Réactualisation d'un article paru le 02/02/2012
Quand
on examine la liste des 400 soldats « morts pour la France » en opérations
depuis cinquante ans, on constate qu’il s’agit presque exclusivement de
fantassins et sapeurs. Dans l’immense majorité des cas, ces hommes ont été tués
dans des combats d’ampleur très limité par d’autres « combattants
débarqués », toujours irréguliers, par le feu d’armes légères ou par
engins explosifs. Ces combats peuvent désormais se dérouler aussi en métropole.
On
constate également que ces micro-combats ont un impact stratégique beaucoup
plus important qu’auparavant dans l’Histoire, avec une très forte asymétrie
d’effet selon que des soldats français y tombent ou non. Dans le premier cas,
ces combats apparaissent dans les médias en métropole, ce qui n’est forcément
le cas dans le second. Et dès lors que ces pertes sont « importantes »,
ce qui en termes modernes commence à deux, elles appellent immanquablement à
des questionnements sur l’efficacité et le déroulement de l’opération en cours,
ce qui ne manque jamais d’embarrasser à son tour l’échelon politique.
On
peut s’interroger sur cette hyper-sensibilité médiatico-politique, en décalage le plus
souvent avec le sentiment d’une opinion publique française en général beaucoup
plus résiliente, sans parler de la vision de l’ennemi. On constatera seulement
que cela induit une réticence à l’engagement au sol, au contact, alors que c’est
encore là la seule manière d’obtenir in
fine la décision et la victoire.
La
conclusion de cette contradiction entre nécessité stratégique de l’engagement
de combattants au sol (y compris sur le territoire métropolitain), des pertes
que cela induit et de l’embarras, également au niveau stratégique, que ces
pertes provoquent elles-mêmes devrait logiquement être de faire de ces
combattants débarqués une priorité nationale en matière de défense. C’est pourtant très
loin d’être le cas.
Depuis
la fin de la guerre froide, nous avons une supériorité totale dans les airs et
sur les mers, la capacité de combat des petites cellules tactiques terrestres,
pourtant essentielles, n’a guère varié depuis des dizaines d’années. Une
patrouille de chasseurs Rafale ne risquerait rien face à deux Focke-Wulf 190 allemands
de 1945, une frégate Aquitaine serait
capable de couler n’importe quel croiseur de la Kriegsmarine, il n’est pas du
tout évident en revanche qu’une section d’infanterie française parviendrait à
l’emporter à coup sûr, une section de panzergrenadiers allemands de 1944. Nous
aurions réussi la même performance sur terre que dans le ciel ou sur mer, une
section d’infanterie française n’aurait pas été détruite et une autre fixée
dans la vallée d’Uzbin par des combattants rebelles, bénéficiant certes de la
surprise et de la supériorité numérique mais équipés d’armements des années
1960.
Pour
obtenir une supériorité équivalente dans le combat terrestre, on peut choisir
une approche « lourde » avec une surenchère dans les moyens engagés,
engins blindés- appuis lourds -protection individuelle, au niveau minimum du
sous-groupement. Cela réduit évidemment les risques d’échec et de pertes mais prix
d’une dépendance importante aux bases et aux routes pour la manœuvre ou le
soutien logistique. Cette dépendance induit des pertes indirectes par IED ou
projectiles, une planification longue et l’augmentation des coûts. Surtout,
dans un contexte de réduction des moyens, s’il faut engager au minimum un
sous-groupement avec des appuis extérieures, cela réduit les capacités globales
de manœuvre française à quelques dizaines de pions tactiques.
On
réduit ainsi les risques d’un échec au prix d’une faible efficience. On peut
choisir au contraire une approche « agile » et faire vivre les
sections directement sur le terrain et au milieu de la population. De fait,
cette approche légère est incontestablement efficace comme en témoignent les
succès du CAP (voir le billet « une autre manière de pratiquer la
contre-insurrection) et du contingent australien au Viet-Nam ou plus récemment des
forces spéciales américaines en 2001 en Afghanistan et de l’US Army à Bagdad en
2007. Il faut cependant accepter de livrer de nombreux petits combats et donc
fatalement d’accepter le risque de pertes.
