Lorsque l’US Air Force bombardait par erreur un
mariage ou un camion-citerne en Afghanistan, le général (de l'US Army) Scales la surnommait la Taliban Air Force. Ces bavures
faisaient tellement le jeu des ennemis de la Coalition qu’on aurait pu croire
en effet qu’il s’agissait de pseudo-opérations menées par des pilotes taliban à
bord de faux avions américains. Ces erreurs tragiques, tirs sur population civile
ou sur des troupes alliées, sont la plaie des campagnes de frappes et un de leurs
principaux talons d’Achille.
Quoique l’on fasse, et ne serait-ce que parce l’ennemi
a intérêt à ce que ces erreurs surviennent, il y a statistiquement toujours des
erreurs de frappe et alors qu’une frappe réussie n’a généralement, sauf cible à
très haute valeur, qu’un intérêt tactique, une erreur de cible a immédiatement
des effets stratégiques. Tous les effets attendus de la campagne de frappes
contre le Hezbollah en avril 1996 (opération Raisins de la colère) ont été annihilés en 20 minutes lorsque des
obus d’artillerie ont tué 106 civils réfugiés dans le camp libanais de Qana protégé
par les Nations-Unies. Dix ans plus tard, lors d’un nouveau conflit contre le
Hezbollah, l’aviation israélienne bombardait à nouveau un bâtiment à Qana faisant
encore 28 morts, dont 16 enfants. L’émotion est très forte, les frappes
israéliennes furent suspendues pendant plusieurs jours et la pression internationale s'accrût fortement pour faire cesser la guerre. On pourrait évoquer
aussi le bombardement américain sur l’ambassade de Chine à Belgrade en mai 1999
ou celui de l’hôpital tenu par Médecins sans frontières à Kunduz en octobre 2015.
Encore ne s’agit-il là que des « cygnes noirs »,
les évènements les plus spectaculaires (car importants et médiatisés)
et les plus dévastateurs, en termes humains pour les victimes, en
termes d’images pour les frappeurs. En général, au cours d’une même campagne,
ces bavures ne représentent pourtant qu’une petite fraction du nombre total de victimes
civiles (les fameux dommages collatéraux). De 2008 à 2014, les frappes aériennes
américaines ont, officiellement, tué 1 595 civils en Afghanistan. Les frappes
israéliennes ont tué environ 2 700 civils palestiniens dans les trois guerres de
Gaza de 2008 à 2014 contre 13 israéliens tués par le Hamas. Les pertes civiles
occasionnées par la Coalition en Irak et en Syrie sont estimées entre 1 600
et 2 400 (ici).
Bien sûr, lorsqu’il n’est pas possible d’éviter le scandale,
comme en Libye en 2011, on expliquera que toutes les précautions
avaient pourtant été prises et que la faute en revient à l’ennemi qui se cache
lâchement parmi les gens, parfois gardés en otages, ou qui utilise des leurres. On peut même dire parfois que c'est la faute de la population qui n’est pas partie alors que tout avait été
fait pour l’avertir de l’imminence de frappes. On peut même tenter de
relativiser en rappelant que l’ennemi est affreux ou en expliquant que d’autres, moins
scrupuleux, font pire (comme les Russes en Syrie-entre 6 000 et 7 500 victimes
civiles (ici)- ou les Saoudiens au Yemen).
Tout cela peut être vrai mais le mal est déjà fait. Les images sont des munitions et elles peuvent faire de grands
dégâts, d’image justement, et il y a toujours des survivants qui
parlent. Les erreurs de frappes sont parfois si énormes qu’elles alimentent les
thèses complotistes les plus fantaisistes. Elles nourrissent surtout et d’abord la
propagande de l’ennemi, ses effectifs ensuite, sa motivation enfin.
Le pire est que parfois ses frappes touchent aussi
ceux qui combattent les ennemis, entre 18 et 23 soldats irakiens à Falloujah ont été tués par des Américains le 18 décembre 2015, et surtout, hier, le 18 septembre 2016, au
moins 62 soldats de l’armée syrienne dans la zone de Deir ez-Zor tenue par les
loyalistes. La frappe a été immédiatement exploitée par l’Etat islamique qui a
pu, après une journée de combat, s’emparer d’une position favorable face à l’aéroport.
