Effectivement,
ces soldats du Train étaient à bord d'un VAB ancienne génération.
Peut-on, doit-on s’interroger?
Un
peu de clartés :
~
Dans l'Armée française, nous avons toujours cultivé (chacun à son niveau) le
statut ''du fourrier au magasin plein de « matos »''...Et chaque
unité possède du matériel qu'elle garde précieusement, car on ne sait jamais...
Nous avons tous des exemples de ce genre de comportement...Et puis: ''il vaut
mieux défiler sur les Champs Elysées un 14 juillet avec des VAB de dernière
génération, que de les envoyer rouler sur les pistes au milieu de nulle part…''.
~
D'autre part, si l'intervention au Mali a été une réussite, peut-on dire que
les différents "détam" qui ont suivi ...se seraient établis (le conditionnel est de rigueur) dans une mise en
place classique de toute armée moderne ? Ce qui se traduirait par:
On s'installe,
On construit,
On
durcit,
On améliore un tant soit peu les conditions de vie (quoi de plus
normal!).
L’installation
de nos forces armées dans les conflits du
siècle dernier (1) le prouve:
*
En Indochine, les « ouvertures de
route avec déminage » étaient la principale occupation des troupes de
secteur.
*
Pour l'Algérie, il a fallu attendre décembre 1958 (et un général aviateur du
nom de Challe) pour que le train-train des troupes du quadrillage (avec leurs
corollaire liaisons routières des unités = embuscades des rebelles) soit banni.
Une des mesures concrètes a été l'instauration obligatoire d'un commando de
chasse par régiment, résultat : le commandement est « allé sur le terrain » de jour comme de nuit.
*
Au Tchad, l'opération Manta a
reproduit le même schéma des relèves, des patrouilles: On attendait l’ennemi au
nord d’un parallèle ; ‘’le complexe du désert des Tartares ‘’ se
distillait dans le cortex du soldat français (2).
Les
corollaires sont:
On monte des convois
routiers,
On établit des liaisons régulières
Et…
On
devient un objectif pour les nomades du
désert (nomades trafiquants et autres barbus adorateurs du dernier prophète)
qui posent avec une facilité dérisoire une mine ou bien composent un « IED » au bord d'une piste en
sachant que cela ne coûte pas cher et que cela en rajoute dans la teinture du
djihad…La
logistique d’une armée moderne va s’en trouver singulièrement alourdie…
(1)
Un éphémère ministre
des anciens combattants (Sanguinetti) avait déclaré que les commémorations de
faits d'armes de l’Armée française tournaient autour d'un complexe de la
''baraque'': Camerone (hacienda), Sidi Brahim (marabout), Bazeilles (estaminet)
etc.
(2)
Par contre l’opération
Epervier - avec l'association appuis aériens et au sol, les troupes autochtones
(reproduisant les charges de Ney) avec des offensives en Pick-up Toyota et
tirant en direction de l'ennemi, avec toutes les armes disponibles -, a changé
la donne : les libyens sont rentrés chez eux!
Ma
petite conclusion : Dans notre pays, on n’aime pas trop les enseignements
de nos erreurs passées, servons nous des « retex »
pour innover et choisir une forme d’opération adaptée au terrain et à l’ennemi.
‘’ Tournons nous vers le passé, cela sera
un progrès ‘’.
Bernard Lart
Vous connaissez sans doute le blague :
RépondreSupprimerComment traduit "lessons learned" en français ?
"Tournons la page".
"autres barbus adorateurs du dernier prophète"
RépondreSupprimerIslamophobe que vous êtes. L'islam c'est la paix.
Oui! La paix! Foutez le camp!
Supprimer‘’ Tournons nous vers le passé, cela sera un progrès ‘’
RépondreSupprimerCitation attribuée à Verdi, compositeur italien de classe mégatonnique, pourtant issu d'une extraction modeste, paysanne, autodidacte et artisan de sa propre musique.
Citée par Roland Barthes lors de son dernier cours au Collège de France en février 1980, au moment où il abordait quelques considérations sur "l'arrière-garde" (thème assez approprié au sujet de l'embuscade, bien que les trois soldats tués étaient en avant-garde d'un convoi, mais on songe à un autre Roland, à Ronceveaux).
La question du retex pose le problème de l'innovation: la transformation d'un retex en innovation n'est pas automatique. Le retex peut devenir prétexte à "sublime récapitulation" (Vénérable Jorge, dans Le Nom De La Rose), donc mouvement conservateur auto-rotatif: il repasse sans cesse sur la même piste, comme le diamant d'une platine vinyle qu'on remet toujours sur le même disque, d'où IED: l'irrégulier trouve facilement l'occasion de placer une mine sur le chemin d'un convoi, puisque son ennemi se contente de repasser toujours au même endroit.
A ce tarif, il suffit d'attendre et l'irrégulier peut se contenter d'être bête vu que son ennemi est idiot.