Réduire
la crainte politique de cette approche agile suppose de réduire les risques de
« cygnes noirs » et donc d’augmenter les capacités des sections
isolées. Lorsqu’on pourra engager en quelques heures autant de sections
d’infanterie que l’on veut dans n’importe quel milieu et contexte, avec une
supériorité incontestable sur n’importe quel ennemi local, on multipliera d'un seul coup la capacité stratégique française.
(à suivre)
Bonjour colonel,
RépondreSupprimerVotre texte me rappelle une tribune qui avait grandement attirée mon attention, celle du colonel Jérôme Dupont.
"La clef de l’efficacité militaire dans le contexte actuel est finalement de pouvoir disposer d’une capacité d’action élargie avec le minimum de moyens. Dans ce domaine, la réponse la plus efficace a été apportée par les forces spéciales qui ont su mettre sur pied des unités resserrées, polyvalentes et autonomes disposant de procédures de travail strictes et correctement formalisées et d’une organisation totalement adaptable avec une chaîne de commandement et de logistique allégée. C’est clairement vers ce modèle que l’armée de terre doit se diriger pour structurer ses unités opérationnelles."
Vous : "ou plus récemment des forces spéciales américaines en 2001 en Afghanistan et de l’US Army à Bagdad en 2007."
Colonel Dupont : "La nouvelle unité tactique de base (sous-groupement tactique interarmes) devrait pouvoir disposer de 4 pions de manœuvre, d’1 pion de sûreté rapprochée, de 2 à 3 pions de soutien et d’appui et d’équipes spécialisées. D’un volume moyen de 180 à 250 hommes, elle devrait pouvoir disposer d’une structure de commandement capable de gérer des appuis extérieurs. Ces unités de base peuvent ensuite être intégrées à d’autres structures tactiques modulaires dimensionnées en fonction des nécessités propres à la mission."
Il semblerait qu'il y ait "quelques convergences", bien que le colonel Dupont parle d'un "nouveau" SGTIA.
A voir la remarque que les combattants débarqués de l'ABC sont moins chargés que leurs collègues de l'Infanterie.
Cordialement
Source : http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/L-armee-de-terre-un-outil-couteux-marginalise-en-perte-d-efficacite--par-le-colonel-Jerome-Dupont_a56.html
Je suis assez d'accord avec Jerôme Dupont. Il faut repenser radicalement notre modèle de forces. Habituellement, on le fait après une grande défaite. Aujourd'hui, ce n'est même plus la peine...on s'est mis tout seul au niveau de l'armée d'armistice accordée par le vainqueur allemand en 1940.
RépondreSupprimerMon Colonel
RépondreSupprimerForce est de constater que la réflexion sur le combat des petits échelons, groupes et sections ne passionne pas les foules.Peu ou pas de réflexion ,institutionnelle ou pas, sur le sujet.L'INF 202 date de 1999, et hormis un additif en 2007 traitant essentiellement du maintien de l'ordre pas grand chose. Pourtant votre étude ¨sous le feu¨ évoque des pistes intéressantes.Car si une section occidentale moderne aurait bien du mal face à une section allemande de 1944 c'est pour des raisons de puissance de feu et donc d'organisation. Nos sections sont organisées pour le combat antichar courte portée, alors que comme vous le démontrer dans votre article l'infanterie combat essentiellement l'infanterie.Combien de véhicules blindés ont été détruit ou pris à partie par des sections de voltige Françaises ces 50 dèrnières années? Il est pourtant évident qu'à effectifs constants (contrainte budgétaire oblige)au pris d'une petite réorganisation et avec l'introduction d'armement peu couteux (mitraileuse 7,62,roquette antichar et anti structure, lance grenade)nos sections gagneraient en flexibilité, en puissance de feu AP, et donc en éfficacité. Je suis donc très étonné de l'absence d'intéret pour le sujet. C'est un peu comme si PEUGEOT se demandait pourquoi il ne vend pas plus de voitures mais avec des usines pleine d'ouvriers et de machine pour faire des brouettes.
