6 juillet 2017
En hommage au caporal-chef Eric Gaubert
Je
remercie tous les idiots utiles de Paul Kagame qui n’ont jamais hésité à se faire une petite
gloire en s’attaquant à une cible aussi facile
que les soldats de leur propre nation. Merci donc de m’avoir ouvert les yeux
sur la manière dont je m’étais rendu coupable il y a désormais 25 ans et
dont je n’avais nullement conscience à l’époque.
Alors jeune lieutenant chef de section d’infanterie de marine, j’ai passé tout l’été 1992 au Rwanda. Le pays faisait alors l’objet de la troisième grande offensive depuis 1990 du Front patriotique rwandais (FPR), ce mouvement formé d’exilés tutsis en Ouganda et qui, après avoir servi la prise du pouvoir de Yoweri Museveni à Kampala, retournait leurs armes en direction de Kigali. Dirigé initialement par Fred Rwigyema, le FPR était dirigé par Paul Kagame, revenu de formation militaire aux États-Unis à l’annonce du mystérieux assassinat de son prédécesseur par deux de ses officiers. Composé de vétérans aguerris, le FPR était un des derniers mouvements armés politisés et disciplinés issus des luttes pour les indépendances africaines et les réformes. Nous avions une certaine admiration pour ce groupe armé, de loin le plus fort que nous ayons eu à affronter depuis les Toubous au Tchad. Oui mais voilà, pour des raisons qui m’échappent encore le Président Mitterrand et son fils Jean-Christophe s’étaient pris de passion pour les Grands Lacs et ses régimes politiques, francophones du moins (n’hésitant pas par exemple six ans plus tôt à imposer un « carrefour du développement » franco-africain à Bujumbura, à l’origine d’un beau scandale politico-financier). À la demande du Président Habyarimana, un dictateur au pouvoir au Rwanda depuis 1973, le chef des armées françaises ordonna donc de contrer le FPR avec une force discrète. Ce fut le déclenchement de l’opération Noroit (ne cherchez pas dans la liste officielle des opérations extérieures, elle en a mystérieusement disparu).
Pendant trois ans donc, une force réduite d’une à trois compagnies selon l’ampleur de la menace, deux à trois batteries servies par des soldats rwandais, mais encadrées et commandées par des Français, quelques équipes de ce qui deviendra le commandement des opérations spéciales et des formateurs techniques, soit de 400 à peut-être 1 000 hommes suivant les époques, ont suffi pour contrer les avancées du FPR. Nous ne nous heurtions pas directement, le FPR comme nous-mêmes évitions le contact, mais nous les frappions copieusement d’obus de 105 mm (et même de 122 mm venus d'Egypte) et nous aidions autant que possible les forces armées rwandaises (FAR) en plein développement en les renseignant, formant des cadres et en finançant des équipements venus de divers endroits, d’Afrique du Sud en particulier. Nous tenions aussi plusieurs points clés du nord du pays en arrière des FAR, sans au passage que cela en quoi que ce soit à une mission de contrôle de la population. Nous vivions dans des villages, où nous étions très bien accueillis, et jamais il ne nous serait venu à l’idée, par exemple, de contrôler des identités. J’ai le souvenir ému d’un instituteur nous remerciant de notre présence qui les protégeait...vingt minutes avant que nous abandonnions en urgence le village pour aller protéger une batterie d’artillerie en repli.
Nous écoutions aussi discrètement avec nos « grandes oreilles » tout ce que se disait sur les réseaux radios, avec, entre autres, l’espoir de prouver qu’il y avait des conseillers britanniques en face de nous. Ce « complexe de Fachoda » nous excitait alors beaucoup, mais je crains qu’il n’ait reposé sur des fantasmes ou plutôt que l’opposition anglo-saxonne à notre présence s’exerçât de manière plus subtile.
Alternant les missions sur la ligne de front et à Kigali, nous nous préparions aussi à protéger et évacuer les ressortissants, mission première et officielle de l’opération. Détail intéressant pour la suite, nous soupçonnions alors le FPR, qui disposait de missiles antiaériens portables SA-16, de vouloir infiltrer un commando dans la capitale afin d’abattre un avion de ligne. Nous occupions donc de temps en temps les sites susceptibles d’abriter des tireurs en fonction des renseignements reçus sur la vulnérabilité de tel ou tel avion. Deux ans plus tard, nous n’étions plus à Kigali (au contraire d’un bataillon du FPR à la suite des accords d’Arusha) et plus personne n’assurait cette mission.
Certains commentateurs ont parlé, par la suite, de volonté de l’armée française de « prendre sa revanche sur la guerre d’Algérie » (oui, je l’ai entendu) et même d’y imposer (ou d’inspirer) les méthodes de l’époque. En réalité, cette mission nous paraissait surtout d’une grande banalité et dans la droite ligne des nombreuses interventions directes ou plutôt, comme dans ce cas, en soutien indirect à des forces armées de régimes africains qui ne brillaient alors guère par leurs vertus démocratiques. Parler de la guerre d’Algérie à un intervenant quelconque de cette opération, quel que soit son grade, aurait suscité des yeux écarquillés d’étonnement, suivis sans doute de sarcasmes sur les effets de la recherche effrénée de scoops. Le même étonnement, suivi probablement d’une réaction plus vive, aurait également succédé à l’accusation de complicité de génocide. Ce n’était pas la forme de l’intervention militaire qui nous étonnait à l’époque mais l’évolution de la vie politique intérieure rwandaise.
Nos dirigeants de l’époque s’enorgueillissaient d’avoir imposé le multipartisme et donc la démocratie, au Rwanda (Constitution de juin 1991). C’est même la justification première que l’on retrouve encore aujourd’hui de notre engagement sur place. Je n’étais pas sûr pour ma part, à mon niveau de ras du sol, que ce fût une si bonne idée. Au Rwanda, comme ailleurs, la multiplicité imposée des partis avait engendré, non pas un processus de débats et d’élections plus ou moins apaisés comme chez nous mais au contraire une nouvelle violence qui s’ajoutait à celle de la guerre. Lors de nos déplacements, on voyait fleurir les casquettes mais aussi les drapeaux plantés au cœur des villages aux couleurs des partis. On voyait surtout régulièrement des manifestations, presque toujours virulentes. Au Rwanda comme dans beaucoup d’autres pays africains, la création de partis avait entraîné la formation de milices, souvent composées de jeunes, destinés à « appuyer » les (au sens premier) « batailles » électorales. En parallèle de l’accroissement des combats, l’année 1992 voyait ainsi se créer les Inkuba du Mouvement démocratique républicain (MDR), parti d’opposition avec qui le Président devait partager le pouvoir mais aussi les Abakombozi du Parti social-démocrate (PSD) et surtout les Interahamwe (« personnes de la même génération ») du Mouvement révolutionnaire national pour le développement (MRND), l’ancien parti unique du Président et les Impuzamugambi (« Ceux qui ont le même objectif ») de la Coalition pour la défense de la République (CDR), encore plus hostile aux Tutsis et à l’idée de négociations avec le FPR.
Nous étions très loin d’imaginer ce qui allait se passer par la suite mais l’idée de créer, en pleine guerre, des partis lancés dans une surenchère nationaliste et sur fond de paranoïa ethnique (largement alimenté par le spectacle du Burundi voisin) ne nous semblait pas forcément contribuer à aider le président Habyarimana à négocier la paix, toute concession passant pour une trahison. Il y est pourtant parvenu, après un an de négociations entrecoupées d’attaques du FPR et de contestations intérieures, avec les accords d’Arusha en août 1993. Paul Kagamé écrivait alors une lettre de remerciement au président Mitterrand.
On a cru alors à la possibilité de la paix, alors que ce n’était qu’un couvercle posé sur un volcan. La France profitait de l’occasion pour se retirer militairement, ne laissant sur place que quelques rares conseillers dans le cadre de la coopération, mais continuant à soutenir matériellement les FAR. Le détachement Noroît, qui assurait de fait la défense voire indirectement la stabilité, du pays, était remplacé par rien, c’est-à-dire la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR). Nous étions nombreux, surestimant sans doute notre rôle, à penser que notre départ n’augurait rien de bon.
Toute cette période de retrait voyait en effet accroître les violences, en particulier de la part des Interahamwe, de plus en plus nombreux, structurés et armés. Après l’assassinat du Président hutu Melchior Ndadaye en octobre 1993, le Burundi basculait dans de terribles affrontements interethniques (50 000 à 200 000 morts selon les estimations, largement passés à la trappe de l’Histoire), accroissant encore la paranoïa et la haine au Rwanda. Personne n’avait bougé pour le Burundi, personne ne bougerait pour le Rwanda. Le 6 avril, tout a basculé de la même façon avec la destruction de l’avion présidentiel par missiles SA-16 tuant le président Habyarimana et le nouveau président du Burundi, Cyprien Ntaryamira (ainsi que l’équipage de trois Français). Le lendemain deux sous-officiers français et une épouse étaient assassinés à Kigali.
