Un
des problèmes fondamentaux des armées est de savoir si les acteurs du combat le
sont naturellement ou s’ils sont de pures constructions sociales. A l’appui de
la première thèse, on pourrait considérer en regardant la répartition très
inégale de l’efficacité des hommes sur le champ de bataille que si une armée
est une machine à fabriquer des tueurs, c’est une machine à très faible
rendement. A l’appui de la seconde, on a toujours été incapable de déceler a priori ceux qui se comporteront en
héros ou en lâches sous le feu. On peut avoir quelques présomptions mais aucune
certitude. Evoluer dans une zone de mort est une expérience extrême dont
l’expérience ne peut se faire au préalable et dont les formes changent par
ailleurs constamment car elle s’effectue en situation dialectique. Il s’agit
donc d’un domaine qui relève des sciences du chaos et de la complexité. Les
évènements s’y décident avec des dés de fer que les hommes peuvent seulement
orienter par leur comportement.
C’est
la raison pour laquelle, malgré plusieurs milliers années d’efforts, on ne sait
pas encore, et on ne saura sans doute jamais fabriquer, des armées de
super-combattants victorieux à coup sûr. Tout au plus peut-on tenter par une
alchimie complexe d’armer les individus aussi bien dans leurs têtes et leurs
cœurs que dans leurs mains.
Darwin et Diagoras comme
recruteurs
Croire
que la capacité à résister au stress est avant tout intrinsèque aboutit
logiquement à l’espoir de pouvoir déceler et d’écarter ceux qui ne présentaient
cette qualité pour obtenir une armée complète d’acteurs.
Cela
peut s’effectuer de manière empirique en mettant volontairement l’homme sous
pression, c’est-à-dire concrètement en le faisant souffrir, par un entraînement
intensif ou des humiliations diverses. Il y a trente ans, ma promotion d’élèves
sous-officier d’infanterie est ainsi passé de 180 à 65 en l’espace de dix mois,
soit un taux de pertes nettement supérieur à la plupart des conflits. Cette
pression peut également s’effectuer entre pairs, comme pendant longtemps en
première année de Saint-Cyr, avec toujours cette idée d’inspiration darwinienne
de ne conserver que les plus forts. Cette sélection peut s’effectuer de manière
plus scientifique par le biais de tests psychologiques. Pendant la Seconde
Guerre mondiale, plus de 1,8 millions d’appelés américains, soit 12 % du total, ont été
jugés par des psychologues trop fragiles pour combattre.
Ces
deux méthodes sont pourtant loin d’être totalement fiables. Il y a eu 470 000
soldats américains rapatriés des zones de combat « sans blessures apparentes »
et parmi eux beaucoup de soldats considérés comme solides alors que d’autres
qui étaient considérés comme en limite d’exemptions ont bien résisté au stress.
Une
autre approche a consisté à déterminer le profil type du bon combattant. La Human Resources Research Organization a
tenté de le faire en observant les soldats américains de la guerre de Corée
ainsi que l’armée israélienne avec une étude sur ses officiers de 1961 à 1966.
Quelques traits particuliers ont bien été identifiés comme une grande stabilité
émotionnelle, un quotient intellectuel un peu supérieur à la moyenne ou la
nécessité qu’ils ont eu de s’imposer dans le milieu familial plutôt de classe
moyenne. On trouve ainsi chez les bons « acteurs » du combat, comme
chez les grands champions sportifs ou les assassins américains les plus
célèbres ainsi beaucoup plus de cadets ou de benjamins que d’ainés. Leur
personnalité s’est bien souvent exprimée avant les combats par un goût plus
prononcé pour certaines activités. Si on examine par exemple les 40 premiers As
de la chasse française de la Grande guerre on trouve beaucoup de voyageurs et
de sportifs d’avant-guerre.