Mon colonel,
RépondreSupprimerj'apporterais une vision un peu différente:
1/ le fantassin français est de plus en plus lourd, c'est une certitude. Malheureusement, l'histoire est une éternel cycle: la fantassin grec avec une lance tellement longue qu'elle était plutôt un pieu, a été balayé par le fantassin romain plus agile. La lourde chevalerie française a été défaite à Crécy par une cavalerie anglaise plus légère accompagnée de gens de pied. Nous sommes arrivés à une extrémité, nous reviendrons en arrière assurément.
2/ Nous reviendrons en arrière si le pouvoir politique accepte à nouveau la guerre et ses conséquences: l'impact stratégique des pertes françaises perdra ainsi de sa force car elles seront inscrite dans la logique de la guerre. Acceptant les pertes, la protection sera relativisée et perdra son caractère central dans le développement d'équipement (dans la suite logique de la guerre propre, zéro mort). Le fantassin redeviendra "félin et manoeuvrier".
3/ Le pouvoir politique acceptera la guerre si il accepte enfin d'avoir un ennemi. En partant en guerre, on engage ce qu'il faut: Uzbeen aurait été différente avec des drones de reco, un appui artillerie, des hélico armés, etc...Mais on n'engage cette force que face à un ennemi, pas à des insurgés ou des rebelles. Le panzergrenadier de 1944 en a fait l'expérience face à la Résistance française ou serbe et il a fallu aux Allemands engager des forces disproportionnées par rapport à leur adversaire pour un résultat tactique médiocre, en rien stratégique (plateau des Glières par exemple). Si la Résistance avait été traitée en ennemi dés le début, les mesures adpatées auraient été prises et la Résistance n'aurait pu se développer.
En conclusion, en acceptant de concidérer nos adversaires non comme des opposants mais comme des ennemis, on accepte l'idée de guerre donc on accepte non seulement d'engager les moyens adéquats mais surtout les pertes potentielles.
A l'heure du réexamen du livre blanc, la question de l'ennemi me semble pertinente et centrale.
Mon colonel,
RépondreSupprimerHormis la remarque intéressante du commentaire précédent sur l'objectif antichar vs l'objectif anti-infanterie, je me permet d'ajouter une piste qui me semble utile : les ROE. En effet, nos ROE sont des entraves (volontaires et probablement bonne, nécessaires et utiles) à l'efficacité tactique (pour le plus grand bien stratégique, a priori).
Je ne sais pas si nous battrions l'armée allemande de 1940, mais si nous ne nous n'éliminons pas toujours les talibans avant qu'ils nous éliminent, c'est que nous ne nous donnons pas le droit de tirer au moindre doute.
En Algérie, nos unités, mobiles, dynamiques, agiles ainsi que vous le dites, ont subit des pertes, élevées, acceptées alors par le politique (enfin, ...). Mais on peut également voir l'impact sur le camp d'en face : de très nombreux morts, incluant plausiblement erreurs et confusions.
En somme, que l'on mette nos sections sous blindage ou en "caleçon-claquettes", ça ne changera pas grand chose si on ne travaille pas sur les ROE. Je vois quatre pistes : effets, efficacité, intelligibilité, cohérence interalliée.
"Malgré ses équipements électroniques ou de protection, une section d’infanterie française moderne aurait des difficultés à vaincre une section de panzergrenadiers allemands de 1944. "
RépondreSupprimerDe jour, peut être.
De nuit par contre ...
Bin de nuit non plus. C'est qu'il y en a, des façons de s'éclairer quand il fait nuit, et ça ne date pas d'hier.
SupprimerLes fusées et grenades éclairantes sont efficaces.