Dans le même temps, le FPR lançait une nouvelle offensive, qu’il savait cette fois sans opposition réelle, et les Hutus radicaux organisaient l’assassinat des modérés et le massacre systématique de la population tutsie. La MINUAR, qui disposait pourtant de plus de 2 000 hommes, a écouté son courage, qui ne lui disait rien, et n’a rien fait. Pire, elle s’avérait même incapable de protéger la Première ministre Agathe Uwilingiyimana, ignoblement massacrée en même temps que dix Casques bleus belges qui avaient reçu l’ordre de déposer les armes devant la Garde présidentielle. La MINUAR ne tarderait pas recevoir l'ordre de fuir. Les soldats belges en profitaient pour déchirer leur béret bleu avant de monter dans l'avion.
Le bataillon FPR présent dans la capitale depuis le 11 avril, ne faisait pas grand chose non plus semble-t-il pour arrêter les massacres qui commençaient. La France de son côté évacuait 1 500 ressortissants européens et, plus étrangement, Agathe Habyarimana, certes veuve du président assassiné mais aussi d'une responsabilité écrasante dans le déclenchement des massacres. Ces massacres constituèrent alors une surprise non dans leur survenue mais dans leur horreur, leur ampleur et leur vitesse. À la mi-mai au moins 600 000 personnes avaient déjà été tuées.
À ma grande honte, ce génocide restait un spectacle pour le conseil de sécurité Nations-Unies que les membres permanents regardaient lâchement. Le Royaume-Uni et surtout les États-Unis, alliés objectifs de Museveni et Kagame (qui, en passant, a remplacé il y a peu le Français par l’Anglais comme langue officielle) freinaient toute intervention. C’est finalement la France qui s’y collait le 22 juin après quelques tergiversations internes. Le président Mitterrand et le général Quesnot, son chef d'état-major particulier, étaient favorables à une intervention, ainsi qu'Alain Juppé. Le Premier ministre Edouard Balladur et François Léotard ministre de la Défense, y étaient hostiles. Il fallut la certitude du caractère humanitaire de l'opération, une résolution des Nations-Unies et l'appui d'alliés africains pour obtenir l'approbation du gouvernement. Jean-Christophe Rufin était alors envoyé en ambassade discrète auprès de Kagame.
Sur le moment, je me félicitais que cette opération, quoique tardive, ait pu sauver plusieurs dizaines de milliers de personnes (mesure-t-on seulement l’énormité de cette performance, que personne n'évoque ?). Seule puissance à agir, c’était tout à l’honneur de la France. Rétrospectivement, je suis plus partagé. Avec les moyens limités, les 2 500 soldats français (soit 0,03 % de la population rwandaise) et quelques centaines de camarades africains n’ont évidemment pu empêcher des atrocités de continuer à se produire malgré tout. De l’accusation d’impuissance, il était alors facile de passer à celle de complicité. Surtout, comment concevoir de revenir en position de neutralité (qui au passage n’empêche pas de disposer de moyens puissants au cas où) dans un territoire dans lequel on avait combattu un an plus tôt. Les missions d’interposition ne fonctionnent généralement pas, elles fonctionnent encore moins lorsqu’on se retrouve entre un ancien adversaire et un ancien allié que l’on met par ailleurs sur un plan d’égalité avec peut-être cette idée absurde qu’il est encore possible de revenir à la situation précédente.
Par quelle folie pouvait-on imaginer que le FPR n’allait pas profiter de la situation pour accuser- non sans raisons- l’Élysée de vouloir sauver ses anciens amis, à commencer par Agathe Habyarimana ? Par quel aveuglement notre acharnement à soutenir le pouvoir hutu en place, quel qu’il soit, n’allait pas faire la matière de livres à succès ? Par quelle naïveté n’a-t-on pas vu qu’en intervenant, même de bonne foi et avec les meilleures intentions du monde, on en prendrait pour trente ans d’accusations, notamment chaque fois que Kagamé et le FPR commenceraient à être suspectés de quelques mauvaises actions.
J’ignore si on a continué à aider le gouvernement rwandais après le début des massacres et même après l’embargo du 19 mai. Ce qui est certain c’est que si c’est le cas cela n’a guère aidé les Hutus réfugiés au Zaïre lorsque la nouvelle armée rwandaise est venue nettoyer leurs camps, provoquant un nouvel exode et, à nouveau, la mort de centaines de milliers de Rwandais, dans l’indifférence générale cette fois. Le million de réfugiés était probablement autant de génocidaires.
Quand je pense finalement au Rwanda, j’ai honte. Pas pour les soldats qui ont exécuté leurs missions et toujours dans l’honneur, mais pour ceux qui les ont envoyés là-bas pour des raisons qu’ils n’ont jamais sérieusement expliquées. J’ai honte pour la légèreté, la naïveté, voire l’incompétence de nos dirigeants politiques dans cette affaire qui les a toujours dépassés. De Beyrouth à Sarajevo, l’ère Mitterrand a été riche en fiascos militaires, celui du Rwanda, avec des conséquences différentes, en constitua le dernier exemple. J’ai honte pour ceux qui ont lâchement fait disparaître le nom de l’opération Noroit de la liste des opérations. J’ai honte, sans être surpris, par l’inaction et la lâcheté de la force des Nations-Unies au Rwanda. J’ai honte pour les États-Unis qui ont toujours soutenu Kagame et bien fait profiter leurs multinationales du chaos sanglant de la région du Kivu. J’ai honte pour ceux qui se font une gloire sur l’accusation sur leur propre pays, sans regarder l’inaction des uns et les crimes des autres. Combien de temps les soldats français, sans aucun doute les moins concernés, seront-ils encore les seuls à subir des accusations dans ce supermarché de l’ignominie ?
Alors jeune lieutenant chef de section d’infanterie de marine, j’ai passé tout l’été 1992 au Rwanda. Le pays faisait alors l’objet de la troisième grande offensive depuis 1990 du Front patriotique rwandais (FPR), ce mouvement formé d’exilés tutsis en Ouganda et qui, après avoir servi la prise du pouvoir de Yoweri Museveni à Kampala, retournait leurs armes en direction de Kigali. Dirigé initialement par Fred Rwigyema, le FPR était dirigé par Paul Kagame, revenu de formation militaire aux États-Unis à l’annonce du mystérieux assassinat de son prédécesseur par deux de ses officiers. Composé de vétérans aguerris, le FPR était un des derniers mouvements armés politisés et disciplinés issus des luttes pour les indépendances africaines et les réformes. Nous avions une certaine admiration pour ce groupe armé, de loin le plus fort que nous ayons eu à affronter depuis les Toubous au Tchad. Oui mais voilà, pour des raisons qui m’échappent encore le Président Mitterrand et son fils Jean-Christophe s’étaient pris de passion pour les Grands Lacs et ses régimes politiques, francophones du moins (n’hésitant pas par exemple six ans plus tôt à imposer un « carrefour du développement » franco-africain à Bujumbura, à l’origine d’un beau scandale politico-financier). À la demande du Président Habyarimana, un dictateur au pouvoir au Rwanda depuis 1973, le chef des armées françaises ordonna donc de contrer le FPR avec une force discrète. Ce fut le déclenchement de l’opération Noroit (ne cherchez pas dans la liste officielle des opérations extérieures, elle en a mystérieusement disparu).
Pendant trois ans donc, une force réduite d’une à trois compagnies selon l’ampleur de la menace, deux à trois batteries servies par des soldats rwandais, mais encadrées et commandées par des Français, quelques équipes de ce qui deviendra le commandement des opérations spéciales et des formateurs techniques, soit de 400 à peut-être 1 000 hommes suivant les époques, ont suffi pour contrer les avancées du FPR. Nous ne nous heurtions pas directement, le FPR comme nous-mêmes évitions le contact, mais nous les frappions copieusement d’obus de 105 mm (et même de 122 mm venus d'Egypte) et nous aidions autant que possible les forces armées rwandaises (FAR) en plein développement en les renseignant, formant des cadres et en finançant des équipements venus de divers endroits, d’Afrique du Sud en particulier. Nous tenions aussi plusieurs points clés du nord du pays en arrière des FAR, sans au passage que cela en quoi que ce soit à une mission de contrôle de la population. Nous vivions dans des villages, où nous étions très bien accueillis, et jamais il ne nous serait venu à l’idée, par exemple, de contrôler des identités. J’ai le souvenir ému d’un instituteur nous remerciant de notre présence qui les protégeait...vingt minutes avant que nous abandonnions en urgence le village pour aller protéger une batterie d’artillerie en repli.
Nous écoutions aussi discrètement avec nos « grandes oreilles » tout ce que se disait sur les réseaux radios, avec, entre autres, l’espoir de prouver qu’il y avait des conseillers britanniques en face de nous. Ce « complexe de Fachoda » nous excitait alors beaucoup, mais je crains qu’il n’ait reposé sur des fantasmes ou plutôt que l’opposition anglo-saxonne à notre présence s’exerçât de manière plus subtile.