Quelques jours après un accord russo-américain, si cela permettait à terme à l’EI
de s’emparer de cette position, devenue un symbole de résistance après
plusieurs années d’isolement, l’impact politique plus encore que tactique de l’erreur
serait important. Rarement un raid raté, qui implique au passage aussi des Canadiens et des Australiens, aurait eu alors autant d’impact.
Les tirs fratricides ou touchant les civils
existeront probablement toujours dans les conflits sauf lorsqu’on a la
possibilité, rare, d’affronter les combattants ennemis dans un désert. On peut
voir cela comme un phénomène malheureux mais obligé, comme pendant la
Seconde Guerre mondiale, et considérer avant tout l’écrasement de l’adversaire.
Cela peut fonctionner. L’Allemagne et le Japon sont des Alliés de ceux qui ont
largué des millions de bombes, parfois même atomiques, sur leur population. Cela
peut aussi engendrer des haines durables et des conflits sans fin.
On peut aussi décider de tout faire pour épargner
la population et éviter au moins les désastres. Dans ce cas-là, il faudra peut-être
éviter de se fier exclusivement à des moyens qui frappent depuis plusieurs
milliers de pieds ou depuis des dizaines de kilomètres. S’il y a autant de
pertes civiles, c’est d’abord parce qu’il y a transfert de risque de nos
soldats, que l’on préserve à tout prix, vers les civils. Alors effectivement, peu
de soldats américains ou alliés tombent en Irak mais c’est au prix d’une certaine stérilité et d'une grande vulnérabilité aux « cygnes noirs ». Cela fait maintenant deux ans qu’une coalition qui
représente 70 % du budget militaire mondiale bombarde un groupe armé qualifié d’ « équipe
de basket de troisième division » par Barack Obama. Comme l'action militaire est peu efficace, le conflit dure, et comme le confit dure les pertes civiles s’accroissent.
On se retrouve finalement dans une situation inconfortable.
Ce transfert de risques est aussi une lâcheté. En septembre
2009, le bombardement aérien de deux camions-citernes à Kunduz avait provoqué
la mort affreuse d’une centaine d’habitants venus se ravitailler (les camions
avaient été capturés par les Taliban puis offerts à la population). Lorsque des
officiers afghans, effarés, m’avaient demandé pourquoi, si ces citernes étaient
si importantes, les Allemands (qui avaient la responsabilité de la région et
avaient demandé les frappes) n’avaient pas envoyé une compagnie venir les
récupérer. J’avais expliqué que les Allemands ne voulaient pas prendre le risque
d’avoir à combattre. Il me fut bien sûr répondu que dans ce cas, ce n’était pas
la peine de venir en Afghanistan.
Il faut bien le comprendre, notre absence de prise de risques fait durer plus longtemps la souffrance des populations, celles des pays où nous sommes engagés sans l'être mais aussi la nôtre, qui reste exposée aux attaques de l'ennemi.
Il faut bien le comprendre, notre absence de prise de risques fait durer plus longtemps la souffrance des populations, celles des pays où nous sommes engagés sans l'être mais aussi la nôtre, qui reste exposée aux attaques de l'ennemi.
le sujet de l'article colle bien a la réalité du moment - "sont la plaie des campagnes de frappes et un de leurs principaux talons d’Achille.." Oui , c'est l'endroit ou médiatiquement cela fait mal lorsque l'on appui, du coté de chez nous parce qu'il semble de notoriété publique que ceci ne soit pas une préoccupation des russes lorsqu'ils bombardent - Ceci n'excusant pas cela bien sur mais cela permet d’apprécier les récriminations publiques de ces russes, c'estr assez comique ! Il est tonnant d'ailleurs que ces "défauts de parallaxe" lors des bombardements russes ne soient pas plus souvent mis en exergue.
RépondreSupprimerDesole cher Anonyme, mais les russes tapent juste, là ou sont les combattants de Daesh, y compris quand ils se cachent dans des hopitaux de MSF...vous voyez de quoi je parle?...
RépondreSupprimerY compris quand le camp des "rebelles" se trouve a la frontiere jordanienne et que des camio's charges d'armes passent cette frontiere soi disant fermee...vous voyez mieux là?
On peut continuer si vous voulez, mais ces bombardements des americains revelent surtout leur impuissance à sortir de ce conflit car ils y sont trop engagés...du coté des amis de Daesh...et oui...
pour eux la Syrie est un laboratoire, ou ils peaufinent ce qu'il vont faire contre les Russie et les chinois dans quelques temps...on prends les paris?
