Les prises de position libres sur la défense sont suffisamment rares pour être signalées même si elles ne correspondant pas forcément à ses propres opinions. Dans Quelle défense pour la France ? André Yché, ancien pilote et ancien contrôleur général des armées, livre sa vision de la politique de défense en France à partir d’une longue analyse géo-historique.
Là où je le rejoins c’est dans l’idée que les forces armées ne sont qu’un outil parmi d’autres, comme l’influence culturelle, au service d’une stratégie de puissance adossée à une véritable vision géopolitique. Ce qu’il montre très bien par ailleurs c’est la priorité qui a toujours été accordée à l’Europe dans le cadre de cette politique de puissance, au détriment des intérêts lointains. Cette priorité elle-même a fortement modelé les conceptions de l’emploi des forces par les armées elles-mêmes mais aussi par l’ensemble de la nation. La fin de la guerre froide place ainsi la France dans la situation inédite et troublante d’insularité stratégique. Par inertie intellectuelle et par le poids de programmes d’armement hérités de la guerre froide, notre défense continue à observer la lumière résiduelle d’un astre mort et reste encore fondamentalement organisée pour combattre des armées conventionnelles à nos frontières. Il est temps d’admettre enfin qu’à l’instar de l’Angleterre impériale nos intérêts à défendre sont forcément au loin et que notre outil militaire se doit de s’intégrer à cette vision lointaine, dans l’espace comme dans le temps.
Lorsqu’il s’agit ensuite de définir l’outil militaire adéquat, André Yché propose simplement de sacrifier l’armée de terre dont l’emploi est jugé à la fois couteux, inefficace et impopulaire afin de financer une pure force de projection de puissance copie à échelle réduite de l’US Navy et de l’US Air force. Et s’il faut agir au sol, ce qui ne paraît pas évident à l’auteur, forces spéciales et sociétés militaires privées suffiront bien. Il reprend ainsi à son compte, les théories les plus extrêmes des tenants de la guerre à distance malgré leur bilan opératoire plus que mitigé depuis vingt ans. L’auteur affirme ainsi, il est vrai sans grand risque, des conceptions que beaucoup d’autres se contentent de véhiculer dans les couloirs tout en fustigeant les « dangereux extrémistes » et « lobbyistes » qui expriment des doutes sur le « tout frappes ». Il a au moins le mérite de pouvoir susciter un débat ouvert.
Peut-on considérer que l'armée de terre est coûteuse quand on voit le prix de l'heure de vol d'un rafale, et le prix d'un de ses missiles ?
RépondreSupprimerEt bien je pense que mon point de vue actuel n'est pas très éloigné de ce monsieur. Sauf que je n'irai pas aussi loin que lui concernant l'Armée de Terre pour garder une stricte force de corps expéditionnaire. Car le sguerres à venir pour nous Européens, seront de sguerres de Corps Expéditionnaires. Les conflits à venir seront des conflits entre vieille spuissances et les émergeantes et à la première desquelles, la Chine, et en terrain "neutre" (Afrique par exemple et très sûrement).
RépondreSupprimerS'il y a la guerre à nos portes, ce n'est pas 900 gugusses professionalisés dans 300 leclerc qui arrêteront les hordes mongoles, mais de l'appelé par dizaine de millier... Rappelé à la hâte et équipant de l'AMX 40 bon marché construit en grande série (le proto développé à partir de l'AMX 30 rallongé pour être à jour dans les années 80) et avec un fusil pour deux pour refaire Verdun sur le pont de Kehl transformé en stalingrad indigène.
Garder les Troupes de Marine et la Légion en quelque sorte, et les "durcir" et "muscler" pour développer le maritime et surtout l'aéronaval (l'armée de l'air, à la limite, pourrait se contenter d'une centaine d'appareil, grand grand maximum, 70 plus raisonablement, pour faire de la stricte interdiction, cependant qu'on multiplierait pas 4 les capacités aéronavales et avec 50 zincs par PA, pas 20 pour faire rigoler la galerie). Transmettre l'ALAT à la Marine de même pour la transformer en ALMN, et basée sur PH.
Il me semble que cette théorie de l'action expéditionnaire relève de la conception la plus simpliste du "problem solving" de nos amis d'outre-Atlantique. Les crises n'ont jamais été réglées, et ne seront probablement jamais réglées par des destructions infligées dans un laps de temps limité. Or, c'est l'essence même de la guerre expéditionnaire ainsi qu'elle est définie aujourd'hui.
RépondreSupprimerDe cette manière, on ne peut que changer un état d'équilibre, pour laisser le champ libre à des forces que l'on ne contrôle pas. On n'a pas fait autrement en Lybie, et qui peut dire quels leviers nous avons sur l'évolution de ce pays maintenant ?
Pour peser, il faut être présent sur les points essentiels, et il faut pouvoir faire jouer le temps pour soi. Qu'on m'explique comment faire cela avec des forces d'échantillons comme l'intervenant précédent les conçoit, et j'adhère !
Un indécrottable terrien.