Publié le 21 décembre 2014...dans une autre époque.
Une dinde qui analyserait le comportement des hommes en conclurait, après une série d’observations, que ceux-ci sont faits pour nourrir les dindes…jusqu’à ce que vienne Noël qui l’obligerait à changer très vite de vision du monde.
Le raisonnement de la
dinde qui considère que l’on continuera à faire comme on l’a toujours fait et
se satisfait de la nourriture donnée est opératoire à court terme mais voué à
subir de mauvaises surprises à long terme. Il y a les des « inconnues
connues », comme le résultat d’un lancer de dé, auxquelles on peut
s’attendre mais il existe aussi les « inconnues inconnues », ces événements que personne ne voit venir, au moins dans la haute sphère de
décision, et dont les plus importants, les « cygnes noirs » de Karl
Popper et Nassib Nicholas Taleb, font l’Histoire. Un des rôles des forces
armées, peut être leur rôle majeur, est de pouvoir contribuer à faire face à
ces événements importants.
Cette métaphore de la
dinde de Bertrand Russell m’est revenue à l’esprit lorsque j’ai entendu un
amiral de l’Etat-major des armées déclarer devant l’IHEDN que la France disposait de tous
les moyens pour faire face aux enjeux internationaux. Elle me rappelait aussi un
ancien chef d’état-major qui expliquait que notre triptyque dissuasion
nucléaire, corps blindé mécanisé et force d’action rapide nous avait permis de
faire face à tous les problèmes et le ferait encore longtemps. Il ajoutait alors
qu’avec les Américains, nous étions seuls capables de faire des opérations à
distance et qu’accessoirement nous le faisions mieux qu’eux. C’était quelques
semaines avant le début de la guerre du Golfe où, entre des appelés lourdement
équipés que nous avons refusé d’engager et des professionnels trop légèrement
équipés, nous pûmes péniblement déployer une petite division ad hoc, à qui le commandement américain
confia généreusement une mission de couverture au loin après l’avoir renforcée
d’une brigade et triplé son artillerie. Nous avions été pris en défaut dans le
troisième cercle de Poirier (le monde) juste avant de nous empêtrer, avec bien d’autres
nations il est vrai, dans le deuxième cercle où un autre « cygne
noir » était apparu : l’éclatement de l’ex-Yougoslavie.
Le fait est que ces
moments de honte passées, les réformes engagées-la professionnalisation
complète en premier lieu- n’ont permis qu’un rebond très provisoire de notre
capacité d’engagement. Depuis le début des années 2000, celle-ci n’a cessé de se réduire, et ce, dans les trois cercles de Poirier (la France, l’Europe
et le monde). Avec désormais un engagement maximal envisagé de deux brigades
(15 000 hommes) et 45 avions de combat, renforcés éventuellement du groupe
aéronaval (dont les avions sont comptabilisés dans les 45) nous sommes même
revenus au volume de l’opération Daguet, sans plus avoir la capacité de transformer le reste
des forces, sinon par la modernisation de leurs équipements, ce qui, à budget
gelé jusque-là puis maintenant déclinant ne peut se faire qu’en détruisant les
volumes. Depuis vingt ans nous payons l’amélioration de notre armure par une
réduction des muscles qui peuvent la porter.
Nous pouvons encore
être rapides, comme l’a montré l’opération Serval,
mais à hauteur d’une brigade et au cœur d’un réseau de bases prépositionnées (dans
le 2e cercle bis africain). Au-delà, nous sommes des dindes qui sacrifions
aux missions du jour en focalisant notre attention sur le moyen de les réaliser
tout en constatant que la nourriture donnée est de plus en plus réduite.
Plus exactement, nous
sommes des dindes atomiques puisque que le seul « Noël » que nous
envisageons est apocalyptique et nucléaire. La logique voudrait que l’on
consacre autant de ressources à la capacité à défendre conventionnellement des
intérêts majeurs, sinon vitaux, en Europe probablement ou dans le 3e
cercle proche. Ce n’est pas le cas. De fait, entre refaire l’opération Daguet
avec quelques moyens plus modernes (mais peu) et la dissuasion nucléaire (qui
est avant tout une dissuasion « du » nucléaire), la politique de
défense de la France a pratiquement sacrifié la capacité de faire face à des événements importants et imprévus. Certains ont imaginé clairement que pour ce créneau, il
serait fait appel aux Etats-Unis comme lors de la IVe
République…avant que l’humiliation de Suez ne montre que confier sa protection
ultime à d’autres pouvait entraîner quelques inconvénients. Le général de
Gaulle s’était empressé alors de redonner à la France le plein monopole de tous
les niveaux de la force légitime.
