a mystery, started down the corridor with the gun, but Khazzani took out a Luger semi-automatic pistol and shot him.
(...)
The mystery identity of the first heroic passenger to wrestle a weapon from the high-speed train gunman can be disclosed for the first time by The Telegraph.
Mark Moogalian, a 51-year-old professor at the Sorbonne, tackled Ayoub El-Khazzani during Friday's bloody incident aboard an Amsterdam-Paris international service. Mr Moogalian is the previously unnamed man who came to the aid of “Damien A”, 28, a French banker who confronted El-Khazzani. "
Marc Pierre le 24 août 2015
RépondreSupprimerBonjour,
Mobiliser qui ? Contre qui ? Pourquoi ? Où ? Quand ? Comment et combien ? Telles sont des questions simples posées à nos sociétés occidentales cruellement désarmées aux plans moral, humain, financier et matériel face à une conjonction de menaces obscures. Avons-nous encore la force d'y répondre concrètement et promptement ?
Salutations à tous
Il y a un dernier intervenant, mentionné dans le témoignage du consultant anglais :
RépondreSupprimerhttp://www.theguardian.com/world/2015/aug/24/british-train-hero-chris-norman-receive-frances-highest-honour
"Stone and his friends tied up El-Khazzani with the help of Norman, who took the gunman’s right arm and used his tie as a rope, and an off-duty French train driver, who held down the other arm."
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2015/08/24/97002-20150824FILWWW00131-thalys-deux-agents-sncf-recevront-egalement-la-legion-d-honneur.php
Le peuple a bien réagi, les politiques non.
RépondreSupprimerOn en revient au patriotisme absent ou vendu de nos politiques.
On ne soigne pas les symptômes, on remonte à la grande cause, mère des petites causes.
Aucune réflexion de fond, aucun débat dans nos média MSM.
Le patriotisme, le patriotisme...
SupprimerAnglade a lancé une polémique qui ne s'imposait pas, les médias anglo-saxons ont retenu que le personnel SNCF s'était barré et ont généralement passé sous silence le premier intervenant, et le colonel de l'armée française auquel je signale qu'un cheminot hors service est intervenu au même titre que le consultant anglais n'en fait pas mention.
C'est un climat, ce n'est pas limité aux hommes politiques.
Il n'y a pas le même problème aux US, en GB et même en Allemagne. Pas difficile de savoir qui va gagner.
Si un type arrive dans le train avec une grosse valise maxi taille à roulette bourrée d'explosifs artisanaux, pas si compliqués à fabriquer si on a la bonne recette chimique de cuisine et la bonne électronique ?
RépondreSupprimerIl entre avec dans le train à un arrêt gare et ressort au prochain arrêt en laissant la grosse valise avec son programmateur, et boum.
Même pas besoin de devenir martyr.
A part des clébards entrainés dans les gares peut être ou des capteurs spéciaux, je vois pas trop la solution, à part des puces RFID en communication Wlan généralisées et cryptées liant le porteur de valise à sa valise et détectant un éloignement de l'un de l'autre suspect.
Un scénario techno comme un autre. Pas si absurde, quand tout le monde peut se géolocaliser sur le web ou en GPS.
L'américain qui avait déchargé l'AK avait parlé de munition(s) percutées. Peut-être la cause la plus vraisemblable du non-feu, des munitions de mauvaise qualité refourguées...
RépondreSupprimerBravo à tous ceux qui sont intervenus dans ce train, cette interception est inespérée et les valeurs qu’elle porte sont très importantes pour nous citoyens, et en effet il faut la prendre en exemple et arrêter d’éduquer nos citoyens à la passivité, ils veulent être actifs et assumer leurs responsabilités l’état doit les encourager à le faire. Revoir la légitime défense serait un premier pas, nous sommes en guerre le pays des « bisou-nourses » a disparu le 7 janvier 2015.
