Egalement sur le site Pensée Mili-Terre
L’objet de cet article
est de réunir en une équation simple les facteurs de la puissance militaire à
partir de l’observation des conflits du XXème siècle.
L’importance de la qualité au niveau tactique
La qualité mesure
l’efficacité moyenne des cellules tactiques conçues comme des combinaisons
d’hommes et d’équipements agissant dans des contextes particuliers. Ce trinôme
signifie par exemple que des matériels aux performances intrinsèques
importantes peuvent devenir parfaitement inutiles dans un combat réel. En 1917,
les Français ont été effrayés en constatant que le fusil antichar de 20 mm que venaient de
concevoir les Allemands pouvait percer tous les chars en dotation. En réalité
cette arme miracle n’a permis de détruire que deux chars légers en deux ans car
elle demandait de prendre une longue visée devant un char mobile à 100 m et son recul était si
fort qu’elle pouvait casser l’épaule du tireur. Autrement dit, cette arme
n’était pas adaptée aux hommes. Inversement, des soldats compétents et
courageux peuvent servir des matériels obsolètes comme les équipages de chars
M-13 italiens pendant la campagne d’Afrique du Nord (1940-1943)[1].
Mais surtout ces
combinaisons sont opposées à des combinaisons adverses. Le corps de bataille
chinois qui s’infiltre en Corée du Nord en octobre 1950 est composé uniquement
de troupes d’infanterie mal équipées, sans armements lourds, sans moyens de
transmissions et avec une logistique très légère. Les Américains, qui
bénéficient de la suprématie aérienne et d’une puissance de feu terrestre vingt
fois supérieure, sont certains de la victoire. En réalité, les Chinois
bénéficient d’«avantages comparatifs» humains qui leur permettent de plus que
compenser leur infériorité matérielle: mobilité tout terrain et notamment
montagneux alors que les Américains restent liés aux routes, art du camouflage,
meilleure aptitude au combat de nuit, rusticité et capacité de sacrifice très
supérieure. La confrontation initiale est désastreuse pour les Américains.
S’il est facile de
trouver des batailles où ce facteur qualitatif a été déterminant, cela est
toutefois beaucoup plus difficile à l’échelon stratégique et même opératif
(outre l’exemple chinois en Corée, la résistance finlandaise durant l’hiver
39-40 peut, dans une certaine mesure, être citée), ce qui signifie qu’à partir
d’une certaine échelle, la qualité perd de son importance face au nombre.
La supériorité du nombre à partir d’un certain seuil
En 1916, dans son
article Mathematics in warfare, le
mathématicien britannique Frédérick Lanchester a montré que l’accroissement du
rapport de forces permettait d’obtenir une efficacité plus que proportionnelle.
La différence de qualité peut permettre de compenser le phénomène mais jusqu’à
un certain seuil seulement. En 1944, 3 chars Tigre peuvent vaincre 10 chars
Sherman mais cela est plus difficile à 30 contre 100 et devient pratiquement
impossible à 300 contre 1000, ne serait-ce que parce que les Tigre ne peuvent
être partout à la fois.
À une autre échelle,
les trois corps d’armée professionnels britanniques sont largement les
meilleures troupes du front occidental en août 1914. Cela leur permet de
stopper la 1ère armée
allemande le 23 août à Mons mais c’est pour eux le seul fait marquant de cette
campagne où les Allemands ont engagé 31 corps. Notons que l’armée allemande
elle-même a joué sur le facteur qualitatif en n’incorporant, jusqu’en 1912
inclus, que la moitié de son contingent. Ce faisant, en août 1914, elle s’est
retrouvée en légère infériorité numérique sur le front Ouest et a fini par
perdre sur la Marne
alors qu’en produisant le même effort de mobilisation humaine que les Français,
elle aurait très certainement emporté la victoire.
Ce phénomène explique
qu’une innovation procurant une supériorité momentanée a de moins en moins
d’influence au fur et à mesure que les guerres mondiales avancent et que les
mobilisations des ressources produisent leurs effets. Le Fokker E1, premier
avion de chasse à disposer d’une mitrailleuse pouvant tirer à travers l’hélice,
a une importance capitale dans les premiers jours de la bataille de Verdun en
1916. En 1918, la sortie du Fokker D VII, avion révolutionnaire à structure
métallique et doté de deux mitrailleuses n’a pas plus d’influence sur le cours
des évènements que les multiples innovations techniques allemandes de 1944-1945
(fusées sol-sol, fusées sol-air, roquettes air-air, avions fusées, avions à
réaction).
Le «rouleau
compresseur» soviétique (qui s’accompagne sur la fin d’une parité qualitative)
face aux Allemands sur le front de l’Est est l’exemple type de cette puissance
du nombre.
Le système de commandement est le facteur clef
Mais ces deux facteurs
qualité et nombre sont insuffisants à expliquer, entre autres, le déblocage
spectaculaire des opérations en 1918, les victoires foudroyantes allemandes de
1939 à 1941, la résistance britannique pendant la bataille d’Angleterre, la
stupeur provoquée par l’offensive chinoise en Corée en novembre 1950,
l’écrasement de trois armées arabes en six jours par les Israéliens en 1967 ou
le succès étonnant de l’opération Desert Storm en 1991. Dans pratiquement tous ces
cas, la supériorité numérique n’a pas joué et les facteurs qualitatifs sont
souvent partagés. À chaque fois en revanche, le vainqueur sait bien mieux
employer ses forces que le vaincu. Or, dans un contexte d’affrontement
dialectique, cet emploi des forces est toujours un arbitrage entre la qualité
de la coordination des moyens et la vitesse d’exécution.
