Dans l’univers de Dune, les Mentats sont des maîtres
dans l’emploi de tous les moyens, généralement violents, pour atteindre un but
stratégique face à des adversaires souvent très ressemblants. Ce sont les
équivalents imaginaires des plus grands capitaines des siècles passés comme des
actuels Grands maîtres internationaux (GMI) d’échecs ou des 9e dan
de go. Par extension, on baptisera Mentat les super-tacticiens de classe
internationale. En devenir un n’est pas chose aisée.
Un super-tacticien est-t-il intelligent ?
En première hypothèse, on pourrait imaginer que les Mentats
bénéficient d’un quotient d’intelligence très supérieur à la moyenne, en
entendant le QI comme la mesure de la capacité à utiliser la mémoire de travail
[MT] pour résoudre des problèmes combinatoires. Cette hypothèse n’est en fait que
très imparfaitement confirmée. Les différentes études réalisées sur les joueurs
d’échecs n’établissent pas de corrélation nette entre le QI et le niveau
d’expertise aux échecs. Certaines tendant même à démontrer une corrélation
négative chez les débutants, les plus intelligents ayant tendance à moins
s’entraîner que les autres. Ce n’est qu’au niveau Elo (du nom d’Apard Elo) le
plus élevé qu’un lien semble être établi, mais sans que l’on sache trop si les
capacités combinatoires sont indispensables pour atteindre ce niveau… ou si
c’est la pratique assidue des échecs qui a développé ces capacités. En réalité,
les deux facteurs, intelligence et niveau d’expertise, ne sont tout simplement
pas indépendants l’un de l’autre.
Toujours d’un point de vue cognitif, on sait depuis les
années 1960 que les experts aux jeux d’échecs ou de go ne se distinguent
pas des novices par une capacité à calculer de nombreux coups à l’avance, mais
à organiser leurs connaissances pour analyser une configuration donnée et
orienter la réflexion vers les meilleurs coups à jouer. En 1973, Wester Chase
et Herbert Simon ont demandé à des joueurs d’échecs de niveau différents de
regarder pendant 5 secondes des photos de configurations échiquéennes et
de les restituer ensuite. Les configurations présentées étaient soit
parfaitement aléatoires, les pièces étant placées au hasard, soit tirées de
parties réelles. Dans le premier cas, on ne constata pas de différences
notables dans les restitutions des différents joueurs. Novices, joueur de club
et maîtres disposaient en moyenne correctement 4 pièces de l’échiquier, ce
qui correspond sensiblement à la capacité de la mémoire de travail
(manipulation maximum de sept objets). Dans le second cas en revanche, les
novices placèrent toujours en moyenne 4 pièces, les joueurs de club 8
et le maître 16. L’apparition de « sens » dans ces
configurations réelles transformait la vision des maîtres qui ne considéraient
plus des pièces, mais des groupes de 2 à 5 pièces liées entre elles par
des relations nécessaires, et baptisés chunks. C’est toute la
différence entre mémoriser et restituer 32 chiffres aléatoires et
4 numéros de téléphone connus et étiquetés.
Reconnaître des chunks implique donc évidemment
de les avoir parfaitement mémorisés auparavant. Le problème est que ceux-ci
peuvent être incroyablement nombreux. Selon une autre étude de Simon, on ne
peut prétendre à être grand maître d’échecs sans en connaître au moins 50 000. Ces chunks assimilés
presque toujours grâce à de parties vécues ou apprises sont également le plus
souvent organisés en réseaux statiques ou en enchaînements. L’art du maître
d’échecs consiste donc surtout dans l’appel judicieux à des enchaînements qui
ressemblent à la situation à laquelle on fait face et à leur adaptation
intelligente. Sous contrainte de temps, cette heuristique tactique combine un
processus inconscient de recherche dans la mémoire profonde et un processus
conscient d’analyse. Le processus inconscient lui-même s’accélère avec
l’habitude et, de manière plus subtile, le succès. On sait, en effet depuis les
travaux d’Antonio Damasio, que tous les souvenirs ont un marquant émotionnel
(en fait chimique). Les souvenirs avec reçu un marquant de plaisir viennent
plus facilement à la surface que les négatifs, qui, eux, ont tendance à être
refoulés. Le succès est un soutien à la mémoire et donc au succès.
Au bilan, sur une partie d’échecs moyenne où chaque joueur joue
environ 40 coups, il prend au maximum une dizaine de vraies décisions.
Cela correspond sensiblement aux décisions d’un général dans une journée de
bataille, en fonction de la souplesse de son armée, du chef antique qui prenait
rarement plus de deux décisions (jusqu’à quatre pour Alexandre le Grand, un des
premiers grands Mentats) jusqu’aux commandants de grandes unités blindées
modernes qui ont pu aller jusqu’à 6 ou 7. Un processus de décision similaire a
d’ailleurs été observé dans un très grand nombre de domaines tels que le sport,
la musique, l’expertise médicale.
En soutien de la mémoire de travail, il faut donc aussi faire
intervenir la mémoire et le
travail, beaucoup de travail.
La gloire se donne au bout de 10 000 heures de travail
Dans une étude d’Anders Ericsson sur les élèves de la prestigieuse
Académie de musique Hanns Eisler de Berlin, trois groupes de musiciens ont été
distingués en fonction de leur niveau. Ericsson calcula que les membres du
groupe d’élite avaient une moyenne de 10 000 heures de pratique, le second groupe 8 000 et la 3e, 4 000, avec pour chaque groupe des
écarts-types assez réduits. Selon Ericsson qui appliqua ces résultats à
plusieurs autres disciplines, il faut dix ans de travail quotidien pour devenir
un expert. Pour être un expert international, il en faut certainement plus. En
analysant, la carrière de 40 grands maîtres internationaux d’échecs,
Nikolai Grotius a montré en 1976 qu’il leur avait fallu en moyenne
14 années pour atteindre ce niveau, avec un écart de 4 ans. Quand on
demande à Gary Kasparov, un des six hommes ayant (depuis 1970) atteint ou
dépassé le seuil des 2 800 points
Elo, comment il était devenu champion du monde, il répond habituellement qu’il
lui a fallu apprendre 8 000 parties
par cœur. Il lui aura fallu dix ans depuis sa première inscription dans un club
pour devenir GMI et quinze pour être champion du monde.
