mercredi 14 janvier 2015

Contre-attaque

L’Histoire tend à montrer que ce n’est bien souvent que lorsque la Patrie est en danger que la France consent à se transformer, comme s’il lui fallait obligatoirement toucher le sol pour pouvoir rebondir plus fort et casser les freins qui l’empêchaient de s’élever. L’épreuve qu’elle subit aujourd’hui, épisode le plus violent sur notre sol d’une guerre qui dure depuis maintenant vingt ans et durera sans doute au moins aussi longtemps, est au moins le révélateur de certaines forces et faiblesses de notre nation. Il peut être aussi le début d’une transformation, sans doute obligatoire si nous voulons vraiment triompher de ce fléau.

Le fait que trois individus aussi stupides qu’ignobles puissent porter un coup puissant à la France et surtout le fait qu’ils puissent être imités est d’abord le résultat d’un dysfonctionnement de l’Etat. Surmonter ce dysfonctionnement va bien au-delà des mesures immédiates, nécessaires, qui ont été mises en œuvre, dont la plus spectaculaire est l’engagement des forces armées dans la plus grande opération militaire française depuis la guerre du Golfe en 1990. Des moyens de renforcement d’urgence ont été octroyés au système de renseignement et il est question de modifier lois et règlements. L’erreur, sinon l’inconséquence, serait de se contenter de cela.

Bien plus que de nouvelles lois, la protection des Français, mission première de l’Etat, demande un minimum de moyens. Dans un pays qui produit pour plus de 2 000 milliards d’euros de richesse chaque année, moins de 50 sont prélevés pour assurer la défense de la France et des Français, pour environ 850 consacrés aux autres actions publiques et sociales. Pire, cet effort diminue régulièrement depuis vingt-cinq ans. Si, en termes de pourcentage du PIB, la France mondialisée faisait le même effort que la France de 1990, c’est entre 80 et 90 milliards qui seraient consacrés à la sécurité et à la défense. Autrement dit et alors que la guerre contre les organisations djihadistes, commencée dès les années 1990, prenait de l’ampleur, la France baissait la garde. Le budget n’est évidemment pas tout et ne dispense pas de remises en cause et d’adaptations, mais il n’est pas complètement naïf de penser que la présence policière par habitant ne serait pas à son point bas historique, que tous disposeraient d’un entraînement et d’un équipement supérieurs, qu’il serait plus facile de surveiller plus étroitement les quelques centaines de malfaisants connus, qu’il serait plus facile de déployer plus de cet excellent système d’arme polyvalent (tir précis, renseignement, contact) qu’est le fantassin, que les prisons ne seraient pas un tel état, etc. Le pire est peut-être que ces réductions continuelles de moyens ont engendré également des systèmes internes de gestion qui, par leur centralisation, ont ajouté la rigidité à la pénurie. On notera, d’une part, que l’effort de défense et de sécurité n’étaient pas spécialement jugé insupportable en 1990 et, d’autre part, que l’insécurité a aussi un coût économique difficile à mesurer mais pourtant bien réel et sans doute considérable.

Mieux assurer la protection de la France et des Français n’est pas forcément un gaspillage, cela peut même être considéré comme un investissement. Si on continue comme cela pourtant, et, cela a été évoqué ici plusieurs fois, les instruments de sécurité de l’Etat auront terminé leur existence en décembre 2049. Comme, à moins d’un suicide collectif, cela ne se peut pas, autant infléchir tout de suite cette politique irresponsable et trouver des économies dans des secteurs peut-être moins dociles mais aussi moins essentiels.

Au-delà du perfectionnement et de la rationalisation d’un système de renseignement et d’élimination des réseaux et cellules, système qui par ailleurs fonctionne déjà plutôt bien, c’est désormais avec ces instruments renforcés dans les territoires perdus de la République qu’il faut porter l’action. Comme dans n’importe quel conflit contre des organisations armées, organisations de volontaires il faut le rappeler, il faut s’interroger sur l’attraction du modèle de l’ennemi sur une fraction de notre population. La bataille des cœurs et des esprits, selon le terme consacré, est à mener partout. La moindre des choses est d’interdire les organisations religieuses, en particulier salafistes, qui sont aux sources idéologiques de cette attraction, et à lutter contre le prosélytisme de nations du Golfe arabique qui n’ont pas grand-chose à envier aux Taliban. Tant pis pour les contrats perdus et les financements de campagnes électorales.

