Les
actions militaires ponctuelles, généralement par raids aériens et/ou de forces
spéciales, destinées à punir le comportement jugé inacceptable d’un Etat et
empêcher sa récidive sont relativement rares. L’un des cas les plus intéressants
et qui se rapproche le plus à ce qui est en train de se préparer en Syrie est
l’opération El Dorado Canyon lancée en avril 1986 par le Président Reagan contre
le colonel Kadhafi.
Le cadre
général est celui de la « petite guerre froide », ce regain de tension
entre l’Est et l’Ouest succédant à la « détente ». Les Etats-Unis
sortent alors de la période de dépression morale qui a débuté au milieu des
années 1960 et trouvé son point d’orgue avec l’abandon du Sud-Vietnam, la
démission d’un Président et une crise du modèle économique. Cette période de
faiblesse correspond inversement à une politique plus agressive de l’Union
soviétique (invasion de l’Afghanistan, expansionnisme en Afrique et en Amérique
latine, mise en place des missiles de théâtre SS-20, doctrine de l’offensive à
grande vitesse en Europe) dont on ne perçoit pas encore qu’il s’agit de ses
derniers feux. Un des Etats les plus actifs dans la lutte est alors la France
qui réalise 14 opérations militaires en Afrique de 1978 à 1983 contre des
organisations ou Etats alliés de l’URSS.
Le
contexte change avec l’arrivée au pouvoir de Ronald Reagan, à la fois cause et
conséquence d’un rebond américain. Ce qui, avec l’exemple parallèle du
Royaume-Uni, démontre au passage combien les sociétés peuvent se transformer,
parfois très rapidement.
Dans ce
contexte tendu, les groupes terroristes de tous bords, européens et arabes,
souvent liés entre eux et soutenus par quelques Etats eux-mêmes proches de
l’URSS, constituent une menace immédiate. Après le désastre de la FMSB (ici),
l’administration Reagan renonce aux opérations multinationales de maintien de
la paix aux mandats floues et aux règles ambigües pour revenir à de véritables
opérations militaires. Le Congrès est alors encore très réticent devant la
possibilité d’un nouvel engagement massif de troupes au sol, le Conseil de
sécurité des Nations-Unies est bloqué par les vétos soviétique et chinois et
les Alliés européens-sensibles à de fortes oppositions internes- pas toujours
très coopératifs. L’exécutif américain s’oriente donc vers des opérations
souterraines (Amérique centrale) ou des actions limitées de coercition.
Dans le
cadre de la Directive 207 parue en janvier 1986, Reagan désigne le
colonel Kadhafi comme principal soutien et instigateur du terrorisme
international. Une puissante escadre, comprenant trois porte-avions est mise en
place dans le golfe de Syrte en janvier 1986. Le 24 mars 1986, un premier
accrochage qui se conclut par l’interception d’un Mig-25 libyen s’approchant de
l’escadre et la destruction de deux navires libyens ainsi que d’un site de
défense anti-aérien. Le 2 avril, une bombe explose dans le vol TWA 840 et trois jours plus
tard, un attentat détruit une discothèque berlinoise. Des citoyens
américains sont tués dans les deux cas.
Après
consultations des leaders politiques américains et alliés mais sans aucun vote
ni mandat d’aucune institution, Ronald Reagan ordonne le lancement de
l’opération El Dorado Canyon pour le
15 avril. Cette opération combine le raid de dix-huit bombardiers stratégiques
F-111F et quatre avions de contre-mesure électronique EF-111A Raven partis de
la base de Upper Heyford en Grande-Bretagne avec celui de l’escadre de la VIe
flotte qui lance vingt-cinq chasseurs-bombardiers A-6, A-7 et F/A-18 et un
avion de guerre électronique EA-6B Prowler. A l’heure d’ouverture des
principaux journaux télévisés américains, plus de 60 tonnes de bombes sont
largués en deux minutes sur cinq sites militaires de Tripoli et Benghazi. Un
F-111 est abattu au-dessus du golfe de Syrte par un missile sol-air libyen
et deux pilotes périssent. Ces
pertes vont amener par la suite à privilégier les bombardiers furtifs et les
missiles de croisière.
Les
pertes matérielles libyennes de ce raid sont, d’au maximum, une trentaine d’aéronefs
détruits au sol et de lourds dégâts sur plusieurs casernes et une dizaine de
sites de défenses anti-aérienne. Les pertes humaines sont estimées à environ 60
tués. En revanche Mouammar Kadhafi, la cible première de l’opération, a survécu.