L’énorme investissement nécessaire pour parvenir d’expert de
classe internationale pose évidemment un certain nombre de problèmes. Bien
souvent, il impose de commencer dès l’enfance, ce qui implique un environnement
favorable. Si Mozart était né dans une famille de paysans, il n’y aurait jamais
eu de Don Giovanni. Comme Jean-Sébastien Bach, il est né dans une
famille de musiciens et a largement bénéficié de l’aide de son père. Léopold
Mozart a rapidement décelé les dons de son fils, l’a mis en présence de plusieurs
instruments et l’a aidé à composer dès l’âge de six ans. Pour autant, la
première œuvre personnelle qui soit considérée comme un chef-d’œuvre
(numéro 9, K.271) n’a été réalisée qu’à 21 ans, dix ans après son
premier concerto.
Jusqu’à l’ère des révolutions, la grande majorité des Mentats est
issue d’un processus de formation familiale aristocratique. Outre son éducation
intellectuelle et physique très militarisée, le jeune Alexandre suit son
père dans ses campagnes en Grèce et, à 17 ans, commande sa cavalerie à
Chéronée. Il obtient son chef-d’œuvre contre Darius III à Gaugamèles en
-331, à seulement 25 ans, mais aussi après un long apprentissage.
Les Mentats de l’époque classique apprennent très tôt la chose
militaire et avec, pour la seule armée française, 174 batailles livrées
pendant la période, trouvent toujours une occasion de s’illustrer. Turenne est
envoyé à 14 ans et sur sa demande aux Pays-Bas pour y voir ce qui se fait
de mieux alors en matière d’art militaire. Il reçoit un premier commandement à
l’âge de 15 ans, mais ne dirige vraiment seul sa première bataille que dix
ans plus tard. Il reçoit la distinction de Maréchal de France à 33 ans
avec encore trente ans de service devant lui. À 13 ans, Maurice de Saxe a déjà
un précepteur militaire particulier et arpente son premier champ de bataille.
Il reçoit le commandement d’un régiment à l’âge de 15 ans et se bat pour
la première fois l’année suivante. Il va connaître la guerre pendant encore
pendant 36 années.
Ce mélange de talents, de chance, d’investissement personnel,
d’environnement favorable et de multiples combats permet, malgré la faiblesse
numérique de la population de recrutement, de former de nombreux Mentats au
service, parfois changeant, des Princes. Dans un contexte très proche de celui
de l’univers de Dune, l’époque classique sécrète aussi de grands
diplomates qui peuvent être classés comme Mentats. Certains même cumulent les
rôles comme le Maréchal de Villars. Il existe aussi des souverains Mentats
comme Gustave-Adolphe Ier ou
Frédéric II.
Le contrepoint de ce processus familial et monopolistique
d’apprentissage est qu’il n’incite pas à mettre en place un système
institutionnel de formation qui serait concurrent et pourrait s’ouvrir à
d’autres classes. Les écoles militaires sont de fait plutôt réservées à la
petite noblesse avec normalement peu de perspectives d’atteindre les plus
hautes fonctions. Napoléon et beaucoup de ses maréchaux en sont issus.
Vainqueur de 32 batailles, capable de dicter simultanément à
4 secrétaires sur 4 sujets différents et dont l’abbé Sieyes
disait : « il sait tout,
il fait tout, il peut tout », Napoléon a dix ans lorsqu’il entre à l’école militaire de Brienne
et seize à l’École des cadets de l’École militaire. Il ne s’y distingue pas par
ses résultats scolaires. Il est même plutôt médiocre, sauf en
mathématiques, et on peut même estimer que vivant aujourd’hui, il n’aurait pas
réussi le concours de Saint-Cyr. En revanche, c’est un énorme lecteur qui
dévore tout ce qui a trait à la guerre dans la bibliothèque de l’école.
Lorsqu’il connaît sa première gloire au siège de Toulon, en 1793 à l’âge de
24 ans, Napoléon connaît par cœur presque toutes les batailles de son
temps. Celui qui disait que « l’inspiration
n’est le plus souvent qu’une réminiscence », continue par la suite à accumuler les « chunks » en lisant et en pratiquant, le plus
souvent, seul, la simulation tactique à l’aide d’armées de plomb. Toutes choses
égales par ailleurs, la bibliothèque de Brienne a changé le monde.
Il est vrai aussi que cette même bibliothèque était ouverte à tous
les autres élèves de l’école et que Napoléon est sans doute le seul qui y
courait à chaque récréation. Comme le dira de Gaulle « la gloire se donne seulement à
ceux qui l’on rêvé » et acceptent
d’y consacrer au moins 10 000 heures.
Peut-on être toujours habile face au changement
permanent ?
Avec ses 225 batailles françaises, la période de la
révolution et l’Empire marque la fin d’un âge d’or des Mentats. La période qui
suit est en effet moins favorable aux super-tacticiens.
Contrairement au jeu d’échecs dont les règles et le matériel ne
changent pas, l’art de la guerre est, comme la médecine, une discipline dont
les paramètres évoluent. Jusqu’aux révolutions politiques et économiques des
XVIIIe et XIXe, ces paramètres évoluaient peu. On pouvait faire une carrière
militaire complète avec les mêmes hommes, les mêmes armes et sensiblement les
mêmes méthodes. À partir de cette époque, les sociétés, et donc les armées, se
transforment à une vitesse inédite et perceptible. À partir de 1861, l’armée
française change de règlement de manœuvre tous les douze ans en moyenne afin de
tenter de rester adaptée aux évolutions multiples du temps. Désormais, les
soldats ne font plus la guerre qu’ils jouaient lorsqu’ils étaient enfants et
désormais ils devront se remettre en cause régulièrement, source de troubles et
de tensions. Dans une époque qui détourne son regard du passé pour considérer
le progrès et l’avenir, la lente maturation d’un apprentissage fondée dès
l’enfance sur l’étude des classiques se trouve prise en défaut.
