Cela parle de l’emploi de la
force armée par la France depuis, presque, la fin de la guerre d’Algérie. On
assiste en effet depuis cette époque à une période stratégique qui conserve une
unité sur 60 ans malgré de fortes inflexions et que se trouve très différente des
périodes équivalentes précédentes, il suffit de comparer rapidement ce qui
s’est passé en la matière de 1962 à 2022 et les évènements de 1902 à 1962 pour
s’en convaincre.
Pour caractériser cette
nouvelle période, je dirai que c’est un temps de multiples engagements
militaires de petite ampleur et souvent de faible niveau de violence, sur un
espace recouvrant une bonne partie du monde, toujours sur l’initiative du
président de la République doté par les institutions de la Ve République
du « pouvoir
de la foudre » et avec comme critère premier de défendre la « place de la France ». C’est ce que j’appelais d’abord en sous-titre
« la
guerre mondiale en miettes de la France », mais c’était un peu long.
Pour situer le début de
cette période, il aurait été logique de parler de 1963 pour marquer la rupture avec
la période des guerres de décolonisation. Je préférais commencer avec l’intervention
de juillet 1961 pour dégager la base de Bizerte en Tunisie, car même si on
était toujours engagé en Algérie et même ailleurs, au Cameroun par exemple, cette
opération présentait toutes les caractéristiques de la nouvelle époque, avec
une décision unilatérale du président de la République et un engagement rapide et
limité dans l’espace et le temps, sinon dans la violence.
1961 était aussi l’année où
le général de Gaulle présentait aussi, en particulier dans son discours de Strasbourg
en novembre, sa vision du monde et de l’organisation/emploi des forces armées françaises
qui devait en découler, une véritable remise à plat. Pour le premier président
de la République, il y a alors deux missions principales pour les forces armées.
Avant tout il s’agit de faire face en Europe à la menace de l’Union soviétique,
dotée depuis peu de missiles intercontinentaux thermonucléaires, et donc capable
de détruire complètement la France en quelques heures, une donnée inédite dans
notre histoire. Il s’agit ensuite d’assurer la défense des intérêts de la France,
de tout type, dans le reste du monde, avec cette particularité que le pays a
maintenu des liens militaires importants avec plusieurs de ses anciennes
colonies africaines. On structure donc le modèle de forces en fonction de ces
deux hypothèses d’emploi : l’affrontement si possible froid, mais éventuellement
chaud avec le Pacte de Varsovie et les interventions ponctuelles à l’extérieur,
principalement en Afrique.
Dans un premier temps, je
décidais de décrire ces deux axes. La construction de la frappe nucléaire et
son association avec une force conventionnelle destinée à combattre en
République fédérale allemande et aux frontières nord-est de la France, me
paraissaient constituer de grandes opérations en soi. Dissuader, c’est agir. Après
avoir rédigé plusieurs chapitres sur ces « opérations froides », mon éditeur me persuadait de ne parler que
du second axe, celui de la stratégie « chaude ». Je cédais, je ne
parlerai donc que des opérations extérieures, au moins dans un premier temps.
Mais là s’est posé un autre problème
bien connu. À force d’employer les termes « opération » et « opérationnel » à tort et à travers dans plusieurs sens
différents, on ne sait plus très bien de quoi on parle. L’appellation « opération extérieure », avec un nom de baptême, s’applique
de fait chaque fois que l’on engage des militaires français dans une action à l’étranger,
mais cela peut désigner des choses aussi différentes que le largage de matériel
au profit d’une mission polaire de Paul Émile Victor en 1967, le transport de
deux étalons comme cadeau au roi Fayçal en 1973, l’intervention humanitaire au Bangladesh
en 1970 ou encore la guerre contre l’Irak en 1990-1991. Quand on fait le total
de toutes ces opérations diverses baptisées, on dépasse le nombre de 400.
Comme il n’était pas question
de décrire 400 opérations, je décidais de me concentrer sur les opérations
les plus importantes en volume, plus de 1 000 soldats engagés, et/ou ayant engagé
des combats et des morts. Cela conduisait de fait à en réduire le nombre à 32 grandes
opérations réparties dans les deux cadres d’emploi du monopole de la force
légitime : la guerre et la police. La distinction entre les deux réside en
la désignation ou non d’un ennemi.