Nous ne leurrons pas,
ces cygnes noirs nous ne les verrons pas plus venir que par le passé. La
fonction « anticipation stratégique » était présentée comme une des
grandes innovations du Livre blanc de la défense et de la sécurité nationale de
2008. Quelques semaines plus tard, l’embuscade d’Uzbin témoignait de
l’impréparation tant politique que militaire à la véritable entrée en guerre en
Afghanistan tandis que la faillite de Lehman Brothers rendait d’un seul coup caduc tout
le montage économique du Livre blanc et de la loi de programmation militaire. Ce n’était là que le début d’une longue série.
Le
raisonnement stratégique le plus cohérent consiste donc à s’appuyer sur le
fiable et l’éprouvé tout en se préparant à un ou plusieurs sombre(s) « Noël»
dont on ne connaît cependant pas la date.
Si l’avenir doit être comme le passé depuis 50
ans, nous devons alors nous préparer à affronter parfois des armées régulières
en profitant de notre supériorité aérienne pour les écraser par des campagnes
de frappes en coalition (au moins tant que les Etats-Unis disposent de la suprématie aérienne). Nous devons surtout (avec une probabilité de plus de 90%) nous préparer à
affronter au sol des organisations non-étatiques. Ces
opérations de guerre peuvent être suivies par des opérations de stabilisation
si les conditions le permettent (milieux permissifs, densité de forces
suffisante, patience) mais il faut exclure définitivement les missions
d’interposition. L'opération Sangaris, témoigne déjà de nos limites dans en matière de stabilisation.
Nous
devons également, si nous sommes des dindes clairvoyantes, nous préparer à
intervenir en « Extremistan », selon l’expression de Taleb. Nos
précédentes pénétrations dans cet univers ont surtout été pénalisées par nos
manques de moyens mais aussi d’idées « de réserve » autorisant une dilatation
soudaine et/ou une extension très lointaine de nos actions avec un changement
de méthodes. Etre capable de faire face à des événements importants et imprévus
suppose donc de disposer d’un surplus de moyens et de compétences à la fois
variés et relativement abondants. Dans un contexte de ressources financières
contraintes, ce réservoir dans lequel puiser en cas de crise grave ne peut qu’être
une fraction civile de la nation convertible très rapidement en forces
militaires avec des moyens « sous cocon » et un parc à idées. Cela est d’autant
plus nécessaire qu’on ne peut concevoir de nouveaux équipements modernes en un
an comme pendant les deux guerres mondiales.
Tout
cela a évidemment un coût, encore une fois comme la dissuasion nucléaire qui relève du même
principe, en moins probable, et pour laquelle nous dépensons au moins trois
milliards d’euros chaque année. La simple logique, sinon la cohérence et la responsabilité
voudrait que les efforts nécessaires à la remontée en puissance soient du même
ordre. Soit les guerres majeures ne sont plus possibles et dans ce cas notre
arsenal nucléaire est inutile, soit elles sont possibles et il n’est alors pas
suffisant.
Les Etats-Unis ne seront pas toujours là pour nous sauver de nos
inconséquences.
Les politiques actuels sont élus parce qu'ils font des promesses a des électeurs qui ne sont plus des citoyens mais des consommateurs. On les av bien éduqué a imaginer le monde tel qu'ils le vivent en gaspillant a tout va afin de faire tourner les industries et faire tourner le commerce.
RépondreSupprimerLa guerre on y pense pas, on fait du commerce, on développe des marchés on cherche le profit et on cherche a réduire les dépenses et nos politiques veulent se faire élire et font du clientélisme, des promesses et distribuent les aides sans compter afin d'acheter la "paix sociale". Le chaos règne, l'autorité est battue en brèche, on dit que blanc est noir, on n'appelle plus un chat un chat pour respecter le politiquement correct. On ne réfléchit plus on a plus de ligne directrice, on ne sait plus ou on va et ce qu'on fait. Quand je regarde le monde actuel je ne peux m'empêcher de repenser chaque fois à l'introduction de l'Essai général de tactique du Comte Guibert:
"[...] Maintenant quel tableau offre en opposition, l'Europe politique, au philosophe qui la contemple? Des administrations tyranniques, ignorantes ou faibles; les forces des nations étouffées sous leurs vices; les intérêts particuliers prévalant sur le bien public; les moeurs ce supplément des lois souvent plus efficace qu'elles , négligées ou corrompues; l'oppression des peuples réduite en système; les dépenses des administrations plus fortes que leurs recettes; les impots au dessus des facultés des contribuables; la population éparse et clairsemée; les arts de premier besoin négligés pour les arts frivoles; le luxe minant sourdement les Etats; les gouvernements indifférents au sort des peuples et les peuples par représailles indifférents aux succès des gouvernements."