Partant de la nécessité politique et sociale de l’ouverture des
carrières selon des principes d’égalité, mais aussi du postulat que les
capacités à commander ne sont pas innées, mais acquises, les futurs Mentats
sont progressivement presque tous recrutés sur concours. Le problème, en France
particulièrement, est que ces épreuves ne servent qu’à juger de connaissances
scolaires, comme si on sélectionnait les futurs champions d’échecs, voire des
sportifs de haut niveau, à l’âge de 20 ans sur des épreuves de français ou
de mathématiques. Cela importe peu dans l’esprit scientiste de l’époque.
La maîtrise des « lois » de la guerre, en fait des principes
tactiques relativement évidents, et de méthodes de raisonnement tactique rigoureuses,
doit permettre de résoudre tous les problèmes tactiques.
Il est vrai qu’avec des armées de plus en plus importantes en volume, avec une
puissance de feu qui s’accroît sans cesse pour une mobilité tactique inchangée,
les batailles ont tendance à se dilater dans l’espace et le temps. Les fronts
évoluent sur des centaines de kilomètres, mais se rigidifient à chaque point de
contact. La violence des combats impose une dispersion des forces et donc une
décentralisation croissante. La capacité à raisonner une manœuvre descend
progressivement du chef de bataillon en 1871 au sergent-chef de groupe en 1917.
À l’autre bout de l’échelle, l’analyse rigoureuse des événements et la gestion
de ces forces énormes imposent au sommet la création de machines pensantes
appelées États-majors et d’une technocratie militaire.
Le processus institutionnel s’efforce de s’adapter à cette
complexité croissante. Dans l’entre deux guerres 1871 -1914, à l’imitation
des Prussiens, la France ajoute des étages (École supérieure de guerre puis
Centre des hautes militaires) aux écoles initiales à son système de sélection
et de formation. Un officier peut passer sept ou huit ans en école de
formation. Cela n’empêche par le colonel de Grandmaison dans ses fameuses
conférences de 1911 d’oublier complètement des choses comme les engins
motorisés volants et terrestres ou les nouvelles technologies de l’information,
éléments qui se sont développés dans les armées lorsqu’il était à l’École
supérieure de guerre et à l’État-major de l’armée et qu’il ne connaît pas. Cela
n’empêche pas non plus 40 % des généraux de 1914, dont les trois-quarts de
commandants de corps d’armée, d’être limogés pour inaptitude manifeste.
L’enseignement militaire de l’époque, même s’il hésite en permanence entre
former des officiers d’état-major et des décideurs, a pourtant bien pris en
compte la nécessité d’un apprentissage tactique en profondeur. Jamais les
officiers ne autant fait d’exercices sur cartes ou sur le terrain que pendant
cette période, mais cette spécialisation s’avère finalement néfaste à partir
d’un certain seuil, car elle empêche de voir tout ce qui bouge autour de sa
discipline et qui va avoir une influence sur elle. C’est ainsi qu’à force
d’accumuler les connaissances sur un sujet donné nous devenons ignares (texte
mentat, Dune) ou au moins peu adaptatifs.
Il suffit alors de quelques mois de la Grande Guerre pour rendre
obsolètes toutes ces années d’enseignement tactique. On découvre alors que l’on
a besoin d’officiers supérieurs qui soient capables de comprendre les
évolutions de leur temps. La manœuvre n’est plus simplement la manipulation de
pions tactiques sur un champ de bataille, c’est aussi la capacité à adapter ces
mêmes pions à des contextes changeants, qu’il s’agisse des innovations autour de
soi ou de la projection dans des milieux étrangers. Gallieni et Lyautey
auraient pu montrer la voie avec leurs campagnes coloniales très éloignées de
la manière « métropolitaine », mais celles-ci sont méprisées par
les puristes. Le général Bonnal se moque des « opérations du fameux Balmaceda
ou la retraite de Bang-Bo », tout en enseignant à l’École de guerre des « principes » qui vont s’avérer inefficaces et
meurtriers. Pétain avait également une vue assez juste des évolutions de la
guerre en Europe avant 1914 et c’est incontestablement celui qui s’y est
le mieux adapté après. Il ne commande pourtant qu’une modeste brigade (et par
intérim) et s’apprête à partir la retraite au moment où débute le conflit. La
suite du XXe siècle consacre la revanche des hommes cultivés et
imaginatifs sur les technocrates militaires.
Mentats et technocratie
Le blocage de la
Première Guerre mondiale est dépassé
de deux manières qui constituent autant d’axes pour le renouveau de la manœuvre
et donc de la tactique. Le premier axe concerne l’infanterie qui retrouve de la
souplesse avec des méthodes de commandement décentralisées et de la puissance
de feu portative. Cette voie est celle des Allemands, dont les divisions
d’assaut de 1918 vont dix fois plus vite que les unités de 1916. Le deuxième
est l’art opératif, qui est essentiellement français et s’appuie, entre autres,
sur les premières unités motorisées. Celles-ci permettent de se déplacer plus
rapidement d’un point à l’autre du front, et donc d’avoir une manœuvre à cette échelle,
mais ne modifient guère le combat débarqué.
Les unités allemandes sont par la suite « dopées » par la généralisation d’engins de combat à moteur et de moyens
de transmissions « légers ». Les divisions d’assaut deviennent
des panzerdivisions commandées par les héros de 1918 alors que
l’art opératif français étouffe plutôt la recherche d’une excellence tactique.
De Rommel à Sharon en passant par O’Connor et Leclerc pour les plus connus, on
voit donc ainsi apparaître pendant un peu plus d’une trentaine d’années une
nouvelle génération de super-tacticiens capables d’obtenir à nouveau des
victoires spectaculaires, voire décisives. Le développement de parades
antichars et l’intégration des unités motorisées redonnent aussi du lustre aux
opératifs comme Patton, Slim, Mac Arthur ou, à une autre échelle, Joukov.
