Modifié le 18 août 2018
A l’été 2008, la France prenait simultanément en compte la province de Kapisa ainsi que le commandement de la région de Kaboul (Regional command capital, RCC) et donc également le district de Surobi.
Le 8e
Régiment parachutiste d’infanterie de marine (RPIMa) était l’instrument premier
de cette double-opération. Selon les mots de son chef, il se préparait avec la
« souplesse d’un gymnaste ». La structure de son groupement ne
cessait de fluctuer au gré des incertitudes politiques. A Bucarest en avril, on
annonçait bien les fameux « 1 000 soldats de renfort » mais en
réalité ce n’était plus que 700 pour la nouvelle mission et 300 pour le RCC afin
de remplacer le départ d’une unité allemande et d’occuper la base de Tora en
Surobi. Le tout s’effectuait alors que l’on avait retiré les véhicules
des régiments pour les grouper dans des parcs mais l’on entamait seulement les très
rigidifiantes réformes issues de la RGPP. Louvois ne serait adopté que quelques mois plus tard et les marsouins-parachutistes pouvaient au moins être certains d’être soldés.
Laissés un peu
à eux-mêmes, sans grande orientation opérative et tactique, le 8e RPIMa s'est quand même très bien préparé et ceux qui sont
partis en Kapisa en juillet s’en sont finalement bien sortis. Jusqu’au mois de
décembre, ils ont mené la première campagne de contre-insurrection française
depuis le Tchad dans les années 1970 et ils l’ont bien fait, au prix de quinze
soldats blessés. C’était un tournant majeur de notre engagement en Afghanistan
et même de l’emploi de nos soldats depuis les années 1980 mais cela
n’intéressait alors guère les médias. Cela se passait sans doute trop bien et
puis cette Task Force Chimère n’avait eu « que » quinze soldats
blessés. On aurait donc pu continuer à faire la guerre à bas bruit s’il n’y
avait eu aussi le ré-engagement en Surobi.
Trois semaines
après la relève des Américains en Kapisa, le BATFRA renforcé remplaçait les
Italiens sur la base de Tora. On avait donc deux engagements français voisins
mais qui auraient pu se dérouler aussi bien sur des planètes différentes tant
le BATFRA restait lui dans son sentier. Alors même que la compagnie affectée à
Tora était aussi du 8e RPIMa et se trouvait à quelques dizaines de
kilomètres de ses camarades, les équipements ou les dotations en munitions étaient
restées les mêmes que ceux du reste du BATFRA, qui lui-même avait peu évolué. Si
on y ajoutait, à Tora, les certitudes d’un capitaine sur ses qualités propres et
celles de son unité, on obtenait un cocktail habitudes-prétention au destin
généralement funeste en temps de guerre.
Le district de
Surobi est alors surtout une zone de passage pour les groupes armés et bandits
locaux, dont le plus important est le Hezb i-Islami Gulbuddin (HiG) d’Hekmatyar,
un ancien allié contre les Soviétiques. Les Italiens avant nous et les Turcs
encore avant ne s’y sont jamais montré, disons, très agressifs. Un accrochage
qui avait provoqué la mort d’un soldat italien en février 2008 avait suffi à
calmer tout velléité de troubler l’activité locale.
Le nouveau
commandement français décidait de son côté de reprendre pied dans tout le district.
La méthode en serait la reconnaissance, c’est-à-dire concrètement des déplacements
sur tous les axes afin de rencontrer les populations et de voir le terrain
avant de rentrer à la base. La conjonction entre pouvoir mettre le pied quelque
part pendant une heure ou deux et contrôler ce même quelque part était sans
doute un peu hâtive (après l’embuscade, un très haut responsable des armées me
parlera ironiquement de « promenade militaire » pour qualifier cette
méthode) mais jusque-là cela paraissait fonctionner, en grande partie parce que
personne ne s’y opposait. On pouvait circuler et, avec un peu de chances,
discuter avec les chefs locaux, distribuer un peu d’aide, etc. et tout le monde
était content avant de rentrer à la base sans avoir été vraiment inquiété.
La zone est
montagneuse et difficile d’accès. Il fallut s’y reprendre à plusieurs fois pour
aller jusqu’au col d’Uzbin dans une des vallées secondaires de Surobi. Une première visite avait déjà eu lieu quelques jours auparavant au village de Sper Kunday au pied du col. Les
intentions françaises pouvaient alors difficilement échapper à quiconque prenait
la peine de les observer. Le 18 aout, une colonne forcément peu discrète était
donc partie le matin de Tora pour arriver vers 13h30 à Sper Kunday vingt
kilomètres plus loin. Normalement, c'était à une section de l'armée nationale afghane (ANA) de poursuivre la progression vers le col. C'est finalement la section du 8e RPIMa (Carmin 2) qui était arrivée en premier à Sper Kunday qui a pris cette mission à son compte.
Un peu plus de deux heures plus tard, la crise, qui est souvent un révélateur de faiblesse cachées, éclatait.
Un peu plus de deux heures plus tard, la crise, qui est souvent un révélateur de faiblesse cachées, éclatait.
La première de
ces faiblesses cachées était celle de la mission. S’il est concevable de
maintenir ouvert un axe de circulation essentiel, on ne voit pas très bien
l’intérêt d’aller sur un col inaccessible en véhicules puis de redescendre et
de revenir à Tora. S’agissait-il de prendre contact avec la population ?
Il n’y en avait pas sur le col. Mesurer la viabilité de l’axe ? Il n’y
avait pas besoin d’aller sur le col pour le constater. Servir d’appât ?
Outre qu’on ne pratique plus guère ce procédé depuis Dien Bien Phu, il aurait
fallu qu’il y ait par ailleurs un puissant et efficace dispositif de frappes
pour compléter le piège, ce qui n’était pas le cas.
En résumé, la
mission de la section du 8e RPIMa (Carmin 2) en charge de la
reconnaissance jusqu’au col était simplement la continuation de ce qui se faisait
auparavant. Elle aurait pu se faire très simplement avec des drones…si on avait
disposé de drones. On jettera une voile pudique sur le retard pris par la
France dans ce domaine, un beau ratage de notre politique industrielle de défense
qui nous aura sans doute coûté quelques vies de soldats. Idéalement, si on
avait fait un effort sur les « petits programmes », ceux qui ne
sont pas les plus rentables pour les industriels mais intéressent le plus les
combattants au ras du sol, le chef de CARMIN 2 aurait peut-être pu disposer
d’un petit drone de reconnaissance (ceux-là même qui sont vendus actuellement 200 000
euros aux armées) qui lui aurait évité d’aller sur le col et peut-être même de
déceler l’embuscade. A tout le moins, on aurait pu utiliser un SDTI (Système de
drone tactique intérimaire), système déjà opérant mais jugé plus utile au
Kosovo.
Au final, on
peut peut-être justifier la montée sur le col par la volonté de montrer que les
soldats français pouvaient aller là où ils voulaient. Il n'y avait pas là non plus une urgence absolue à le faire le jour de la visite du chef de l'ISAF à l'état-major français à Kaboul et au BATFRA, visite qui accaparait évidemment les attentions et certains moyens.
Il est vrai, deuxième faiblesse, qu'on n’imaginait pas que cela puisse être vraiment dangereux. Dans les ordres donnés au chef de Carmin 2, il n’était question que d’une douzaine de combattants légèrement armés qui pouvaient mener une action de harcèlement et/ou poser un engin explosif. Rien qui ne soit à la portée d’une section d’infanterie. C’était une énorme erreur bien sûr, qui reprenait presque en copier-coller les paragraphes renseignement d’ordres d’opérations précédents, mais ce n’était pas la principale. La principale fut d’oublier que la guerre, qui suppose la confrontation violente entre êtres intelligents, est la plus incertaine des activités humaines et qu’il était possible que ce que l’on croyait ne fut pas vrai.