Cela fait maintenant plus de deux siècles que cela a été écrit et on s'y croirait encore !
Il y a trente ans, c'était aux beaufs de se mettre au diapason de l'élite, maintenant c'est le contraire, c'est l'élite qui doit se confondre dans la pensée unique de beauf. EM
SupprimerCette image de la dinde est certes alléchante (si j'ose dire) mais dans le cas de la France, j'aurais choisi le chapon, coq élevé pendant au moins 150 jours et ... castré ! Notre symbole national castré, ayant perdu cette partie de lui même, devenu obèse comme notre pays, sa dette, sa fonction publique et castré ! Finalement je crois que la France est devenue un gros chapon, attendant paisiblement le jour de l'abattage pour se retrouver sur la table des plus fortunés tels que les acheteurs de la dette française qui un jour réclameront un morceau du chapon France ! Joyeux Noël à tous BVN
RépondreSupprimerDans son livre, M. Taleb évoque que ce sont les militaires (américain?) qui comprenaient le plus ce qu'il désigne comme "cygne noir". Ils ont l'habitude de parer aux imprévus, j'imagine autant en unité sur le terrain qu'aux niveaux opérationels.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
Supprimer(qu'aux plus hauts niveaux opérationels)
SupprimerLa lecture de cet article bien que passionnante ne peut m'empêcher de conclure le titre par un trait d'humour caustique
RépondreSupprimerLa stratégie de la dinde ..... Quelle farce !!!!
Pourquoi voudriez vous avoir besoin d'un diagnostique éclairé quand le malade n'a pas conscience de l'être et n'ira jamais consulter?
Pourquoi apporter de bonnes réponses à des gens qui ne se posent pas de questions ?
Pardonnez moi Mr Goya mais quand je lis :
"ce réservoir dans lequel puiser en cas de crise grave ne peut qu’être une fraction civile de la nation convertible très rapidement en forces militaires avec des moyens « sous cocon » et un parc à idées."
Je ne peux qu’acquiescer mais je suis aussi obligé de me souvenir d'un mal bien français dont le diagnostique avait effaré nos amis francophones du Québec. Il existe en France une réalité a qui on a donné le joli nom de "la promotion par l'incompétence". Nous sommes un des rares pays où l'incompétent qui nuit au bon fonctionnement du groupe est éloigné grâce a la promotion. Nos cousins québécois sont tout aussi choqué par le fait que nous ayons pu inventer l'expression des "zones de non droit", je vous l'assure.
Espérons juste que ce parc à idées ne devienne jamais une réserve naturelle pour espèces en voie de disparition.....
La promotion par l'incompétence est un principe établi par un américain sur la société américaine (Peter Principle), ce n'est pas spécifique à la France
SupprimerNon, le principe de Peter dit que les gens grimpent l'échelle hiérarchique jusqu'à atteindre un poste dépassant leur compétence où leur progression s'arrête donc. Il en résulte donc que la plupart des chefs sont incompétents. Mais ils étaient compétents avant leur promotion ...
SupprimerAlors si j'ai bien compris votre texte, la réussite d'une embuscade montée par des enturbannés illettrés : c'est de la faute des politiques !
RépondreSupprimerVous confirmez alors, la phrase sentencieuse du Gal de Gaulle: '' L'issue d'une guerre dépend plus de l'autorité des pouvoirs civils que de l’héroïsme de quelques capitaines exceptionnels''.
Sauf que là, à Uzbeen: on a cherché le capitaine et le Lieutenant-colonel...
"Soit les guerres majeures ne sont plus possibles et dans ce cas notre arsenal nucléaire est inutile, soit elles sont possibles et il n’est alors pas suffisant."
RépondreSupprimerSauf votre respect, l'arsenal nucléaire contribue à empêcher les guerres majeures.
Comme disait Aron: "le nucléaire a rendu la paix impossible, et la guerre improbable."
Dans ce cas pourquoi avait-on conservé la 1ère armée à nos frontières et en RFA ?
SupprimerEt puis dans "guerre improbable", il y a malgré tout "probable".
Cher Michel, sans jouer les dindons de la FAR (où j'ai eu le bonheur de servir comme réserviste, il y a si longtemps), je regrette que ce beau raisonnement pèche par une vision extrêmement "terrestre" trahie par l'expression "une réduction des muscles". Nous y voilà ! C'était un ancien CEMAT qui disait que toute l'armée de terre française tenait aujourd'hui dans le Stade de France, alors qu'en 1914 on aurait pu aligner les soldats de Dunkerque à Nice. So what ?