Dans le premier cas, normalement
on fait la guerre à une entité politique clairement désignée. Dans les faits, c’est
rarement aussi clair. Pendant longtemps, l’emploi du mot « guerre » a fait peur, et quand il a
fait moins peur, on a hésité sur le « à qui », jusqu’à employer des expressions aussi absurdes
que « faire
la guerre au terrorisme ». Deuxième subtilité, il y a différents niveaux dans
l’opposition entre entités politiques. On semble redécouvrir la chose aujourd’hui,
mais sous le seuil de la guerre ouverte, il peut y avoir aussi ce que l’on
appelle aujourd’hui officiellement des « contestations » (je reste
fidèle au vieux terme introduit par les Britanniques de « confrontation ») où on s’affronte quand
même et parfois un peu violemment. J’en décris quelques-unes que je classe
parmi les guerres.
Dans le second cas, la
police internationale, on s’engage quelque part, mais sans vouloir imposer sa
volonté par la force à des groupes politiques. Cela a pris plusieurs formes :
opérations humanitaires armées, interposition ou sécurisation de zones. J’aurais
pu parler aussi dans ce cadre des opérations d’évacuation de ressortissants, mais
de faible volume et souvent sans combat, je préférais ne pas les évoquer, sauf
une. Point particulier dans ce cadre : ce n’est pas parce qu’on ne désigne
pas d’ennemi que l’on n’a en pas et ce n’est pas parce qu’on ne veut pas se
battre que l’on n’est pas attaqué. La plupart des pertes françaises au combat depuis
soixante ans, et en réalité la plupart des échecs, sont survenues dans le cadre
de ces opérations que l’on regroupe désormais sous le terme global de « stabilisation » (un moyen élégant pour ne
pas dire « police » et évoquer notamment le « gendarme de l’Afrique »). Pour
compliquer les choses, à partir du milieu des années 1980, ces opérations
de stabilisation peuvent également se dérouler sur le territoire français,
quelque chose qui aurait probablement fait horreur au général de Gaulle.
J’ai donc entrepris de
décrire ces grands engagements depuis 1961, en insistant sur le niveau dit « opérationnel », c’est-à-dire dont elles
ont été pensées et conduites au niveau militaire, en prenant en compte la
direction stratégique et sans entrer dans le détail des actions tactiques. C’est
évidemment frustrant par certains aspects. Mes amis militaires auraient aimé
que je cite en détail l’action de leur armée, de leur corps ou de leur régiment
plus en détail, mon éditeur aurait préféré que je parle le plus possible de
politique française, jugée plus attractive que les concepts de contre-insurrection,
d’opérations cumulatives contre opérations de conquête, de la gradation soutien-appui-engagement
direct, etc. Étrangement, il aurait aimé aussi plus de Forces spéciales, de
cyber, d’espace, pour être à la mode.
De fait, au début, il y avait
beaucoup de sigles et de noms d’équipements, et j’ai été obligé d’épurer largement
de ce côté. Je serai donc sans doute critiqué pour cela (« vous n’avez pas
assez parlé du rôle glorieux de tel corps, accessoirement le mien »). De l’autre
côté, je suis resté assez simple du côté de l’échelon politique. En réalité
parce que c’est aussi souvent assez simple de ce côté, ce qui ne veut pas dire
clair et efficace et c’est bien là souvent le problème. En France, une
opération, c’est un engagement militaire décidé par le président de la
République, normalement en conseil de Défense. Or, à la grande frustration des
militaires, ce président pense souvent à plusieurs « publics » à toucher avec cet engagement et l’ennemi, en
admettant qu’il y en ait un de désigné, n’est pas forcément le public prioritaire.
Le président peut penser en effet à « se montrer à tel allié », « rassurer l’opinion publique ou lui
montrer qu’il fait quelque chose » ou simplement « en être, parce que la France ne peut faire
autrement que d’en être ». Ne nous leurrons pas, la définition des objectifs
stratégiques ne va pas souvent plus loin, aux militaires ensuite à traduire
cela en effets à obtenir sur le terrain et on revient au niveau opérationnel
(ou opératif, oui je sais c’est compliqué).
