Dans les années
1980, l’invasion de la République fédérale allemande par les forces du Pacte de
Varsovie était le thème le plus joué dans les jeux de guerre, ou wargames,
institutionnels ou commerciaux simulant des conflits non plus historiques mais
potentiels. Actuellement, le conflit potentiel le plus joué est sans aucun
doute celui qui opposerait les États-Unis et la Chine pour la défense de
Taïwan. Le détroit de Taïwan est la nouvelle « trouée de Fulda »
On peut ainsi s’appuyer sur des jeux commerciaux particulièrement
précis et documentés comme ceux de la série Next War de la
société GMT Games, les rapports prospectifs de la RAND Corporation ou encore
les 24 wargames effectués récemment par le Center for Strategic and
International Studies (CSIS). Tous ces produits et documents sont
américains, et donc d’une certaine façon juges et parties. Nous reviendrons sur
cette question, mais prenons pour postulat leur objectivité et intéressons-nous
d’abord à ce qu’ils établissent.
Tigres et dragons
Plusieurs scénarios de recherche de la conquête de l’île de Taïwan
par la République populaire de Chine (RPC) sont envisageables, de la conquête
rapide par une invasion à l’absorption progressive, en passant par un blocus
accompagné d’une campagne de raids et de frappes. Nous ne parlerons ici que du
premier, celui de l’invasion.
Pour tenter cette invasion, l’Armée populaire de libération (APL)
dispose de trois forces principales :
Une force de frappe disposant d’au moins 1 200 missiles
balistiques à courte portée et 500 à moyenne portée ainsi qu’un millier de
missiles de croisière de tout type, dont quelques CJ-100 hypersoniques lancés
par air et d’au moins 2 000 km de portée. Associée à un système
satellitaire dédié, cette force est capable de frapper non seulement l’île de
Taïwan, mais aussi les bases américaines dans toute la région y compris Guam et
les bâtiments décelés.
Une force d’assaut avec une composante aérienne d’un corps d’armée
de trois divisions aéroportées avec deux escadrons de transport aérien et
plusieurs escadrons d’hélicoptères et une composante amphibie de trois brigades
de marines et deux divisions mécanisées légères spécialisées. Il y a surtout
une flotte spécialisée de 89 bâtiments (4 groupes amphibies dans Next War
Taïwan, NWT). Une fois une tête de pont réalisée, la flotte amphibie est
capable de porter tous les trois jours une des huit divisions blindées,
mécanisées et motorisées immédiatement projetables depuis la côte de la
République populaire. Elle peut déployer beaucoup plus et plus vite si des
cargos civils peuvent débarquer dans un port conquis à Taïwan.
Une force d’intervention « multi-milieux » composée
d’environ 800 avions de combat disponibles dans la région soit 32 escadrons à
24 avions dans NWT dont trois de 5e génération (J-20 et J-31)
et six escadrons à 12 bombardiers H-6 porteurs de missiles de croisière. Il
faut y ajouter aussi le réseau dense de défense antiaérienne en particulier
dans les 39 bases navales et aériennes à 800 km de Taïwan. La force en mer
dispose de deux groupes aéronavals (trois à partir de 2024) et trois puissants
groupes de combat de surface (SAG), soit deux porte-avions et 75 frégates et
destroyers ainsi que cinq patrouilles de quatre sous-marins d’attaque diésel.
On peut y ajouter une composante clandestine sur l’île de Taïwan pour
renseigner et saboter ainsi qu’une composante cyber visant à entraver les
réseaux C4ISR adverses et localiser des cibles. La mission de cette force
polyvalente est susceptible de compléter les frappes de la force de missiles,
mais surtout de couvrir et protéger la force d’assaut autour de la zone
d’opération et dans le détroit.
En face, Taïwan dispose d’une force de dispute des milieux fluides
à partir d’un système de défense aérienne intégré sol et air avec 13 escadrons
(environ 400 avions de combat) et sur mer de deux SAG réunissant une trentaine
de bâtiments. Les forces terrestres sont organisées en trois corps d’armée de 8
à 10 brigades. Cinq îles, dont Quemoy très proche du continent, sont fortifiées
et disposent d’une garnison d’une à quatre brigades. Les trois corps d’armée
peuvent être renforcés de 24 à 26 brigades de réserve. Quatre brigades
aéroportées constituent la Force spéciale aux ordres de l’état-major général.