RépondreSupprimerLa dissuasion n'est pas une affaire de mollets, ni de bras, mais de neurones et de capacité à s'en servir. La France a aujourd'hui deux atouts majeurs qui conservent sa crédibilité : elle sait tirer le meilleur parti de ses moyens et elle a la volonté de se battre et d'utiliser ces moyens, sans perdre de temps à faire des inventaires et des préparatifs.
Ce qui vaut pour le conventionnel vaut pour la dissuasion, et les moyens de projection sont aujourd'hui sans commune mesure avec ceux d'autres pays, même si leur entrée en service tarde pour raisons budgétaires. Missiles de croisière y compris naval, missile air-air hypersonique, vecteurs balistiques, chasseurs bombardiers capables de frapper au Mali en partant de Saint-Dizier, etc, etc. La liste de nos capacités n'a de limite que budgétaire, c'est vrai, mais la France est présente dans toutes les technologies futures y compris spatiales, en passant par les armes laser.
Le vrai défi est comme toujours humain, savoir trouver les cadres militaires qui, au-delà de nos traditions admirables, sauront penser autrement pour avoir envie de gagner au-delà de toutes les doctrines. Parler de Sangaris et de la difficulté à stabiliser un pays, qui est un problème de nature politique et non pas militaire, c'est ignorer la transformation de Serval en Barkhane, la régionalisation d'un dispositif pour adapter nos forces à une menace transfrontalière et en s'appuyant sur la participation de tous les pays de la région: pas un problème d'effectifs ou d'équipements, la crédibilité des forces françaises reste avant tout fondée sur leur efficacité à en coaliser d'autres, à se reconfigurer avec les moyens du bord, en s'appuyant sur une volonté politique sans faille. Avec la maîtrise de la 3e dimension, la maîtrise des moyens de commandement et de transmission qui garantit l'autonomie de décision, la disposition des technologies les plus récentes, les armées françaises savent encore faire peur à l'adversaire, quel qu'il soit, la meilleure garantie que la dissuasion elle aussi reste crédible.
@ Pierre bayle: Bravo pour ce commentaire mesuré . Quelques constats historiques sur "le muscle":
Supprimer*La troupe qui remplissait les casernes de la France profonde dans les années cinquante n'avait pas permis de trouver des volontaires pour combattre en Indo.
*La troupe qui remplissait les casernes, camps et autres fortins durant la guerre d'Algérie ne chassait pas le rebelle entre 1954/ 1958 et il a fallu un aviateur pour trouver une astuce (cdo de chasse) pour que les ''muscles'' se déverrouillent de nuit et de jour, afin de courir le djebel...
Etc.
@ Pierre Bayle :
SupprimerBonjour,
Votre réponse est exacte, la France maîtrise un éventail très large de technologies et de capacités militaires. Mais est-ce réellement grâce a ces moyens, aussi avancés puissent-ils être, que l'on occupera le terrain ? Je pense que le volet Ouest de Barkhane est l'exemple type que non : Avec l'opération Serval qui fut un franc succès, grâce à tous de haut en bas (et dans tous les sens de l'expression), les camarades se battent toujours au nord du Mali, trouvent encore et encore armes et munitions, bientôt 2 ans après le début de l'opération.
Quand je mets en relation Barkhane avec l'opération Pamir, je me demande comment peut-on penser avoir les ressources pour tenir la BSS avec autant d'hommes que l'on avait engagé en Afghanistan, dans une vallée qui étant pourtant quatre mille fois moins grande.
De plus, je ne suis pas tout à fait d'accord avec certaines de vos propositions. Nous avons retrouvé certes quelques capacités de projections, mais a mon humble avis, elles sont largement insuffisantes pour notre armée et le rang que nous prétendons tenir. Il me semble, a mon humble avis, que parcourir les quelques milliers de kilomètres avec des véhicules passés d'âges avant de guerroyer tiens plus de l'exploit extra-ordinaire que de la normalité des choses.
Comme toujours, très bel article, avec cette touche d'humour désabusé qui rend la lecture agréable en plus d'être instructive.
RépondreSupprimerDeux points : le terme "stabilisation". Stabiliser quoi ? Kilcullen prenait comme exemple ces cités au développement anarchique passées de 50000 habitants en 1950 à 15 millions actuellement. La "stabilisation" n'a plus de sens aujourd'hui. Accompagner en limitant les dégâts est certes revoir notre capacité d'influence à la baisse, mais c'est aussi plus réaliste.
Le matériel qu'on ne peut concevoir et développer en un an comme pendant la WWII. Pourquoi ? Parce qu'il est plus complexe, l'écart technologique justifiant les 20 ans de mise au point ? Vraiment ? Et son utilité sera à la hauteur de l'investissement et de l'attente lors d'opérations contre des groupes non étatiques en Exrtémistan ?
