L’opération Diodon a coûté la vie à 89 soldats français
en dix-mois de septembre 1982 à mars 1984 pour un bilan humiliant. C'est la plus grande défaite militaire
de la France depuis la fin de la guerre d’Algérie.
Une micro-guerre mondiale
Lorsque les
Occidentaux interviennent à Beyrouth en 1982, la guerre civile libanaise dure
déjà depuis sept ans. Ce conflit est d’abord un affrontement entre le Front
libanais chrétien et la coalition islamo-progressiste, alliée aux Palestiniens
dont l’archipel des camps constitue un proto-Etat autonome. Les combats sont
particulièrement violents dans la capitale, coupée en deux entre l’ouest
musulman et l’est chrétien par une « ligne verte ». La guerre prend vite
une dimension régionale avec l’alliance des chrétiens maronites et de la Syrie
qui intervient militairement en 1976 et occupe Beyrouth. Conformément aux
accords de Riyad (novembre 1976) l’armée syrienne est inclue dans la Force
arabe de dissuasion (FAD) reconnue par tous les belligérants.
Les combats
s’arrêtent jusqu’à ce que le parti Kataëb de Bachir Gémayel s’impose par la
force aux autres mouvements chrétiens et se retourne contre les Syriens vus
désormais comme des occupants. Les combats reprennent en février 1978. En mars,
l’armée israélienne lance une opération limitée jusqu’au fleuve Litani pour
détruire les organisations palestiniennes qui se servent du territoire du
Sud-Liban comme base d’opérations. La Force intérimaire des Nations unies au
Liban (FINUL) est mise en place. Elle n’empêche en rien les Israéliens de
revenir une nouvelle fois en juin 1982 avec des moyens et des ambitions beaucoup
plus importants. En une semaine, l’armée israélienne repousse l’armée syrienne dans
la plaine de la Békaa et assiège les combattants de l’Organisation de
libération de la Palestine (OLP) réfugiés dans Beyrouth Ouest. Il y a alors
150 000 combattants de dix-huit nationalités (dont les 8 000 Casques
bleus de la FINUL) sur un territoire grand comme le département de la Gironde. Bachir
Gémayel devient Président de la république du Liban porteur de l’espoir de
règlement des conflits entremêlés.
La force multinationale d’interposition
Le 12 août,
après deux mois de siège et alors que la tension est à son comble au Proche
Orient, les Etats-Unis imposent l’idée d’un cessez-le-feu et l’envoi à Beyrouth
d’une force multinationale d’interposition (FMI) afin de protéger le départ
simultanée de l’OLP et de l’armée israélienne. La France et l’Italie
acceptent d’y participer. La mission de cette FMI, limitée à un mois et à un
volume de 2 000 hommes, est triple : assurer la sécurité physique des
combattants palestiniens en instance de départ de Beyrouth, assurer la sécurité
physique des autres habitants de la région de Beyrouth et y favoriser la
restauration de la souveraineté du gouvernement libanais. La FMI est une force
d’interposition, finalement guère différente dans son esprit de la FINUL , à ce détail près que
les contingents restent sous commandement national.
L’aéroport
étant aux mains des Israéliens, c’est par le port que la FMI pénètre dans Beyrouth.
Pour les Français, c’est l’opération Olifant qui mobilise une partie
importante des moyens de la
Marine nationale depuis Toulon et le port chypriote de
Larnaka. Les légionnaires du 2e Régiment étranger de parachutistes (REP)
sont les premiers à débarquer, le 21 août, pour sécuriser le port jusqu’à la
relève par les Américains, le 25. Le 26, le reliquat des forces françaises et
le contingent italien viennent compléter le dispositif. Avec 850 hommes, les légionnaires
et marsouins de l’opération Epaulard constituent le contingent le plus
important.