Bonne soiree quand meme,
Michel
Tiens, je ne pensais pas voir un troll russe en commentaire de ce blog de qualité. Changez vos schémas réthoriques, on finit par vous reconnaitre. :)
SupprimerLes russes ont effectivement moins d'état d'âme a bombarder des hopitaux potentiellement utilisé par l'ennemi... et potentiellement encore occupés par des civils. Ce n'est franchement pas une avancée doctrinale, surtout contre un ennemi du niveau Daesh qui ne menace pas l'existence même de la Nation russe.
15 ans que l'occident intervient au MO, en ciblant prioritairement les états avec un semblant de laïcité : Irak, Lybie, Syrie. Résultat : des trillions de dollars gaspillés, le chaos, des états faillis, la souffrance humaine à grande échelle. Tous cela au nom des "droits humains", faux nez de l'impérialisme 2.0. Et ce sont les russes qui sont la cause de tous les maux ? Ben voyons. Belle pirouette d'inversion accusatoire. Alors si ce blog est de qualité, profitons en pour y refaire ce constat élémentaire : sous couvert de droit de l'hommisme humanitaire, l'occident n'a jamais changé et les puissances impérialistes d'aujourd'hui ressemblent à s'y méprendre à celles qui font c**er les peuples de la planète depuis 3 siècles : GB, France, et leur excroissance hideuse les USA, désormais affublées de leur théocraties moyen-âgeuses dispensatrices de l'idéologie wahabite, l'Arabie Saoudite et le Qatar, principales alliées de l'occident qui leur vend pour des dizaines de milliards de dollars d'armes. Ces théocraties obscurantistes étant par ailleurs bien utiles pour maintenir un état de tension permanent au MO (wahabisme = terrorisme), afin de justifier les guerres futures et ... les ventes d'armes. Bref toto ton accusation de "troll russe" est bien utile pour t'éviter toute réflexion, c'est pourquoi on le fait à ta place
Supprimerréponse @toto
Supprimersurtout contre un ennemi du niveau Daesh qui ne menace pas l'existence même de la Nation russe.
Pas plus que Daech menace la Nation française.
@Benoit : C'est génial ! Vous êtes un vrai cas d'école. :) Je vous remercie de votre générosité en tentant de réfléchir à ma place. Si seulement ce n'était pas qu'ânerie et hors sujet. On peut débattre des stratégies occidentales dans la région, mais là n'était pas le propos de mon commentaire, que votre réflexion éclairée à de toute évidence ratée. :) Mais je comprends que vous deviez respecter votre schéma : éviter le fond du sujet -> placer les éléments de langage -> attaquer le commentateur sur ses capacités.
SupprimerPour en revenir à mon propos, bombarder des hôpitaux n'est pas une avancée doctrinale. C'est juste plus simple de ne pas prendre en compte la variable civile. La puissance normative occidentale a réussi à imposer, en partie il est vrai, aux armées occidentales la prise en compte des civils lors des bombardements. Et ça, ne vous en déplaise, est une avancée. Si cette prise en compte avait été initiée par la Russie, mon discours serait le même.
Mais c'est plus facile de critiquer le "méchant Empire 2.0 super méchant tout plein" n'est ce pas ? Un peu plus d'esprit critique s'il vous plait, et un peu moins de finte naïveté.
@Anonyme : Tout à fait, il ne la menace pas plus. Nous sommes d'accord.
Et les bombardements américains depuis les villes de Normandie,d'Allemagne en passant par le Vietnam, l'afghanistan, etc.. sont une preuve de la prise en compte des civils?
Supprimer@Anonyme : J'espère que vous ne faites pas réellement le parallèle entre des opérations datant de la 2nde guerre mondiale ou le Vietnam, et aujourd'hui ? :)
SupprimerLes règles d'engagement occidentales prennent en compte la présence de civils sur zone et, dans la majorité des cas, une telle présence signifie un NO-GO. Après, et c'est bien le propos du billet de Monsieur Goya, il y a des erreurs de commise, ce qui est évidemment dramatique.
@ toto Je fais surtout de plus en plus le parallèle entre les efforts de guerre passés, et celui actuel contre Daech, et je me dis que pour un ennemi, il est vraiment chouchouté.
SupprimerUn petit lien pour se représenté le nombre de sortie en mission de vol contre l'is, par rapport à d'autres conflits:
http://www.bbc.com/news/world-middle-east-34916209
La Guerre du Golfe a fait beaucoup de mal. Elle a donné l'illusion qu'une guerre propre, épargnant les populations, était possible.