Alternant les missions sur la ligne de front et à Kigali, nous nous préparions aussi à protéger et évacuer les ressortissants, mission première et officielle de l’opération. Détail intéressant pour la suite, nous soupçonnions alors le FPR, qui disposait de missiles antiaériens portables SA-16, de vouloir infiltrer un commando dans la capitale afin d’abattre un avion de ligne. Nous occupions donc de temps en temps les sites susceptibles d’abriter des tireurs en fonction des renseignements reçus sur la vulnérabilité de tel ou tel avion. Deux ans plus tard, nous n’étions plus à Kigali (au contraire d’un bataillon du FPR à la suite des accords d’Arusha) et plus personne n’assurait cette mission.
Certains commentateurs ont parlé, par la suite, de volonté de l’armée française de « prendre sa revanche sur la guerre d’Algérie » (oui, je l’ai entendu) et même d’y imposer (ou d’inspirer) les méthodes de l’époque. En réalité, cette mission nous paraissait surtout d’une grande banalité et dans la droite ligne des nombreuses interventions directes ou plutôt, comme dans ce cas, en soutien indirect à des forces armées de régimes africains qui ne brillaient alors guère par leurs vertus démocratiques. Parler de la guerre d’Algérie à un intervenant quelconque de cette opération, quel que soit son grade, aurait suscité des yeux écarquillés d’étonnement, suivis sans doute de sarcasmes sur les effets de la recherche effrénée de scoops. Le même étonnement, suivi probablement d’une réaction plus vive, aurait également succédé à l’accusation de complicité de génocide. Ce n’était pas la forme de l’intervention militaire qui nous étonnait à l’époque mais l’évolution de la vie politique intérieure rwandaise.
Nos dirigeants de l’époque s’enorgueillissaient d’avoir imposé le multipartisme et donc la démocratie, au Rwanda (Constitution de juin 1991). C’est même la justification première que l’on retrouve encore aujourd’hui de notre engagement sur place. Je n’étais pas sûr pour ma part, à mon niveau de ras du sol, que ce fût une si bonne idée. Au Rwanda, comme ailleurs, la multiplicité imposée des partis avait engendré, non pas un processus de débats et d’élections plus ou moins apaisés comme chez nous mais au contraire une nouvelle violence qui s’ajoutait à celle de la guerre. Lors de nos déplacements, on voyait fleurir les casquettes mais aussi les drapeaux plantés au cœur des villages aux couleurs des partis. On voyait surtout régulièrement des manifestations, presque toujours virulentes. Au Rwanda comme dans beaucoup d’autres pays africains, la création de partis avait entraîné la formation de milices, souvent composées de jeunes, destinés à « appuyer » les (au sens premier) « batailles » électorales. En parallèle de l’accroissement des combats, l’année 1992 voyait ainsi se créer les Inkuba du Mouvement démocratique républicain (MDR), parti d’opposition avec qui le Président devait partager le pouvoir mais aussi les Abakombozi du Parti social-démocrate (PSD) et surtout les Interahamwe (« personnes de la même génération ») du Mouvement révolutionnaire national pour le développement (MRND), l’ancien parti unique du Président et les Impuzamugambi (« Ceux qui ont le même objectif ») de la Coalition pour la défense de la République (CDR), encore plus hostile aux Tutsis et à l’idée de négociations avec le FPR.
Nous étions très loin d’imaginer ce qui allait se passer par la suite mais l’idée de créer, en pleine guerre, des partis lancés dans une surenchère nationaliste et sur fond de paranoïa ethnique (largement alimenté par le spectacle du Burundi voisin) ne nous semblait pas forcément contribuer à aider le président Habyarimana à négocier la paix, toute concession passant pour une trahison. Il y est pourtant parvenu, après un an de négociations entrecoupées d’attaques du FPR et de contestations intérieures, avec les accords d’Arusha en août 1993. Paul Kagamé écrivait alors une lettre de remerciement au président Mitterrand.
On a cru alors à la possibilité de la paix, alors que ce n’était qu’un couvercle posé sur un volcan. La France profitait de l’occasion pour se retirer militairement, ne laissant sur place que quelques rares conseillers dans le cadre de la coopération, mais continuant à soutenir matériellement les FAR. Le détachement Noroît, qui assurait de fait la défense voire indirectement la stabilité, du pays, était remplacé par rien, c’est-à-dire la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR). Nous étions nombreux, surestimant sans doute notre rôle, à penser que notre départ n’augurait rien de bon.
Toute cette période de retrait voyait en effet accroître les violences, en particulier de la part des Interahamwe, de plus en plus nombreux, structurés et armés. Après l’assassinat du Président hutu Melchior Ndadaye en octobre 1993, le Burundi basculait dans de terribles affrontements interethniques (50 000 à 200 000 morts selon les estimations, largement passés à la trappe de l’Histoire), accroissant encore la paranoïa et la haine au Rwanda. Personne n’avait bougé pour le Burundi, personne ne bougerait pour le Rwanda. Le 6 avril, tout a basculé de la même façon avec la destruction de l’avion présidentiel par missiles SA-16 tuant le président Habyarimana et le nouveau président du Burundi, Cyprien Ntaryamira (ainsi que l’équipage de trois Français). Le lendemain deux sous-officiers français et une épouse étaient assassinés à Kigali.
Dans le même temps, le FPR lançait une nouvelle offensive, qu’il savait cette fois sans opposition réelle, et les Hutus radicaux organisaient l’assassinat des modérés et le massacre systématique de la population tutsie. La MINUAR, qui disposait pourtant de plus de 2 000 hommes, a écouté son courage, qui ne lui disait rien, et n’a rien fait. Pire, elle s’avérait même incapable de protéger la Première ministre Agathe Uwilingiyimana, ignoblement massacrée en même temps que dix Casques bleus belges qui avaient reçu l’ordre de déposer les armes devant la Garde présidentielle. La MINUAR ne tarderait pas recevoir l'ordre de fuir. Les soldats belges en profitaient pour déchirer leur béret bleu avant de monter dans l'avion.
Le bataillon FPR présent dans la capitale depuis le 11 avril, ne faisait pas grand chose non plus semble-t-il pour arrêter les massacres qui commençaient. La France de son côté évacuait 1 500 ressortissants européens et, plus étrangement, Agathe Habyarimana, certes veuve du président assassiné mais aussi d'une responsabilité écrasante dans le déclenchement des massacres. Ces massacres constituèrent alors une surprise non dans leur survenue mais dans leur horreur, leur ampleur et leur vitesse. À la mi-mai au moins 600 000 personnes avaient déjà été tuées.
À ma grande honte, ce génocide restait un spectacle pour le conseil de sécurité Nations-Unies que les membres permanents regardaient lâchement. Le Royaume-Uni et surtout les États-Unis, alliés objectifs de Museveni et Kagame (qui, en passant, a remplacé il y a peu le Français par l’Anglais comme langue officielle) freinaient toute intervention. C’est finalement la France qui s’y collait le 22 juin après quelques tergiversations internes. Le président Mitterrand et le général Quesnot, son chef d'état-major particulier, étaient favorables à une intervention, ainsi qu'Alain Juppé. Le Premier ministre Edouard Balladur et François Léotard ministre de la Défense, y étaient hostiles. Il fallut la certitude du caractère humanitaire de l'opération, une résolution des Nations-Unies et l'appui d'alliés africains pour obtenir l'approbation du gouvernement. Jean-Christophe Rufin était alors envoyé en ambassade discrète auprès de Kagame.
Sur le moment, je me félicitais que cette opération, quoique tardive, ait pu sauver plusieurs dizaines de milliers de personnes (mesure-t-on seulement l’énormité de cette performance, que personne n'évoque ?). Seule puissance à agir, c’était tout à l’honneur de la France. Rétrospectivement, je suis plus partagé. Avec les moyens limités, les 2 500 soldats français (soit 0,03 % de la population rwandaise) et quelques centaines de camarades africains n’ont évidemment pu empêcher des atrocités de continuer à se produire malgré tout. De l’accusation d’impuissance, il était alors facile de passer à celle de complicité. Surtout, comment concevoir de revenir en position de neutralité (qui au passage n’empêche pas de disposer de moyens puissants au cas où) dans un territoire dans lequel on avait combattu un an plus tôt. Les missions d’interposition ne fonctionnent généralement pas, elles fonctionnent encore moins lorsqu’on se retrouve entre un ancien adversaire et un ancien allié que l’on met par ailleurs sur un plan d’égalité avec peut-être cette idée absurde qu’il est encore possible de revenir à la situation précédente.
Par quelle folie pouvait-on imaginer que le FPR n’allait pas profiter de la situation pour accuser- non sans raisons- l’Élysée de vouloir sauver ses anciens amis, à commencer par Agathe Habyarimana ? Par quel aveuglement notre acharnement à soutenir le pouvoir hutu en place, quel qu’il soit, n’allait pas faire la matière de livres à succès ? Par quelle naïveté n’a-t-on pas vu qu’en intervenant, même de bonne foi et avec les meilleures intentions du monde, on en prendrait pour trente ans d’accusations, notamment chaque fois que Kagamé et le FPR commenceraient à être suspectés de quelques mauvaises actions.
