dimanche 23 septembre 2018

De saint Matthieu à Saint-Cyr


Général Marceau, issu du rang
Publié le 23 avril 2013

« Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance,
mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu'il a »
Matthieu 13 :12

On peut difficilement imaginer structure plus méritocratique qu’une équipe nationale de sport collectif. Si on prend l’exemple du rugby, on peut considérer que ceux qui portent le maillot du XV de France sont aussi ceux qui ont été jugés les meilleurs à leur poste, aboutissement d’un long processus de sélection commencé dès l’adolescence et poursuivi au sein d’équipes professionnelles. Leur sélection semble tout devoir au travail et au mérite…sauf que, quand on regarde de près le profil des 50 derniers sélectionnés on constate un phénomène étonnant : 7 ou 8 sont nés dans chaque mois de septembre à janvier, puis 3 en févier, 2 en mars, 1 en avril, avant que la courbe ne remonte un peu pour l’été (de 2 à 4). On pourrait imaginer que cela reflète la fréquence des naissances en France. En fait, c’est plutôt le contraire, la période de septembre à janvier représentant un léger creux en la matière. On se retrouve ainsi avec 60 % des joueurs du XV de France nés dans une période où naissent en moyenne 35 % des Français.

Après avoir écarté l’hypothèse que certains signes astrologiques prédisposaient au Rugby (Bélier et Taureau, apparemment plus propices, correspondent en plein au creux de sélection), on est bien obligé de remarquer que la surreprésentation automnale des naissances des sélectionnés correspond au début des saisons sportives. Cela n’a évidemment aucune importance au niveau du XV de France, cela en a en revanche nettement plus au niveau des minimes ou des cadets lorsque le corps change rapidement. Lorsque débutent les saisons sportives, les plus vieux de quelques mois ont alors plus de chances de disposer de capacités physiques légèrement supérieures à ceux qui sont nés à la fin. Ils ont donc aussi plus de chances de se faire remarquer et d’être sélectionnés pour une école où ils accroîtront nettement encore ce petit avantage initial. Il leur sera ensuite plus facile d’intégrer une équipe professionnelle et éventuellement d’atteindre l’équipe nationale.

Ce phénomène d’avantages cumulatifs à partir d’un petit avantage initial a été théorisé en 1968 par le sociologue américain Robert Merton sous le terme d’effet Saint-Matthieu. Il s’applique à de nombreux domaines : un casting heureux, un bon premier roman, un article scientifique remarqué, la réussite à un concours, etc. peuvent suffire à démarrer un processus autoalimenté d’acquisition de notoriété, richesse et/ou pouvoir. A partir d’un certain seuil, le talent n’est même plus indispensable.

Cet effet Saint-Matthieu permet ainsi de mettre en évidence un facteur souvent négligé, notamment par les vainqueurs qui écrivent l’Histoire : la chance initiale. Cela signifie concrètement qu’à côté d’individus talentueux visibles, il y en a d’autres qui n’ont eu la possibilité de pouvoir s’exprimer pleinement ou ont, pour des raisons diverses, échoué à le faire lorsque l’occasion s’est présentée. En écartant ce potentiel puis en accroissant les certitudes des uns et la frustration des autres, l’effet Saint-Matthieu est donc clairement un facteur de sous-optimisation des ressources humaines (voir ici).

On peut combattre cet effet en tolérant les échecs et en multipliant les possibilités de se faire remarquer comme celles de contester les positions établies des « mandarins ». On peut décider aussi et au contraire d’en amplifier les effets. C’est ce que fait la France avec son système des Grandes écoles. Prenons l’exemple de Saint-Cyr.

Adolphe Messimy, lui-même Saint-Cyrien, futur ministre de la guerre puis brillant officier pendant la Grande guerre dénonçait en 1908 un mode de sélection des officiers « aveugle et stupide » et où

« des candidats totalement inconnus sont classés uniquement d’après les hasards d’une réponse heureuse. Ce concours unique s’élève sur le chemin de la vie comme la porte monumentale d’un enclos sacré. Celui qui l’a franchie -fût-ce par surprise- est proclamé digne de parcourir sans encombre une belle carrière ; celui qui voit cette porte se fermer devant lui ne trouve, pour arriver au but, qu’un chemin rocailleux et peut se dire qu’il lui manquera toujours « une sorte d’investiture ». (Adolphe Messimy, L’armée et ses cadres, Paris, Chapelot, 1908, p. 18).

Nous avons là l’exemple d’un système où la réussite à un concours (elle-même facilitée par de nombreux facteurs sociaux) qui n’a par ailleurs aucun rapport avec la profession pour laquelle on postule, ouvre la porte à une série d’avantages cumulatifs plus ou moins explicites. L’inscription sur l’annuaire d’avancement s’effectue ainsi en fonction d’abord des écoles puis du classement. Le major de promotion de l’Ecole militaire-interarmes, issu donc du recrutement semi-direct, est ainsi inscrit derrière le dernier des Saint-Cyriens. 

Par la suite, le jeu subtil des notations successives (niveaux minimum différents suivant les origines, privilège au « potentiel », endogamie plus ou moins avouée de la part de notateurs eux-mêmes majoritairement « Saint-Matthieu », critère de l’âge) accentuent encore cet avantage initial. Cela prend parfois des voies détournées comme lorsqu'on m'a expliqué qu'il fallait qu'une autre compagnie que la mienne, dont c'était le tour, serait envoyée en opérations car « vous comprenez, son chef est Saint-Cyrien et il faut qu'il ait fait moins une opération extérieure dans son temps de commandement, ce sera mieux pour lui pour la suite ».

Les passages aux grades supérieurs s’effectuent ainsi dans une proportion croissante en faveur des ESM (pour effet « Saint-Matthieu »), de six à huit pour un pour le grade de chef de bataillon jusqu’à quinze à vingt pour un pour passer général de brigade. Des barrages culturels classiques sont également en place comme les exceptions présentées comme contre-exemples et une qualification péjorative (« aigri ») pour ceux qui critiquent cet état de fait. 