On peut ainsi avoir
des armées qui agissent et réagissent très vite, généralement grâce à une
décentralisation du commandement (zone 2), mais avec une grande déperdition des
efforts et d’autres qui, au contraire, planifient très bien les opérations mais
au prix de délais qui donnent systématiquement l’initiative à l’ennemi (zone
4). Les plus efficaces sont bien évidemment celles qui parviennent à concilier
coordination des moyens et vitesse (zone 1).
Encore une fois, comme la qualité et le nombre, ce facteur
est relatif. En 1956, durant l’opération Kadesh au Sinaï, les forces
israéliennes très mobiles et commandées par des chefs disposant d’une grande
initiative (zone 2) ont vaincu les forces égyptiennes à la fois rigides et mal
commandées (zone 3) mais au prix d’un grand désordre. Par la suite, les
Israéliens ont réussi à mettre au point une doctrine partagée par tous, un
réseau de communications permettant de faire circuler efficacement
l’information pertinente et un style de commandement cohérent avec les deux
éléments précédents (zone 1). Pendant ce temps, les Egyptiens ont augmenté
qualitativement et quantitativement leurs forces grâce à l’aide soviétique mais
leur système de commandement est resté aussi pauvre qu’avant. Le résultat de la
confrontation en 1967 a
été une victoire quasi parfaite des Israéliens en deux jours. Entre 1967 et
1973, les Egyptiens ont réalisé un effort considérable en matière de
planification et conçu une stratégie de guerre limitée adaptée à leurs
capacités. Ils se sont placés très haut dans la zone 4 approchant même la zone
1, tandis que le système de commandement israélien a eu tendance à se dégrader
et glisser à nouveau vers la zone 2. Dans les premiers jours de la guerre du
Kippour, les unités israéliennes ont tenté de juguler l’offensive égyptienne parfaitement
planifiée par des contre-attaques improvisées. Ce fut un désastre qui imposa
une réorganisation profonde du système de commandement israélien afin de le
faire revenir en zone 1 et permettre une contre-offensive victorieuse.
Le système de commandement
ne doit pas être confondu avec les technologies de l’information. Le général
Moltke commandant en 1914 depuis son PC au Luxembourg à partir du réseau
télégraphique ou le système de transmissions américain au Vietnam sont deux
exemples où la technologie la plus avancée du temps non seulement n’a pas aidé
le commandement mais l’a même plutôt entravé.
Dans tous les conflits
du XXème siècle, les
armées dont les structures de commandement étaient de type 2 ou 4 l’ont
normalement emporté sur des armées de type 3 sauf si le rapport de forces était
défavorable. Les armées de type 1 l’ont toujours emporté sur les autres types
et ont toujours écrasé les type 3 même avec des rapports de force très
défavorables.
L’équation de la puissance militaire
À partir de ce qui a
été dit précédemment, on peut considérer une hiérarchie entre les trois
facteurs considérés. Le commandement (C) est plus important que le nombre (N)
qui lui-même est plus important que la qualité (Q) avec à chaque fois un
accroissement d’efficacité plus que proportionnel. On peut donc empiriquement
estimer qu’une équation simple décrivant la puissance militaire pourrait
ressembler à cela:
PM = kQ x N2 x C3
Le paramètre k
permettant d’indiquer l’effet de seuil du facteur qualitatif.
Ces trois facteurs
sont liés entre eux comme les trois pôles d’un triangle et il y a toujours des
arbitrages à faire entre eux (par exemple, la recherche de la qualité peut se
faire au détriment du nombre ou le nombre peut dépasser la capacité de
commandement).
La position de la
France
Depuis la fin de la
guerre froide, la France
a adopté un modèle qualitatif par défaut puisque la professionnalisation n’est
pas issue d’un besoin opérationnel mais du souhait d’abolir la conscription et
ces troupes de métier ont hérité des équipements très modernes conçus pour
affronter le Pacte de Varsovie. Il s’en est suivi une réduction considérable
des effectifs et des dotations, donc du facteur N, compensée en partie par le
facteur qualité[2]. Il s’ensuit une grande efficacité de
l’action à une petite échelle mais une déperdition de puissance rapide au fur
et à mesure que nos adversaires sont nombreux et bien organisés.
Dans les années 1990,
le décrochage de l’industrie de défense russe, la plus susceptible de fournir
des armements sophistiqués à nos adversaires potentiels et la décroissance
généralisée des budgets militaires ont permis à notre puissance militaire de
conserver malgré tout à peu près son rang. À partir des années 2000, la remontée
des budgets de défense, hors Europe, le rééquipement de la plupart des nations
et les évolutions démographiques peuvent faire craindre un décrochage.