Il est vrai, deuxième faiblesse, qu'on n’imaginait pas que cela puisse être vraiment dangereux. Dans les ordres donnés au chef de Carmin 2, il n’était question que d’une douzaine de combattants légèrement armés qui pouvaient mener une action de harcèlement et/ou poser un engin explosif. Rien qui ne soit à la portée d’une section d’infanterie. C’était une énorme erreur bien sûr, qui reprenait presque en copier-coller les paragraphes renseignement d’ordres d’opérations précédents, mais ce n’était pas la principale. La principale fut d’oublier que la guerre, qui suppose la confrontation violente entre êtres intelligents, est la plus incertaine des activités humaines et qu’il était possible que ce que l’on croyait ne fut pas vrai.
De là
découlait, la troisième faiblesse, celle du dispositif. Celui-ci était partagé
en deux échelons : celui de la reconnaissance avec Carmin 2 et de la section de l'ANA, puis celui des appuis avec, un
kilomètre en arrière, une autre section afghane de police militaire cette fois
(en fait spécialisée dans la protection de sites) et une section
d’appui du Régiment de marche du Tchad (RMT, Rouge 4) placée sur la ligne de crête
précédente avec son groupe de mortiers de 81 mm et son groupe de missiles
Milan. Un groupe des Forces spéciales américaines dont une équipe de guidage aérien (Joint terminal attack controller, JTAC) complétait le dispositif, un peu étrangement dans ce secteur français mais il s'agissait alors de chapeauter et surveiller les Français dans leur mentoring des forces de sécurité afghanes. Leur présence sera finalement essentielle pour les munitions qu'ils portent avec eux, et qui s’avéreront précieuses, mais surtout pour leur capacité à faire appel à des appuis aériens (même imparfaitement car ils sont aussi en formation). Une autre équipe JTAC américaine viendra les renforcer.
Difficile de
faire plus hétérogène donc mais là aussi on avait pris l’habitude de ces
bricolages au mépris de tous les principes de cohésion, de pratique en commun,
de confiance mutuelle, etc. Encore une fois peu importait puisque cela se
passait toujours bien (ou presque) et que de toute façon l’ennemi était faible.
Comble de la légèreté, ce dispositif était « piloté » de loin depuis
Tora. Il est vrai que l’activité principale ce jour-là, celle
qui polarisait les esprits (et les hélicoptères), était la visite du général
McKiernan, le commandant de l’ISAF. Ni le commandant d'unité, ni son adjoint n'étaient alors disponibles. A Uzbin, les chefs de section étaient
censés se coordonner entre eux.
Cette colonne
blindée d’une centaine d’hommes pouvait être encore imposante et résister à
tout tant qu’elle restait groupée. La faille, et quatrième faiblesse, est intervenue
lorsque, conformément aux ordres reçus, la section Carmin 2 s’est dissociée du
reste du groupement pour entamer la montée du col à pied, pratiquement deux
kilomètres de lacet à fort dénivelé et par 30 degrés de chaleur.
A 15h45, alors
qu’elle arrivait sur le col après une marche difficile, la section se retrouvait en partie coupée de ses appuis
directs, les mitrailleuses 12,7 de ses trois VAB restés à Sper Kunday (avec le
4e en arrière), alors en limite de portée. Restaient les mortiers de
Rouge 4 et surtout les éventuels aéronefs demandés par les Américains...aux
Américains (les deux hélicoptères Caracal français étaient alors pris par une
autre mission). Tout cela représentait une puissance de feu considérable, à
condition de garder l’ennemi à distance de façon à ne pas être frappé soi-même.
A 15h45 environ, le premier coup de feu claquait.
Les « combattants
en haillons », pour reprendre l’expression postérieure d’un général
français, avaient su mettre en place une embuscade très sophistiquée. Contrairement
à ce qu’on imaginait, différentes factions locales s’étaient entendues pour
réunir bien plus que la douzaine attendus et avec suffisamment de
munitions stockées dans des caches pour combattre toute une journée. Cette
force, parfaitement dissimulée dans le terrain, a bénéficié d’une surprise
complète. Par la suite, à l'afghane, la première force a été rejointe par les bandes d'autres chefs de guerre qui voulaient leur part de gloire.
Carmin 2 a tout de suite été durement frappée, des snipers rebelles prenant en plus pour cibles son encadrement. Rapidement blessé au bras, l’adjudant Evrard est parvenu néanmoins à continuer à commander et à assurer la liaison avec ses équipages de VAB et tous les appuis. Après la surprise initiale, le sergent Cazzaro qui était presque arrivé au col parvenait à se replier avec la plupart de ses hommes. Toute la section se trouvait alors postée derrière les quelques rochers aux alentours de la piste. Les risques diminuaient d’un coup mais au prix de la fragmentation et de la quasi-immobilisation.
Carmin 2 a tout de suite été durement frappée, des snipers rebelles prenant en plus pour cibles son encadrement. Rapidement blessé au bras, l’adjudant Evrard est parvenu néanmoins à continuer à commander et à assurer la liaison avec ses équipages de VAB et tous les appuis. Après la surprise initiale, le sergent Cazzaro qui était presque arrivé au col parvenait à se replier avec la plupart de ses hommes. Toute la section se trouvait alors postée derrière les quelques rochers aux alentours de la piste. Les risques diminuaient d’un coup mais au prix de la fragmentation et de la quasi-immobilisation.
Dès lors que
les rebelles étaient imbriqués autour de Carmin 2 les appuis disponibles
étaient presque totalement inopérants. Les mitrailleurs des VAB, rapidement
accrochés eux-aussi, ont fait ce qu’ils ont pu sur des ennemis qu’ils voyaient
peu mais le groupe mortiers de Rouge 4 n’a pas pu tirer sans risquer de frapper
autant les Français que les rebelles. Son chef a donc annoncé à la radio une « impossibilité
technique de tir », ce qui sera à l’origine de la légende stupide de l’oubli
des percuteurs et d’une brouille, tout aussi stupide, entre le RMT et le 8e
RPIMa.
Le chef de
Rouge 4 a fait alors embarquer sa petite section dans les VAB et tenté de venir
au secours de Carmin 2 par Sper Kundaï. Il s’y est trouvé tout de suite pris à
son tour sous le feu d’armes légères et de dizaines de roquettes RPG utilisés
comme artillerie légère d'une autre force rebelle. Comme la section de l’ANA qu’elle rejoignait, il fut impossible à Rouge
4 de manœuvrer au-delà du village. Tout au plus, le groupe antichars réussit-il
à tirer quatre missiles. Ces quatre missiles à charge creuse n’ont sans doute pas
changé grand-chose. Ils ont même freiné beaucoup plus tard la progression de
nuit de renforts, les fils des missiles qui traînaient faisant croire que la
zone était piégée. Les chasseurs-bombardiers américains qui sont arrivés au
bout d’une demi-heure de combat ont fait le même constat de l’impossibilité
d’agir du fait de l’imbrication.
De fait seuls,
auraient été efficaces des appuis directs et précis comme des canons de 20 mm
ou des canons de 9o/105 mm de Sagaïe ou d’AMX-10RC en admettant qu’ils aient pu
accéder à la zone. Une paire d’hélicoptère Tigre aurait peut-être été aussi
très utile mais l’appareil, alors en service au 5e Régiment
d'hélicoptères de combat depuis la fin 2007 poursuit sa phase normale et
réglementaire d'expérimentation tactique puis une, essentielle probablement,
mise au standard naval. Il n’y en avait donc pas en Afghanistan.
