lundi 16 novembre 2020

Guerres et terrorisme : sortir de l'idéologie

Le 30 octobre dernier, la chroniqueuse Judith Bernard invitée sur le plateau de 28 Minutes répondait à la question "Pourquoi la France est-elle visée par les attentats terroristes ?" par l'idée d'une réaction à une agression de la France et des pays Occidentaux contre les pays arabes et en France même par une "guerre symbolique" contre les musulmans. C'est ici

Le 14 novembre, une tribune intitulée "Guerres et terrorisme : sortir du déni" et signée par plusieurs personnalités est publiée dans L'Obs ici venant en soutien de cette thèse. 

Je réponds à ces propos et à cette tribune ici dans un podcast de 30 minutes pour l'Institut de recherche et d'études sur les radicalités.

9 commentaires:

  1. Je me souviens de cette intervention de Judith Bernard que j'ai trouvé choquante. En consultant son profil Facebook j'ai mieux compris le corpus idéologique qui l'anime et c'est une pure illustration de ce que l'on nomme islamo-gauchisme. Je me demande pourquoi donner une tribune à la télévision à ce type de personnage toxique, qui en plus, avec son métier de metteur en scène, ne peut se prévaloir d'aucune expertise dans les domaines politiques ou géopolitique.

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  2. Je ne comprends pas que déclarer "L'armée française a fait des dizaines de millier de morts parmi la population civile" n'engage pas des poursuites en diffamation, tant cette assertion semble difficile à étayer factuellement.

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  3. Pour faire court cette tribune de l'Obs ainsi que les propos de Judith Bernard sont typiques de lislamo-gauchisme : mélange de partis pris idéologique, de mauvaise foi et de mensonges éhontés. Mon colonel votre réponse à ces sornettes sont fort pertinentes, mais hélas leurs auteurs (res) ne les écouterons pas ou les traiterons avec mépris...

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  4. J'ai écouté votre podcast. Vous affirmez qu'il est tout à fait légitime en démocratie de discuter de l'emploi de la force armée par l'Etat. Mais en guise de discussion, vous disqualifiez d'emblée les auteurs de la tribune incriminée (même si vous développez bien sûr ensuite vos propres arguments)...
    Vous affirmez ainsi que le raisonnement des auteurs de la tribune revient à justifier les crimes des terroristes (alors même que les auteurs rappellent qu'expliquer n'est pas justifier), vous leur prêtez l'intention de relativiser l'horreur des crimes djihadistes... Admettez que c'est une manière pour le moins radicale de vouloir interdire la discussion. Par ailleurs vous ironisez sur le "cubisme" et le manque de cohérence et de fondements scientifiques de cette tribune - en omettant à ce propos que la tribune cite les travaux d'une dizaine de chercheurs, avec les conclusions desquelles on peut être en désaccord mais qui ne sont tout de même pas tous des pantins...
    Vous accusez les auteurs de la tribune d'être beaucoup trop réducteurs. Pourtant il y est écrit en toutes lettres que les causalités sont multiples et que les ingérences militaires ne sauraient être la seule explication. La tribune visait simplement à rappeler qu'il n'est pas légitime (et pas sérieux intellectuellement) d'exclure ce facteur (l'impact des ingérences militaires sur les sociétés des pays visés) du débat démocratique.

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  5. Quant aux reproches d'à peu près et de manque de cohérence que vous faites aux auteurs, tout le monde s'y expose. Deux exemples que j'ai relevés dans votre podcast :
    - vous mettez au défi les auditeurs de trouver un seul exemple de situation où les troupes françaises auraient causé des pertes civiles... or, comme vous le reconnaissez quelques minutes plus tard, il est bien évident qu'à partir du moment où on privilégie l'aviation et l'artillerie, on "transfère les risques" sur la population civile. Sans la cibler spécifiquement, on sait très bien qu'on va y faire des morts. Les règles d'engagement de l'armée française sont peut-être sur ce point plus soucieuses des dommages collatéraux que, mettons, celles des Américains, il n'empêche qu'on sait très bien que ce mode de combat cause des victimes civiles. Dont on parle effectivement peu dans les médias, ce ne serait pas sérieux de prétendre le contraire (il faut souvent des années pour que des exactions avérées soient évoquées dans les médias -cf l'exemple de l'armée australienne ces derniers jours- alors on ne va quand même pas faire tout un plat des victimes "collatérales", sous-entendu "non intentionnelles"...)
    - vers la fin vous affirmez que même si nous n'avions pas de soldats au Moyen-Orient et en Afrique, nous subirions des attaques terroristes. Il y a bien sûr du vrai là-dedans (cf Autriche), mais comme vous le rappelez vous-même la montée en puissance des mouvements djihadistes repose en partie sur une réaction aux ingérences étrangères (URSS en Afghanistan, USA en Arabie et en Irak, etc.). Que l'agenda de ces mouvements soit partiellement déconnecté des interventions occidentales c'est vrai (le but ultime de ces mouvements islamistes intégristes est in fine d'imposer leur loi partout où ils le peuvent). Mais que les ingérences occidentales aient considérablement boosté les possibilités de recrutement de ces mouvements et continuent de le faire, c'est une hypothèse qu'il me paraît dérisoire et dangereux de balayer d'un revers de main...
    Dernière remarque : vous intitulez votre billet "sortir de l'idéologie". L'idéologie, c'est souvent le nom qu'on donne aux valeurs de ses détracteurs. Mais quand j'entends la personne qui vous interviewe parler de la "entre guillemets "violence de l'Occident"" (sérieusement... on peut être d'accord ou pas avec les interventions occidentales, mais nier qu'il s'agisse de violence...) ou bien quand je lis dès les premiers commentaires sous votre article les procès en "islamo-gauchisme" (et pourquoi pas judéo-bolchevisme tant qu'on y est), je me dis que les œillères idéologiques ne sont pas l'apanage d'un camp.
    Cordialement,
    M.Leprince
    (vous seriez tout à fait dans votre droit de ne pas publier ce commentaire, la liberté d'expression n'implique pas l'obligation de publication par un tiers, fort heureusement ! mais je tenais à réagir car je lis souvent avec intérêt vos publications et la question de l'impact des ingérences armées me semble mériter mieux que des anathèmes au prétexte d'œillères idéologiques des uns ou des autres)

