samedi 29 juillet 2023

Quand t’es dans le désert depuis trop longtemps


24 août 2020

On imagine parfois que nos opérations extérieures obéissent à de grands desseins et des plans mûrement réfléchis avec des objectifs stratégiques clairs à long terme. Rien n’est plus faux. Dans les faits on agit, ou plus souvent encore on réagit, parce que le président de la République a décidé seul qu’il fallait vite faire quelque chose pour répondre à, au choix : un appel au secours d’un chef d’État lié à la France, une forte émotion relayée par les médias ou une demande des États-Unis ou de l’Union européenne. Il est alors surtout question de l’image que le président veut donner de lui et/ou de la France comme «
en être», peser dans une coalition, plaire à…, justifier notre siège permanent au Conseil de sécurité, etc. Tout cela compte bien plus que de ce que l’on veut réellement obtenir sur le terrain, le fameux «État final recherché» que demandent les militaires sans être souvent satisfaits. À l’échelon politique, le «faire» est déjà souvent une fin en soi et le flou du «pourquoi» une liberté d’action. Quant à l’horizon temporel, il dépasse rarement l’année, deux ou trois au grand maximum.

Dans les faits, on s’engage donc et puis on voit, persuadé dans 80 % que l’affaire sera rapidement pliée. Rappelons-nous le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian au début du mois de janvier 2014, annonçant un engagement en République centrafricaine pour six mois, et fustigeant alors les «experts autoproclamés» qui anticipaient un enlisement au Mali («Les faits leur ont donné tort», sic.) et faisaient remarquer qu’il s’agissait là sans doute d’une prévision un peu optimiste pour la RCA. Cette opération, Sangaris, se terminera finalement trois ans plus tard. Une erreur de facteur six en réalité assez courante. 

L’erreur de prévision est en effet commune, surtout quand à cet échelon de décision on ne connaît pas la complexité de la région dans laquelle on intervient. Concentré sur le problème en cours, on oublie encore plus souvent qu’autour de lui, il peut se passer aussi des choses très importantes, une crise économique, le Printemps arabe, l’effondrement d’un État voisin à la zone d’action, une grave crise quelconque à l’est de l’Europe, une attaque terroriste majeure sur notre sol, une pandémie, etc. plein de choses extérieures en fait qui vont changer la donne locale. Il est vrai qu’on s’intéresse rarement aux évènements de faible probabilité même si ce sont de possibles grands chocs et quand on imagine systématiquement que l’on va partir l’an prochain d’un théâtre d’opérations, on se persuade que son environnement n’aura pas le temps de bouger.

Bref, on annonce toujours quelque chose de rapide en cherchant en cours d’action la fin qui justifiera que ce sera court. Notre campagne militaire actuelle au Sahel ne fait pas exception. Petit retour en arrière. Tout commence en 2008 lorsque notre ennemi local, Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) ex-Groupe salafiste pour la prédication et le Combat (GSPC) et, pour partie ex-Groupe islamiste armé qui avait projeté de fracasser un avion de ligne sur Paris, et organisé des attentats et des assassinats de Français en France et en Algérie, décide de porter le combat contre nous au Sahel. AQMI est alors basée au nord du Mali, la zone aveugle de la région dans une acceptation plus ou moins tacite d’Alger et de Bamako pourvu que l’organisation s’en prenne aux autres. Dans la région AQMI assassine et surtout enlève des ressortissants européens et particulièrement français.

La tendance générale de la France est alors clairement à l’abandon militaire de l’Afrique pour tourner des regards plus prometteurs vers les monarchies du Golfe. On fait cependant exception pour faire face à AQMI en décidant de renforcer la guerre secrète de la DGSE par un dispositif du Commandement des opérations spéciales, dont l’ancien patron est chef d’état-major particulier du président Sarkozy. Cette campagne discrète comprend d’abord un volet d’aide et de renforcements des armées locales, la Mauritanie accepte et s’en félicitera alors que le Mali refuse. On déploie ensuite en 2010 au Burkina Faso un petit groupement de forces spéciales, Sabre, destiné à l’action directe contre AQMI. Le dispositif est léger et discret. Il paraît adapté au contexte. L’élection présidentielle approchant, on espère probablement avoir des résultats décisifs dans les deux ans qui viennent, concrètement libérer le maximum d’otages et faire autant de mal que possible à AQMI. 