Pendant ce
temps à l’état-major du RCC, c’était stupeur, sidération et même colonels en
pleurs selon un témoignage de première main. On envoyait néanmoins tous les
renforts possibles. Deux sections d’infanterie et une section d’appui, étaient
parties immédiatement de Tora pour arriver vers 17h00 dans la zone et se faire
prendre à partie à leur tour par des rebelles qui eux-mêmes s’étaient
renforcés. Le terrain à la fois vallonné et très découvert rendait très
difficile toute manœuvre, à moins d’accepter des pertes importantes. La
compagnie parvenait néanmoins à Sper Kunday à relever les VAB de Carmin 2 qui
arrivaient en limite de munition et à tendre la main vers les premiers hommes
qui étaient parvenus à s’extraire de l’embuscade. Une autre compagnie en
provenance de Kaboul a également été envoyée mais elle ne pouvait arriver qu’à
la tombée de la nuit.
La section de
l’adjudant Evrard se trouvait donc isolée sans espoir de secours rapide avec,
cinquième faiblesse, l’impossibilité de résister très longtemps. Là encore, Carmin
2 payait en bout de chaîne des années d’errements, de bidouillages et de petites
économies qui avaient affaiblies les sections d’infanterie et que le courage
seul ne pouvait entièrement compenser.
Cette section
à terre était équipée exactement de la même façon que celle que j’avais
commandée quinze ans plus tôt, époque où nous étions très heureux des
nouveautés (gilets pare-balles, casque, Minimi, fusil mac Millan) incorporés en
urgence après déjà un certain nombre de tués en Bosnie. Depuis il n’y avait pas
eu grand-chose de nouveau pour les fantassins, ou pour être juste des choses qui
arrivaient mais très lentement. Pas de mort pas d’urgence, pas d’urgence pas
d’argent pour ce que les Britanniques appellent la « poor boody infantry ».
Au lieu d’une
section à terre théorique de 30 hommes (structure déjà réduite par économie), il
n’y en avait que 23, une habitude prise depuis longtemps dans les missions
extérieures afin d’économiser quelque postes. On avait alors atteint un minimum
historique depuis l’invention de la section d’infanterie en France. Cette
section réduite était en revanche organisée comme le prévoyait le règlement, ce
qui cette fois ne me paraissait pas judicieux. Passons sur les groupes à sept
hommes (un chef et deux trinômes), les plus réduits des armées développées et
donc aussi les plus rapidement déstructurés en cas de pertes. On se rendra bien
compte un jour de cette faiblesse.
Constatons en
revanche que toutes les armes d’appui, mitrailleuses légères Minimi,
lance-grenades individuels, fusil de précision, étaient réparties dans les
groupes. Alors que les combattants étaient collés à l’ennemi, ces armes d’appui
n’avaient plus beaucoup d’utilité. A quelques dizaines de mètres de l’ennemi, on
ne tire pas au FRF2 ou au LGI et la Minimi n’apporte pas de plus-value par
rapport au Famas. Je prône pour ma part, une organisation en 3 + 1 avec trois
groupes légers et un groupe rassemblant les armes d’appui. Placé en arrière, ce
groupe peut utiliser ses armes plus facilement et même combiner ses effets
(précision, saturation légère et tir indirect). A Uzbin, le tireur de précision
placé un peu en arrière, Kevin Chassaing, a fait des ravages (peut-être huit
ennemis) avant d’être mortellement frappé à son tour. Son camarade plus en
avant et plus mal placé a également abattu avec certitude au moins un combattant
ennemi. Les tireurs de précision sont de loin nos soldats les plus redoutables,
c’est sans doute la raison pour laquelle, il n’y en plus que deux par section
au lieu de trois comme au temps de la section à 42 hommes.
D’une manière
générale, la section d’infanterie française en opérations était devenue une
petite unité porteuse d’armes légères en 5,56 mm et par ailleurs déjà vieilles
de presque trente ans (en qu’en trente ans on ait toujours conservé les mêmes mauvais
chargeurs reste pour moi un mystère). Rien là-dedans qui écrase, sature, tient
en respect à distance. Pire, alors qu’au même moment, les sections françaises
en Kapisa étaient surdotées en munitions, les hommes de Carmin 2 ne disposaient
que de 200 cartouches, la dotation « habituelle ». C’est peu
lorsqu’il faut tenir des centaines de minutes. Avec trente hommes à terre, un groupe
d’appui et 300 voire 400 cartouches par soldat, peut-être une arme de poing en surdotation pour chacun, et sans autre innovation, la
section pouvait peut-être tenir deux heures de plus et attendre l’arrivée des
renforts sans avoir à tenter un périlleux décrochage.
Au lieu de
cela, vers 18h, la situation était devenue très critique pour Carmin 2, qui
commençait à manquer sérieusement de munitions, et même à Sper Kunday dont les
rebelles s’approchaient dangereusement. La décision a alors été prise de faire
tirer les avions A-10 et les hélicoptères OH-58 Kiowa puis les mortiers de 81
mm malgré l’imbrication, afin de couvrir autant que possible le décrochage individuel
ou par petits groupes, des marsouins-parachutistes, effectué dans les plus
mauvaises conditions (je ne me souviens plus pourquoi le décrochage ne s’est
pas fait non plus dans un océan de fumigènes, peut-être parce qu’il n’y avait
pas).
Le combat a
encore duré longtemps. Il fallut attendre 20h et l’arrivée de renforts de
Kaboul et des appuis américains, drone Predator, hélicoptères Kiowa, gunships
AC-130 (frappant surtout le district voisin de Methar Lam base de l'attaque ennemie) mais aussi mortiers français de 120 mm pour commencer à faire basculer le rapport de forces. Les rebelles, lourdement frappés desserraient leur emprise et laissaient aux Français plus de liberté d'action. Les
premiers blessés ont pu alors, enfin, être évacués et il faut souligner à cette occasion, le travail remarquable des pilotes d'hélicoptères Caracal une fois libérés de leur mission à Kaboul. Les rebelles ont décroché à
partir de 21h30 mais des tirs intermittents ont continué pendant plusieurs
heures. Le désordre était alors très grand dans les forces françaises qui s’étaient
empilées dans la zone et la progression fut particulièrement prudente. Il
fallut ainsi des heures pour sécuriser Sper Kunday et ses alentours avant que
deux sections puissent remonter à nouveau la long de la piste jusqu’au col. Une équipe de Forces spéciales norvégiennes était également héliportée courageusement sur la crête. La
zone a pu être fouillée jusqu’au matin du 19 août, les derniers soldats isolés
récupérés et les corps évacués. C’est à ce moment-là qu’un accident de VAB a
provoqué un décès et trois blessés supplémentaires.
Le 19 août, à
l’aube, Carmin 1, la nouvelle section du 8e RPIMa qui tenait le col était à
son tour prise à partie par des tirs à distance des rebelles. Elle parvenait à
guider sur eux un tir de mortiers lourds qui s’est avéré semble-t-il efficace.
Les rebelles ont abandonné définitivement le combat vers midi, la crête a été définitivement conquise.
