dimanche 21 février 2016

Transformation 1916-Le processus d'innovation de l'armée française de l'hiver 1915 à la bataille de la Somme

Extrait (et résumé) de La chair et l'acier, Tallandier, 2004 ou sa version en poche : L'invention de la guerre moderne : Du pantalon rouge au char d'assaut 1871-1918, Collection TextoTallandier, 2014. 

L’échec de l’offensive de Champagne en septembre 1915 entraîne une crise majeure dans l’armée française et qui marque la fin définitive du paradigme de l’« offensive à outrance ». Les fronts sont décidément « inviolables » et on a épuisé l’infanterie pour s’en convaincre. Sur 1,2 million de soldats français tués pendant la Première Guerre mondiale la moitié est déjà tombée à la fin de 1915. Chaque compagnie d’infanterie de la 13e DI a, par exemple, perdu dans l’année trois fois son effectif moyen, en tués, blessés ou disparus. Tout cela pour des gains de terrain presque nuls et des pertes ennemies nettement inférieures. Le constat d’échec est flagrant. Les premiers signes de découragement, voire de grogne sont alors très sensibles dans la troupe. Le 12 novembre 1915, le général Fayolle note dans son carnet : « Que se passe-t-il en haut lieu ? Il semble que personne ne sache ce qu’il faut faire ». Le 31 décembre, il ajoute : « si on n’y apporte pas de moyens nouveaux, on ne réussira pas ». Il faut inventer au plus vite une autre manière de faire la guerre.


            Face au nouveau blocage et à l’impuissance avouée des Jeunes-Turcs du Grand quartier-général (GQG), Joffre laisse s’exprimer ses généraux. Une grande activité intellectuelle règne alors durant l’hiver 1915 qui aboutit à la victoire d’une école de pensée baptisée « conduite scientifique de la guerre ».

La victoire de l’« opposition »

            Les « méthodiques » (Foch, Pétain, d’Urbal, Fayolle) prennent appui sur les quelques succès locaux obtenus, en particulier par Pétain en Artois et en Champagne. Son rapport du 1er novembre 1915 sur l’offensive de septembre sert ainsi de base à la nouvelle doctrine. L’idée majeure qui s’en dégage est l’impossibilité d’emporter d’un même élan toutes les positions successives de l’ennemi. On se rend compte en particulier que, du fait des problèmes d’organisation et de déplacement de l’artillerie, la deuxième position ennemie est beaucoup moins frappée par les feux que la première. Sa prise est donc beaucoup plus difficile d’autant plus que, faute de surprise et quelle que soit la vitesse de l’offensive, les réserves allemandes ont toujours le temps de la renforcer. Pétain estime donc qu’avant d’espérer réussir une percée décisive il faudra au préalable user l’ennemi sur l’ensemble du front par des attaques successives mais lentes. Mais l’idée de bataille décisive, synonyme de percée à ce moment-là, est encore largement dominante. Une nouvelle « majorité » se forme autour de quelques Polytechniciens artilleurs pour concevoir cette bataille décisive comme une succession de préparations-assauts axiales et non pas latérales comme le préconise Pétain, avec toujours l’espoir de pouvoir percer une fois les réserves ennemies épuisées. Foch, dans une note en date du 20 avril 1916, parle de réaction contre les « folles équipées » de l’infanterie au cours des batailles de 1915. Désormais « la certitude mathématique l’emporte sur les facteurs psychologiques ». Une analyse de tous les détails photographiés du front doit permettre une planification précise de la destruction de tous les obstacles ennemis à partir de barèmes scientifiques. On n’est pas très éloigné des conceptions que Falkenhayn, le général en chef allemand, développe pour son offensive de Verdun. L’année 1916 sera celle des batailles géantes et obstinées.

Une nouvelle production réglementaire

Toutes ces idées nouvelles trouvent leur matérialisation dans une série de documents réglementaires comme l’Instruction du 20 novembre 1915 sur l’artillerie lourde ou la Note du 27 décembre 1915 sur les enseignements des batailles de septembre, très imprégnée de l’expérience directe des combattants. La liaison infanterie/artillerie passe au premier plan et tous les moyens doivent être employés pour la réaliser. Surtout, le 8 janvier 1916 est diffusée l’Instruction sur le combat offensif des petites unités. C’est une nouvelle conception de l’infanterie : « On ne lutte pas avec des hommes contre du matériel […] L’infanterie s’use rapidement […] On évitera donc, aussi bien au début qu’au cours d’une action offensive, de donner trop de densité à la ligne de combat ». Les expressions « enlever coûte que coûte » ou « enlever à tout prix » sont rayées du vocabulaire. Le souci d’économie des fantassins apparaît clairement ainsi que les rôles respectifs des armes : « On ne doit donc jamais lancer une attaque sans la faire précéder et accompagner par une action d’artillerie efficace». Ce document est suivi de l’Instruction du 26 janvier 1916 sur le combat offensif des grandes unités  destinée à remplacer la note similaire du 16 avril 1915. C’est une étape essentielle dans l’évolution de la doctrine de combat. Elle rompt définitivement avec les errements du règlement sur le service en campagne de 1913 qui avait continué à inspirer les opérations de 1915. Le but à atteindre est toujours le même, c’est-à-dire la percée à travers les positions organisées de l’adversaire, mais sous la  forme d’une opération à longue échéance comportant une série d’attaques méthodiques de positions successives. La percée est suivie d’une phase d’exploitation où la cavalerie a toujours le premier rôle.