Le départ des
combattants palestinien par mer s’achève sans incident le 31 août avec
l’évacuation de Yasser Arafat. Le détachement français est alors sur la ligne
verte pour escorter les convois évacuant les Palestiniens et certains éléments
syriens en direction de la Syrie. Au
1er septembre, 11 000 membres de l’OLP ont été évacués dans le
monde arabe. La FMI ,
et le 3e Régiment parachutiste d’infanterie de marine (RPIMa) en
premier lieu, aide alors la petite armée libanaise à reprendre le contrôle de
Beyrouth Ouest. Grâce au petit détachement du 17e Régiment de génie
parachutiste (RGP) les rues sont dépolluées tandis que la population revient
dans les quartiers placés sous la protection des Français.
La mission est
cependant interrompue plus tôt que prévu par la décision unilatérale des
Américains qui décident de mettre fin à leur participation le 10 septembre, suivis
deux jours plus tard par les Italiens. La France, accusée par ailleurs d’être
trop favorable aux Palestiniens, peut difficilement poursuivre seule.
L’opération Epaulard prend fin le 13 septembre. Au prix de trois
marsouins blessés, elle est considérée comme un succès.
La mise en
place d’un colosse aux pieds d’argile
Le lendemain
même du départ des derniers français, Bachir Gémayel est assassiné. L’armée
israélienne en repli revient immédiatement dans Beyrouth et cerne les camps de
réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila où on soupçonne la présence
résiduelle de combattants de l’OLP. Le 16 septembre, des phalangistes
chrétiens, partisans de Gémayel, pénètrent dans les camps et se livrent pendant
deux jours au massacre de civils (le nombre des victimes varie entre 700 et 3 500).
L’émotion est immense dans le monde entier.
Le 19
septembre, le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte la résolution 521
qui propose l’intervention d’une nouvelle force multinationale. Celle-ci est
demandée le même jour par le gouvernement libanais. La FINUL propose
d’intervenir mais cette solution ne plait ni aux Israéliens ni surtout au
gouvernement libanais, sceptique sur l’efficacité des Casques bleus. Sous l’impulsion
des Etats-Unis, toujours soucieux d’accroître leur influence dans la région,
les trois alliés de la FMI
et le Liban s’accordent par échanges de lettres sur le retour de leurs
contingents. Il est bien proposé à d’autres pays de participer à la force mais
seuls les Britanniques y répondront en envoyant une unité de renseignement
d’une centaine d’hommes en février 1983. Le 24 septembre, la Force Multinationale
de Sécurité à Beyrouth (FMSB) est créée et commence à se mettre en place dans
Beyrouth Ouest. Sa mission principale, sans limite de temps, est d’appuyer les
forces armées du gouvernement libanais dans la protection des populations
civiles dans Beyrouth et ses alentours. Le caractère très large de cette
mission laisse cependant place à autant d’interprétations que de membres. Si
tout le monde est d’accord pour aider matériellement les forces armées
libanaises (FAL), les avis divergent sur l’emploi des forces.
Pour l’administration
Reagan, soucieuse d’éviter la qualification de guerre ou d’opération de guerre
qui nécessiterait un vote du Congrès, la FMSB a une fonction essentiellement dissuasive. Les
1 200 Marines s’installent autour de l’aéroport au sud de Beyrouth ouest,
avec des moyens lourds, chars de bataille, pièces d’artillerie, hélicoptères
d’attaque, etc. mais avec de grandes restrictions dans l’ouverture du feu et la
consigne de ne pas bouger de ses emprises. Les 1 200 Italiens sont au
centre du dispositif et se concentrent sur la surveillance des camps
palestiniens de Chatila et Bourj-el-Brajneh et l’aide humanitaire.
Au Nord, les 1 160
Français l’opération Diodon sont renforcés au bout de quelques jours par
un bataillon « prêtée » par la FINUL et un autre venu de métropole en
février 1983, pour atteindre un effectif total de 2 000 hommes, relevés tous
les quatre mois. Répartis sur 35 postes et reprenant des habitudes héritées des
opérations en Afrique, ce sont les seuls à aller sciemment au contact de la
population que ce soit par une présence « militaire » (points de
contrôle, patrouilles, missions de dépollution) ou plus informelle (achats
auprès des commerçants locaux, footings, aides à la population, etc.). Cette
approche permet de montrer la force à la population et, surtout, par les
renseignements et la sympathie qu’elle procure, elle apporte une
« protection invisible » souvent plus efficace que les murs de sacs à
terre.