Dix de nos
soldats sont morts, ainsi que l'interprète qui les accompagnait, et 21 autres ont été blessés. Les deux sections afghanes ont eu deux blessés au total. Plusieurs véhicules ont été
très endommagés et nos adversaires ont capturé un certain nombre d’équipements
avec lesquels ils ont pu parader devant des journalistes de Paris Match venus
leur servir la soupe quelques jours plus tard. On ignore le nombre réel de
rebelles qui ont été tués ou blessés en deux jours, les chiffres qui vont de 10, selon Hekmatyar
lui-même, à 80. Un seul corps a été trouvé dans la zone des combats puis deux le lendemain sur la crête mais le drone Predator a permis de voir des dizaines de tués et blessés portés par les rebelles dans une vallée voisine. Par la suite, cela prendra du temps, mais la plupart des chefs de guerre et les bandes qui auront participé à l'embuscade seront frappés. Hekmatyar, lui, a été pardonné en 2016 et a fait la paix avec le gouvernement afghan.
La foudre
était finalement tombée. Elle a servi de révélateur de faiblesses structurelles
ou circonstancielles de notre armée. Elle a permis aussi de révéler le courage,
la force et la compétence admirables de beaucoup de nos soldats. Retenons les
deux.
C'est un exercice à la fois facile et périlleux que d'écrire l'histoire à bref délai (au niveau historique) car les plaies sont toujours mal refermées.
RépondreSupprimerJe trouve que le recul, et la qualité technique du commentaire, permettent de délivrer ici un document explicatif de cette embuscade qui parvient à éviter l'écueil.
Pas certain que le lecteur peu familiarisé de la vie militaire y trouve complètement son bonheur, mais il faut bien caler le curseur technique à un moment donné.
Ce sera en tous cas supérieur à "Paris-Match".
Ce n'est pas le service de la soupe, et c'est heureux.
J'ai personnellement cessé tout achat de ce titre depuis cette date.
Je refuse de payer des gens qui ont trahi leur propre pays pour chercher un scoop nauséabond sur les cadavres de nos soldats.
Comme ces gens ne connaissent que l'argent, je leur applique la seule sanction qui puisse les toucher réellement. Inutile d'écrire plus les concernant. Les boycotter à vie est le plus efficace.
In fine, belle conclusion que ces trois lignes qui fixent la situation des moyens tout en reconnaissant la valeur des hommes.
Bravo, et merci pour eux.
C'est effectivement peut-être un peu technique, surtout lorsque j'introduis des éléments du retex-combat d'infanterie que j'avais fait à l'époque. Je vais peut-être alléger le texte.
SupprimerMerci Michel.
SupprimerN'allege pas trop c'est déjà très bien comme cela.
Bien à toi,
DS
Non s'il vous plait, n'allégez pas; à la rigueur, postez un nouvel article "plus accessible", mais celui-là, laissez le.
SupprimerEncore merci :-)
ne changez rien au texte de cet excellent article
Supprimerles fumigènes ne servaient à rien du fait du terrain trop accidenté...
SupprimerMerci, dans tous les cas cela reste un restex-combat qui mérite d'être lu et relu
RépondreSupprimerBravo
Il ne faut surtout rien changer. C'est (tristement et tragiquement) un excellent travail.
RépondreSupprimerJe me permettrai juste une remarque de détail:
Si la funeste PEGP sévissait déjà, la RGPP n'était pas encore en œuvre lors de la préparation (qui a duré 6 mois) du 8 et de son déploiement en Kapisa.
concernant la 1ere partie où vous décrivait le peu d'intérêt porté par les appuis par le commandant d'unité, je suis tombé sur cet article de Merchet qui vient contredire partiellement vos propos: http://secretdefense.blogs.liberation.fr/2009/11/06/uzbin-lhonneur-dun-capitaine-/
Qu'en pensez-vous?
enfin, aura-t-on droit à une 3eme partie? dès demain?
merci encore pour tout ce travail.
Vous avez raison pour la RGPP, sa critique est un peu un réflexe pour moi.
SupprimerPour le mépris, je n'ai dit qu'il s'agissait du CDU, je sais juste qu'il s'agissait d'un officier du 8e RPIMa. Pour le reste, j'avoue reprendre ce que m'avait dit le très haut responsable militaire que j'évoquais ("Un capitaine qui savait tout sur tout").
mettons des noms :le capitaine Crézé
Supprimern’allégez surtout pas au contraire
RépondreSupprimerArticle très bien écrit, comme d'habitude, qui m'a fait comprendre bien des choses. Une remarque plus personnelle, au moins mon passage de 35 ans dans la DGA fut utile à quelque chose, l'hélicoptère Caracal, dont j'ai eu l'honneur d'être Directeur de Programme, s'est révélé à cette occasion, aux mains des équipages d'élite de l'Armée de l'air, bien utile.... Il a, peut-être, permis de sauver des vies humaines. Et si j'ai pû contribuer à cela, cela me rend, en toute humilité, assez fier.
RépondreSupprimerUn hélicoptère incapable de transporter plus de 2 personnels (hors équipage) en Afghanistan l'été. Du très bon travail la DGA en effet...
SupprimerCher courageux "anonyme", le mois d'Aout en Afgha est en été..........
SupprimerVous aurez compris que les médiocres performances de l'appareil ne se limitent pas au seul mois d'août.
SupprimerBonsoir Michel...
RépondreSupprimerComme disait Gainsbourg: " eau et Gaza tous les etages" tes deux postes ont au moins le mérite de repartir les responsabilités à tous les niveaux. Comme tu me rappelles souvent, les échecs sont souvent la conjonction de plusieurs erreurs qui se cumulent. C'est toujours difficile à expliquer dans les heures qui suivent les combats, surtout a l'heure de l'hyper communication et quand l'émotion et le traumatisme frappent l'opinion à mach1.c'est bien d'aborder le sujet 10 ans plus tard car il y a hélas des enseignements à tirer du plus bas au plus haut. J'en retiendrais trois
1/ au niveau stratégique,on ne veut plus faire la guerre ce qui supposerait de choisir un camp et d'accepter le combat. Alors on "gère" les crises tjrs à minima. Or une crise ne se gère pas. Elle se résous. C'est une des explications à l"irruption du management d'entreprise dans les organisations militaires et les opérations.
2/quand on est en opération de ce type on fait en sorte de ne pas avoir deux situations de crise potentielle à gérer en même temps, surtout quand on a pas de réserve identifiée.le bout de l'absurde étant un chef de corps laissant monter une opération du niveau sgtia ( 4 sections)le jour d'une visite dans y mettre un capitaine pour commander in situ
3/la section à dans son malheur fait du très bon travail (merci au chef du 8 qui leur avait fait une prépa ops d'enfer) mais,pour y avoir été sur place, les appuis de la section (mit 12,7) étaient en limite de portée surtout pour des armes servies manuellement sans optique.
Au final ce fut un terrible rappel à l'ordre (le réveil au milieu de la sieste)qui a servi à tous les niveaux jusqu'à un jour de janvier 2015 ou tout le processus de préparation s'est arrêté d'un coup mais c'est une autre histoire
Merci, que s'est-il passé le janvier 2015 ? C'était juste après mon départ de l'institution, j'ai dû louper un épisode.
SupprimerMichel :-))).... en trois jours on arrête tout pour sentinelle. Quand je dis tout... C'est tout.
RépondreSupprimerOui effectivement. A la limite on peut considérer la situation d'urgence (même si on parle quand même de l'action de seulement trois malfaisants), le problème est que ça a duré.
SupprimerOui à 100%. Retour en arrière depuis 2015, 250jours de déplacements par ans, mais presque plus d'opérationnel et les savoirs faire partent aussi vite que les cadres.