On notera qu’en situation de réduction d’effectifs, l’ESM est encore renforcé plutôt que combattu. La réduction du nombre d’officiers supérieurs consécutive à la professionnalisation complète des armées s’est ainsi concrétisée par des moitiés de promotions de semi-directs bloquées à moitié au grade de capitaine tandis qu’en amont, les effectifs de l’EMIA étaient réduits de plus des deux-tiers, alors que les Saint-Cyriens n’étaient que très marginalement affectés.

Les individus ne sont pas en cause, beaucoup de Saint-Cyriens sont clairmeent compétents voire brillants, mais comme le seraient certainement des joueurs d’un XV de France sélectionnés d’abord sur le fait d’être né en automne. On imagine intuitivement ce que ce XV de France donnerait sur la durée face à des équipes plus ouvertes ainsi que l’ambiance dans la ligue professionnelle. On accepte pourtant cette situation dans notre armée et plus encore dans de nombreuses autres structures de notre pays.

34 commentaires:

  1. PAS VRAIMENT D'ACCORD

    Comme tout les constats objectifs, on ne peut que partager le votre eu premier abord. Et donc s'étonner de l'absence de cohérence visible, ou de correspondance, entre le nombre d'élèves officiers recrutés à l'ESM, le nombre d'élèves officiers recrutés à l'EMIA, et le format des armées. Soit. La question qui se pose donc, et que vous ne posez pas clairement au bout du compte, est celle du critère de sélection des élites. Question qui n'est pas nouvelle, qui a toujours soulevé la polémique (Foch et De Gaulle en parlaient déjà très bien et sans doute d'autres avant eux), et qui varie aussi selon les circonstances (les chefs en temps de guerre vs les chefs en temps de paix).

    A lire votre billet, on finit par conclure qu'il faudrait davantage de critères objectifs pour sélectionner les chefs et éviter la tendance néfaste à l'endogamie de certains corps de l'administration, ou des forces armées. C'est là que mon opinion semble différer de la votre. Car au fond, les St Cyriens pourraient se plaindre du même système qui les discriminent entre eux (entre les plus jeunes et les moins jeunes, les armes qui ont offrent plus de temps de commandement et les autres...).
    Ce faisant, on en vient donc à éluder naturellement la question des critères pour focaliser son attention sur l'endogamie insupportable de tel ou tel groupe (le club des ancres, celui des bérêts verts...). Les critères de sélections seraient cachés, subjectifs et ne reflèteraient pas la performance.
    Or le problème, à mon sens, n'est pas l'absence de critères suffisamment transparents de la sélection. Il est justement de fonder la sélection sur des critères que l'ont veut trop objectifs et égalitaires. La jeunesse (donc le potentiel et la rentabilité), le classement en école (en effet quelle pertinence 10ans après?), la réussite au concours de l'école de guerre (ou pas; nouveau couperet plus ou moins aléatoire). Ainsi, on prive le commandement de ses vraies prérogatives, celle de la sélection, de la capacité à juger, apprécier et promouvoir.

    Le problème (on est d'accord il y en a un), ce n'est pas de chercher davantage de critères objectifs pour favoriser l'équité. Cette tâche paraît louable, mais elle est en partie illusoire, en partie contre-productive.

    Le problème, c'est tout simplement de promouvoir une autorité assumée et libre d'exercer ses prérogatives. Alors naitrons peut-être les conditions d'une sélection des élites fondées sur le courage ou la capacité à susciter l'adhésion (ou tout autre critère que l'on peut attribuer à un chef légitime); plutôt que sur des critères "épouvantails" d'âge, de recrutement, ou de réussite à un concours de langue (critère qui malgré tout ont une place, parmi d'autres).
    B.E

    RépondreSupprimer
  2. Le constat est d'une rare lucidité.
    Le mode de notation, d'avancement est effectivement obsolète et entraine un gachis des compétences. Trop d'officiers de valeur sont mis de coté. Il faut fonder la notation et l'avancement uniquement sur les mérites des individus, sur les faits de guerre. Il faut supprimer les petits arrangements, les interventions qui polluent gravement les conditions d'avancement et de notation.
    Cependant, évitons le corporatisme. Pourquoi faudrait-il protéger à tout prix l'EMIA ? Pourquoi un IA aurait droit à un système de progression linéaire protégé ?
    Cdlt,

    RépondreSupprimer
  3. Une nuance : je crains que le facteur discriminant pour l'avancement des officiers, plus que l'origine, soit l'age, au motif que la sélection des officiers doit in fine permettre de disposer de "jeunes" généraux capable, d'une part, de "durer" et d'autre part de soutenir la comparaison avec leurs interlocuteurs dans la haute administration lorsqu'ils rendront de "vrais" services à l'EMA ou à l'EMAT.
    Durer : j'ai du mal à me positionner sur ce point, dont l’appréciation passe notamment par une comparaison des coûts (je suis incapable de comparer celui d'un colonel ancien et d'un brigadier) et dépend de facteurs exogènes (évolution des limites d'age en fonction des lois sur les retraites).
    Comparer ; je suis plus dubitatif sur cette idée fixe, que je relie à une forme de complexe d'infériorité. Certes, nos officiers supérieurs ne seront jamais dir cab d'un ministère à l'age d'un conseiller d'Etat. Mais devons-nous chercher à nous aligner dans une course où le handicap est irrattrapable ? Nos officiers sont-ils moins agiles intellectuellement sous prétexte qu'ils ont passé dix ans au contact des réalités, de leurs soldats, à faire leur métier ? Sont-ils moins préparés à prendre des décisions, à en peser les conséquences, fussent-elles politiques ?
    Pour en revenir à Saint Mathieu, je crois que c'est au jeune que tout sera donné par surcroît ; je ne dispose pas de chiffres, et les échantillons interdisent l'étude statistique, mais j'aurai tendance à croire que, par cohorte, le facteur de discrimination par l'age l'emportera sur celui par origine. Au résultat, ce seront toujours dans leur immense majorité des saints-cyriens qui décrocheront les étoiles, mais je ne suis pas certain que la proportion de "vieux" cyrard évincés pour les étoiles en raison de leur age et malgré leur qualité soit très inférieure à celle des IA devant céder le pas pour le passage "jeune" aux grades de LCL ou de COL.