Si on prend l’exemple
de l’opération Mousquetaire en 1956 contre l’Egypte. Nous engagions à l’époque
30.000 hommes parmi les meilleurs, 200 avions et 22 navires de combat dont 2
porte-avions, soit sensiblement le contrat opérationnel décrit par le Livre blanc de 2008. Avec
sensiblement autant de forces chez les Britanniques et les Israéliens, nous
étions pratiquement à égalité avec une armée égyptienne bien équipée mais mal
entraînée et ne sachant pas coordonner l’action de forces modernes (type 3). Le
résultat a été une victoire écrasante pour les Alliés.
Si nous devions
refaire cette opération aujourd’hui, il faudrait faire face à des forces
environ quatre fois plus importantes en volume[3], de meilleure qualité et bien mieux
commandées qu’en 1956 (type 4). Pour avoir une chance de l’emporter, il
faudrait déployer au moins le triple des moyens humains et matériels de 1956 et
les coordonner parfaitement.
En résumé, au regard
de l’Histoire, la France
ne peut maintenir son rang militaire qu’en faisant un effort sur les volumes
humains et matériels, probablement en pratiquant d’autres arbitrages
coûts-efficacité (appel aux réserves, juste-suffisance technologique) et en
cultivant un système de commandement de très haut niveau par un entraînement
poussé, la recherche permanente de méthodes innovantes et la capacité à
neutraliser les structures de commandement adverses.
[1] Alfred Mahan «Il
vaut mieux de bons marins sur de mauvais navires que de bons navires avec de
mauvais équipages».
[2] En ce qui concerne les équipements, la faiblesse de la
production ne permet pas de dépasser le seuil des séries de «jeunesse» et de la
production artisanale, ce qui induit un important taux de défauts qui pénalise
la disponibilité et donc encore le nombre.
[3] Armées égyptiennes 2006: 50 brigades de troupes de mêlée,
27 brigades d’artillerie, 3.900 chars de bataille dont 800 M1 Abrams, 80 HAC,
450 chasseurs et chasseur-bombardiers, 4 sous-marins Roméo, 10 frégates.
Bravo pour votre article comme à l'habitude pertinent, passionnant et bien illustrė.
RépondreSupprimerPour ma part je suis très circonspect sur la qualité de notre système de commandement au niveau tactico opératif. 2 raisons selon moi: une numérisation mal adaptée et paralysante, un déficit d officiers de qualité, préférant pour leur carrière servir en organique
Passionnant, comme d'habitude.
RépondreSupprimerJe ne suis pas tout à fait convaincu. Je me permets d'exprimer mes réserves et mon jugement :
1° Si le fusil antichars cassait les épaules des hommes, ce n'est pas les hommes qui étaient mauvais, c'est le fusil qui l'était. C'est donc un exemple de mauvais matériel, pas de mauvaise qualité du combattant.
2° Si 3 chars X sont supérieurs à 10 chars Y, il n'est pas évident que 300 chars X sont inférieurs à 1 000 chars Y. Vous utilisez une expression floue - "peuvent vaincre" -, qui tend à prouver autre chose : si les 3 chars X ont 20% de chances de vaincre 10 chars Y, et si, 300 chars c'est 100 affrontements relativement isolés de 3 chars contre 10, alors les chances que 300 chars en vainquent 1 000 sont effectivement insignifiantes : 20% puissance 100. (Exemple en boxe : un poids moyen peut gagner un combat contre un poids lourd, 100 poids moyens n'ont aucune chance de gagner plus de combats que 100 poids lourds qui leur sont opposés. En d'autres termes : les 300 chars X ont intérêt à combattre comme un tout).
En d'autres termes : je doute un peu du phénomène, et, si et quand il est avéré, je doute un peu de l'explication donnée.
3° "Notons que l’armée allemande elle-même a joué sur le facteur qualitatif en n’incorporant, jusqu’en 1912 inclus, que la moitié de son contingent". Je vous crois, mais je suis stupéfié, et une référence aurait été bienvenue pour l'ignorant que je suis.
4° Je doute beaucoup de la vérité de votre formule. De plus, comment quantifier la valeur du commandement ? Vous allez attribuer 1 aux Egyptiens de 56 et combien aux Israéliens : 3 ? 5 ? 10 ? 100 ? Combien attribuez-vous à Napoléon et à ses adversaires 'je sors du XXème siècle) ? Si, à Eylau, à Leipzig ou à Waterloo, vous lui attribuez sensiblement plus qu'aux commandements ennemis, comme C est au cube, le résultat des batailles (relativement équilibré à Eylau, défaites aux deux autres) devient peu explicable.
Plus prudente serait la formulation : Q < N < C.
Encore plus prudent serait de dire : améliorer la qualité du commandement ne coûte pas cher, et est important, donc c'est tout à fait impératif. Quant à la supériorité de N sur Q, je pense qu'elle n'a pas de sens sinon exprimée en termes de coûts : il faut à chaque fois estimer le coût/efficacité de Q, et le coût/efficacité de N : si 12 000 hommes bien entraînés et équipés en valent 24 000 moins bien entraînés et équipés, il faut regarder quelle est l'option la moins coûteuse. Votre équation me paraît dogmatique.
En d'autres termes, votre texte me semble essentiellement faux.
Avec ça stimulant en diable, brillant, provocant. En somme : pédagogique ou, plutôt, propédeutique.