Le chantier est colossal et nous sommes dans les cordes.
BRAVO
RépondreSupprimerMerci pour ces réflexions comme toujours très profondes. Malheureusement, cette incapacité à se souvenir de l'existence des cygnes noirs est particulièrement développée dans notre époque qui promeut l'amnésie et le tout-contemporain. C'est aussi une longue tradition française (1870, 1914, 1940...). Je me demande si ce phénomène n'est pas d'autant plus fort en France qu'une large partie de nos élites est coupée de tout démarche scientifique. Aux Etats-Unis, en GB ou en RFA, nombre de décideurs ont fait des thèses, ce qui n'est pas le cas de nos généralistes-praticiens de l'ENA ou de Polytechnique...
RépondreSupprimerIl ne faut certes pas contester l'intérêt d'une formation a une vraie démarche scientifique pour les décideurs, mais les fameuses thèses et les titres de "docteurs" si chers à certains pays ne sont pas des garanties absolues. Souvenons-nous d'un jeune et flamboyant ministre de la défense allemand surnommé "docteur googleberg", "docteur copié-collé". D'autre part combien de docteurs parvenus au sommet de leur art se transforment bien vite en "mandarins" ne souffrant plus la moindre contestation et freinant ainsi le progrès de la connaissance. Dans le monde de la recherche, la parole n'est pas aussi libre que cela hélas et le poids des modes se fait aussi ressentir.
SupprimerAvant toute chose mon Colonel je vous souhaite un joyeux noël et une
RépondreSupprimerdisponibilitée sans faille pour nous nourrir, nous exciter et bien sûr nous provoquer.
Revenons à nos dindons et coquelets les Français, la France et son Armée.
Oui notre Armée est très petite, mal organisée chaque régiment ressemble plus à une agence d’intérim en charge de fournir des travailleurs de la guerre avec ses dépôts « qui loue tout », qu’une armée capable de fournir de l’opératif lié à une stratégie renouvelée.
- Une Armée Européenne serait le but à atteindre, mais en effet cela me parait impossible les Européens sont gouvernés par les mêmes crétins, il faudra la destruction de 10 non 20 peut être 30% de l’Europe pour avoir une réaction (Regardez incroyable une armée de terre Allemande à 66 000 hommes pour faire quoi ? pas de couverture à l’est)
- Il reste l’OTAN magnifique usine à gaz, juste capable de regrouper nos maigres moyens le combat aérospatiale et aéromaritime, mais nul pour l’aéroterrestre faute de de moyen Européen et d’intérêt US. (une force d’intervention à l’est de 4 000 hommes houlà Poutine tremble)
- Une Armée de Terre de 90 000 hommes avec 60 000 hoplites scorpions bien équipées pourrait être crédible mais avec des forces de réserves instruites et nombreuses et un équipement de base rustique et fiable minimum 200 000 Hypaspistes et une France résiliente dans son organisation citoyenne.
- Le Français consommateur avant d’être citoyens, certes, mais n’oublions qu’il a été tour à tour Patriote et citoyen 1870 – 1914 – 1940 et il a payé très chère l’addition ! et maintenant comme consommateurs, il continue à payer ! crise, chômage, bas salaire, destruction des retraites, du système de santé, et surtout absence de dirigeants ayant du sens commun et porteur d’un projet de société voir de civilisation.
- Le Français est un bon bougre, il veut croire et faire confiance, il est prêt à s’engager avec cœurs, oui il reste réservé il a tellement été roulé dans la farine.
- Les idéaux de la république son bien plus encré que certain ne le pense, quand à nos hommes politiques et nos médias ! ils en sont une bien triste représentation.
C’est l’histoire d’un homme.
RépondreSupprimerPour préserver sa modestie, appelons-le par ses initiales M.G, et comptons cette histoire au passé. Comme il sied pour ces lointaines contrées des contes et légendes.
MG était un homme intelligent, honnête et qui en vrai patriote, aimait sincèrement son pays. Le problème était que le-dit pays, fondateur d'une Union qui devait apporter paix et prospérité aux peuples, était en train de disparaître. De se suicider soufflaient même les méchantes langues. Son modèle de développement économique était à bout de souffle, la corruption et le carriérisme gangrenaient toutes les sphères du pouvoir et pendant que la population s’enfonçait dans la pauvreté, son armée, symbole d’une nation jadis puissante, n’était plus qu’une rutilante façade plaquée sur une réalité faite d’expédients.