J’ignore si on a continué à aider le gouvernement rwandais après le début des massacres et même après l’embargo du 19 mai. Ce qui est certain c’est que si c’est le cas cela n’a guère aidé les Hutus réfugiés au Zaïre lorsque la nouvelle armée rwandaise est venue nettoyer leurs camps, provoquant un nouvel exode et, à nouveau, la mort de centaines de milliers de Rwandais, dans l’indifférence générale cette fois. Le million de réfugiés était probablement autant de génocidaires.
Quand je pense finalement au Rwanda, j’ai honte. Pas pour les soldats qui ont exécuté leurs missions et toujours dans l’honneur, mais pour ceux qui les ont envoyés là-bas pour des raisons qu’ils n’ont jamais sérieusement expliquées. J’ai honte pour la légèreté, la naïveté, voire l’incompétence de nos dirigeants politiques dans cette affaire qui les a toujours dépassés. De Beyrouth à Sarajevo, l’ère Mitterrand a été riche en fiascos militaires, celui du Rwanda, avec des conséquences différentes, en constitua le dernier exemple. J’ai honte pour ceux qui ont lâchement fait disparaître le nom de l’opération Noroit de la liste des opérations. J’ai honte, sans être surpris, par l’inaction et la lâcheté de la force des Nations-Unies au Rwanda. J’ai honte pour les États-Unis qui ont toujours soutenu Kagame et bien fait profiter leurs multinationales du chaos sanglant de la région du Kivu. J’ai honte pour ceux qui se font une gloire sur l’accusation sur leur propre pays, sans regarder l’inaction des uns et les crimes des autres. Combien de temps les soldats français, sans aucun doute les moins concernés, seront-ils encore les seuls à subir des accusations dans ce supermarché de l’ignominie ?
Ajout : Pour accéder au rapport de la commission Duclert (ici)
Cet article me fait peur.
RépondreSupprimerJeune militaire, j'ai assisté au prémisse d'un génocide en RCA, qui fut peut-être évité grâce à Sangaris, plus tard. Mais serai-je protégé ad vitam æternam d'accusations dans le genre ? Avant Sangaris, et en parallèle de Serval 1, on a laissé faire des choses humainement pas évidentes...les vers de A.SANGUINETTI à l'époque me servait de vérité :
"Le guerrier ne fait que porter l'épée pour le compte des autres. C'est un seigneur, puisqu'il accepte encore de mourir pour des fautes qui ne sont pas les siennes, en portant le poids du péché et de l'honneur des autres."
Nos démocraties et nos armées sont bien faibles face au soft-powers des pays du Sud...elles font parfois de nos soldats des sacrifiés d'avances, sacrifice de leur honneur. Et on s'étonne des PTSD. Je suis amers de voir la persistance de ces choses là.
Indicatif 93 :
RépondreSupprimerEncore un article parfait.
Soutien total au Col Hogard devant l'imbécilité et les mensonges éhontés du bouffon de service P. de Saint-Exupéry, les affabulations du pitre G. Ancel, les outrances du génocidaire Kagamé.
La scélératesse US et la perfide Albion jouant les marionnettistes en coulisse.
Heureusement, les valeurs intellectuelles de Bernard Lugan savent nous apporter la vérité et nous éclairer sur les réalités de ce qui s'est réellement passé.
C'est amusant, parce que ce message montre deux choses:
Supprimer- "La Perfide Albion"...le syndrôme de Fashoda étreint toujours certains français. Et c'est précisément ce qui peut expliquer le comportement du gouvernement français.
- une absence totale d'arguments. Si vous réfutez les "affabulations" de certains, alors apportez nous des arguments et les sources de vos propos. Les insultes ne convainquent personne. Les arguments, oui.
Intéressant, merci.
RépondreSupprimerQuelques coquilles, me semble-t-il :
- 1er § : Il doit manquer un morceau de la dernière phrase
- 4e § : "j'ai assuré nous soupçonnions"
- 6e § : "les (au sens premier) les"
N'hésitez pas à supprimer ce com' après lecture
Quelques coquilles résiduelles :
Supprimer- 3ème §, ligne 1 : une force réduite
- 4ème §, ligne 3 : je crains qu'il n'ait reposé (plutôt que "qu'il reposât")
- 11ème § : répétition "avec peut-être cette idée qu’il est peut-être"
- dernier § : "J’ai honte, sans être surpris, par l’inaction et la lâcheté de de la force"
Merci pour vos articles, toujours éclairants.
Bravo mon colonel pour cet article des plus objectifs et pondéré sur ce drame rwandais,alors que depuis près de 15 ans nos responsables politiques successifs au mieux sont d'un silence assourdissant sur celui-ci. Mais laisse nos militaires, ayant participé entre 1990-94 aux opérations dans ce pays, se faire régulièrement traiter de complices de génocide et voire même d'avoir pris une part à ceux-ci !...
RépondreSupprimerAlors que leurs accusateurs, Paul Kagame et ses sbires, sont certainement les pires massacreurs depuis près de 20 ans en Afrique : leur conquête sanglante du pouvoir au Rwanda en 93-94 n'étant qu'une "mise en bouche", cela comparé au génocide qu'ils ont commis et commettent dans le Kivu. Certes ils ne font que susciter, encadrer et armer des guérillas "spontanées" dans cette province du Zaïre et avec pour résultat : entre 3 à 5 millions de civils zaïrois massacrés pendant ces 20 dernière années, et sans parler du pillage de cette province au profit du Rwanda. Mais étrangement les USA, ONU, et une petite clique d'intellectuels français -encensant Kagamé et son régime- sont plus que silencieux sur ce génocide.
Heureusement qu'il existe des gens comme vous mon colonel, ainsi que Pierre Péan et Bernard Lugan pour rétablir la vérité et démonter l'infamie des accusations portées sur nos militaires. A ma connaissance le seul politique français ayant eu à connaitre de la situation au Rwanda et du ou des génocides y ayant eut lieu, c'est Hubert Védrines, et celui-ci s'est toujours opposé publiquement à toutes les accusations grotesques portées contre la France et ses militaires. Je tiens à le souligner car ses homologues français font "courageusement" silence, et pire certains accréditent peu ou prou les thèses de Kagamé !
Et ce que dit Guillaume Ancel, sur le blog Ne pas subir, on en fait quoi?
SupprimerOn le lit et on l'écoute. Je n'ai personnellement aucune raison de mettre en doute ce qu'il dit avoir vu.
SupprimerMoi aussi je n’ai aucune raison de douter de qu’a vu Guillaume Ansel, mais ce qui me gène dans les conclusions qu’il tire de cela : il n’évoque guère la complexité et chronologie de la situation au Rwanda ayant conduit à « Turquoise », ainsi que ses enjeux géostratégiques sous-jacents. Au final c’est un témoignage intéressant sur les ordres contradictoires provenant de nos politiques alors au pouvoir (Mitterrand et Balladur), mais qui ne concerne qu’un moment T de toute cette affaire rwandaise.
SupprimerJe me permet de vous reprocher mon colonel, bien que ce n’était pas le sujet central de votre article, de ne pas évoquer les conséquences de la prise du pouvoir par Paul Kagame et ses sbires. Notamment vis à vis du Kivu que depuis environ 20 ans il pille éhontément, et surtout à suscité, armé et encadré de multiples guérillas qui ont fait entre 3 à 5 millions de morts civils (rapport Onu dont la publication officielle est bloquée par les USA). A titre de comparaison, c’est quand même à minima 4 fois plus que le génocide des Tutsi au Rwanda.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerPuisqu'on parle du lieutenant-colonel Ancel, j'en profite pour mettre l'interview qui me l'a fait connaitre, par l'excellente chaine sur Youtube, Thinkerview: https://www.youtube.com/watch?v=sIaLxUiR9BQ
Supprimer@ the last boat
SupprimerVous intervenez toujours avec intelligence.
Je ne vous vois pas sur d'autres blog, alors j'en profite pour vous le dire.
Sinon pour le Kivu, monsieur Pierre Conesa en parle (entre autres) sur la même chaîne.
https://youtu.be/luJBZfVWhXM
Les personnes s'intéressant à ce blog ont très majoritairement une curiosité et de l'esprit critique au sens noble du terme. Un bienfait pour l'esprit !
https://youtu.be/d42MkZr3XHI
J'ai rencontré fortuitement un jeune homme l'année dernière dans un magasin aux Pays-Bas où je vis depuis une vingtaine d'année. Il vendait des contrats pour un fournisseur de gaz et électrécité. Nous nous sommes aperçus que nous êtions tous deux francophones. Il était manifestement africain, je lui ai parlé du Cameroun où j'ai vécu plusieurs années. Nous avons parlé histoire. Il m'a raconté avoir été récupéré,enfant, par des missionaires en RDC, envoyé en Belgique, puis fait ses études aux Pays-Bad. Il faisait partie des réfugiés rwandais dont beaucoup ont péri lors de ce deuxième génocide. Ce jeune homme m'a dit en toute lettre sa gratitude envers la France et ses soldats. Permettez-moi, monsieur Goya, de vous témoigner de la reconnaissance de ce jeune homme.