            A la suite des décisions arrêtées en décembre 1915 à Chantilly entre les Alliés, cette nouvelle doctrine doit être mise en œuvre dans l’offensive franco-britannique sur la Somme prévue pour l’été 1916. Le groupe d’armées du Nord (GAN), qui en est largement à l’origine, est aussi chargé de sa mise en pratique. Outre le travail de planification, cet état-major doit donc pendant les premiers mois de 1916 mettre au point les méthodes concrètes d’application puis les faire accepter et assimiler par les corps de troupe. Le GAN devient ainsi le laboratoire de la « conduite scientifique de la guerre » avec des hommes comme Foch mais aussi Weygand, son chef d’état-major, Fayolle, à la tête de la VIe armée, ou encore le colonel Carence, pour l’artillerie, le commandant Pagézy pour la défense contre les avions, le commandant Pujo pour la liaison entre l’aviation et l’infanterie, le capitaine Fournier, spécialiste des questions de transport et le colonel Guy pour participer à la mise au point de la coordination artillerie-infanterie. Mais comme en février 1916 se déclenche l’offensive allemande sur Verdun, la première depuis Ypres en avril 1915, un nouveau foyer d’innovations et d’apprentissage se crée sur la Meuse. Les deux pôles d’idées vont coexister pendant le premier semestre de la nouvelle année de guerre, se nourrissant l’un l’autre.


            L’artillerie a la part belle dans le nouveau paradigme. Pour Foch : « Ce n’est pas une attaque d’infanterie à préparer par l’artillerie, c’est une préparation d’artillerie à exploiter par l’infanterie ». Dans une étude écrite en octobre 1915, Carence écrit : « L’artillerie d’abord ; l’infanterie ensuite ! Que tout soit subordonné à l’artillerie dans la préparation et l’exécution des attaques ». Pour lui, la force offensive d’une armée réside dans son artillerie lourde. Foch ajoute que l’infanterie « doit apporter la plus grande attention à ne jamais entraver la liberté de tir de l’artillerie». Pour Weygand : « L’approvisionnement en artillerie lourde domine toute la conduite de nos attaques ».

La revanche des artilleurs

Pour autant, le volume de cette arme augmente assez peu. L’accroissement de l’artillerie lourde n’est que de 590 nouvelles pièces pour l’ensemble de l’année 1916. Il faut en réalité attendre le 30 mai 1916 pour qu’un grand programme fixe pour le reste de la guerre la structure et les renforcements à amener à l’artillerie des grandes unités. Ses premiers effets en se feront sentir qu’à la fin de 1917. En attendant, le grand défi pour l’artillerie est celui de l’emploi optimal de l’existant, c’est-à-dire l’artillerie de campagne et les pièces de forteresse récupérées, dans des conditions totalement différentes de celles imaginées avant-guerre. La bataille de la Somme est préparée en s’appuyant sur l’analyse poussée des combats offensifs de 1915 mais aussi sur la bataille de Verdun. La forme inédite de cette dernière, localisée, défensive et de longue durée, pose de nombreux problèmes. Dans le système de rotation des divisions mis en place par Pétain, il arrive que les régiments d’artillerie, qui souffrent beaucoup moins que l’infanterie, restent plus longtemps sur place pour renforcer les unités relevantes. On découvre alors que le développement constant, la diversification, la profusion des innovations dans les régiments ont entraîné une divergence croissante des méthodes qui rend difficile le travail avec une unité « étrangère ». Avec la mainmise de l’aviation allemande sur le ciel, on s’aperçoit aussi de la grande dépendance de l’artillerie vis-à-vis de l’observation aérienne. C’est toute une arborescence de méthodes scientifiques de tir, de coordination entre les armes ou entre différents types de pièces, de procédures logistiques, de gestion des munitions et des moyens de liaison, etc. qu’il faut profondément renouveler avec de profondes ramifications dans l’industrie et ses laboratoires (métallurgie, chimie, transmission, météo, aviation).

