Publié le 4 octobre 2013
Pour compléter l'excellent article de Hugo Alexandre Queijo
sur Analyse Défense
Plusieurs opérations furent ainsi lancées en plein cœur de Mogadiscio contre son organisation, l’Alliance nationale somalienne. La dernière d’entre elles, réalisée le 13 octobre 1993, fut un fiasco bien connu grâce au livre de Marc Bowden, Black Hawk Down (« La chute du faucon noir ») et au film du même nom. Ce que l’on sait moins, c’est que quelques mois auparavant, en juin 1993, les Français de l’opération Oryx avaient effectué, avec succès cette fois, une action similaire dans la même zone et face aux mêmes adversaires. Ce phénomène étant historiquement rare, il peut être intéressant, en excluant tout esprit cocardier, de comparer les deux opérations.
L’échec de la Task Force
Ranger
Le
3 octobre 1993, un informateur somalien avertit la CIA qu’une réunion des
membres éminents de l’Alliance nationale va avoir lieu vers 15 heures à l’hôtel
Olympic dans le quartier de Bakara. Les Américains, indépendamment de l’ONU,
décident d’y engager la Task Force Ranger, spécialement formée pour traquer
Aïded, avec des Rangers, des commandos Delta Force et des hélicoptères des
forces spéciales (Task Force 160), 400 hommes au total. Le mode d’action retenu
est simple et reprend à l’identique ce qui a été fait au cours de six raids
précédents. Soixante-quinze Rangers portés par quatre MH-60 Blackhawk doivent
boucler la zone après être descendus par cordes (méthode dite de fast-rope). Simultanément, une vingtaine
de Delta Force déposés par hélicoptères légers AH-6 Littlebirds doivent
s’emparer des lieutenants d’Aïded. La capture effectuée, un convoi de douze
véhicules Humvee et camions est chargé
de venir récupérer tout le monde et de les ramener à la base, située sur
l’aéroport. L’ensemble de la zone d’action est survolé par des hélicoptères en
appui.
A
16 heures, vingt minutes seulement après le début de l’action, vingt-quatre
hommes ont été capturés et le convoi automobile arrive sur la zone. Tout semble
donc se dérouler au mieux, hormis un stick de Rangers qui a été déposé au
mauvais endroit et dont un des hommes s’est grièvement blessé en chutant de sa
corde. Trois véhicules sont détachés du convoi pour lui porter secours. Au
moment où ils veulent rejoindre la position Olympic, la situation bascule. Un
déluge de feu et de roquettes antichars RPG-7
s’abat sur le convoi principal. Deux véhicules sont détruits et
plusieurs hommes touchés. La confusion est totale.
A
16 h 20, le Blackhawk Super 61, en orbite au-dessus de la zone d’action, est
atteint à son tour. Il s’écrase trois pâtés de maisons plus loin. Deux hommes
sont tués et cinq autres blessés, dont le chef de bord, Cliff Wolcott, qui est
encastré dans sa machine. Pour les secourir, une section de Rangers se fraye
difficilement un passage depuis l’hôtel Olympic, tandis qu’une équipe de
sauvetage est déposée par fast-rope
sur la zone du crash. Tous se retrouvent rapidement encerclés par une foule où
se mélangent femmes, enfants et miliciens armés. Autour de cette épave, les
Américains ont, en moyenne, un blessé toutes les cinq minutes. Un deuxième
hélicoptère a été touché dans cette mission de secours mais il parvient à
revenir à l’aéroport. Le général
Garrison, commandant la Task Force Ranger, tente de secourir le périmètre de
Super 61 avec le convoi automobile d’Olympic. Celui-ci, soumis à un feu
permanent, est guidé par un avion de contrôle qui filme la zone d’action et
sert de relais entre le convoi et le centre opérationnel. Il s’ensuit des
décalages dans le guidage qui engendre des confusions. Bien que la distance
soit faible, le convoi se perd dans le labyrinthe des ruelles. Un conducteur
est décapité par l’explosion d’une roquette.
Au
bout d’une heure, Garrison renonce et ordonne au convoi, de se replier sur la
base avec les prisonniers et les blessés qu’il peut porter. Au même moment, à
16 h 40, un troisième hélicoptère (Super 64) est touché. Il va s’écraser un peu
plus loin en cherchant à rejoindre l’aéroport, créant ainsi un troisième point
à secourir alors que la seule équipe de sauvetage prévue a été engagée auprès
de Super 61.
Un
nouveau convoi est formé sur l’aéroport avec une partie du premier et des
renforts du 2e bataillon de la 10e division (américaine) de
montagne, élément de la Quick Reaction
Force de l’ONU. Cette force, qui comprend vingt-deux véhicules légers,
démarre à 17 h 45. A peine quelques minutes plus tard, elle est stoppée dans
une nasse de feux et malgré une débauche de tirs, les fantassins américains ne
peuvent progresser. Le convoi doit alors se replier dans des conditions difficiles.