    RépondreSupprimer
  4. Grenadier de la Garde23 avril 2013 à 22:51

    Article encore une fois très intéressant.
    Pourriez-vous nous proposer une étude comparative avec la British Army ?
    Ou l'EMIA n'existe pas.
    Ou il y a très peu d'OAEA et de rang.
    Ou Sandhurst ne dure qu'un an.
    Ou les bataillons sont plus petits et donc plus nombreux.
    Ou les "vieux" sont virés avant 45 ans
    Ou on peut commander un bataillon vers 38 ans après avoir intégré Sandhurst vers 25 ans et des études artistiques (si, si....).
    Ou on peut être brigadier vers 43 ans...
    Ou l'expérience OPEX est le critère majeur.
    Ou l'administration militaire ne commande pas tout.
    Ou la Colo et la Légion n'existent pas...
    Ou les BDD sont inimaginables même intellectuellement.
    Ou la gendarmerie n'existe pas...
    Ou les chanceliers n'existent pas...
    Bref un système différent, pas forcément parfait mais ou "l'effet Saint Mathieu" joue carrément moins au profit de profils réellement jugés sur le terrain et sur le commandement.
    Mais est-ce transposable en France ? Je n'en pas sûr...
    Encore bravo pour votre liberté de ton qui ne cesse de m^'impressionner...

    RépondreSupprimer
  5. "Allez, les grandes écoles ont toujours sélectionné les bonnes mémoires, les fortes volontés et les harmonieuses médiocrités ; elles n'ont jamais choisi les intelligences. Il en passe quelques-unes, qui rayonnent sur le lot. Mais on en trouve autant dans le lot d'à côté."
    (Auguste Detoeuf, polytechnicien et industriel, in Propos de O.L. Barenton, confiseur)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, mais :

      De ceux qui ont été élevés et instruits jusqu'à vingt-cinq ans dans l'étude et la recherche de l'inutile, dans l'amour de l'art et de la science pure - dans la recherche de problèmes abstraits - quatre-vingts pour cent sont jusqu'à quarante-cinq ans des hommes désintéressés. (Après cela, ils deviennent pareils à tous les vieillards. Ils ne pensent plus qu'à eux-mêmes.) C'est cette espèce d'hommes que la Société doit former pour s'assurer un squelette. En aura-t-elle la force ?
      (Propos de O.L. Barenton, confiseur, p.46, Éd. du Tambourinaire, 1962)

      Supprimer
    2. Et aussi :

      L'Américain classe les hommes par leur argent.
      Le Français, par leurs numéros d'ordre dans les examens.
      Le Chinois aussi.
      (Propos de O.L. Barenton, confiseur, p.69, Éd. du Tambourinaire, 1962)

      Supprimer
    3. comment quelqu'un de bon sens et proche de l'armée peut il citer ce collabo notoire detoeuf ,membre des groupes les plus pourris de x crise l'armée n'a pas besoin des fana milis qui se croient revenus au temps de vichy et le dernier rapport sur le fonctionnement de saint cyr l'école devrait en inspirer plus d'un .C'est cette racaille néo fasciste que le nouveau gouvernement a pris soin d'expulser des écoles militaires.il devrait continuer.

      Supprimer
  6. @ Grenadier de la garde

    "Pourriez-vous nous proposer une étude comparative avec la British Army ?
    Ou l'EMIA n'existe pas.
    Ou il y a très peu d'OAEA et de rang.
    Ou Sandhurst ne dure qu'un an.
    Ou les bataillons sont plus petits et donc plus nombreux.
    Ou les "vieux" sont virés avant 45 ans"

    Ce "système" existe en France: les OSC encadrement. Diplômés de l'enseignement supérieur (minimum bac+3, scolarité académique qui n'a couté strictement rien à l'état!), leur formation d'officier est d'un an et demi+ 6 mois de stage en corps de troupe.
    Contractuels ils ne peuvent servir au maximum 20 ans et seront donc pour la plupart virés à 45 ans.

    "Bref un système différent, pas forcément parfait mais ou "l'effet Saint Mathieu" joue carrément moins au profit de profils réellement jugés sur le terrain et sur le commandement.
    "
    Concernant les OSC la France ne va pas au bout d'un raisonnement qui serait de mettre sous contrat TOUS les officiers puis en fonction de critères à déterminer (réussite ESG, OPEX, commandement etc.) ne conserver aux âges les plus avancés que les profils jugés utiles.

    Le statut OSC me semble être l'avenir du recrutement et du parcours des officiers.

    RépondreSupprimer
  7. Bonjour,

    Pour l'étude sur les 50 derniers sélectionnés de l'équipe de rugby. 50 justement l'échantillon me semble faible, était ce le cas avant ces 50 ? est ce que cela se retrouve dans d'autres sports ? Y a t'il un lien vers une référence d'étude ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'idée de ce billet m'est venue en lisant la premier chapitre de "Les prodiges" de Malcolm Gladwell qui donne plusieurs exemples dans le hockey et dans le football. 50 est effectivement un chiffre un peu faible. Je compte élargir l'échantillon quand j'aurais du temps.