SupprimerExcellent article comme toujours ... Je reprends un de vos passages : les TP sont nos soldats les plus redoutables, c'est pour cela qu'ils n'y en a plus que 2 au lieu de 3 ... N'y a-t-il pas eu un moment dans l'AdT un intelligent gestionnaire qui décida de supprimer les postes de TP de chaque RI sous prétexte qu'avec "Felin" chaque GV est un TP en puissance ?
RépondreSupprimerhttps://www.ttu.fr/armee-de-terre-des-sections-sans-tireurs-de-precision/
Clairon
Je me souviens parfaitement de la semaine d'entrainement que le 8RPIMa est venus passé au centre Janus de l'EAI. Un chef de corps réaliste sur le fait que la province était bourrée d'insurgés mais qui ne savait pas ce qui pouvait l'attendre et qui cherchait à se préparer à toutes les éventualités.
RépondreSupprimerPour compléter, comme l'écrivit D Merchet dans un article de secret défense : "L’embuscade d’Uzbin est la conséquence d’une «gigantesque erreur de jugement». Ce sont les mots du chef d’état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin. Sur le terrain, le général français Stollsteiner reconnaissait courageusement avoir «péché par excès de confiance». Lorsqu’il vit sortir de la FOB Tora, la colonne qui allait tomber dans l’embuscade, le colonel de Cevins, patron du Bataillon français, a avoué plus tard s’être dit : «Il ne peut rien leur arriver»..."
Supprimerje me souviens aussi d'un chef de corps qui, m'a t-on rapporté, avait refusé les créneaux au CEITO proposés pour sa MCP?
Supprimerne pas réduire la préparation ops à faire "tutu panpan" avec ses armes; il y aussi l’aguerrissement, la tactique, la coopération IA, le collectif, etc.je me souviens d'un chef de corps qui a surtout préparé son GTIA de manière exceptionnelle (trois semaines au CENTAC). un des autres enseignements des préparation opérationnelles : leur durée et leur intensité. les chefs militaires ont vite compris que vouloir tout faire revenait à une chose : user la troupe avant même de "commencer la match". il fallait savoir lever le pied pour que le soldat puisse voir sa famille.
Supprimeril est certes facile de décortiquer la préparation opérationnelle de ce GTIA et de juger qu'il y avait "trop de poivre ou pas assez de sel". les faits sont là : jamais une unité de niveau GTIA n'avait atteint ce niveau de technique opérationnelle, de motivation. ils étaient gonflés à bloc et l'analyse du chef de corps ne portait que sur la kapisa. il a a appris le déploiement d'une unité en Surobi sur le tard. or , il faut savoir qu'à cette époque, ce qui se passe dans une vallée ne vaut pas pour l'autre.
Article extrêmement documenté avec cette plus-value que constituent naturellement l’expérience et la connaissance du terrain.
RépondreSupprimerIl convient de rappeler toutefois que la communication qui a été faite sur cet évènement a été particulièrement erratique et désastreuse et a largement contribué à dessiner l’image d’une opération menée avec amateurisme - voire incompétence - jusqu’à quasiment effacer les qualités de courage et de réactivité de ces hommes pris sous le feu.
En amont car l’échelon politique tout en cherchant à capitaliser sur un total retour dans l’Otan et en prenant une part plus large aux opérations en Afghanistan n’a absolument pas préparé l’opinion aux conséquences possibles de cette décision. D’où une stupeur quand la nouvelle a été connue.
Pendant, car le même échelon politique a préempté la communication sur l’embuscade en présentant l’évènement comme un « coup de tonnerre dans un ciel bleu » et non comme les conséquences funestes d’une mission où il arrive parfois que l’ennemi prenne tactiquement l’avantage. L’embuscade - action militaire s’il en est - est devenue une malheureuse catastrophe naturelle dont les soldats auraient été victimes. Un évènement isolé, exceptionnel et n’ayant pas vocation à se reproduire. Pauvres soldats qui ont été présentés comme des victimes jusqu’au bout jusqu’à être dépouillés de leurs grades et noms lors de la cérémonie aux Invalides.
Cette dynamique a été accélérée par le fait qu’en cette période estivale les quelques journalistes réellement spécialistes des questions de Défense ont été rendus inaudibles dans le flots de ceux qui n’y connaissaient rien, ont raconté n’importe quoi et se sont raccrochés à des éléments ridicules (les seuls à la mesure de leur compréhension de la situation) comme cette polémique ridicule et insultante sur la soi-disant trop grande jeunesse et l’inexpérience de nos soldats (un reproche qu’on ne peut certainement pas faire à ceux du « 8 »).
Enfin, quelques hauts responsables militaires ont été suffisamment maladroits pour ajouter de la confusion à la confusion dans la perception globale que les Français ont eu de l’évènement lorsque certains ont pu avouer que "Nous avons péché par excès de confiance" ou d’autres expliquer que «L’adversaire a été détruit. Ils ont pris une sacrée raclée».
Dix ans que les gars de "Carmin 3", dont je connais certains, ont les "boules" d'être les grands oubliés de cette histoire. Eux aussi, disent-ils, ont "pris sévère".
RépondreSupprimerTrès beaux texte, mais il est triste de voir autant de médiocrité a autant d'étages et de compter au final sur le courage... on est en 2010 et pas en 1914.
RépondreSupprimerCe qui est plus angoissant c'est de s'apercevoir qu'en 2018 beaucoup de lacunes n'ont pas changé PAM faisant...
Il n'est pas excusable pour les politiques et les officiers d'oublier les leçons de l'histoire dieu sait que celle de la France est riche...
Mon colonel,
RépondreSupprimerje suis adjudant d'active. J'ai plusieurs fois commenté de façon anonyme - pour éviter les désagréments - vos articles. Afin de me faire dans l'avenir reconnaître plus aisément, j'adopterai désormais un pseudonyme. Je tiens à préciser que je n'ai de notions que très limitées en matière de combat d'infanterie. Je sers une arme plus spécialisée. Toutefois les grands principes restent les mêmes quelque soit l'arme que l'on sert et la technique n'est rien si le bon sens ne la supplée pas à chaque étape. Ainsi l'opinion que je fonde ne s'appuiera que sur celui-ci et les observations que vous ou des tiers auront apporté. Quant à l'embuscade d'Uzbin, on ne peut, de prime abord, que s'étonner de l'incongruité de facteurs concomitants qui se cumulent pour provoquer le risque que, en temps de guerre, l'on doit absolument chercher à éviter.
POLITIQUE
1/ le plein retour de la France dans l'Otan l'a plus encore obligée. D'où des missions plus risquées;
2/ missions plus risquées mais sans plus de moyens humains et matériels.
L'autorité politique mais également le haut commandement militaire, par son silence discipliné, sont directement responsables de l'affaiblissement structurel des forces armées françaises qui ne disposent plus des moyens matériels et humains pour remplir leurs missions.
STATEGIQUE
1/ faible utilité de la mission;
2/ prise de risque disproportionnée pour un objectif de faible valeur;
3/ fanfaronnade et présomption: plusieurs situation de crise à gérer simultanément (relevé par felipe) avec peut-être l'objectif inavoué d'étonner favorablement l'autorité américaine;
4/ faiblesse du plan préparatoire (conduisant à la rupture de la section de reconnaissance avec ses appuis);
5/ faiblesse du renseignement, probablement dû à la hâte de faire remarquer son action avant même que d'être en état d'agir, aboutissant à un des erreurs d'anticipation et à un plan d'actions défaillant;
6/ sections disparates;
7/ affaiblissement de la structure et de l'organisation d'une section d'infanterie;
8/ faiblesse des moyens en matériel et armement en rapport avec le risque particulier à cette mission
Les points 7 et 8 relèvent presque du niveau politique: on a les moyens que l'autorité politique nous fournit. Toutefois, le fait de les lui exiger absolument relève du commandement militaire au plus haut niveau. Les autres points ne relèvent que de l'autorité militaire.