Et puis les choses changent très vite à partir de la fin de 2011 en grande partie du fait, on y revient, des turbulences de l’environnement et en particulier le Printemps arabe. Le phénomène majeur est alors la montée en puissance rapide de groupes armés, qui comme par hasard se développent surtout au nord du Mali. On y constate à la fois le retour en force du mouvement nationaliste touareg, et retour au sens premier depuis la fin du régime du colonel Kadhafi, avec la création du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et la formation d’organisations djihadistes à recrutement plus local que les Algériens d’AQMI comme le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) ou Ansar Dine. Ces gens-là ne sont pas de psychopathes venus de la planète Mars, ce sont des mouvements politiques avec forcément une implantation locale, souvent par défaut de celle de l’État, et une armée de volontaires qui rejoignent les rangs pour de multiples raisons. Et tant qu’elles existeront, ces raisons fourniront des volontaires.

Ce ne sont pas non plus des superpuissances militaires. Chacune de ces organisations dispose d’à peine plus d’un millier de combattants permanents, mais face à du vide peu c’est déjà beaucoup. Chacune des katibas de ces groupes, des colonnes PKMR (Pick-up, kalachnikovs, Mitrailleuses, RPG-7) d’environ 200 combattants plutôt motivés, compétents et adaptés au milieu, dispose de plusieurs niveaux tactiques d’écart sur tout ce que les Forces armées maliennes (FAMa) peuvent aligner en face. Autrement dit, chaque combat sera mécaniquement une défaite, parfois cinglante, pour les FAMa. Le Mali, son État paralysé et corrompu, son armée logiquement dans le même état, sont donc dans une position d’extrême vulnérabilité. Pire, l’État malien est atteint d’«inertie consciente». Il voit les problèmes, mais l’effort pour y faire face est trop important. Il regarde donc la catastrophe arriver, mais ne peut pas bouger pour l’éviter, sinon par des querelles internes. 

À ce stade, aurions-nous pu faire quelque chose, nous Français? Nous sommes alors accaparés par l’élection présidentielle et la course entre les candidats pour accélérer le repli d’Afghanistan. Après les expériences irakienne et afghane, la tendance n’est de toute façon plus aux interventions. Pour les Européens frileux par nature aux opérations militaires, le temps des grandes interventions même molles est terminé, on ne les y reprendra plus. Pour les Européens moins frileux, en clair les Britanniques, les dégâts directs ou indirects de ces expériences ont laissé leur outil militaire dans un état encore pire que le nôtre. Même les Américains sont des plus hésitants sous la présidence Obama. On ne s’en rend pas bien compte à l’époque, mais nous sommes les derniers parmi les pays occidentaux, à ne pas être inhibés par les expériences récentes. Au contraire même, faire la guerre et combattre ne sont plus, depuis l’Afghanistan, de gros mots.

Dans l’immédiat, en 2012, alors que notre contingent afghan se replie (sans ses interprètes), on est dans le flou. Personne n’imagine dans les rangs qu’on va être engagé à court terme à grande échelle dans une opération de guerre. Notre ennemi du moment c’est Bercy et pour sauver nos budgets, on commence même à parler, horreur, d’implication dans la sécurité intérieure. La figure imposée des présentations PowerPoint de l’époque est l’évocation du rôle important de l’armée japonaise dans la gestion de la catastrophe du raz de marée de Fukuhisma. Et puis tout bascule.

Le Mali commence à exploser au début de 2012. Acte 1, le MNLA parfois aidé des autres groupes armés chasse les FAMa du nord du pays et proclame l’indépendance de l’Azawad. Acte 2, le désastre déclenche un coup d’État qui lui-même paralyse les institutions pendant des mois. Acte 3 les groupes djihadistes chassent le MNLA et se partagent le nord du pays, qui devient, avant même le retour en force de l’État islamique en Irak, un premier proto et piteux-Etat contrôlé et géré par des djihadistes. Et là on s’aperçoit qu’il n’y a personne pour s’y opposer vraiment… à part la France, mais là intervient aussi le vieux dilemme : on intervient, on est accusé d’intrusion néocoloniale; on n’intervient pas, on est accusé de non-assistance à un pays ami en danger. On est donc réticent.