MG n’admettait pas cet état de fait, il se refusait de laisser la catastrophe arriver alors que son pays était encore grand et riche. Il fit donc appel à la raison analytique, étayée par moult exemples historiques, afin de proposer des solutions innovantes et réalistes. Afin de redresser une situation chaque jour plus compromise.
Mais il était seul et tous se dressèrent contre lui ! Ceux qui refusaient de voir la réalité en face, mais surtout les plus nombreux, ceux qui par petits calculs égoïstes, préféraient continuer à jouir pleinement du système et advienne que pourra !
Et MG échoua. Non par manque d’énergie, de conviction ou de pédagogie. Non, il échoua parce que fondamentalement le système était inepte et voué à l’autodestruction !
Et en effet, comment aurait-il était possible de sauver un système produisant par an et par habitant, une paire de chaussure de pointure 41 et une tête nucléaire tactique de 15kt ?
Mikael Gorbatchev ne pouvait qu’échouer à sauver l’Union Soviétique.
PS : un quart de siècle plus tard, seuls de mauvais esprits seraient tentés de faire le parallèle avec un autre MG, avec une autre Union aux banques pesant plus lourds que les pays et où la dette étrangle des nations entières.
Comment sortir de ce modèle de la dinde alors que tout annonce l'arrivée de Noël ?
RépondreSupprimerLe "modèle de la piscine" apporte peut-être une réponse :
Une personne influente (un décideur ?) organise une réception autour de la piscine de sa très belle villa malgré tous les avertissements sur les dangers liés à sa piscine. Les convives en belle tenue de soirée (spencer, robe longue) se régalent de la soirée jusqu'à ce que l'un d'entre eux soit bousculé et tombe dans l'eau. Il ne sait pas nager. Deux issues à cette situation sont possibles :
- la première : le naufragé crie au secours tout en se débattant dans l'eau. Les convives le regardent surnager tant bien que mal et comme il arrive à prendre une respiration de temps à autres, finissent par l'ignorer, préférant ne pas abîmer leur belle tenue. Ils retournent à leur conversation. Le naufragé s'épuise à essayer de ne pas se noyer et devient de moins en moins audible jusqu'à couler définitivement et de façon irréversible dans l'indifférence totale dont celle de l'hôte qui a organisé cette réception.
- la seconde : le naufragé crie au secours et plonge au fond de la piscine pour donner un coup de pied salvateur qui le propulsera vers la surface. En le voyant disparaître, les convives, l'hôte en tête, s'affolent et se précipitent vers la piscine. Ils peuvent repêcher le naufragé lors de sa remontée à la surface, naufragé qui aura encore tous ses moyens pour participer à la réception après s'être séché et changé.
Ce modèle de la piscine dit deux choses :
- allons au bout de la logique qui nous est imposée plutôt que d'essayer de lutter vainement contre;
- comment faire prendre ses responsabilités à un décideur autrement qu'en plongeant au fond de la piscine ?
C'est certainement une vision pessimiste de la situation mais n'est-elle pas réaliste ?
C'est une vision historiquement française (culturelle?). La recherche de l'homme providentiel est son pendant. A une mesure moindre, il a fallu l'Afgha pour recevoir, enfin, ces petits équipements que tous les régiments d'infanterie réclamaient et il faudra une nouvelle bataille des frontières ou un nouveau juin 40 pour obtenir un sursaut.
SupprimerAvec le mitraillage de Charlie Hebdo, l'extrémistan vient jusqu'à nous. Qui se rappelle de ce soldat attaqué au couteau dans le s couloirs du centre commercial de la Défense.
SupprimerOn apprenait à cette occasion que les militaires qui participent au plan Vigipirate n'avaient pas de chargeur dans leur arme, chargeur qu'ils portaient sur eux pour éviter les accidents. Espérons que cette consigne va évoluer. (On peut avoir un chargeur dans le magasin sans engager la première balle ni déverrouiller le cran de sûreté.)
En l'état actuel des consignes, les 600 militaires engagés sur Vigipirate ne sont pas en mesure de se défendre rapidement, alors que l'affaire Mehrad a montré que les militaires (musulmans en l'occurrence) étaient une cible parfaitement valable pour un djihadiste.
La stratégie de la dinde est manifestement omniprésente.
Les dindons de la farce aujourd'hui ce sont surtout les militaires. On croit se battre pour un pays mais on se bat surtout pour des marchands. Aujourd'hui plus que jamais. Marchands qui, de surcroît, ne sont même plus Français. Comme dit dans le 1er commentaire, il n'y a plus de citoyens mais des consommateurs.
RépondreSupprimerSavez-vous pourquoi ils n'ont plus besoin de citoyens, de peuples, démocraties etc.?