            Le premier effort de 1916 porte sur la maîtrise de la gestion des informations. Pour y parvenir, on commence par mettre en place une structure de commandement adaptée. En 1915, on crée un commandement de l’artillerie lourde au niveau du corps d’armée puis, en 1916, de véritables états-majors d’artillerie capables de commander les groupements de feux de taille variables. On remarque ainsi que lorsque les évolutions sont tellement rapides les règlements sont plus des états de l’art que des guides pour l’avenir. On crée également une structure spécifique d’instruction, pour unifier les méthodes, et d’expérimentation, pour les faire évoluer plus rationnellement. Le 27 juin 1916, après plusieurs tâtonnements, le Centre d’études d’artillerie est créé à Châlons. Il est chargé de centraliser la documentation, définir la manœuvre, perfectionner l’instruction technique et faire profiter les commandants de grandes unités de toutes les innovations touchant l’emploi de l’artillerie. Le Centre examine également les procédés imaginés dans les différentes unités pour retenir et généraliser ceux qui font leur preuve. Le CEA perfectionne la planification et l’usage des « Plans d’emploi de l’artillerie » qui permettent de gérer les étapes de la séquence de tir. L’aérologie et la météorologie font d’énormes progrès. Le GAN dispose de sa propre section météo commandée par le lieutenant de vaisseau Rouch avec un vaste réseau de transmissions y compris sur des navires.

Des yeux dans le ciel

            Après l’échec de l’aviation de bombardement, dont le rôle est très limité en 1916, les Français, dans la cohérence de la bataille d’artillerie qui s’annonce, mettent l’accent sur l’emploi de l’avion dans l’observation et la liaison entre les armes. Foch envoie le commandant Pujo à Verdun, où il étudie les méthodes mises en place au cours de la bataille. Il reprend l’idée d’un « bureau  tactique » charger de gérer de nombreuses escadrilles (et les ballons) à partir de bases parfois très éloignées du front. Les escadrilles sont attachées à des secteurs particuliers et, pour réduire « les pertes de mémoire », elles y restent le plus longtemps possible même si leur corps d’armée d’appartenance se replie. Tous les renseignements recueillis sont centralisés puis diffusés. Sous l’impulsion du capitaine de Bissy, une section photographique est créée dans chaque corps d’armée afin d’assurer l’actualisation permanente du panorama et la diffusion de plusieurs centaines d’épreuves par heure. L’aviation d’observation doit être capable également d’effectuer des missions de reconnaissance, avec escorte, au-dessus des lignes ennemies, notamment pour vérifier les résultats des tirs d’artillerie. A leur retour, les missions font l’objet d’un compte rendu immédiat par TSF, puis par écrit avec les photos.

            Toujours à la suite de l’expérience de Verdun, des avions sont mis de la disposition de chaque division, avec un détachement de liaison et une instruction pour éclairer les commandants sur les règles d’emploi de ces moyens : possibilités, missions à demander, conditions indispensables à leur accomplissement, résultats à escompter. Ces appareils biplaces, volant à basse altitude, forment l’embryon de l’escadrille présente dans la majorité des divisions en 1918. Ils sont le lien entre les troupes d’assaut, l’artillerie et le commandement. Pour l’offensive de la Somme, la 13e DI disposera par exemple d’une vingtaine d’appareils, répartis en trois cellules pour les liaisons, la coordination avec l’artillerie divisionnaire et la contre-batterie par l’artillerie lourde. Il faut mettre en place tout un panel de moyens de liaisons pour organiser les communications entre l’air, qui envoie des messages en morse ou message lest, et le sol, qui répond avec des fusées, fanions ou projecteurs. Des « pots éclairants Ruggieri » et des panneaux blancs sont distribués aux divisions pour signaler aux avions l’avancée des troupes au sol. En 1915, par exemple, il était habituel d’affecter une zone d’action fixe à chaque batterie d’artillerie. En 1916, les groupes d’artillerie disponibles pour un appui se manifestent par des drapeaux levés et, en cas de demande urgente, un avion peut donner directement des ordres à l’un d’entre eux, même si cela lui impose de tirer hors de sa zone d’action. Dans l’esprit des Français, l’aviation est donc conçue avant tout comme un multiplicateur d’efficacité plutôt qu’une arme à part entière.

Apparition de la notion de supériorité aérienne

            Les Allemands imposent cependant une innovation tactique majeure en cherchant à obtenir la supériorité aérienne totale sur un secteur du front. Dès le début de leur offensive sur Verdun, en février 1916, ils concentrent  280 appareils de chasse dont 40 Pfalz E et Fokker E à tir synchronisé au-dessus de la zone des combats afin de neutraliser les moyens d’observation aériens de l’artillerie française. De fait, les quelques avions ennemis sont vite chassés du ciel et l’artillerie française est presque aveugle.