RépondreSupprimerOui en effet si le terroriste avait été plus expérimenté, l’intervention aurait sans doute échouée, quoi que !, la contrattaque a été multiple dès la sortie des toilettes, il semble bien que deux personnes ont été déterminantes dans la première contrattaque, ils ont freiné, dérangé, et alerté pour permettre l’intervention des 4 mousquetaires en suppriment l’effet sidération.
Rappez-vous le Pompiers qui intercepte le terroriste de ST QUENTIN F, et des exemples il y a en a beaucoup, combien sont décédés en passant à l’action sans doute beaucoup, et alors ont-ils un effet négatif sur le décompte après le massacre ?
Pour la malveillance combien de fois récompensons-nous ou entendons nous parler des citoyens qui sont intervenus ? Jamais, les militaires le font très bien, par contre nos médias détenteurs du courage sont toujours prêts à chercher les coupables de lâcheté « elle était seul, ils étaient 5 et personnes est intervenu » il y a des baffes qui se perdent.
La sécurité dans les trains, dans les piscines, sur les plages, dans les cinémas, dans la rue, dans les écoles etc.… impossibles ! Nous ne disposons pas des forces nécessaires pour tous protéger, de vouloir tout surveiller nous ne surveillons plus rien. Evitons d’immobiliser nos forces de sécurité pour ses tâches. Le renseignement, la surprise, l’aléatoire, la concentration, la ruse, la dissimulation doit être leur règle d’engagement.
Comment faire alors :
Sensibiliser tous les citoyens à être responsables et acteurs de leur sécurité.
S’appuyer sur toute les professions de service, ou les collaborateurs ont un rôle d’encadrement du publique comme cela est fait avec les hôtesses et stewards, ils devront suivre des modules court de formation simple et efficace sur la conduite à tenir et la gestion du stress, secours, surveillance, sûreté, self.
Favoriser les moyens de surveillance des points publiques sensibles à distances via des centre de télé-sécurité (vidéo, interphonie, sonorisation, détecteur, etc.) avec des spécialistes en sécurité sûreté triés sur le volet, créer enfin cette chaine sûreté du citoyen à la QRF.
Et laissons nos forces de sécurité, s’entrainer, se reposer, et intercepter dans l’ombre.
Le citoyen d’expérience.
A la suite de ce dernier attentat dans le Thalys, car s'en est un à n'en pas douter, je me pose la question du statut de ces "Combattants de la Foi", tel qu'ils se proclament.
RépondreSupprimerEux disent qu'ils mènent un combat contre l'Occident, qu'ils sont des soldats de Dieu, qu'il ne reculeront devant aucun sacrifice, aucun moyen ni aucune action pour faire triompher leur cause.
Notre Ministre des Armées envoie les soldats de la France patrouiller dans toutes les villes et sur tous les sites de quelque importance stratégique ou symbolique.
Notre Président confirme qu'il faut s'attendre à d'autres actions armées, que nous ne sommes qu'au début du conflit.
Tout le monde est bien d'accord que nous sommes en guerre, certes une guerre asymétrique, mais une vraie guerre avec des combats, des blessés et des morts.
Dans ce cas, pourquoi continue t'on a considérer ces djiadistes comme des "droits commun" avec avocat dès la première heure de garde à vue, droits de la défense, comme de vulgaires crapules qu'ils ne sont pas.
Ce ne sont pas non plus des prisonniers politiques.
Accordons leur la fierté d'être de vrais combattants.
Appliquons leur les lois de la guerre, qui n'excluent pas l'humanité mais leur donne un statut sans ambiguïté.
Il faudra attendre pour cela que ce soit un ou plusieurs élu ou politique qui soit concerné par l'attaque avec la mort au bout de celle- ci. En attendant le bon peuple retient son souffle.
