lundi 12 novembre 2018

Et si les Etats-Unis n'étaient pas entrés en guerre en 1917


Extrait de Guerres et Histoire HS n°3, novembre 2017.

Le 8 janvier 1917, un grand conseil se réunit autour de l’empereur Guillaume II au château de Pless. La principale question traitée est celle du lancement ou non de la guerre sous-marine « à outrance », c’est-à-dire visant la destruction de tous les navires marchands, y compris neutres, alimentant les pays de l’Entente. Selon l’amiral Holtzendorff, représentant de l’Amirauté, cela doit amener la capitulation du Royaume-Uni en six mois. Le chancelier Bethmann Hollweg y est de son côté très hostile. Le Kaiser, à qui revient la décision finale, est indécis. Il attend l’avis du maréchal Hindenburg, chef suprême de l’armée allemande, et de son quartier-maître, le général Ludendorff. C’est ce dernier qui prend la parole pour déclarer, à la surprise générale, qu’après un examen très approfondi et malgré un avis initial contraire, il lui apparaît désormais qu’une telle stratégie serait finalement désastreuse pour le Reich.

Ludendorff rappelle que la guerre sous-marine à outrance entraînerait automatiquement l’entrée en guerre des Etats-Unis dès qu’un de leurs navires serait frappé, peut-être même avant. Les  Etats-Unis n’ont certes pas encore les moyens d’intervenir tout de suite sur le continent européen, mais cette grande puissance de 100 millions d’habitants, déjà la première sur le plan économique, ne peut manquer de disposer, si elle le souhaite, d’une force considérable qui ne manquera pas de transformer fatalement le rapport des forces en défaveur des Puissances Centrales, au pire en 1919. Dans l’immédiat, les Etats-Unis ne sont pas non plus « zéro, deux fois zéro, trois fois zéro » comme se plaît à le répéter le Grand amiral Von Capelle. Ils possèdent une flotte puissante dont 79 destroyers immédiatement disponibles et, selon les rapports de l’ambassadeur Bernstorff, d’une capacité de construction navale civile et militaire, qui avec l’appoint de puissances latino-américains qui se joindront à eux, contribuera certainement à enrayer l’efficacité de cette guerre sous-marine.

En conséquence, Ludendorff recommande de ne provoquer en rien les Etats-Unis et d’attaquer avec la plus extrême prudence les navires marchands. Il recommande aussi de renoncer totalement aux sabotages sur le territoire américain, comme celui du dépôt de Black Tom Island le 30 juillet 1916, aux effets militaires négligeables, ainsi que d’abandonner le projet chimérique du ministre des Affaires étrangères de l'Empire allemand, Arthur Zimmermann, d’alliance avec le Mexique, dont le seul effet concret serait de provoquer inutilement l’indignation de l’opinion publique américaine.

A Washington, le président Wilson, élu difficilement sur un programme pacifiste, respire. Les Etats-Unis sont les grands fournisseurs des pays de l’Entente et s’enrichissent de ce commerce, depuis un peu plus d’un an. Ils ont donc tout intérêt à la victoire des pays de l’Entente et, à l’exception des communautés irlandaise et allemande, un fort courant de sympathie s’est développé à leur égard. Pour autant la majorité de la population américaine reste hostile à toute entrée en guerre. Sans guerre sous-marine à outrance et sans maladresse allemande, il aurait été difficile de faire basculer l’opinion et d’obtenir le vote majoritaire nécessaire au Congrès pour déclarer la guerre.

Cela aurait-il cependant suffit à faire basculer l’histoire au profit des Empires centraux ? Cela n'est pas sûr.

Un soutien économique maintenu

Les Etats-Unis, qui, au nom de la liberté de commerce et de navigation, avaient vivement critiqué le blocus économique des Empires centraux par les Alliés, se trouvent rapidement bénéficiaires de la nouvelle situation. Si le commerce avec l’Allemagne chute, la valeur des exportations vers le Royaume-Uni est multipliée par quatre entre 1914 et 1916 et le surplus commercial du commerce vers l’Europe est multiplié par sept durant la même période. Les Etats-Unis ne vendent pas de matériels militaires mais fournissent une grande quantité de produits qui permettent à la France et au Royaume-Uni de se consacrer pleinement à l’effort de guerre. Les Américains fournissent ainsi la totalité du sucre, la moitié des céréales et le cinquième de la viande consommée en France en 1916 mais aussi la moitié des métaux et des machines-outils indispensables à l’industrie ainsi que 90 % du pétrole. Les banques d’outre-Atlantique  contribuent également à financer la guerre avec deux milliards de dollars prêtés à la France, au Royaume-Uni et à la Russie jusqu’en avril 1917.