Le bruit court qu’une des filles de Kadhafi, Hannah, a été tuée dans le raid
mais cela reste encore sujet à caution. En représailles au bombardement, la
Libye lance deux missiles Scud en direction des installations américaines sur l'île
italienne de Lampedusa, sans aucun effet.
Cette
attaque suscite alors de nombreuses réprobations. L'Espagne, l'Italie et la
France refusent le survol de leur territoire aux avions américains ainsi que
l’utilisation des bases sur leur sol. Il est probable aussi que Kadhafi ait été
averti de l’opération en cours par des responsables politiques maltais et
italien, ce qui lui a peut-être sauvé la vie. La ligue arabe, l’URSS et la
Chine protestent violemment à l’ONU et obtiennent un vote de condamnation par
l’Assemblée générale.
Les
résultats politiques de cette opération sont discutés. D’un côté la Libye, qui
a subi aussi un grave échec au Tchad et reste soumise à un embargo, tente de
sortir de son isolement et de normaliser ses relations mais d’un autre côté
elle participe encore aux attentats de Lockerbie en et du DC-10 d’UTA en 1988
et 1989. Ce n’est que dix ans plus tard qu’elle reconnait son implication dans
ces actes et renonce à ses velléités nucléaires. La crainte d’être classée dans
l’axe du mal après les attentats du 11 septembre 2001 finit par normaliser la
politique étrangère de Kadhafi.
Très
critiquée sur le moment, l’opération El Dorado Canyon apparaît
malgré tout rétrospectivement comme un succès, symbolique d’abord car elle a démontrée la
volonté retrouvée des Etats-Unis de faire face, politique ensuite car elle a marqué effectivement le début de changement de comportement du colonel Kadhafi
même si cela s’est avéré plus lent qu’espéré. Elle est la marque d’un homme
d’Etat.
Toujours un plaisir de vous lire. Quelques coquilles néanmoins (texte écrit dans l'urgence ?) :
RépondreSupprimer« Dans le cadre de la Directive 207 qui définit en décembre 2005 Reagan » : 1985 plus probablement. Si on parle de la NSDD-207, sa date de publication est le 20 janvier 1986.
« le vol TWA 840 explose » : une bombe à bord explose, mais heureusement pour la majorité des passagers, l’appareil reste en un morceau.
« sans doute un missile Crotale » : à ma connaissance la cause de la perte n'a jamais pu être identifiée, le DoD a d'ailleurs longtemps cru à un crash accidentel.
« et deux pilotes périssent dans l’explosion » : l'autopsie du seul corps récupéré montre qu'il est surtout mort noyé, probablement à cause d'une défaillance de la capsule d'éjection tombée en mer.
« une trentaine d’aéronefs détruits au sol » : il me semble que c’est l’estimation la plus optimiste, et que d’autres furent nettement moins favorables.
« la Libye lance trois missiles Scud en direction des installations américaines sur l'île italienne de Lampedusa » : jusqu’ici j’avais lu qu’il était question de deux Scud.
Je pinaille. Plus sérieusement, on peut se demander si le changement d'attitude de Kaddhafi ne tient pas plus aux sanctions économiques qui ont suivi Lockerbie qu'à El Dorado Canyon... ?
Merci. Pris en compte.
SupprimerPour cette opération c'est un non catégorique de Mitterrand du survol de l'espace français bien que que J Chirac s'en offre la primeur de la paternité par une déclaration télévisuelle, l'Elysée démentira le lendemain dans le journal Le Monde que c'est bien le chef qui l'a décidé.
RépondreSupprimerUn francophone, le général Vernon Walters est un habitué du Château, ex interprête de Kennedy depuis De Gaulle, il arrive le 25 février 1986 pour discuter de la Libye. Reagan souhaiterai que Mitterrand participe aux opérations de frappe sur Kadhafi. Il est contre les frappes mais accepte qu'il soutienne le flanc sud au Tchad : «les Etats-Unis pourraient nous fournir des données de reconnaissance aérienne et du matériel de transport lourd, mais cela doit être fait discrètement. Il ne faut pas, que l'on donne l'impression qu'une superpuissance et une puissance majeure se liguent contre la Libye. Ce serait une erreur psychologique. Je ne verrai pas d'inconvénient à une opération américaine visant à renverser Kadhafi ou à l'humilier, mais que cela doit être fait de manière très adroite». Le 15 avril, la Maison-Blanche s'apprête à lancer l'opération «El Dorado Canyon», une série de frappes aériennes en représailles aux attentat commis. Quelques heures avant l'heure O, Walters revient à Paris. Il sollicite le droit de survol du territoire français pour les avions F-111 basés en Grande-Bretagne.