Bonjour M Goya
RépondreSupprimerclin d'oeil pour sourire : en anglais la dinde (notamment qu'on nourrit pour la manger à Thanksgiving) se dit 'Turkey' :-)
Mon colonel,
RépondreSupprimerComme d'habitude, même en décembre 2014, vous visiez juste. C'est bien là la difficulté, et donc le défi, qui est posé à notre pays: de quoi aurons-nous besoin ? De l'arme nucléaire ou d'une garde nationale pour défendre nos quartiers jour et nuit ? D'une armée de forces spéciales capables de "neutraliser" un "bad guy" dans la nuit profonde quelque part en "Extremistan" ou de la bonne vieille "biffe" qu'elle soit "de ligne", "chasseurs alpins ou à pied", "colo" ou "légion" ou même "proterre", etc (selon les gouts) pour occuper le terrain et combattre en zone urbaine ? D'un porte avions pour défendre nos DOM TOM ou d'un bombardier à très long rayon d'action capable d'évoluer avec des drones ?
Sauf à être Nostradamus, nous n'en savons rien.
Et le tout dans le double contexte budgétaire et démographique défavorable, sans compter les attaques quotidiennes de la contre-culture, de l'individualisme forcené et du fanatisme religieux...
Bref, nos chances sont faibles....
Mais nous n'avons pas le choix...
Là ou je pense que votre analyse fait vraiment mouche, c'est quand vous dites que nous avons besoin : "d’idées de réserve" autorisant une dilatation soudaine et/ou une extension très lointaine de nos actions avec un changement de méthodes. Etre capable de faire face à des événements importants et imprévus suppose donc de disposer d’un surplus de moyens et de compétences à la fois variés et relativement abondants. Dans un contexte de ressources financières contraintes, ce réservoir dans lequel puiser en cas de crise grave ne peut qu’être une fraction civile de la nation convertible très rapidement en forces militaires avec des moyens « sous cocon » et un parc à idées. Cela est d’autant plus nécessaire qu’on ne peut concevoir de nouveaux équipements modernes en un an comme pendant les deux guerres mondiales.
Il nous faut donc préparer nos réserves...Ce concept de la "Garde Nationale" (appelons-le comme on veut, cela peut être simplement des réservistes de chaque armée...) ne pourrait-il pas être creusé ?
Pour cela, il faut sortir de la logique "service militaire" encaserné que nous avons connu. Il a eu son utilité et a permis de gagner la guerre de 14 et la Guerre Froide", cela n'est pas rien. Mais le contexte et ,surtout, la société ont changé...IL y a là une idée à creuser sur la formation, l'emploi de nos réservistes, dans une structure réaliste et adaptée au monde d'aujourd'hui. En ce sens, les moyens de simulation de préparation opérationnelle pourraient permettre de former à bas coût des "combattants adaptés" à nos besoins sans revenir au schéma ante-professionnalisation...
Il y a des jeunes (et des moins jeunes) qui sont "fanas" de servir dans un mode rénové en focalisant sur le tir de combat, le secourisme, la patrouille, etc....des procédés simples, facilement accessibles par tous...Sur le mode "pompiers volontaires" ou "associatif"...Bref un gisement à creuser pour à notre tour "surprendre l'ennemi"...Nos pires contraintes ? Notre passion pour les formalités administratives et la complexification des taches...
A nous de les surmonter car "la Patrie est en danger" et que c'est le moment de passer à l'action..."Aux Armes, Citoyens".... Merci pour votre blog mon Colonel...
Depuis 50 ans on nous a vendu la paix et la prospérité éternelle au sein d'une Europe politique unie sous la protection de la bannière étoilée et nous y avons cru à cette belle histoire aussi au fil des décennies nous sommes devenus un peuple servile et indolent !...alors il ne faut pas être étonné car on ne récolte que ce que l'on sème.
RépondreSupprimer« S'il faut la force pour bâtir un État, l'effort guerrier ne vaut qu'en vertu d'une politique. »
Citation de Charles de Gaulle
Je ne connaissais pas Lucien Poirier avant de lire votre excellent post, merci à vous de m'avoir fait découvrir son oeuvre. A noter ce pdf extrêmement interressant qui en parle :
RépondreSupprimerhttp://www.defnat.com/site_fr/pdf/Lebas%20-%20Le%20g%C3%A9n%C3%A9ral%20Poirier%20(T%20365).pdf
La France doit ré-armer, et pas seulement au niveau militaire. C'est un ré-armement idéologique, moral et militaire qu'il nous faut. Ainsi que partenariat renouvelé avec le civil.
RépondreSupprimerSinon le prochain signe noir va faire très mal.
L'Islam se préparer à attaquer et à nous prendre par surprise.