Il ne rejoint la base qu’après 19 heures. Entre temps, constatant la
vulnérabilité de Super 64, deux tireurs d’élite de la Delta Force, en
observation depuis leur MH-60, ont demandé à être déposés près de la carcasse.
Ils espèrent tenir jusqu’à l’arrivée des renforts. Dès que leur appareil
reprend de l’altitude, il est frappé à son tour et se « crashe » juste avant
d’atteindre la base. Le convoi n’ayant pu franchir les barrages de feu, les
deux tireurs d’élite luttent jusqu’à épuisement de leurs munitions puis sont
submergés et tués. Le pilote de Super 64, Michael Durrant, est capturé. Lorsque
la nuit tombe, il reste encore plus de quatre-vingt-dix hommes immobilisés
autour de l’objectif initial et de l’épave de Super 61. Equipés pour une
opération de jour ne dépassant pas une heure, ils ne disposent que de peu
d’appareils de vision nocturne, souffrent de la soif et commencent à manquer de
munitions.
La
seule solution est alors un raid blindé mais seuls les Casques bleus
pakistanais et malaisiens en possèdent. Les Américains sont donc obligés de
demander de l’aide au commandement des Nations Unies mais pour réunir les
blindés dispersés sur différents points et monter une opération cohérente dans
l’imbroglio des différentes chaînes de commandement, il faut près de cinq
heures. Ce n’est finalement qu’à 23 heures que s’élance la colonne de
soixante-dix véhicules, dont quatre chars T-55 pakistanais et des véhicules
blindés de transport d’infanterie malaisiens Condor (mais qui portent des
fantassins américains). La progression est difficile et il faut encore trois
heures de combat méthodique pour rejoindre les périmètres de sécurité. Deux
véhicules Condor, égarés, ont été détruits dans cette action et il a fallu
monter une opération secondaire pour les secourir. Dégager Cliff Wolcott de son
hélicoptère et récupérer tous les personnels dispersés prend encore plusieurs
heures et ce n’est finalement qu’au lever du jour que les derniers Rangers
rejoignent une zone sûre, à pied derrière des blindés trop chargés pour les
embarquer.
Le
bilan est lourd. Dix-neuf soldats américains et un Malaisien sont morts,
quatre-vingt Américains, sept Malaisiens et deux Pakistanais ont été blessés.
Un pilote a été capturé et le soir même tous les journaux télévisés du monde
diffusent les images des cadavres des soldats tués près de Super 64 traînés par
la foule dans les rues de Mogadiscio. Deux hélicoptères ont été détruits et
quatre autres sévèrement endommagés. Devant cet énorme échec médiatique, la
réussite de la mission et les centaines
de miliciens abattus (et tout autant de civils) ne pèsent pas lourd.
L’intervention du
groupement de Saqui
L’opération
française prend place, quelques mois plus tôt, dans le contexte déjà très tendu de juin 1993. Le 5 juin, à
proximité de la station de Radio Mogadiscio, un contingent pakistanais a perdu
vingt-quatre soldats et l’ONU a demandé des renforts aux contingents français
et marocains. Le 9 juin, les troupes françaises de l’opération Oryx forment un
détachement sous les ordres du colonel de Saqui de Sannes, chef de corps du 5e
Régiment Interarmes d’Outre-Mer (RIAOM). Outre une petite cellule de
commandement (deux véhicules légers P4, un véhicule de transmission et un
véhicule de l’avant blindé (VAB) avec un groupe de combat), le détachement comprend
deux sections d’infanterie sur VLRA (véhicule léger de reconnaissance et
d’appui), deux sections d’infanterie sur VAB, un peloton de trois ERC 90 Sagaie
(Engin à roues Canon de 90 mm) et une section logistique. L’ensemble représente
environ 200 hommes et 50 véhicules. La plupart des hommes sont des « marsouins
», soldats professionnels en provenance de Djibouti. Les deux sections sur VAB
et le groupe de protection sont cependant formés avec des appelés « volontaires service
long » du 9e Régiment de chasseurs parachutistes (RCP) ou du 17e
Régiment de génie parachutiste (RGP). Le 17 juin, le groupement est renforcé par un détachement d’hélicoptères (deux Puma dont un avec canon de 20
mm, deux Gazelles antichars et une Gazelle non armée).
Dans
la semaine du 10 au 16 juin, le groupement est engagé dans de multiples actions
d’escorte et d’investigation. Le 16, il reçoit l’ordre de se placer en
couverture le long de l’avenue du 21 octobre, à l’est des quartiers tenus par
le général Aïded (et) qu’investissent les contingents marocains et pakistanais
dans la matinée du 17. Leur action prend rapidement une tournure
catastrophique. Le contingent pakistanais est stoppé et un de ses officiers est
tué. De son côté, le bataillon marocain est encerclé par une foule de civils.
Les officiers interviennent pour parlementer. Ils sont ainsi clairement
identifiés par des snipers placés dans les bâtiments alentours et immédiatement
abattus lorsque les civils s’écartent. En quelques minutes, le bataillon déplore
cinq morts, dont son chef, et trente-cinq blessés, dont le commandant en
second.