L’aide économique et financière américaine est indispensable à l’effort de guerre de l’Entente et assure à ces derniers un avantage considérable par rapport aux Empires centraux soumis à un blocus sévère. Cette aide et l’organisation interne de la production de guerre en France et en Grande-Bretagne portent pleinement leur fruit au cours de l’année 1917. La production augmente presque exponentiellement et dans certains domaines, comme celui des munitions, chacun des deux principaux alliés fabrique autant de matériel que l’Allemagne. La supériorité alliée est plus particulièrement évidente dans l’industrie des engins à moteur : avions, automobiles et camions et chars, dont les Allemands sont faiblement pourvus. Cette supériorité est d’autant plus marquée que les Alliés bénéficient du pétrole américain alors que les Allemands doivent faire face à une pénurie croissante de carburant qui pénalise l’action des unités motorisées ainsi que l’entrainement des équipages.

En 1917, la prospérité des industries et, encore plus, des banques américains dépend de la victoire alliée, sans laquelle les emprunts ne pourraient être remboursés et beaucoup d’achats resteraient impayés. Il est donc probable que ce soutien économique aurait perduré et même augmenté même sans l’entrée en guerre des Etats-Unis, facilité encore par l’absence de guerre sous-marine à outrance. La seule vraie différence entre la paix et l’entrée en guerre réside dans la possibilité accordée dans ce dernier cas à faire appel au Trésor américain, par le Liberty Bond Act, à prêter directement aux Etats de l’Entente. Il n’est pas exclu cependant que cette facilité ait quand même été possible la neutralité maintenue. Dans tous les cas, cette neutralité et l’absence de guerre sous-marine à outrance, les deux étant intimement liées, n’auraient sans doute pas fondamentalement changé les paramètres économiques très favorables aux Alliés. Si on ne peut plus attendre les Américains, les chars eux seront là.

L’impact stratégique du maintien de la neutralité américaine

Au printemps 1917 lorsque se décide l’entrée ou non des Etats-Unis dans la guerre, la situation stratégique est favorable à l’Entente. L’alliance américaine est espérée mais on croît alors pouvoir s’en passer pour vaincre. Les Alliés ont une forte supériorité numérique qu’ils comptent exploiter en attaquant massivement et simultanément sur tous les fronts. Puis tout bascule en l’espace de quelques mois. L’offensive franco-britannique débutée en avril en France contre la nouvelle ligne dite « Hindenburg » est un échec grave qui provoque le trouble dans une grande partie de l’armée française tandis que l’armée britannique s’épuise à poursuivre l’offensive dans les Flandres. En octobre, c’est au tour des Italiens de subir un désastre à Caporetto. Surtout, à partir de février 1917 et des premières émeutes  à Pétrograd, le front russe se désagrège progressivement jusqu’à la prise du pouvoir par les Bolcheviks et le traité de Brest-Litovsk le 3 mars 1918.

Au printemps 1918, l’Allemagne peut donc transférer à l’ouest une grande partie des forces de l’Est tandis que l’occupation de la Roumanie et de l’Ukraine semblent pouvoir donner un peu d’air à l’économie du pays. Forte de cette supériorité numérique mais aussi du développement de nouvelles méthodes de combat expérimentées avec succès en Russie, en Italie et même en France à Cambrai, c’est au tour de l’armée allemande de disposer d’une nette supériorité sur le front de l’Ouest avec, au mois de mars 1918, plus de 197 divisions face à 172 divisions françaises, britanniques, belges et portugaises. La supériorité numérique est réelle mais pas si importante qu’il n’y paraît, les divisions allemandes étant souvent inférieures en effectifs à celles des Alliés.

Fort de cette supériorité et sans la perspective de l’engagement massif de l’armée américaine à partir de l’été 1918, le commandement allemand pouvait peut-être envisager d’autres stratégies que celle de la recherche de la victoire décisive au plus vite à l’Ouest. Il pouvait par exemple concentrer plutôt son effort sur les fronts italien ou balkanique et maintenir la ligne défensive à l’Ouest comme en 1917. Il est quand même probable compte-tenu de la dégradation politique intérieure croissante mais aussi de la personnalité des chefs qu’il ait quand même cédé à la tentation d’arracher la victoire en France. Du côté de l’Entente, il n’y avait guère d’autre choix que de continuer la lutte comme avant, sans le stimulant de la perspective de l’arrivée des Américains.