De nuit, une section d'infanterie équipée d'instruments de visée nocturne (généralisés pour toutes les armes et pour tous les personnels depuis pas loin de 15 ans) exterminera une section qui n'en est pas dotée. Pas besoin de recourir à des moyens d'éclairement.
SupprimerVQE
18/02/2012 Tactiques utilisées en Syrie actuellement dans le cadre de combats MOUT, associant sections d'infanterie et blindés.
RépondreSupprimerSur les vidéos diffusées (France 24 entre autres) et sous réserve de leur exactitude, l'on peut observer l'utilisation en ville syrienne par l'armée du régime de Bachar el-Assad de "mini"-convois blindés, associant un 4*23mm Shilka (pouvant créer une véritable "boule de feu" sur +85°/-5° en site et 360° en azimut), précédé et suivi par un char lourd (type T72).
L'infanterie, nombreuse -plusieurs groupes-, débarquée, précède et accompagne parallèlement cette progression en MOUT le long du pied des immeubles de chaque côté de la rue. L'on peut noter aux embrasures des étages de ces immeubles la présence de quelques soldats (observateurs et/ou snipers?). Par contre, les images ne permettent pas de visualiser ce qui peut éventuellement se passer au même moment sur les toits, et encore moins à l'intérieur bien sûr, de ces immeubles et de leurs caves.
Les fantassins ne sont à l'évidence pas "alourdis" dans leurs déplacements par des équipements de protection spécifique, pas plus que les blindés d'ailleurs (pas de sur-protection par exemple de kit anti-RPG, que ce soit filet type QinetiQ ou sur-blindage actif ou passif plus lourd; soit par manque de temps d'installation, soit par considération que la protection contre ce type de menace n'est pas prioritaire).
La volonté de préserver un nombre le plus limité possible de pertes humaines (civils et soldats de tous bords) se semble de toute façon pas être un sujet considéré comme majeur dans ce conflit, mais l'utilisation du type de tactiques mentionnées plus haut semble dans ce cadre aussi tragique que militairement intéressante.
@BQ
SupprimerSur les combats de l'infanterie portée de l' Armée Arabe Syrienne il aurait fallu se reporter site ANNA News à l'époque où le centre d'interet principal de cette chaîne était la couverture du conflit Syrien ( 2013 ) . Les reporters étaient à bord des BMP de l'Infanterie portée et certains d'entre eux ont même été blessés lors de combats . Ces reportages permettaient JUSTEMENT de montrer plusieurs points de vue de la même opération et en particulier du commandant d'unité dirigeant la progression depuis un observatoire dans un immeuble en ruines . En fait la même opération était filmée depuis l'observatoire du commandant d'unité , depuis une caméra installée sur blindé de couverture , depuis une caméra embarquée dans un BMP.
Malheureusement beaucoup de ces vidéos , de véritables MOOCs du combat d'infanterie porté en zone urbaine avec appui blindé , ont disparu pour le grand public car le compte youtube associé a été cloturé !
On se demande bien pourquoi !
J'ai les boules commack de ne pas avoir enregistré ces vidéos avec FLUVORE ;0(
Il y avait des scènes intéressantes : Le briefing du chef de section avant la progression avec un crobar sur le sable fait avec un bâton de bois et l'aide de Google maps sur in i-phone ;0)
Il y a aussi des têtes de pirates inoubliables : Je pense en particulier à ce militaire de l' AAS en train de changer la chenille d'un BMP avec une barre à mines . Le portrait craché de John Belushi dans " 1941 " , cigare compris . Que Dieu et Allah le protégent ...
Voilà , j'ai pu en récupérer mais ce sont loin d'être les plus intéressantes et les plus pédagogiques ( Je suis prof ! )
https://www.youtube.com/watch?v=Sl1SM5R9ioM#t=576
https://www.youtube.com/watch?v=xj_LBiOhvlA
Daniel BESSON
Voilà ! J'ai retrouvé une petite partie des vidéos sur la chaîne d' Andrei Filatov ( 8 parties ) qui a traduit du Russkoff en Britiche .