La solution qui se dégage alors est forcément africaine avec un rétablissement des institutions maliennes sous l’égide de la CEDEAO. La CEDEAO doit former également une force interafricaine, la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA), pour aider les FAMa à rétablir l’autorité de l’État sous l’ensemble du pays. On verra que c’est très superficiel, mais ça paraît cohérent. Le président Hollande, nouvellement élu, affirme que la France appuiera la MISMA et les FAMa. Retour donc au vieux mode d’action appui et soutien, comme avec l’opération Noroit au Rwanda ou Manta-Epervier au Tchad. Cela fonctionne si le niveau tactique des forces appuyées n’est pas trop loin de celui des forces ennemies, mais c’est très rarement le cas.

Le problème est que la solution de la CEDEAO, la préférée de notre ministère des Affaires étrangères, ne fonctionne pas bien. La MISMA comme toutes les forces interafricaines met beaucoup de temps à se mettre en place. Comme toutes les coalitions, il faut discuter longtemps de la participation des uns et des autres, d'autant plus qu'il n'y a pas de «nation-cadre» pour faire 80 % du travail. Il faut certains équipements spécifiques, pour le transport et le commandement en particulier, et surtout un financement suffisant qui ne peut venir que de l'extérieur, ce qui peut prendre des années. Par ailleurs, il est clair rétrospectivement que la MISMA était mal taillée pour sa mission et que le plan n'aurait pas réussi. 

Toutes ces difficultés de génération de forces sont tellement récurrentes qu’elles étaient prévisibles en 2012. Pourtant on continue et à force d'attendre, c’est l’ennemi qui frappe le premier. 

En janvier 2013, la MISMA n’est toujours pas là, l’armée malienne n’a fait aucun progrès et on n’a pas envisagé/voulu/pu mettre un bataillon français en bouclier sur les points clés au centre du pays. Il n’y a donc rien de solide et la colonne PKMR d’Ansar Dine qui descend vers le Sud est destinée à y pénétrer comme dans du beurre doux et y semer le désordre, même s'il paraît très difficile d'imaginer qu'elle puisse s'emparer de l'immense Bamako.

C’est la panique. Le président par intérim Dioncounda Traoré appelle au secours directement François Hollande. Le président de la République accepte d'intervenir et d’un seul coup on renoue avec tout ce qui faisait notre force dans les opérations des années 1960 et 1970 : processus de décision stratégique rapide, proximité des forces prépositionnées, réactivité des forces en alerte, et surtout prise de risque et combat assumés. Le scepticisme de l'état-major des armées à l'égard de la solution du MAE a beaucoup aidé aussi il faut bien le dire en incitant à planifier un plan B moins politiquement correct (on n'osait plus intervenir directement contre un ennemi en Afrique depuis 1979) mais nettement plus efficace.

Bien entendu, si l’aide des Alliés pour le transport aérien, une de nos faiblesses récurrentes, est précieuse, aucun d’entre eux ne nous rejoint en première ligne. Les pays de l'UE ne combattent pas et pour beaucoup ne s'intéressent pas à l'Afrique. Sur place, on met diplomatiquement en avant les FAMa, puis les bataillons africains de la MISMA qui arrivent en urgence, mais en réalité ce sont les Français qui vont au carton, avec le courageux contingent tchadien.

En trois mois, les combats les plus importants sont gagnés, toutes les villes sont libérées et la base d’AQMI détruite. C’est un modèle du genre. Pour autant, l’ennemi n’est pas détruit mais surtout chassé. Tout au plus a-t-on éliminé 20 % du potentiel des groupes djihadistes, tout en préservant les groupes touaregs qui faisaient profil bas et nous aidaient même contre les djihadistes. C’était judicieux sur le moment, mais source de reproches par la suite.

Cette campagne est terminée mais la guerre continue. Que faire? On pourrait se désengager du Mali et revenir à la posture légère antérieure, quitte à renforcer notre capacité notre capacité d’intervention régionale en cas de nouveau problème grave. On choisit de rester au Mali, pour «faire la jointure» avec les élections présidentielles maliennes en août 2013 dont on espérait beaucoup, puis «la relève».