A
l’écoute du réseau radio marocain, les Français prennent conscience de
l’aggravation de la situation et se préparent à agir. Des tirs commencent à
claquer dans leur direction, en provenance de deux grands bâtiments proches :
la manufacture de tabac et surtout l’académie militaire. Les tireurs sont
repérés mais ils utilisent des femmes comme écran mobile devant les fenêtres.
Le colonel de Saqui ne veut pas engager ses sections dans la conquête de ces
bâtiments alors qu’elles sont susceptibles d’intervenir à tout moment. Il
ordonne donc aux ERC de mitrailler les façades en signe de détermination et
ordonne aux sections de mener une action de « contre-sniper » avec leurs
propres tireurs d’élite. Le rôle de ces douze hommes sera déterminant pendant
toute la journée pour éliminer les miliciens sans toucher la population civile.
L’un d’entre eux, après avoir abattu un sniper, a réussi à détruire ensuite l’arme
de ce dernier alors qu’une femme venait la récupérer. Pour le colonel de Saqui,
ce n’est pas seulement une question d’éthique mais aussi un moyen de préserver
l’avenir en ne suscitant pas la haine de la population. Les Français gagnent ce
premier duel et la menace est, provisoirement, écartée.
A
8 h 30, le groupement reçoit l’ordre de dégager le contingent marocain. Deux
voies sont possibles, l’itinéraire sud est large et donc rapide mais il suppose
de traverser la zone tenue par des Pakistanais rendus très nerveux par les
événements récents puis de se mêler au contingent marocain. Le colonel décide
de passer par le Nord, axe plus difficile mais qui permet d’atteindre un
terre-plein d’où il sera possible d’appuyer le repli des Marocains. Le
groupement est partagé en trois éléments. Le colonel ira sur le terre-plein
avec le peloton ERC (lieutenant Carpentier), une section sur VAB (lieutenant
Nivlet) et son groupe de protection (adjudant-chef Boulin), également sur VAB.
Son adjoint, le commandant Bonnemaison, tiendra le carrefour au nord de sa
position avec une section sur VAB (sergent-chef Martinez) et une section sur
VLRA (capitaine Delabbey). La dernière section (adjudant-chef Crand) protégera
le carrefour de départ et le soutien logistique, en particulier les deux
véhicules sanitaires (capitaine Adani). Elle servira de réserve et de
couverture pour le repli en fin de mission.
Les
ordres donnés, le groupement déboule « à fond » dans les rues. La surprise est
complète et il parvient malgré quelques accrochages, et une volée de roquettes
RPG, à atteindre rapidement ses positions. Sur le terre-plein, le premier échelon
se place en garde à 360 degrés. Situé en hauteur, il est en bonne position pour
appuyer les Marocains, à 150 mètres de là. Les hommes d’Aïded se ressaisissent
et reportent tous leurs efforts contre les Français. Des renforts arrivent du
quartier de Bakara et les combats montent rapidement en intensité. Un tireur de
précision du 9e RCP abat trois snipers en quelques minutes.
Le
deuxième échelon, sur le carrefour, est encerclé par la foule et pris sous le
feu des snipers. Un chef de groupe, à l’avant d’un VAB est blessé à la tête
puis à la main. L’adjoint de la section, le traîne à l’intérieur du véhicule et
parvient à la faire évacuer avant de prendre sa place à la tourelle. La foule
se retire brusquement et laisse la place à des « technicals » (pick-up 4x4,
équipés de mitrailleuse). Quatre roquettes de RPG ratent de peu les VAB. Deux «
technicals » sont détruits à la mitrailleuse. La section sur VLRA, plus en
arrière a deux blessés, dont un, le caporal-chef Lisch, touché à la tête.
L’équipage de l’hélicoptère Puma, réclame avec insistance des objectifs pour
son canon de 20 mm. L’adjudant-chef Crand, en troisième échelon, est violemment
attaqué à son tour et demande de l’aide. La situation est très sérieuse.
Le
colonel de Saqui, après quelques hésitations, refuse tout tir de Puma pour
éviter un massacre dans la population, mais fait mitrailler les toits
environnant le carrefour par le peloton ERC. Le commandant Bonnemaison, de son
côté, prend la décision de s’emparer des baraques environnantes et en
particulier l’ancien hôpital. Une trentaine de miliciens sont mis hors de
combat dans cette action, sans perte française. A partir des positions
conquises, les tireurs d’élite français prennent rapidement le contrôle des
environs. La situation bascule alors lentement. Les miliciens d’Aïded se
mettent à douter et commencent à craindre d’être encerclés à leur tour par une
force dont ils surestiment le nombre. Ils se replient vers le Nord.