En parallèle de ces nouveaux hussards, la voie de la manœuvre de
l’infanterie légère perdure avec les armées communistes asiatiques de Chu
Teh , Lin Piao ou Giap. En terrain
difficile, en Corée ou au Tonkin, ces fantassins l’emportent même à plusieurs
reprises sur les « hussards » motorisés. En réponse, le
Royaume-Uni et surtout la
France développent à leur tour une
manœuvre de l’infanterie légère, avec des maîtres comme Bigeard. On notera que
beaucoup de ces nouveaux Mentats ne sont pas issus du processus institutionnel,
mais sont des amateurs mobilisés ou volontaires qui se révèlent et apprennent
autant au combat qu’au-dehors.
L’apparition des « atomiques » perturbe ce renouveau des Mentats.
Malgré les réflexions sur le « champ de
bataille atomique », il faut se
rendre à l’évidence que cette arme est trop écrasante pour permettre une
manœuvre cohérente. Elle est même confisquée par la politique aux militaires et
paralyse pour un temps l’idée d’un affrontement en Europe semblable à celui de la
Seconde Guerre mondiale.
Cette transformation est particulièrement flagrante en France où le corps
blindé-mécanisé est adossé dans une position sacrificielle et où notion de
victoire tactique s’efface au profit de celle de dissuasion. Même lorsque
Soviétiques et Américains renouvellent brillamment leurs doctrines tactiques
dans les années 1970-80 pour envisager à nouveau le combat conventionnel,
l’armée française refuse de s’y intéresser, tout en menant il est vrai de
nombreuses, mais petites interventions en Afrique.
La fin de la guerre froide laisse les armées occidentales dans une
position de force relative qu’elle n’avait plus depuis le début de la
Première Guerre mondiale. Si les
États-Unis en profitent pour asseoir leur puissance, l’Union européenne saisit
l’occasion pour désarmer à grande vitesse et satisfaire son désir
d’impuissance. Entre les deux, l’armée française balance. Lorsque l’anesthésie
domine, elle est engagée dans des opérations de maintien de la paix où il n’est
nul besoin de tacticiens puisqu’il n’y a pas d’ennemi, avec les résultats que
l’on sait. Lorsqu’il faut suivre les Américains, on revient à une conception
plus classique de la force, mais soit dans un cadre dissymétrique, comme face à
l’Irak, la
Serbie ou la
Libye de Kadhafi, où il s’agit plus
de gérer sa supériorité de moyens que de conduire des manœuvres habiles, soit
dans un cadre symétrique, comme en Afghanistan où on retrouve la nécessité
d’une vision élargie des situations. Si certains officiers se distinguent à
cette occasion, la structure fragmentée des opérations leur interdit
pratiquement de renouveler les expériences victorieuses. Le chef actuel doit
réussir du premier coup et au moindre coût. Il est difficile dans ces conditions
de former des Mentats audacieux et riches d’expérience (ce qui revient un peu
au même) et la tentation est très forte de les remplacer par un pilotage très
étroit depuis Paris, comme si des membres de plus en plus petits impliquaient
un cerveau de plus en plus gros. Il est à craindre que le dernier Mentat
français s’appelle Centre de planification et de conduite opérationnelle
(CPCO).
Napoléon lui-même ne prétendait-il pas avoir appris un certain de batailles de l'Antiquité par coeur ? Puis à force de combattre, il avait semble-t-il fabriqué sa propre bibliothèque de situations tactiques. Plus proches de nous Patton et d'autres grands chefs de guerre puisaient aussi dans la connaissance historique un certain nombre de réactions immédiates pour être plus rapides que l'ennemi.
RépondreSupprimerMais aujourd'hui ce type d'expertise est relatif. Au niveau stratégique, ce ne sont pas des guerres symétriques. Il n'y a pas batailles à remporter sur un adversaire égal en moyens. La dernière guerre ou les occidentaux ont eu à combattre sans être sûr de gagner tactiquement ? Les malouines sans doute ? Cela n'enlève rien au courage de nos soldats, mais les talibans et autres "bad guys" n'ont pas de marine, d'aviation ou de divisions blindées. Pour les combattre au niveau opératif, nul besoin d'être un virtuose.C'est peut-être encore vrai au niveau du bataillon ou des détachements de forces spéciales. Il doit bien y avoir encore quelques chefs qui sont des experts du combat. Mais difficile d'en parler car on est sur du niveau technico-tactique. Il faudrait mener une étude approfondie et interroger ceux qui combattent depuis une dizaine d'années. Ecrire des vignettes tactiques, un peu comme le faisait les russes de l'académie Frunze. D'ailleurs ne parle-t-on pas d'experts plannificateurs ? Plutôt que d'experts en conduite ?
Et la meilleure preuve que ce n'est plus vraiment utile ? C'est qu'on ne recrute plus les futurs grands chefs sur cette qualité...En tout cas jusqu'à la prochaine...
J'attends votre post suivant...
Cordialement
Tout à fait d'accord. Avons-nous encore besoin de Mentats ? j'y reviendrai un peu plus tard.
SupprimerBien sûr qu'on en a encore besoin !
RépondreSupprimerNe serait-ce que pour comprendre et synthétiser le trop célèbre PowerPoint Spaghetti sur l'Afghanistan...
L'annecdote dit que Mac Chrystal resta pantois devant cette diapositive et bredouilla un "quand on aura compris cette diapositive, on aura gagné la guerre..."
Mais à ce moment, le travail du "Mentat" relève plus de l'intégration des différents paramètres pour en extraire une vision globale et y proposer une solution.