Il y a, à ce niveau, une responsabilité militaire grave. Cette mission n'aurait pas dû être menée avec des moyens si faibles, notamment en armement et en moyens de reconnaissance pour un objectif si faiblement utile. Pourtant, elle a été menée et avec une préparation aussi légère. La responsabilité en incombe entièrement au chef de corps.
Rosam 1/2
TACTIQUE
RépondreSupprimer1/ absence d'un chef expérimenté pour coordonner l'action des quatre sections, conduisant à la faiblesse initiale du plan d'actions et plus tard à la cohérence et à la rapidité de la riposte;
2/ faiblesse de la capacité d'anticipation, résultant de l'absence de moyens de reconnaissance fiable
3/ division et élongation des forces sur le terrain, contraire au principe de concentration des forces et aboutissant au complet isolement et à la vulnérabilité entière d'une section;
4/ quasi rupture d'une section avec ses appuis;
5/ absence de moyens de reconnaissance fiable
6/ relevé encore par felipe: absence de réserve rapidement mobilisable (la réserve met une heure à arriver! avec quelle prise de risque!?).
Arrivé sur les lieux, le chef des quatre sections, s'il avait été présent et n'avait pas été qu'un simple lieutenant, peu expérimenté, avec une autorité faible, devant l'incapacité pratique à pouvoir soutenir sa section de reconnaissance fortement exposée, aurait dû rendre-compte de l'impossibilité de remplir l'objectif assigné en sûreté pour ses hommes. L'insignifiance stratégique de l'objectif à atteindre, conjoint à une prise de risque inconsidérée aurait dû être un frein naturel à l'action. Il l'a sans doute été. Mais comment un jeune officier, ou ses adjoints sous-officiers, pourraient-ils refuser la mission qu'on leur ordonne sans que la honte, le blâme et les sanctions ne rejaillissent pleinement sur eux? Il y faudrait plus que du courage. N'importe quel soldat se briserait sur un tel écueil.
Rosam 2/3
De tout cela, il apparait avec une assez nette évidence que cette tragédie – et cela en reste une pour ces hommes et leur famille – aurait pu être évitée. Avec un peu de psychologie, on peut y discerner, au niveau politique mais encore au niveau stratégique de la part des chefs militaires, la part d'orgueil et de présomption qui y entrent. Le culte du chef les y encouragent: mes hommes font cela, s'ils le font ainsi c'est parce que je les y conduis, etc.
RépondreSupprimerA un niveau plus bas, on comprendra que le subordonné, par obéissance et discipline mais aussi par fierté, ne peut se soustraire au risque auquel son chef l'expose. Il risque alors sa vie et aussi, souvent, celles de ses propres subordonnés. Chacun fait ce qu'il peut avec le souci de sa propre vie et de celles de ses camarades frères d'armes.
On peut toutefois réaffirmer avec justesse quelques principes humains élémentaires:
- on n'engage pas la vie de ses hommes pour peu;
- on n'engage pas la vie de ses hommes pour des motifs personnels de vanité;
- on n'engage pas la vie de ses hommes en n'exposant pas plus encore la sienne;
- on n'engage pas la vie de ses hommes en mégotant sur les moyens qui leur permettrait de survivre;
- si l'on opte pour exposer la vie de ses hommes, on ne ménage pas sa peine en faisant le plus qu'il est possible pour leur éviter le sort auquel on les expose;
- quand on a exposé la vie de ses hommes, on en assume toutes les conséquences;
- la mort de ses hommes est pire que le déshonneur suivant un juste refus.
Les temps ont changé: qu'un chef militaire soit sanctionné pour son incurie ou son incompétence ne doit pas choquer. Je ne parle de sanctions pénales sinon il n'y aurait tout simplement plus d'action. Je parle de sanctions militaires: un chef militaire incapable doit être mis au rebus. La vie des hommes est précieuse et vaut considérablement plus que la carrière d'un chef médiocre et au regard de l'histoire anonyme.
On pourrait croire que je ne vois que du mauvais dans toute cette histoire: il n'en est rien. Il est bon de se ressouvenir de leur chef de corps qui a veillé à les préparer au mieux. Sans cette préparation, toute la section y passait. Il est bon aussi de remarquer au travers des rares témoignages des protagonistes leur esprit de cohésion, leur fraternité d'arme, leur courage qui leur a fait accomplir des actes véritablement héroïques dont on ne fait pas assez l'éloge et qui ont été trop peu relatés. On ne dit encore pas assez leur capacité et vaillance car résister autant avec si peu au final de pertes malgré la supériorité de l'adversaire est proprement extraordinaire.
Rosam 3/3
Vous avez bien résumé. Des missions lancées avec peu de moyens et des risques, on en a lancé des centaines sur de nombreux théâtres. Le problème c'est que le risque est une espérance mathématique, la probabilité d'occurrence x l'effet de la menace si elle se réalise. La menace peut être très grande mais quand on considère sa probabilité comme nulle, cela donne l'estimation d'un risque très faible. Dans ces conditions, les moyens deviennent suffisants. Statistiquement, comme l'estimation d'une probabilité n'est qu'une estimation, cela aboutit fatalement au bout d'un certain à une mauvaise surprise.
SupprimerEn effet, il s'agit bien d'espérance mathématique car l'évènement reste prévisible et n'est en aucun cas un cygne noir. Mais espérance mathématique où l'évènement rare est la mort de ses hommes.
SupprimerEn attendant, le lieutenant-colonel de Cevins a été honoré du grade de colonel et du rang d'officier de la légion d'honneur, le capitaine Crézé est devenu lieutenant-colonel et a été décoré de la légion d'honneur. Ces deux-là n'ont pas risqué leur peau mais celles de leurs hommes. Après cela on ne peut que éprouver du dégout en écoutant les paroles du colonel de Cevins:
" Non, bien sûr ! Mais quand on se rend sur un théâtre aussi sensible que l'Afghanistan, on sait que tout peut arriver. Les risques y sont importants. Faire la guerre, c'est prendre des risques. On sait qu'on ne gagne pas à tous les coups et qu'il peut y avoir des pertes. […]Quant aux polémiques portant sur l'équipement de nos soldats, je les trouve totalement stériles. Comme toutes les autres polémiques qui entourent ce dramatique événement. . […]Les gens savent que, lorsque l'on participe à des opérations militaires, il y a des gens en face. Et qui dit guerre, dit bilan et, parfois, pertes humaines."
Oui, oui, bien sûr. Mais toi mon bonhomme, tu n'as pas risqué ta peau.
Et c'est précisément ce que reprochent les familles qui intentent un procès à ces deux officiers et non à l'armée:
«nous souhaitons que les officiers qui ont manqué à leur devoir militaire et à leur devoir d’honneur reconnaissent droit dans les yeux leurs responsabilités».
Rozam
De Cevins n'a pas fait après uzbin une carrière importante mais par contre Crezé,c'est pas possible regardez son cv on a plus que l'impression derrière que l’institution (et je me comprends: chouchouté ,caliné le gars)a tout fait pour essayer de le remettre dans les clous regardez donc ce lien avant qu'il soit effacé https://www.linkedin.com/in/arnaud-creze-66899b91
Supprimercamarades
Supprimergardez svp vos jugements nominatifs pour vous... ce blog n'est pas un tribunal du peuple et c'est mal connaitre ces officiers et les conséquences de ce drame. l'analyse de M GOYA est pourtant claire : les erreurs sont étroitement liées au contexte général et à la perception des opérations extérieures tant par le politique qu'au niveau tactique.