Les Français,
comme les Italiens, peuvent faire usage de leurs armes pour leur autodéfense et
protéger les camps palestiniens (le camp de Sabra est dans la zone française) mais,
contrairement aux Américains, aussi pour appuyer les FAL. Dans les faits, les
règles seront très restrictives. Le « soldat de la paix », concept
nouveau, n’est pas là pour combattre.
Cette force à
terre en appui des FAL, est elle-même appuyée par une puissante force navale
croisant au large de Beyrouth. Pour la France, la force Olifant comprend un groupe aéronaval permanent, centré autour d’un
des deux porte-avions Foch et Clemenceau qui se succèdent et d’une
force amphibie comprenant en général deux transports de chalands de
débarquement (TCD). Au total, la force multinationale, à terre et en mer,
mobilise aux alentours de 20 000 hommes. Elle souffre cependant de trois
faiblesses : les divergences déjà évoquées et qui ne seront pas corrigées par
une direction commune, l’absence d’accord sur sa présence avec les acteurs
politico-militaires locaux et régionaux et surtout l’absence de volonté réelle
d’engagement au combat pour soutenir le gouvernement libanais.
Le début de la
mission est pourtant encourageant. Le 1er octobre 1982, par une
cérémonie organisée place du Musée, lieu symbolique de combats entre les deux
Beyrouth, le Président Amine Gemayel, frère ainé de Béchir, élu le 21
septembre, consacre la réunification de la capitale. Equipée et entrainée par
les Alliés, l’armée libanaise prend une certaine consistance et se déploie à
nouveau dans l’ensemble de la ville. Une prise d’armes réunit les contingents
de la FMSB et
des FAL. C’est le point culminant de l’action de la FMSB alors que des phénomènes
souterrains sont à l’œuvre.
Le retour de la Syrie et l’arrivée de l’Iran
En même temps qu’elle participe à la FMSB , la France a un contentieux financier avec Téhéran
(elle refuse de rembourser le prêt d’un milliard de dollars accordé par le Shah)
et, comme les Etats-Unis, elle aide militairement l’Irak dans sa guerre contre
l’Iran des Mollahs. Début octobre 1983, elle fournit même cinq avions
Super-Etendard (livrés par le porte-avions Clemenceau) aux Irakiens. On ne
perçoit pas alors que l’Iran est capable de frapper par procuration au Liban
grâce à son influence sur la milice chiite Amal et surtout grâce au Hezbollah,
création commune avec la Syrie.
Cette cécité stratégique se double d’une cécité tactique. Si le suicide est prohibé dans les actes
et paroles du Prophète, il imprègne, sous la forme du sacrifice et de martyr (shahid),
tout l’islam chiite depuis la mort de Hussein ibn Ali, « roi des
martyrs », à Kerbala en 680. Le premier emploi systématique de combattants
suicides est le fait de Chiites ismaéliens connus sous le nom
d’ « assassins » qui firent régner la terreur dans le califat de
Bagdad et la Palestine
du XIe au XIIIe siècle. Les combattants suicide sont remis
au goût du jour lors de sa guerre entre l’Iran et l’Irak à partir de 1980. Le
premier attentat suicide moderne avec emploi d’explosif est le fait de membres d’Amal,
le 15 décembre 1981, contre l’ambassade irakienne à Beyrouth puis le
quartier-général israélien à Tyr en novembre 1982. Le 18 avril 1983, un pick-up
chargé d’explosifs s’écrase contre l’ambassade américaine. Le bilan est
terrible : 63 personnes sont tuées, dont
17 américains. L’enquête qui a suivi n’a pas permis pas de déterminer avec
certitude le commanditaire de l’attaque, mais les soupçons se portent sur Imad
Moughniyah, un important membre du Hezbollah.