Vers
13 h 30, les Marocains peuvent enfin se dégager et les deux premiers échelons
français les remplacent sur leur position. Le commandement de l’ONU en Somalie,
reprenant espoir après ce premier succès, ordonne alors aux Français de
fouiller l’académie militaire et l’hôpital général dans l’espoir de capturer
Aïded. Une compagnie mécanisée italienne vient les appuyer. La fouille des
bâtiments se fait sans réelle opposition. De nombreux miliciens blessés sont
découverts à l’hôpital ainsi que de nombreuses preuves que ce lieu sous la protection
de la Croix Rouge, a servi de base de feu. Les fouilles
terminées, le colonel de Saqui ordonne le repli sur la position de
l’adjudant-chef Grand puis le retour à la base de l’ONU. Habitués aux rations,
les Français ont la surprise de voir l’ordinaire, géré par les Norvégiens, être évacué pour leur usage exclusif avec un bon repas chaud.
Tout
au long de la journée, les Français n’ont eu à déplorer qu’un blessé grave et
deux blessés légers. Il est difficile d’estimer les pertes adverses mais elles
dépassent certainement la cinquantaine. Les pertes civiles, si elles existent,
sont vraisemblablement minimes.
Différences d’approche
Plusieurs
différences d’approche entre Français et Américains peuvent expliquer le
contraste de résultats des deux opérations.
Le
3 octobre, le général Garrison commandait le raid depuis un Joint Operations
Center (JOC). Il était relié à la zone d’opérations par trois hélicoptères
OH-58 équipés de caméras vidéo et de divers moyens de communications high-tech.
Le problème est que par ce biais il n’a pas du tout senti l’ambiance de la zone
de combat. Les troupes au sol, de leur côté, attendaient que le général
Garrison prennent des décisions. Elles ont donc fait preuve d’un certain
attentisme lorsque les premiers combats ont commencé et laissé l’initiative aux
Somaliens. L’abondance des moyens de communications, associée à une chaîne de
commandement complexe, s’est révélée être un amplificateur de confusion.
Côté
français, le « décideur » était présent au milieu des combats. Il avait donc
l’appréhension directe de la situation et pouvait réagir immédiatement.
De
plus, dans les années 1980, les Américains ont mis l’accent sur la
planification et la formation de leurs états-majors. En revanche, rien n’a
vraiment été fait pour encourager l’initiative des capitaines, lieutenants et,
encore moins, sergents. L’écrasante supériorité des moyens américains, comme
pendant la première guerre du Golfe, rendait cela inutile. En revanche, les
cadres de contact français habitués aux micro-interventions, où une seule
compagnie peut être engagée sur un théâtre lointain, sont beaucoup mieux formés
à l’« intelligence de situation ». Outre une bonne expérience de l’Afrique, ils
bénéficient de plus d’une bonne connaissance des lieux sur lesquels ils
manœuvrent depuis une semaine. Chacun d’eux dispose de cartes et de
photographies de la zone. Les hélicoptères les survolent en « anges gardiens »
et les renseignent « en temps réel » (sans que l’information ne transite par un
PC éloigné) sur les snipers, la présence de civils dans les bâtiments ou les
mouvements de foule. Tous les véhicules français disposent de panneaux orange
qui les rendent parfaitement visibles depuis le ciel.
On
retrouve cette différence de philosophie dans la manière d’appliquer les feux.
Les Français tirèrent en tout 3500 munitions légères (5,56 mm et 7,62 mm) et
environ 500 12,7 mm. Ni roquette ni obus explosif n’a été employé. La
consommation en munitions des Américains fut plusieurs dizaines de fois supérieure
(au moins 120 000 cartouches sans parler de l’emploi massif de roquettes).
Abattre un milicien demandait aux Français quelques dizaines de cartouches et
plusieurs centaines pour les Américains. En réalité du côté français, les
pertes ennemies ont presque toutes été obtenues « à coup sûr », soit par les fusils
de précision FRF2, soit par FAMAS en combat rapproché. Les Américains, de leur
côté, ont plus un culture de la puissance de feu. Le combat et l’entraînement
au tir se résument souvent aux choix de cibles sur lesquelles on applique le
maximum de feux. Les chefs de section n’ont pas de tireurs d’élite à leur
disposition et les accrochages débouchent rapidement sur des déluges de tirs.
Outre que la Task Force Ranger s’est retrouvée assez rapidement à court de
munitions, cela a abouti, dans un contexte où tout le clan, avec femmes et
enfants, assiste ou participe au combat, à des pertes civiles considérables.
Ces pertes civiles ont fini par détruire la légitimité de l’action autant
qu’elles ont entretenu la haine à l’égard des Américains depuis des mois, ce
qui explique l’acharnement des Somaliens. De plus, dans un environnement urbain
africain fait de pâtés de maisons en terre, les munitions lourdes et les
roquettes percent facilement les murs et frappent donc parfois leurs habitants.
Quant aux balles légères, elles ont une fâcheuse tendance à rebondir, ce qui
accroît les risques de tirs fratricides.