Les forces américaines dans la région sont évidemment puissantes.
Dans NWT la 7e flotte de l’US Navy peut déployer quatre groupes
aéronavals, quatre groupes amphibies, un puissant groupe de surface et six
patrouilles de sous-marins nucléaires d’attaque. US Air Force, US Navy et US
Marines (USMC) totalisent 43 escadrons de combat dont sept de 5e génération
(F-22, F-35B et C), sept escadrons de guerre électronique, sept escadrons
d’attaque au sol. Hors zone d’opération, l’USAF peut également faire appel à
huit escadrons de 12 bombardiers (B-52H, B-1B et B-2A). Les Américains ont
également la possibilité de déployer des forces à terre un régiment littoral du
corps des Marines (MLR) et/ou une force multi-domaines de l’US Army (MDTF),
soit pour faire simple des brigades bardées de missiles antinavires et
antiaériens. Si les conditions le permettent, accès sécurisé à des ports et
aéroports taïwanais, USMC et US Army peuvent déployer ensuite plusieurs
divisions, légères d’abord puis blindées-mécanisées.
Le problème majeur des forces américaines est qu’elles ne sont pas,
au nom de la « politique d’ambiguïté », déjà déployées sur l’île de
Taïwan. Politiquement, cela peut toujours conforter le doute sur la
détermination américaine à combattre et si le gouvernement de Chine populaire
se persuade que les Américains n’interviendront pas, la tentation d’une
invasion deviendra très forte. C’est un peu le pendant de l’invasion de la
Corée du Nord par les forces des Nations-Unies en octobre 1950 en croyant que
la Chine n’interviendra pas. Militairement, la nécessité pour les Américains
d’intervenir en quelques jours à partir du début d’une éventuelle invasion de
Taïwan leur impose d’être dans des bases proches, au Japon en particulier et à
Guam. Or, ces bases sont désormais à portée de tir de la puissante force de
frappe chinoise.
La République populaire de Chine (RPC) de son côté est placée
devant le dilemme de couvrir son opération d’invasion par des actions
préalables – attaque des bases au Japon, occupation des îles Spratleys en mer
de Chine du sud ou des îles Senkaku au nord – qui impliqueront des nations
tierces dans la guerre, le Japon en particulier, ou bien de ne pas le faire
mais de laisser agir trop facilement les forces américaines.
Voyons maintenant comment tout cela s’engeance et les conclusions
à en tirer.
D Day à Tainan
Passons rapidement sur le scénario de l’invasion de Taïwan par
l’Armée populaire de libération (APL) sans que cela provoque aucune
intervention extérieure. Là les choses sont assez simples. La force de missiles
détruit rapidement la marine taïwanaise et une grande partie de ses bases
aériennes. Pour peu que la défense sol-air soit elle-même rapidement
neutralisée et les escadrons de chasseurs-bombardiers porteront le coup de
grâce. Presque simultanément, l’assaut est mené sur une des quelques zones de
débarquement possibles, soit en pointe sud avec Tainan comme objectif, soit
plutôt en pointe nord en direction de Taipeh, soit encore et moins
vraisemblablement sur la côte Est de l’île. Malgré une résistance taïwanaise
acharnée et une géographie difficile pour la manœuvre, toutes les simulations
indiquent une conquête de l’île en environ un mois. Même en modifiant les
variables en faveur d’une armée taïwanaise plus forte que prévu et une APL plus
faible, s’il n’y a pas d’intervention américaine, l’île est condamnée à être
occupée. Et là, pas de scénario à l’ukrainienne avec une aide matérielle venue
de l’extérieur puisque Taïwan sera soumise à un blocus.