Je vais me permettre de vous répondre :
SupprimerPoint nr 1 : le colonel Goya ne dit pas dans son propos que les utilisateurs du fusil antichar étaient mauvais. Il signale que le matériel n'était pas du tout adapté aux conditions du champs de bataille.
Point nr 2 : 300 chars groupés géographiquement face à 1000 groupés géographiquement (c'est à dire sur un espace délimité). En imaginant l'environnement de bataille, nous avons 300 équipages qui même s'ils font partis de l'élite, se retrouvent matraqués par 1000 tubes. Même si les 1000 canons ne perceront pas le blindages du premiers coups, chaque coup au but s'additionnant aux autres, les optiques de ces 300 chars seront vite endommagés,les chenilles brisées, etc etc ..... sans compter la pression que ces hommes vont subir, les blessures indirectes (des explosions à répétition et tout ce qui finira par se détacher à l'intérieur d'un char volera). Et imaginez quand le terrain est compartimenté (la Normandie par exemple en 1944).
Il y aura des pertes des deux côtés mais elle seront plus importantes (par rapport à l'effectif initial) du coté du camp qui alignera le moins de chars.
Point nr 4 : la masse, même si technologiquement est moins bien avancé, représente par elle-même une qualité à ne pas négliger. Les 12000 combattants bien entraînés et équipés vont devoir fournir un effort supérieur pour combattre un adversaire moins bien équipés et entraînés et finiront par s'user plus vite. Ce dernier point, c'est un peu l'évolution de l'histoire de l'armée allemande sur le front russe entre 1941 et 1945. L'armée allemande a atteint son meilleur niveau le 22 juin 1941. Après la bataille de Moscou, elle n'avait plus aucune chance de gagner la guerre. Face a un effectif russe plus nombreux qu'elle, elle a usé ses meilleurs cadres et soldats sur ce front.
Ce texte n'est au final pas si faux que cela. La difficulté provient de traduire en une équation mathématique les facteurs de puissance militaire
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SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerJe reviens sur le point n°1 : Le paragraphe évoque la qualité des hommes, celle de l'équipement, et le contexte, et la relation entre ces trois termes ou trinôme. On attend alors un exemple de bon matériel sans efficacité car servi par des hommes incompétents (et "inversement" l'exemple suivant évoquera les hommes compétents avec du mauvais matériel : les Italiens sur leurs chars M-13) : mais on reçoit comme exemple celui d'un matériel mauvais malgré certaines performances.
SupprimerIl aurait évidemment mieux valu un autre exemple.
Aurait pu être ajouté aussi un exemple de bon matériel, soldats compétents, et inadaptation au champ de bataille : l'aviation étatsunienne au Vietnam ? Certaines forces occidentales en Afghanistan ? Je suis beaucoup moins compétent que le colonel Goya et que vous pour proposer un bon exemple.
points n°2 et n°4 : Vous êtes convaincant. Cela dit, défendez-vous vraiment le texte en sa pointe, qui est sa formulation mathématique ? Non. Et vous concluez vous-même : "La difficulté provient de traduire en une équation mathématique les facteurs de puissance militaire". Simple difficulté, ou bien impossibilité ?
SupprimerNous montrerons que c'est une simple difficulté si, pour une bataille quelconque donnée, nous proposons une quantification (pour l'intérêt de la discussion, peu importe qu'elle soit vraie, il nous suffit qu'elle soit plausible (je dirais même : qu'elle soit non dépourvue de sens)).
Imaginons qu'il y a cinq divisions allemandes et dix divisions soviétiques, et qu'une division allemande vaille deux divisions soviétiques. Mais ceci est une valeur relative. Il nous faut une valeur non relative pour chacun des Q. Sur quelle échelle l'attribuer ? Nous savons que Q(allemand) = 2Q(soviétique) [en abrégeant : Qa =2Qs]. Mais quelle valeur donnons-nous à Qa : 1 ? 3 ? 5 ? 50 ? Je ne vois pas.
Cela semble pourtant absolument nécessaire pour parvenir à nous donner les deux P de façon plausible.
La même chose peut être dite concernant C.
Vous me direz peut-être : chacun des facteurs va recevoir une note de 1 à 5 ; par convention, on pourra dire que le camp le plus fort reçoit la note 5 en ce qui concerne Q, et en ce qui concerne N, et en ce qui concerne C. (Ce qui revient à dire qu'on travaillera en facteurs relatifs et non absolus).
Avec par exemple allemand/soviétique dans des rapports supposés de 2 à 1 pour Q, de 1 à 2 pour N, et de 5 à 3,5 pour C, on aurait :
Pa = 5k x (2,5 x 2,5) x (5 x 5 x 5)
Ps = 2,5k x (5 x 5) x {3,5 x 3,5 x 3,5).
Je dois dire que je ne comprends pas "le paramètre k permettant d’indiquer l’effet de seuil du facteur qualitatif".
Je serais heureux d'avoir une explication. Tant que je n'ai pas cette explication, je lui suppose la valeur 1.
On a alors (valeurs arrondies) : Pa = 4 000.