Les
Américains, à l’époque, ne sont pas habitués à manœuvrer en ville. Là où les
Français ont su s’emparer de points clefs pour dominer la zone, comme l’ancien
hôpital, les Américains sont souvent restés dans les rues. Ils y étaient
d’autant plus vulnérables qu’ils ne disposaient pas de véhicules blindés. L’US
Army de cette époque, et c’est encore largement le cas aujourd’hui, distingue
nettement entre des forces fortement blindées, sur char M1 Abrams ou véhicule
de combat d’infanterie M2 Bradley, et des forces très légères, disposant au
mieux de véhicules non-blindés, Humvee ou camions. Outre que les énormes Abrams
et Bradley n’auraient pas forcément été adaptés aux rues de Mogadiscio, ils ont
surtout été écartés car constituant une signature « agressive » ne
correspondant pas au profil bas souhaité par l’administration Clinton. La Task
Force Ranger utilise donc des véhicules qui se révèlent tous vulnérables dès
lors que l’action dure. Le groupement français n’est lui-même que partiellement
blindé (VAB et ERC) mais cela suffit pour disposer de « sections béliers » pour
pénétrer dans une zone et pour résister aux armes légères. En juin, les
miliciens ont encore peur des hélicoptères et ne savent pas les affronter. En
octobre, ils ont appris comment utiliser leurs roquettes antichars pour les
abattre.
Tous ces éléments cumulés font que si Français et Américains bénéficient de la surprise initiale par la vitesse de déplacement, les premiers conservent l’initiative tout au long de la journée alors que les seconds subissent très rapidement les événements. En octobre, la surprise change de camp lorsque le premier hélicoptère s’écrase et les Américains ne sont pas entraînés à cela. Toute leur action reposait sur l’invulnérabilité de leur moyen de transport et ils ne disposaient pas de solution de rechange. Le 15 septembre pourtant, un hélicoptère avait déjà été abattu par roquette, sans provoquer pour autant de modification dans les modes d’action.
Encore une fois, il ne s’agit pas de prôner une quelconque supériorité intrinsèque française et encore moins de porter un jugement sur la valeur personnelle des combattants. Le seul exemple des deux tireurs d’élite américains volontaires pour porter secours à un équipage d’hélicoptère encerclé par les miliciens suffit à susciter l’admiration. Le hasard a eu également un rôle indéniable dans les deux actions. Constatons simplement que la méconnaissance, sinon le mépris, du milieu humain dans lequel on opère conduit fatalement à des déconvenues et s’il faut retenir un seul aspect du succès des Français, c’est le respect dont ils ont fait preuve vis-à-vis de l’ingéniosité, du courage et des coutumes de leurs adversaires.
Tous ces éléments cumulés font que si Français et Américains bénéficient de la surprise initiale par la vitesse de déplacement, les premiers conservent l’initiative tout au long de la journée alors que les seconds subissent très rapidement les événements. En octobre, la surprise change de camp lorsque le premier hélicoptère s’écrase et les Américains ne sont pas entraînés à cela. Toute leur action reposait sur l’invulnérabilité de leur moyen de transport et ils ne disposaient pas de solution de rechange. Le 15 septembre pourtant, un hélicoptère avait déjà été abattu par roquette, sans provoquer pour autant de modification dans les modes d’action.
Encore une fois, il ne s’agit pas de prôner une quelconque supériorité intrinsèque française et encore moins de porter un jugement sur la valeur personnelle des combattants. Le seul exemple des deux tireurs d’élite américains volontaires pour porter secours à un équipage d’hélicoptère encerclé par les miliciens suffit à susciter l’admiration. Le hasard a eu également un rôle indéniable dans les deux actions. Constatons simplement que la méconnaissance, sinon le mépris, du milieu humain dans lequel on opère conduit fatalement à des déconvenues et s’il faut retenir un seul aspect du succès des Français, c’est le respect dont ils ont fait preuve vis-à-vis de l’ingéniosité, du courage et des coutumes de leurs adversaires.
Très bonne analyse, comme généralement...
RépondreSupprimerEn particulier les deux paragraphes sur le commandement et l'initiative laissée au subalterne par le système (notions directement liées d'ailleurs) sont tout à fait justes. Je crains qu'aujourd'hui la différence dans ces domaines entre école américaine et française ne se soit grandement réduite, chacun ayant fait un pas dans l'autre direction, malheureusement pour nous...
la dernière phrase sonne très juste. L'Afghanistan aura aussi été une sorte d'américanisation des procédés. heuresement que dans sa grande sagesse le ministère nous renverra à l'âge de bronze militaire...
SupprimerJe suis d accord sur le point "l Afghanistan aura aussi été une sorte d américanisation des procédés (sous commandement US et de plus dépendant des moyens aériens de ceux ci). Mais le Mali nous a montré que l initiative existe tj et a pratiquement l'ensemble des échelons. Donc pour moi bonne nouvelle. Après le recrutement et surtout sentinelle seront réellement les responsables d'une baisse de qualité dans les années à venir.
SupprimerDe ce que j'ai vu au Mali, aujourd'hui un général divisionaire place ses chars sur le terrain via SIR et JCHAT tel le chef de peloton. Désolé de vous décevoir mais l'américanisation semble consommée...
SupprimerSi la différence d'approche dans la manoeuvre est bien entendu déterminante dans l'issue des événements, votre remarque sur la place du chef est une des grandes leçons de cet épisode.