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=SJ34KX2DFRU
Sur l'emploi du Shilka une autre video . Toutefois lorsque les positions des terroristes sont trop éloignées ou trop " dures " , c'est au T-72 que revient la mission de faire la différence .
La mission consiste à fragmenter un regroupement de terroristes
https://www.youtube.com/watch?v=WytvLttJrOU
Daniel BESSON
Nous avons abandonné toute stratégie de confrontation bloc contre bloc en une doctrine qui me rappel les années 1850-1870, le réel nous rattrape en moins d'un an la guerre dans le Donbass aurait fait plus de 50000 morts civils et combattants compris source de journaux Allemands ainsi que de Viktoria Shilova leader du mouvement ukrainien “Antiguerre”, députée du conseil régional de la région de Dniepropetrovsk.
RépondreSupprimerOn peut remarquer que l'aviation Ukrainienne a été confronté à une solide opposition sol-air ce qui a eu comme conséquence de retrouver le char pièce maitresse du conflit ainsi que l'artillerie en feu roulant.
Les séparatistes ont une bonne infanterie motivé et entrainé relativement âgé par rapport aux forces Ukrainiennes jeunes, démotivés et manques d'expériences au feu.
En conclusion ne fait on pas tout le contraire de ce que nous devrions faire au niveau de l'armée de terre par rapport aux évènements qui se passent à l'Est de l'Europe ??
Bonjour Toulemonde. Pour être bref, je dirais que le politique dit que La France est en guerre, mais ne met pas les militaires dans la rue pour FAIRE LA GUERRE!
RépondreSupprimerIntéressant billet (truisme, je le reconnais) qui pose deux questions :
RépondreSupprimer- celle de l'efficacité de la section d'infanterie. Trop loin dans mon passé pour que mon commentaire soit pertinent tactiquement. Cependant, il existe un risque fort à ce que l'infanterie ressemble aux forces spéciales. Car le politique ne comprendra pas le gain tactique, mais il verra la possibilité de réduire encore les armées, au motif que 3 membres des forces spéciales tiennent en respect n membres des forces classiques, donc réduisons l'a de t d'un rapport de 3/n.
- celle de l'acceptation des pertes par les politiques. Nous entrons ici dans les sphères de l'irrationnel...
Le fantassin léger souple et félin, hormis les troupes spéciales (et encore) fait désormais partie du passé. Il serait difficile de faire marche arrière, à la fois pour des raisons d'éthiques et d'économie.Le prix à payer serait aussi celui du sang. Il est donc nécessaire de réfléchir à une évolution du pion fantassin évoluant au sein d'un système info centré incluant un certain nombre de robots terrestres pouvant servir de mule afin de l'alléger, d'appui déshumanisé ou non et de moyens d’observation et de renseignement avancés. C'est l'objet de certaines études actuelles, à moins de revenir aux gros bataillons d'antan. La progression du fantassin sous blindage lorsque cela est possible pose un problème, celui de l'occupation fine du terrain. Reste l'appui par des blindés spécifiques déshumanisés ou pas, L'observation du conflit ukrainien nous renvoie cependant pas si loin des combats en ZU ayant eu lieu bien avant les 50 ans évoqués dans l’article du colonel Michel Goya. Ce n'est pas une raison pour ne pas réfléchir à d'autres possibles.
RépondreSupprimerEffectivement le fantassin léger, souple et félin ( l'infanterie légère en core en vigueur dans les années 90 ), présente à priori un risque plus élevés de mortalité et blessures graves. Mais cela est loin d'être certain car un militaire engoncé dans un gilet pare-balles, et autres équipements pesant 40 à 45 kilos, sa capacité manoeuvrière et souplesse sont sérieusement amoindris. Et toutes ces protections sont loin d'être totale : tête, jambes et bras ne sont pas protégées. Cela sans parler des nouvelles munitions de calibre moyen, pouvant les traverser à une distance de 100m et voir plus.