RépondreSupprimerMais à un moment donné il faut arrêter les conneries. Quand on envoie un avion pour bombarder, même avec des munitions de précision, ce n'est pas un sniper du GIGN ou du SWAT !
On ne gagne plus les guerres parce qu'on ne fait plus la guerre, on essaie de faire des opérations de police. Et plus on (l'Occident) est précis et efficace, plus la moindre bavure est présentée comme inacceptable.
Il y en a marre de cette émotion à géométrie variable. Quand les talibans ou les djihadistes tuent des dizaines de personnes avec des attentats suicide, ou les découpent pour les traîner derrière un "pick up" ça n'étonne personne, on ne prend même plus la peine de s'indigner.
Les Russes ne prennent pas vraiment de précautions particulières pour épargner les populations quand ils interviennent, ils ont même la réputation d'y aller au rouleau compresseur.
Quand les Turcs bombardent les combattants Kurdes en Irak et en Syrie ce ne sont pas des erreurs.
Au final ces bavures ne sont rien en comparaison de ce que l'Europe a subit sous les bombardements des différents blocs.
Les pertes qu'occasionnent ces bavures aujourd'hui sont minimes par rapport à celles occasionnées par les belligérant, les vrais.
Ils n'ont pas besoins de ces bavures pour nous détester. ça fait 1400 ans qu'ils nous détestent...
Bonjour,
RépondreSupprimerPour connaître un peu la manière dont on "task" les cibles dans ce genre d'opération, je mettrai un leger bémol a vos propos. Il convient de faire une distinction entre une cible programmée, comme cela semble s'être le cas dans la "bavure" du 16 septembre, et les cibles d'opportunité comme semble être le cas avec le terrible épisode des camions citernes. Pour les premières, il existe un certain nombre de filtres qui, normalement, limitent ou empêchent les "erreurs" puisqu'il s'écoule entre 24 et 48 heures entre l'idée initiale et sa réalisation. Le rôle des officiers de renseignement est ici primordial puisqu'il!s sont à la base du processus. Pour les cibles d'opportunité, le boucle est beaucoup plus rapide (inférieure à une heure) et le stress du combat touche alors tous les opérateurs de l'observateur initial jusqu'au décideur en passant par les opérateurs (per exemple, les pilotes des avions d'armes).
Lorsqu'une cible est "planifiée", j'ai beaucoup de mal à voir, en cas de bavure malheureuse, la simple marque de l'erreur. Je me pose alors la question de savoir quel est le message politique sous-jacent. En Syrie, il y a de multiples interprétations possibles.
Bonne journée
J'allume la télé sur France 24:
RépondreSupprimerFin de la trêve en Syrie, bombardement d'un convoi humanitaire qui fait 12 morts.
Même pas 24H après mon commentaire précédent.
Il faut tout faire pour éviter les erreurs de frappe, mais il faut arrêter cette hypocrisie quand ça arrive. De l'autre côté ils ne prennent aucune précaution.
Ça me rappelle un autre reportage également sur France 24.
Ils sont allés en Palestine à la fin d'une confrontation entre le Hezbollah qui lance ses roquettes artisanales sur Israël, et Israël qui riposte avec tout ce qu'il y a de plus "high-tech".
Et bien les rails de lancement des roquettes étaient installés au milieu des immeubles. Les enfants jouait autour.
Maintenant je rejoins le Colonel Goya sur un point: On prétend détruire l'EI depuis les airs alors qu'on eu le plus grand mal à contenir les Talibans avec des troupes au sol en Afghansitan. C'est ridicule, surtout quand on compare avec les efforts mobilisés pour "libérer" le Koweït en 1991.
Alors d’après vous, colonel d'infanterie de marine, il faudrait que le chef des armées ordonne d'envoyer la troupe dans les déserts du Machreck? Pour vous, le combat avec des G.V, des sections qui manœuvrent, avec crapahuts au milieu de nulle part, ratissages le long des rubans asphaltés et fouilles d'habitations (et son cortège de portes défoncées, d'incompréhensions etc.) seraient la solution pour éradiquer Daesch...
RépondreSupprimerPermettez moi de vous dire que cette intervention terrestre serait considérée par les affidés d'un chamelier illettré comme un retour aux croisades! (avec les conséquences qu'on peut imaginer dans nos villes...).