Ronald Reagan est complètement désappointé par ce refus. Dans ses Mémoires, cet épisode fera l'objet de l'une des rares mentions ...
La demande américaine était et de «prêter» notre base de Solenzara pour avitaillage et dégagement au profit de notre allié l' USAF. Je vous avoue que sur le coup; je suis interloqué de sa décision ! Car des accords confidentiels très sensibles de défense signés entre VGE et J. Carter prévoyaient que: «l'armée américaine peut utiliser des bases militaires françaises pour ses entraînements ainsi que des soldats français dans certains cas». Faisant suite aux accords de l'opération «Apollon» (mise au point et tests résistants de nos armes thermonucléaires contre certains effets d'une riposte sur vecteur M4 dans le Nevada qui entra en service en 1984).
Ce raid extraordinaire de par sa technicité avec 7 ravitaillements en vol et l'emploi des BGL de précision déca-métrique est une première ! Quant à savoir qui aurait pu prévenir Kadhafi , le soupçon porte sur le gouvernement.
Bref, les raisons de la discorde : J. Carter avait suspendu l'aide militaire au régime de Somoza au Nicaragua et, à sa chute, il aidera la formation d'un gouvernement comprenant des sandinistes qui finiront par prendre le pouvoir grâce aussi à la fourniture d'armes par la France en décembre 1981. Marchant sur les plates bandes de la politique du nouvel hôte de la Maison Blanche Ronald Reagan qui ne supporte pas les communistes au delà du Rio Grande en le mettant dans une position délicate dans son domaine réservé face à Cuba et l'URSS. Reagan suspend «Apollon». Si la France ne renonce pas à cette livraison d'armes. Mitterrand le rejoint à la Maison Blanche le 12 mars 1982. Il dit que : «Les sandinistes ne sont pas des communistes et que sa politique reaganienne est contre productive, que justement en leurs vendant des armes ils se détournent des Soviets. Qu'il ne peut se désister du contrat remettant en cause la parole de la France, qu'il ne signera pas de nouveau contrat et s'engagera à ce que Reagan soit au courant des dates de livraisons, libre à la CIA de les détruire». Reagan autorisera le 14 avril la poursuite d' «Apollon ». En Octobre une campagne anti-américaine sans précédent se déchaîne orchestré par l'exécutif (Namibie, Salvadore, gazoduc des soviets) dénonçant l'hégémonie US. Le sort de Salvador Allende reste un cauchemar franc maçonnique obsessionnel socialiste ! Reagan envoie son conseiller spécial William Clark demandant que cesse cette campagne. Sinon la punition sera connue.
Souvent, la recherche d'un précédent nous invite à fouiller l'histoire au plus profond et à rechercher dans ce qu'il y a de plus ancien des exemples finalement peu pertinents, alors que l'actualité récente nous fournit - gratuitement si j'ose dire - des précédents plus appropriés, mais dont la valeur ne nous saute pas immédiatement aux yeux.
RépondreSupprimerSi on définit l'opération de rétorsion à venir contre la Syrie comme une opération de police armée, c'est à dire une opération menée avec des moyens militaires et destinée à rétablir un ordre public international acceptable à l'intérieur des frontières d'un Etat en crise, mais aussi dans sa zone limitrophe, alors le précédent est tout trouvé: le Mali.
Ce qui, au vrai, nous oblige à rechercher dans l'histoire d'autres types d'opérations, essentiellement aériennes, qui pourraient constituer les précédents que nous estimons utiles à notre réflexion, est notre volonté d'exclure d'emblée toute intervention de troupe au sol.
Dans ce cas, qui est un cas parfait d'induction, alors, Monsieur Goya, vous avez raison: l'opération El Dorado Canyon est un précédent pertinent.
La difficulté qu'il faut accepter intellectuellement, mais qui est la conséquence de l'induction initiale, est qu'il faut penser l'avenir avec un truc qui correspond en aucun point à la situation présente.
En 1985, la Libye n'était pas la proie d'une guerre civile et personne n'y avait fait usage d'arme chimique (à moins de considérer Kadhafi comme un poison en soi, mais c'est une autre affaire).
La Libye n'était pas non plus le champ de bataille d'une guerre de religion mondiale qui voit se fractionner le monde musulman en de multiples morceaux selon un axe que l'opposition entre Chiites et sunnites ne décrit que très partiellement et qui rappelle, toute proportion gardée, ce que l'Occident a vécu pendant ses propres Guerres de Religion, à partir du XVIième siècle.