32 opérations donc, à
décrire sur un long cours de 60 ans qui n’est pas lui-même un long fleuve
tranquille. En réalité, on s’apercevra très vite qu’une vision et un modèle de
force associé, comme avec de Gaulle en novembre 1961, est comme un paradigme
scientifique qui doit résister à la réfutation. Il est valide tant qu’il résiste
aux faits et s’adapte aux anomalies qui se présentent. Il ne l’est plus lorsqu’il
ne peut s’adapter.
On verra donc dans ce livre,
notre modèle de forces initial de 1961 rencontrer très vite des anomalies, et
le phénomène est en soi intéressant : pourquoi n’a-t-on pas imaginé que l’on
aurait un jour à mener une guerre de plusieurs années contre une organisation
armée (au Tchad en l’occurrence de 1969 à 1972) alors que c’était assez prévisible ? Tout simplement parce qu’on
ne le voulait pas. Les choses stratégiques ne sont donc pas aussi rationnelles
qu’il pourrait paraître, et on rencontrera ainsi à plusieurs reprises plein de
choses imprévues alors qu’on aurait pu facilement les prévoir. Ce qui nous contraint
à chaque fois à nous adapter dans l’urgence.
On se trouve alors dans une
voie stratégique que l’on qualifiera de normale, c’est-à-dire évoluant dans un
cadre international à peu près connu, même si le résultat des actions est incertain.
On ne sait pas quel sera le résultat d’un lancer de dé (l’évolution d’une crise
par exemple) mais on connaît « normalement » tous les résultats possibles. Le problème
est que bien souvent, le président, comme de Gaulle avec la contre-insurrection,
on refuse d’envisager qu’il tombera sur 6, et parfois même, comme avec
Mitterrand, très interventionniste mais aussi très inhibé dans le niveau d’engagement,
on lance plein de dés, en refusant de considérer qu’ils puissent tomber sur 4,
5 ou 6. Forcément, cela peut poser des problèmes pour ceux qui sont dans le dé
qui est lancé.
Et puis parfois c’est la
table sur laquelle on lance le dé qui s’effondre et là, le modèle n’est définitivement
plus valable. L’effondrement de l’URSS en constitue évidemment l’exemple le
plus impressionnant. Dès 1990, les rapports internationaux ne sont plus les mêmes
qu’au moment de la parution de Tempête rouge de Tom Clancy (1986 !) et notre modèle conçu
pour évoluer tant bien que mal dans un cadre prévisible se retrouve fort
dépourvu… sauf si le fait que le contexte international change forcément en
profondeur tous les 20 ans (c’est évidemment une moyenne) a été pris en
compte. Spoiler : ce n’est jamais le cas, car il s’agit là de choses lointaines
et peu visibles. Or, ce sont ces bouleversements sur quelques années qui font le
gros l’histoire.
S’il décrit une période
unique pour la France- les opérations militaires de la France de la Ve République
après la décolonisation- ce livre est donc scandé en trois grandes périodes « normales » interrompues brutalement
par des changements de contexte : la période de la guerre froide, la
période de la mondialisation et du nouvel ordre mondial et la période de la
guerre ouverte contre les organisations salafo-djihadistes à partir de 2008. Cela
fait 13 ans maintenant que la France est en guerre permanente, et il faut
donc envisager que cela prendra bientôt fin alors que par ailleurs on voit de
nouveaux défis apparaître depuis quelques années.
À l’intérieur de ces trois
grandes périodes, j’ai tenté de définir plusieurs blocs de cohérence, un exercice
pas évident quand on fait plein de choses en même temps sur plein d’endroit
différents.
Dans la première partie, il
est ainsi question des dernières guerres du général de Gaulle de Bizerte au
Tchad, de celles de Giscard d’Estaing sur une période très brève mais intense,
des ambiguïtés du président Mitterrand qui ne veut jamais faire la guerre, mais
s’y trouve confrontée en permanence.