Les bases du djihadisme en France, on les connaît. Les plus évidentes sont nos prisons. Le problème est alors matériel mais aussi politique. Entre l’accusation de laxisme dès lors que l’on s’intéresse au problème de la réinsertion, ou même simplement à la dignité de la vie carcérale, et celle d’autoritarisme fascisant lorsqu’on s’efforce de contrôler plus étroitement le comportement de certains prisonniers, la question de l’efficacité de la prison n’est pas jamais résolue alors qu’elle est essentielle à notre sécurité. Parmi les occasions nées de l’émotion de dépasser les blocages politiques, en voici une qui mériterait d’être saisie rapidement.

Plus largement, c’est tout un pan de la jeunesse échouée de l’éducation nationale qui, bien souvent ne demande que cela, qu’il faut « rééduquer ». Quand on voit le travail réalisé par les Etablissements Public d’Insertion de la Défense (EPIDe) avec un budget de seulement 80 millions d’euros ou celui du service militaire adapté outre-mer, on se dit qu’il y a là aussi un gisement de ressources (et de sécurité) qui mérite là-encore de dépasser les corporatismes et, là-encore, le sempiternel blocage laxisme contre autorité. Plus largement, on ne peut s’empêcher de penser que dans cette formidable machine à transcender les jeunes, il y aurait eu parmi les 82 000 postes supprimés dans les forces armées quelques « chiens perdus sans collier » qui auraient été sauvés et même mis au service de la France.

Bien entendu, le combat contre les foyers de l’attraction, au Moyen-Orient et en Afrique doit continuer. Il doit même s’intensifier en liaison et appui des pays locaux qui en sont les premières victimes et les premières solutions.

Tout cela, encore une fois, suppose des moyens publics et surtout une volonté, car c’est celle-ci qui trouvera les moyens. Philippe Delmas disait que la guerre était désormais plus la conséquence de la faiblesse des Etats que de leur force. On peut ajouter que leur défaite ne peut survenir que de l’acceptation de cette faiblesse. 

25 commentaires:

  1. Je saisis cette occasion pour te dire que je partage totalement ton analyse.

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  2. Colonel,

    je partages en très grande partie également votre analyse. mais que proposeriez-vous pour résoudre la situation induite.

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  3. " Tant pis pour les contrats perdus et les financements de campagnes électorales. "

    Et voilà ! Tout est là.
    Ne soyons pas naïfs au point de croire que nos politiciens se soucient de nous...
    Résoudre cette situation ? Mais c'est impossible, toutes les solutions techniquement efficaces sont politiquement désastreuses et vice-versa.

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  4. Bravo, Mon Colonel.
    Tout est dit! Mais comment faire changer de logiciel nos politiques? Car c'est bien là que le bât blesse:
    - Comment leur faire prendre à nouveau conscience que l'avenir de la Nation et de la France comptent plus que leurs minables opérations politiciennes, électorales, clientélistes et financières?
    - Comment les convaincre que les moyens de la Défense et de la Sécurité Intérieures doivent être relevés, que les effectifs doivent être conservés et même ré-augmentés, que le lien civique doit être renforcé, que l'immigration illégale doit être stoppée, celle légale auscultée et redéfinie?
    - Comment les pousser à remettre en cause un modèle d'Education Nationale qui ne produit que des chômeurs, des ignares, et des haineux à l'égard de la France, les meilleurs exemples étant eux-mêmes?
    - Comment leur faire réaliser qu'au delà de la séparation nécessaires des terroristes du reste de la population carcérale en prison, il serait nécessaire également de les mettre à l'isolement complet, de ne pas leur appliquer de réductions de peines, de pouvoir les condamner à des peines de réclusions à perpétuité qui soient effectivement appliquées, de les faire passer devant les Assises avec jurés populaires, brefs de ne pas les traiter comme de petits délinquants, mais comme de redoutables criminels capables de déstabiliser la société et le pays... Quelle que soit l'opinion des belles âmes, au premier rang desquels l'avis personnel de notre calamiteuse Garde des Sceaux?
    C'est tout le personnel politique actuel, et post-soixante-huitard, co-responsable de l'état de notre pays, et de celui de notre administration dont il faut remettre en cause, non seulement les raisonnements, mais également la manière de vivre, complètement coupée de la réalité du pays,, de ses aspirations, de son avenir... Ne parlons pas d'une presse aux ordres aussi indépendante que nos magistrats...
    Bref, il faudrait pouvoir leur injecter du courage, pas seulement celui oral des beaux discours, mais celui des actes, des desseins, des décisions à prendre... Et ce, au mépris des sondages et de leur avenir personnel...
    C'est le nettoyage des écuries d'Augias! Autant dire un travail d'Hercule! :-) :-) :-)