            Pour faire face à cette menace, les Français sont obligés de livrer une bataille aérienne, la première de l’Histoire. Le 28 février, le commandant De Rose, directeur de l’aéronautique de la Ve armée, est chargé de la responsabilité de l’aviation de combat à Verdun. Il constitue un groupement « ad hoc » de quinze escadrilles avec ce qui se fait de mieux dans l’aviation de chasse en personnel (Nungesser, Navarre, Guynemer, Brocard, etc.) et en appareils ( Nieuport XI). L’expérience, qui perdure jusqu’à la maîtrise définitive du ciel par l’aviation française, est extrêmement productive. Cette concentration de talents forme un nouveau laboratoire tactique qui met au point progressivement la plupart des techniques de la maîtrise du ciel : patrouilles permanentes d’escadrilles (3-5 appareils) dans des cadres d’espace et de temps précis, raids de 10 à 25 avions à l’intérieur des lignes ennemies avec les « As » en couverture haute, patrouilles solitaires des « As », secteurs aéronautiques correspondant aux secteurs de corps d’armée, procédures de vol groupé (signaux d’alerte par battement d’aile, encadrement par chef de groupe et serre-files, actions « à l’imitation », vol sur plusieurs étages), gestion de la fatigue des pilotes (2-3 missions/jour), de la maintenance entre les missions, coordination air-sol, etc. On expérimente également l’appui feu air-sol notamment lors de l’attaque sur le fort de Douaumont le 22 mai ou la destruction des ballons d’observation ennemies (fusées à mise à feu électrique Le Prieur d’une portée de 2000 m, balles incendiaires, canon aérien de 37 mm). Le 22 mai, huit Nieuport XI équipés de fusées Le Prieur, ancêtres des roquettes modernes, incendient la totalité des ballons allemands sur la rive droite de la Meuse. La bataille et la volonté de quelques hommes ont permis de rassembler en un système cohérent toutes ces innovations souvent imaginées avant la bataille de Verdun dans des escadrilles diverses. Ce système est synthétisé dans un document en juillet par Le Révérend (chef du groupement à partir du 28 mars) et officialisé le 10 octobre 1916 par un règlement. C’est un exemple parfait d’une « grappe » d’innovations issue du front par un laboratoire tactique et qui est généralisée par la suite. Le GAN adopte le concept et un groupe de chasse est constitué à Cachy sous le commandement de Brocard avec huit escadrilles Spad dont celle des Cigognes, qui s’est illustrée à Verdun. Le Lieutenant de vaisseau Prieur est également présent.

Apparition de la logistique automobile

La bataille de Verdun est l’occasion d’une autre innovation majeure, à l’initiative des Français cette fois (et jamais imitée par les Allemands). La première expérience d’organisation rationnelle des moyens de transports automobiles semble avoir été l’évacuation de Reims au début du mois de septembre 1914. Elle est l’œuvre du capitaine Doumenc, l’« entrepreneur » du service automobile, subdivision qui appartient à l’artillerie. Grâce à lui et quelques autres, l’idée s’impose que le transport automobile peut apporter une souplesse nouvelle dans les transports de la logistique et surtout des hommes, leur évitant les fatigues de la marche tout en multipliant leur mobilité. Les achats à l’étranger et la production nationale permettent de disposer dès 1916 de la première flotte automobile militaire au monde avec près de 40 000 véhicules (trois fois plus que l’année précédente et presque 200 fois plus qu’en 1914). Cette abondance de moyens autorise la constitution de groupements de 600 camions capables de transporter chacun une brigade d’infanterie. En 1916, il est ainsi possible de transporter six divisions d’un coup.

            L’efficacité de cet outil est démontrée lorsqu’il s’agit de soutenir le front de Verdun, saillant relié à Bar-le-Duc, 80 km plus au Sud, par une route départementale et une voie ferrée étroite, Le Meusien, qui ne peut satisfaire qu’environ 10% des besoins. Sur l’initiative de Doumenc, le 20 février 1916, veille de l’attaque allemande, est créée la première Commission Régulière Automobile (CRA) dont la mission est d’acheminer 15 à 20 000 hommes et 2 000 tonnes de ravitaillement logistique par jour par ce qui devient rapidement la Voie sacrée. La CRA est organisée sur le modèle des chemins de fer. La route est divisée en six cantons qui disposent chacun de moyens de liaison et  de dépannage. Elle est empierrée en permanence par 1 200 territoriaux qui acheminent la pierraille depuis des carrières proches (700 000 tonnes au total) pour la jeter ensuite directement sous les roues des 8 000 camions qui, à la vitesse 15 à 20 km/h, roulent jour et nuit et font eux-mêmes office de rouleau compresseur. Grâce à une organisation rigoureuse, la CRA est ainsi capable de transporter 500 000 tonnes et 400 000 hommes par mois de mars à juin 1916 sans compter les 200  000 blessés évacués par les services sanitaires. Elle est dissoute le 15 janvier 1917. Entre temps, le GAN avait copié l’idée et créé sa propre CRA sur l’axe Amiens-Proyart afin d’alimenter la bataille de la Somme, avec un trafic supérieur encore à celui de la Voie sacrée.


             Après son adaptation douloureuse au monde des tranchées, l’infanterie française subit une nouvelle transformation en 1916 sous l’influence de deux facteurs majeurs et contradictoires : l’arrivée de nouveaux équipements dont on espère un surcroît d’efficacité et son épuisement consécutif aux épreuves de l’année précédente. Paradoxalement, la bataille de Verdun malgré les pertes terribles qu’elle occasionne regonfle son moral. Il est vrai que pour la première fois depuis la fin de 1914, on y retrouve le goût de la victoire. Pour autant, et comme en témoigne la bataille de la Somme, si le combat de l’infanterie de la fin de 1916 n’a plus rien à voir avec celui du début de la guerre des tranchées, un trouble demeure. 