Le scénario le plus intéressant est évidemment celui où le
gouvernement de la RPC est persuadé de l’intervention américaine. Dans ce cas,
l’attaque préalable par la force de missiles des bases américaines au Japon et
notamment à Okinawa ainsi que sur l’île de Guam paraît indispensable au succès
de l’invasion. Ce « Pearl Harbor » en mer du Japon serait dévastateur
l’aviation américaine en particulier – on chiffre à plusieurs centaines
d’appareils perdus – et secondairement à la marine. Il poserait au Japon le
dilemme de rester neutre ou de s’engager à son tour, avec des forces non
négligeables (cinq escadrons de combat, un puissant groupe de surface et deux
patrouilles de sous-marins).
Cette phase de frappes s’effectue en même temps que des frappes
sur Taïwan, prolongées on l’a vu par des raids aériens et un assaut
aéro-amphibie que personne ne peut empêcher. Tout l’enjeu pour les Alliés –
États-Unis, Taïwan et sans doute le Japon – est alors de résister le plus
longtemps possible sur l’île et de détruire la flotte amphibie de l’APL. Sans
flotte amphibie et un ciel disputé, il ne sera plus possible de ravitailler la
force débarquée et contenue. Celle-ci sera dès lors obligatoirement détruite.
L’opération américaine prendre la triple forme d’une avancée des
groupes de la 7e flotte vers le détroit jusqu’à être à portée de tir et de
raids avec une pénétration préalable des SNA, d’une bataille pour la conquête
la supériorité aérienne au-dessus de Taïwan et le détroit, probablement sans
toucher les bases sur le continent pour éviter une escalade, et enfin d’un
débarquement par air ou mer de forces terrestres qui aideront les forces
taïwanaises à contenir l’ennemi.
Dans la grande majorité des jeux fondés sur ce scénario, la force
de missiles chinoise finit mécaniquement par s’épuiser, les forces aériennes
américaines prendre le dessus sur la FA-APL et la défense aérienne navale puis
les forces navales américaines pénétrer dans le détroit. Tous ces efforts
conjugués associés à ceux des batteries antinavires à terre, finissent par
détruire la force amphibie ennemie. Le plus souvent la défaite de l’APL est
acquise en deux semaines. Dans les scénarios où toutes les variables sont
favorables à la RPC et défavorables aux Alliés (qualité des troupes, capacité
des missiles de croisière américains JASSM-ER à tirer en anti-naval, nombre de
missiles PAL sous-estimé, refus d’emploi des bases par le Japon, etc.)
aboutissent à un enlisement dans Taïwan, avec un front figé avec à moyen terme
une intervention à terre américaine mieux ravitaillée que celle de l’APL. Il
n’y a aucun jeu où la RPC est parvenue à conquérir totalement Taïwan malgré
l’intervention américaine.
Défaite de la Chine populaire quasi obligatoire donc en l’état
actuel des choses mais à un prix colossal pour peut-être trois semaines de
combats : pertes humaines par dizaines de milliers de morts et des armées
ravagées. Même les Américains paieraient un lourd tribut avec de 6 000 à
10 000 morts selon les 24 jeux du CSIS et des dégâts matériels
considérables. C’est en soi une donnée politique. Une étude de la RAND
Corporation de 2015 montrait clairement que la Chine échouait toujours dans les
scénarios d’invasion de Taïwan depuis 1996 mais que l’ampleur de l’échec
diminuait avec le temps alors que le prix à payer pour les États-Unis
augmentait toujours, jusqu’à ce qu’il puisse être un jour considéré comme
rédhibitoire. Et même si les Américains ne sont pas dissuadés, il faudra en
persuader les Chinois Au rythme de progression des forces chinoises, une telle
vision pourrait dominer à la fin de la décennie.
