Le
19 juillet 1961, le général de Gaulle donnait l’ordre de dégager la base de
Bizerte assiégée par l’armée tunisienne. Quatre jours plus tard, au prix de 27
soldats tués et 128 autres blessés, les forces tunisiennes autour de la base et
dans la ville de Bizerte n’existaient plus. Plus de cinquante ans plus tard,
cette opération constitue encore un modèle pour l’emploi des forces sous la Ve
République.
Au
niveau stratégique, le Président de la République n’a pas hésité à engager la
force armée, sans passer par un mandat du Conseil de sécurité, ni demander l’aide
de l’OTAN. Il savait que l’opération serait risquée et qu’elle occasionnerait
des dizaines de morts français. Par de nombreux aspects et à une échelle nettement
plus réduite, elle est à la France ce que la reconquête des îles Falklands a
été au Royaume-Uni en 1982.
Au
niveau opératif, avec deux semaines de préavis, la France a réussi à engager un
groupe aéronaval et une brigade terrestre complète. La coordination de ces deux
éléments et de la base de Bizerte, sous le commandement de l’amiral Amman, a
été remarquable. Le plan débutant par un assaut vertical du 2e Régiment
parachutiste d’infanterie de marine (RPIMa) le 19 au soir sur la piste de
Sidi Ahmed, se poursuivant le lendemain par une prise d’assaut de toutes les
positions ennemies autour des emprises de la base par les 2e et 3e
RPIMa et se terminant, le 21 et le 22, par la conquête de la ville de Bizerte sans
appui indirect, a été particulièrement audacieux. Il a parfaitement réussi.
Au
niveau tactique, la combinaison de l’infanterie légère, renforcée de chars
légers Chaffee du 8e Régiment
interarmes, et des feux de toutes origines a donné des résultats remarquables. L’ennemi
a été placé en permanence dans le dilemme de rester concentré sur les positions
et de s’exposer aux feux ou de se disperser et d’être trop faible pour résister
aux assauts. Pendant quatre jours, des groupements ad hoc ont été formés en souplesse pour remplir toutes les missions,
toujours en coordination avec les appareils de l’armée de l’air et de l’aéronavale
et les bâtiments de la marine, là où l’ennemi restait figé. Sur les centaines
points de contact, l’expérience des marsouins-parachutistes et des cadres leur
a presque toujours donné l’avantage sur un ennemi souvent déterminé mais
novice. Au bilan, malgré l’absence de gilets pare-balles, les troupes d’assaut
françaises ont subi presque vingt fois moins de pertes que les défenseurs. Preuve
est ainsi faite une nouvelle fois de l’importance de la qualité de la formation
et de l’entraînement.
On
peut maintenant s’interroger sur un « Bizerte 2012 ». Dans un
scénario uchronique où la base serait restée française dans une Tunisie devenue
soudainement hostile, que ferions-nous aujourd’hui ? Ferions-nous appel à
une médiation internationale ou prendrions-nous la décision d’intervenir ?
Avons-nous les moyens de monter une opération de la même ampleur en quelques
jours ? Nous contenterions-nous de frappes à distance ou aurions-nous le
courage d’envoyer des troupes au sol ? Dans un tel cas, aurions-nous l’audace
(et les moyens) de mener un assaut vertical, par largage, aéro ou hélitransport ?
Serions-nous capable de la même souplesse de commandement et de coordination ?
Comment se comporterait l’infanterie actuelle à l’assaut des collines ou de la
ville de Bizerte ?
Pour
en savoir plus sur l’opération de Bizerte :
Damien Cordier-Féron, Bizerte 1961 : 666 morts pour une base inutile, Guerres et Histoire
n° 6.
Général Robert Gaget, La saga des paras, Grancher.
Patrick-Charles Renaud, La bataille de Bizerte, L’Harmattan.
J'ai lu, il y a quelques années, un ouvrage intitulé: "Les loups sont entrés dans Bizerte" qui relatait l'assaut dans Bizerte vécu par les membres d'une section du 2° RPIMa. Je n'ai pas conservé ce livre -excellent dans son genre- et n'ai plus en mémoire l'éditeur (internet devrai résoudre aisément cet oubli).Je pense qu'il peut être utilement rajouté à votre bibliographie.
RépondreSupprimerdommage, car ce livre est introuvable
SupprimerAujourd'hui nous sommes les spécialistes du ad hoc interarmes,un engagement serait fait que si nous avions des compatriotes en danger, pas pour un principe de souveraineté. Notre infanterie serait moins rapide ,mais bien plus meurtrière et sur de longue distance. Une brigade de 3000 hommes engagée en un bloc avec peu de préavis ! non bien sur, par contre baptiser brigade un conglomérat de groupement aggloméré oui mais pas plus, nous avons évolué nous sommes passés au système D planifié !
RépondreSupprimerLe vrais problème serait le nombre d'adversaire,et la forme de combat q"il adopterait, un engagement de plusieurs brigades ou régiments en corps constitués et autonomes ! cela existe plus.
L'ouvrage "Les loups sont entrés dans Bizerte" est de Philippe Boisseau aux éditions France Empire en 1998.
RépondreSupprimerhttp://www.bir-hacheim.com/les-loups-sont-entres-dans-bizerte/
Bonjour à tous
RépondreSupprimerJ'ai relevé récemment qu'un 8ème régiment interarmes ( oui...8° R.I.A mais pas d'Infanterie Alpine ! )
avait été crée en janvier 1961, semble t'il ... mais je ne trouve pas trace
d'un historique , et d'une date de dissolution , avec une mention du genre '' donne naissance '' , ou '' devient '' ....
Se pourrait il que quelqu'un de "calé " puisse éclairer ma lanterne ?
Précision: je suis amateur et collectionneur de losanges de bras .... et je m'interroge quelle sorte de
losange de bras , arboraient les personnels de ce 8° R.I.A. ? Des photos d'époque, pourraient m'aider ...
qui sait ? Remerciements anticipés ( et pensés, sincères ) Pat
le 8 RIA CREE le31.12.1960 a bizerte a partir du 8 RCC et du 412 RA Afrique des annees 41-42 mixe avec le 62 RAA LE 16.02.59---LES UNITES sont reparties autour de la base- J etais a sidi ahmed a la 2 batterie (105 HM2) en face se trouvait 1
RépondreSupprimerpeloton de chars shaffee et une section ou compagnie de fusilliers marin du BIFM ----
IL y avait si je ne me trompe a peu pres la meme troupe de lautre cote du canal "MENZEL DJEMIL et autant au NADOR sinon pus
les artilleurs portaient l ecusson de chasseurs d afrique sur le bras Pour les sous officiers et officiers les ecussons de col
etaient ceux de l artillerie . L insigne de poitrine du 412 etait porté sur la pate d epaule gauche et l insigne de beret etait le
meme que tous les autres artilleurs
LA BASE A ETE EVACUEE LE 15 OCTOGRE 63 je pense e^tre chez moi et en etat pour mettre le drapeau en berne dans un peu plus d un mois
les regiments on ete diriges sur SISONNE pour dissolution---- et moi sur l algerie
a Sidi ahmed nous avions a cote le mess et derriere l hopital .----la garde etait montee par les gendarmes maritimes
l emplacement de nos pieces etait situe a environ 2km a cote des stocks d essence en un lieu que nous nommions -mer allouf nom que je n ai pas retrouve sur google --mais l emplacemnt des pieces est encore visible
bien cordialement-----------en EUSKADIE le 9-09-23