      Supprimer
  8. Votre erreur fondamentale (et celle que laisse croire le système) est de vouloir faire commencer un bac + 5 au niveau d'un bac + 2 ou 3, ce que ne fait aucune autre administration (cf la police par ex). Si le cyrard commençait au grade de capitaine et l'officier issu de l'EMIA à celui de lieutenant, la question se poserait différemment. Quant à la comparaison avec des sportifs et leur propension à "améliorer" leur capacité, elle me parait plus que douteuse. Que certains "bons" restent sur la touche, c'est le propre de la sélection, et la seule question qui vaille pour modifier foncièrement le système comme le proposent certains commentaires, est de savoir si nous avons de mauvais officiers, à tous les niveaux de la hiérarchie. Au regard des dernières interventions, cela ne semble pas être le cas.

    RépondreSupprimer
  9. Si le constat peut être partagé par beaucoup, il me semble incomplet, car il y manque quand même une proposition de système pour évaluer les officiers et sortir de l'ESM "par le haut".
    Car, qu'est-ce qu'un officier "de valeur" ?
    Comment estimer la "réussite" d'un commandement ?
    Il faut classer les officiers en fonction de la réussite de leurs opex, certes, mais quels seraient les critères de réussite ?
    Et il n'y a pas si longtemps, il y avait peu d'opex, alors comment classer ces officiers ?

    RépondreSupprimer
  10. L'exemple du rugby mélange en fait deux choses : les biais de sélection et les différences de formation.

    * On peut remarquer que le mode de sélection du rugby est différent de celui des concours, puisque dans un cas il s'agit de sélection en match lors du début de carrière du joueur (bonne équipe cadet, puis lycée sport-études, équipe nationale junior, etc...) et dans l'autre de sélection sur concours formel (programme scolaire commun sur deux ans, examen sur ce programme, possibilité de redoubler avec pénalités donnant cependant de meilleures chances).
    Donc, l'exemple du rugby est en fait plus proche du mode de sélection qui semble être envisagé par différents commentateurs du blog que du modèle des concours.

    * Une forme de sélection, et donc les différences de formations liées, sont inévitables dans le cadre du rugby, mais aussi ailleurs.
    Dans le cas du rugby, la compétition est l'une des motivations des joueurs, c'est à dire ce qui motive les joueurs pour s'inscrire, s'entrainer...Ces efforts sont faits pour pouvoir affronter l'adversaire, et si possible le battre.
    Dans ces match, tout entraineur raisonnable mettra donc ses meilleurs joueurs, sans quoi son équipe passera dans un niveau moins élevé, perdra des joueurs, etc.
    Et la participation à ces match élèvera le niveau des joueurs sélectionnés pour y participer.
    Donc, il est à la fois souhaitable et inévitable, dans le cas du rugby, de séparer progressivement les meilleurs joueurs des autres, et en faisant cela de leur donner une expérience différente.

    * la sélection participe aussi à la formation de l'esprit de corps.
    Actuellement, celui-ci est parfois mal vu, et il est vrai qu'il a des inconvénients. Mais il a aussi des avantages, car le groupe est plus que la somme de ses membres. Les différents corps de la fonction publique, par exemple, participent à l'équilibre des pouvoirs.

    * Ces remarques sont vraies pour d'autres systèmes de sélection, et il en existe dans tous les pays. En Angleterre, la sélection pour la vie économique et politique commence beaucoup plus tôt, avec le système des public schools, basé sur l'argent et les capacités scolaires comme critère d'accès, et s'appuyant à la fois sur une formation scolaire, les sports (fair play, respect des règles et du rôle de chacun) et les traditions.

    Voici ce qu'en dit un journaliste de gauche, scolarisé dans ce système, dans le cadre de l'ex empire britannique :

    http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2013/jan/28/rich-born-to-rule-fatal
    "A few decades earlier, the role of such schools was clear: they broke boys' attachment to their families and re-attached them to the institutions – the colonial service, the government, the armed forces – through which the British ruling class projected its power. Every year they released into the world a cadre of kamikazes, young men fanatically devoted to their caste and culture."

    "il y a quelques années, le rôle de ces écoles était clair : elles cassaient les attaches des élèves à leur familles et les attachaient aux institutions (l'administration coloniale, le gouvernement, les forces armées) à travers lesquelles la classe dirigeante britannique projetait son pouvoir."


    * Dernière remarque : pour donner un complément au billet, je me suis intéressé à la date de naissance des entraineurs du XV de France, c'est à dire ceux qui réfléchissent sur sa doctrine :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quipe_de_France_de_rugby_%C3%A0_XV#Entra.C3.AEneurs

    sur les 10 entraineurs listés, l'un ne dispose pas de date précise sur sa fiche (Desclaux), 3 sont nés au printemps, 3 autres l'été, 3 pendant l'automne et...zéro pendant l'hiver.
    Donc, pour le choix des stratèges, les mois de printemps et d'été ne sont pas des mois maudits.

    RépondreSupprimer
  11. Gans eco-finance

    Il ne faut pas oublier que toute la finance est basée sur la formule de terminale C des suites mathématiques. Present Value en anglais. C’est le cœur absolu de l’évaluation financière. Il n’y a pas 5 voir 4 ou 3 et au pire 2 formules à la base de la finance mais 1 formule sacro-sainte la formule des suites. Même celle des prix Nobels de finance Black–Scholes–Merton et toutes celles des dérivatives de tout noms sont toutes basées sur l’unique formule des suites mathématiques...

    Un véritable château de carte.

    Qui plus est la mondialisation a elle aussi une seule théorie comme base de sa justification la théorie de l’avantage compétitif. Certes très convaincante en première discussion. Apres analyse cette théorie a plus de fuites qu’une passoire. Bref nous ne sommes pas encore sorti de l’auberge.

    La crise aurait pu être finie et nous pourrions encore nous en sortir à moindre fracas tout simplement en nationalisant nos banques et en réduisant les milliards de dépenses inutiles des millefeuilles de fonctionnaires redondants ainsi que des programmes d’asservissement pseudo sociaux qui s’apparentent en toute objectivité à des achats de voix électorales de droite comme de gauche.