Ps = 2 700;
Avec ces rapports supposés on a donc les Allemands supérieurs dans un rapport de 1,45 à 1. On aurait pu parvenir au même résultat exprimant directement la puissance relative Pa/s :
Pa/s = 2/1 x (1/2 x 1/2) x (5/3,5 x 5/3,5 x 5/3,5) = 2 x 1/4 x 2,91 = 1,45
Si k valait 1 chez les Allemands, 1,45 chez les Soviétiques (ou si k était une valeur relative, de valeur 1/1,45, soit 0,68) les deux puissances seraient égales.
:
Je ne sais pas ce que vous pensez de cette manière de calculer...
Ce qui est sûr, c'est qu'il faut une manière de calculer... Sans cela, la formule n'est rien.
Tout ceci nous faisant voir que la formule requiert impérativement un mode d'emploi.
On ne peut que regretter que l'inventeur de celle-là n'ait pas fourni celui-ci...
Pour répondre à votre question sur l'exemple du bon matériel servi par du personnel inexpérimenté (sans pour autant parler d'incompétence) :
SupprimerLe char allemand Panther, que l'on peut considérer comme le précurseur des MBTs actuels. Et bien en 1944, la Wehrmacht préfère garder des équipages expérimentés sur les Panzer 4 et placer sur les Panther des équipages inexpérimentés.
Un autre exemple de bons matériels servis par des équipages expérimentés, le char Tigre 2 (le Tigre royal). Ce matériel conçu en fonction des conditions de combats sur le front de l'est (et les grandes plaines) autorisant des distances usuelles de combats sur ce type de char de plus de 1500m se retrouve en Normandie totalement inadapté. La longue volée de son tube de 88mm devient un véritable handicap pour les équipages allemands dans un terrain normand très compartimenté.
Actuellement, la plupart des engagements ces dernières années ont été du combat d'infanterie et toutes les autres armes ont servi à soutenir cette dernière. Même les chars sont revenus vers une de leurs toutes premières fonctions, à savoir le soutien direct à l'infanterie. Aussi pour la plupart des matériels en service, il va être difficile s'ils sont adaptés ou non aux champs de bataille.
Toutefois, pour mon propre domaine, il y a du souci à se faire dans le domaine naval ................... Il serait sérieusement temps de réfléchir de nouveau sur la guerre navale.
Pour finir, il est pour moi impossible de vouloir essayer de mettre sous une quelconque formule mathématique les facteurs de puissance militaire.
Le problème des chars (3/10) est à mon sens un tout petit peu plus complexe. En effet si nous admettons que 3 chars A tiennent en échec (DEF) 10 chars B, il faudra néanmoins mettons 5 chars A pour vaincre (OFF) 10 chars B. Ce qui signifie qu'à 300 contre 1000 si B aligne 660 chars sur le front il se met en mesure d'empêcher toute percée de A et dispose de 340 chars disponibles en réserve (si A a su concentrer des chars en un point) et disponible en offensive avec un rapport de force écrasant au point choisi. Et l'on voit bien que plus l'échelle numérique s'accroit plus B est favorisé. C'est ce qui caractérise le front de l'Est à compter de 1944. L'importance de l'initiative globale, de la qualité du coup d'œil du chef apparaissent là aussi déterminante pour répartir les forces disponibles ou les créer, mais il est aisé de voir que plus les masses s'accroissent plus il va être difficile de compenser (campagne de France de 1814).
SupprimerUne des qualités des commandants russes à partir de 1944 est leur capacité à planifier leurs offensives (sauf quand Staline leur met la pression comme pour Berlin en 1945). Le nombre, la qualité des homme et la planification minutieuse des opérations entraîneront dans la défaite la Whermacht malgré la présence de quelques grands tacticiens (mais mauvais dans l'opératif).
SupprimerAujourd'hui l'effet de masse est toujours primordial, il assure la résilience des moyens, l'occupation du terrain et la capacité à réagir sereinement face à une situation nouvelle.
Sans diminuer les qualités des chefs soviétiques, l'effet de masse que j'évoque simplifie considérablement la planification (d'un point de vue "tactique" s'entend, en mettant de coté les aspects logistiques qui deviennent plus complexes). J'ai un peu de mal à m'extasier devant les offensives soviétiques de 44-45 qui peuvent se permettre de planifier presque sans risque autre que des pertes et du temps (risque militairement faible). Lorsque vous pouvez rassembler des masses de réserve de centaines de milliers d'hommes sans craindre par ailleurs de rupture de votre front car l'adversaire en est dépourvu (d'autant plus s'il s'agit d'une armée usée et donc moins capable d'offensive par le moyen de ses unités standards), seul demeure le risque d'échecs tactiques finalement sans conséquence majeure (si ce n'est atteindre tel point après un allié). Et plus l'échelle de masse s'accroit plus le différentiel devient difficile à compenser. Opposer 1200000 hommes à 1000000 d'autres revient grossièrement à pouvoir dégager (en considérant un ration de neutralisation de 1:1) 200000 hommes en un point choisi...
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Supprimer@Boris 11 Janvier 00;10 :
Supprimer1) Je crois que vous avez fait une faute d'inattention en ligne 6 : "(si A a su concentrer des chars en un point)". Vous vouliez dire B, je crois.
2) "Et l'on voit bien que plus l'échelle numérique s'accroît plus B est favorisé".
Quelle que soit l'échelle, B a toujours, 34% de ses chars qu'il peut concentrer en un point.