RépondreSupprimerPas loin de la vérité notre ami Goya.
RépondreSupprimerOn peut pas se défausser de notre responsabilité, aucune politique dans cette histoire n'est innocente, et pour mieux le comprendre il suffirait cette fois de faire un topo sur la situation des richesse naturelles du Rwanda qui ont menés toutes les hyènes à semer la haine et l'horreur, et qui aujourd'hui se pavanent dans l'orgueil et la luxure sans la moindre inquiétude, c'est là que s'arrêtent l'humanité et où commence la cruauté dû à l'avidité des horribles financiers froids et fous, ils représentent une autre forme de tueur en série."On vit dans un monde où il est plus facile d'arrêter une personne qui a tué 1 autre personne, que d'arrêter une personne qui en a tué 100 000 autres." Kofi Annan. Je me demande comment et pourquoi deux présidents ont étés tués par un manpad, tandis que P Kagamé qui est toujours en place a profité de cet attentat contre le Rwanda et le Burundi? J'en déduis donc que des accords financiers secrets franco-anglo-américain ont mis de côté l'image de la France, et ce par trahison de certains français se pourvoyant ainsi un % de pognon, tandis que l'armée française (Et la France) récolte les pires responsabilités du génocide. Sinon P Kagamé aurait été vaporisé depuis longtemps à mon avis. Colonel Goya vous n'étiez donc pas au Rwanda en 1994 lors des massacres, mais votre témoignage est intéressant sur le comment les choses sont en arrivés là. Par contre d'autres témoignages montrent bien l'absence d'intervention de l'armée française lors des massacres, alors que notre artillerie et notre aviation auraient puent stopper les hutus simplement armés de machette. C'est peut-être con, mais je pense que la maladie de Mitterrand a altéré ses jugements (Ou sa connerie intrinsèque peut-être?!), et que donc aucune stratégie intelligente française n'a été proposé afin d'amortir l'indicible qui se déroulait alors. Tout comme à Bouaké ou en Libye, ce sont des histoires dont mon éducation ne me permet pas de comprendre ou plutôt ça ne me donne pas envie d'éluder ces conneries barbare, je met un point d'honneur a ne pas me confondre avec les enculés qui nous mentent sur les soit disant "raisons" de la guerre, je n'y vois que folie furieuse. Et puis finalement ceux qui ont tués, c'était le peuple; suffit d'une radio qui incite à la haine, et les doudous partent au quart-de-tour, c'est malheureusement aussi ça l'Afrique, et aujourd'hui encore, découper un Albinos ou savater un pygmée est pratique courante, et cela s'aggrave. Ignorance, superstition et corruption dans ces pays? Et c'est le jackpot pour les requins du yacht-club!
RépondreSupprimerNe vous en faîtes pas, il n'y a guère que les lecteurs de Libé (et ils ne sont plus très nombreux) pour croire à une prétendue responsabilité de la France dans le génocide du Rwanda.
RépondreSupprimerDisons que cette thèse présente deux intérêts majeurs :
- Que des gentils Africains massacrent allègrement d’autres gentils Africains torpille totalement le mythe des pov’ Africains éternels victimes des méchants Blancs (ceci en contradiction totale avec la réalité actuelle des luttes tribales et claniques du Sud-Soudan et de la Somalie, mais on sait l'aversion de la gauche pour le réel) ; il est donc indispensable de trouver un responsable occidental à un quelconque niveau de cette histoire. Il s’agit alors de faire monter en sauce la « responsabilité de la France TM » pour ne plus parler que de cela jusqu’à en oublier le génocide lui-même. D’autant plus que :
- Cela permet d‘évacuer l’autrement plus problématique question des responsables de l’attaque contre l’avion d’Habyarimana.
Il faudrait rappeler le courage d'individus isolés qui ont su désobéir pour sauver une part d'humanité au milieu des pires atrocités. Le capitaine Mbaye Diagne a fait partie de ceux là. Seul, sans ordres, il a sauvé des centaines (peut etre des milliers) de civils désespérés.
RépondreSupprimerAujourd'hui cet homme simple a recu des hommages unanimes de la part de ces chefs et des responsables des Nations unies.
Le non sens de l'incrimination de "crimes contre l'humanité ou génocide" est qu'elles est imprescriptible si je ne me trompe autrement dit vous serez poursuivi par le fait du prince a toute heure et en tout lieux .Suivant l'oligarchie au pouvoir,vous serez blanc ou noir,ce sont toujours les lampistes qui servent de boucs émissaires dans ce genre de situatuion ou pour plaire à l'idée politiquement correcte en place sont organisés des procès staliniens dont le but est de fabriquer "la vérité",n'est-ce pas Napoléon qui disais que l'histoire était écrite par les vainqueurs ,qui ne sont pas ceux qui étaient sur le terrain
RépondreSupprimerOn a lavé le cerveau des Français au point qu'ils prennent goût aux excuses de leur Etat, sans bien réaliser ce que cela finira inévitablement par impliquer pour eux.
RépondreSupprimerAinsi, il me semble que dans un pays en bon état mental, un candidat comme Macron aurait dû se retrouver à moins de 2% des intentions de votes après ses déclarations scandaleuses en Algérie ce mois de mars. Mais chacun sait que cela n'a pas été le cas.
https://www.washingtonpost.com/news/worldviews/wp/2016/05/26/the-things-america-hasnt-apologized-for/
"But another argument is broader and perhaps even more persuasive: Apologizing simply isn't something the United States does, nor do many other countries. "We don’t apologize, ever," said Jennifer Lind, a professor at Dartmouth College and the author of "Sorry States: Apologies in International Politics." This isn't a unique facet of American diplomacy, either. "Countries in general do not apologize for violence against other countries," Lind added, noting that Germany and, to a lesser degree, Japan are outliers, as they have actually apologized."
(le Japon, d'ailleurs, ne s'excuse pas non plus, contrairement à ce que dit l'article).
Merci pour cet article fort bien détaillé, grace à vous je viens de découvrir les actes heroiques du Capitaine Diagne.
RépondreSupprimerMerci pour ce réumé trés instructif, je viens de découvrir les actes heroiques du Capitaine Diagne.
RépondreSupprimerLe « corridor » qui mène du Niger à la Libye est contrôlé par l’armée française. Cette dernière ne bouge pas un doigt et laisse passer les migrants. Selon l’Organisation mondiale pour les migrations, rien qu’en 2016, 291.000 clandestins ont transité par ce « corridor » pour rejoindre l’Italie.
RépondreSupprimerL’exode des migrants économiques, qui de toute l’Afrique se dirigent vers la Libye afin de rejoindre l’Eldorado italien, passe par le Niger, où sont stationnés les militaires français.
Le Niger est le dernier avant-poste avant la Libye. Les migrants économiques, qui rêvent de s’embarquer pour l’Italie, passent par le carrefour d’Agadez, pour ensuite rejoindre Séguédine. Ils se déplacent en longues colonnes de camions et de pick-up, surchargés de personnes et de marchandises. Il est difficile de ne pas les remarquer dans l’immensité du Sahara, surtout pour le contingent français qui déploie des mirages de reconnaissance, des drones de surveillance et des hélicoptères.L'armée défend t'elle la France dans cette non action?
@ Janus2a
SupprimerLes militaires font ce qu'on leur demande. D'où la conduite des politiques et de leurs sponsors avec l'armée.
Ce livre intéressant vous aidera peut être à compléter le puzzle. Et à voir, pourquoi entre société multinationales, Etats infréquentables et ONG, il faut bien voir que le storytelling humanitaire est une blague pour humain pauvre.
https://www.cairn.info/revue-projet-2013-4-page-95.htm
Le Veau d'Or est le dieu universel de ce monde.
Merci mon colonel pour ces eclairessissements qui nous aident à mieux comprendre ce qui sait passer au rwanda. Si je comprend bien article a été ecrit pour sonner l'arlerte par rapport à ce qui se passe au Mali?
SupprimerJuste pour m'accorder à ce que vous avez dit les Etats n'ont pas d'amis mes des interets et la france que dis-je la francafrique existe toujours et continue de faire ce boulot scelerat de piage du sol africain. Et tant ce fameux assertion existe " les etats n'ont pas d'amis mais des interets" ce genre de situation existera sur les sols toujours vulnerables. ( amerique du sud et afrique).
Oubliez vous que l'armée française au Niger est en territoire étranger souverain ? Elle n'a donc absolument pas le droit d'arrêter des colonnes de migrants, sauf accord avec les gouvernements locaux.
SupprimerMerci mon colonel, de rétablir la vérité, pour tous les soldats qui ont participés à cette opération !!!
RépondreSupprimerColnialemenrt
Philippe D D
ou est passé Eric Gaubert mon binome à la deux...
RépondreSupprimerIl nous a quitté il y a quelques jours.