D'où, une autre citation, anonyme: "n'emprunte un chemin qu'une seule fois, ensuite fais-en cadeau à ton ennemi" A appliquer d'office en vallée d'Uzbin, sinon on meurt. On peut supposer qu'il en est de même en BSS.
Le problème, c'est la transformation du retex en innovation. Comment on y arrive dans une armée, qui est en pratique une gigantesque machin à reproduire de la tradition? La tradition est vitale, car l'apprentissage des gestes guerriers (démonter une arme, viser, tirer, crapahuter, apprendre à utiliser une liaison, donner les coordonnées d'une cible, etc) n'apprend en réalité pas la guerre.
L'apprentissage de la guerre se fait par la tradition, au sens de remise du passé (jurid.: la tradition réelle: remise d'une chose). Une armée qui n'entretient pas ses traditions ne sait plus ce qu'est la guerre, ce qui est ennuyeux.
Or, la tradition vire à la sublime récapitulation, par tendance mécanique. Elle rend prévisible donc tuable par un ennemi seulement bête Donc, énigme: comment faire pour innover?
L'idée, en point de fuite, c'est surprendre.
L'irrégulier (bête), attend l'idiot (régulier), et frappe..c'est pas sorcier jusque là.
SupprimerLe régulier doit donc devenir irrégulier (contre-guérilla), mais le bête devient en même temps régulier, si l'idiot régulier se confond avec le bête...
Le terme de guérilla vient des troupes espagnol (supporté par Wellington), contre les troupes de Napoléon.
Contre la guérilla, le mode grande armée ne sert donc plus à grand chose, car là où la guérilla se retranche, c'est une position impalpable par les schémas traditionnel de guerre, qui se situe dans la population civil, et c'est donc une toute autre façon de combattre qui doit être adapté à cette différence tactique.
Rien d'extraordinaire en somme, mais les volontés sont parfois retords en géo-stratégie, ce qui quitte souvent les intérêts supérieurs d'un pays, pour être remplacé par des considérations privés, voir obscure. Et oui, l'homme peut être aussi infiniment mauvais, et ne répond plus à aucune logique.
Les ricains au Viet-Nam n'ont jamais réussi à créer un front, étanche, ce qui fait des arrières stratégiques, des cibles faciles. Le meilleur moyen de combattre ce sabotage aigu, est le front, mais on peut pas, donc on doit remettre la responsabilité du civil, au coeur du problème, car lui seul pourra faire ressortir ses mauvaises aspérités.
Bonjour,
SupprimerBien que le sujet est sans doute été déjà abordé dans de précédents articles, j'aurais souhaité que vous puissiez développer l'idée de commandos de chasse.
Je pense que l'armée de terre est doté de l'unité "héritière" de ces commandos de chasse, mais ne veut ou n'ose pas les utiliser au profit de combat type guérilla.
En effet, dans nos 20 régiments d'infanterie sont présentes les Sections d'Aide à l'Engagement Débarqué (SAED) ou bien de façon plus aboutit en terme d'organisation brigade et de formation les GCP-GCM.
Section phare du régiment, aux profils sélectionnés celle ci ne pourrait être la solution à l'engagement long terme sur le terrain? Permettant ainsi de soulager l'action des forces spéciales et de garantir par une coopération avec les unités locales (type omlt) le contrôle de zone instable.
Car malgré la volonté de monter en puissance de ces trois dernières années, ces sections restent toujours dans le giron purement régimentaire et soumise à la volonté aléatoire du chef de corps et sans missions clairement définies.
Merci pour votre article
Merci pour ces précisions littéraires: ''ces mots savent des choses que nous ignorons d'eux'' R. Char
SupprimerBonjour ,
SupprimerLe concept de " commando de chasse " est apparu au sein des troupes d'occupation Françaises en Allemagne en 1945 .
Il s'agissait d'unités de " search and destroy " autonomes , armées de MG-42 prises aux Allemands et de mortiers légers , disposant de ravitaillement suffisant , d'autonomie opérationnelle mais avc une liaison radio . Leur mission était de traquer et de détruire dans les forêts Allemandes et Autrichiennes d'hypothétiques unités de " Werewolfen " Nazis .
L'EM Français aurait été inspiré par les Special Night Squads et les Chindits .
Source " Une histoire politique de l'armée "
Daniel BESSON
Ils empruntent toujours un itinéraire différent en patrouille mais le renseignement local anti français pro djihadiste n'est pas une chimère et plus une armée étrangère reste sur un territoire hostile et plus cette armée subira des attentats donc des pertes humaines encore faut il qu'une vision politique cohérente soit à la hauteur des sacrifices consenties !... On ne peut pas dire que l'Indochine et l'Algérie sont des exemples à renouvelés ...