Ces
profils types restent cependant assez peu opératoires car ils oublient le
principe de Diagoras qui oblige à tenir aussi compte de l’ombre lorsqu’on met
la lumière sur quelque chose. Ils ne sont pas statistiquement significatifs et
comme les individus jugés fragiles et qui se révèlent excellents combattants
beaucoup de cadets sportifs et intelligents sont aussi des figurants sur le
champ de bataille. Beaucoup des indices du bon combattant sont aussi des
indices sociaux. Si cinq des 40 As pilotes ont pratiqué des sports automobiles,
c’est aussi parce qu’ils appartenaient à une classe le permettant et, encore
une fois, la plupart des conducteurs
automobiles ne sont pas devenus des As. On oublie également que ces hommes-là
sont aussi des survivants et dans le contexte partiellement aléatoire du combat
ce sont aussi des chanceux. Beaucoup d’acteurs de cinéma ne percent pas car ils
ratent leur premier casting qui leur aurait permis par un beau rôle d’acquérir
la confiance, l’expérience et la visibilité pour aller plus loin. De la même
façon et à cette différence près que le casting est fatal, des milliers
d’hommes qui avaient toutes les caractéristiques pour devenir de très bons
combattant sont fauchés prématurément. Ce n’est pas seulement parce que l’on
est bon que l’on est un As, c’est aussi parce qu’on a un peu de chance.
Il
ne faut jamais oublier enfin qu’en se concentrant sur le profil des hommes
connus et ils sont a priori d’autant plus
connus qu’ils sont brillants sur le champ de bataille, on néglige les autres
catégories. On oublie notamment de considérer la grande sous-efficacité de la
plupart des inconnus.
La
sélection ex ante des hommes reste
une science d’autant plus inexacte que les conditions mêmes du combat, ce
révélateur chimique des qualités et des défauts des hommes, changent
fréquemment. Les chefs peuvent avoir une idée des hommes qui se comporteront
bien pour un type de combat qu’ils connaissent bien. Dans des formes inédites
de combat, ce sont au contraire les hommes qui se comportent bien qui
s’imposent aux chefs, parfois à leur encontre.
Lorsque le front si fige à la fin de 1914, on voit
apparaître spontanément de nouveaux types de combattants comme l’adjudant
Lovichi qui va « chasser » seul dans le no man’s land entre les deux
lignes et marquer d’un trait sa crosse de fusil à chaque victoire ou le
mitrailleur Ryckwaërt, qui fait la même chose avec une mitrailleuse Hotchkiss.
C’est la généralisation des combats aériens au début de 1916 qui permet aux
Guynemer, Madon et Fonck de dévoiler leurs talents, sans cela ils seraient
restés d’anonymes observateurs. Inversement, dans le même période de très
brillants cavaliers d’avant-guerre restent dans l’ombre car cette guerre n’est
pas faite pour eux. Frustrés, beaucoup d’entre eux, comme Bossut, de Lattre ou
de Rose émigrent dans d’autres armes, en particulier les organisations
nouvelles comme les chars ou l’aviation. Chaque forme nouvelle de combat voit
ainsi apparaître des talents qu’il n’était pas possible de déceler avant.
De la confiance
Dans cette rencontre entre des hommes et des
circonstances complexes, les qualités innées ne suffisent pas. Passons
rapidement sur les stimulants extérieurs comme les récompenses ou la peur des
sanctions. Selon le lieutenant Marot, en 1916 : « Conseil de guerre ou médaille militaire, qui donc y pense dans une
vague d’assaut ? On marche dans du danger, dans la mort ; que pèsent les
babioles de la justice humaine ? ». Jugement valable au moins dans les
armées démocratiques, qui ont de fait abandonné la peine de mort pour les
soldats dans l’entre-deux guerres, moins évident dans les armées d’Etats
totalitaires. Un adage soviétique disait bien qu’il fallait être très courageux
pour être lâche dans l’armée rouge.
Dans cette rencontre entre des hommes et des
circonstances complexes, les qualités innées et la chance ne suffisent pas. Le premier cercle de
confiance est nourri par l’estimation que chacun de sa capacité à influer sur
les événements et, ce qui est lié, à survivre au combat. Cette estimation prend
en compte en compte au moins trois facteurs dans son l’environnement immédiat.