Dans la seconde, celle de la
mondialisation, il faut bien commencer par parler du changement de contexte et de
la nouvelle orientation (désastreuse) de notre stratégie organique (celle qui
définit et organise les moyens) qui l’accompagne, pour évoquer ensuite le temps
piteux des soldats de la paix, celui plus glorieux mais aussi difficile des « stabilisateurs », dans les Balkans d’abord
puis en Afrique, pour terminer par le début de l’affrontement contre les organisations
islamistes, qui commence pour nous en 1995. On n’avait pas remarqué alors que
les acteurs militaires qui avaient le plus bénéficié de la mondialisation
étaient les organisations armées, alors que de leur côté les États réduisaient
plutôt leurs instruments régaliens. Si on constatait la réduction des guerres
entre États, sauf contre les États-voyous, la conjonction des deux phénomènes
ne pouvait que provoquer le développement des conflits internes, dans lesquels
nous avons été obligés (ou nous sommes crus obligés) d’intervenir jusqu’à ce
que les mêmes organisations, dopées par un nouveau contenu idéologique, viennent
nous frapper directement.
La troisième partie, la plus
développée, est donc celle de la guerre ouverte en cours, dont après à nouveau évoqué
le nouveau contexte général et les évolutions de notre politique de Défense, je
situe le début véritable dans l’engagement en Kapisa-Surobi en 2008. Après le récit
de cet engagement en Afghanistan, je me suis attaché à décrire les derniers
fronts de l’époque ancienne, contre les États-voyous d’abord puis la dernière
opération de stabilisation en Afrique, avant de parler des trois théâtres actuels
de la guerre contre l’État islamique et Al-Qaïda au Sahel, au Levant et en France.
Je conclus en forme de bilan
et en insistant sur la vulnérabilité actuelle de notre outil militaire, de
bonne qualité mais tellement réduit et surtout incapable de monter vraiment en
puissance.
Au désespoir de mon éditeur,
ce n’est donc pas un nième récit sur les exploits des Forces spéciales, même si
je cite toutes leurs opérations. Ce n’est pas non plus une compilation officielle
des opérations extérieures accompagnées de l’explication de leur succès. C’est
un récit analytique qui se veut à peu près complet sur tout ce que l’on a fait,
bien ou mal, avec l’avantage et les biais de quelqu’un qui en a vécu quelques-unes
et qui tient aussi par cet ouvrage en fait inédit, de rendre hommage à ceux qui
y sont tombés.
C’est évidemment aussi un
travail imparfait et incomplet, les choses vont tellement vite, et je compte sur
vos critiques pour l’améliorer.
Michel Goya, Le temps des guépards-la guerre mondiale de la France de 1961 à nos jours, 365 pages, Tallandier, 2022, 21,90 euros.
Le temps du soldat de la Nation va être un parenthèse, depuis 2001 sonne à grandes volées le grand retour des nouvelles compagnies des Indes et du mercenariat.
RépondreSupprimerhttps://asiatimes.com/2021/12/erik-prince-calls-for-upgrade-of-us-hybrid-conflict-capabilities/
Pas de problèmes de déontologie ou de droits humains, de la monnaie!
https://taskandpurpose.com/opinion/blackwater-mercenary-iraq-war/
Le chemin est tout tracé.
C'est l'Or qui gonfle le bras qui tient l'Epée:
RépondreSupprimerhttps://www.diploweb.com/Video-G-Chaliand-Des-guerillas-au-reflux-de-l-Occident.html
Le reste, panem et circenses...
https://comptoir.org/2017/05/24/gerard-chaliand-pour-les-pays-occidentaux-les-attentats-cest-du-spectacle/
Nous sommes dans un monde mafieux, les méthodes sont à l'avenant.
https://www.diploweb.com/Video-J-F-Gayraud-Terrorisme-et-crime-organise-Les-hybrides-nouvelle-perception-strategique.html
https://notes-geopolitiques.com/penser-la-gouvernance-mondiale/
Vincent Bolloré prépare sa succession et se tire d’Afrique:
Supprimerhttps://capitalfinance.lesechos.fr/deals-m-a/large-cap/msc-veut-recuperer-les-activites-de-logistique-africaine-de-bollore-1376191
Je ne peux pas m’empêcher de regarder ces deux cartes:
https://www.areion24.news/2020/12/16/la-mafia-italienne-mise-sur-lafrique/
Évidemment, ce n’est pas en sens unique:
https://www.revueconflits.com/les-mafias-nigerianes-investissent-leurope/
Mais quel monde allons-nous laisser à Michel Drucker, je vous le demande!!!