SupprimerComme vous le dite très bien une guerre asymétriques, et de plus en plus hybride, nous les traitons en criminels car ils ne sont pas des soldats d'une armées conventionnelles au service d'une nation ! souvent ils sont issues de notre nation, des traitres ! ils ne restent et ne respecteront rien, civil, femmes, enfants, prisonniers, blessés, secours, lieu de culte, école, hôpitaux etc.... le mieux que nous pouvons faire est de les traiter en criminels, et si cela dégénère vraiment il faudra les abattre comme des morpions.. De plus les traiter en criminels sait la honte pour eux car ils ont échoués à mourir en matir adieu la collection de vierge, il ne restera que le viol. Le citoyen pacifiste
SupprimerMerci mon Colonel,
RépondreSupprimerA la fois pour cet excellent article sur cet attentat, et pour votre description précise des mécanismes psycho-biologiques générés par ce type de situation. Il m'a permit fort égoïstement de comprendre le pourquoi, et le comment de mes propres réactions. Dans mon lointain passé militaire j'aurais beaucoup aimé avoir un instructeur tel que vous, et ni voyez aucune flagornerie.
Je n'ai pas été capable de reconstituer (d'imaginer) avec certitude l'aspect close-combat des actions, qui se sont principalement passées dans le passage reliant la voiture 13 à la voiture 12, puis dans le couloir de la voiture 12. (l'ordre des voitures de 1° classe, étant 13-12-11, d'avant en arrière du train Thalys).
RépondreSupprimer1-LES TROIS CONTRE-ATTAQUES AU CORPS-À-CORPS
Je tente cependant de faire ici un résumé sommaire (selon les indications d'Internet au 31/8/2015) des affrontements corporels ;
(naturellement sous réserve d'erreurs et de rectifications).
Je signale, ci-après, par :
(?) : Une assertion particulièrement incertaine qui reste à confirmer.
[t] : À titre indicatif, j'ajoute quelques estimations personnelles très approximatives de durées.
*** 1/ Damien X., (qui souhaite conserver l’anonymat), essaye d’immobiliser Ayoub El Khazzani en le ceinturant par derrière au niveau du cou (?) selon Isabelle Risacher-Moogalian.
Ayoub réussit à se dégager , à déséquilibrer Damien qui se retrouve au sol (?) plus ou moins assommé.
*** 2/ Mark Moogalian apporte son soutien en attaquant de face. Il parvient à s'emparer de la kalashnikov AK 47, puis il s'esquive en courant (et en disant "I've got the gun").
Mais Ayoub el-Khazzani est aussi équipé d'un pistolet Luger M80.
En 3 secondes [t], il peut se saisir du Luger, en menacer Michel Bruet qui à ce moment là se laisse tomber sur le sol, il peut ensuite tirer un premier (?) coup qui casse une vitre (?), puis viser et tirer un second (?) coup qui atteint Mark Moogalian, lequel est alors situé à "quatre ou cinq pas" de lui.
Mark est touché dans le dos et s’effondre, très grièvement blessé, à proximité des sièges de Christina Cathleen Coons et de Amy Z.
La balle est entrée "sous l'épaule gauche", puis est ressortie à la base du cou, sous la clavicule, d'après Patrick Goldstein, directeur des urgences du CHRU de Lille.
*** 3/ Ayoub ayant récupéré la kalashnikov se trouve donc maintenant dans le couloir central de la voiture 12.
les 3 américains, alertés par les bruits du verre brisé et des 2 (?) coups de feu , ont sans doute pu déceler (?) un manque de professionnalisme dans l'attitude de Ayoub.
C'est Spencer Stone qui s'élance le premier vers Ayoub, suivi par Alek Skarlatos et par Antony Sadler. Cette action présente de grands risques car Ayoub est situé à 10 mètres d'eux et les présomptions quant au déroulement temporel se sont présentées ainsi :
* Les temps de réaction réflexe à un danger imprévu dépassent une seconde. Ce sont des temps relativement longs, qui peuvent être estimés par les distances de freinage en automobile lorsque apparaît soudainement un obstacle.
* Ayoub n'est pas très concentré sur son champ de tir avant, en direction de la voiture 11 (?) car il doit surveiller derrière lui le couloir qui accède à la voiture 13 (?)- Kalashnikov enrayée (?).
* Pour atteindre, départ arrêté, un but situé à 10 mètres, il faut théoriquement - au minimum - 1,5 seconde.