RépondreSupprimerJe me rappelle d'un article de notre hôte comparant la situation et pertes au Tchad au début des années 70, avec les conflits actuels ou passés récents. Au total les pertes au Tchad furent similaires, alors que c'était de l'infanterie légère : pas de gilets pare-balles, casques, etc... Si on compare l'embuscade de Bedo ( 1971 ) avec celles de Uzbeen ( 2008 ), qui avaient de fortes similarités tactiques, les pertes furent sensiblement les même. De plus à Bedo nos troupes ne bénéficiaient pas d'un quelconque appui aérien, et même de mitrailleuses lourdes ( 12,7 ) sur engin semi blindés.
De là mes interrogations et doutes, à moins de transformer chaque fantassin en blindé léger se déplaçant à pied !........
Bonjour Michel, restons mesurés sur l'exploitation des statistiques : si on ne déploie quasiment que des fantassins en opérations depuis x temps, il semble naturel que les pertes enregistrées concernent principalement....des fantassins. Voir la fameuse règle qui veut que, 70% des décès ayant lieu dans un lit, il ne faut pas se coucher pour gagner en espérance de vie. Plus sérieusement, je doute qu'il faille opposer le lourd et le léger, le protégé et le vulnérable. Il me semble plutôt que c'est dans la combinaison des composantes que se trouvent des possibilités de préserver au mieux les impératifs politico-médiatiques que tu cites d'une part et la capacité opérationnelle de la force d'autre part et cela afin d'agir dans la totalité des champs et éviter que "l'impact stratégique de ces micro-combats" que tu cites ne s'exerce que dans un seul camp. Et lorsque la prochaine surprise stratégique nous aura propulsé face à des forces mieux équipées, notamment en armement sol-air, rendant la pratique de la 3ème dimension beaucoup moins permissive, nous n'aurons de cesse de nous louer de ne pas avoir fait d'impasse budgétairement tentante et potentiellement utile à d'autres équipements, malheureusement moins utiles le jour J.
RépondreSupprimerMon Colonel voilà un débat crucial et il est adjacent à l’absence chronique d’infanterie.
RépondreSupprimerUn pays qui a 800 000 jeunes hommes et femmes sur une classe d’âge annuelle devraient bien pouvoir avoir 50 000 hommes en 12 brigades type infanterie légère avec une assise territoriale! Des Chasseurs (à pied) avec une instruction de 6 mois type Ranger. Cela en complément de nos forces actuelles, cela n’est pas contradictoire avec une force infanterie lourde et une force spéciale d’actives, la souplesse tactique est dans l’articulation des moyens. Notre pays souhaite accentuer le service civique ok, mais certain pourrait aussi participer à la défense en composant 50 % de ses brigades de chasseurs avec des volontaires.
Je vois qu'il ne manque pas de tacticiens sur ce blog! Tant mieux le débat peut s'enrichir...
RépondreSupprimerPar contre, le Colonel Goya oublie d'écrire et de réfléchir sur les erreurs de commandement, le manque d'encadrement dans les opérations de guerre.
Résultats beaucoup de soldats français tués que le haut commandement ''passe à la trappe '' sous le vocable ''mort pour la France''. Ouvrons rapidement ce martyrologe:
~ Sans remonter au désastre de Dien bien Phu du temps de l'Indochine, la guerre d'Algérie a vu plus de la moitié des tués dans des accidents d'armes (et de véhicules) sans que le commandement ait pris ce problème d'une manière concrète. On faisait dans la punition pour le fautif et dans la citation pour la victime.
~ Le Tchad a eu son lot d'embuscades au milieu de nulle part et d'accidents de munitions dans ce désert des Tartares avant et durant Manta.
~ Le Liban avec cette innocence de soldats formés dans nos camps métropolitains contre des combattants instruits à l'école de combat de rue...
~ La guerre du Golf avec ces deux tués français faute de connaissance sur les ''MIZ''...
~ L'ex-Yougoslavie avec les turpitudes bosno-serbes.