Merci d'avoir re-publié ce très intéressant article.
RépondreSupprimerPour développer la notion de "cygne noir", l'expression désigne non pas un événement que l'on jugeait - éventuellement à tort - improbable, mais un événement dont on n'avait pas envisagé la possibilité. C'est ainsi que la découverte de cygnes noirs a été une totale surprise, nul n'ayant auparavant envisagé qu'ils puissent être autre chose que blancs.
Un cygne noir n'est donc pas seulement un événement improbable. C'est un événement dont la POSSIBILITE MEME doit être une surprise.
- Un événement comme évoqué par Yoananda "l'Islam se prépare à attaquer et à nous prendre par surprise" ne serait pas du tout un cygne noir par exemple... cela fait quand même un certain nombre d'attaques islamistes dans beaucoup de pays depuis longtemps, plus vraiment une surprise, et rien de vraiment improbable hélas ! Et les attentats du 13 novembre 2015 n'avaient rien d'un cygne noir.
- La faillite de Lehmann Brothers ne peut pas non plus être appelée un cygne noir. Certes elle a beaucoup impressionné, mais enfin des institutions financières qui font faillite cela arrive régulièrement depuis des siècles. Qui n'avait jamais envisagé qu'il soit possible que telle grande banque puisse faire faillite avait simplement oublié les leçons cent fois répétées de l'histoire économique... et n'avait qu'à s'en prendre à lui-même.
- Certains événements extrêmement improbables ne seraient pas non plus des cygnes noirs. Par exemple, un astéroïde qui détruirait Paris ce soir ne serait pas un cygne noir : événement dont la possibilité est connue, même si sa probabilité est fantastiquement faible.
- Les attentats du 11 septembre en revanche étaient bien un cygne noir. Nul n'avait envisagé des attaques suicides par détournement d'avion, nul n'avait envisagé la destruction de tours géantes de cette manière. Du moins pas en dehors de la fiction, puisque un livre de Tom Clancy avait déjà imaginé un scénario semblable - mais personne dans les cercles dirigeants.
- La destruction de la centrale nucléaire de Fukushima peut aussi être qualifiée de cygne noir en un sens. Bien sûr les tremblements de terre au Japon n'ont rien pour surprendre, mais la possibilité d'un tsunami dépassant les paramètres connus et utilisés pour dimensionner la sécurité de la centrale a bien été une surprise.
Les notions de réserve de puissance, de variété des moyens en réserve et de capacité de "boîte à idées" citées par Michel Goya me semblent très importantes pour se préparer à ce qu'on n'envisage absolument pas.
J'ajouterais cette remarque qu'une grande partie, peut-être la majorité des moyens à garder en réserve sont avant tout des moyens scientifiques et technologiques. En effet, bien des surprises stratégiques a priori impossibles nécessiteraient une forte composante technique pour y réagir.
Pour prendre des exemples - et faire mon Tom Clancy en imaginant des scénarios du type "11 septembre" c'est-à-dire que peu de gens prendraient au sérieux... sauf s'ils arrivent pour de bon : un commando qui détruit les SNLE à quai, laissant un seul bâtiment incapable d'assurer la permanence à la mer, ou un moyen de détection sous-marine miraculeux inventé tout à coup ---> pour construire une dissuasion mondiale minimale alternative en moins de 60 jours, c'est la réactivité technologique et l'imagination qui primeraient.
Et cela risquerait d'être le cas pour beaucoup d' "événements" encore jamais sortis d'un roman de politique- ou science-fiction, comme l'attaque par avion de ligne suicide n'était jamais sortie d'un roman avant septembre 2001.
Je me permet de reprendre votre dernier scénario en cas d'attaque de l'Ile Longue. Il ''suffirait'' d'adapter des charges nucléaires à MdCN et les dispatché aux SNA de Toulon pour avoir une capacité de rétorsion mondiale. Sinon, les Rafales, même s'ils n'aurait pas la capacité de frappé Moscou peuvent menacé les frontières russes de Mourmansk au Caucase en passant par Saint Petersbourg.
Supprimer@ Alexis TK27. "l'attaque par avion de ligne suicide n'était jamais sortie d'un roman avant septembre 2001".
SupprimerOh que si. C'était le thème du roman de Robert Buchard "Trente secondes sur New York" sorti chez Albin Michel en 1969. L'auteur n'appelle pas çà un cygne noir mais le coup de la bombe sous le paillasson.
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RépondreSupprimerBonsoir mon Colonel
RépondreSupprimerUne petite photo de FFP2 pour illustrer votre post...ou le contraire votre post pour accompagner les photos de l'actualité?
Et grand merci à vous pour tous vos posts!
Respectueusement!