C’est une illusion. On ne mesure pas (on aurait pu pourtant, les alertes ne manquaient pas) le degré d’«inertie consciente» du Mali, puis du Burkina Faso voisin. Quant à la relève, comment a-t-on pu imaginer que l’armée malienne allait devenir d’un seul coup efficace et légitime grâce aux stages de formation de la mission de l’Union européenne (EUTM)? Soyons sérieux. Une armée c’est un ensemble qui comprend certes l’acquisition de compétences de bases, mais c’est aussi une adaptation au milieu d’engagement, des soldes, un recrutement, un encadrement, une gestion des carrières, etc. Il est impossible de dissocier le fonctionnement d’une armée de celui de l’État qui l’emploie. Depuis 2013, EUTM a formé ou recyclé plus de 14000 soldats maliens, c’est-à-dire plusieurs fois ce que les groupes irréguliers peuvent aligner au total dans la région. Pour quel résultat

Plan B : la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Voilà pour le coup des moyens qui sont déployés assez rapidement. Les nations volontaires sont toujours nombreuses pour participer à ces opérations où les Nations-Unies payent tout. Effectivement les financements sont là, un milliard d’euros pour déployer une force multinationale qui finit par comprendre 13000 soldats, soit là encore plusieurs fois le nombre de combattants irréguliers en ligne au Mali. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, en parlait avec des trémolos dans la voix. Ne savait-il donc pas que la MINUSMA comme toutes les missions des Nations-Unies ne servirait pas à grand-chose mais pour très cher puisqu’elle serait incapable d’organiser la moindre opération militaire. Pire, la MINUSMA est tellement faible qu’elle demande l’aide des Français contre les groupes armés. Comme relève, c’est raté.

Plan C : la force conjointe du G5-Sahel. En soi, c’est une bonne idée que de créer un état-major commun et en amont une école de guerre commune à Nouakchott, capable de commander des opérations de la taille d’une brigade. Mais il faut attendre 2017 pour que cette force soit officiellement créée, et trois ans plus tard elle n’est encore que très peu opérationnelle, sensiblement pour les mêmes raisons qu’évoquées plus haut pour la MISMA.

Rien qui ne fut prévisible dans tout cela, mais on décide de rester quand même au Mali et d'attendre. On est même tellement confiant qu’à la fin de l’année 2013 on s’engage aussi dans une opération de stabilisation en Centrafrique (les six mois décrits plus haut) qui avère plus difficile qu’on ne le pensait, puis quelques mois plus tard en Irak pour être dans la photo de la nouvelle coalition américaine. Quelques mois encore plus tard, au début de 2015 on engage 10000 soldats dans les rues de France sans grande vision. Dans tous les cas, montrer que l’on faisait l’emporte dans l’esprit du politique sur l’utilité de faire. On empile sans jamais savoir comment retirer. Le bon côté est qu’alors que le contexte stratégique n’a changé en rien (il était inscrit dans tous les livres blancs qu’il y aurait un jour des attentats en France, tout comme il était inscrit qu'il pouvait y avoir des pandémies) la politique de Défense change, elle, du tout au tout.

Forcément, à force de disperser des moyens réduits, il ne reste plus grand-chose pour ce qui tend à devenir un désert des Tartares. Comme on ne peut pas beaucoup changer la réalité, on commence par changer de nom. Barkhane remplace Serval, mais il ne s’agit que de placer rationnellement toutes les forces de la région sous un même commandement. Pour quoi faire? C’est simple quand on ne dispose que d’un marteau comme outil, on ne fait que taper. Par des raids et des frappes, Barkhane tape et attend. Au prix de la perte d’un soldat tous les deux mois en moyenne et au coût d’un million d’euros par combattant ennemi éliminé on attend depuis sept ans que le Mali cesse d’être inerte, qu’une réelle force venue d’on ne sait où se propose de nous relever ou qu’un changement extraordinaire chamboule tout. Dans ce chamboulement, on sera peut-être encore obligé de faire appel à nous, car nous restons les meilleurs forces d'intervention d'Afrique, et ce sera l'occasion de redorer notre image si nous savons où s'arrête ce qui suffit, mais si cela dure plus longtemps, c’est que nous serons encore tombés dans un piège pourtant prévisible.