Le trouble des fantassins

            L’infanterie, bien que préservée dans la nouvelle doctrine, a plus de mal à s’y adapter que l’artillerie. Le changement de mentalité que le nouveau paradigme propose suscite des sentiments contradictoires chez beaucoup d’officiers de cette arme. Il signifie pour eux « désapprendre » que l’élan et l’à-propos des attaques peuvent suppléer à l’efficacité des feux. Ils craignent donc que leur arme se retrouve inhibée, perde ses qualités et sa prééminence. Pour autant, on ne conçoit plus d’offensive sans préparation d’artillerie préalable, mais on ne voit pas comment résoudre le problème de l’absence de surprise qui découle de cette même préparation, désespérément lente du côté allié. Il faut ainsi une semaine aux franco-britanniques pour préparer l’assaut sur la Somme en juillet, là où les Allemands peuvent se contenter d’une préparation d’artillerie de neuf heures seulement le 21 février devant Verdun. La tâche de l’infanterie française à l’attaque est donc rendue plus difficile et pour compenser cela on développe des procédés extrêmement centralisées et méthodiques, à l’opposé de sa culture depuis la Révolution française.

A la lumière des premiers combats de Verdun on s’aperçoit aussi que les Instructions de janvier 1916 sont mal appliquées. En juin encore, une note du GQG décrit des formations d’attaque de l’infanterie  encore trop denses et avec des vagues d’assaut composées d’hommes au coude à coude. Le terrain est toujours aussi mal organisé au cours de la bataille. Une note du 2 juillet 1916, est obligée de préciser que « l’organisation d’un terrain au cours de la bataille est une opération militaire qui, comme toute autre, ne peut réussir que si elle est conduite ».

De nouveaux équipements

            On espère néanmoins que l’environnement de feu d’appui et surtout l’apparition de nouveaux armements vont redonner un rôle efficace à l’infanterie en lui permettant de réduire plus facilement les nids de résistance. Non seulement, la dotation en mitrailleuses passe à 24 pièces par régiment (contre 6 en 1914 et 8 en 1915), mais on réussit aussi à se doter d’une « mitrailleuse offensive », c’est-à-dire transportable  pendant les assauts. Le fusil-mitrailleur Chauchat, qui tire la munition de 8 mm Lebel à une cadence de 250 coups/minute, arrive sur le front en mars 1916 à raison de huit par compagnie d’infanterie. Comme toutes les nouveautés à ce moment-là, l’arme est testée à Verdun, en l’occurrence lors de l’attaque du 22 mai sur le fort de Douaumont. Usiné trop vite et avec des matériaux de basse qualité, il connaît de nombreux dysfonctionnements surtout dans un environnement boueux. Il devient vite impopulaire mais, faute de mieux, le combat de l’infanterie française s’organise progressivement autour de lui.

L’infanterie souhaite également se doter de sa propre artillerie. Des essais sont faits avec des canons de 75 mm amenés au plus près de la première ligne mais les chevaux, seuls capables à l’époque de tirer ces pièces, ne peuvent y survivre. En attendant d’hypothétiques pièces automotrices ou tractées par des engins à chenilles, on se contente de modèles plus légers et donc moins puissants. Chaque compagnie reçoit 24 fusils lance-grenades Vivien-Bessière qui permettent d’envoyer des projectiles de 500 g jusqu’à 180 m. Chaque régiment reçoit également un puis trois canons de 37 mm capables de frapper un nid de mitrailleuses à 1 500 mètres avec un obus à grande vitesse initiale. La pièce est tirée par des chevaux jusqu’au plus près, puis à bras d’hommes sur le champ de bataille. Le premier lance-flammes français, le Hersent, et surtout les mortiers font également leur apparition. Le modèle pneumatique Brandt tire un obus à ailette à une distance maximum de 585 m. Les mortiers Jouhandeau-Deslandres de 75 mm (portée 1 000 m pour 46 kg) et surtout Stokes (portée 2 000 m) apparaissent plus tardivement. Cette deuxième phase d’équipement de l’infanterie française débute au printemps 1916 et se poursuit jusqu’au au milieu de 1917. Elle permet de combler en partie le retard technique sur l’artillerie, qui la première a effectué sa mutation, et de faire enfin jeu égal avec l’adversaire, qui se dote néanmoins de matériels équivalents.