Le
premier est la qualité des armes que l’on sert en comparaison notamment avec
celle de l’adversaire. A El Alamein en 1942, le courage et la compétence des
équipages italiens des mauvais chars M13-40 ne leur étaient pas d’une grande utilité
dans les duels face aux chars Grant ou Sherman de la 8e armée
britannique. La puissance et la supériorité du matériel sont de puissantes
sources de confiance. Dans l’infanterie, on note aussi généralement une plus
grande solidité psychologique chez les servants d’armes puissantes
(mitrailleuses, lance-flammes, etc.) que chez les simples porteurs de fusils, à
condition que l’emploi délicat de cette arme n’augmente considérablement les
risques.
La
sécurisation peut aussi être renforcée par l’emploi de moyens de protection ou
la certitude d’être secouru efficacement en cas de besoin. Le gilet pare-balles
français employé en opérations, très protecteur mais encombrant, a été conçu
pour des missions statiques mais certainement pas pour un assaut. Pour les
missions mobiles, c’est le gilet pare-éclats, beaucoup plus léger, qui devait
être utilisé. Dans les faits, personne ne songe à quitter les plaques
protectrices du gilet pare-balles d’autant plus que, comme les hommes d’Héluin
franchissant les barbelés d’un bond, les hommes ne sont plus tout à fait les
mêmes dans un combat. De plus, comme le soulignait Ardant du Picq, « Une armure, en diminuant de moitié
l’action matérielle à subir, diminue de moitié l’action morale [la peur] à dominer. »
La
confiance est surtout le résultat de l’estimation de ses propres compétences
techniques, là-encore face à un contexte anticipé, son degré de violence, la
forme plus ou moins connue de l’ennemi. On a évoqué tous ces
hommes qui se sont révélés dans les combats nouveaux de la Grande guerre mais
malgré la nouveauté tous disposaient de compétences permettant de s’y adapter.
L’adjudant Lovichi, un des tous premiers snipers français, était toujours
sélectionné avant-guerre pour participer aux concours nationaux de tir. Les As de
la chasse ont presque tous passé la première année de la guerre a accumulé des
centaines d’heures de vol et même les émigrants cavaliers ont su adapter leur
maîtrise de l’équitation dans le pilotage des premiers monoplaces de chasse. On
remarque inversement par exemple que les mauvais tireurs sont presque toujours des
« figurants ».
Agir
L’élément
le plus important de la confiance en soi est sans doute la possibilité d’agir,
si possible contre la menace, sinon d’agir tout court. Dans le film d’Alain Resnais,
Mon oncle d’Amérique, le professeur
Henri Laborit décrit une expérience de laboratoire. Un rat, seul dans une cage,
subit des décharges électriques. A la fin de l’expérience, le rat présente tous
les symptômes de stress aggravé.
Lorsqu’on place deux rats ensemble dans la même cage et sous les mêmes
décharges électriques, on s’aperçoit, à la fin, qu’ils ne présentent pas de signe
de stress. La différence avec le premier cas est qu’ils se sont battus entre
eux. Cela n’a diminué en rien la quantité d’électricité reçue mais, au
contraire du premier rat qui n’a fait que subir, ils ont agi.
La comparaison avec les rats peut choquer,
pourtant la réalité est la même, un combattant qui agit diminue sa tension
nerveuse, encore faut-il qu’il puisse agir. On a évoqué la difficulté de la période
d’attente avant le combat. De la même façon, une étude sur les troubles
psychologiques dans la Royal Air Force de 1941 à 1945 montre que ceux-ci
frappèrent surtout les équipages de bombardiers, pour la plupart soumis à une
menace diffuse mais permanente lors de leur missions. De nombreux pilotes de
chasse avouent aussi préférer affronter la chasse adverse que l’artillerie
antiaérienne contre laquelle ils ne peuvent rien. Cette action sécurisante
consiste souvent à ouvrir le feu, mais chez les hommes trop effrayés pour cela
il suffit parfois de les obliger à faire quelque chose de positif comme creuser
un poste de combat ou apporter les premiers soins à un camarade par exemple.
Une autre
expérience a consisté à faire travailler deux groupes d’individus dans des
pièces séparés mais avec, pour tous, un fond sonore permanent très déplaisant.