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    1. @ Marcus,

      En fait, les cours d'assises spéciales compétentes en matière de terrorisme (dans leur composition actuelle: des magistrats professionnels et non des jurés) ont été instaurées à la suite de menaces dirigées contre des jurés siégeant à la cour d'assises de Paris, qui jugeait une affaire de terrorisme. Certains jurés avaient refusé de siéger.

      C'est pour assurer la continuité de la justice que cette mesure a été prise, pas par mansuétude pour les terroristes. Au contraire: à l'époque, cette mesure avait été critiquée parce qu'on y voyait une justice d'exception potentiellement plus sévère qu'une cour d'assises "normale", et surtout au ordre du gouvernement.

      Aujourd'hui, démagogie oblige, les juges sont considérés comme laxistes. certains, dont vous, souhaitent revenir au régime antérieur parce qu'ils sont absolument persuadés que le peuple ne sera pas laxiste, lui.

      Ce n'est pourtant pas ce qu'ont montré les expériences de jurys populaires en correctionnelles, mais la légende urbaine, tenace, subsiste: les juges sont donc laxistes. Il faut les remplacer par le peuple.

      Amen.

      Sinon, sur l'habituel discours sur la trahison des élites, faut faire gaffe: après tout le colonel Goya est un homme d'élite. Aux ordres du gouvernement, en plus! On ne nous dit pas tout...

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    2. @ tschok

      Je reste persuadé qu'un jury populaire serait plus sévère sur la peine infligée... Mais ce n'est qu'un avis personnel...
      En revanche force est de constater que nos deux, voire trois, repris de justice qui peuvent se balader dans Paris armés jusqu'aux dents pour commettre des attentats en application de fatwa, alors qu'ils auraient dû être en prison, c'est bien le résultat du laxisme de nos magistrats et politiques... Remarquable d'ailleurs le silence de ces derniers, et de la presse bien pensante sur ce sujet...

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  5. Merci mon colonel pour ce billet.
    Ce drame et les réactions prises me laissent songeur:
    - le renforcement de l'arsenal législatif. Apparemment selon un article du point d'aujourd'hui, les écoutes téléphoniques d'un des frères Kaouchi avaient été stoppés sur recommandations du CNCIS, l'organe en charge de donner son avis sur les écoutes. Dans le même Christine Taubira distribuait une circulaire demandant aux procureurs d'aligner les peines des multirécidivistes sur celles des primo-délinquants. L'application stricte de nos lois et la non-régression de ses mêmes lois par pure idéologie serait déjà un bon début.
    - La décision de porter Vigipirate à 10000 hommes. Comme vous le dites, c'est un effort colossal qui n'a pas été atteint depuis le Golfe. Je me rappelle avoir lu sur votre blog que durant Daguet nous avions du racler les fonds de tiroirs pour rassembler une force somme toute modeste. Je crains que ce déploiement n'affecte les OPEX et l'entrainement pour que la classe politique fasse passer le message: "dormez bien braves gens, l'Etat veille"
    - Je suis d'accord avec vous, cessons le bal des hypocrites et de soutenir Qatar, Arabie Saoudite et consorts qui financent allègrement le terrorisme. J'ai un bémol cependant sur votre phrase "tant pis pour les contrats perdus". Le Moyen-Orient représente environ 25% des exportations d'armes françaises de mémoire. Se couper d'environ 2 à 3 milliards d'euros de ventes d'armes ferait grimper automatiquement les achats d'équipement chez nous et donc réduirait l'équipement de nos forces. Pas si simple donc
    - Je vous rejoins sur l'éducation nationale . Celle-ci est, à mon sens, en échec. Nous payons 30 ans de laxisme et d'idéologie. Cessons de couper à la hache les programmes scolaires et recentrons les sur lire, écrire, compter et l’histoire de France. Il est intolérable que les élèves n'apprennent plus les bases de l'Histoire de France sous prétexte de nouvelles matières (par ex. l'informatique, vastes blagues si l'on a pas un minimum de bases en mathématiques). Pour moi l'intégration passe par une culture commune. Mais que faire maintenant de cette génération, certe une infime partie, de trentenaires née dans les année 80 et ne se reconnaissant dans rien sauf dans le Jihad ?