    C’est bien là ou l’histoire sera d’une extrême sévérité envers Nicolas Sarkozy qui en 2009 alors qu’il siégeait à la tête de l’Europe a pris la pire des décisions pour la France et l’Europe. La décision de sauver les banques. Les banques n’étaient-elles pas le bosquet qui cachait la foret. Je le pense

    Oui une crise forte et profonde serait brutalement arrivée Des fortunes se seraient évaporées. Le peuple à juste titre aurait demandé des têtes et il en aurait eu. Sous le couperet serait en particulier tombé l’hégémonie de la fausse puissance américaine. Je ne sais plus qui l’a déjà qualifiée de Goliath au pieds d’argile mais cela je le pense aussi.

    Cependant les comptes auraient étés purgés et nous serions déjà reparti sur des bases saines. Mais Sarkozy a fait son devoir de membre de l’Ordre Nouveau il a sauvé l’Amérique en sacrifiant l’Europe. Du moins pour le moment.

    Les USA qui ont mis depuis 2009 leur planche à billet non pas en hyper chauffe mais bien en supra chauffe se trouvent confrontés à un problème avec l’Europe emprise aux vertus de bonne gestion Il ne faut pas oublier que depuis 45 l’Europe est le 1er client de l’Amérique. Qui plus est leur meilleur client puisque c’est un client à qui ils font payer le prix fort puisqu’ils ont les moyens.

    Mais ce client s’est mis au régime et cela ne sert pas les intérêts de l’Amérique. Il faut donc mettre la propagande en route pour faire croire aux bonnes vertus de la planche a billet tout azimut. Donc tout politique et économiste qui en ce moment nous servent les vertus de la dépense peut (doit) être vu comme agent de l’Amérique.

    A cela s’ajoute le véritable plan de réduction de la dette Américaine qui est basé non pas sur de la création de richesse ni même sur une hyper inflation américaine (qii leur causerai d’autres problèmes) pour repayer leur dette absolument colossale. C’est là où est l’arnaque la plus audacieuse ; l’annulation mutuelle des dettes au niveau mondial. . Pas de bénéfices réels a dégager pour payer ses dettes et les dettes s’évaporent comme par magie. Absolutly genius..You’ve got to love America.

    A qui profite le crime……. Au pays le plus endetté.. Qui paye le plus lourd tribu…. Le pays le moins endetté. En l’occurrence en Europe l’Allemagne.

    La solution existe du moins pour la France. Une grande partie de la solution se trouve à mon humble avis dans la valorisation de tous ses territoires où qu’ils se trouvent car il y reste de nombreuses opportunités à exploiter. Sans oublier ses anciennes colonies qui peuvent être une source de croissance quasi illimité sur le court et moyen terme. Le long terme économique désolé mes jumelles n’ont pas cette portée et mon compas n’indique que des azimuts potentiels.

    RépondreSupprimer
  12. S'il est une administration militaire où cet effet joue à plein, c'est bien le Service de Santé des Armées avec la conjugaison des concours de première année de médecine et de l'internat de spécialité hospitalière.
    Vous retrouvez ainsi à la tête de la Direction Centrale et des grands organismes de brillants médecins généraux qui n'ont comme seul souvenir des Forces que celui de la conscription et qui ont plus parcouru les couloirs des HIA que les tentes surchauffées des antennes chirurgicales.
    L'effet de saint-matthieu aboutit ainsi au récent rapport de la cour des comptes et à un profond sentiment de déconnexion entre direction centrale et médecins des Forces.
    Un sujet intéressant pour une prochaine note...?

    RépondreSupprimer
  13. Les semis directs des « sous optimisés » ?

    L'effet Saint-Matthieu est clairement devenu un scandale républicain comme il est parfois de bon ton de se regarder par le fond de la lorgnette, votre billet devrait naturellement interpeller les hautes sphères qui hélas s'en fichent complètement ! L 'ascenseur social est bel et bien en panne et c'est encore plus flagrant au sein de l'institution qui n'échappe pas à sa psychosociologie propre quoi-que vous vouliez bien en dire !
    La politique institué par les directs est plus que détestable de viré les semis direct au grade de trois barrettes, autant dire « des sous hommes » c'est malheureusement la triste vérité. Et ce sont la plupart du temps des hommes de grandes valeurs dont l'institution supérieure se croyant au dessus de tout blâme estime devoir se passer de ses talents républicains. Grave erreur, comme celle que le pouvoir républicain laisse « pantouffler » dans ses salons parisiens un général devenu cema pendant 14 ans ! A chaque sortie du Journal Officiel et c'est là ; la préoccupation première de nos cadres, de voir qui a été nommé au grade supérieur et qui ne l'est pas , c'est le seul grand sujet de discussion. Déplorable d'une caste et ses réseaux qui ne défend pas la grandeur de la France mais enterre sa démocratie à leurs profits exclusifs personnels d'une voie royale...
    Depuis la guerre d'Algérie le mouvement n'a fait que s'accentuer et n'est pas prêt de s'inverser, si la République persiste dans la proportion de recrutement populaire des grandes écoles et c'est aussi comparable au troisième cycle universitaire d'une évolution parallèle  de 1940 à 1970. Ce n'est plus le cas depuis les années 1980 leurs évolutions divergent l'accès aux grandes écoles s'interrompt.
    Le rationnement des places par le niveau du concours n'est pas une explication valable ni suffisante mais destiné en priorité aux groupes, castes, réseaux les mieux informés de la conjoncture à la baisse de la croissance économique qui ont tirés parti de la valeur des titres scolaires donc de la sélection accrue, à la manière à ce jour d'un délit d'initié parrainé, alors que dans notre idéal républicain ce concours gratuit et ouvert à tous doit opérer une simple sélection reposant sur le seul mérite. C' est ainsi passée de 25,2 % des années 1950 à 9 % en 1990 et 1% en 2011 (odds ratio) et cette tendance se poursuit d’autant plus qu’en situation de crise l'auto-protection des castes, l'atavisme du milieu familial érigé en cours particuliers et leurs réseaux parrainés en réduisent encore l’ouverture populaires des enarques , X-, mines, cyrards qui ne voient plus là dans leur grande majorité que l'intérêt de se servir au lieu de servir la France.
    La démocratie et l'économie en prend pour son grade, tant et si bien que la France se classe championne du monde de la régression économique et sociale ! Bravo Mesdames, Messieurs, belles mentalités vous avez et contribuez activement à la ruine républicaine et sociale et de la France...Un bon coup de balai s'impose contre ces castes de la science infuse qui restent en fonction officieuse jusqu'à la fin de carrière pré retraîtés à 30 ans ou recasés des proches politiques du président et du premier ministre qui ont le droit de nommer leurs proches familiaux à vie sans aucune compétence et qui émargent à plus de 12000€ mensuels pour dix courtes notes en 18 ans d'activités à l'Igf, Igas, Igen, Iga, etc ...les foyers d'accueils de nos «hauts fonctionnaires des grandes écoles» en déshérence.