Il faut ajouter à cela 2
RépondreSupprimer3 choses :
1) que ce jour là, l'ISAF à donné ordre de limiter les opérations car beaucoup de moyens du niveau operatif (drones, HL et FS) sont mobilisés sur Kaboul pour des cérémonies. La reconnaissance n'aurait donc dû avoir lieu que si elle était jugée essentielle pour la mission du bataillon, ce qui n'était pas le cas.
2) en procédure ISAF, les opérations de niveau SGTIA devaient être déclarée au préalable au QG ISAF, ce qui n'a pas été fait. Le JOC de l'ISAF était donc dans l'ignorance de cette opération (et l'EM français dans l'ignorance des procédures en vigueur).
3) la faible maîtrise de l'anglais par l'EM français a considérablement ralenti les possibilités de réaction car la déconfliction pour faire intervenir les SF danoises et US à été difficile à cadrer avec la barrière de la langue.
En bref un état de major de brigade qui n'était pas prêt pour ce qu'il a du faire.
Norvégienne pas Danoises les FS bien sûr. Dsl
Supprimer> Idéalement, si on avait fait un effort sur les « petits programmes », ceux qui ne sont pas les plus rentables pour les industriels mais intéressent le plus les combattants au ras du sol, le chef de CARMIN 2 aurait peut-être pu disposer d’un petit drone de reconnaissance (ceux-là même qui sont vendus actuellement 200 000 euros aux armées) qui lui aurait évité d’aller sur le col et peut-être même de déceler l’embuscade. A tout le moins, on aurait pu utiliser un SDTI (Système de drone tactique intérimaire), système déjà opérant mais jugé plus utile au Kosovo.
RépondreSupprimerC'est à l'occasion de la tragédie d'Uzbin que je me suis intéressé aux drones. J'avais l'idée que des mini-drones auraient pu faire le boulot (même bien plus que cela...). Du coup, à l'époque, je me suis renseigné sur les mini-drones et j'avais même constitué un document d'une vingtaine de pages à ce sujet.
Par exemple, les drones costauds utilisés pour les prises de vue de cinéma ou de TV coutaient, à l'époque, dans les 80 000 euros et étaient constitués, m'a-t-on dit / informé, de drones renforcés venus du monde somme toute classique de l'aéromodélisme. Pour un prix dérisoire, on pouvait trouver, sur les sites d'aéromodélismes, des micro-hélicoptères radiocommandés de 200 euros munis d'une caméra de 100 euros.
Je ne dis pas qu'il faille forcément acheter du matériel aussi peu cher, mais je ne pense pas à contrario qu'il faille acheter très peu d'exemplaires de drones qui sont chers et difficiles à obtenir et qui sortent trop peu des caisses car si on en raye un seul, il faut remplir un rapport justificatif de 50 pages...
Je pense que, pour un millier d'euros (on est dans cette gamme de prix), voire un peu plus, on peut acheter à ce prix de nombreux mini-drones pour inspecter ce qui se passe à une centaine, voire à quelques centaines de mètres, voire au col juste au dessus... dans la gamme au-dessus, il est même possible d'utiliser des drones embarquant des armes +/- légères.
Bref, pour ma part, je pense que l'armée a loupé le cadre d'emploi des (micro à mini)-drones...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerdire que les FAMAS étaient une arme "obsolètes" ou "vieilles de 30 ans" me heurtent.
RépondreSupprimerUn FAMAS reste une arme bigrement efficace et la considère comme une arme de belle facture quand même faite pour la guerre: et ici à Uzbin en particulier
Quant à ceux qui ont organisé l'embuscade il se trouvait aussi une ....MG 42!!
je pense qu'en toute chose, le matériel peut avoir ses failles et expliquer quelques aspects d'une défaite. Ici à Uzbin, la défaite est essentiellement dûe à des erreurs humaines - et j'englobe celles des politiques avec -.
Je n'ai pas dit que le FAMAS était une arme obsolète. Je dis simplement qu'au bout de trente ans, il y avait probablement mieux sur le marché en admettant que l'équipement de nos fantassins fut une priorité de la nation. Ce n'est pas un programme très coûteux au regard des grands programmes de l'époque et probablement déjà au coût faramineux de leur entretien-réparation mais il est vrai que peu coûteux c'était déjà trop.
SupprimerComme vous le signalez les gens en face avaient du matériel conçu disons avant 1965 mais il se trouve que ce matériel était plutôt bien adapté. La MG42 que vous citez avait une puissance d'écrasement dont nous n'avions plus l'équivalent en 2008, idem pour le RPG-7.
Maintenant, je suis d'accord, le matériel ce n'était pas, ce n'est généralement pas, l'essentiel. Quand est sur le fil, que tenir sur place quelques minutes de plus cela peut néanmoins faire la différence entre la vie et la mort.
Il serait bien surprenant que l'engagement officialisé de l'armée française en Afghanistan n'ait pas été précédé, longtemps avant, d'un autre plus discret constitué d'unités de F.S opérant à partir de bases américaines.
RépondreSupprimerLes enseignements tirés de leur engagement n'auraient donc pas fait l'objet d'un Retex profitable aux autres unités d'infanterie ?
Michel,
RépondreSupprimerJe regrette vraiment que l'Institution ne vous ait pas permis, comme vous étiez "mal né", de mettre à profit vos capacité d'analyse et de prospective dans des grades et des postes plus élevés. Ca me fait toujours mal au cœur de lire vos analyses et prospectives si éclairantes, et simultanément de voir parfois la vacuité de réflexion de certains HP... (pour les non initiés: "haut potentiel" = rentré à 19/20 ans à Coet).
Pour Uzbin il y a effectivement des têtes qui auraient pu tomber. Mais trois semaines après Carcassonne, où celle d'un CEMAT digne était déjà - et indûment - tombée, cela aurait peut être été compliqué à gérer pour nos politiques.
En parlant de Carcassonne, illustration de l'effet papillon: si feu le colonel Merveilleux du Vignaud n'avait pas été relevé de son commandement suite au dramatique oubli d'une cartouche dans un chargeur par un GCP lors des portes ouvertes du "3", il serait parti comme CEM du RC-C, au titre de son poste français de CEM de la brigade para.
Uzbin serait-il arrivé sous le colonel M. du V.? Nous sommes plusieurs sur place à être certains que ce ne serait pas arrivé. Je ne souhaite pas rentrer plus dans le détail, ne voulant pas affirmer des choses qui pourraient être qualifiées de "diffamation". Je présente donc ce point de vue comme une conviction, issue de constats de "première main".
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Supprimerfelipe22 août 2018 à 17:32
Supprimerbonjour camarade
avec des si... on verse dans l'uchronie. l'ex CEM de la 11BP démis de ses fonctions suite à, non pas une cartouche mais un demi chargeur de balles guerre (17 blessés tout de même), était un officier de très grande valeur mais rien ne dit qu'il aurait pu activer le moindre veto.