SupprimerPeut-être, penserons nous plus un jour, loin de toutes polémiques et obscures manœuvres, à ceux qui dans leurs simples et humbles périmètres ont fait un travail incroyable (si on peut parler de travail...). Rien ne les préparaient à ce qu ils allaient devoir voir, a ce qu ils allaient devoir accomplir. L adversaire n etait pas la mais tout autour d'eux et sous toutes ses formes, la mort était bien présente. Ils ont été submergés par l'horreur. Cependant, ils ont su y répondre avec force et courage. Devant ces milliers de morts, devant tout un peuple en souffrance, ils ont brandi avec dignité ce qu ils pouvaient d humanité. Voila l action de nombreux militaires français au Rwanda. Malgrés tout, aujourd'hui et pour toujours, ils porteront en eux la blessure profonde et invisible d un génocide hors normes. Les 2500 de Turquoise ! Les 2500 oubliés ...
RépondreSupprimerIl y a quelques années Libération avait sorti un article sur les deux militaires et l'épouse de l'un d'eux assassinés à Kigali juste après la destruction de l'avion du président. . Il y était précisé qu'il s'agissait de deux gendarmes, dont l'un spécialiste radio. L'enquête n'a jamais aboutie. Aurait-on d'autre éléments sur ce triste épisode annexe ?
RépondreSupprimerIl n'y a jamais eu d’enquête ouverte. Le compte rendu de Maurin et Cussac dit qu'à priori, ils ont été tués par le FPR mais rien ne se semble le confirmer. René Maier aurait été tué par balle "accidentellement" vers 21h le 6 avril, juste après l'attentat (certificat de décès établi par un médecin militaire français) ou plus tard, le 8 avril. Alain Didot et sa femme entre le 7 et le 8 avril à la machette. Didot était un expert ROEM et assistait les FAR pour leurs com et disposait de matériel d'écoute chez lui (juste en face du CND où se trouvait le bataillon du FPR). Vu sa fonction, il a pu intercepter un message soit des FAR, soit du FPR, en lien avec l'attentat, mais aussi les communications de l'avion. On a aussi rapporté qu'ils avaient cachés des Tutsis, et que des soldats de la garde présidentielle les avaient exécutés.
SupprimerIl est également soupçonné que Didot travaillait pour la DGSE, et était là notamment pour renseigner sur le FPR.
Les trois corps ont été retrouvés dans le jardin des Didot, le 10 avril, par les soldats belges de la MINUAR, mais il y a des témoignages divergents sur le lieu du décès pour Maier.
Mon colonel, je me permets de vous faire un léger reproche au sujet de votre article. Des accords de coopération militaire furent conclus en 1997/98 avec le régime du président-dictateur Habyarimana du Rwanda, et cela sous la présidence de VGE.
RépondreSupprimerMitterand devenu Président en 1981, il ne fit que poursuivre ceux-ci. Certes on peut lui reprocher, mais il ne fut pas l'instigateur de cette coopération avec le régime d'alors du Rwanda. Bien sur il amplifia notablement le volet militaire pré existant à son accession à la Présidence (opération Noirot), mais à son crédit il fit évoluer dans un sens plus démocratique le régime rwandais et fut l'artisan d'une tentative de médiation avec le FPR de Kagame (accords d’Arusha).
Évidemment vous avez raison de souligner les erreurs, illusions et voire naïvetés de Mitterand au sujet du Rwanda. Mais de là à le taxer ainsi que certains de ses ministres, et nos militaires de complicité active dans ce génocide, c'est grotesque !... De "Le Monde" à "Libération" de 1994 à fin 1999, tous étaient quasi dithyrambiques sur l'opération "Turquoise" : ils avaient alors des journalistes sur place. Étrangement ces médias et quasi tous les autres français, ils ont à partir du milieu des années 2000 enfourchés la thèse de Paul Kagame : France et ses militaires complices actif des génocidaires Hutus !....
Le premier accord sur VGE portait sur la formation de la gendarmerie. Il concernait une vingtaine de conseillers. L'accord a été élargi à la coopération militaire peu de temps après le début de Noroit.
SupprimerIl me semble avoir souligné effectivement le rôle de médiation de la France, reconnu par Kagamé lui-même. Je suis plus sceptique sur les effets de la démocratisation forcée.
Il y a 11 ans, on en parlait déjà...
Supprimerhttps://youtu.be/zHwwHBTHbN8
PS : erreur de frappe de ma part, lire 1977/78 au lieu de 1997/98
RépondreSupprimerAvez-vous lu "j'ai serré la main du diable" du commandant Canadien de la Minuar Roméo Dallaire ? Sa version diffère quand même tres fortement de la votre.
RépondreSupprimerJe crois que Dallaire ne s'est jamais remis de cette expérience qui ne fut pas vraiment à son honneur
SupprimerJe vous propose de parler du général Dallaire à des soldats belges pour voir ce qu'ils en pensent. Sinon, en quoi est-ce différent, je ne l'ai pas lu ?
SupprimerLes chiens de guerre n'ont pas autant de scrupules qu'un soldat français.
RépondreSupprimerTant que l'argent est considéré comme la valeur suprême, l'humanité sera mal barrée...
https://youtu.be/IIO2Jw9Hs0w
il faut lire aussi les analyses de Bernard Lugan expert au TPI pour comprendre l'hostilité hutu , tutsi et celles du Colonel Hoggard pour comprendre les interets des divers participants ainsi que le livre de jacques roger booh booh chef de la mission de l'onu au rwanda
RépondreSupprimerDallaire est un "héros" au Canada et un "salaud" en Belgique
Il y a tant de versions sur le Rwanda parfois contradictoires mais toutes crédibles qu'il est bien difficile de cerner la vérité mais ce qui m'insupporte se sont les gens à l'affut d'articles accusant l'Armée française et ses Soldats, la seule chose dont je suis certain c'est que je n'ai pas les éléments pour porter un jugement et que j'apporte tous mon soutien moral à tous les Soldats confrontés à ce chaos. More Majorum !
RépondreSupprimerRemarquable. Tout est dit. Il y a sans doute eu des imperfections côté français, mais ceux qui ne sont pas intervenus, au premier rang desquels les britanniques et les américains, n'ont pas le droit à la parole.
RépondreSupprimerJe ne peux pas être d'accord avec vous. Ils ont droit à la parole. Et alors, les français n'ont pas le droit à la parole sur la Bataille des Ardennes (par exemple) parce qu'ils n'y ont pas participé ?
SupprimerMon Colonel,
RépondreSupprimerAuriez-vous le souvenir d'avoir croisé, lors de votre déploiement dans le cadre de l'opération Noroit, le sergent-chef Pascal Estrévada du 1er RPIMa? Il s'agirait d'un instructeur de tir, spécialité mortier, membre du DAMI jusqu'en décembre 1993. Son nom est cité dans l’enquête de l'auditorat belge et dans le rapport de la mission d'information parlementaire, sans qu'il ait été apporté la preuve qu'il s'agissait bien d'un militaire français. Il a été par la suite en vu mars 1994 à Kigali (après le retrait de Noroit donc), aux cotés d'anciens militaires membres du DAMI (notamment le capitaine Lallemand). Il a été auditionné par le juge Bruguière dans l’enquête sur l'attentat du 6 avril 1994.
le dami du 1 rpima à fait plus que de l'instruction ,c'est un secret de polichinelle ..... et en face les brits et us de même .....
RépondreSupprimerpas de complicité de génocide pour la force Noroit, sans doutes.
RépondreSupprimerCependant un fait divers sali l'honneur du 21e RIMa. je cite Pierre Péan: " Fin 1992, début 1993, [Mucyo dit le 6 février 1993], une partie de la section du
21e RIMA, basé à Fréjus, chargée de garder l’aéroport est partie en goguette avec un camion de l’armée pour
aller jusqu’à une boîte de nuit appelée Kigali Night. En sortant, les soldats ont fait monter une Rwandaise
[Mucyo précise qu’elle était tutsi]. Deux l’ont violée puis lui ont « travaillé » le sexe à la baïonnette [Mucyo dit
“poignard"] sans que les autres militaires interviennent. Puis ils l’ont laissée, nue, sur le bord de la route. La
jeune fille a été emmenée à l’hôpital de Kigali. Sur le cahier d’entrée, aurait été mentionné : « Violée par des
militaires français » Avant même que l’affaire ne s’ébruite, deux prévôts se sont saisis de l’affaire et prévenu à
la fois le lieutenant-colonel Boré, no 2 du 21e RIMA et le colonel Robardey, l’adjoint de l’attaché de défense.
À ce niveau les prévôts ont été encouragés à continuer leur enquête.
Les deux policiers militaires ont effectivement poursuivi leurs investigations. Reçu la plainte de la victime
qui a également demandé un dédommagement (qu’elle a obtenu) [Mucyo indique qu’elle en est morte peu
après] [...] Finalement le dossier instruit par les prévôts a bien été envoyé à Draguignan."
Curieux de savoir quelle sanction a été prise envers vos anciens camarades. La victime elle, aurait reçu 500 000 francs rwandais pour son silence.
le 21 n'était plus à l'aéroport à cette époque. Le LCL BORE n'était pas le C2.........