RépondreSupprimerIl est à ce titre particulièrement intéressant que vous l'appeliez le "décideur" et non tout simplement le "chef tactique", comme si l'un n'était pas forcément l'autre, car c'est en effet la nature et le niveau de ce décideur qui a changé.
Alors qu'en 93, le décideur était le chef de corps de l'unité déployé, aujourd'hui, le décideur est à Paris, derrière les écrans du CPCO. Cet entrisme de l'écheleon stratégique sur l'échelon tactique est un phénomène bien connu et décrit depuis plusieurs années, mais votre article met en perspective cette constatation et incite au pessimisme. En effet, dès lors que le décideur se trouve à Paris, il apparaît donc impossible que le chef véritable (=celui qui décide) puisse sentir les éléments du terrain, avec les difficultés et les dangers que cela induit et que vous avez très bien mis en lumière.
Si le développement des SIC est la cause initiale de cet entrisme du stratégique sur le tactique, c'est bien par le comportement des nouveaux décideurs tactiques qu'il convient d'incriminer.
Puisse cet article contribuer à les sensibiliser sur la question
Signé : un chef tactique déchu de sa fonction de décideur....
je suis en total accord avec vos propos et je pense que les choses n'empirent que ce soit au niveau de la responsabilité de la prise de décision mais surtout du manque de moyens qui pour"le compte" nous propulse à un rang très inférieur de l'armée américaine.
SupprimerTout cela me fait penser à une grande loi de la vie : une force renferme une faiblesse, et une faiblesse renferme une force : jusqu'à présent, l'armée française a su produire des qualités par ses défauts (manques de moyens et manques de soutien des politiciens), et l'armée états-unienne a(vait) des défauts considérables produits par ses facilités.
RépondreSupprimerPour avoir vu de très près et pendant plusieurs mois différentes unités US il y a quelques années, je suis globalement d'accord avec vous. Attention cependant à ne pas généraliser, l'US army (et aussi l'USMC trop souvent surestimé en France...j'en ai vu des "gratinés"...) est une armée nombreuse. Aussi, le pire cotoie souvent le meilleur. Le niveau n'est pas aussi homogène que dans les "petites armées peu nombreuses" françaises ou anglaises. Ils sont désinhibés dans leur rapport aux armes, d'ou une consommation importante de munitions à chaque échelon, c'est parfois n'importe quoi..... Mais en contre partie, le chef sur le terrain (même un sergent chef) peut demander un appui Mortier, il l'a sans forcément avoir l'aval du commandant de secteur ou du général commandant la brigade. Idem pour l'appui aérien....
RépondreSupprimerIls sont moins manoeuvrants, c'est sûr. Les chefs de section et les CDU moins "intelligence de situation"..mais ils alignent des milliers d'hommes...Ils sont les pros de l'appui, en particlier avec les AH 64. J'ai vu des sous-officiers d'artillerie particulièrement précis et capables de délivrer des tirs sous très court préavis, excatement là ou c'est demandé...Ils ont aussi une "gnake" impressionnante. Parfois même trop car du coup, ils prennent des risques inconsidérés. Et si vous êtes dans la m....ils viennent vous chercher quoiqu'il en coûte. On peut vraiment compter sur eux... Ils ne se posent pas de question car leurs chefs leur font confiance a priori, sans chercher à savoir quelle est la couleur de leur bérèt ou le numéro de leur régiment. J'ai été frappé par les unités non infanterie opérant comme telle (batterie d'artillerie su MRAP, compagnie de MP, etc)...
En tout cas, quand il faut y aller, il vaut mieux les avoir avec nous que contre...
Sur la place du chef, c'est évidemment essentiel.Je cotoie par ailleurs assez souvent les anglais, leurs chefs sont beaucoup plus en avant que les nôtres...Du coup, ils subissent des pertes plus importantes, un peu à l'image des israéliens dans les années 70-80 ou le taux d'officiers tués au combat était élevé. Mais ils forment plus de cadres que nous (32 bataillons d'infanterie dans la British army contre bientôt 18 chez nous sans compter les nombreux bataillons de réserve réellement opérationnels) , ils savent qu'ils auront du monde...Après c'est un choix...
Encore bravo pour vos articles toujours au-dessus du lot.
Bonne continuation.
Bonjour,
SupprimerVotre témoignage est très intéressant, pourriez-vous nous en dire plus quant à votre expérience avec la British Army ?
Je vous remercie par avance.
Merci pour "cette page d'histoire" méconnue du 5 RIAOM, un grand et glorieux Régiment. Comme d'habitude une bonne analyse sur un blog de référence.
RépondreSupprimer"Il était relié à la zone d’opérations par trois hélicoptères OH-58 équipés de caméras vidéo et de divers moyens de communications high-tech."