~ La R.C.I et le manque flagrant de renseignements basiques qui font que deux avions pilotés par des contractuels peuvent bombarder impunément un réfectoire et ses abords...
~L'Afghanistan et Uzbeen où le manque de courage intellectuel de refuser cette mission n'a d'égale que le courage physique des grenadiers voltigeurs pris dans une ferraille ambiante avec seulement 6 chargeurs de FAMAS...
J'en oublie sans doute... alors Colonel vous qui avez connu le "terrain" et qui savez rédiger, à quand un TTA des erreurs de terrain ?
La tactique, l’opératif, la stratégie, sont des sciences mole, que de l’humain avec tout ce que cela comprend de bon et de mauvais, et bien sûr le tout à l’image de nos chefs, de nos politiques, de nos sociétés du moments . Ceci dit, nous nous en moquons ! Notre force « nous en avons rien à foutre » la question pouvons-nous être intelligent tout le temps ! Essayons au moins de temps en temps nous en avons la possibilité et l’expérience, oui il y a eu Martyrologie et pas que par erreur, par faute, par suffisance, par négligence, par incompétence. (Vous avez oublié la RC 4 pas mal aussi) Mais il y a eu de l’intelligence la bataille de Vinh Yen, la bataille des Frontières 1958, Kolwezi, Harmattan, Serval … certes nous pratiquons du tactique-opératif pour des actions stratégique, un aveu de faiblesse…Citoyen temps qu’il y a de la ressource cognitive et des choses à améliorer il y a de l’espoir.
SupprimerCombat d'arrière garde plutôt que plaidoyer hélas. La section d'infanterie française appartient à l'histoire. Vos propos déjà nostalgiques l'attestent. Ma petite expérience l'illustre. Si 80% des morts en OPEX sont fantassins, nos politiques habiles hommes et femmes comprennent: "Sans fantassins plus de morts". De fait, avec le départ des fantassins d'Afghanistan il n'y a plus eu de morts. Pire, aucune réflexion globale n'a été entreprise. Les adaptations tactiques et techniques se sont faites sans coordination, ainsi le fantassin FELIN est en fait un GV blindé et connecté mais tous les autres postes d'un section d'infanterie (Tireur missile, tireur roquette, opérateur radio, pilote engin blindé, radio tireur, chef de groupe, chef de section, et de nouveau tireur FM), tous sans exception doivent subir des contraintes majeures dans l'exercice de leur fonction (surpoids, matériel excédentaire, ergonomie déficiente, rayonnement, incompatibilités diverses, hyperthermie...). En conséquence le combattant FELIN est tout sauf FELIN, tout sauf manoeuvrier, et n'est pas intégrable en Sous GTIA, sans compter qu'il est incompatible avec l'espace de bataille numérisé (en temps réel du moins!).
RépondreSupprimerConcernant le tropisme forces spéciales, rien de pire. Ce qui justifie l'emploi des FS est qu'ils sont aux ordres, pour emploi et du niveau d'engagement du CEMA. Les "conventionnels" relevant d'abord de leur armée sont d'un maniement plus difficile (génération de forces, respect des normes d'engagement, contrat opérationnel, coût du fait de leur empreinte logistique).
Aujourd'hui pour une génération de forces spécifique (guerre contre le terrorisme au plus près en BSS ou en Irak, la présence de fantassins est toujours discutée dans le moindre détail. La projection d'un LEGAD ou d'un spécialiste des infrastructures fait consensus quant celle d'un combattant débarqué fait toujours débat. Elle est clivante pour jargonner moderne. Faute d'avoir su se dégager d'une image de poilu/ soldat de l'AnII, faute d'avoir su sortir du complexe appelé/Para (cf les guerre pichrocoloques entre fantassins à bérets et insignes pléthoriques), et surtout, coupable d'avoir cru s'affranchir des rigueurs du terrain en cédant aux sirènes du "tout technologique", l'infanterie est morte. Deux terroristes écervelés certes mais déterminés, ultra motivés et correctement mais simplement équipés ont tenu en haleine la totalité du GIGN et des centaines de gendarmes pendant 48 heures. Imaginez 10 autres binômes agissant en même temps dans toute la France... L'infanterie est morte car elle n'est plus l'homme. L'homo militaricus Français est aujourd'hui aussi une femme, et c'est d'abord un agent de l'état, l'idéal guerrier est hélas porté à son paroxysme absurde par d'autres organisations non étatiques et barbares.