La nouvelle physionomie du combat d’infanterie

Equipements, structures, méthodes et culture étant toujours en interactions, des apports matériels aussi importants que ceux de 1916 mais aussi les épreuves de l’année précédente, les apprentissages ou l’évolution sociale ne peuvent manquer d’avoir des conséquences profondes sur la physionomie générale du combat d’infanterie. La diversité des matériels entraîne le développement de la spécialisation et de l’interdépendance des hommes. La généralisation de l’emploi des grenades à main, par exemple, impose un travail d’équipe. Le grenadier est en effet très vulnérable pendant les lancers. Il faut, autour de lui, des camarades qui le protègent et d’autres qui l’approvisionnent en munitions. Dans l’infanterie, on passe en quatre ans de trois armes (fusil, pistolet, mitrailleuse) à neuf et à chaque introduction nouvelle cette division du travail s’accroît qui impose une solidarité nouvelle. On crée une infanterie industrielle, où la section devient une machine à « produire du feu » dans laquelle chacun des combattants est un rouage. La section d’infanterie devient la cellule d’emploi d’armes différentes et son chef acquiert une autonomie réservée jusque-là au capitaine commandant la compagnie. Mais si dans l’industrie, cette spécialisation apparaîtra rapidement après la guerre comme synonyme d’aliénation, voire d’abrutissement avec le travail à la chaîne, dans le contexte des tranchées, elle est une condition de survie. Elle introduit une plus grande efficacité des cellules tactiques mais surtout, comme cela a été évoqué, on crée ainsi, à l’instar des pièces d’artillerie, des liens mutuels qui s’ajoutent à l’accoutumance et à la camaraderie pour aider à « tenir ». Dans les offensives, les lignes à un pas d’écart ont disparu assez vite (mais restent longtemps dans les règlements) pour être remplacées par des groupes, au début improvisés par les hasards du terrain et de la bataille puis structurés et institutionnalisés. Les assauts se font toujours par vagues mais ces vagues associent des cellules de plus en plus autonomes.

            La pénurie d’hommes est le deuxième stimulant de l’évolution de l’infanterie. A la fin de 1915, l’infanterie française atteint son apogée avec 364 corps mais elle va désormais décroître jusqu’à l’armistice au rythme moyen de quatre régiments par mois. Elle devient ainsi une ressource rare et alors que l’industrie militaire commence à tourner à plein rendement, il devient préférable d’investir dans les matériels. Cette pénurie impose des transformations dans les structures. L’échelon brigade est dissout et la division est réduite progressivement à trois régiments (cela concerne un tiers des divisions à la fin de 1916). Du fait de cette nouvelle structure, chaque régiment d’infanterie peut être associé à un groupe d’artillerie de campagne et créer ainsi des liens étroits. Pour remplacer les deux brigadiers, un commandant de l’infanterie divisionnaire est créé, à l’imitation du commandant d’artillerie. Comme ce dernier, il peut recevoir des missions diverses comme commander un échelon de la division ou coordonner les troupes de première ligne et l’artillerie divisionnaire. Les méthodes de planification progressent énormément. Les divisions ne sont plus attachées à des corps d’armée particuliers, ce qui suppose que les  états-majors de ces derniers soient capables de commander des structures modulaires très variables, grand facteur de souplesse qui demande cependant une unicité de doctrine. 
 
L’« infanterisation » de la cavalerie

            L’échec de l’offensive de Champagne brise aussi les espoirs de chevauchées de la cavalerie, espoirs vite transférés cependant dans l’offensive prévue sur la Somme qui envisage toujours une exploitation. La pression sur les effectifs est cependant telle que, tout en se battant pour conserver un maximum d’escadrons à cheval, la cavalerie est obligée d’accepter de fournir du personnel aux armes déficitaires, comme l’infanterie, ou en cours de développement. En novembre 1915, 48 escadrons sont supprimés et 7 200 chevaux reversés dans d’autres armes, dont 4 000 dans l’artillerie. Le 21 mai 1916, deux divisions sont dissoutes, puis une troisième en août de la même année. A ce moment-là, la cavalerie a perdu environ la moitié de ses escadrons.

La cavalerie doit accepter également de se transformer partiellement et provisoirement en infanterie. Les six régiments à pied créés à partir d’août 1915 sont organisés comme des régiments d’infanterie. Leur belle tenue au feu leur permet de ne pas être versés directement dans l’infanterie et de conserver leurs attributs de cavaliers sous le nom de régiments de cuirassiers à pied (RCP). Les divisions de cavalerie ne possèdent plus à ce moment-là comme soutien d’infanterie que le groupe cycliste, élément de feu puissant, très mobile et qui a fait ses preuves, mais qui est ramené  de 400 à 200 fusils en 1916. Mais même les structures des unités à cheval doivent s’aligner peu à peu sur celle de l’infanterie. Ainsi lors de la mise à terre en vue du combat, les unités de cavalerie sont systématiquement fusionnées par deux et doivent adopter la terminologie des fantassins (deux pelotons deviennent une section, deux escadrons deviennent une compagnie etc.).  L’armement individuel est amélioré. De 1914 à 1917, le mousqueton du début est remplacé par trois modèles successifs de carabines. L’équipement de cavalier fait place à celui de l’infanterie avec outil portatif individuel, musette à grenades, masques à gaz et panneau de jalonnement. L’armement collectif suit la même progression, la dotation en armes automatiques passe d’une section de mitrailleuses par brigade à deux sections par régiment, plus six fusils-mitrailleurs et neuf tromblons V-B par escadron.