RépondreSupprimerNever-before-seen military footage of "Black Hawk Down"
http://www.cbsnews.com/8301-18560_162-57605976/never-before-seen-military-footage-of-black-hawk-down/
Most Americans know what happened in Mogadishu, Somalia, during America's first battle against al Qaeda 20 years ago thanks to the Oscar-winning film, "Black Hawk Down." Now for the first time, they can see how the actual battle unfolded in footage obtained by 60 Minutes. Lara Logan's report, containing the images and combat veterans' eyewitness accounts of the battle, also follows the secret, 7-month effort of a retired soldier and his wife to repatriate the helicopter's wreckage. This remarkable 60 Minutes story will be broadcast almost 20 years to the day of the battle Sunday, Oct. 6 at 7:30 p.m. ET/PT.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerVa t'on avoir la chance de retrouver cette article, agrémenté de cartes et photos, dans le prochain Guerre&Histoire ?
RépondreSupprimerMerci pour vos excellents articles.
Bonjour Mr Goya
RépondreSupprimerje ne connaissais pas cette intervention française à Mogadiscio, contrairement au "Faucon noir".
Ayant eu le plaisir de servir sous les ordres de De Sacqui, du temps où il était cdt de cie,
je reconnais bien sa patte "humanitaire" dans votre récit. Un Chef comme on aimait bien en avoir.
Pour le reste, les français étaient habitués à travailler avec la "b.te et le couteau" contrairement aux US.
Les "Chefs des Armées" le savent, en usent et en abusent. Il va falloir que ce comportement cesse!
En plus s'ils peuvent "cheffer" en direct...
Merci pour ce morceau d'histoire de France.
Salutations
Michel, quelques petits ajustements dans ton très bon texte, de la part de celui - Eric Bonnemaison - qui l'a vécu sur le terrain.
RépondreSupprimer1./ La topographie entre les deux actions était très différente, plus facile pour nous. Nous étions engagés sur des avenues assez larges, bordées de bâtiments espacés. Les Américains étaient coincés dans des rues très étroites. Ce n'est pas le même type de combat. Le leur a été sans doute plus compliqué.
2./ Les Américains ont ainsi vécu un combat défensif, immobilisés, sans aucune possibilité de manœuvre. Et je pense qu'ils ont été attaqués par une force largement supérieure à celle que nous avons affrontée, mieux préparée et organisée, et surtout combattant sur son terrain. Les éléments du général Aïdid que nous avons affrontés étaient en posture défensive, dans une zone de la ville qui n'était pas la leur.
3./ L'éternelle question de la position du chef. N'oublions pas que l'unité américaine était plus une force spéciale qu'une unité conventionnelle, avec un esprit commando "on voyage léger", chapeautée par un général américain dont la place dans le dispositif n'est pas d'être en première ligne, à la différence du colonel de Saqui de Sannes; celui-ci commandait 200 hommes, soit une grosse compagnie, et il était donc normal qu'il soit au contact, devant, comme un capitaine, d'autant plus qu'on avançait en aveugle, faute de renseignements fiables. Et puis les Américains avaient des officiers au sol, qui ont fait comme ils ont pu dans le combat au quasi corps à corps. Donc là aussi relativisons.
4. L'emploi du feu: je dirais que c'est sans doute là que la différence est la plus intéressante, même si le contexte - combats plus intenses pour les américains - explique un usage du feu différent. Les Américains ont dû combattre avec les femmes et les enfants en première ligne; pour nous, les femmes et les enfants ont été placés devant après que nous avons pris l'hôpital militaire; et les combattants d'Aïdid n'ont pas saisi l'occasion de s'en servir comme boucliers humains pour attaquer notre dispositif. Mais c'est vrai, et nous nous sommes posés la question le soir même, aucun d'entre nous n'a ne serait-ce pensé qu'un instant à tirer sur des civils. Et il faut reconnaître à Pierre de Saqui une grande retenue dans l'emploi de l'armement collectif.
5. L'organisation du commandement: un rangers américain qui avait fait partie de l'équipe d'enquête américaine après le désastre d'octobre m'a explique quelques années plus tard qu'en fait les Rangers et delta américain ont monté leur opération sans même en parler à la 10th Mountain Division. quand ils se sont retrouvés dans une situation désastreuse, la conception de l'opération de secours, montée en crash, a souffert de l'absence totale de renseignements précis. Le commandement des forces spéciales américaines a été peu coopératif avec la division de montagne, ce qui n'a pas facilité l'opération de sauvetage. Et cette division de montagne était une quick reaction force, donc pas présente sur le terrain et pas familiarisée avec la topographie de Mogadiscio. D'ailleurs, en juin 93, les Américains n'ont pas voulu engager cette QRF, ce qui leur a été reproché.
6./ Pour conclure, je voudrais souligner qu'il est délicat de comparer les deux situations. Mais je voudrais dire surtout qu'avec l'Irak et l'Afghanistan les Américains ont acquis une expérience incomparable du combat en zone urbaine et qu'ils ont globalement tiré les enseignements de l'usage excessif de la force contre les populations. Oui, on aime bien véhiculer l'idée que le soldat américain tire sur tout ce qui bouge; cela flatte notre ego français, notre "French touch". Pour avoir passé 4 ans au coeur de la défense américaine, je serais plus nuancé, même si la relation à l'arme est très différente dans les deux pays.