Les membres d’un de ces groupes disposaient d’un bouton permettant d’arrêter le
bruit, les autres en étaient dépourvus. Les résultats des travaux de ceux qui
disposaient d’un bouton furent meilleurs mais, ce qui est plus étonnant, sans
que ce bouton soit utilisé. Le simple fait d’avoir la possibilité d’agir sur
leur environnement avait suffit. A Sarajevo de 1992 à 1995, les règles
d’ouverture du feu, dans le cadre des règlements des Nations Unies, pouvaient
varier considérablement d’un bataillon à l’autre. Dans certains cas, le chef de
corps se réservait seul le droit de faire ouvrir le feu ; dans d’autres
unités, au contraire, l’initiative du tir était laissée au jugement de chacun,
quel que soit son grade. La complexité des situations fit que les bataillons
« décentralisés » n’ont pas beaucoup plus ouvert le feu que les
unités « centralisées » mais il est certain que la frustration, et
donc les troubles psychologiques, y furent bien moindres.
En résumé, dans ce premier cercle, l’homme doit
se sentir fort, capable d’agir et avec le sentiment intime d’avoir de bonnes
chances de s’en sortir. Pourtant cela ne suffit pas. En 1944, en Normandie et
dans les Ardennes, de nombreuses unités américaines furent disloquées,
entraînant la dispersion de milliers de soldats. Ces milliers d’hommes isolés
furent d’une efficacité très faible. Les groupes formés à la hâte avec ces
isolés ne s’avérèrent guère plus efficaces, limitant leurs actions à leur
survie. En revanche les équipes de pièces, groupes de combat ou sections qui
avaient été arrachés à leur position et à leurs unités d’origine, mais étaient
restés ensemble pendant le repli, furent au contraire beaucoup plus solides.
Aligner des hommes compétents ne suffit donc pas, il faut les « coudre
ensemble » pour reprendre le mot de MacDonald à Wagram. Cette
« couture morale » constitue le deuxième cercle de confiance.
Comme à l habitude un propos passionnant. Je ne partage cependant pas votre opinion sur l impact moral des protections balistiques. Si celles ci "securisent" (surtout avant le combat d'ailleurs), elles inhibent par la même le risque consenti et l'engagement, et demeurent malgré les progrès notables effectués particulièrement pénalisantes (pour le moins) pour la plupart des missions. La systématisation de leur port entraîne déjà à mon sens une réelle addiction chez beaucoup de jeunes militaires et encore plus chez les chefs, sans même évoquer la quasi disparition de la manoeuvre tactique des lors que les conditions climatiques et/ou géographiques sont difficiles.
RépondreSupprimerJe pense que leur efficacité réelle est loin d'etre évidente hormis des missions bien spécifiques (statiques ou au contraire très ponctuelles), et que cette normalisation voire obligation n' est pas sans effet sur la vision du combat par les tacticiens de tous niveaux...
Merci pour ces remarques. Je suis d'accord avec vous. je vais ajouter quelque chose là dessus.
SupprimerBonjour
RépondreSupprimerDésolé mais je ne comprends pas le titre.
" Pendant la Seconde Guerre mondiale, plus de 1,8 millions d’appelés, soit 12 % du total, ont été jugés trop fragiles pour combattre par des psychologiques. " ... Vous pouvez préciser quel pays cela concerne-t-il ? Sinon "psychologiques", hum...
Par ailleurs le blog Mars attaque s'est fait l'écho d'une "islamisation" au sein de l'armée française. Qu'en pensez vous ?
Merci pour ces remarques, je corrige. Le titre est tiré de Laborit, j'aime bien cette phrase mais le lien n'est pas clair. Je ne l'utiliserai pas pour le texte final.
SupprimerConcernant l'islamisation, je suis dubitatif. Notre armée normalement laïque est quand même infiniment plus catholicisée qu'islamniséé et cela fait moins de débat (et qu'on ne me sorte le coup des racines chrétiennes et tout le tremblement). J'ai servi dans un régiment qui comprenait beaucoup d'anciens harkis bons musulmans et cela ne posait pas de problème particulier. Un autre où le président des sous-officiers était musulman pratiquant et là encore tout le monde s'en foutait. En bon colonial, que l'on respecte les pratiques religieuses des uns et des autres sans que cela perturbe la vie opérationnelle ne me choque pas.