Il ne s'agissait pas non plus de sanctionner un crime contre l'humanité, mais un crime de droit commun (dont la preuve n'était d'ailleurs pas rapportée à l'époque, alors que la puissance accusatrice, les Etats-Unis, faisait preuve contre l'accusé, la Libye, d'une animosité personnelle suspecte et plus liée à des considération de politique intérieure qu'à un souci sincère de recherche de la manifestation de la vérité).
Bref, c'était quand même assez différent.
Aujourd'hui, tout le monde est très embêté par le fait que cet imbécile d'Assad ait eu l'idée saugrenue de tuer des gens avec des gaz, alors qu'il avait les moyens de le faire autrement.
Cet embarras provient d'une malencontreuse décision du président Obama de tracer entre ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas une "ligne rouge" et provient, en ce qui nous concerne d'une décision de notre président, François Hollande, de tenir cette ligne pour quelque chose de réelle, dans un monde moral.
Autrement dit, les acteurs stratégiques - ceux qui se proposent d'agir, comme eux qui ont agi - se pensent tous sous contrainte éthique.
C'est idiot, ça.
Mais c'est ce dont il est question.
Je conçois que pour un militaire la contrainte éthique soit quelque chose d'extrêmement contrariant, mais, par le jeu des acteurs, cette contrainte éthique est devenue un objet stratégique et doit donc être pensée comme tel.
Et pas comme l'a pensée Bigeard, dans l'extraordinaire note à ses troupes dont vous avez fait état dans vos billets sur la Guerre d'Algérie et en particulier le dernier.
Il ne faut donc pas se défiler en posant en principe que notre modèle d'opération sera aérien, parce qu'il doit le rester vu qu'on veut pas de troupes au sol, même si c'est vrai.
Il faut penser l'opération en y réintégrant la dimension que précisément, dès le départ on a mis dans l'affaire, par maladresse: l'éthique.
L'éthique serait là par "maladresse" ? Alors, on n'a vraiment pas beaucoup avancé depuis le siècle dernier !
SupprimerEuh... oui, effectivement.
SupprimerSi on reprend les deux critères de l'opération de police posés par Michel Goya dans son article, soit une opération destinée à "punir un Etat" et "empêcher sa récidive", et qu'on soumet tout cela à une analyse de type éthique, on perçoit assez rapidement une gène.
1) Sur le premier critère:
On ne peut pas "punir un Etat" parce qu'un Etat n'est pas accessible à la punition, au sens pénal, puisqu'il s'agit de réprimer un crime contre l'humanité.
En revanche on peut punir ceux qui l'ont ordonné et ont assumé la direction opérationnelle. Donc, Bachar El Assad, les membres de son gouvernement qui sont impliqués, les chefs militaires, etc. C'est très exactement ce que commande l'éthique en cas de commission d'un crime quelconque: déférer l'accusé à un juge.
Mais pour les punir, il faut les capturer, ce qui revient à mettre à bas le régime syrien.
Or, dès les départ, les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne ont indiqué que l'action de police n'aurait pas pour but de renverser le régime.
Le seul objectif qui était susceptible d'une qualification éthique a ainsi été d'emblée écarté (voilà la maladresse).
On en reste donc à un concept que l'éthique ne sait pas analyser: la punition d'un Etat pour les fautes commise par ceux qui le dirigent. C'est un OVNI intellectuel, ce qui sème le trouble dans les esprits et engendre un grand scepticisme des opinions publiques, d'où conséquences politiques et, in fine, militaires.
2) Sur le second critère:
Pour empêcher la récidive, il faut soit obtenir la remise des armes chimiques par la contrainte ou la négociation, soit détruire les unités qui les mettent en œuvre, les stocks, les usines qui les fabriquent.
Ces destructions impliquent des pertes collatérales. Plus ces destructions sont différées, plus le régimes syriens peut s'en prémunir (par la dissimulation, la dispersion et la mise en place d'une meilleure défense). Il s'ensuit que pour détruire le potentiel chimique, il faut accepter une augmentation du nombre des pertes collatérales avec le temps qui passe, car l'effort militaire qu'il va falloir produire pour atteindre le résultat voulu va générer de plus en plus de frictions.
Or, en raison de la limitation qu'on s'est bêtement imposée en 1) le processus de prise de décision est nécessairement ralenti.
Par un usage maladroit de l'éthique, nous nous sommes donc placés nous-mêmes dans une situation où nous faisons peser sur les populations civiles que nous voulons pourtant protéger un risque de plus en plus grand.