Du 21 mars au 15 juillet, les esprits sont concentrés sur l’immédiat, c’est-à-dire les six offensives allemandes successives. Les combats sont très rudes, en particulier après les percées allemandes du 21 mars et du 27 mai, mais Français et Britanniques résistent. Dans la réalité durant cette phase, les unités américaines sont intervenues trois fois : le 28 mai à Cantigny avec un régiment de la 1ère division américaine, le 15 juillet sur la Marne avec la 3e division et surtout du 3 au 22 juin au Bois-Belleau avec la 2e Division. Avec 26 000 hommes, chaque division d’infanterie américaine représente l’effectif de deux divisions françaises ou britanniques mais certainement pas deux fois leur efficacité. Les « Sammies » font l’unanimité pour leur courage et leur enthousiasme mais ils sont aussi inexpérimentés, sous équipés de matériels lourds et sous encadrés. Pour des actions similaires, leurs pertes sont très supérieures à celles de leurs alliés. Avec les quatre régiments de noirs américains intégrés dans l’armée française, ces trois divisions représentent au mieux l’équivalent de six divisions franco-britannique, soit 4 % du nombre total de celles-ci, qui sont par ailleurs souvent engagées plusieurs fois.

L’engagement américain est un peu plus important en volume (douze engagements de divisions) dans les premières offensives alliées, du 18 juillet au 10 août, date  de la formation de la 1ère armée américaine. Au total, toute la période de mai à août représente un quart des pertes totales des pertes américaines au combat de toute la guerre, soit environ 12 000 morts et 50 000 blessés, à comparer aux 800 000 pertes des autres armées alliées au même moment. La contribution américaine a donc été importante mais pas décisive. La tension forte sur les effectifs des armées britannique et française aurait été accrue mais il  existait encore des ressources humaines qui auraient sans doute été mobilisées pour y faire face comme le retour de toutes les divisions britanniques et françaises en Italie, la dissolution des divisions de cavalerie, le recours accru aux troupes coloniales, l’appel anticipée de la classe d’âge 1920, etc. Le contingent britannique qui représente environ 60 % du contingent français et n’avait subi que la moitié des pertes de ce dernier pour une population mobilisable supérieure pouvait encore fournir des hommes. Des ressources existaient donc pour un effort ultime en prenant des mesures difficiles que le spectacle des 200 000 soldats américains débarquant chaque mois en France à partir de mai a sans doute retardé.

Cet effort de compensation aurait été par ailleurs moins important que l’on peut imaginer car si l’armée américaine fournit des hommes en 1918, elle ponctionne aussi beaucoup de matériel. Avant d’avoir un impact positif dans les combats, la présence du corps expéditionnaire a d’abord pour effet paradoxal de plutôt affaiblir les autres armées et plus particulièrement l’armée française, son principal fournisseur. Le 15 mars 1918, alors que le contingent américain est encore modeste, la France a déjà fourni aux Américains, 156 batteries de 75 mm, 33 batteries de 155 Court, 5 groupes de pièces modernes très lourdes, 2 894 mitrailleuses et 12 864 fusils mitrailleurs. Au moment de la constitution de la Ière armée américaine, le 10 août, le Groupe d’armées de réserve de Fayolle, alors engagé dans la bataille de Montdidier, doit à lui seul fournir 45 batteries de campagne, 30 batteries d’artillerie lourde et 6 groupes de pièces extra-lourdes. Bien souvent également les servants accompagnent les pièces qu’ils sont encore souvent les seuls à pouvoir les mettre en œuvre. La 12 septembre 1918, lors de la bataille de Saint-Mihiel, la première grande victoire de Pershing, commandant la force expéditionnaire, la Ière armée américaine bénéficie de l’aide de quatre divisions françaises mais aussi de 3 000 pièces d’artillerie, presque toutes fournies par les Français ainsi que 267 chars légers (avec pour moitié des équipages français) et tous les avions, les camions ou tous les obus utilisés. C’est autant de moyens matériels en moins pour les Français et donc aussi sans aucun doute plus de pertes pour eux.