Supprimerles deux salauds impliqués dans ce viol et cette agression ont été virés de l'armée d'après mes souvenirs pour le pénal je n'en sais rien !
RépondreSupprimerNéanmoins, difficile de considérer que l'opération Turquoise comme neutre. Déjà, par ce que dans son ordre de mission, on évoque "les génocides anti-Hutu et anti-Tutsi", alors qu'il est clairement établi dès le 7 Avril 1994 par la DRM et la DGSE que qu'il s'agit bien d'un génocide anti-Tutsi (Cf ordre de mission Amaryllis qui parle de "massacres de Tutsi")
RépondreSupprimerEnsuite, par ce que les militaires français interviennent au coté d'hommes qu'ils ont formés, et qui commettent le génocide. Le colonel Tauzin déclare "il faut casser les reins du FPR" ou encore "le gouvernement du Rwanda et ses forces armées sont des organisations légitimes". Le thème des "Khmers noirs" est également régulièrement repris par certains officiers (Quesnot notamment) pour qui chaque Tutsi est un combattant potentiel du FPR, adhérant donc à la rhétorique du Hutu Power. On passe rapidement sur les nombreux témoignages de miliciens Hutus qui expliqueront l'aide matérielle et morale apportée au moins au début de Turquoise (Distributions de rations, de munitions, conseils pour débusquer les infiltrés du FPR), pour s’arrêter sur la déclaration de Jacques Rosier le 27 juin 1994: "les miliciens font la guerre, par souci de neutralité, nous n'avons pas à intervenir". Pourtant, ce sont eux qui avec les FAR, commettent les massacres. Drôle conception de l'interposition en effet dans un conflit qui, avant d’être une guerre civile, est un génocide.
@ NLL, je sens le connaisseur qui était sur le terrain !
SupprimerArrêtez de reprendre les thèses fanfaronnes, fumeuses et mensongères du régime génocidaire du tyran kagamé ou des idiots utiles de l'"intelligentsia" françaises.
Ce fut un massacre de noirs africains perpétré par des noirs africains, voulu par des noirs africains et dirigé par des noirs africains, et oui ne nous cachons pas derrière des mots.
Le blanc a bon dos mais il faut parfois regarder la vérité en face.
Vous parlez de "thèses fanfarones", "d'idiots utiles" et de "vérité en face". je parle des documents présents aux archives, notes et rapports, de militaires, de diplomates et du cabinet présidentiel, entre 1990 et 1994, qui témoigne des faits suivants: Le soutien militaire (et illégal) à un régime dont on sait dès 1990 qu'il commet des massacres de masses, la violation des accords d'Arusha (qualifié de "chiffon de papier"), la fourniture d'armes, de munitions, la reconnaissance du régime génocidaire et son soutien continu jusqu'en juillet 1994, le soutien moral et financier à un coup d'état, l'aveuglement total face à ce qu'était le génocide au Rwanda (on a même parlé de "double-génocide"), la facilitation du transfert du gouvernement intérimaire vers le Zaire, tout ces éléments sont constitutif du crime de complicité de génocide défini par le TIPR. Comment justifier que le 7 avril, l'ordre de mission d'Amaryllis parle de "massacre des Tutsis" (donc un génocide) et que la même mission évacue des proches du président défunt dont on sait déjà à l'époque, par les rapports de l'ambassadeur, qu'ils sont des proches des extrémistes Hutus qui ont planifié le génocide ?
SupprimerComment justifier que le général Quesnot écrive le 6 mai 1994,alors que le génocide a déjà fait 400 000 morts:"a défaut de l'emploi d'une stratégie directe dans la région qui peut apparaître difficile politiquement à mettre en oeuvre, nous disposons des moyens et des relais d'une stratégie indirecte qui pourraient rétablir un certain équilibre" sous entendu, soutenir les FAR, qui sont en train de commettre un génocide. Quelques semaines après, la BNP débloquera des fonds permettant l'achat de 80 tonnes d'armes livrées à Goma depuis les Seychelles, tandis que Paul Barril signera un contrat (opération insecticide, tout est dans le titre), pour fournir des munitions et des armes aux FAR.
Sur Turquoise, Balladur le confirmera lui-meme devant la commission de défense "certains responsables (Lanxade) ont envisagés une opération jusqu'à Kigali."C'est seulement quand il a été évident que la situation stratégique était compromise que Turquoise s'est transformée en opération humanitaire.
Les responsabilités internationales sont multiples, et la France a joué un rôle central, c'est cela la vérité en face qu'exige à la fois les victimes, mais aussi les français et la démocratie: Les erreurs d'une bande d'irresponsables, persuadé de mener une quelconque guerre post-coloniale et eux seuls, les ont associés au crime de génocide.
Pendant ce temps là, au Kivu, plus de deux millions de morts et 13 000 enfants disparus dans un silence journalistique assourdissant.
Supprimerhttps://youtu.be/tCSOz4NTDmA
Ce n'est pas un pays "utile" sans doute...
@ NLL
SupprimerQue de rodomontades et de mensonges.
Alors comme vous n'étiez pas sur le terrain, je vous livre ce que mes yeux ont vu :
Des noirs massacrer des noirs, des blancs (oui-oui Français !) s'interposer afin d'éviter les massacres. Trouvez moi un seul Français (puisse que votre rancoeur va à ces valeureux soldats) qui aurait participé à ces massacres !
Et ça ce sont les faits, vrais et concrets.
Le seul responsable de ceS (avec un S) génocides est l'infâme, le crapuleux, l'infect kagamé.
Lisez :
https://www.asafrance.fr/images/rwanda_dossier_asaf_100419.pdf
En tout cas, une chose est sûre: le 21ème siècle ne sera pas un siècle de paix et d'amour:
RépondreSupprimerhttp://geographiesenmouvement.blogs.liberation.fr/2019/04/11/comment-leau-tue-plus-que-la-guerre/?fbclid=IwAR304xPgDeKzwyXThBCS4EL7GhCijC-WUbhi1ORBswzUdcnafmOplBRaLoM
Quand on voit de quoi les hommes sont capables pour des matières premières...
Il y a bien des manières d'éradiquer des populations. La famine a été, est et sera certainement l'arme la plus employée. D'autant que les terres arables ont été préemptées par des états non africains...
RépondreSupprimerhttps://infoguerre.fr/2016/12/la-polemique-sur-l’avenir-alimentaire-de-l’afrique/
Les empires ont toujours des ennemis et n'ont en commun que la soif de puissance.
RépondreSupprimerhttp://geographiesenmouvement.blogs.liberation.fr/2019/04/07/les-empires-ou-lobsession-du-pouvoir/
On peut compter sur les hommes pour se tuer les uns et les autres, convoiter ce qui ne leur appartient pas et vouloir mettre un prix sur tout.
La guerre faîte pour des raisons financières va encore plus accélérer les génocides, déplacements de populations et mettre les Etats à genoux.
RépondreSupprimerRemplacer les Etats par des acteurs privés, la gestion du bien commun par des bénéfices juteux au bénéfice de quelques actionnaires voraces... L'humanité doit se réveiller ou disparaître.
https://youtu.be/1hYR2o1--8s
Bah, ce n'est pas parce qu'il n'y aura plus de patrie, qu'il n'y aura pas de profits !
RépondreSupprimerhttps://youtu.be/EpY-piJuUUM
Le Veau d'Or encore et toujours...
Les guerres civiles sont les plus atroces des guerres.
RépondreSupprimerhttps://youtu.be/1IUfQ7o8TnI
Message à caractère informatif: pour votre sécurité, vous serez privé de libre arbitre. C'est pour votre bien...
RépondreSupprimerhttps://echoradar.eu/2019/04/11/pour-votre/
Ça évitera les cas de conscience et autres interrogations sur la légitimité des actions du Pouvoir.
Votre article est heureusement d'un meilleur niveau que l'entrée en matière. Mais vous passez sous silence les manoeuvres pro-régime de certains militaires sur place et qui sont bien documentée. Malheureusement, un relâchement de l'autorité, des jeux personnels font que des militaires sur place prennent fait et cause. Mais il est évident que la responsabilité est celle du pouvoir politique méconnaissant la situation réelle, se perdant dans ces fantasmes de défense de la francophonie.
RépondreSupprimerOui. Il est désolant de voir de militaires défendre ou nier les crimes des politiques. Car c'est le politique qui décide.
SupprimerMais il y a un énorme problème dans le métier militaire. Le militaire prétend, ou croit, servir "la France". En réalité, il sert l'Etat. Le militaire obéit aux politiques. Il abdique donc en quelque sorte sa conscience, la soumet aux politiques.
Lorsque le politique est criminel, le militaire devient de facto son complice, puisqu'il est son exécutant. D'où l'éternel problème de conscience pour certains militaires (trop peu nombreux hélas), et le déni des crimes pour beaucoup, hélas.