À ce petit jeu, on n'utilise plus clairement la mémoire de travail comme la capacité à garder en mémoire une série de coups aux échecs ou au Go mais l'on fait aussi appel à des régions cérébrales impliquées dans la capacité de synthèse cognitive. Cela ressort plus du fonctionnement cérébral dit en "mode par défaut" ou "default mode network" des anglosaxons
article très intéressant ce qui me bluff toujours c'est les simultanées à l&aveugle aux échecs
RépondreSupprimerC'est intéressant. En revanche, les chunks doivent évoluer en même temps que la technologie militaire, n'est-ce pas ? L'introduction de l'aviation par exemple a dû changer beaucoup la donne sur un champ de bataille. Le mentat doit donc non seulement maîtriser ses chunks mais les mettre à jour dans son évaluation tactique.
RépondreSupprimerIl me semblait que le plus grand stratège antique était Hannibal. Qu'en pensez-vous ?
Alors là bravo. Je vous rejoins.
SupprimerJe me souviens d'un numéro du Spiegel sur Kasparov. Son QI était de 120 ou 125, mais il était capable de réciter à peu près un livre après l'avoir lu, phrase à phrase avec, cependant, disait-il "ses mots à lui". Si je me souviens bien, il disait que ce talent est nécessaire pour être un très bon joueur, ou au moins commun chez ceux-ci.
RépondreSupprimerJe ne parviens pas à trouver de renseignement de première main sur le QI des grands joueurs, mais je pense qu'au moins en certaines composantes du QI, ils sont exceptionnels.
Je doute qu'on puisse être un grand joueur sans être capable de jouer à l'aveugle, et qu'on puisse être capable de jouer à l'aveugle sans être capable de voir en imagination les 64 cases, alors que la plupart des gens doivent avoir de la peine à voir en imagination plus de neuf cases.
Un homme quelconque pourra passer des centaines d'heures à étudier les variantes d'une ouverture, il oubliera au fur et à mesure, comme il oublierait des numéros de téléphone appris par coeur. Le fort joueur ne les oublie pas plus qu'on oublie les visages (Kasparov faisait cette comparaison entre les parties pour un fort joueur et les visages pour un homme du commun).
Sur le QI et les échecs, un point de vue qui suppose cette relation avec le QI, et qui, si on est convaincu par l'article, la confirme (en anglais) :
http://www.lagriffedulion.f2s.com/ashkenaz.htm
Je pense que tu n'as pas choisi la bonne photo pour illustrer ton thème. Celui que tu as pris comme image est certainement un bon joueur d'échecs et certainement intelligent mais s'il a réussi c'est surtout grace à ses appuis dans le KGB dans un 1er temps puis dans les réseaux ultra-libéraux atlantistes dans un 2eme temps. Dans le jeu d'echecs il était surtout connu pour ses coups de gueule, ses magouilles et ses comportements anti-sportif. Quel joueur aurais-tu pu prendre comme comme exemple, difficile à dire mais à mon avis n'importe qui d'autre eut été mieux!
SupprimerExcellent ; cependant pour la plupart il semble bien que l'expérience ( et donc les années qui passent ) s’accompagne d'une moins grande "flexibilité" de la réflexion ( en d'autres termes, les gens deviennent plus conservateurs avec l'âge ). Je me demande aussi si Mentat n'est pas dérivé de "mentor", mais il faudrait le terme original aussi.
RépondreSupprimerBien à vous.
MLG
Je crois que la citation exacte de Sieyès est :"cet homme sait tout, peut tout... et veut tout."
RépondreSupprimerCher Mr Goya
RépondreSupprimerC'est faire beaucoup d'honneur de considérer Rommel comme un mentat, piètre stratège;mais assez bon tacticien, considérons le! comme un bon sous mentat,le vrai mentat de l'armée Allemande c'est Von Manstein.
De Marc Pierre
RépondreSupprimerBonjour,
Je porte à la connaissance des lecteurs deux observations.
1° Quel pourrait être le profil du mentat contemporain ? Ce serait ...
Un maître du « Kriegspiel » contemporain, apte à évoluer avec aisance dans un contexte réel et virtuel ; un administrateur de territoires, prolongeant l'action du pouvoir politique tantôt éloigné des zones d'insécurité ou d'opérations ; un communicant efficace par l'écrit, l'oral, le son et l'image … et le geste ; un décideur résilient à l'écrasement hiérarchique par son aptitude à imposer et à s'imposer au cas où la fortune des armes est contraire ; un penseur iconoclaste, force de contre-proposition, sachant combiner son expérience, ses connaissances de notre appareil de sécurité et de défense et des us et coutumes des adversaires putatifs ; une femme ou un homme rompu aux actions de combat en zones d'insécurité ou d'opération.
2° Ajout à mon commentaire du 10 janvier 2016
A propos de la saga Dune, j'avais oublié le dernier sous-cycle Dune, les origines, Great Schools of Dune, qui comprend les trois ouvrages suivants.
La Communauté des sœurs, Sisterhood of Dune, écrit par Brian Herbert et Kevin J. Anderson et publié en 2012, ramène le lecteur dix mille ans en arrière, à l'époque de la création du Bene Gesserit et des autres ordres intervenant dans Dune, dont les Mentats, les Maîtres d'armes, les Navigateurs, etc. Il se situe quatre-vingt-trois ans après la bataille de Corrin qui a mis fin à l'existence et au règne des Machines pensantes qui ont menacé de détruire le genre humain.
Les Mentats de Dune, Mentats of Dune, écrit par Brian Herbert et Kevin J. Anderson et publié en 2014, s'intéresse à la mise en application de l'interdiction absolue disposée dans la Bible catholique orange après la bataille de Corrin : " Tu ne feras point de machine à l'esprit de l'homme semblable ". Le mouvement butlérien, sous la houlette de Manford Torondo, entreprend de détruire, non seulement les machines pensantes, mais aussi toute forme de technologies dangereuses. L'humanité s'engage alors dans de profondes transformations. Mus par la passion ou l'intérêt, des groupes humains vont se doter des capacités autrefois assurées par des machines ...
Les Navigateurs de Dune, Navigators of Dune, est le prochain roman écrit par Brian Herbert et Kevin J. Anderson. Y sont évoqués la bataille de Corrin, les débuts des divers ordres interagissant dans Dune et que menacent les forces anti-technologiques indépendantes arrivant au faîte du pouvoir à la suite du Jihad Butlerien. Sa sortie est attendue cette année 2016.