On ne voit pas ce que l'échelle, en soi, change.
Sauf si, par exemple, on considère que, plus l'échelle numérique s'accroît, moins les éléments de A peuvent se porter mutuellement secours, parce que plus le front est étendu.
(et cette considération constituerait l'implicite de votre raisonnement ?).
Ou sinon peut-être vous ai-je mal compris ?
Merci d'avoir rectifier mon erreur!
SupprimerPour ce qui est du poids croissant de l'avantage relatif avec l'échelle numérique plusieurs facteurs influent à mon sens:
Tout d'abord le "surplus" dégagé est de plus en plus important. En conséquence il permet de faire peser une incertitude elle aussi de plus en plus importante en permettant plusieurs actions en divers points (en particulier dans le cas du front étendu), des diversions... Au-delà de la percée c'est aussi son exploitation qui peut changer d'échelle et donc ses conséquences sur le conflit.
Ensuite la masse du surplus dégagé réduit statistiquement les possibilités de le contrebalancer par d'autres moyens (qualité des troupes par exemple) avec un phénomène d'usure notamment.
Au final il me semble qu'il y a un gain d'initiative aux dépens de l'adversaire qui s'accroit avec les effectifs considérés. La limitation principale m'apparait être logistique.
EH oui, là est tout le problème. Les "sciences sociales" ne sont pas exactes et n'obeissent pas à des formules mathématiques. On parle fort justement de l'Art du stratége voir d'Art opératif. En plus de 6000 ans d'histoire humaine nous avons archivé documenté, commenté...recomenté batailles et conflits. des penseurs des plus illustres se sont penchés sur la "chose militaire" et... rien n'est résolu, le débat est toujours ouvert. Il n'y a pas de recette de la victoire! Chaque guerre est différente, ce qui vaut pour l'une ne vaut pas pour l'autre. Une seule certitude s'impose. Il faut une Volonté politique d'ou découle une Stratégie. sans ce minimum c'est perdu d'avance, et nous en somme là.
RépondreSupprimerEncore une synthèse vraiment très intéressante.
RépondreSupprimerPour l'utilisation du télégraphe par les Allemands durant la Grande guerre, je pense qu'il ne faut effectivement pas imputer les difficultés de commandement sur le front ouest au système trans (la radio est le + avancé du temps) mais bien au commandement en raison des points suivants :
- en 1870, Moltke l'ancien avait utilisé le télégraphe avec succès dans la campagne contre la France. Les Alllemands avaient fait l'effort d'organiser les transmissions avant la guerre contre l'Autriche (1866) et avaient pris en compte le RETEX trans de cette guerre (contrairement à la France).
- En 1914, le télégraphe fonctionnait globalement bien côté allemand mais c'est l'utilisation de la radio sur le front ouest qui a été catastrophique. Les Franco-britanniques n'ont pas eu de problème avec cela car ils disposaient des réseaux d'infrastructure FR (le combat se déroulant en Belgique et en France). A l'est, les Allemands avaient le même bénéfice contre les Russes qui sont partis avec des réseaux radio eux aussi en "vrac". La guerre électronique française à l'ouest et celle des Autrichiens et des Allemands, à l'Est, ont donné à plein en termes de Rens qui a pesé sur la manoeuvre stratégique (Marne et Tannenberg).
- En 1940, les Allemands ne refont pas la même erreur lors de l'entrée en guerre et organisent soigneusement l'utilisation de la radio. A l'inverse, la France pense s'appuyer sur le réseau d'infrastructure (réussite de la Grande guerre) et se méfie de la radio en oubliant les avantages de l'outil (manoeuvre) par rapport aux risques de détection.
En résumé, je dirai donc que les systèmes de transmissions ne pallient pas une déficience du commandement, que la manoeuvre offensive est plus difficile que la defensive en termes de trans et qu'une mauvaise organisation trans (par rapport à son ennemi) implique souvent la défaite.
C’est Bercy qui impose par ses arbitrages le volume et la qualité de nos forces, tout le reste est littérature. Dans une économie française croissant au mieux que d’1% par an, l’évaporation de notre puissance militaire (et politique !) ne peut que s’accroître. Le service de la dette devenu premier budget de l’État ne nous laisse pas d’autre choix que la voie britannique : devenir les supplétifs des États-Unis.
RépondreSupprimerToutefois, précisons à ceux qui seraient tentés de préférer le sort du chien gras avec collier à celui du loup efflanqué mais libre, que de nos jours et même avec un collier bien serré, les chiens n’échappent plus à la famine. Cela s’appelle une impasse.
Article passionnant comme toujours.
RépondreSupprimerLa formule mathématique se fait attaquer de toute part. Je vais la défendre à ma manière : Il est certes impossible de prédire l'issue de batailles avec : les valeurs des paramètres sont et resterons inconnues.
Mais ce qu'il faut retenir est la forme : la puissance militaire est la multiplication de 3 facteurs.
A propos de la qualité, elle permet une forte augmentation de la puissance (PM) quand la valeur de cette PM reste faible, pour les fortes PM la qualité deviens moins critique. Le choix fait d'un facteur k est défendable, pour ma part j'aurais peut être opté pour un exposant inférieur à 1 (exemple : 0.5 = racine carré) ou un logarithme, fonctions qui mettent réellement en avant la non linéarité de la qualité.