Surtout, l’arme s’engage dans la motorisation. Le 31 décembre 1915 déjà, 29 escadrons de dragons sont remplacés par des escadrons de groupes légers, possédant leurs véhicules automobiles et surtout, un groupe d’une douzaine d’automitrailleuses est mis en place dans chaque division de cavalerie. Un deuxième est formé en juin 1916. Tous ces changements finissent par donner à la division de cavalerie une puissance de feu équivalente à celle d’une division d’infanterie pour des effectifs inférieurs de moitié et une vitesse de déplacement double. La force mobile de choc devient ainsi  peu à peu une force mobile de feu.  


            La perspective d’une guerre longue, l’arrivée massive de matériels nouveaux et les nouvelles idées, imposent un intérêt plus prononcé de la part du GQG pour la structure d’instruction. En octobre 1915, Joffre ordonne de « réduire au strict minimum les forces laissées en première ligne pour permettre de perfectionner l’instruction des troupes ». On distingue désormais une ligne des armées, des réserves de groupes d’armées, à environ 20-30 km du front, et des réserves générales (placées près d’une voie ferrées). Cette nouvelle organisation, associée à la part du front de plus en plus importante prise en compte par les Britanniques, permet de dégager du temps libre pour l’apprentissage et l’entraînement dans les camps qui sont créés dans chaque armée. Il se met en place une sorte de « 3 x 8 » enchaînant périodes offensives, repos et secteur calme. L’année 1916 se partage ainsi, pour la 13eDI, en 93 jours de bataille (Verdun et La Somme) contre plus de 200 en 1915, 88 jours de secteur et le reste en repos-instruction.

L’archipel des centres d’instruction

            En 1916, les états-majors de groupes d’armées, organismes stables, sont largement à l’origine de la prolifération de cours, écoles et centres d’instruction. Le GAN possède sa propre école d’Etat-Major pour la formation des jeunes officiers de réserve ou d’active. Ils y apprennent la guerre scientifique moderne : calcul rigoureux des besoins en munitions d’artillerie par mètre de front attaqué, des rondins nécessaires à la construction des abris et des positions de batteries, du nombre de baraques indispensables aux camps destinées aux troupes en réserve, aménagement des gares de ravitaillement, des constructions indispensables au service de santé, etc. Le GAN crée un cours d’artillerie lourde et, dans chaque armée, un cours d’artillerie de campagne et de tranchées avec des champs de tir. Surtout, les centres d’instruction d’Amiens et de Montdidier permettent de donner la bonne parole à des centaines d’officiers avant l’offensive sur la Somme. Pétain, commandant du groupe d’armées du Centre (GAC) depuis le 2 mai, est passionné par ces questions et il multiplie également les initiatives. En août 1916, il crée un Centre d’études du génie où on expérimente les nouveautés, puis, dans le giron de ce centre, une Ecole d’instruction du génie pour les officiers subalternes. D’autres centres d’instruction, comme celui des observateurs en avions à Matougues sont mis sur pied. Dans chaque armée du GAC, on crée une école de chefs de bataillon et des centres d’instruction pour hommes de troupe (écoles de mitrailleurs, de fusiliers-mitrailleurs, de grenadiers, d’agents de liaison). Les officiers d’état-major des IVe et Ve armées sont envoyés en stage dans les grandes unités en action devant Verdun. De nombreux bulletins de renseignements (aviation, 2e bureau, aides-mémoire, etc.) sont répandus dans les unités. Un grand camp de manœuvre est mis en place dans chaque armée avec toute une infrastructure adaptée (reproduction de tranchées, réseaux téléphoniques, dossiers d’exercices, etc.). Le camp de Mailly est étendu de façon à ce qu’un corps d’armée français à trois divisions puisse y travailler.

Le 18 août 1916, paraît une note sur l’Instruction des grandes unités dans les camps dont les principes perdurent jusqu’à la fin de la guerre. Le 4 septembre 1916, deux ans après le début de la guerre, paraît la note sur L’organisation de l’instruction dans les armées qui s’inspire largement de l’exemple du de Pétain au GAC. L’instruction des différentes spécialités est répartie entre les différents échelons de commandement. Lors d’opérations actives, certaines écoles peuvent être momentanément supprimées. Un poste d’officier supérieur chargé de l’instruction est créé aux échelons de l’armée et du corps d’armée. A l’échelon de l’armée, il s’agit d’un officier ayant commandé une unité d’infanterie au combat, assisté d’un adjoint artillerie et d’un adjoint génie.

Ce qui est aussi nouveau à l’époque, c’est que les commandants des groupes d’armées ne se contentent plus, à l’instar du GQG, de donner des directives. Ils effectuent aussi eux-m^mees tout un travail d’explications. Déjà en décembre 1915, Foch avait convoqué tous ses officiers généraux à Estrées-Saint-Denis pour leur expliquer les principes nouveaux. Maintenant il visite les divisions dans les camps d’instruction et parle aux officiers. Ce n’est pas inutile. Weygand décrit, par exemple, la nécessité de l’implication personnelle de Foch pour imposer le système de défense contre les bombardiers ennemis imaginé par le commandant Pagézy et qui doit faire appel à plusieurs armes (réseau de guet, batteries antiaériennes, avions de chasse, sections de ballons de protection).