Vaincre sans la Ière armée américaine

La bataille de Saint-Mihiel est un succès. Pour autant, cette bataille n’a que peu d’influence sur le cours de la guerre. Foch envisageait sérieusement d’y renoncer et  les Allemands étaient en train d’organiser le repli du saillant au moment de l’attaque. Sans l’insistance de Pershing, cette bataille n’aurait probablement jamais eu lieu.

Beaucoup plus importante pour Foch était la prise de Sedan et surtout de Mézières-Charleville, nœud ferroviaire essentiel à l’approvisionnement des forces allemandes en Belgique et dans le nord de la France. Si trois grandes offensives de groupes d’armées sont lancées quasi-simultanément du 26 au 28 septembre, l’effort est clairement porté sur le front Meuse-Argonne, confié à la IVe armée française et la Ière armée américaine. Celle-ci, qui engageait 600 000 soldats américains (mais aussi quatre divisions françaises) déçoit finalement. Après une forte progression le premier jour, les Américains marquent rapidement le pas autant gênés par le raidissement de la défense allemande et le terrain difficile que par le désordre d’une logistique que les états-majors américains ne maîtrisent pas à cette échelle.

Les Américains sont également très affectés par la grippe dite espagnole qu’ils ont contribué à faire venir en Europe et dont ils sont les principales victimes. Plus la moitié des pertes militaires américaines sont le fait de ce fléau qui affecte aussi les populations et toutes les autres armées sans que l’on puisse dire vraiment laquelle est la plus pénalisée. Jusqu’au 15 octobre, la progression américaine dont on espérait tant est finalement plus lente que celle des armées françaises et britanniques qui s’emparent de la ligne Hindenburg. Les Américains avancent beaucoup plus vite après cette date mais comme toutes les autres armées alliées face à une armée qui se désagrège.

Que se serait-il passé sans l’existence des la Ière armée américaine (suivie d'une 2e formée en octobre et peu engagée) ? Sans doute sensiblement la même chose. Au moment de l’offensive générale de fin septembre, la production de guerre cumulée franco-britannique dépasse largement celle de l’Allemagne, presque le double dans certains domaines, pour des effectifs combattants similaires. Grâce à la leur mobilité très supérieure (ils disposent de trois à quatre fois de camions que les Allemands et avec un carburant illimité), les Alliés sont alors capables de concentrer des forces le long du front bien plus rapidement et souplement que les Allemands. Ils deviennent capables de monter en deux semaines des offensives engageant de deux à quatre armées, là où il fallait des mois en 1916. Les Allemands, qui dépendent de la voie ferrée et de leur réserve d’artillerie lourde, sont incapables d’une telle performance et à partir du 18 juillet sont obligés de laisser l’initiative des opérations à leurs adversaires. La logistique alliée est également très supérieure, capable de former l’équivalent de trois, voire quatre, « Voie sacrée » de Verdun et d’alimenter autant d’offensives de groupes d’armées, là où les Allemands ne peuvent engager qu’un groupe d’armées à la fois.

A l’échelon tactique, alors que les divisions d’assaut allemandes sont usées et que les divisions de secteur sont faibles, toutes les divisions françaises et britanniques bénéficient d’un équipement et d’un soutien logistique supérieur à ceux des Allemands. Elles disposent également d’un appui aérien de plus en plus dominant et surtout de l’arrivée massive des chars dont le major Von dem Busche, délégué du Grand quartier général, déclare le 2 octobre devant le Reichstag qu’ils sont le facteur principal de la puissance des Alliés. En septembre 1918, les Français disposent de 21 bataillons de chars légers (soit 945 engins en ligne). La moitié de tous les engagements de chars français de toute la guerre survient entre le 26 septembre et le 2 novembre 1918. Les Britanniques ne sont pas en reste avec leurs chars plus lourds (530 sont engagés le 8 août).

Les Franco-Britanniques sont ainsi capables de s’emparer seuls de vastes portions de la ligne Hindendburg comme lors de la percée vers Cambrai, peut-être la victoire alliée la plus spectaculaire de la guerre, et ils auraient sans doute pu pallier l’absence des Américains en Argonne. La IIe armée française aurait sans doute reçu cette mission en disposant du matériel lourd donné aux Américains. L’effort demandé (les Américains ont eu 26 000 morts au combat durant cette bataille) aurait pu être compensé par une moindre action ailleurs, au centre du front par exemple. En réalité, si les combats sont encore très violents, la prise des lignes Hindenburg et Hermann-Hunting se fait assez rapidement, l’armée allemande ayant perdu ses meilleurs soldats dans les offensives et une grande part de sa volonté de combattre.