    Comme disait Marcus plus haut, tant que nos politiciens ne changeront pas, rien ne changera. "Gouverner, c'est prévoir" comme disait l'autre. j'ai surtout l'impression qu'ils ne prévoient que leurs réélections....

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    1. @ Antoine,

      Il s'agit d'une instruction de Monsieur Robert Gelly, directeur des affaires criminelles et des grâces, qui, à la suite d'une circulaire du 26 décembre 2014, a pour objet d'inviter les parquets à exercer les recours en cas de jurisprudence divergentes des juridictions d'application des peines, relativement à un problème d'application dans le temps de la loi pénale.

      C'est un sujet technique (le texte de l'instruction est incompréhensible pour le commun des mortels): depuis une loi du 15 août 2014, la différence d'attribution des réductions supplémentaires de peines entre condamnés récidivistes et condamnés non récidiviste a été supprimée. Cette loi vient d'entrer en vigueur. Comme des peines sont naturellement en cours d'exécution, il faut régler des problèmes d'application de la loi dans le temps.

      Osons le dire: la matière est très complexe.

      Habilement instrumentalisée, cette instruction est devenue "une circulaire demandant aux procureurs d'aligner les peines des multirécidivistes sur celles des primo-délinquants" et elle a été mise évidemment sur le compte de Mme Taubira, ministre de la justice réputée laxiste et - pourquoi se priver de le dire? - complice des terroristes.

      Je crains, Antoine, qu'on ait profité de votre manque de curiosité bien compréhensible pour la matière pénale et l'exécution des peines pour vous manipuler à des fins purement politiciennes.

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    2. Bonjour Tschok, Merci pour ces précisions. Je ferai plus attention la prochaine fois

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    3. Bah!

      L'application des peines étant une matière si austère et rébarbative qu'on peut simplement souhaiter que les occasions vous manquent. Se tartiner les circulaires de la direction des grâces exige une froide détermination proche de l’héroïsme.

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  6. Les causes de cette situation sont connues : la chute du Mur de Berlin, la fin du Pacte de Varsovie et la volonté de gouvernements toujours à court d'argent de recueillir les “dividendes de la Paix”. A une époque où les forces soviétiques du GFSA étaient “à une étape de Tour de France” de Strasbourg (pour reprendre l'image utilisée par De Gaulle), et où la dette publique n'atteignait pas 90% du PIB, il était tout à fait possible d'un point de vue politique de consacrer 3% dudit PIB à la Défense... 25 ou 30 ans plus tard, ce n'est plus du tout la même histoire...

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  7. Désoler mais à mon avis c'est le système de démocratie représentative qu'il faut revoir car que font les politiques ? de la démagogie à des fins électoralistes (copinage, promesse et distribution d'argent qu'ils n'ont pas) ce sont des carriéristes et ils s'en mettent plein poches sans savoir ce que c'est de bosser donc ils continueront tant que nous leurs diront pas stop...

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  8. Le terme stupide pour qualifier les tueurs ne me parait pas adapté.Vous souligniez précédemment que leurs actions avaient été préméditées et exécutées avec des savoirs faire.Les deux frérots ont passé deux nuits dans la verte et il ne faut pas être stupide pour briser le bouclage de leur 2eme nuit.Quant à leur coreligionnaire malien l'exploitation rapide de ses méfaits par vidéo est loin d'être marquée par la stupidité.Nous n'avons pas là des kamikazes inconscients donc stupides mais bien des combattants s'en prenant à des objectifs ennemis bien identifiés.Un attentat aveugle était certainement à leur portée et ils choisissent pourtant une action plus sophistiquée qui est une action de combat.Certes il y a des maladresses mais quel soldat n'a jamais égaré un chargeur ou un document.Des terroristes chevronnés comme ceux de l'ETA ont commis des erreurs similaires dans le même type d'actions.Les terroristes basques ont opérés pendant de longues années grâce à des soutiens et des sympathies.Il a fallu que ce contexte favorable s'étiole pour que la lutte armée s'éteigne.En sera-t-il de même avec notre terrorisme musulman intégriste?
    Quant au probléme carcéral, les mesures prises par Madrid vis à vis des membres de l'ETA,assassins ou non,pourraient être étudiées.