Inspecteurs et CID

            Deux autres mesures de 1916 vont faciliter les évolutions. La première est la reconstitution des inspections, tombées en désuétude avec la guerre, afin de contrôler les compétences de chaque unité mais aussi de rationaliser les évolutions et de diffuser les bonnes pratiques. L’artillerie ouvre la voie en créant une inspection pour chacune de ses composantes. Elle est suivie par l’inspection technique des chars d’assaut et l’inspection générale des écoles et dépôts d’aviation.

L’autre innovation importante de 1916 est la création dans chaque division d’un centre d’instruction (centre d’instruction divisionnaire ou CID). Dans tous les bataillons, chaque 4e compagnie d’infanterie a été remplacée par une compagnie de mitrailleuses, plus réduite. Le surplus de cadres qui s’en dégage est affecté dans le CID. Ce centre, base d’instruction mobile de la grande unité, permet d’accueillir les recrues en provenance des dépôts de garnison de l’intérieur, avant de les envoyer directement dans les unités combattantes. Elles y rencontrent des cadres vétérans, des convalescents ou des blessés de retour de convalescence. Les cadres de leurs futures compagnies viennent les visiter. Cette innovation est accueillie favorablement car les avantages sont multiples. Les hommes ne sont pas envoyés directement sur une ligne de feu qui, sans la confiance dans des compétences qu’ils ne possèdent pas ou dans des amitiés qui n’existent pas encore, les broierait psychologiquement et souvent physiquement. Cette injection directe avait même souvent pour effet d’affaiblir l’unité constituée en introduisant des éléments d’incertitude et en donnant un surcroît de travail et de risque aux cadres. Ce processus plus lent permet de s’initier progressivement aux conditions réelles du combat pour les nouveaux et de « retrouver l’esprit du front » pour les convalescents. Le dépôt divisionnaire permet l’apprentissage des armes nouvelles et des procédés. Il constitue à la fois un foyer d’instruction et à proximité des corps de troupe, une première réserve de renforts instruits, prêts à être versés à l’avant.


Lorsque commence l’offensive de la Somme, le 1er juillet 1916, l’armée française s’est profondément transformée depuis son échec en Champagne en septembre 1915. C’est en réalité la troisième métamorphose qu’elle connait en deux ans, après l’adaptation rapide aux réalités de la guerre moderne en 1914 et la première adaptation à la guerre de tranchées de l’hiver 1914 à celui de 1915. Outre l’injection exogène de ressources nouvelles, cette nouvelle évolution en profondeur s’effectue en interne sous la double pression des nécessités de la bataille de Verdun, avec la IIe armée, commandée par Pétain et surtout Nivelle, comme laboratoire tactique, et des idées de l’état-major du GAN. On y voit pour la première fois, la mise en place d’une boucle complète d’évolution depuis la remontée des retours d’expérience, la confrontation des idées, leur synthèse dans une doctrine et l’application de cette doctrine par le biais de tout un réseau de formation. L’information circule bien, et sa transformation de Pratique en Doctrine (édification des règlements à partir de l’explicitation de ce qui se fait ou devrait se faire), puis de Doctrine en Pratique (assimilation des règlements et changement des habitudes) est désormais bien établie. Pour autant, cette transformation est encore insuffisante pour prendre l’ascendant sur un ennemi qui connaît par ailleurs un processus de transformation similaire. La résistance à Verdun et les combats de la VIe armée sur la Somme en juillet témoignent déjà du rattrapage tactique sur l’armée allemande. Il faut attendre encore une quatrième transformation, celle du deuxième semestre 1917 pour s’assurer de la victoire. 

mardi 9 février 2016

Nouveaux conflits-Levant violent : Une brève histoire militaire de la guerre en Syrie et en Irak (2011-2016)


La série "Nouveaux conflits" reprend et développe mes analyses sur les conflits des années 2000. Chacune de ces notes fait environ 20 pages et 10 000 mots. 

Ce nouveau document est consacré aux évolutions stratégiques, opérationnelles et tactiques en Syrie et en Irak de 2011 à février 2016. 

Cette analyse est disponible en format pdf (ou Word sur demande) à goyamichel@gmail.com et au prix qu'il vous plaira (bouton paypal en haut à droite sur ce blog). Toutes les remarques et corrections sont les bienvenues. 

Elle est disponible ici en format Kindle sur Amazon (je rappelle que ce format peut être lu sur ordinateur avec un logiciel gratuit disponible sur Amazon).


Les premiers numéros étaient consacrés aux évolutions stratégiques et tactiques durant la guerre en Irak (2003-2009) (disponible  ici ou sur demande) et aux conflits entre Israël et le Hamas (2008-2014) (ici ou sur demande).