De plus, la situation des fronts extérieurs évolue rapidement sans rien devoir aux Américains. La percée des armées  alliées d’Orient en Macédoine le 15 septembre, la prise de Damas le 30 du même mois et la victoire italienne de Vittorio Veneto le 24 octobre entraînent la mise hors de combat de tous les alliés de l’Allemagne entre le 28 septembre et le 3 novembre. Le rapport de forces est complètement renversé sur ce théâtre et l’Allemagne se retrouve isolée et obligée de défendre un nouveau front. La situation stratégique est alors complètement intenable pour les Allemands.

Il est alors possible de porter un coup de grâce à l’armée allemande qui ne se bat plus en France et en Belgique. Au centre du front, le 8e corps d’armée français perd 5 500 tués ou blessés de 10 octobre au 4 novembre mais seulement 7 hommes dans la semaine qui suit alors qu’il progresse de 10 km par jour en Belgique. L’armistice est finalement accepté le 11 novembre, ce qui soulage tout le monde mais surprend aussi beaucoup. Certains ont accusé les Anglo-Saxons d’avoir voulu éviter un effondrement total de l’Allemagne alors que d’autres ont plutôt vu le désir de la France d’obtenir la victoire avant qu’elle ne soit attribuée aux Américains, qui auraient été très majoritaires sur le front en 1919. Il est possible que sans la présence américaine, l’offensive française prévue en Lorraine aurait eu lieu et les combats poursuivis jusqu’à la destruction de l’armée allemande en Belgique.

Difficile ensuite d'imaginer ce qu'aurait été le Traité de paix sans la présence du Président Wilson. La suite du XXe siècle aurait sans doute été très différente. Dans quel sens ? nul ne peut le dire.

11 commentaires:

  1. Mouaaais

    Votre excellente et trop exacte analyse tactique sous-estime l'analyse stratégique, déterminante.

    Stratégiquement les Doughboys apportent, outre leur courage, ce que les joueurs de jeux de stratégie appellent l'innévitabilité. Grâce à eux, l'Allemagne doit gagner rapidement ou perdre de façon certaine, confrontée à un réservoir démographique et industriel quatre à cinq fois supérieur.

    Les "quelques" troupes américaines de 1918 ne sont que la tête de pont de l'Armée d'un pays qui est déjà, pour tous les observateurs avertis, la première puissance mondiale, que ce soit au plan industriel, militaire ou démographique. En 1918, l'Entente aurait eu 90% de chance de vaincre sans l'oncle Sam. Mais les VRAIES chances de victoire allemandes ont coulées en 1917 avec le Lusitania.

    Gloire et respect aux Poilus.

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  2. Personne jusqu'à maintenant ne nous a fait sentir que l'arrivée des Américains sans matériel et sans instruction était un handicap . Pershing se conduit comme une diva .Avec environ 125.000 morts dont seulement une soixantaine de mille au combat l'Amérique wilsonienne a gagné le gros lot .
    Elle était sure d'être payée en ayant fait la guerre avec du matériel français en attendant que son industrie prenne le relais. Ah si j'oubliais les soldats noirs intégrés dans l'Armée française .
    Wilson , comme plus tard Roosevelt , a pris son temps comme s'il attendait que la vieille Europe se soit vidée sang .

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    1. Les Anglais aussi ont pris leur temps en 1940 (et en 1914).

      Dans ses Mémoires, Churchill mentionne qu'il a été surpris de voir, lorsqu'il est arrivé au pouvoir, qu'il y avait eu encore moins de soldats britanniques mobilisés pendant la première année 1939 1940 que pendant la première année 1914 1915.

      C'est la règle, mais autant le savoir, en particulier arrêter de leur cirer les pompes rétrospectivement. Les uns comme les autres ne sont pas innocents des massacres qui ont suivi, principalement dans le monde slave.

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  3. Merci c'est passionnant

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  4. Bonjour, S'il est concevable que sans le corps expéditionnaire des Etats-Unis en Europe, le dénouement militaire sur le front Ouest n'aurait été guère différent, nos amis américains, en qualité de créanciers principaux, auraient imposé aux vainqueurs et aux vaincus des conditions de paix peu éloignées de celles qui ont été conclues en 1919 et en 1920. En ce cas, un point délicat de l'après-Grande Guerre aurait été la délimitation des nouvelles frontières. Salutations.