35 commentaires:

  1. Très intéressant,comme de coutume. Quand faire et montrer que l on fait remplace l utilité de faire, est devenu la marque de fabrique de nos gouvernants,dans tous les domaines. L armée ,sous ordre du politique n y échappe pas. C est la politique de l affichage si chère a à nos énarques.

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  2. Difficile de ne pas évoquer la Lybie, quand on parle de la dégradation de la situation en 2011...

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  3. Une position intéressante mais qui ne dit pas ce qu'il aurait fallu faire, ni ce qu'il faudrait faire...

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    1. Cela aurait été trop long, ce sera l'objet d'un prochain papier.

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  4. Tout cela dépend de ce qui se trouve à la tête de l'Etat.
    Depuis quelques décennies, nous avons des politiques comme gouvernant avec ce que cela veut dire en terme de com' et décisions courtes termistes. Tellement court termiste et com' que même les opérations militaires sont invariablement "vendues" à l'opinion comme devant durer 6 mois. Parce que supérieur à 1 an va sur le moyen terme et puis trop long ça laisse présager des morts. Et la mort non maitrisés en Europe, on aime pas(*).
    Un homme d'Etat doit normalement voir plus loin que la prochaine élection et s'engager en se basant sur une réflexion "globale".
    (*) encore que j'ai l'impression qu'en France, on a passé le syndrome de la guerre qui fait "0" mort... j'ai l'impression qu'un militaire tué est vu comme un traumatisme dans beaucoup de pays européen notamment. En dehors du fait que ce n'est pas bon pour l’élection prochaine.

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    1. N'oubliez pas que vous votez. Ce que vos généralités disent il faut vous les appliquer. Les actions du gouvernement francais sont à l'image de tout le pays. Du yaka faut qu'on permanent.

      On peut glauser tant qu'on veut, mais l'origine de notre présence militaire en Afrique vient de notre décolonisation ratée, et de la volonté de maintenir aux frais de l'état des fortunes privées.

      Côté d'ivoire, Centrafrique, Tchad, Mali et j'en passe.... joli terrain de jeu pour l'armée française mais une absence de stratégie globale et développement économique et social.

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    2. "N'oubliez pas que vous votez. Ce que vos généralités disent il faut vous les appliquer. Les actions du gouvernement français sont à l'image de tout le pays. Du yaka faut qu'on permanent."
      Et donc a défaut de yaka faut qu'on, vous pouvez vous targuer, cher inconnu, de me connaître....
      Que dire de plus. Je m'incline.

      Ah si, j'oubliais...
      - la fin de votre second paragraphe n'est pas très loin d'une belle généralité,
      - et le 3eme reprend plus ou moins ce que je dis ("stratégie globale et réflexion globale sont synonyme).

      a ++

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  5. Sinon, pourrez vous faire un jour un article sur la vision des opérations militaires dans les autres pays européens (hors Angleterre)? Le pourquoi on se retrouve toujours tout seul en 1ere ligne avec les autres Etats européens qui ne s'engagent que pour faire du transport ou de la formation.
    Et en sus : les autres armées européennes sont elles encore capable et en état de faire la guerre ?
    Quel est le rapport des autres pays européens avec les opérations militaires et la mort reçue?

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    1. Mais pourquoi vouloir que les autres européens s'engagent dans ce que la France a décidée seule? Un peu marre de cette mentalité que la France doit commander et que les autres doivent suivre. Ils sont gentils ils nous donnent quand même un petit coup de main, mais on passe son temps à les critiquer, au lieu de se remettre en cause

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    2. Je ne parle pas de commandement... juste de l'engagement.
      Mais ceci dit, vous n'avez pas tord en effet sur le fait qu'on a tendance à s'engager seul !!! Sauf que s'il fallait attendre un consensus européen, l'Armée Rouge aurait le temps de faire Moscou => Lisbonne trois fois de suite que l'UE discuterait encore :0)

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    3. @doudou
      Si elle en avait les moyens...c'est absolument pas le cas , hors nucléaire, plutôt le contraire, même!
      Le temps de Moscou-brest, pour faire manger la soupe des enfants, est irrémédiablement révolu..

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  6. Très intéressant (comme toujours).
    Un oubli (volontaire?) dans la période pré Serval: la présence d'un détachement Sabre au Mali (Sévaré/Mopti) dès début 2010. Alors que vous précisez que le Mali refuse.....