Bonne semaine à tous
Oui nous allons avoir des mantats, ils se révéleront par la force des choses, les profils de Marc Pierre sont très bon, ces hommes sont là, ils ont entre 20 et 30 ans, ils apprennent hors des sentiers battus, étudiants-émotifs-caractériels-joueurs de jeux de stratégie, rationnels, ils pensent par eux même, ils sont peux influençables, ils vont affronter le chaos, ils auront à commander des millions d'hommes et de femmes, ils auront à gérer des centaines d'informations,la spiritualité sera présente, le charisme sera puissant, seront capable de vaincre .....
SupprimerUn article essentiel pour comprendre pourquoi le chef de guerre moderne est si souvent en difficulté devant les technocrates militaires. Ces derniers n'ont pas besoin de connaître la tactique. C'est même une perte de temps. Il vaut mieux se consacrer à la culture utilitariste. Connaître l'organisation interne. Savoir ce qu'il faut dire ou ne pas dire. Mettre la bonne couleur sur le powerpoint. Faire monter la bonne fiche...
RépondreSupprimerDeux points à noter. Vous le savez bien d'ailleurs. Tous les généraux limogés n'étaient pas des tocards en 14. Certains ont payé pour camoufler les erreurs de Joffre et du haut commandement avec sa doctrine délirante d'attaque à outrance....Quant à Napoléon, loin de son île natale, il a surement trouvé dans la bibliothèque le temps de s'évader intellectuellement. De plus épris profondément de liberté, la tactique a été un moyen pour lui de trouver un champ d'action à son imagination féconde.
Enfin, je pense qu'il reste un dernier endroit pour les futurs mentats. La zone urbaine....ou la victoire n'est pas acquise d'emblée par la supériorité technologique.
L'armée d'aujourd'hui (sic) rend impossible l'apparition de chefs de guerre (mentats) pour 3 raisons :
RépondreSupprimer- Parce qu'en l'absence d'un ennemi clairement défini, les chefs de guerre ont été remplacés par des universitaires militaires experts du travestissement de la notion de conflit qu'on appelle défense. Ces experts sont de plus complètement mobilisés par des problématiques technocratiques et politiques
- En l'absence de campagnes militaires pour construire leur valeur, le mode de promotion des experts est celui du conformisme et de la politique, ils construisent par le civil leur haute carrière militaire (écriture d'ouvrages, diplômes d'écoles supérieures de renom, participation à des organisations internationales)
- Ce mode de fonctionnement inhibe de facto tout embryon de réflexion militaire dans les échelons subalternes. Chassant de l'institution ceux qui ont le potentiel pour innover et créer, qui iront faire cela ailleurs, où cette qualité sera récompensée
Il me semble qu'il manque un point: les mentats de Dune ont une tendance à négliger les couts, en particulier humains. D'Alexandre le Grand à Patton en passant par Montgomery ou Napoléon, la recherche de la victoire stratégique l'emporte sur les pertes à concéder. Comme aux échecs, il faut savoir sacrifier certaines de ses pieces, même et peut-être surtout celles à haute valeur ajoutée, pour atteindre son but, soumettre l'adversaire/ennemi à sa volonté avant de lui porter le coup final.
RépondreSupprimerAujourd'hui, la théorie du zéro mort et l'avertion envers toute perte humaine amie transforme la guerre en un affrontement à moindre risque. De plus, cette théorie pousse les maîtres politiques (qui eux sont tout sauf des mentats, même médiocres) à confiner les chefs militaires dans la gestion des affaires strictement tactiques. Au final, le seul focus devient celui de l'engagement des bas échelons, interdisant alors toute vision stratégique, donc toute vision de mentat.
Je ne pense pas que Napoléon n'ait pu être qu'un excellent tacticien... En tant qu'Empereur il est également stratège. Il sait pourquoi une guerre est engagée, et ce avant même d'être Premier Consul: Campagne d'Egypte. Elle vise à couper la "Route des Indes" aux Anglais, ce qui est la chute assurée de ce Royaume...
RépondreSupprimerDe même pour la guerre d'Espagne. S'il est facile aujourd'hui de critiquer cet engagement désastreux pour la suite, à son début cette guerre vise à des objectifs stratégiques pour la France...
Enfin, sans connaître l'art opératif ou le théoriser, Napoléon en crée le socle pratique avant tout le monde: vision à 5 ou 6 jours des mouvements de ses Corps, avec victoires tactiques sur des armées ennemies n'ayant pas encore effectué leur jonction, puis grande bataille finale de la campagne contre une armée coalisée en un lieu choisi à l'avance (Austerlitz, Iéna, etc., ...), utilisation d'espions à sa solde qui le renseignent et fomentent des mouvements d'opinion pacifistes ou de "soumission" chez l'ennemi (renseignement et influence), soutien logistique embryonnaire avec les fourgons de la Garde (qu'il voulait étendre à toute l'Armée), création d'un Service de Santé au plus prêt du champs de bataille, création du Train des Equipages, etc., ... Bref, il a déjà créé le L4 ou J4, le L5 ou J5, et le L2 ou J2!
Sur sa formation, et c'est ce que l'on peut déplorer aujourd'hui dans la formation de nos planificateurs, sa culture historique militaire lui permet d'avoir en permanence un catalogue de solutions ou de synthèses à appliquer à une situation donnée. Sans compter ses qualités d'administrateur civil, et de politique... C'est donc bien un stratège dans toute l'acceptation du terme.
Pour le reste de l'article, je suis en tout point d'accord avec vous.
Marcus vous me semblez par trop déifier Napoléon, car pour ce qui est du Service de Santé et du Train des Equipages cela était pour lui une question des plus secondaires. Lire sur ce sur ce sujet l'ouvrage excellent et remontant à trois décennies, " La Grande Armée" écrit par Georges Blond. Celui-ci a la particularité d'être écrit à partir des journaux, tenus quasi quotidiennement par les chirurgiens militaires de la dite "Grande Armée" et non de mémoires rédigés dix à vingt ans après les faits. La réalité d'alors est loin d'être aussi brillante que vous le pensez.