Je fais le même constat que vous, mais je pense que rien n’est perdu, il faut donner du sens, avec de la volonté et de l’exemple et cela suivra et le flambeau sera repris, notre histoire est plein de moment où nous avons touché le fond, après soit nous remontons, soit nous mourrons comme des moutons , et franchement les manif du 11 janviers, mes Jeunes Sapeurs-Pompiers qui galopent dans un cross pourri, je ne vois que du positif, du combatif, pas de soumission, de la retenu sans doute. Que nous soyons comptable de la vie de nos soldats je trouve cela parfait, temps que nous pouvons le faire, le gros FELIN il est le résultat de notre principe de précaution. Mais un jour le danger, la menace, l’urgence nous ferons oublier les risques, nous n’aurons pas le choix et cela a déjà commencé. « Nous prenons tous la porte par sécurité, dans l’urgence je suis surpris de la dextérité à passer par la fenêtre par manque de choix »
SupprimerQuid d'une réserve sur le modèle suisse, amélioré et correspondant plus à nos politiques d'opération ? Ou même mieux, quid d'employer la réserve a juste titre, et de l'engager des opérations de haute intensité ? La défense d'une BOA n'a rien d'étranger a Vigipirate/Sentielle, me semble t-il ...
RépondreSupprimerCitoyen Raba joie ?
RépondreSupprimerFranchement nous avons la chance et les moyens de faire un peu prêt ce que l’on veut ! ils nous manquent la volonté, la créativité, le sens de l’organisation, du sens commun et l’amour de la nation ! fin des années 80 j’avais travaillé sur une Force Française de l’Intérieur avec un équipement de seconde mains que l’on veille à ne pas user jusqu’ à la corde.
1 DEMI/BRIGADE MOBILE PAR REGION ARTICULEE (44 100 hommes et femmes)
- 10 demi-brigades motorisées
1 bataillon de Commandement et Soutien
1 bataillon d’infanterie motorisée (4cie)
1 Bataillon blindé (AML 90-60)
- 10 demi-brigades mécanisées
1 BCS (6 AMX 13 bitube – 6 AMX 13 105 – AMX VBG)
1 Bat Mécanisé (AMX 13 VTT rétro fitè) et après les AMX10P
1 bat Chasseur de char sur AMX 13/90. Et après les AMX30
- 1 demi-brigade de réserve mais moderne sur AMX 30 et AMX 10P et après sur Leclerc
95 à 100 DEMI-BRIGADE CHASSEUX DEPARTEMENTAUX (210 000 hommes et femmes)
- 9 demi-brigades de chasseurs frontaliers (avec halftrack et M47)
- 6 demi-brigades de chasseurs Alpins (combat en montagne)
- 5 demi-brigades de chasseurs Pyrénéens (idem)
- 22 demi-brigades de chasseurs côtiers (combat côtier et amphibie)
- 3 demi-brigades de chasseurs parachutistes (combat aéroporté)
- 50 demi-brigades de chasseurs à pied (combat antichar et Urbain)
- 5 demi/brigades semi alternées DOM
Avec bien sur des forces d’actives :
Force d’action Rapide 30 000 H
Force d’action Mobile 60 000 H
Force de soutien 30 000 H
Citoyen bien peu pour un pays comme le nôtre ! ne pas attendre il est jamais trop tard ….
Pour les passionnés, vous pouvez commander chez Marannes Editions, "Le groupe de combat allemand 1939-1945", Collection tactique n°1.
RépondreSupprimerC'est bien fait.