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    1. Le Mali refuse qu'on les aide a réformer leur armée, comme c'est le cas en Mauritanie avec la formation des Groupes spéciaux d'intervention.

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  7. Six mois, c'est aussi ce qui était prévu pour Serval, initialement : On sortait juste de l'Afghanistan, et certains juraient déjà par leurs grands dieux qu'on ne les y reprendrait pas;
    Mais c'était sans compter sur l'hubris militaire qui s’empare de nos politiciens (même de ceux dont on ne l'aurait pas imaginé au départ), et qui s'imaginent en "chef de guerre", à la moindre opération (certains ont même encore essayer de nous refaire le coup pendant l'épidémie, en s’illusionnant qu'on les prendrait pour De Gaulle).

    Six mois, c'est à dire une "erreur" qui a déjà largement dépassée le facteur dix -ça fait déjà sept ans, avec les résultats que l'on connait : l'ensablement de nos troupes.
    Et probablement que cela se terminera avec un facteur vingt, le temps que certains reviennent à une perception plus rationnelle de la réalité, des réalités.
    Et avant que nous finissions, comme en Afghanistan, de partir, la queue entre les jambes, c'est à dire avec aussi peu de résultât que là bas, et qu'aujourd'hui, au sahel.
    Il faudra bien encore dix ans pour qu'ils finissent par s'en apercevoir.
    A moins que la, très, prochaine énorme crise économique ne bouleverse complètement la donne.

    Car c'est en effet plus d'un demi milliard d'euros que l'on balance, très allègrement, la dedans, chaque année, depuis sept ans.
    Très exactement 700 millions, jusqu'à présent, bien que le dernier "surge" porte cette "contribution" (qui fait plus penser au tonneau des danaïdes, qu'à tout autre chose) déjà mécaniquement à plus de 800 millions, annuels. Cela rien que pour les coûts directs, les coûts totaux et autres (usure prématurée et grandement précipitée des équipements par exemple) soient encore bien au delà.

    "Tout au plus a-t-on éliminé 20 % du potentiel des groupes djihadistes" : Pourtant à l'époque que ne nous a t'on dit : "Que l'essentiel du dispositif adverse avait été réduit en poussière", et malheur à ceux, qui se contentant de lire les chiffres osaient prétendre le contraire et invitaient seulement à un peu plus de modération. Sept ans plus on en est toujours au même point : "la victoire est proche" nous a t-on dit, encore très récemment.

    Quant à "l'armée" malienne, et à sa prétendue construction (il ne s'agit de reconstruction puisque celle ci n'a jamais existé), certains et pas des moindres, les Etats Unis d'Amérique en l’occurrence, s'y sont déjà cassé les dents auparavant (juste avant, en plus).
    Pour un pays de plus de vingt millions d'habitant (quarante-cinq millions demain, en 2050, dans un pays qui sera encore plus désertifié, au passage), si ce n'est pas l'exemple type de ce qu'on appelle un "Etat"- failli.
    C'est à dire en l’occurrence d'un pays qui a failli exister...
    Cela fait vingt ans, voire plus encore, qu'on essaye de la former, "l'armée malienne", et rien ne dit -ça dit plutôt le contraire d'ailleurs- qu'on y arrivera plus demain qu'on n'y est arrivé hier, et qu'on y arrive, aujourd'hui.
    A ce propos, "on intervient, on est accusé d’intrusion néocoloniale", que dire alors aujourd'hui, après sept ans de néocolonialisme et d'occupation militaire du pays, au fond ? 


    Il aurait fallu en effet respecter nos propres buts de guerre initiaux, pour une fois que ceux ci avaient été à peu près clairement énoncés en plus, et partir, au bout de six mois, comme initialement planifié.
    Quitte à revenir demain, pour une opération tout aussi ponctuelle, si la même situation -établissement d'un nouveau "califat" sahélien" menaçant directement un pays avec lequel nous avons des accords de défense- se représentait. On serait presque tenté d'ajouter, "malheureusement", tant nos chers amis et alliés, européens n'ont en effet pas ce genre de fardeau à gérer.

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  8. Quand t'es dans le désert...