    RépondreSupprimer
  14. quelques remarques:

    le système n'est pas parfait mais pas pour les raisons que vous évoquez.

    nul n'est empêché de présenter le concours de l'ESM: il suffit juste d'accepter de travailler dur en classes préparatoires comme n'importe quel concours des grandes écoles. on peut remettre en cause les grandes écoles mais pour les remplacer par quoi...
    l'ESM n'est en aucune façon la garantie d'une voie royale: un mauvais TC comme CDU; un échec au concours de l'école de guerre et vous vous retrouvez CNE ou CDT à vie. Ce n'est pas le cas des X de la DGA par ex

    la chance et le hasard jouent leur rôle ni plus ni moins qu'ailleurs; c'est la vie qui est comme ça...Il faut relire Kipling: être un homme a plus d'importance que la réussite ou l'échec à un concours!

    le vrai problème se situe dans la schizophrénie de bon nombres d'officiers saint-cyriens lorsqu'ils pénètrent dans les hautes sphères du pouvoir ou de l'administration: le plan de carrière remplace avantageusement l'éthique dont ils se sont gavés pendant leur temps de corps de troupe: voilà un vrai sujet.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On pourrait discuter longuement sur le "nul n'est empêché" de présenter un concours des grandes écoles, le chemin est plein d'embûches pour parvenir juste à cette possibilité pour ceux qui n'ont pas connu des conditions favorables d'éducation...mais admettons. Je dis juste même dans ce cas notre système n'est méritocratique que jusqu'à l'âge de 22 ans, sensiblement à l'époque de l'inscription sur l'annuaire.

      Maintenant, on est toujours le St-Matthieu de quelqu'un, les X par rapport aux St-Cyriens, les IA par rapport aux OAEA, à l'intérieur de chaque catégorie, etc. Ce qui ne vaut pas dire que cela ne doive pas être combattu pour une meilleure efficacité de l'ensemble.

      Supprimer
    2. Tu étais surtout le meilleur rédacteur de RETEX du CDEF, et un des meilleurs penseurs militaires de ta génération.
      Comme tu ne pouvais voir les étoiles que la nuit en regardant par la fenêtre, tu as fini, un jour, par prendre la porte.
      La France manque d'aigris de ton calibre...

      Supprimer
    3. Cela me semble être un parfait résumé. Le raisonnement sous-jacent à cet article est assez éloigné de la pensée militaire de mon point de vue.

      Supprimer
  15. 1° En examinant votre point de départ il me semble que vous avez fait une erreur.
    . Parmi les gens nés une année X, les plus âgés sont ceux qui sont nés dans les premiers mois de l’année. Etre né de septembre à décembre est donc là un désavantage, et non un avantage. Votre observation contredit donc l’explication que vous en donnez.
    . Mais on est deux ans minimes, deux ans cadet, pourrez-vous le répondre.
    Si la sélection se fait indépendamment de l’année de naissance, donc parmi les gens nés en X et en X+1, le résultat est cependant le même : en moyenne, on est plus âgé quand on est né tôt dans l’année, même si, évidemment, celui qui est né en septembre X est plus âgé que celui qui est né en février X + 1.

    J’en conclus qu’il me semble que vous avez tort, et, faute d’explication au phénomène, que celui-ci est probablement un hasard dû au faible échantillonnage.

    2° La sélection dans le domaine militaire pose des problèmes beaucoup plus difficiles qu’ailleurs, car une armée, ça sert d’abord à faire la guerre. Mais comment juger en temps de paix la capacité d’un militaire à faire la guerre ?
    Imaginons que Renault se prépare à vendre des voitures mais n’en vende aucune… Ou même se prépare à en fabriquer mais n’en fabrique aucune : elle ne reçoit aucune matière première et fait tourner ses machines à vide.
    C’est largement la situation de l’armée en temps de paix…

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pour cet exemple du rubgy, je me suis inspiré de l'exemple donné par Malcolm Gladwell dans Les prodiges, sur les joueurs de hockey, à une échelle beaucoup plus large. Il faut raisonner ici en termes de saison sportive et non d'année calendaire.

      Pour le recrutement et la formation des officiers, ce problème est évident ("la guerre est une expérience dont l'expérience ne peut se faire", Henri Poincaré) mais il n'est pas insoluble. On en reparlera.

      Supprimer
    2. si je puis me permettre une précision sur le rugby, l'age d'entrée en catégorie se fait sur les année civiles et non au 1er juillet ou 1er septembre.
      par ex les U10 pour la saison 2018-2019 sont nés en 2010 et 2009. ce qui ne va pas sans poser de soucis dans la gestion des groupes mais ce n'est pas le sujet de votre billet.