Après l'hypothèse du pire, on peut ajouter un petit supplément : Nos soldats au bout de quelques mois de cette opex, verseraient immanquablement dans le complexe du ''désert des Tartares '' (comme durant Manta au Tchad...).
Les bombardements aériens sont onéreux, nul ne peut le contester, sauf que la vie de nos soldats coûte beaucoup plus!
Dans le domaine de la mortalité due aux frappes de la troisième dimension chez les populations de ces pays, il faut faire preuve de circonspection sur les chiffres annoncés... Pour la simple raison que l'état civil n'existe pas et les préceptes coraniques obligent un enterrement dans les 24 heures...
Posons-nous déja la question de pourquoi Francois II de Hollandie nous fait combattre Daesch alors que nous avons refusé de nous joindre à la coalition de "libération" de l'Iraq, qui a finit par mettre Mailiki au pouvoir... celui qui a bombarbé les manifestants sunnites iraqiens à l'artillerie lourde. Qund ils ont commencés a demander des droits.
SupprimerTrès beau article...
RépondreSupprimerJuste une question : les sociétés européennes sont-elles capables de faire la guerre?
Lorsque nous n'aurions plus d'autres choix que d'écraser l'ennemi au lieu qu'il nous écrase, alors vous verrez que les sociétés européennes sont tout à fait capable de faire la guerre. C'est tout simplement une question de nécessité et de "priorité".
SupprimerOn ne veut pas s'engager pleinement dans ces conflits Daesh / Afghanistan car on préfère ne pas risquer la vie de nos soldats.
Entre la théorie "nous sommes l'humanité et nous sommes tous dans le même bateau" et la réalité " je privilégie d'abord ma nation, mes soldats, mon peuple", il y a une marge.
Et même si nous intervenons dans ces pays avec pleins de soldats, on redeviendra des "puissances coloniales" ?
Tout à un prix, et je doute que nous enverrerions des soldats sans contrepartie ( ce qui est normal d'une part ).
La "solution trouvée", ce sont les frappes aériennes avec ces avantages et ces inconvénients...
C'est évident que les pertes civils sont largement exploités pour délégitimer toutes les opérations militaires, en particulier dans le "bloc" occidental".
SupprimerLes générations d'aujourd'hui ne savent pas ce qu'est la guerre totale.
Les guerres d'aujourd'hui ont changées, on veut une guerre sans morts et sans pertes chez nous avec l'ambition de tuer l'ennemi et uniquement l'ennemi.Ce qui fait que nous n'imposons pas un rapport de force suffisant pour être craint et respecté, mais surtout pour couper toute l'envie de résistance qui alimenterait les rangs adverses.
Il ne faut pas en douter, les pertes civils d'aujourd'hui sont tout aussi choquantes et révoltantes que celles qui prévalaient dans le passé.Sauf que désormais, il y a internet, il y a les images, qui fait que des pertes civils qui étaient auparavant une information interne se faisant de bouches a oreilles, voir par des écris, se transforment en quelques heures voir quelques minutes en des faits internationaux s'invitant dans le salon de n'importe quel particulier, même a des milliers de km.Ainsi toutes ces images s'accumulent, on ne parle que de cela, en oubliant le combat derrière et on finit par se tirer des balles dans le pied au profit de l'ennemi.
Le problème c'est que l'on oublie que la guerre, ce n'est pas une opération de police ou le but est d'assurer l'ordre et d'arrêter les criminels.La guerre c'est un rapport de force, on le plus fort impose aux plus faibles ses volontés.
Notre ennemi asymétrique, du taliban aux combattants de daesh, ont tous une origine civil.Le combat n'est pas juste un combat par les armes, il est idéologique et si on ne combat pas cette gangrène qui se trouve dans les sociétés, rien ne s'arrêtera.
Notre liberté, notre mode de vie, nos valeurs, elles n'ont pas été construites indépendamment de la force et des guerres.Ce sont des combats, des guerres, des lois, de l'ordre qui a inscrits cela dans nos esprits.Il y aura toujours une génération de sacrifier pour que la suivante, dès le plus jeune âge, apprennent ses droits et ses devoirs, mais aussi ses risques.
Excellente remarque. Merci
Supprimer"Les tirs fratricides ou touchant les civils existeront probablement toujours dans les conflits sauf lorsqu’on a la possibilité, rare, d’affronter les combattants ennemis dans un désert."