SupprimerTrekker
SupprimerLa question n'est pas de savoir si le Service de Santé était richement doté, mais s'il en existait un ou pas avant, dans l'Armée française, où dans les Armées étrangères de l'époque. Napoléon est le premier à mettre en œuvre un Service qui utilisait les connaissances de Chirurgiens et de Médecins diplômés, et non pas simplement d'Officiers de Santé provenant de la boucherie du coin, ou de barbiers (dans la Marine)... Qu'en suite certains aient eu plutôt la main lourde quant aux amputations, alors que d'autres essayaient de guérir leurs patients, est aussi un autre sujet... Enfin, il est toujours possible d'imaginer avec nos yeux d'aujourd'hui ce que cela aurait dû être... Mais pour ses soldats, Napoléon pensait plus à eux que les autres grands chefs de l'époque.
La deuxième avancée sur ce point se produira 60 ans après seulement... Avec Henri Dunant, qui pourra mettre en œuvre ses idées extrêmement novatrices, grâce à Napoléon III, le neveu du premier... Il utilisera d'ailleurs cet argument, que son oncle n'aurait pas toléré des situations sanitaires aussi dégradées pour ses soldats!
Enfin, lisez également les mémoires de soldats étrangers du Ier Empire: anglais, prussiens, autrichiens, et comparez...
Napoléon a existé, parce que la France était alors un pays qui venaient d'aboutir à la république, d'abord issu du siècle des lumières, puis de la révolution française, les français étaient donc éduqués et libre de penser, rien de tel pour créer et s'organiser. On avait ainsi un système parfaitement nouveau, efficace, et redoutable, car les perspectives d'avenir devenaient alors innombrables. C'est d'ailleurs après les campagnes napoléoniennes que les allemands créèrent le Kriegsakadademie,comprenant par là que les français avaient une longueur d'avance avec la "Grande armée" et tout ce qu'elle sous-entend comme organisation, car pour moi Napoléon à juste surfé sur cette éducation affirmé par l'excellence des officiers français de cette époque, et sur ce nouveau horizon politique qu'étaient les Droits de l'Homme. Après je ne sais pas si le 18 Brumaire était une bonne chose au final, car Hitler aussi a essayé un coup d'état, alors ce genre de singularité des "addictes du pouvoir", peut avoir des effets très indésirable pour les populations du monde, c'est quand même à double tranchant et laisse un résultat souvent mitigé, enfin si la garde ne veut pas rendre, c'est tout à son honneur, mais pas en celui de Napoléon... Et quand Napoléon met sa famille à la tête d'un état comme l'Italie par exemple, c'est ce genre d'erreur stratégique qui révèle les limites du bonhomme. Eliott M.
Supprimer@Marcus On a retrouvé des instruments chirurgicaux romains, très proche de ceux utilisés aujourd'hui. Mais c'est comme comparer les aqueducs romains et leur tout-à l'égout, avec la peste du moyen-âge dû à l'hygiène. On arrive donc parfois à détruire ce qui marche, cela fluctue au fil du temps comme les glaciations, du siècle des lumières au siècles d'obscurantismes, il n'y a que des politiques foireuses qui peuvent nous faire régresser. Elliot M.
SupprimerLe jeu d'échec a des règles strictes, et obéit donc un système fermé. Il est intéressent car c'est la faculté du joueur à comprendre une très grande possibilité d'action, mais tout en respectant des règles d'engagement limités, fort heureusement, sinon ce serait un jeu quantique.lol. Mais il est question ici sur ce blog de guerre, et il n'y a aucune règles à la guerre, l'essentiel est de vaincre par tout les moyens, même..avec l'arme atomique. Quand les anglais ont créés une fausse armée dans le désert Libyen pour faire croire à Rommel que la position était tenu, ils ont créés par de nouvelles tactiques, leurs propre règles, et quand on arrive à imposer ses propres règles à l'adversaire, on mène le jeu. Pire, on peut décider de qui gagne et qui perd.
RépondreSupprimerJe rajoute que quand Napoléon a fait son coup d'état, il a commencé ainsi à créer ses propres règles, au détriment des autres politiques bien-sûr. Après savoir pourquoi les français ont suivi Napoléon, malgré qu'il ai bafoué la république, et un sujet très différent, qui ne traite pas de la psychologie du mentat(Egocentrique? Car une personne ne peut rien tout seul, on est là face au problème du mélange des genres, d'un "je sais tout", car un état est une structure où tout se tiens.), mais de la psychologie des peuples. Elliott M
SupprimerQui est Nigel Richards?Un Néo Zélandais meilleur joueur de scrabble anglophone depuis plusieurs années.En 2015 il décide d'apprendre le dictionnaire de la fédération de scrabble francophone qui comporte plus de mots que les dicos habituels.Il s'agit non seulement des mots mais aussi de leurs variations( pluriel,conjugaison, transitivité ou non des verbes etc...)Il passe 9 mois à cette tâche et se présente aux championnats du monde de scrabble francophone.Il termine premier de la compétition de scrabble classique en tête à tête et second de la compétition en duplicate(tous les joueurs ont le même tirage de lettres) devant les experts de la francophonie.
RépondreSupprimerOr cet extra-terrestre ne parle pas un mot de français.Seul l'ordinateur est capable d'obtenir de meilleurs scores que lui.
Il convient de noter que la plupart des joueurs de scrabble et notamment les meilleurs jouent des mots sans en connaître la définition et que le temps de réflexion accordé est de 3 minutes.
Nigel Richards est un technocrate des mots......incapable de les manœuvrer dans une phrase et encore moins de constituer une oeuvre littéraire.