La situation
évolue rapidement à partir de l’été 1983. La milice d’Amal, alliée de la Syrie, tente de pénétrer dans les quartiers de Beyrouth-Ouest
mais elle est refoulée par les FAL. La
FMSB n’a pas bougé malgré sa mission d’appui aux FAL. Cela ne
l’empêche pas d’être frappée notamment le 31 août lorsque le bombardement de
l’ambassade de France tue quatre soldats et un policier français. Le 4 septembre,
l’armée israélienne évacue soudainement les montagnes du Chouf, au sud-est de
Beyrouth. Le vide est occupé par les Druzes du Parti socialiste progressiste
(PSP) alliés de la Syrie
et qui se trouvent désormais à portée d’artillerie de la capitale libanaise.
Les combats avec les FAL sont très violents dans le secteur de Souq El-Gharb à
quelques kilomètres au sud de la capitale. Le 11 septembre, pour appuyer
l’armée libanaise en posture délicate et protéger ses forces de la menace
d’artillerie, le département d’État américain autorise ses troupes à riposter
et à faire appel à l’appui naval et aérien. C’est chose faite les 19 et 20
septembre. Le 22 septembre, c’est au tour des Français de faire appel aux
forces navales pour lancer un raid de huit Super-Etendards pour anéantir une
batterie druze au-dessus de Beyrouth à Dour El-Cheir.
La FMSB est
ainsi entrée malgré elle dans la guerre, en sortant par ailleurs du cadre prévu
initialement pour l’emploi des forces. Les frappes de l’US Navy, qui se renouvelleront une fois en décembre et trois fois en
février 1984, dépassent le cadre géographique du Grand Beyrouth et le raid
français, survenant cinq jours après un bombardement qui a tué deux soldats à
la résidence des Pins, n’est plus de la légitime défense. La FMSB continue pourtant à conserver
l’illusion de la neutralité en n’engageant pas les forces terrestres. Tous les
partis opposés au gouvernement libanais et son armée, considèrent désormais la FMSB comme hostile. Au bilan,
alors que la France
ne déplore qu’un mort, seize seront tués du 22 juin au 23 octobre. Les pertes
françaises sont le double de celles des Américains alors que les Italiens ont un
soldat tué.
Pour réduire la
vulnérabilité des forces françaises celles-ci sont regroupées. C’est ainsi que
lorsque la 3e compagnie du 6e Régiment d’infanterie
parachutiste (RIP), formée d’appelés volontaires du 1er Régiment de
chasseurs-parachutistes (RCP), débarque
le 27 septembre, elle est affectée toute entière dans un immeuble de huit
étages face à la plaine des Jhah et du quartier Chatila, à quelques centaines
de mètres de l’Ambassade d’Iran. Le bâtiment, baptisé Drakkar par le commandant
de la compagnie, le capitaine Jacky Thomas, a été occupé par les Syriens
l’année précédente et dépollué par les sapeurs du 17e RGP. A la
mi-octobre, la situation se tend encore. A ce moment-là, Téhéran a déjà ordonné aux Gardiens de la Révolution présents au Liban d'attaquer les Français et les Américains à Beyrouth. Imad Moughniyah, chef de l'Organisation du Jihad islamique, est chargé de l'exécution de la mission.
L’attaque de drakkar
Le 22 octobre au soir,
le capitaine Thomas a mis en alerte ses sections. La nuit est pourtant calme
jusqu’à 6h17 lorsque la sentinelle en observation sur le toit de Drakkar voit
exploser le quartier-général des forces américaines. Sept minutes plus tard, un
camion chargé d’explosifs (la charge de plusieurs missiles de croisière) force
l’entrée du poste jusqu’à la rampe d’accès de l’immeuble. A 6h30, Drakkar
n’existe plus. Les Américains ont perdu 241 hommes (plus que pendant la
première ou la deuxième guerre contre l’Irak) et les Français 58 dont 55 du 1er
RCP et 3 du 9e RCP. Quinze autres sont blessés. Seuls vingt-six
hommes de la compagnie sont indemnes car occupant un poste à l’extérieur à ce
moment-là ou, pour trois d’entre eux, en allant chercher des croissants. Américains
et Français n’ont plus subi autant de pertes en une seule journée depuis les
guerres du Vietnam et d’Algérie.