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    1. Question : .Les terroristes basques ont opérés pendant de longues années grâce à des soutiens et des sympathies Il a fallu que ce contexte favorable s'étiole pour que la lutte armée s'éteigne.En sera-t-il de même avec notre terrorisme musulman intégriste?

      Début de réponse :
      http://www.udppc.asso.fr/auvergne/spip.php?article88
      http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-terrorisme-et-percolation-24347.php

      Cordialement
      Daniel BESSON

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  9. Il ne faut pas bouder son plaisir : pour une fois que dans notre pays, on assiste à une telle réaction de masse, largement spontanée, cela mérite d'être souligné et cela a un coté plutôt rassurant sur l'état notre démocratie pourtant si vilipendée ici et là. Mais cela ne restera-t-il qu'un feu de paille, une fois la légitime émotion passée ? Notre histoire n'est pas avare d'événements de cet ordre. Nos politiques seront-ils à la hauteur de ce qui s'est passé et sauront-ils transformer l'essai ? Car cela ne va pas être simple car les défis sont grands. Si les Français ont si fortement réagi, c'est bien parce qu'au-delà des actes terroristes, ils ont senti qu'on touchait à quelque chose de fondamental avec la liberté d'expression. Il y a une tradition bien française d'impertinence teintée de gauloiseries chez nous. Il y a eu des époques où l'on était beaucoup féroces qu'aujourd'hui dans la critique. On a aussi beaucoup mis en avant notre LAÏCITE, garante du fameux "vivre ensemble" dans la diversité. Qu'en est-il réellement ? Notre laïcité a évoluée et s'est largement adoucie : si dans ces gènes elle a un laïcisme anticlérical, elle s'est adaptée et a évolué. Comme l'antimilitarisme, l'anticléricalisme est devenu "désuet" selon l'expression du Canard Enchaîné. Seulement cette laïcité tant vantée est-elle partagée par tous ? Dans notre propre pays, il faut bien reconnaître que certains ne l'admettent que du bout des lèvres et que d'autres la contestent ouvertement en la considérant comme ennemie de leur religion. Des enseignants ont fait depuis longtemps cette désagréable expérience. La France s'est souvent voulue comme modèle et considérait qu'elle avait une vocation universelle. Cela s'est manifesté dans l'histoire par la notion de "fille aînée de l'Eglise" avec un message religieux, repris à la Révolution par un message révolutionnaire à vocation universelle : de la "foi-espérance et charité" on est passé à "liberté-égalité-fraternité". Le missionnaire est devenu laïc et cela a continué avec la laïcité précisément : Jules Ferry, l'homme de l'école laïque, publique, gratuite et obligatoire était aussi "Ferry le tonkinois", l'homme de la colonisation qui pensait que les petits indigènes avaient aussi droit à cette école. Notre laïcité est-elle devenue un modèle universel ? Force est de constater qu'au début de ce 21 è siècle, c'est loin d'être le cas. Et ce n'est pas seulement dû à l'opposition de régimes politiques dictatoriaux ou autoritaires, mais aussi au refus des populations qui ne se reconnaissent pas du tout dans notre modèle de société. Quand nous dominions de larges parties du monde par notre puissance économique et militaire, nous avions l'illusion de le croire. Devenues indépendantes et plus puissantes, les populations n'ont pas évolué dans le sens que nous imaginions. On s'est beaucoup bercé d'illusions et ceux qui parlaient le plus de diversité, de droit à la différence...ne s'adressaient en fait qu'à ceux qui leur ressemblaient déjà. Certes, il y a eu des manifestations de soutien dans le monde, des "Nous sommes Charlie" dans beaucoup de langues, mais qui a vraiment été concerné dans ces pays ? Ne nous leurrons pas : une minorité. Des hommes politiques étrangers ont défilé à Paris : si la présence de certains faisait plaisir, pour d'autres, cela avait un côté obscène au vu de la liberté de la presse dans leurs pays. La défense de notre modèle de société sera un long combat et en plus des menaces extérieures, nous devront aussi le mener dans notre propre pays. Croisons les doigts !