Votre article est très intéressant et mérite d'être discuté. Effectivement, aujourd'hui encore on peut s'interroger sur les raisons qui ont poussé la France à soutenir le régime d'Habyarimana. Regardons froidement les différents aspects : nous n'avions ni liens historiques, ni raisons militaires, ni liens économiques. il reste le fameux syndrome de Fachoda : contrer toute influence anglo-saxonne. Je pensais que c'était une vue de l'esprit jusqu'au jour où plusieurs généraux, et non des moindres , m'ont tenu ce raisonnement. en tout cas, après l'évacuation des ressortissants européens , les militaires français s'attendaient à quitter le Rwanda. Mais l'Elysée en décida autrement. Il fallait s'opposer aux "ougandos-tutsis" , véritables "khmers noirs" comme on pouvait le lire dans la presse militaire de l'époque. Vous dites ne pas avoir procédé à des contrôles d'identité. J'ai un ami civil, devenu préfet par la suite qui m'a raconté que la seule fois où ses papiers lui ont été demandés, c'était par des parachutistes français en 1992 au Rwanda. Ce qui pose problème en 1994, c'est l'ambiguïté de la politique française. Les chefs militaires d'Amaryllis avait reçu comme consigne de fermer les yeux sur les massacres, de ne pas intervenir et d'évacuer le personnel de l'ambassade et toute la famille d'Habyarimana. Quant à Turquoise, à ma grande surprise, j'ai découvert que le COS naissant constituait les premières forces d'interventions avec Tauzin à leur tête. La zone d'exclusion a permis l'évacuation des FAR en bon ordre et nos forces se sont affrontées au moins à deux reprises aux troupes du FPR. alors quel était le véritable but de l'opération ? Stopper un génocide que les autorités française ont mis plus d'un mois à reconnaître (Alain Juppé le 16 mai) ou de venir en aide aux FAR ? Je ne sais pas et je suis persuadé que les archives ne diront rien là-dessus. Quant au déclenchement de la crise, vous semblez accréditer la thèse du FPR abattant l'avion d'Habyarimana. Le FPR avait-il intérêt à déclencher un conflit alors qu'il était le grand vainqueur des accords d'Arusha? Le déclenchement du génocide des tutsis et le massacre des hutus modérés (qu'on oublie toujours) n'a rien de spontané et le bataillon du FPR à Kigali n'intervient que plus tard. Je ne suis persuadé que d'une seule chose, c'est que tout fut décidé à l'Elysée et que si des responsabilités doivent être cherchées, c'est du côté des politiques et non de militaires qui ont simplement fait leur travail.
RépondreSupprimerVous qui êtes à Paris, surveillez la Tour Eiffel. Macron est bien capable de la faire péter elle aussi.
RépondreSupprimerMerci NLL, d'avoir rétabli des faits très gênants pour la France.
RépondreSupprimerPourquoi, si la France n'a rien à se reprocher, interdire toujours aux chercheurs l'accès aux archives ?
Si les dirigeants français n'ont rien à se reprocher, pourquoi refusent-ils un procès et une commission d'enquête internationale ?
Comme justifier les livraisons d'armes à des génocidaires après le génocide ?
Comment justifier la protection par la France d'Agathe Habyarimana ?
Je me fiche de "l'honneur" de l'Armée Française et de la France. Comme pour l'affaire Dreyfus, je veux la vérité et toute la vérité.
Bien cordialement.
Je lis régulièrement des articles de ce blog et bien qu’étant politiquement éloigné de son auteur j’apprécie généralement beaucoup la clarté et la richesse de ses analyses.
RépondreSupprimerMais cet article sur le Rwanda me déçoit. J’ai le sentiment que nombre de militaires français se sentent personnellement visés là où c’est en fait la politique de l’Etat français de l’époque qui est mise en accusation. Et ces militaires en viennent à reprendre à leur compte les discours de ceux qui voudraient jeter un écran de fumée sur les responsabilités indéniables de l’Etat français de l’époque. Non pas au sens où l’Etat français aurait préparé le génocide main dans la main avec les extrémistes rwandais. Mais au sens où l’Etat français a délibérément joué avec le feu en tenant à bout de bras et pendant beaucoup trop longtemps un régime dont des pans entiers versaient de plus en plus ouvertement dans l’extrémisme ethnique. Et tout cela pour des raisons qui demeurent bien floues (« complexe de Fachoda » ? volonté de rassurer les autres « amis » de la France sur la capacité de l’armée française à leur sauver la mise le cas échéant ?) et en tout cas absurdement disproportionnées par rapport aux risques encourus par la population civile rwandaise.
Parmi les arguments que je suis déçu de retrouver sous la plume du colonel Goya :
- la supputation selon laquelle l’attentat contre l’avion présidentiel serait forcément le fait du FPR (c’est une hypothèse… mais il est tout de même établi que les missiles sont partis d’un camp militaire qui était alors tenu par l’une des rares unités des FAR qui tenait la route ; sacré risque d’infiltrer un commando à cet endroit précis)
- le mépris à peine voilé pour le général Dallaire rendu en partie responsable du désastre (un lecteur suggérait en commentaire de lire l’autobiographie de ce dernier ; j’appuie en ce sens ; certes il y a une forme de plaidoyer pro domo, mais l’ouvrage permet d’avoir une vision assez précise des moyens dont Dallaire disposait : ses 2000 casques bleus -en grande partie des conscrits bengladais- sont difficilement comparables aux 2500 soldats français des troupes d’élite déployés quelques semaines plus tard)
- la présentation partiale pour ne pas dire naïve de l’opération Turquoise, « tout à l’honneur de la France ». Le récent ouvrage de Guillaume Ancel est venu définitivement confirmer les motivations pour le moins ambigües de cette opération, l’analyse du dispositif militaire déployé est difficilement compatible avec l’idée d’une opération avant tout destinée à sauver des vies humaines (tant mieux d’ailleurs que cela ait pu avoir cet effet, et c’est tout à l’honneur des militaires sur place, en tout cas ceux qui ont agi en ce sens ; mais il aurait été bienvenu au passage de rappeler que l’intervention qui a mis fin de manière décisive au génocide des Tutsi c’est celle… du FPR – je ne rentrerai pas ici dans le débat sur les responsabilités ultérieures du FPR dans les conflits qui ont ensanglanté la région, je précise juste que je ne suis pas un admirateur ou un « idiot utile » de Kagame selon l’expression consacrée)
- la mise en doute implicite (sur le mode « je ne sais pas si… ») de la poursuite de l’aide apportée par l’Etat français au régime extrémiste hutu aux abois puis aux reliquats des FAR et/ou des milices extrémistes débandées (qui ont par ailleurs utilisé des centaines de milliers de leurs compatriotes comme boucliers dans leur déroute provoquant la catastrophe humanitaire que l’on sait). Cette aide est désormais assez largement documentée. Et il est avéré qu’une partie de ces troupes ont été par la suite « recyclées » au service des intérêts de la France et de ses « amis » dans la région.
Pour conclure, je trouve dommage que le colonel Goya reprenne ce type de raisonnements. Mais je pense avoir compris pourquoi. Dans l’une des dernières phrases de l’article, il est écrit : « J’ai honte pour ceux qui se font une gloire sur l’accusation sur leur propre pays, sans regarder l’inaction des uns et les crimes des autres. » De mon point de vue, quand je regarde cette période, j’éprouve honte et dégoût pour les responsables politiques français qui ont rendu possible cette tragédie. Comme j’ai honte et dégoût pour les responsables politiques des autres grandes puissances qui ont laissé ce génocide se poursuivre pendant des mois. Mais je n’éprouve pas de gloire à ce que « mon pays » soit accusé, parce que je ne considère pas que « mon pays » soit responsable. Ce sont les dirigeants politiques qui ont des comptes à rendre. Et je n’accuse pas de quoi que ce soit l’immense majorité des soldats français déployés sur place qui ont fait ce qu’ils pouvaient dans les conditions qu’ils ont trouvées et dont beaucoup ont effectivement pu contribuer à sauver des vies. (je serais plus circonspect en revanche par rapport aux militaires plus haut placés dont certains étaient de toute évidence bien plus disposés à « remettre ça » avec le FPR qu’à sauver des populations civiles…)
RépondreSupprimerBref, j’aurai toujours un peu de mal à comprendre pourquoi dans le cas du Rwanda des militaires en viennent à s’aligner (avec plus ou moins de marge) sur les arguments de l’Etat alors que c’est précisément l’Etat qui les a entraînés dans ce désastre. Plutôt que de tirer à boulets rouges (et pas toujours très étayés) sur les journalistes, militants ou chercheurs qui mettent à jour les ressorts de cette catastrophe, les militaires devraient concentrer leurs feux sur l’incompétence et le cynisme profonds des politiques qui ont pris les décisions. A la manière de ce qu’a fait par exemple Guillaume Ancel qui considère manifestement que « défendre son pays » peut parfois passer par la dénonciation de ce qui est abusivement commis en son nom.
Cordialement
Ce que ma main gauche fait, ma main droite l'ignore:
RépondreSupprimerhttps://www.ouest-france.fr/monde/rwanda/rwanda-la-france-aurait-laisse-partir-les-genocidaires-en-1994-selon-un-document-diplomatique-7155696