D’un point de vue opérationnel, ce qui ressort de tous ces jeux
est l’extrême vulnérabilité de tous les systèmes d’armes lourds, lents,
visibles, dans un environnement où on se lance des milliers de missiles en tout
genre, d’une portée très variable mais pouvant aller jusqu’à plusieurs milliers
de kilomètres et tous relativement précis. Dans la quasi-totalité des jeux, la
grande majorité des bâtiments de surface sont détruits par missiles. C’est le
cas de la totalité de la flotte taïwanaise, de la majeure partie de la force
navale de surface de l’APL engagée, dont au moins 80 % de la flotte amphibie,
mais la marine japonaise perd aussi entre 20 et 30 bâtiments alors que la 7e
flotte en perd entre 17 et 25 importants suivant les jeux du CSIS. Point
particulier dans absolument tous les jeux : les porte-avions s’avèrent
particulièrement vulnérables. Il n’y a pas un jeu où l’US Navy n’en perd pas au
moins un (deux en moyenne dans les jeux du CSIS). Les deux porte-avions chinois
subissent presque toujours le même sort. Les forces aériennes subissent
également d’énormes dégâts. L’armée de l’Air taïwanaise est toujours
entièrement détruite, celle de la RPC perd entre 60 et 90 % de ses avions
engagés, presque tous dans les airs ou coulés avec les porte-avions puisque les
bases ne sont probablement pas attaquées. Les Américains perdent aussi
systématiquement plusieurs centaines d’avions, et jusqu’à 700 dans certains
jeux. La différence est que la grande majorité des pertes aériennes américaines
se fait au sol ou sur les porte-avions coulés.
Quelques systèmes d’armes s’en sortent le mieux dans tous les
jeux. En premier lieu, on trouve les sous-marins d’attaque et particulièrement
les SNA Los Angeles et Virginia dont chaque
patrouille coule une moyenne de 20 navires ennemis au prix de la perte d’un
bâtiment. Les sous-marins diesel, comme les Kilo chinois, sont moins efficaces
et souffrent mais restent plus efficaces que les bâtiments de surface. Autre
système gagnant, en particulier pour le CSIS : les bombardiers à long
rayon d’action équipés de missiles de croisière à longue portée. Ces bombardiers
sont peu vulnérables puisque leurs bases ne sont pas accessibles aux missiles
ennemis et ils peuvent tirer à distance de sécurité. Ils peuvent également
emporter beaucoup de munitions, 200 missiles pour un escadron de 12
« camions à bombes » B-52H. Le CSIS fait grand cas des missiles
JASSM-ER (Joint air-to-surface standoff missile-Extended range),
furtifs, puissants et à longue portée (1 000 km). En considérant, donnée très
importante, que ces missiles prévus d’abord pour frapper des cibles à terre,
soient efficaces également en antinavires et qu’ils soient produits en nombre
suffisant et ils peuvent suffire à eux seuls à enrayer l’offensive chinoise.
Troisième système gagnant : les batteries antinavires basées sur l’île de
Taïwan ou les îles bastions proches armées de missiles de conception locale
Hsiung Feng II et III ou importées comme les Harpoon. Ils seraient également
responsables d’une bonne partie des dégâts infligés à la force d’invasion
amphibie et pour un rapport coût-efficacité supérieur aux autres systèmes.
Toutes ces simulations (et la guerre en Ukraine) semblent
confirmer aussi l’idée de défense en hérisson de l’amiral Lee Hsi-min, ancien
chef d’état-major des armées de la République de Chine. Il vaut mieux pour
Taïwan investir dans une défense en techno-guérilla selon l’expression
popularisée par Joseph Henrotin, à base de nombreuses d’armes anti-accès
mobiles, bon marché et de petites tailles plutôt que dans de coûteux bâtiments
de surface ou des forces aériennes qui seront rapidement détruits par l’ennemi
sans avoir vraiment servi. C’est moins impressionnant qu’une structure
classique des forces, et donc peut affaiblir la stratégie déclaratoire, mais
sûrement plus efficace opérationnellement. C’est globalement la philosophie des
MLR de l’USMC ou des MDTF de l’US Army, efficaces selon les jeux du CSIS, les
seuls à les intégrer dans les scénarios, surtout s’ils sont dotés de moyens à
longue portée (le CSIS préconise de doter ces forces terrestres de missiles de
croisière à longue portée). Le problème est qu’il semble de plus en plus
difficile dans un tel environnement « anti-accès » aussi pour les
Américains de débarquer dans un port ou un aéroport. Le renforcement des forces
locales « avant » la guerre et non pendant prend beaucoup plus
d’importance.