Transporter les produits chinois pour les vendre sans barrière douanière a détruit notre société et son tissu économique. C’est de la haute trahison avec la traite des êtres humains, gentiment renommée "migration" tout comme la fraude fiscale des plus riches est cachée sous le mignon vocable "optimisation".
SupprimerEchapper aux impôts, profiter de la misère humaine et s'enrichir toujours plus, tel est le programme, rien de moins…
Cependant, les bergers du troupeau aussi ont l’instinct grégaire:
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/04/20/31003-20180420ARTFIG00185-la-secession-des-elites-ou-comment-la-democratie-est-en-train-d-etre-abolie-par-coralie-delaume.php
Privatisation des profits et nationalisations des pertes, cela est certainement très bien vu par les saigneurs du CAC 40, sponsors de nos marionnettes politiques, l’argent-roi a toujours préféré l’obscurantisme et la féodalité.
https://www.lefigaro.fr/vox/monde/chine-et-occident-convergeront-ils-vers-une-gestion-des-individus-par-algorithmes-20211226
Les années 30 leur ont tellement plu en termes de dividendes plantureux...
https://www.lemonde.fr/livres/article/2010/11/18/la-revolte-des-masses-de-jose-ortega-y-gasset_1441712_3260.html
La drogue, permettant d'acheter hommes et armes a conquis le monde et adore les zones avec des Etats faillis:
Supprimerhttps://www.la-croix.com/Monde/Maroc-Libye-Sahel-lAfrique-paradis-narcotrafiquants-2022-02-13-1201200002
Cela attire les grands requins de la finance internationale, l'odeur des grands profits où à partir d'un certain montant la légalité ou l'illégalité sont des concepts pour looser.
https://www.africaintelligence.fr/afrique-ouest-et-centrale_business/2022/03/02/vente-des-actifs-africains-de-bollore--ou-en-sont-les-discussions,109737203-art
En Indochine, banquiers et hommes politiques faisaient du trafic de piastres, d'opium et même alimentaient le Viet Minh en armement par le biais des chinois.
SupprimerDe l'artisanat, à hauteur d'hommes...
La France a délégué à certains capitaines d'industrie le pouvoir de faire la pluie et le beau temps, cependant notre poids dans le monde n'est plus celui "des temps bénis des colonies".
https://afriquexxi.info/article4906.html
D'autres prédateurs prennent leurs places.
Depuis, la globalisation des échanges a propulsé tout ça à un tout autre niveau (merci M. Alexis Kohler, de ne pas avoir emmené Benalla cette fois-ci!).
https://www.letemps.ch/economie/bollore-cede-activites-logistique-afrique-larmateur-msc
Je vais le lire avec grand intérêt. Nous manquons cruellement d'analyses structurelles. Merci
RépondreSupprimerSerait possible de consulter la table des matières mon Colonel?
RépondreSupprimerDifficile par ce biais (je l'esquisse en fin de propos). Je mets cela sur Twitter.
SupprimerMerci!
SupprimerLes fameuses opérations à but humanitaire...
RépondreSupprimerhttps://www.lemonde.fr/international/article/2022/01/14/rony-brauman-l-ingerence-n-est-pas-un-droit-mais-une-pratique-reservee-aux-plus-forts_6109507_3210.html
Désormais, le vocable est en désuétude au profit de la "guerre hybride".
Les élections sont dans pas longtemps, il y aura des excuses pour tout le monde...
RépondreSupprimerhttps://www.lopinion.fr/elections/presidentielle/les-mots-doux-demmanuel-macron-aux-rapatries-dalgerie
Tristes sires, c'est que la place est bonne!
Félicitations pour l'ouvrage, quelques remarques avec pages de réf.