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  10. Il n'y aura pas de redressement : vous avez mis le doigt, au détour d'une phrase, sur l'essentiel. Il s'agit, pour reprendre un titre désormais célèbre, d'un suicide français.

    Certains Français aimeraient sans doute un sursaut de vie.

    Hélas, cela n'arrivera pas. Notre classe dirigeante est mondialisée dans sa tête. La France, au-delà des mots prononcés pour être élu , n'a plus aucun intérêt pour ces gens, c'est une vielle chose morte. Eux, ils pensent Europe au minimum, voire monde. C'est pour cela qu'ils passent si facilement de l'administration française au FMI ou à l'OMC. La France, ils s'en foutent complètement. Pire, ils ne savent même plus qu'elle existe (sauf pour payer leurs salaires et leurs retraites).

    Dans ces conditions, pour que la France survive, il faut changer de classe dirigeante. Cela s'appelle une révolution. Je n'en vois pas à l'horizon.

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    1. @ Fboizard,

      Si l'on n'est pas à l'aube d'un grand soir révolutionnaire, c'est peut être parce que votre analyse est fausse. Juste après la crise financière, des gens comme Jean Luc Mélenchon ont eux aussi pensé à une VIème république pour des motifs tout à fait semblables à ce que vous dites, et puis il ne s'est rien passé. Sept ans plus tard, la Vième est toujours là ("le canard était toujours vivant" comme disait l'humoriste) et Mélenchon s'est pris des claques électorales.

      Par ailleurs, on fait souvent le reproche inverse à nos hommes politiques: ne pas penser à la taille du monde, mais avoir une mentalité désespérément franchouillarde.

      Il faudrait savoir ce que l'on veut. On veut du franchouillard pur sucre qui ne voit pas plus loin que le bout de son champ, ou des gens qui pensent à la taille du monde?

      Là, on vient de subir une attaque revendiquée par une organisation qui se trouve au Yémen. J'ignore si tous les yéménites lisent Charlie et si la publication de caricatures du prophète les heurte dans leur sensibilité, alors qu'on parle d'une publication diffusée à 50.000 exemplaires (par comparaison DSI c'est 35.000 exemplaires), mais j'observe simplement que le Yémen s'est invité au bout de notre rue, au bout de notre quartier, alors que c'est un bled où j'ai jamais foutu les pieds et que c'est pas la porte à côté.

      Une vision trop franco-française du monde risque de retarder la prise de conscience de certains phénomènes.

      Comment se fait-il que des gens dans un bled paumé à l'autre bout du monde se mettent en tête de programmer trois tueurs pour venir foutre le bordel ici, pour une vieille histoire de caricatures de Mahomet, sans intérêt par ailleurs? C'est ce genre d'énigme qu'il faut savoir analyser, plutôt que répéter à l'envi que notre classe dirigeante est ceci ou cela.

      Non?

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    2. Il me semble que nous avons tous les deux raison : nos politiciens ont des rêves mondiaux et des compétences provinciales. Un peu comme si nous avions un président de la république qui se rêvait en chef de l'Europe et se comportait en conseiller général de Corrèze (hypothèse hautement fantaisiste, je vous l'accorde).

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  11. Qu'il est étrange d'entendre parler de nos hommes politiques comme s'ils nous étaient étranger. Personne ne les as t'ils élus ? Nous ont ils cachés leurs programmes et leurs pensés ? Non jamais.
    A la vérité, nous sommes responsables collectivement de l'état de faiblesse du pays. Court termisme, égoisme, intolérance et même mesquinerie ... ce sont d'abord les faiblesses des électeurs

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    1. Je ne partage qu'à moitié votre propos : quand une oligarchie se met en place, c'est en manipulant ou en contournant le consentement populaire.

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  12. Une oligarchie ! Comme vous y allez. Certes nos hommes politiques, pour l'essentiel, provienne du même moule (ENA, ou juriste ou médecin). Mais dans quel pays est-ce différend ? Surtout diriez-vous que la france des années 60 ou 80 avaient un gouvernement plus représentatifs que celui d'aujourd'hui ?