Merci pour cette réponse très instructive. La comparaison entre les opérations française et américaine me semblait un peu trop simpliste et flatteuse pour être totalement objective.
SupprimerPersonnellement, je suis étonné par la critique du (supposé) style de commandement de Garrison, dont la description ne colle pas avec le livre de Mark Bowden, la référence sur cette bataille. Bowden a interviewé plus de membres de la TF Ranger que quiconque jusqu'alors et pas un n'a mis en cause Garrison. L'essentiel de la confusion s'est produite en-dessous de son niveau. La tentative du chef du convoi de se faire guider directement par les pilotes d'hélicoptères n'a pas marché non plus, et le groupe à pieds a perdu sa cohésion pendant le trajet à cause des différents modus operandi des unités.
Quant au supposé manque d'initiative laissé aux subalternes, bizarrement, on n'entend pas du tout Garrison micro-manager ses unités. Ses interventions sont rares et pertinentes (il n'était notamment pas enthousiaste à autoriser les deux Delta solitaires être déposés au site du 2nd crash).
Quant au "décapité par l'explosion d’une roquette", je le cherche encore... Tim "Griz" Martin s'est pris l'explosion d'un RPG dans le ventre, Joyce, Ruiz, Cavaco ont été tués par balles, Kowalewski a pris dans le torse un RPG qui n'a pas explosé, les autres tués n'étaient pas dans le convoi.
Enfin, à propos de l'opération française qui sert de contre-exemple, j'ai entendu des rumeurs de gros dysfonctionnements pendant l'action, mais sans précision et sans possibilité de juger, puisque selon les retex l'armée française fait toujours tout parfaitement. (Cela dit, je serais curieux de savoir quel pouvait être le plan de secours des Français si leur Puma s'était pris un RPG...)
Merci d'abord pour ce retex de première main, très intéressant. J'ai écrit ce papier (ceci est la version courte) entre 2004 et 2007, je ne l'écrirai plus tout à fait de la même façon.
SupprimerMes sources françaises étaient un entretien très détaillé avec Pierre de Sacqui (ce qui m'intéressait alors, plus que les événements eux-mêmes, était la manière dont il avait pris ses décisions) et des conversations avec deux chefs de section, Nivlet et Martinez, ainsi que les quelques rares articles que j'ai pu lire, dans l'Ancre d'or notamment.
Du côté américain, je n'ai pas lu le livre de Bowden (c'est un tort) mais plusieurs retex très détaillés américains. Il est vrai que les Américains ont au moins cette qualité de pratiquer plus facilement l'autocritique que nous. Garrisson n'y était pas critiqué pour son entrisme mais plutôt sa passivité, elle-même induite par une mauvaise appréhension des choses. Je suis par ailleurs toujours aussi admiratif devant le courage des deux Delta qui ont tenté de sauver le pilote craché.
Effectivement tout ce n'est pas forcément bien passé non plus du côté français et j'ai recueilli de mauvais souvenirs. Les mélanges d'unité, le manque de pratique dans l'emploi de véhicules blindés, peuvent poser des problèmes. Encore une fois, je ne l'écrirai plus tout à fait de la même façon.
L'objectivité des uns comme des autres honore les soldats que vous êtes! Mais l'américanisation ou l'otanisation des comportements, au choix, est certainement un danger qui nous guette. L'impasse sur l'utilisation des blindés en zone urbaine et sur la quasi absence des capacités amphibies de nos moyens scorpion devraient aussi être une préoccupation. Car l'armée française reste marquée culturellement par les combats asymétriques qu'elle a mené et se préoccupe peu des perspectives de combats face à un ennemi symétrique et fortement appuyé par des appuis de masse. Si vous voyez ce que je veux dire...
RépondreSupprimerMerci pour l'analyse
RépondreSupprimerLe sergent gravement blessé était mon binôme à la section trans au 9ème RCP en 95/96.
C'est un mec hors pair et son casque portant les stigmates doit toujours être exposé dans la salle d'honneur du maintenant 1et RCP.
Il a eu une longue carrière dans les paras et je pense souvent à cet homme qui m'a donné l'élan que je conserve jusqu'à aujourd'hui.
Et oui dans chaque faiblesse une force dans chaque force une faiblesse...
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt cet article et les commentaires qu'il a suscité. Je regrette simplement que la quasi totalité de ceux qui traitent de l'engagement français en Somalie tournent la "page" avec le retrait du B.I.A.S. et que les "100 derniers Français" du DAMI ONUSOM soient ainsi injustement oubliés.
RépondreSupprimerBonjour, juste une petite rectification de cet excellent article : il s'agissait de l'Adjudant chef Crand et non pas Grand.
RépondreSupprimerL'action s'est réellement passée comme si bien racontée jusqu'a l'accueil au retour à l'ambassade Americaine avec la reconfortante cantine des Norvegiens. Signé : un ptit marsouin 2eme classe qui a pris une grande claque dans la gueule ce jour là!