Tout est question de nombre.
SupprimerPassionnante synthèse.
RépondreSupprimerMe viens à sa lecture une question: qu’en est-il de la notion de ‘plaisir’ dans la performance au combat (et de tout ce qui le précède) ?
Je sais que cette question pourra paraître provocatrice, notamment à nos amis étatsuniens, mais je me range du côté de ceux qui pensent que par nature, la guerre est un phénomène politique et donc a-morale.
Je précise également que mes interrogations ne portent pas sur les individus aliénés qui peuvent trouver une jouissance à tuer ou à détruire, mais bien sur l’écrasante majorité de ceux qui constituent les armées, les hommes normaux.
À l’instar des travaux sur les différentes organisations de travail dans le civil (de la méthode Toyota à la méthode Google), où les chercheurs ont quantifiés assez finement tant la place que le degré du plaisir dans l’efficience individuelle et collective, existe-t-il ce type de travaux dans le domaine militaire ? (par exemple au niveau des pions tactiques qui pourraient être les plus faciles à observer en toute neutralité)
Pour terminer de manière plus provocante, une question subsidiaire : nos capteurs couvrent-ils l’ensemble du spectre électromagnétique ? Quid de la place de notre culture, de notre éducation ou de notre morale (…) ? Nous permettent-elles d’observer et de questionner l’ensemble du sujet ou bien sont-elles autant de filtres de nature à dégrader, voir à transformer, l’information ?
Le plaisir est présent chez certains sous forme de stimulation incroyable pendant l'action, dans le soulagement ensuite et dans plein d'autres choses ensuite de la vie de soldat. Comment pourrait-on s'engager volontairement dans une unité de combat sans cela ?
SupprimerPour les filtres et les biais, ils sont évidents. C'est la raison pour laquelle je me limite dans mon étude à ce qui relève de mon champ culturel.
Votre projet sera probablement un grand livre qui marquera la polémologie, l'armée française, et plus largement encore, et même surtout, les sciences humaines.
RépondreSupprimerJ'aurais toutefois deux sortes de critiques négatives à vous exprimer : les unes de fond, mais elles nécessiteraient que j'y consacre une heure ou deux pour les rédiger, et je n'ai pas le temps ; les autres sont bcp plus formelles et concernent ce seul texte du 26 juillet ; là, ça pourra être plus rapide (veuillez m'excuser si je suis un peu abrupte, c'est par manque de temps) :
"une zone de mort" : à mon sens, c'est mal formulé ; "un espace où se trouve un danger mortel" me semble plus précis.
"en situation dialectique" : expression conformiste et malheureuse : expression philosophique qui se rapporte au dialogue. "Interaction" me semble meilleure. "Les formes des dangers mortels changent constamment en raison du nombre élevé d'interactions".
Il serait bon que vous puissiez illuster vos futurs chapitres par un jeu de photographies thématiques ou symboliques tel que vous le faites sur ce journal informatique. Seulement, en l'espèce, pour ce billet du 26 juillet, je serais curieux de connaitre l'origine de cette photographie en N&B. Soldat russe ? Autrement dit, il serait bon que vous légendiez vos illustrations afin que vos lecteurs en connaissent l'origine.
Pour l'ancien titre de ce billet "La liberté est-elle l'ignorance de ce qui nous fait agir", je vais me singulariser, mais je le trouvais très bien. C'est dommage que vous l'ayez changé... ;-) Elève de Gustave Le Bon, de Pavlov, d'Edward Bernays, de Tchakothine, et de qqs autres, je partage peu les utopies de "liberté". L'influence (méthode douce) ou le conditionnement (méthode un peu moins respectueuse) sont de puissants facteurs ; l'influence elle-même pouvant ne pas être exercée par d'autres individus mais, par exemple, par l'existence et l'usage d'outils, de techniques (internet, par exemple). L'affectif, le sentiment, la pulsion, le besoin, etc., expliquent bcp plus (souvent) le comportement humain que la logique et la raison intellectuelles et officielles. Ces phénomènes se retrouvent autant en économie qu'en politique, et certainement dans le domaine militaire.