RépondreSupprimerp. 106 ** Le devoir d'ingérence humanitaires, qui a été appliqué à géométrie variable a fini par donner une stabilité tout aussi variable. Il a surtout conduit au ressentiment des populations locales marquées plus par l'impression d’arbitrarité des interventions – très invesives – que de par les avancés (au mieux inexistantes) dans le respect des droits fondamentaux des régions d'intervention des coalitions internationales et notamment dans les pays extra-européens.
Ce serait peut être nécessaire établir un droit bien fixé sur les actes que requièrent l'intervention armée externe, les missions qu'on peut prétendre accomplir dans le ce cadre d'intervention, les limites d'ingérence à ne pas dépasser, puis, une fois fixé appliquer ce droit de manière univoque. Un juriste italien , le Gén. Maurizio Delli Santi, expert de Droit international du Ministère de l'intérieur italien s'occupe de cela depuis des années. Le flou juridique a engendré un flou politique, qui a engendré un flou opérationnel débouchant en interventions qui, même en cas de victoire militaire, ne produisent pas un contrôle du territoire et obtiennent un recul dans tous les domaines qu'on voulait soutenir au départ (respect des droits fondamentaux, sécurité, équanimité dans l'application de la justice, libertés, qualité de la vie de citoyens). Bref on a perdu toutes les guerres qu'on a gagnées.
113 La montée en gamme technologique comme axe de développement prioritaire se révèle très pénalisant dans le conflit asymétrique. Les troupes irrégulières opèrent de manière de plus en plus légère en équipement, elles sont de plus en plus invisibles, indétectables. Elles agissent par 'dérobement'. Elles mettent les armées régulières dans le paradigme coups de mousquet contre essaim de moucherons. La technique n'est pas nouvelle mais dans sa nouvelle configuration elle s'est encore allégé car les groupes n'ont même plus besoin d'être ensemble physiquement sinon au moment d'une action (grâce au téléphones portables). Les armes, sont de plus en plus rudimentaires à la fois dans nos pays qu'au pays extra-européens (on est passé des bombes des groupes terroristes des années '70 (BR, IRA, ETA, HAMAS, HEZBOLLAH) aux fusils à pompe – du Bataclan , jusqu'au coups de couteau de cuisine – agression 2017 – usage détourné de poids lourd – Nice), dans le Sahel l'équipement d'un djhadiste ne dépasse pas la motocyclette et le kalashinkov (équipements que n'importe quel clan nomade qui investi de zones réculés possède à titre collectif, sinon individuel).
RépondreSupprimerL'effet stratégique reste inchangé, la facilité d'organisation de l'action démultiplié, l'impunité (au moins au Sahel) garantie du fait que si les coupables ne sont immédiatement repérés après l'attac , ils se fondent avec la population, quant aux attaques sur le territoire occidental, le « combattant » -en général un sujet en échec relationnel, personnel, économique, social, cherche plus la mort que l'impunité. Dans le deux cas un des problèmes majeurs (la gestion du repli après l'action est vite réglé pour les troupes irrégulières, tandis que le regain d'une zone de sécurité de troupes régulières se fait toujours de manière si laborieuse).
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer126 Pertes réelles, pertes ressenties.
RépondreSupprimerLes affrontements classiques jusqu'à la fin de la IIème guerre mondiale se sont décidé sur un bilan de pertes respectives. Depuis les années 1970 – probablement après la guerre du Viet-nam – les pertes humaines dans le camp occidental sont perçues comme de plus en plus inacceptables. Cela affecte le déroulement de la guerre. La contabilité publique des pertes, se fait principalement dans son propre camp (qu'en général ça se compte par dizaines , rarement par centaines, même dans le cas de conflits très longs). En 9 ans de guerre au Nord du Mali 54 militaires fr tués, entre 550-750 grands djihadistes, 2000 rebelles/djihadistes conjoncturels - , entre 5000-6500 de civils morts à cause de l'instabilité régionale– chiffre fiable fourni par un membrede la Commission Paix, Justice et Réconciliation). L'opinion publique française, en 2020, jugeait que les pertes françaises étaient trop élevés pour continuer l'opération.