1/ se rappeler du contexte opératif si bien décrit par michel goya. l'ambiance générale au RC-C n'était pas celui du RC-E sous commandement US. tout cela cadrait bien avec la vision française de cette opération : "on y est, on fait comme si, mais on ne fait que comme si". et tout le monde , y compris jusqu'au niveau de la section n'entrevoyait pas ce type d'accrochage
2/ un CEM de RC-C ne commande pas directement à un patron de GTIA, fussent-ils français. sauf à ce que le chef du GTIA fasse des C... énormes qui lui valent des remontrances du REPFRA. on était dans une autre logique d'opération sur le long terme, de "plan de campagne", d'"operational design", termes bien à la mode dans ces opérations de stabilisation. le REP FRANCE seul peut cadrer le chef d'un GTIA sur des problèmes spécifiques france.
le contrôle tactique des opérations est hélas ensuite devenu de plus en plus précis avec la mise en place de la brigade mais avec les contraintes politiques nationales également de plus en plus fortes.
pour terminer, votre incise sur le drame de carcassone sonne en écho à celui d'uzbeen et montre combien le contexte opérationnel et politique importe beaucoup. carcassonne a couté la carrière de 4 officiers (le 5e étant mis hors de cause) parce que nous sommes en temps de paix sur le territoire national où tout erreur devient une faute devant la justice (et c'est logique). a uzbeen, nous étions en situation de guerre et les erreurs ne pouvaient être contrebalancées que dans la phase de conduite par les chefs sur le terrain. au combat, une erreur n'est pas forcément une faute. et nous etions à 5000km de la france.
L' article est précis c' est une véritable autopsie, la grande majorité des commentaires judicieux , mais qu'il me soit permis de souligner une minuscule contradiction ce capitaine qui est mis en cause n' était pas au manche lors de l' embuscade , la présence de cet officier qui savait tout sur tout n' aurait-elle pas changé la donne? On ne peut pas a la fois l' accuser de prétention et ne pas souligner qu'i n' a pas pu donner d' ordre de conduite.
RépondreSupprimerEnfin, toujours a propos de cet officier, qui peut me faire croire qu' un commandant d'UE ne ne fait pas recadrer lorsqu'il "commet "une mission manquant de pertinence?
Bonjour,
RépondreSupprimerCEs articles sont très intéressants pour les profanes de mon genre aussi.
Merci !
Et les commentaires aussi.
Mais les acronymes sont rudes : PEGP, CDU GV RGPP TP CDU etc, parfois je devine souvent non. Si l'auteur et les commentateurs pouvaient expliciter l'acronyme à la première utilisation ce serait chouette.
Merci
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerPEGP : Politique d'Entretien et de Gestion des Parcs - principe de gestion du parc de véhicules de l'armée de Terre à compter de 2008, en gros une partie des véhicules dédiée aux opérations, une partie dédiée à l'entraînement, une partie pour le service courant, une partie en réserve. Donc plus de véhicule "en propre" pour chaque unité. Conséquences : perte de savoir-faire et lourdes procédures administratives à chaque manoeuvre
SupprimerCDU : commandant d'unité - capitaine chef d'une unité élémentaire (compagnie, escadron, escadrille ou batterie) ou d'un SGTIA, ensemble de 80 à 200 personnes généralement considéré comme le plus petit pion de combat autonome (le personnage de Tom Hanks dans "le soldat Ryan" est CDU - avant d'être chef de groupe la moitié du film...).
GV : grenadier voltigeur - fonction technique du fantassin sans spécialité, en gros le "soldat de base" armé de son FAMAS et quelques grenades.
RGPP : Révision Générale des Politiques Publiques - plan d'action politique du tandem Fillon/Sarkozy pour réduire les dépenses publiques. A abouti à l'une des plus grandes déflations d'effectif qu'aient connu nos armées, et en prime la mise en place d'une logique comptable destructrice au sein du MINDEF.
TP : tireur de précision - le sniper, soldat armé et formé pour appuyer sa section par des tirs précis jusqu'à 800m (Barry Pepper dans "le soldat Ryan"). Différent du tireur d'élite, formé pour agir en binôme isolé et à plus grande portée (genre "armerican sniper")
Du coup pour (S)GTIA je préfère vous renvoyer vers cette série d'articles https://lavoiedelepee.blogspot.com/2018/04/regiment-haute-performance-3-toujours.html
Supprimerfelipe23 août 2018 à 09:29
RépondreSupprimerPEGP : politique d'emploi et de gestion des parcs. au lieu d'affecter les équipements dans chaque régiment selon une organisation en vue du combat , nous avions regroupé les équipements en 4 lots ; un parc de service permanent, un parc d'entraînement, un parc d'alerte et un parc de gestion (reconstruction, rénovation). dans la réalité , cela n'a jamais bien fonctionné. les opérations exigeaient de plus en plus d'équipements que le parc d'alerte ne pouvait honorer. le parc de gestion était intouchable. on se servait dans le parc de service permanent, ce qui enlevait les équipements pour l'instruction.
CDU : commandant d'unité : capitaine de 3 ans de grade environ qui commandait un volume d'une compagnie (devenant sous groupement tactique interarmes) renforcée de blindés, d'artillerie, de génie, etc. pour conduire une manœuvre interarmes. ce SGTIA pouvait ainsi compter jusqu'à 220-250h. A près deux ans de commandement, le capitaine (33-34ans) servait au PC du bataillon/GTIA/RGt ou en EM de brigade.
GV : grenadier voltigeur : le combattant
TP : tireur de précision doté d'un fuil à lunette : 2 ou 3 par section
RGPP : revue générale des politiques publiques = la machinerie infernale pour économiser de l'argent à tout prix (en théorie), parfaitement appliquée dans les armées sous les mandats SARKOZY- HOLLANDE jusqu'à un jour de janvier 2015. machine à gaz inventée par des élites férues de management et de techniques d'entreprise à appliquer à tout va, surtout dans les armées suspectées de ringardise par des penseurs qui ne veulent absolument pas se pencher sur la finalité d'une armée et ce que signifie faire la guerre. bref des gens qui veulent "gérer" les crises et non les résoudre. objectif portant louable mais qui évite soigneusement d'aborder le point qui fait mal : la france dépense le tiers de sa richesse dans le social, en bien ou en mal. mais c'est une manière de calmer le petit peuple depuis 40 ans.
Merci,
RépondreSupprimerJe comprends mieux.
Bjr, je lis cet article et ses commentaires, c'est trés instructif de connaître et espérer comprendre la machinerie militaire alors qu'elle doit malheureusement se mettre en mouvement maintenant avec le drame Ukrainien.
RépondreSupprimerPar ailleurs le dernier commentaire de Mr Philippe Robin ci-dessus sur le RGPP rejoint trés exactement ce qui se passe actuellement dans le domaine de la santé que je connais un peu plus que la moyenne, j'ose le dire ! Dans nos deux métiers, les praticiens qui savent sont complétement négligés par la techno-structure qui dirige. Leurs avanies ont des conséquences catastrophiques et je parle dans ces deux domaines de conséquences littéralement funestes !
merci à Mr Goya d'exister ! poursuivez votre blog, il concoure à donner valeur et progrés au metier des armes, malheureusement et depuis toujours tristement necessaire.
Bonjour,
RépondreSupprimer"Cette section réduite était en revanche organisée comme le prévoyait le règlement, ce qui cette fois ne me paraissait pas judicieux" : voulez-vous dire qu'il faudrait une organisation de section qui dépende du conflit ou êtes-vous contre l'organisation actuelle tout le temps.
Je serais très intéressé par avoir votre organisation précise d'une section d'infanterie. Vous parlez d'une organisation en 3+1 du coup il me semble qu'il faudrait rajouter un 5e véhicule de transport pour une section. A mon sens il faudrait aussi rajouter un observateur avec drone et un spé MEDIC.