Les deux autre paramètres en carré et cube sont plus claire. On pourrait discuter des heures sur les valeurs des exposant : pourquoi pas N^2 et C^2.5 par exemple ? Mais ce n'est pas le sujet : seule la forme compte !
Après si quelqu'un veux passer des mois à faire de l'empirisme et étudier 2 ou 3 cents batailles pour affiner le modèle c'ets certainement possible !
Une question :
aujourd'hui le politique ne donne plus les moyens aux armée pour avoir une forte puissance militaire (au sens de la formule). Il y a deux chose à faire : se battre pour obtenir des moyens supplémentaire et faire en sorte de "limiter la casse".
Pour cela il faut certainement faire un choix entre Q, N et C. Pour Bercy il faut couper dans le plus cher des trois évidement, militairement (à court terme) il faut couper dans celui qui à le moins d'impact sur la PM : quel est-il dans notre cas ? Certainement pas C (qui est au cube), Q car notre armée est encore avec une forte PM ? ou N ?
Mais pour sauver notre instrument militaire à moyen terme, il faut à mon sens couper dans celui qui peut se récupérer très vite. Si j'en crois l'un de vos article il y a quelques mois c'ets bien le nombre qui est possible de réduire fortement et de reprendre en quelques courtes années. (cf article sur l'Allemagne du traité de Versailles)
Une réduction d'effectif intelligente et dans la limite du raisonnable n'est-elle pas la solution ?
Vous faites une intéressante proposition pour k (et même proposez une alternative)).
SupprimerVous ne répondez pas aux autres questions que j'avais soulevées.
Je pense que vous adoptez (implicitement) la deuxième option que j'avais proposée, à savoir travailler en facteurs relatifs et non absolus.
Nous disposons donc là d'un mode d'emploi complet de la formule, et comme sur deux points vous proposez deux variantes, cela fait quatre formules. (Cela n'est pas une critique, naturellement).
A ce stade, je dirais que le problème me paraît celui-ci : le colonel Goya dit qu'à un certain seuil, en valeur absolue, le nombre se fait écrasant : "3 chars Tigre peuvent vaincre 10 chars Sherman mais cela est plus difficile à 30 contre 100 et devient pratiquement impossible à 300 contre 1000."
Or, si le facteur N est exprimé en termes relatifs, cet effet de seuil n'est pas pris en compte : 3/10 x 3/10 = 30/100 x 30/100 = 300/1000 x 3000/1000.
Juste une petite question, comment prendre en compte le facteur chance (ou malchance) dans votre équation ? Ce fameux grain de poussière qui peut mettre à plat une opération militaire........
Supprimer1° Je suppose qu'on pourrait dire :
SupprimerL'équation donne le rapport de puissance.
Après la bataille, on la multiplie par c, qui est la chance.
Par exemple, si le camp A été battu de justesse, et l'on juge que Pa/s était bien égal à 1, 45, et que c'est la chance qui a conduit au résultat, on va attribuer à c une valeur de type 1/ 1,50.
(A moins qu'on ne transforme l'équation pour en faire un calcul de probabilités. Ce qui pourrait d'ailleurs être son principal intérêt pratique : quelles chances de vaincre si nous livrons bataille, se demande un décideur qui a la possibilité d'éviter la bataille ?).
2° Je découvre (ou retrouve) aspect de l'équation. Qu'est-ce que ça veut dire, que Qa = 2Qc ? Il me semble que ça ne peut que vouloir dire que ceci : une unité de A vaut 2 unités de B. Et c'est cette unité qui doit être utilisée en N. En d'autres termes, si un régiment allemand vaut deux régiments soviétiques, en N il ne faut pas compter les divisions mais les régiments. Inversement, si en N on compte les divisions, il faut exprimer Qa/s des divisions, pas des régiments.
On me dira que ça va de soi...
Une réduction d’effectif dans la limite du raisonnable. Le tout étant de savoir si nous avons déjà passé le cap du raisonnable. Au vue de la séquence syrienne fin 2013, il semblerait que oui. Notre pays par la voix de sa plus haute autorité s’est avancé en proclamant que nous allions ‘punir’ Assad, avant d’être congédié d’un revers de main par les russes et les états-uniens. Si nous avions disposé du même nombre de tubes lance-missiles que la 6ème flotte en méditerranée, gageons que nous aurions évité cette humiliation.
RépondreSupprimernous n'avons plus les effectifs dans la limite du raisonnable.
SupprimerA titre de comparaison, les 4 destroyers d'un groupe aéronaval américain disposent chacun de 8 missiles anti-navire Harpoon et de 96 tubes de lancement vertical pouvant lancer des missiles de croisières tomahawk, des missiles de défense antiaérienne et antimissile SM2 et 3 et des missiles ABM ( Anti Ballistic Missile) SM6. Soit un total de 32 missile anti navire et de 384 tubes de lancement vertical.
Dans la Marine Nationale, avec les FRMM et les FDA (10 navires) nous disposerons au total de 352 tubes de lancement vertical.
L'US Navy dispose actuellement de 70 destroyers type Arleigh Burke, auxquel il faut rajouter 17 croiseurs Ticonderoga disposant eux de 132 tubes de lancement vertical.