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  5. Bonjour,
    quand même décevant de limiter l'impact de l'aide d'un allié...
    Le sort des empires centraux était plié des leur défaite de la Marne, le chronomètre était déclenché.
    Un mot est né de la première guerre mondiale : "ersatz", en français "remplacement.
    Par exemple, des casques à pointe ont été réalisés en carton, feutre, fer; jusque dans les unités de la Garde.
    Les français n'ont utilisé ces solutions que brièvement, surtout 1915; lors du remplacement du pantalon garance par des velours (entre autres) de couleur neutre.

    Finalement, c'est la faim qui fit s'effondrer les Centraux.
    Le ravitaillement en nourriture est aussi stratégique que la production d'acier. Merci les "neutres"!
    Amitiés

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  6. (Un point de forme : un lecteur distrait ou peu averti peut ne pas comprendre que le Ludendorff exprimant la position que vous lui faites exprimer est contrefactuel. Il peut croire que Ludendorff a vraiment exprimé cette position, mais qu’il n’en a pas été tenu compte. Vous devriez trouver un moyen pour que cette erreur ne puisse pas être commise).
    Article surprenant et original, brillant, créatif.
    Juste ? Je ne sais.
    Convaincant ? Pas tellement, il me semble.
    L’historien de la Grande Guerre est confronté à un mystère. En 15, 16 et 17, les Allemands ont fait jeu égal sur le front français. En 17, l’armée russe s’est décomposée. Pourtant, en 18, les Centraux ont été irrésistiblement surclassés.
    Ce mystère a suscité deux grandes réponses :
    .1 Le « coup de poignard dans le dos ».
    .2 Les Américains.
    Vous relativisez beaucoup l’importance ce deuxième facteur. Du coup, on comprend encore moins.
    Vous devez expliquer pourquoi et comment, malgré la défection russe, les Alliés européens, selon vous, ont été, en 1918, beaucoup plus forts relativement aux Centraux qu’en 1916.

    Et j’aurais tendance à dire que tout ce que vous avez établi dans votre article est que les troupes américaines n’ont pas joué un rôle important (les Centraux se sont effondrés avant).
    Cela n’empêche que la production américaine a joué un rôle décisif, et que l’entrée en guerre des États-Unis a accru radicalement sa contribution.
    Si bien qu’on peut penser que sans la guerre sous-marine à outrance, malgré les effets à long terme du blocus, malgré la démoralisation de nombre de composants de l’Autriche-Hongrie, malgré l’épuisement, les Centraux l’auraient probablement emporté sur terre à l’Ouest comme ils l’ont emporté à l’Est.
    Ludendorff n’a pas été le plus efficace des grands chefs de la guerre : il a commis une seule erreur, mais capitale.

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    1. La question postérieure étant : Si les Allemands n’avaient pas eu recours à la guerre sous-marine à outrance, et s’ils avaient vaincu sur le front français, disons, au début 19, que ce serait-il passé ?
      Ils auraient pu concentrer leurs forces en Italie, dans les Balkans et au Moyen-Orient et y dominer.

      Là, on peut imaginer plusieurs scénarios.
      .1. Les Allemands auraient cherché la paix avec le Royaume-Uni. Les Anglais auraient exigé qu’il n’y ait pas d’annexion ni d’occupation sur les côtes belges et françaises, et qu’elles ne soient pas démilitarisées. En échange, les Centraux auraient obtenu des territoires coloniaux, au détriment probablement de la Belgique, de la France, peut-être du Portugal, les Anglais conservant le Tanganyika conquis par eux. Les Allemands auraient par ailleurs annexé le Luxembourg, le Luxembourg belge (germanophone), et probablement environ un demi-département français en Lorraine. Et il y aurait eu des clauses limitant la puissance militaire de la France. L’Italie n’aurait rien perdu, la Serbie aurait été amputée au profit de la Bulgarie, peut-être aussi de l’Albanie. L’Empire ottoman n’aurait probablement rien gagné.
      Il est à noter qu’il y aurait eu une forte pression populaire en Allemagne pour cette solution, qui, en tout état de cause, aurait été choisie par l’Autriche-Hongrie.


      2. Les Allemands se seraient résigné à l’état de guerre permanent avec les Anglais, c’est-à-dire à leur élimination outre-mer et au blocus, sans qu’il y ait combats. Ils auraient occupé de façon permanente la Belgique et non seulement des territoires français non côtiers mais aussi des territoires côtiers.

