Bataillon du Pacifique au retour de BH |
Ce qui est valable pour une
brigade, l'est aussi pour une armée entière. Dix ans avant de débarquer en
Afrique du Nord, Rommel faisait partie de la plus faible armée d'Europe.
Soixante-dix ans plus tôt encore et juste avant de s'imposer comme la première
puissance militaire mondiale, l'armée prussienne était l'armée de la
nation la moins puissante d'Europe et n'avait plus d'expérience de la guerre
depuis 1815. Vingt-cinq ans après Bir Hakeim, c'est l'armée du petit
Israël qui s'avérait capable de vaincre trois armées arabes en six jours.
Si la
génétique ne peut transformer les grenouilles en taureaux, l'innovation
sociale et culturelle stimulée par l'imagination et la volonté peut, elle,
transformer des organisations en crise en superpuissances. Coincées entre
l'engagement dans une guerre mondiale limitée et la crise budgétaire, les
forces armées françaises sont en crise. En termes économiques, on parlerait de
crise de l'offre tant nous avons de plus en plus de difficultés à faire face à
la demande opérationnelle. Si nous restons capables de gagner des batailles
grâce à notre excellence tactique, nous pouvons nous demander quels ennemis
nous serions actuellement capables de vaincre complètement et seuls, alors que
nous bénéficions encore du 6e budget de défense au monde.
Si nous voulons éviter
l'implosion et la subordination complète à la seule puissance occidentale qui a
réellement consenti à un effort militaire depuis la fin de la guerre froide, il
y a urgence à réfléchir et à innover. Toutes les transformations décrites plus
haut mais on pourrait y ajouter celle de grandes entreprises en crise comme IBM
ou Toyota n'ont pu se réaliser que lorsque les dirigeants ont cessé de
considérer qu'ils étaient omniscients et qu'ils ont fait appel à l'intelligence
collective. Toyota a été sauvée en 2008 en grande partie grâce à deux millions
de propositions de ses employés.
L'objet de l'opération Bir
Hakeim est d'utiliser la force de réflexion rapide de la blogosphère pour
contribuer modestement peut-être mais concrètement à cette urgence
d'intelligence. J'appelle donc les 2 000 lecteurs qui me font l'honneur de
me lire chaque jour à contribuer à cette réflexion collective sur les moyens
d'augmenter la productivité de nos forces armées, par des articles (une page ou
deux-une ou quelques idées argumentées, à envoyer à goyamichel2@yahoo.fr) et
des commentaires constructifs. Si l'expérience réussit, la synthèse de ces
réflexions fera l'objet d'une publication (dont les droits d'auteur iront aux
blessés de guerre) adressée aux autorités civiles et militaires.
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