Pour la crise syrienne, les 5 destroyers déployés par l'US Navy ont certainement représenté une menace à prendre en compte par les Syriens et les Russes quand on voit le potentiel militaire réel de ces navires et de ses équipages passant de nombreux jours à la mer. S'il y avait eu punition, elle aurait été américaine.
Alors la réduction d'effectif intelligente, cela fait depuis plusieurs années qu'on l'a dépassé. D'ailleurs, je ne suis même pas sur que l'on s'en soit rendu compte sur le moment. Il serait peut être temps que les autres ministères se mettent à faire un effort comparable de réduction d'effectif que le ministère de la Défense, au moins pour les 5 prochaines années soient 34000 emplois supprimés par ministère, juste pour participer à la même hauteur à la réduction de la dette.......... Non finalement je rêve, cela n'arrivera jamais.
On pourrait filer la métaphore mathématique en remarquant que votre formule manque des "facteurs multiplicateurs de puissance" terme dévolus aux ravitailleurs aériens type KC-135.
RépondreSupprimerÀ ce petit jeu, on constate que l'on rentre dans l'ère des "facteurs diviseurs de puissance" puisque :
À masse ou cout supérieur , un SNA Baraccuda emportera autant d'arme qu'un SNA Rubis
Un A400m dont le nombre à été réduit par presque 3 par rapport aux Transall emportera un seul EBRC de 25 t alors qu'au niveau de l'échelon d'urgence il aurait emporté 3 ERC-90 .
Sans parler de la perte de puissance du 40-CTA par rapport au 105 du 10-RC, qui n'est compensée que le MMP au coût très supérieur (donc d'emploi forcément plus limité...)
Ce qui conduit à introduire la notion de coût unitaire du matériel dans votre équation, à côté des facteurs multiplicateur (ou diviseur ) de puissance.
Ainsi le Rafale a un facteur multiplicateur de puissance lié au surplus d'armes emportées mais qui est divisé par son coût unitaire plus élevé qui diminue le nombre acheté in fine...
Le Leclercs avait un facteur multiplicateur de trois puisqu'il devait pouvoir détruire 3 chars du PAVA mais qui' est divisé par un coût et une MCO élevée qui en réduit le nombre, la disponibilité et l'employabilité.
Et le CEMA en 2008, qui n'était pas un scientifique mais qui s'y connaissait en histoire militaire, il en a dit quoi de la fiche et de la formule ?
RépondreSupprimerOui, notre flotte de combat n'impose pas par sa puissance. Le cas syrien est très révélateur. Le cas libyen nous a montré que notre flotte est puissance, mais que ses effectifs ne sont pas suffisants (un seul porte-avions, dispo des navires en flux tendu...).
RépondreSupprimerMais il faut comparer ce qui est comparable. Pour ce qui est du nombre de navires, la France ne pourra jamais faire jeu égal avec les USA. Le budget de la défense US est supérieur à celui de l’État Français... Donc les USA aligneront toujours beaucoup plus de navires que nous et que les autres pays du monde.
Ce qui est révélateur du manque de puissance de notre flotte, c'est son manque de navire (réductions successives des commandes) et surtout le manque d'équipements de nos navires. Je ne vais parler que des frégates. Comme ça a été cité plus haut, le nombre de cellules de nos frégates est insuffisant pour peser dans une guerre navale moderne, de haute intensité.
Déjà, nos frégates ont le déplacement d'un destroyer (entre 6 et 7000 tonnes). Hors, par définition, un destroyer doit répondre à tout type de menace.
Nos FREMM ont :
- 16 Aster 15 (AA et anti-missile moyenne portée)
- 8 Exocet (antinavire)
- Une tourelle de 76mm (en théorie, efficace contre tout, mais inefficace dans la pratique)
- 2 tourelles de 20mm (Narwhal : défense contre les embarcations rapides)
- 19 torpilles
Nos FREDA ont :
- 16 Aster 15
- 32 Aster 30 (AA et anti-missile moyenne et longue portée)
- 8 Exocet
- 2 tourelles de 76mm
- des torpilles (je ne sais plus le nombre)
En clair, pour l’instant, aucune frégate n’a pour l’instant de missiles de croisière (mais il vont arriver sur FREMM), et surtout, aucune frégate n’a défense de courte portée (SADRAL, Phalanx ou Goalkeeper). Donc, si un missile n’est pas intercepté par les Asters, notre frégate est touchée.
Ce qu’il faudrait pour nos frégates (elles deviendraient de vrais destroyers) c’est :
« DEMM » :
- 16 Aster 15
- 16 Aster 30
- 16 Scalp (missile de croisière naval)
- Une tourelle de 127mm (renforcer l’Action Vers la Terre du destroyer)
- 8 Exocet
- 2 tourelles de 20mm Narwhal
- 2 SADRAL
- 2 Goalkeeper (avec ces 4 systèmes, on assure une vraie défense à courte portée)
- 19 torpilles
« DEDA » :
- 16 Aster 15
- 32 Aster 30
- 16 Scalp
- 2 tourelles de 76mm
- 2 tourelles de 20mm Narwhal
- 2 SADRAL
- 2 Goalkeeper
- des torpilles
Avec tout ça, on est plus convaincant.