Soit 1 seconde pour parcourir les 5 premiers mètres avec une accélération de 1 g, plus 0,5 seconde pour parcourir les 5 mètres suivants à la vitesse constante de 10 m/s.
Dans la réalité le sprint de Spencer a probablement duré 2,5 secondes (t).
Lorsqu'il atteint Ayoub, Spencer lui fait une clé au bras gauche (pour rester dans le cadre légal de la légitime défense ?) et le maintient à terre.
Tandis qu’Alex Skarlatos prend la kalashnikov et enlève le chargeur, Michel Bruet donne un coup de pied pour mettre hors de portée le Luger M80, tombé sur le sol.
Mais Ayoub, qui tenait un cutter dans sa main droite, peut encore frapper plusieurs fois avant que Chris Norman ne parvienne à immobiliser le bras droit d'Ayoub. Alex Skarlatos s'assure alors qu'il ne semble pas y avoir d'autre complice à proximité...le danger est écarté et la suite a moins d'importance pour mon propos...
Pour essayer de participer à la culture de l'insécurité, et quoique je sois singulièrement ignare en ce qui concerne toutes les formes de combats, j'ajoute (aux commentaires ou articles ci-dessus) un questionnement sans prétention.
RépondreSupprimer2-QUELQUES CONSIDÉRATIONS ILLUSOIRES SOUS FORME DE QUESTIONS
Comment réagir à l'irruption d'un agresseur armé ?
Dans des conditions très limitatives :
* pas de possibilité de fuite.
* pas d'objet lourd immédiatement disponible à portée de main.
*....................
Mais avec des facteurs moins malencontreux :
* L'agresseur a ses mouvement de parade légèrement ralenti car il tient à deux mains une arme de 5 kg et de 87 cm de long.
* Il y a des témoins qui pourront probablement "basculer dans l'action" et venir à la rescousse au bout de quelques secondes
*....................
Evidemment, le mieux serait serait d'être entrainé à porter des coups savants et précis, après un entraînement en combat rapproché, type Krav Maga...
Mais je me restreins ici au cas (fréquent) du citoyen(ne) sans apprentissage ni formation aux (sport de) combats, et en condition physique moyenne.
Que pensez-vous d'une tentative - en espérant un knockout pendant les quelques secondes qui pourraient suffire - en frappant le plus fort possible (avec l'énergie du désespoir) ?
Et en frappant, selon la tournure des évènements : dans un oeil, à la pointe du menton (uppercut), sur la tempe, sur la nuque (par l'arrière) ...etc. ?
Mes respects mon colonel, doublement : pour salutation, et pour votre article.
RépondreSupprimerToutefois, je vous lis.
"Nous sommes en guerre contre des organisations qui pratiquent le terrorisme et le minimum pour gagner une guerre c’est d’avoir des combattants, beaucoup de combattants même. (…) plus on multiplie les combattants, y compris civils, et leur capacité d'agir et plus on multiplie les chances de victoires. Il est temps de mobiliser. Il est temps de se mobiliser."
Oui et non.
Si les armées et les forces de maintien de l’ordre voient leurs ressources, matérielles et humaines, être toujours plus fortement sollicitées, il n’en demeure pas moins que les flux de communication médiatiques donnent aux individus non combattants l’illusion d’une connaissance de la violence.
Or la banalisation de la violence ne revient nullement à en faire l’expérience, encore moins à savoir la gérer et l’appréhender en situation. Cependant, cette banalisation, relayée par un sentiment de peur diffuse dans la société, peut venir nourrir des fantasmes de réponse au stress : les individus épargnés par la violence réelle peuvent visualiser une réaction sur la base virtuelle de cette banalisation médiatique : les jeux vidéo et les fictions télévisées sont porteurs de solutions et de postures préfabriquées.
Il y a toutefois loin de la coupe aux lèvres.
