Il
s’agit d’un ouvrage original (aux Editions de Pierre de TAILLAC,
décidément très dynamique dans le domaine militaire) car il traite un sujet
très souvent rebattu mais pas toujours abordé avec précision : La guerre
dans les zones urbaines confinées.
Abordant
délibérément ce sujet sous l'angle purement tactique, cet ouvrage s'appuie sur
une douzaine de batailles (pas forcément les plus connues) pour décrire ces
différents types de combats et d'actions. De
Madrid en 1936, et ses furieux assauts
pour la Cité Universitaire, jusqu'aux opérations récentes en Irak et en
Afghanistan, il couvre tous les aspects tactiques et micro-tactiques souvent
difficiles à décrire.
Par
un de ces paradoxes dont est familière la science militaire, c’est désormais
dans ces milieux urbains ou confinés que les armées modernes sont
réellement obligées de manœuvrer. C'est là que l'on trouve des duels, de la
conduite en cours d'action, de la vraie interaction entre les adversaires. C'est
là que la planification compte moins, c'est là aussi que les qualités
nécessaires à la manœuvre donnent un atout décisif. C’est là que se fait la
décision.
Les auteurs retracent avec précision
l’évolution des combats et des tactiques employées depuis les années Trente,
lorsque la guerre s’est installée durablement au cœur des villes et des
villages, au sein des populations. Ils
décryptent l’évolution des opérations, faisant la part des mythes trop souvent
transmis dans ce domaine. Ils rendent accessible, au profane comme au
spécialiste, un milieu par nature complexe et confus.
Le
grand intérêt de l'ouvrage est de démontrer que ces types de combat sont à la
fois nouveaux (environ un siècle) et à la fois très classiques, en ce sens
qu'ils renouvellent la nécessité de manœuvrer. Chose parfois oubliée à l'aune
des progrès technologiques. Si
la technologie continue à évoluer avec encore plus de drones et de robots,
c’est sans doute dans ces espaces peuplés que se dérouleront les derniers
combats d’homme à homme, où le nombre et la qualité des combattants et des
chefs de guerre seront encore déterminants. C’est de manière inattendue le lieu
du retour de la manœuvre classique.
Il
s’agira alors bien de « l’ultime champ de bataille ».
Les
auteurs s'appuient sur leur expérience pratique de ce milieu - qu'ils ont connu
en opérations et lorsqu’ils servaient au centre d’entraînement en zone urbaine
(CENZUB-94ème RI) de Sissonne - en la confrontant aux leçons de l'Histoire.
Outre une série de photos significatives, le livre comprend également des
schémas tactiques volontairement rendus accessibles au public.
Bonjour Mon Colonel,
RépondreSupprimerSi l'on pose le postulat développé par L.Henninger sur le couple fluidification/solidification du terrain d'évolution (champ par essence dévolu au génie, mais désormais accessible-déconcentré via la technologie, cf essaims de minidrones, autonomisation de plateformes létales, etc.) on finit effectivement par tomber sur l'humain comme maillon ultime difficile à fluidifier ou à solidifier (et encore est-il solidifiable par l'adjonction de dispositifs prothétiques pouvant le durcir ; en revanche sa fluidification demeure pour l'heure limitée au déport de certains sens et au déclenchement du feu des plateformes unmanned) : si l'on venait à contourner cette dernière "résistance" humaine à la fuidification, votre conclusion serait dépassée.
La manoeuvre demeurerait la pierre d'achoppement, mais l'humain n'est serait plus nécessairement l'élément central./.
Bien respectueusement,
CL'h./.
L'anglicisme est une pathologie. Frédéric Chamaud et Pierre Santoni sont profondément malades.
RépondreSupprimerCritiquer tout à tort et à travers voilà la véritable pathologie (@Mac Guffin dont le compte twitter est particulièrement édifiant de médiocrité). Ce livre est très intéressant et il est bon que les auteurs aillent chercher des références à l'étranger pour enrichir encore la pensée militaire française.
RépondreSupprimerLa technologie peut être un sacré biais dans la mise à distance de la mort, ce qui est notre conception de la chose:
RépondreSupprimerhttps://www.rtl.fr/actu/international/les-armees-plus-reticentes-a-mettre-la-vie-de-leurs-soldats-en-danger-explique-amelie-ferey-7800937675
Un théâtre d'opération qui offre de multiples et désagréables surprises à une armée occidentale, le seul qui permet encore d’égaliser ses chances pour nos ennemis:
https://eurasiaprospective.net/2019/12/30/guerre-urbaine
Dans quelques années, nous pouvons imaginer des soldats dont l’expérience opérationnelle se limite à deux passages au CENZUB en 15 ans de service, avec un camp régimentaire par an grand maximum et moult déploiements « Sentinelle »… plongés dans ce type de combat!
Et on parle là, de soldats « anciens »…
Les simulations comme au CENZUB restent des décors tres proprets, car devant obéir aux règles de sécurité du travail…
https://blablachars.blogspot.com/2021/06/vers-un-cenzub-moins-urbain.html
La simulation sera de plus en plus importante dans ces exercices:
https://www.forcesoperations.com/gdi-simulation-decroche-un-marche-de-114-me-avec-le-ministere-des-armees/
Il faudrait aussi créer des décors comme une chambre d’enfant piégée… car c’est comme cela que nos ennemis agissent.
https://www.lefigaro.fr/international/afghanistan-kandahar-piegee-par-les-talibans-20210604
D’où l’importance des « opérations» pour maintenir un outil militaire performant.