A un moment, nous estimerons que le régime aura disposé du temps nécessaire pour disperser et dissimuler son potentiel d'armes chimiques et en améliorer la défense à un point tel que toute tentative de destruction aurait en fait un rendement négatif: faible destruction du potentiel, au prix de pertes civiles élevées, outre celles dans nos propres forces.
Là encore, la maladresse dans l'approche éthique conduit à un non sens qui oblige à définir d'autres objectifs qui, finalement, n'ont rien à voir avec ceux que dictait l'approche initiale, ce qui contribue à brouiller davantage la lisibilité de l'opération, alors qu'au départ, c'était simple: punir et empêcher la récidive.
Au final, histoire de faire genre, on va peut être taper sur, ici une pièce d'artillerie, là un groupe de chars, plus loin deux vieux Mig abandonnés sur un tarmac, etc.
Si on veut donner un peu plus de croustillant à la chose, on pourra toujours s'attaquer aux systèmes antiaériens, et puis quelques objectifs dans l'archipel technico-administratif du régime, comme le siège de la police secrète ou celui du parti Baas, ou un truc dans ce goût là.
M'enfin bon, ça fait voiture balai.
Bref, il aurait mieux valu soit ne pas mettre de l'éthique dans l'affaire, dès le départ, soit en mettre mais ne pas lui lâcher la main en cours de route.
Puisque vous avez une section à l'IRSEM sur "l'homme amélioré", je voudrais attirer votre attention sur un fait passé inaperçu au début d'Harmattan :
RépondreSupprimerUn bombardier lourd, B2 je crois, a effectué une mission de 25 heures environ, au départ de sa base aux USA et y est revenu, sans demander d’ autorisations de survol .
Ceci étant bien évidemment à mettre en parallèle avec l'épopée de 13 h de vol (dans mon souvenir) des F111 à partir de Grande Bretagne.
Ce contraste entre les 2 époques ne frappe pas vraiment, puisque l'on pense qu'il s'agit d'un effet normal des "Bombardiers lourds", oubliant que sur un B2, il n'y a pas de lit ou de chambre,mais qu'en fait le pilote qui n'est pas de "quart" va dormir à même le plancher de la cabine, entre les deux sièges...
En fait l'élément qui sous tend la faisabilité de ces opérations de long Range Strike n'est pas la machine, mais l'utilisation au mieux des capacités de vigilance humaine et des phases de repos nécessaire en rapport avec les données de la chronobiologie.
Ces opérations qui ont pu aller jusqu'à 44 h de vol en A-Stan, sont sous tendues par le travail de fond accomplis dans le labo de physiologie de l'USAF sous la direction d'un seul homme : le Dr Caldwell :
La liste de ses publications scientifiques médicales sur 24 articles donne une idée du travail accomplis pour arriver à la faisabilité de ces vols de "long range Strike" ... un bel exemple "d'Homme Optimisé" :
Je vous en liste quelques unes :
Evaluation of eye metrics as a detector of fatigue.
A recent advance in the objective quantification of operational fatigue: the Fatigue Science SleepBand program.
Fatigue in military aviation: an overview of US military-approved pharmacological countermeasures.
Assessing psychoactive pharmaceuticals and transitioning pharmacological fatigue countermeasures into operational environments.
Are individual differences in fatigue vulnerability related to baseline differences in cortical activation?
Modafinil's effects on simulator performance and mood in pilots during 37 h without sleep.
The effects of exercise as a countermeasure for fatigue in sleep-deprived aviators.
Utility of dextroamphetamine for attenuating the impact of sleep deprivation in pilots.
A survey of aircrew fatigue in a sample of U.S. Army aviation personnel.
The impact of fatigue in air medical and other types of operations: a review of fatigue facts and potential countermeasures.
The effects of body posture on resting electroencephalographic activity in sleep-deprived subjects.
Efficacy of Dexedrine for maintaining aviator performance during 64 hours of sustained wakefulness: a simulator study.
An in-flight investigation of the efficacy of dextroamphetamine for sustaining helicopter pilot performance.
Fatigue in the aviation environment: an overview of the causes and effects as well as recommended countermeasures.
Et j'ajouterais aussi à cette liste :
Dextroamphetamine use during B-2 combat missions.
Kenagy DN, Bird CT, Webber CM, Fischer JR.
Aviat Space Environ Med. 2004 May;75(5):381-6.
cet article d'un autre auteur montre que les pilotes de B2 qui font des missions "de seulement" 17h, vont prendre à 95% des amphét plutôt que de recourir à la sieste ET DONC resteront ficelé à leur poste de pilotage...
Comme dans un vulgaire chasseur bombardier bi réacteur...