RépondreSupprimerIl convient de souligner que ces trois morts faisaient partie d’un convoi logistique, et non d’une patrouille empruntant un itinéraire différent à chaque fois. Dans ce pays et d’autres du même genre le nombre de pistes carrossables est quand même limitées - nous ne sommes pas sur un théâtre européen - un VAB 4x4 est un tout chemin et non un tout terrain. Immanquablement ces convois logistiques sont obligés d’emprunter quasi toujours les mêmes itinéraires, cela afin de ravitailler des points d’appui bien connus de l’ennemi depuis au moins deux ou trois ans.
RépondreSupprimerMême si les jours et horaires sont choisis de manière aléatoires, il suffit à l’ennemi de poser un IED à l’avance et d’attendre, éventuellement de vérifier tous les jours qu’il n’est pas ensablé. VAB Ultima, Aravis, Buffalo et Souvim - employés en Afghanistan - ne changeraient probablement rien face au risque IED. Il suffira alors à l’ennemi de les configurer en plus puissant, car ces véhicules emprunteront les mêmes itinéraires. De plus leurs poids les contraint souvent à n’employer que certaines pistes, donc a maximaliser le risque d’attentats par IED.
Là est le « talon d’Achille » des armées occidentales dans ce type d’opération qui durent pendant des années : longues lignes logistiques restreintes. Problème - comme le rappelle fort justement l’auteur de cet article - que nous avons connus de manière récurrente en Indochine et Algérie. Quoique a priori les embuscades humaines étaient plus fréquentes que la pose d’IED.
La seule parade efficace c’est le ravitaillement aérien - aéro largage et héliportage - employé à grande échelle sans trop de dégâts par les USA au Vietnam. Au Mali et pays limitrophes l’ennemi n’a quasi aucune DCA - au plus quelques dizaines de missiles SAM hors d’âge ou rarement en état de fonctionner - donc cette solution serait l’idéal….. Mais nous sommes bien loin de disposer des moyens aériens nécessaires à ce type de mission, on peut au plus que larguer deux et voire au mieux que trois compagnies en opération !….. Alors le ravitaillement aérien à CT et même MT de nos troupes, c’est une illusion.
Je suis d'accord avec vous que le ravitaillement des emprises éloignées et isolées par air permet une plus grande sécurité pour les hommes. Néanmoins les capacités de transports de nos avions sont bien moins importantes que celle de nos camions. Un convoi logistique par la route c'est plusieurs tonnes de matériels, de vivres et d'eau (parfois en vrac en "couille à eau") en une seule fois et l'autonomie de ces emprises isolées ne permet pas d'autres choix que de passer par la route car la demande de ces mêmes emprises est importante.
SupprimerLes convois logistiques et même la logistique en générale ont toujours était le talon d'Achille des armées modernes.
"La logistique ne permet pas de gagner la guerre mais peut vous la faire perdre..."
PS :
RépondreSupprimerBien évidemment je ne parlais pas de l'emploi des hélicoptères lors des appuis feu et posés d'assaut, par l'armée US au Vietnam, car lors de ces opérations les pertes furent conséquentes.
Bonjour ,
RépondreSupprimerSur les convois en Indochine superbe séquence d'ouverture dans le film " Patrouille sans espoir "
disponible désormais dans sa version non censurée ( après 50 ans ! )
https://www.youtube.com/watch?v=XgnKGU7y13o
Le film illustre au travers des pêcheurs la phrase du Gal. Navarre " Dés qu'un de nos convoi quittait le casernement il était suivi par des centaines de pairs d'yeux . "
Daniel BESSON
C'est quasiment un documentaire .
Cela me rappel fortement le récit d'un militaire de ma région, et qui avant d'être fait prisonnier par manque de munition, a ordonné un broken arrow sur le post de Dak Doa.http://www.anapi.asso.fr/index.php/bibliographie/147-arme-pour-la-vie
SupprimerBonsoir ,
SupprimerMerci pour cette référence .
Le réalisme de Claude Bernard-Aubert , c'est un reporter de guerre , lui a valu pas mal d'ennuis avec la censure .
Ce film est à replacer dans le contexte de la guerre d'Algérie avec cette description d'une " SAS Indochinoise " . Beaucoup de films sur l'Indochine rappellent la problématique des convois : A quiet american , le fort du fou .
C'est , parait il , la croix et la bannière pour se procurer le DVD ( droits partagés entre la famille , AJAX productions et l'ECPAD ).
Ou alors le graver quand il passe sur le câble ( Ciné Classics , Ciné Action )
Daniel BESSON
C'est vrais que dans ce film, le ton est pour le moins original, et on peut comprendre facilement que la censure soit passé par là.
SupprimerHier j'ai regardé un doc sur les deux visions très différentes entre le Gal Leclerc et le Gal de Lattre de Tassigny, et leurs positions politiques opposés et plutôt affirmés, m'ont sautés aux yeux en ce qui concerne le décorum de la guerre d'Indochine. Mais aucun d'eux, n'en connaitra le dénouement... A voir également.