      3. Les Allemands, vainqueurs sur terre, auraient tout misé sur les sous-marins, ou sur les sous-marins et la flotte de surface, et auraient tenté de vaincre l’Angleterre.


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  7. Si les États Unis n'avaient pas été en guerre en 17, alors ils n'auraient eu aucune raison légitime d'aucune sorte pour occuper la côte Est de la Russie durant la guerre civile.
    Et auraient pesés moins dans la réalisation du traité de paix.
    Sans doute pas une mauvaise chose.

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  8. Bonsoir ,
    Plusieurs éléments :
    1- Les Etats-Unis n'étaient pas la seule puissance dont on envisageait l'intervention . Stephen Pichon a , il me semble , envisagé la présence d'un corps expéditionnaire de 750 000 hommes de l'Armée Impériale Japonaise en France .
    Hypothèse parfaitement réaliste puisque le Corps Expéditionnaire Russe est passé par l'Extrême-Orient .
    Ces militaires étaient d'autre-part parfaitement entrainés à la guerre moderne telle qu'elle se déroulait en France en particulier la guerre des tranchées et les assauts contre des positions défendues par des mitrailleuses après un bombardement d'artillerie .
    D'autres facteurs ont joué comme les capacités de production , les ressources en pétrole et en céréales et bétail que vous évoquez . Le fait pour les Etasuniens d'appartenir à la " race blanche " aussi et non pas à la " race jaune " , il faut l'écrire !
    Le Japon nous a toutefois aidé par une escadre de destroyers opérant en Méditerranée à partir de Malte et des livraisons massives d'obus de 75 ( France et Russie ) C'est pour cette dernière raison que nos poilus ont reçu des obus " made in Japan " , livrés à la Russie et capturés par les Allemands …
    2- Il y avait un " parti Américain " en France depuis environ 1911-1912 , cad depuis les guerres Balkaniques dont un des leader méconnus était ...Jean Jaurès . Celui-ci préconisait des médiations internationales sous l'égide des EU et considérait que la " Grande Démocratie " se devait d'intervenir dans les Affaires Européennes , y compris par la force le cas échéant . Le président Taft voulait imposer ces procédures arbitrales à la France sous l'influence de la fondation Carnegie qui finançait la plupart des organisations pacifistes Européennes et Françaises depuis 1903 . Celles que fréquentait justement le camarade Jaurès et en particulier le groupe gravitant autour de D’Estournelles de Constant et du banquier Albert Kahn . Plus d'une centaine de députés Français , de gauche et d' " extrême-gauche " comme de droite , recevaient ainsi de l'argent Etasunien à la veille de la Première Guerre Mondiale pour promouvoir la politique commerciale des Etats-Unis via ces fondations " pacifistes " !
    En Allemagne le rôle des EU était beaucoup plus limité et les chefs politiques et militaires Allemands avaient très peu de contacts avec les EU . De ce fait ils avaient une très mauvaise capacité à apréhender le mode de décision des chefs politiques Etasuniens et c'est devenu encore plus important après la déclaration de guerre .L'exemple type du diplomate " Kaiserite " dans la région c'est Franz von Papen !...
    Notons que 20 ans plus tard la vision Allemande de la réalité de la nation Etasunienne , de sa " weltanschauung " , des modes de décision de ses élites sera aussi pitoyable .
    3- Un des facteurs à prendre en compte dans nos uchronies c'est l'influence de l'immigration Allemande et sa capacité à influer sur les décisions politiques aux EU . Il est toujours hasardeux de se fier à une page internet seule pour conclure mais celles-ci sont assez intéressantes ( Et en Engliche ) :
    https://www.immigrantentrepreneurship.org/entry.php?rec=214
    https://www.history.com/news/anti-german-sentiment-wwi
    4- L'attentat de Black-Tom fut certainement l'opération la plus couteuse politiquement pour les " Kaiserites " et la moins réussi du renseignement Allemand . Des immigrés Allemands ont réussi d'autres opérations beaucoup plus efficaces aux EU : Disséminer le virus de la morve , transporté par valise diplomatique jusqu'au Mexique , dans les élevages de chevaux du " Far west" et les corrals de New-York avant l'embarquement .
    Là dessus : Sabotage at Black Tom: Imperial Germany's Secret War in America, 1914-1917

    Daniel BESSON

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