RépondreSupprimerPour les victimes collatérales, il est possible que se battre en plein désert permette de les éviter complètement; pour les tirs fratricides en revanche, cela semble plus compliqué : selon les sources, il semble qu'un bon quart des pertes américaines de la première guerre du golfe livrée essentiellement en plein désert est dû à des tirs fratricides, soit presque autant que pendant la seconde guerre mondiale.
Je n'ai plus les chiffres des pertes humaines durant la guerre du Golfe en tête mais je me rappelle que sur les 20 M2 Bradley détruit, 17 l'on était par des tirs ''amis''.
SupprimerQuestion d'un béotien: La frappe russe sur le convoi humanitaire qui a suivi la frappe US sur les syriens, résonne clairement comme une réponse. Ces frappes - en tous cas celles de ces derniers jours - sont-elles si incontrôlées que ça? Ne s'agit il pas d'échanges de messages en vue d'établir des positions de négociations?
RépondreSupprimerEn outre, on peut se demander si mener un conflit par voie uniquement aérienne, comme le fait la coalition occidentale, n'est pas un moyen de faire tourner l'industrie militaire à moindre frais politique. Il faut bien utiliser - justifier l'acquisition - des ces équipements incroyablement coûteux comme le F35 US. Comme vous l'avez écrit quelque part il me semble: quand on n'a que des marteaux à sa disposition, on finit par considérer tous les problèmes comme des clous.
" La frappe russe sur le convoi humanitaire ": ce n'est pas prouvé. L'ONU a modifié son texte en ne gardant que la destruction (d'ailleurs partielle) sans citer la cause. Les explications russes sont par ailleurs convaincantes: les véhicules sont brûlés mais pas réduits en morceaux comme avec l'emploi d'explosifs,selon ce que montrent les vidéos et photos. Accuser les Russes, d'emblée sans plus d'informations, est un sport très pratiqués par nos amis. La guerre de l'information n'est pas moins intense que celle à base de rangers ou d'avions. La grande presse US n'a pas montré de vrai souci de la vérité depuis les grands mensonges et manipulations des guerres en Afghanistan et Irak...
SupprimerOpinion d'un autre béotien : je pense que le fait de privilégier les frappes aériennes et surtout hors de vue de l'ennemi, avec toutes les conséquence décrites par le colonel Michel Goya, cela résulte de deux phénomènes :
RépondreSupprimer1° / L'absence totale de résilience de nos gouvernants face à la mort de nos soldats (Uzbeen fut caricatural de cet état d'esprit), mais à contrario elle est certainement bien plus élevé dans la majorité de notre population. Ceux-ci croient sincèrement que leur pusillanime est partagé par l'ensemble du peuple, et voudrait le convaincre d'être à leur image. La forte croissance des jeunes gens voulant s'engager ces deux dernières années dans notre armée et gendarmerie, est un indicateur de cela. Bien sur ils ne sont pas issus des mêmes milieux sociaux que les "élites" qui nous gouvernent.
2° / Les doctrines made in USA, notamment les frappes aériennes massives et celle du "zéro mort" dans leur rang, ont largement imprégnées nos grands chefs militaires et encore plus depuis notre réintégration dans l'OTAN. Exemple entre autre au sujet de notre infanterie : ressemble de plus en plus à celle US, aussi bien en terme d'alourdissement individuel du combattant que de méthodes de combat (approche au plus près sous "blindage" de l'ennemi).
Bon je suis un nostalgique et passéiste. Mais il me semble que notre hôte avait fait dans un de ses articles, la comparaison entre nos opérations au Tchad du début des années 70 et celles conduites récemment en Afghanistan. Je crois me souvenir que le ratio de morts chez nos combattants au Tchad était au plus similaire à celui d'Afghanistan, alors que dans le premier nous menions une "guerre de pauvres". Cela face à un ennemi qui dans ces deux théâtres d'opérations, disposaient de moyens assez similaires.
"Cela face à un ennemi qui dans ces deux théâtres d'opérations, disposaient de moyens assez similaires ", j'ai le regret de vous dire que l'armement des rebelles Toubous dans les premières années de notre intervention au Tchad se résumait à des carabines Statti des fusils Garand & 303 et en armement collectif: des F.M Lewis & MG 40; ces armes venaient des vieux stocks de la campagne de Libye durant la Seconde guerre mondiale. Par contre en Afghanistan on voyait les Talibans armés de Kalach (avec ses différentes versions), de 14,7 de mortiers soviétiques et surtout de Manpads (SAM 7 etc.). Sans oublier que dans cette éternité en guerre (définition de l'Afghanistan) il n'y avait pas de problème pour le ravitaillement en munitions.