Pour ce qui est de l'action/angoisse, vous me faites penser à des déclarations récentes de l'économiste Christian Schmidt ; ce dernier est quasiment incompréhensible à l'écrit (ses livres sont très rébarbatifs) mais à l'oral, il devient compréhensible et agréable. Il s'est, ces dernières années, intéressé aux apports des neurosciences. Il existe des interviews de lui sur internet qui évoquent le cas de courtiers financiers qui prennent des décisions irrationnelles : Schmidt explique qu'ils les prennent en raison tout simplement du fait que agir (même si c'est une erreur) leur permet de faire baisser la pression psychologique ressentie : les courtiers préfèrent commettre une erreur et perdre de l'argent plutôt que de continuer à subir une angoisse. A titre indicatif (je ne vérifie pas s'il s'agit de cet enregistrement), il existe par exemple cette allocation : https://www.youtube.com/watch?v=Y08bCReGX-8
Je manque de temps pour mieux formuler mes pensées et effectuer des recherches complémentaires.
Vos billets sont toujours aussi intéressants à lire. Mes félicitations.
P.-S. : une dernière réflexion à propos des gillets-pare-balles : récemment au Mali, dans le cadre de l'opération Panthère (? veuillez m'excuser si je commets des imprécisions, je cite ça de mémoire), vous avez eu un G.T.I.A. blindé-motorisé Marsouins à l'ouest, les Tchadiens à l'est, et les para, à pieds, au nord. Les para ont-ils évolué et combattu avec des protections balistiques ? Y a-t-il déjà eu des Rétex de ces opérations au sujet de l'efficacité, de la mobilité et des comportements des para ?
Merci pour tous ces encouragements et ces renseignements. J'ai trouvé les éléments sur Lovichi dans la revue d'infanterie d'après-guerre qui le décrivait comme chasseur. Je corrige.
SupprimerLa photo est celle d'un soldat américain au Vietnam.
Pour les paras et marsouins engagés dans les Ifhogas, il me semble qu'il portait tous les protections balistiques malgré la chaleur. il aurait bon que notre armée en fasse un peu le récit.
Pour les questions de forme, je reprendrais tout un peu plus tard. En attendant, je me précipite sur Christian Schmidt.
Encore un article passionnant qui pose avec acuité le problème des acteurs du combat.
SupprimerVous dites que l'un des problèmes fondamentaux est de savoir si les acteurs du combat le sont naturellement ou sont de pures constructions sociales. Concernant la sélection de ces combattants, il me semble que cela a déjà existé dans l'histoire militaire avec des unités "d'élite". Par exemple les janissaires de l'Empire ottoman ou la garde consulaire puis impériale de Napoléon ne sont-ils pas des exemples d'unités faites majoritairement d'acteurs du combat ? Ce qui expliquerait leur plus grande efficacité dans le combat que les autres unités.
Sur l islamisation. Pour avoir fait mon service dans les annees 90, j ai bien constate que le pelerinage militaire a lourdes etait un grand momment oui la laicite en prenait un coup et nous faisait decouvrir des catho reactionnaires qu on ne soupconnait pas. Le capitaine pere de famille nombreuse de la compagnie de x 30 qui se baladait en culotte de cheval au quartier en absence d equides dans le secteur, on l avait demasque depuis longtemps...
RépondreSupprimerLe verre de vin rouge avant l'assaut en 14 ...
RépondreSupprimerVotre analyse ne devrait-elle pas s'étendre aux effets des modificateurs psychiques ?
On montre que les conducteurs timides conduisent mieux sous l'emprise de l'alcool car ils sont suffisamment desinhibés.
Inversement, j'ai toujours trouvé étrange la posture du tribunal jugeant la tragique affaire de Vilnius de ne pas tenir compte de l'effet desinhibant de l'alcool sur les gestes de B. Cantat.
À ce titre, il me semble que l'interdiction des amphétamines chez les pilotes à aussi été dictées par des comportements pathologiques ( même si ils ont été réintroduits dans le cadre des vols de longue durée chez les anglosaxons qui n'ont pas la culture du Modafinil).