Excellent portrait de Richards dans Libération
SupprimerLe propos est intéressant, mais pas assez resserré. Dans DUNE, le Mentat est un "ordinateur vivant". Dans cet ouvrage, deux tabous sont respectés par les chefs et dirigeants: L'arme nucléaire et les ordinateurs sont interdits (comme les armes chimiques aujourd'hui ou la pratique du génocide). Le Mentat ne gagne pas la guerre seule. Ce n'est pas un chef, c'est un serviteur aux capacités cognitives ultra développées. Les Mentats appartiennent aux chefs des Maisons qui ont les moyens de se les offrir (ils coûtent cher à développer et à entretenir car ils ont besoin de l'épice/ie.Drogue de préscience- pour mettre en oeuvre leurs capacités). La guerre est voulue par les chefs des Maisons, et conduite par eux. Ainsi le Mentat ne garantit pas la victoire mais il est indispensable à celui qui veut l'emporter. Au contraire du CPCO qui refuse justement que l'un ou l'autre de ceux qui y servent dispose de la totalité de l'information à synthétiser pour remporter la victoire ou à tout le moins puisse donner les ordres stratégiques nécessaires et seulement eux pour remporter la victoire(si tant est qu'un humain puisse le faire ceci dit!). Seul le sous-chef OPS de l'EMA peut être un mentat. Il en a le niveau le plus souvent. Mais rassurons-nous, pauvres moutons apeurés que nous sommes, le niveau politique ne lui demande pas du tout la victoire (y pense-t-il seulement ailleurs que lors d'élections nationales?). Le mentat est mort ou pas encore né, rappelons-nous seulement que l'ennemi islamiste est lui entrain d'en fabriquer en série (endoctrinement religieux basé sur la répétition, utilisation de tous les outils possibles sans tabous, imposition de son tempo et de son terrain à un adversaire contraint de ne faire que réagir). Ne pas s'égarer donc, relire DUNE tous les ans, et ses suites de F.Herbet seulement mais cela fait déjà beaucoup, le monde post Djhad qu'il décrit nous pend au nez vous l'avez bien décrit dans un autre article..
SupprimerMarcus je vous ferait remarquer que j'ai pas nié la création par Napoléon du Service de Santé et du Train des Équipages, avec une sélection de leurs officiers, mais les moyens à minima qu'il leur consacra. Ceci n'a rien d'un anachronisme car les critique sur ses deux services, elles figurent dans les journaux quasi quotidien des officiers de santé de la Grande Armée. Ces derniers se plaignent sans cesse du manque de moyens matériels affectés à leurs services, alors que ceux-ci existaient ou pouvaient être aisément fabriqués à l'époque.
RépondreSupprimerDe même les intendants récriminait aussi quand au Train des Equipages, au sujet des moyens alloués et le concept Napoléonien qui négligeait totalement son importance et contraintes. Cela conduisait de nombreuses fois la troupe à vivre sur l'habitant, avec tous les débordements que cela induisaient et qui nourrissaient nombre de rancoeurs. La " Grande Armée" souvent accueillait par une bonne part de la population en tant que libérateur, fut à partir de 1808 / 10 bien souvent perçut comme une force d'occupation pillant les pays sans vergogne : nombre de ses Maréchaux on montraient l'exemple !..
Deux détails :
RépondreSupprimer. Arpad (et non Apard) Elo, savant et joueur d'origine hongroise.
. Napoléon n'est pas sorti de Brienne avec un très bon classement. Mais ce classement n'avait alors aucune importance pour la carrière d'un officier. On peu penser que, de nos jours, avec son ambition, ses très faibles besoins en sommeil, sa puissance de travail, ses dons en mathématiques, sa mémoire et les dons dont témoignent sa capacité à dicter à plusieurs secrétaires à la fois, il aurait été tout à fait à sa portée de réussir non seulement Saint-Cyr mais aussi, probablement, Polytechnique.
Le Tondu n'étudiait à Brienne que ce qui l’intéressait, en l’occurrence l'histoire et les mathématiques. Ils n'avait pas ce qu'il fallait pour être une bête à concours.
SupprimerNapoléon aurait certainement brillamment réussi le concours Sciences, tout simplement. Il n'y a pas que des ingénieurs en poésie frustrés...
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerSi ce n'est déjà fait, vous devriez vous intéresser aux jeux électroniques de stratégie, en particulier Starcraft 2 (qui est devenu un phénomène en corée). Je pense qu'il égale le go ou les échecs dans l'apprentissage de la stratégie et de la tactique de guerre.
Cordialement, Paul Guignard
Mon colonel, puisque vous semblez apprécier l’univers de Dune nous attendons avec impatience une note sur les danseurs-visages, ces êtres polymorphes qui peuvent endosser n’importe quelle apparence physique pour, au service de leurs maitres, infiltrer et détruire n’importe quelle organisation de l’intérieur.
RépondreSupprimer[daniel]
RépondreSupprimerIn cauda venenum.
J'ai trop peu d'informations pour apprécier la véracité de cette pique. L'évolution des grands ensembles laisse néanmoins penser qu'elle est justifiée.
Les fortes têtes, sans emploi,sont oubliées.
Et les grands chefs, accablés de responsabilités, ont bien le droit de montrer qu'ils savent s'adapter. Les occasions sont si rares.
Le droit des dindes à disposer de la pilule bleue est inaliénable, mais il n’empêche pas Noël d’approcher à grands pas.
RépondreSupprimerProsit !
Il est à craindre que les prochains Mentats ne soient en silicone. il me semble que l’intelligence artificielle réunit les qualités qui caractérisent un bon Mentat, selon votre brillant exposé: Savoir accumuler les connaissances et confronter leurs enseignements aux situations à gérer, pour proposer des solutions adaptées.
RépondreSupprimerJe relis avec plaisir cet article de 2013. Avec le retour de possibles conflits de haute intensité, avec des intrication entre essains de drones évoluant dans tous les milieux, capacités de détection multisources à très longue portée, armes elles aussi à portée étendue, j'aimerais bien que de nouveaux mentats m'aident à avoir une vision du champs de bataille futur. J'y vois un peu plus clair grâce aux propositions du CSBA, sans avoir de certitude que leurs plans de déploiement multicouches des pièces du jeu tiendront à l'épreuve de la réalité.
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