      Supprimer
  16. Quelques constats empiriques et subjectifs :
    - L’accès aux prépa ESM est ouvert à tous. Par les lycées militaires, il est même très ouvert car il permet à quelqu’un dont les revenus de la famille sont faibles de se faire payer ses études totalement gratuitement (y compris le logement) et d’accéder virtuellement aux plus hautes fonctions par la suite.
    - Le concours de l’ESM : semblable à celui de n’importe quelle grande école + le sport. C’est un choix. Les candidats sortent de classes prépa les formatant pour cela. S’il y a critique à ce stade, elle concerne l’ensemble du système des études supérieures et pas uniquement le recrutement des officiers.
    - Le classement en école de formation initiale: il m’a semblé qu’il suffisait d’être discipliné et assidu pour y réussir. La concurrence est faible : beaucoup se « relâchent » après le concours, alors que les règles (inscription à l’annuaire et classement de sortie / choix des armes) sont claires à cet instant.
    - L’école d’application : idem. Concurrence plus forte car il n’y a parfois qu’une place pour une affectation très demandée. Le retard accumulé en école de formation initiale peut se payer, mais pas toujours. La méritocratie me semble globalement respectée.
    - La 1ère partie de carrière de l’officier : méritocratie de l’aptitude à commander (quid d’une notation à 180 voir 360° évoquée à la DRHAT ? Le concept pourrait être intéressant à tester et comparer avec le système actuel dans le temps long) x concours de circonstance (le 3e concours à réussir pour une grande carrière après l’ESM/EMIA et l’EDG !). La réussite ou l’échec se matérialise par l’appréciation de plusieurs chefs successifs, réduisant la probabilité d’erreur majeure mais pouvant aussi créer des cercles, vicieux ou vertueux.
    - La préparation du concours de l’EDG : les inégalités me semblent apparaitre ici. Un patrimoine social/familial militaire permet d’être mieux orienté vers un « poste de préparant » (ne serait-ce que par la connaissance des possibles) avec in fine un volume horaire « allouable » à la préparation pouvant très largement fluctuer d’un poste à l’autre. La nature du concours me semble néanmoins contrer cela (l’intelligence plus que les connaissances, à supposer que la première soit possible sans la seconde et réciproquement). Après, comment faire autrement : à ce stade, le solution miracle ne m’est pas apparu sauf à changer le point suivant.
    - Le concours de l’EDG. Par sa nature, il risque de remettre en cause plusieurs années de choix de commandement (échec d’un officier bien noté jusque-là, réussite inverse), ce qui me semble dommage pour l’institution. Après, il me semble que statistiquement, un « bon jusque-là » a plus de chance de l’avoir qu’un « mauvais jusque-là ». Les autres sont les exceptions, problématiques sur le plan personnel et RH. Une piste de changement : le choix du commandement, mais ce serait sans doute exposer celui-ci aux recours en cascade dès les notations de la 1ère partie de carrière. Avec un échec à un concours, on ne peut s’en prendre qu’à soit même et au « système ». Avec une sélection par les chefs, la critique devient personnelle et le système s’en trouverait différent.
    - La suite : je ne la connais pas donc m’abstiendrait. Le concours de circonstance demeure un élément clé, dans la carrière militaire comme en toute chose de la vie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je voudrais juste commenter la partie lycée militaire de votre post.
      Mon frère et ma sœur (jumeaux) présentent tout deux le concours pour rentrer en lycée militaire, ma sœur est prise mon frère dans les cinq premiers de la liste d'attente du lycée que ma sœur rejoint. En début d’année, ma sœur voit des camarades quitter le lycée (bien plus de cinq) et d'autres arriver pour les remplacer. Mon frère n'est jamais convoqué. Mon sous-officier de père demande à ma sœur de se renseigner sur ces "remplaçants", hasard ils sont TOUS fils de CDT, LCL, COL enfin vous m'avez compris. Mon père ira se plaindre devant un mur lors de sa première visite au lycée, pour la forme bien entendu, rein ne bougera.
      Comme quoi les origines sont parfois dur à combattre.

      Supprimer
  17. Merci pour cette analyse intéressante.
    J'avoue toujours avoir été étonnée par cette histoire de numéro d'annuaire.
    Pourquoi ne pas classer les IA avec les Cyrards, par exemple le premier IA derrière le premier cyrard, puis ensuite en fonction du volume de leurs proportions respectives (c'est-à-dire que le premier quartile cyrard soit classé au même rang que le premier quartile IA, de même pour la médiane des deux promotions et le troisième quartile)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une autre solution serait de revenir à une école commune, l'ESMIA, qui existait de 1947 à 1962.