Un mot sur la France, qui, comme le Royaume-Uni, n’est jamais
intégrée dans les jeux malgré sa proclamation tous azimuts de son caractère de
puissance « indo-pacifique ». La faute en revient sans doute et comme
souvent à l’absence de moyens à la hauteur de l’ambition proclamée, mais aussi
de discours clair sur l’attitude qui serait celle de la France en cas de choses
sérieuses. En clair, la France interviendrait-elle aux côtés des États-Unis et
éventuellement du Japon en cas de tentative d’invasion de Taïwan et si oui,
avec quels moyens puisque ceux-ci, sauf les SNA, ne sont pas adaptés au
contexte. Fleuron de notre diplomatie navale, le Charles de Gaulle aurait
sans doute un peu de mal à survivre dans le contexte opérationnel du détroit de
Taïwan. Quelques bombardiers dans une Nouvelle-Calédonie transformée en
porte-avions géant auraient sans doute plus d’effets et d’effets permanents
dans la région, si on avait des bombardiers.
De l’importance stratégique de jouer
Dernier point, et non des moindres, sur l’importance stratégique
des wargames. « La guerre est une expérience dont l’expérience ne peut se
faire » disait Henri Poincaré, en fait il parlait du combat dont
effectivement l’expérience au contact de la mort reçue ou donnée ne peut être
parfaitement simulée. Mais quelques dizaines d’années auparavant, le grand
état-major prussien avait pourtant montré qu’au contraire on pouvait créer
expérimentalement une image cohérente des opérations militaires futures en
fusionnant un ensemble de données issues de l’histoire, de l’analyse du conflit
du moment, des simulations sur le terrain (grandes manœuvres) et in fine, une
fois ces données transformées en éléments de jeu, des simulations sur cartes.
C’est ainsi que l’armée prussienne seulement pourvue de cette expérience
virtuelle jusqu’en 1864 a pu l’emporter sur l’armée française, la plus
expérimentée dans le monde réel à ce moment-là. Bien entendu, pour que ce soit
utile il faut faire ça avec la rigueur scientifique des sciences
expérimentales, comme la médecine décrite par Claude Bernard à la même époque.
Bien sûr également, il faut que ces expériences de simulation servent à forger
des opinions solides et non à fournir des éléments de confirmation pour des
opinions déjà formées. Et si par extraordinaire le résultat des simulations est
en contradiction avec une opinion, c’est l’opinion qui doit changer et non le
résultat. Tout cela demande, il est vrai une rigueur peu commune avec beaucoup
de décisions stratégiques, mais le jeu est la seule méthode sérieuse pour
dissiper un peu l’incertitude.
La particularité de la « simulation de Taïwan » comme
celle de la trouée de Fulda, ou quelques rares autres, est que ces éléments
normalement réservés à un cercle réduit sont offerts au grand public par les
publications ouvertes et les jeux commerciaux très sophistiqués. Les mêmes
données donnant les mêmes résultats à travers la même équation, des simulations
rigoureuses doivent normalement donner des résultats similaires et c’est ainsi
que l’on forme une opinion commune sur ce qui peut se passer…et donc
l’influencer. Il faut espérer que le haut-commandement chinois simule aussi
l’invasion de Taïwan et s’il le fait rigoureusement, pas comme les Japonais
supprimant en pleine guerre le groupe de simulation qui prédisait la défaite,
il n’attaquera pas tant qu’il n’aura pas, en bon adepte de Sun Tzu, beaucoup
plus de chances de réussite. Espérons.
De la même façon, si on s’était concentré sur la simulation
commune d’une invasion de l’Ukraine par la Russie peut-être aurait-on eu une
meilleure idée de ce qui allait se passer, à condition bien sûr et encore une
fois de l’avoir fait rigoureusement en introduisant des variables « plus
et moins que prévu ». Mais cela n’a visiblement pas été fait, et surtout
pas à Moscou. On voit le résultat.
On peut espérer désormais qu’il y a quelque part à Paris une
grande carte de l’Ukraine et ses environs avec des centaines de pions et que
l’on y joue des scénarios à la demande. On peut même imaginer une carte de
l’Europe ou du monde. Enfin, c’est ce qui se passerait si on était sérieux.