L’illusion de sa capacité à gérer la violence, additionnée à un sentiment diffus de peur permanente, va porter l’individu non combattant à prévisualiser des réponses virtuelles à l’agression jugée comme de plus en plus probable, réponses pour lesquelles il n’est ni formé ni entraîné. A mesure que le danger ne se manifeste pas, l’individu s’enivre de ses postures virtuelles et s’enhardit dans les comportements à risques : persuadé de sa capacité à gérer une situation conflictuelle, il accueillera avec toujours plus de soupçon les comportements suspects ou stéréotypés. Jusqu’à s’instituer, sous l’effet des messages civiques d’éveil à la vigilance, en charge de sa sécurité et de celle d’autrui. Car la délégation aux institutions, par les individus, de la charge de leur sécurité, se trouvera remise en cause par ces messages de vigilance collective ; dépassant l’étape recherchée de la reddition de compte, certains individus, nourris par l’exemplarité de héros et illusionnés par leur connaissance virtuelle de notions de combat, vont être tentés de se réapproprier la charge de leur sécurité.
La vigilance exercée par la société sur ses membres devrait déboucher, à terme, sur une augmentation de "faux positifs".
Et ce sera encore un moindre mal,
(...)
(...)
RépondreSupprimerEt ce sera encore un moindre mal, en regard des possibles violences qui pourront naître d’un réinvestissement de la sphère de la violence par des individus stressés et néophytes, bercés par cette banalisation de la violence et l’illusion de son expérience. A mesure d’un délitement de la confiance envers les institutions, un individu vigilant pourra se sentir fondé à interpeler un autre individu, suspect aux yeux du premier des signes particuliers, et s’enhardir à le faire, amorçant une chaîne causale qu’il ne maîtrise pas car dialectique.
Si l’on veut préserver la structure actuelle des institutions, les appels au renforcement des capacités de notre société à appréhender la violence et les appels à la vigilance collective envers une menace diffuse et furtive, lorsqu’ils se doublent de la double tentative de définition de la figure de l’ennemi et d’établissement d’une typologie de ses comportements suspects, doivent impérativement intervenir dans le cadre strict du renforcement des institutions qui président à la gestion de la violence : dans la forme actuelle de ces institutions, les individus ont délégué la charge de leur sécurité, et ils ne sont ni formés ni entraînés pour gérer la violence. Au sens weberien, cela demeure un monopole de force publique.
Toute tentative de harangue de la société civile en vue d’un sursaut de civisme et de vigilance, s’il évacue l’actuelle prépondérance des institutions, revient à démanteler le monopole de force publique pour redoter les individus de leur responsabilité propre relativement à leur sécurité. C’est le deal constitutionnel ayant cours aux Etats-Unis d’Amérique, avec son effet collatéral des statistiques de morts par arme à feu. C’est également proche d’un modèle israélien ou helvétique.
Il se pourrait que les laudateurs qui vanteront l’exemplarité des comportements héroïques et appelleront à une mobilisation générale des consciences contre la figure de l’ennemi, fassent un peu trop vite l’économie du rappel du monopole de la force publique.
Un tel choix de société est un choix majeur ; la société ne semble pas encore prête à assumer un tel changement. Mais la question mériterait, et se doit, d’être posée./.
Bien respectueuses salutations,
CL'h./.
Pardon de m'appesantir, j'ajouterais, pour être clair, que pour moi votre appel n'entre nullement en contradiction avec le monopole de force publique tel que délégué aux institutions ; il ne saurait s'agir de concurrence entre deux modèles, mais bien leur fusion intelligente et pondérée ; c'est juste, à la manière d'un "disclaimer", la volonté de replacer votre appel au renforcement de la société (empowerment en bon anglais) dans le cadre des institutions. On doit pouvoir mobiliser et se mobiliser, et développer les capacités d'action des individus dans un cadre étatique, et surtout ne pas abandonner le champ à une forme civile auto-nome. La coquille de l'agence du service civique, dotée de moyens afin d'assurer formation et exercices réguliers, pourrait constituer un point de départ ? Tiens, ça alors, ça ressemble au SN et à la réserve !
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