      Supprimer
    2. Avec mon expérience de vorace, assez récente, je pense pouvoir apporter des éléments de réflexion sur deux sujets : l’ESMIA et la comparaison avec Sandhurst.
      S’agissant du système anglais, il est, tel que décrit dans un commentaire précédent (un an de formation, un recrutement à un certain niveau d’étude et pas après un cursus bien particulier, une formation 100% militaire), idéal à première vue. J’émets une réserve, notre biais républicain. A la lecture d’un tel descriptif, on peut imaginer que n’importe qui peut devenir officier de Sa Majesté, et servir dans n’importe quel régiment simplement en fonction de ses aptitudes naturelles au commandement. L’Angleterre ayant toujours une aristocratie très marquée, il n’en est rien. De même, je me rappelle une discussion avec des voraces anglais, du niveau de chef de section, lors d’un échange en 2013. Ces derniers vantaient le système français qui durait 3 ans car il permettait aux élèves de faire des erreurs, ce que ne permet pas une formation d’un an. Ils m’avaient, à cette occasion, appris que les chefs de section en Afghanistan étaient plutôt des jeunes capitaines, et que les lieutenants étaient davantage employés comme watchkeepers. C’est pourquoi l’exercice majeur Broadsword compte une évaluation des élèves sur l’aptitude à occuper un tel poste en état-major. Je n’ai jamais su dans quelle proportion c’était vrai. Finalement, la durée de 3 ans permet d’acquérir un formatage qui accélère l’employabilité d’emblée des jeunes chefs de section. Je ne pense pas que cela soit valable pour tous les individus, car on trouve des chefs de section formés en un an remarquables à tous les niveaux, pour autant, dans un système de formation de masse, c’est un paramètre à prendre en compte.
      Concernant l’ESMIA, c’est une idée qui doit faire sens, mais cette école doit exister différemment que lors de sa création. Aujourd’hui, l’EMIA et l’ESM ont une scolarité semestrialisée qui permet l’obtention de deux titre universitaires distincts, +5 ou +3 selon. Surtout, et c’est notamment vrai pour l’EMIA, le premier semestre est concentré sur l’homogénéisation d’un recrutement de plus en plus hétérogène, car le corps des sous-officiers d’aujourd’hui n’est plus le même que celui de l’après guerre, avec l’essor des spécialités techniques. Les formations initiales et académiques sont donc différenciées, à juste titre. L’intérêt de l’ESMIA se trouverait dans le dernier semestre, qui débute en janvier de la dernière année de scolarité. Les élèves, EMIA ou ESM, suivent rigoureusement la même formation (je suis parti il y a 5 ans, ça a pu changer) et surtout, sont évalués en fin de cycle lors d’un grand raid auquel tous participent en même temps. Puisque les attendus finaux sont identiques et que la scolarité académique est terminée en décembre de la deuxième année, le dernier semestre pourrait être l’occasion de créer une ESMIA temporaire pendant un semestre. Les sections pourraient être mélangés et tout le monde serait gagnant. L’intérêt, pour aller dans le sens de l’auteur, serait de définir une sorte de classement ESMIA à la fin de ce semestre qui concentre l’essentiel des compétences du futur chef de section (commandement d’une section, aguerrissement, réflexion tactique, stage en corps de troupe), indépendant des classements école, qui resteraient un élément de l’évaluation pendant la première partie de carrière. Une sorte d’évaluation, à part, des compétences militaires intrinsèques (ce que font les Britanniques sans aucune gêne), en dehors des compétences académiques. On aurait en outre un lissage de la formation initiale des officiers de carrière. J’avais proposé ça au C2 de l’école qui m’avait répondu que l’assimilation était une mission des divisions d’application. Bon... Je parle de manière d’autant plus libérée que j’ai aujourd’hui quitté le service, et que, servant dans l’administration chargée de la mer, on constate que le phénomène de guerre de chapelle selon la formation initiale est loin d’être l’apanage de l’armée, loin de là !

      Supprimer
  18. La vraie question sous-jacente, à mon sens, est celle de l'égalité des chances offerte par l'éducation nationale. Mon grand-père, fils de paysan vendéen, a réussi le concours de l'ESM en 1950. Il avait été porté par un système scolaire investissant dans les talents repérés dès le plus jeune âge, indépendamment de leur origine.
    Le système scolaire actuel, qui a abandonné l'exigence au profit du nivellement par le bas, le permet-il encore?

    RépondreSupprimer
  19. Clemenceau, un véritable Homme d'état,fait en 1917, une déclaration à son gouvernement:
    "Vous voulez que l'Allemagne perde la guerre en 6 mois!?
    Donnez leur Polytechnique!"

    RépondreSupprimer
  20. Je pense que le système des concours est un bon système de sélection.

    Ceux qui pensent ne pas y avoir eu accès dans de bonnes conditions pour cause de biais sociaux devraient se demander si un autre système de sélection ne présenterait pas des biais sociaux encore bien pires.

    Après, il est vrai que les carrières divergent en boules de neige. C'est la vie, et c'est aussi le cas pour les ex-élèves de grandes écoles entre eux.

    Les concours obligent tout le monde à s'intéresser un minimum aux matières concernées, et je me demande où en serait un pays comme la France s'il n'y avait pas ce facteur de motivation et de réduction de la démagogie.

    Je ne doute pas, hélas, que l'alliance des libéraux et de la gauche bête le remette de plus en plus en cause. Alors qu'il faudrait, à mon avis, plutôt revenir à une orientation scolaire exigeante dans le secondaire.

    Voici, pour moi, le plus beau titre de gloire de Napoléon à l'étranger :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_normale_sup%C3%A9rieure_de_Pise

    RépondreSupprimer
  21. On peut d'ailleurs facilement comparer les secteurs recrutant sur concours avec un secteur qui ne recrute pas sur concours, presse et audiovisuel public ou privé.

    Chacun peut se faire une idée sur la qualité relative des prestations dans le deuxième cas. Qui n'est pas une fatalité liée à l'époque, car il y a des pays où ce secteur reste de qualité. Question de tolérance à la médiocrité, selon les pays...

    Idem avec les facs de sociologie ou de sciences de l'éducation, d'ailleurs.

    RépondreSupprimer
  22. Bonjour,
    J'ai fait l'ESM et ce que j'ai pu constater c'est qu'il y a un effet St Matthieu dont on parle peu c'est d'être "fils de" colonel ou de général et plus généralement fils d'officier. Cela influe sur le cursus durant toute la carrière. Pas pour les concours bien sûr, mais par exemple pour la notation du chef de corps qui va serrer les fesses s'il lui prend l'idée de mal noter le fils du général untel qui connaît Pierre Paul et Jacques. C'est humain! Fils de sous-off ou de pâtissier cela influe aussi, certes, mais dans l'autre sens. ;) Après j'ai connu des cas où être un lieutenant Saint-Cyrien fils de personne était pénalisant quand le cdt de compagnie sortait du rang et le colonel de l'EMIA... Bref ce monde est imparfait. :)
    Merci en tout cas mon colonel, de vos textes qui sont toujours talentueux et stimulants.

    RépondreSupprimer