    Quand t'es dans le désert
    Depuis trop longtemps
    Tu t'demandes à qui ça sert
    Toutes les règles un peu truquées
    Du jeu qu'on veut t'faire jouer
    Les yeux bandés

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    1. Quand j'étais à la Légion Étrangère
      Tous les jours je traversais le désert...

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  9. Excellent article, comme d'habitude.
    L'une des solution qui me va bien était, après Serval, de repositionner les forces (Côte d'Ivoire, Tchad...) et de s'appuyer sur un moteur deux temps très efficace : renseignement / forces spéciales. En cas de nouveau bubon en développement ou de menace sur les intérêts français (6000 ressortissants à Bamako tout de même), on tarte à la volée avec un Serval 2... et on se repositionne.
    Barkhane consiste in fine à maintenir un niveau de bordel assez bas pour que les locaux puissent continuer à s'engueuler sans avoir à régler leurs problèmes politiques. Étrange stratégie...

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  10. On un autre "rafraîchissement" ?
    Celui-là fera moins plaisir aux lecteurs habituels...
    http://lesoufflecestmavie.unblog.fr/2016/11/11/lorsque-pujadas-envoie-ses-journalistes-chez-lamireau-thierry-pour-diffuser-une-emission-de-propagande-sur-larmee-francaise-thierry-lamireaulesoufflecestmavie-unblog-fr/
    Thierry LAMIREAU
    Réalisateur du film "Uranium en Limousin"
    Irradié et malade radio-induit

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  11. Qu'en est il des accusations faites à l'encontre de l'armée française sur l'exploitation de l'or au nord du Mali?

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  12. Ah oui? Barkhane n'est en cheville avec aucune multinationale française au Mali? Même pas Areva? Alors pourquoi les avions du groupe Areva atterrissent au minimum une fois par semaine sur la base militaire barkhane de Gao? Pour livrer du beurre et de la moutarde? Soyons sérieux et honnêtes à la fin....

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    1. Arrêtons les fantasmes surtout. Personnellement, j'aimerais bien que nos opérations soient rentables économiquement pour la France, mais ce n'est malheureusement pas le cas.
      Au passage, les mines de la région sont exploitées par des sociétés australiennes et canadiennes, sans doute à la suite d'expéditions militaires de leur pays. Quant à notre uranium, il vient surtout du Kazakhstan où autant que je sache nous n'avons engagé aucun bataillon. Accessoirement, si on protège les installations d'Areva au Niger, je ne vois pas où est le problème.

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    2. Wagnérien comme accusation ;)

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    3. Jamais vu aucun avion d'Areva se poser à Gao, ou alors ils ont investis dans de vieux Transall pourris.
      Après je n'ai passé que 4 mois sur la base, peut être atterrissent ils une fois par semaine les 8 autres mois de l'année?

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  13. L'or, AREVA vous mélangez tout ;) il y en a même qui, sur internet parlent de mines de plutonium :D.
    Non, l'or du mali est une chimère (une de plus!) pour tenter d'explique, voire de trouver de fausses raisons- à l'indigence des politiques locaux.
    L'or ne "rapporte" rien. Ça ne se mange pas, ç'est une matière premiere de l'industrie de l'electronique mais le mali ne fabrique pas d'iphone, ou l'or dort dans des coffres. Mieux vaut pour le pays améliorer l'élevage et l'agriculture, l'industrie légère...

    PS le coût de l'intervention barkhane est bien supérieure à tout l'or ou l'uranium que l'on pourrait trouver....

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  14. L’or exploité industriellement ? C’est au Burkina qu’il faut chercher, et c’est les Canadiens qui raflent la mise, avec un investissement technologique faible et 90% de l’or pour eux (Oui le propriétaire se contente gentiment de seulement 10% de l’or "officiellement" extrait) Qui a parlé de corruption lors de la signature de si bons contrats ou les français n’étaient pas conviés ? C’est vrai que l’extraction d’or, on ne sait pas faire hors de chez nous (projets de Guyane) On n’est juste bon à tenir ces gouvernements d’oligarques africains à bout de bras. Le Mali risque toujours de tomber et par effet de domino Le Burkina vacille et déstabilise Niger et Côte d’Ivoire ....