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    1. C'est le carriérisme que moi je mets en question on a pas fait la révolution pour qu'une autre élite s'abroge le droit de se coopter comme nos aristocrates de l'ancien régime notre représentativité ne représente que des fonctionnaires de catégorie A et A+ et professions libérales, et ce depuis la troisième république....
      Je ne remet pas en cause la 5ème mais il lui faut de l'oxygène sinon le patient va mourir .....

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  13. Comme vous mon Colonel nous demandons :
    1/Les pratiques intégristes et fondamentalistes doivent être interdites et classées comme secte, en particulier les wahhabites et les salafistes ainsi que les chiites intégristes. L’ensemble de leurs organisations, associations, commerces, écoles, doivent être interdites pour protéger les musulmans de la terreur.
    2/Les musulmans de France ne doivent plus subir la dictature intégriste, les imans de France doivent être formés et accrédités par un nouveau conseil musulman réformé de France. Le CRMF ne doit plus avoir aucun lien avec l’étranger, mais inversement nous nous engageons fermement à favoriser et diffuser comme exemple un islam moderne et réformé dans le monde.
    3/ La diplomatie Française doit avoir une position ferme avec les états ou la charia est appliquée de façon rétrograde et primitive, nous n’accepterons rien de ces pays temps qu’ils ne respecteront pas les minorités religieuses quoi que cela nous coûte. Soutenir fermement les Kurdes et appuyer les pays du Maghreb avec mobilisation de l'Europe en ayant à l'esprit que la mort du Président Bouteflika est la prochaine catastrophe ...
    4/La France doit retrouver une défense nationale digne d’un pays de 65 millions d’habitants membres du conseil de sécurité et assumer ses responsabilités comme chaque citoyen devra le faire. Le budget de la défense sera porté à 3% du PIB et nos forces terrestres seront ramenées à 130 000 hommes et nos forces de réserves devront devenir opérationnelles à la hauteur de 300 000 hommes.
    5/ La France doit organiser en urgence un pont aérien pour aller chercher et accueillir tous les minorités religieuse persécutée en Syrie et en Irak qui souhaiteront venir.
    6/ La France doit s’engager à s’organiser fermement pour faire pression sur l’Union Européenne pour qu’une défense intégrée, organique, et opérative soit créé, avec en priorité la création d’un corps de Garde-Côtes Européen et de Garde-Frontières Européen autonomes
    7/La France doit s’engager sur un pacte de Résilience nationale et citoyenne avec :
    - Un système d’enseignement réformé fer de lance de la république, capable de former des citoyens responsables et défenseurs de ses valeurs « liberté, égalité, fraternité »
    - Un système d’encadrement de la jeunesse qui échappent à l’enseignement, en regroupent sous la même direction les moyens et organisation en charge de la jeunesse et nationaliser l’ensemble de ses structures, (plus de pansement sur une jambe de bois) MJC, éducateurs départementaux, éducateurs de la justice ……
    - Un formation civique obligatoire pour tous les Français, avec une l’obligation de service dans une direction de l’état pour suppléer au manque d’effectif des services publics sauf si déjà volontaire dans une organisation d’utilité publique ou compensé par un impos..
    - Demandez aux médias télévisuels de se réformer et d’avoir des obligations éducatives et d’information pour responsabiliser la population, exemple les journaux télévisés de 13h00 et de 20h00 devront avoir au minimum 30 minutes d’information internationale, le superficiel n’aura pas de ça place, il y a des émissions de loisir pour cela.
    - Formation obligatoire aux secours et à la sécurité intégrée au cursus scolaire à partir du collège.
    - Supprimer deux Grandes écoles ! L’Ecole Nationale d’Administration et créer L’école Nationale des Commissaires de la République garant de l’action citoyenne et supprimer Polytechnique qui n’a plus aucune vocation militaire, et ne forme qu’une aristocratie arrogante, la remplacer par une Ecole Nationale de l’Accueil et des Culture.
    Le rabat-joie.

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    1. Un exemple : Il y a un truc qui fonctionne pas mal en France les associations de Jeunes Sapeurs Pompiers 28 000 en France encadré par les SDIS et nous n'avons pas toujours les premiers de la classe, nous constatons que de très nombreux enfants sont élevés que par la mamam seul, les JSP sont une école du savoir être citoyen..

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