L’implication de la Syrie
et de l’Iran parait évidente mais aucune preuve formelle ne sera avancée. La France,
malgré la demande de plusieurs députés, ne constituera jamais de commission
d’enquête laissant le champ libre à plusieurs théories alternatives dont celle
de l’immeuble piégé par les Syriens avant de l’abandonner.
Pendant quatre
jours et quatre nuits, les sauveteurs s'acharnent pour tenter d’extraire ce qui
reste de vie de cet amas de pierres. Le président François Mitterrand se rend
sur place le 24 octobre pour apporter son soutien au contingent français. Le
trouble est immense. Le ministre de la défense déclare que la France n’a pas d’ennemi au
Liban, ce qui fait dire au général Cann que ses hommes « ont été tués par
personne ». Le 4 novembre, c’est au tour de l’armée israélienne de perdre
50 hommes dans une autre attaque suicide.
En représailles,
« non pas pour se venger mais pour
que cela ne se reproduise pas », le Président Mitterand fait
déclencher l’opération Brochet le 17 novembre 1983. Huit
Super-Etendard de la Marine
nationale décollent du porte-avions Clemenceau
et effectuent un raid sur la caserne Cheikh Abdallah, une position des Gardiens de la Révolution islamique
et du Hezbollah dans la plaine de la Bekaa. Les avions français
larguent 34 bombes de 250 kg
et 400 kg
sur une position opportunément évacuée quelques minutes plus tôt. La rumeur
prétend que les occupants ont été avertis par une source française au Quai d'Orsay. Ce sera de toute façon la seule véritable réaction française. Ce sont les Américains et les Israéliens qui tueront, bien plus tard, Imad Moughniyah.
Le 20
décembre, la marine française évacue 4 000 combattants palestiniens de
Tripoli. Le lendemain, une nouvelle attaque à la voiture piégée a lieu contre
le PC du 3e RPIMa. La voiture est arrêtée par les merlons de terre
mais les 1 200 kilos d’explosif tuent un parachutiste et treize civils. On
compte également plus de 100 blessés dont 24 Français.
Une fin sans gloire
Dès lors, la
priorité n’est plus à la protection des populations ou à la restauration de
l’Etat libanais mais à l’autoprotection, ce qui finit de couper la force de la
population. Du 15 décembre 1983 au 15 janvier 1984, les postes français sont
regroupés sur deux pôles, au centre de Beyrouth et sur la ligne verte, tandis
qu’une batterie de cinq canons automoteurs de 155 mm AMX-13 est amenée de
France. En février 1984 à l’occasion de la relève de la 11e division
parachutiste par les marsouins de la 9e Division d’infanterie de
marine (DIMa), le bataillon emprunté à la FINUL lui est rendu et le contingent à Beyrouth
passe de 2 000 à 1 200 hommes regroupés sur une dizaine d’emprises.
Le début du
mois de février est l’occasion de nouveaux combats dans la capitale. L’armée
libanaise se désagrège dans la montagne face aux Druzes de Walid Joumblatt et
dans Beyrouth face aux chiites d’Amal.
La force multinationale impuissante soutenant une armée fragile au service d’un
Etat faible n’a plus de raison de perdurer sinon pour prendre des coups qu’elle
ne pourra rendre malgré ses cuirassés, porte-avions et ses hélicoptères
d’attaque. La France
propose pourtant de remplacer la
FMSB par une force des Nations-Unies, qui, d’évidence, aurait
été encore plus impuissante. Les Alliés évacuent Beyrouth en ordre dispersé,
Britanniques en tête le 8 février, suivis par les Italiens le 20 et les
Américains le 26, arguant simplement d’un « bond de trois à quatre
kilomètres à l’Ouest » sur les bâtiments de la
Navy. Le
29 février, le veto soviétique met définitivement fin au projet français de
force des Nations-Unies. Isolée, la
France n’a plus d’autres choix que de se replier également
car, selon les mots du Président de la République , « elles
ont rempli leur mission ». Du 22 au 31 mars, les Français évacuent
Beyrouth (opération Carrelet). La mission de la FMSB prend fin officiellement
le 31 mars 1984 après dix-huit mois d’existence.