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    1. Faut pas dire que l'on ne sait pas, maintenant faut voir si la teneur d'or par tonnes vaut le coût et dans ce coût, il faut tenir compte de la dépollution ce que ne fait pas nombre d'entreprises..
      Des pelles, des tamis, des broyeurs, on fait cela depuis le moyen age, sauf pelle "humaine"..
      Faut regarder la ruée vers l'or en australie, il y en a pour tout les goûts,.On a des mines en France, fermées car non rentables ou d'autres en réserve.

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  15. Très bonne synthèse. Maintenant qu'on y est il y a deux solutions. Soit on s'en va et on laisse le pays s'effondrer, soit on reconstruit notre armée pour l'emporter. Au bout de quelques années on s'engage sérieusement avec un volume conséquent, on obtient quelques résultats et on se barre.

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  16. Bonjour Monsieur
    pour ma part même commentaire que :
    https://lavoiedelepee.blogspot.com/2019/12/de-ma-terre-jusquau-sahel.html#comment-form
    Je vous cite "on réagit parce que le président de la République a décidé seul qu’il fallait faire quelque chose, généralement très vite, pour répondre à..."
    Eh oui : il décide seul, c'est le problème de notre Constitution taillée par de Gaulle.
    Les "chefs des Armées" "projettent" l'Armée française peut être pour assumer des accords, mais sans aucun doute pour leur gloriole personnelle. Ce serait moins drôle pour eux s'ils devaient chausser les rangers et empoigner le Famas pour monter à l'assaut de l'Adrar des Ifoghas.
    Je vous cite encore "un million d’euros par combattant ennemi éliminé"
    Mes oncles, père, grand-pères ont été des combattants. Je n'ai pas souvenir qu'ils aient coupé des mains, violé, décapité, réduit en esclavage qui que ce soit. Ils ne seraient plus des combattants mais des bourreaux.
    Cela dit, pour l'ennemi éliminé, cela fait cher au kilo. Pas grave : "c'est l'état qui paye!"
    Bien à vous

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    1. Ce qui, débat aidant à l'assemblée et des gouvernements sans majorité, nous a amené, alors que sur le terrain, c'était gagné par les armées, à la perte de l'Algérie, et aussi àDien bien phu, Giap , étonné, sachant que la France devait avoir un accord avec lui, à tout fait pour arriver à la table de négociation avec un avantage, et ceux alors que les combats battaient leur plein!
      Ce sont les politiques qui font perdre surement les guerres.

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  17. Analyse fascinante de la dimension politique française, superficielle d'un point de vue stratégique, mais également profonde vis à vis d'un renouement avec la volonté de puissance. Les objectifs et les moyens sont à discuter. La logique Barkhane est devenue circulaire. On y est parce qu'on y est. La déliquescence du Mali est évidente. Ses sources complexes. Ce n'est pas un pays, mais un assemblage. Les élites ne s'intéressent qu'à elles-mêmes. Corrompues, incompétentes, elles ne sont pas passives. Elles se servent de l'état de manière féodale. La France est piégée. Elle n'a pas le désir et/ou les moyens de changer cette donne, comme elle le fit en Côte d'Ivoire. Elle est de facto garante du Mali, mais sans plan, sans moyens de pression réelle sur Bamako, qui en profite. C'est absurde, comme le ni-ni de Mitterand.

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  18. Bien vu le titre
    https://youtu.be/Mkzw7Wop9pU

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  19. La présence coloniale française au Mali (Soudan français) c'est 1890-1958 : 68 ans. La dépendance post-coloniale : 1958-2023 = 65 ans. Et on n'est toujours pas sortis de l'auberge...

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  20. Je finirais par enlever le sens péjoratif "d'occupation coloniale" quand on a vu ce qu'on a laissé, et ce que c'est devenu...

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  21. J'ai participé à des formations pour l'armée malienne, on formait en même temps d'ancien GAT (les GAS) pour essayer de les intégrer à l'armée malienne (enfin j'ai l'impression que c'était le but).
    C'était effrayant de comparer même la qualité individuelle de chaque groupe.
    Les pax des GAS étaient bien plus motivés et efficaces, ils retenaient très facilement ce qu'on leur inculquait.
    L'armée malienne "professionnelle" était une vaste blague, les types venaient à moitié débraillés, parfois en tong. J'avais même l'impression que plus le grade du gus était élevé plus le pax était lent à comprendre.


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