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    1. La langue Française est très précise. Donc quand on n'est pas capable de faire une synthèse correcte, on ne donne pas de leçon.
      Le Colonel Goya n'a pas mis au défit de trouver des pertes civiles causées par l'Armée Française (dommages collatéraux), il mis au défit de trouver des pertes civiles causées "sciemment"/"volontairement".
      Il est illusoire de croire qu'on peut faire la guerre au milieu de la population sans faire de victime.
      Mais les bisounours qui sautent sur le moindre dommage collatéral alors que l'ennemi lui ne se prive pas de frapper la population civile pour la soumettre par la violence sont abjectes. C'est servir la propagande de l'ennemi.

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    2. Oui, la langue française est précise. Quand on utilise des armes lourdes (que ce soit l'aviation ou l'artillerie) pour minimiser les pertes dans ses propres rangs, on cause sciemment, volontairement, des pertes civiles. Remarquez que je n'impute pas la responsabilité de ces choix aux militaires. Ce sont les politiques qui font sciemment cet arbitrage. Un soldat français mort, c'est bien plus grave politiquement que des victimes civiles dont on entend à peine parler ici. Qui ne sont après tout que des dommages collatéraux, expression que vous utilisez sans guillemets, sans sourciller.
      Quant à l'argument massue "c'est servir la propagande de l'ennemi", stop. Ou alors dites clairement que vous ne supportez pas la démocratie. Ce n'est pas parce qu'on n'adhère pas aveuglément à la politique étrangère de l'Etat français (dont l'armée n'est qu'un instrument) qu'on soutient les djihadistes, dont les méthodes comme les objectifs sont criminels.

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    3. Quant à refuser de considérer que les ingérences occidentales ont été l'un des carburants essentiels de la montée en puissance extraordinaire des mouvements djihadistes ces quarante dernières années (pas le seul carburant bien sûr : la faillite du panarabisme, la corruption et l'incurie des Etats locaux...), c'est refuser de penser les choses (je reviens là-dessus parce que c'est quand même le sujet de départ). Quand on réfléchit à un problème sérieusement, on n'exclut pas des données essentielles quand bien même on craindrait qu'elles fassent "la propagande de l'ennemi".

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  6. Déjà merci à vous de nous avoir donné tout les éléments successif dans ce débat.

    Ensuite j'avouerai pour ma part avoir été légèrement choqué par la virulence avec laquelle madame Bernard est réduite au silence dans l'émission original et qui force le journaliste a abandonner un sujet qui n'aboutit qu'a des échanges d'anathèmes. Même sans souscrire à une position qui peut être radical on devrait pouvoir débattre réellement sur ces sujets.

    Pour tenter de poursuivre le débat sur ce sujet difficile je voudrai aborder deux points :

    * Dans le podcast vous rappelez que au delà des actes horrible le véritable but du terrorisme est politique, il vise à instaurer un règne de sa terreur. Ceci dit il reste aussi évident qu'en terme de "volume de destruction" les actes terroristes restent bien en deçà de ce que pratique les armées occidentales au moyen orient. Et encore plus de ce qu'elles sont prêtes à pratiquer en cas de véritable conflit "chaud" entre puissances. Dans ce cas là savoir qu'elle est vraiment le but de ces destructions et cette violence est elle un moyen d'atteindre ce but me semble une question légitime.
    Une suggestion simple, le but est autant politique, de montrer des images d'actions impressionnantes, que quoi que ce soit d'autre.

    * De même vous argumentez, à raison je pense, que même sans "agression occidentale" le terrorisme existerait toujours. Ceci dit je pense que malgré tout la diplomatie de le France renforce notre état de cibles. En effet les attentats à l'étranger semblent être pour ces groupes aussi une méthode pour se construire de la légitimité dans leurs compétitions internes. Et alors une victoire contre, un attentat réussis chez une grande puissance vaut plus qu'un braquage locale.
    Hors la France fait le choix de lutter activement et visiblement contre les mouvement jihadistes. Beaucoup plus que l'Allemagne par exemple, elle en devient donc une cible de choix je pense.
    De plus on ne peut pas nier les facilité en terme de propagande qu'offrent nos pratiques de "guerres par procurations".

    Respectueusement

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