Bon,
il faut répondre absolument à cette autorisation d’emploi des armes à longue
portée occidentales sur notre sol.
Mais,
c’est déjà le cas depuis longtemps en Crimée et dans nos nouvelles provinces d’Ukraine…
Je
parlais de notre vrai sol, crétin !
Dans
ce cas, on n’a pas beaucoup d’autre solution que d’agiter la peur nucléaire.
Oui,
mais on l’a déjà fait 20 fois. Il faut augmenter la dose, mais sans aller trop
loin. Un dernier avertissement avant l’avertissement terminal qui précédera l’ultime
avertissement où on emploiera peut-être un peu de nucléaire pas méchant. Une simple
déclaration menaçante ne suffira pas.
Un
exercice de déploiement ?
Déjà
fait !
Une
demi-mise en alerte ?
Déjà fait !
Un déploiement d'armes nucléaires chez un vassal ?
Déjà
fait !
Des
essais en Nouvelle-Zemble ?
C’est
prévu, mais c’est déjà employer un peu de nucléaire et il faut surtout quelque
chose tout de suite. Ce sera l’étape suivante.
Il
y a toujours l’idée de modifier la doctrine nucléaire que l’on a lancée il y a
quelques mois. On peut la publier demain.
Bonne
idée, je prends. Autre chose ?
J’ai
une idée, chef. On utilise depuis longtemps des missiles contre l’Ukraine des
missiles conventionnels capables de porter éventuellement des charges
nucléaires et si on faisait l’inverse en frappant conventionnellement une ville
ukrainienne avec un missile stratégique nucléaire ? Pour le coup, cela
foutra la trouille à tout le monde.
Pas
mal, mais c’est peut-être un poil trop.
On
peut refroidir un peu en n’utilisant pas un de nos précieux missiles
intercontinentaux, mais un missile intermédiaire toujours en cours de
développement depuis 13 ans.
C’est
le truc que l’on avait camouflé en missile intercontinental parce qu’on n’avait
pas le droit de construire des missiles intermédiaires à l’époque ?
Oui,
c’est ça, chef, le RS-26.
Bonne
idée. Il faut avertir les Américains au moment du tir, pour qu’il n’y ait pas
de mauvaise interprétation, on va l’utiliser dans une zone symbolique – par exemple
là où les Ukrainiens fabriquaient les missiles intercontinentaux – et je dirai
que c’est juste un essai pour un engin nouveau. Comme cet essai sera forcément
une réussite, je louerai ensuite les avancées prodigieuses de la science et de
l’industrie russe. Sur un malentendu, cela peut passer. Mais au fait à quoi ça
sert d’avoir un missile à portée intermédiaire ?
A
refaire le coup des SS-20, chef. Avec ça on ne menace vraiment que les poules
mouillées européennes, mais pas les États-Unis. On peut menacer, comme à l’époque
des SS-20, de détruire toutes les bases européennes où sont stockés les bombes B-61
et donc le parapluie nucléaire américain en Europe. Le président des États-Unis
serait alors placé devant un dilemme : soit il utilise contre nous des armes
stratégiques américaines avec une riposte sur les États-Unis, soit il lâche les
Européens qui deviennent alors très vulnérables.
Je
retiens l’idée. J’annoncerai qu’on va les produire en série, même si je ne suis
pas sûr qu’on ait les moyens de le faire. Avec ces armes intermédiaires, et notre
armée plus puissante que jamais, on pourra se permettre beaucoup de choses une
fois que la guerre en Ukraine sera terminée, surtout si les Américains se
désengagent de ce continent.
Vous
êtes génial chef !
Je sais. Résumons la manœuvre de peur : je fais une ou plusieurs déclarations à la fois méchantes et maîtrisées, on publie la nouvelle doctrine avec l’idée qu’une attaque aérienne conjointe massive sur notre sol pourra justifier de l’emploi de l’arme nucléaire et on lance un missile intermédiaire quelque part. Bien entendu, tous les relais : chefs d’État sympathisants, chefs de partis d’extrême-gauche et d’extrême-droite, influenceurs, faux médias, idiots utiles chanteront en cœur le couplet du « C’est la faute à Joe Biden et à ses vassaux européens qui veulent nous entraîner dans la troisième guerre mondiale ». Cela freinera au moins toutes les initiatives en faveur de l’Ukraine. En avant !