SupprimerAnonyme le 21 / 09 / 2016 :
SupprimerIl me semble que vous sous-estimez la qualité de l'armement de rebelles Toubous au début des années 70 : leurs Garant (certes lourd et d'un démontage-remontage complexe) étaient supérieurs en portée et précision à nos Mas 49/56, de même leurs 303 Enfield à répétition manuelle par verrou l'étaient aussi en précision, et quand à leurs MG 42 (la MG 40 n'a jamais existé, sa seule version initiale était la MG 34) elles étaient bien supérieures en portée - précision - cadence de tirs à nos AA 52, même leurs MG 34 de portée et cadence de tirs similaires à nos AA 52 leurs étaient supérieures en précision. Leur seul infériorité notable était en matière de PM, ils en avaient fort peu : quelques Sten et MAT 49 récupérés sur l'armée tchadienne officielle. Mais même ce manque de PM était loin d'être déterminant, cela pour les combats d'embuscades alors très majoritairement menés par les Toubous.
Notre armement au sol il était essentiellement composé de Mas 49/56, Mat 49, à un degré moindre de AA 52 et quelques mortiers de 80. Quand à nos moyens de liaisons radio ils dataient de la guerre d'Algérie, PP 13 et C10 et peu adaptés à ces vastes territoires ou nous opérions : voire les cafouillages de nos transmissions lors de l'embuscade de Bedo. Nos appuis aériens se limitaient à un petite escadrille de AD Skyraider, dont en majorité seuls 6 étaient opérationnels conjointement, et quelques hélicoptères H 34 "tigre" armée d'un canon de 20 mm.
Je maintiens donc que globalement nos moyens étaient assez similaires à ceux des Toubous, notre supériorité résidait avant tout dans la capacité manoeuvrière de nos troupes au sol, RIAOM dont sa CPIMA - 2° REP - RIMA - etc.., et la tactique alors utilisée.
En Afghanistan notre armement au sol il était au moins équivalent, et probablement supérieur à celui des Talibans que vous citer. FAMAS (bien plus précis que la Kalach dans la zone des 200-400 m), HK en divers versions, FR-F2, HECATE, MINIMAX en 5,5 et 7,62, MILAN, et 12,7 sur nos VAB. Nos appuis aériens strictement français étaient limités aux Rafale - embarqués et au sol - et notoirement insuffisant. Mais nous pouvions compter sur toute la panoplie US, avions A 10 et hélicoptères d'assaut et de transport armés.
A mon avis ce n'est pas par le manque de moyens que nous avons pêché, mais par l'emploi d'une tactique antinomique à celle utilisée au Tchad dans la première moitié des années 70. Notre organisation et surtout tactique elles répondaient aux standard OTAN, elles étaient donc similaires à celles de l'infanterie US : primauté du feu, acheminement au plus près de l'ennemi sous "blindage", alourdissement très conséquent de nos fantassins (souvent en limite des capacités humaines, notamment au regard du terrain et température), etc.... Cette tactique OTAN n'était qu'une transposition de celle prévue, dans le cadre d'un éventuel combat centre-européen : époque guerre-froide devenue "chaude".
prouvez moi que ce sont les russes qui ont bombardé le convoi humanitaire s'il vous plait.
RépondreSupprimerJe relativise fortement l'effetdes médias actuels (réseaux sociaux et compagnie.Certes la diffusion atteind des masses considérables sans commune mesure avec ce que l'on avait avant, seulement quelle est l'impact réel de ce type d'information et quelle est surtout sa durée de vis ? Les gens sont saturés d'informations de cet ordre et l'une chasse très vite l'autre.Il ne reste que les "militants" ou "croyants" pour ranimer la flamme de temps à autre, mais la grande majorité s'en fout. On verse une larme, on s'indigne sur l'instant et très vite on passe à autre chose. La photo de ce peit garçon échoué noyé sur une plage a ému sur l'instant, mais à part son père et je l'espère le reste de sa famille, cela a changé quoi à la situation des réfugiés ? Vous allez me dire madame Merkel et les allemands : il n'y a qu'à voir comment ils réagissent maintenant.
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